Pour quelles raisons longer ce chemin obscur, chemin de terre, aux pierres blanches et brillantes. Pourquoi hanter ce cimetière durant l’une des rares soirées, où son père ne lui parlait pas d’une crainte sans nom. Dans quelles intentions, avait-il choisi ce cimetière et pas un autre, pourquoi celui-ci était plus attirant et plus brumeux que bien d’autres. Pourquoi au sein de ces tombes se trouvaient quelqu’un qui lui était cher. La première vraie personne qui sut lui tirer de vraies larmes, il y avait trois ans, lors de sa mort tragique. La seule femme, qui dans les circonstances actuelles, aurait pu l’aider à trouver des réponses, aux doutes de son père. Mais la mort ne permettait jamais un retour à la vie, et quand bien même, cela aurait été possible, Swan aurait scellé le mausolée de pierre avec un cadenas magique, et fait disparaître la clé pour qu’elle ne puisse plus servir.

Pourquoi marchait-il donc dans ce lieu de morts, et la nuit, comme un voleur de corps qui officieraient à la pénombre ? Sans doute parce qu’il fallait bien aller se recueillir sur une tombe de pierre, au lieu de ne faire qu’honorer sa mémoire… Parce que l’esprit pouvait trouver parfois un repos dans une tombe six pieds sous terre, et y rester, au lieu de vagabonder sur les infimes traces de ce qui avait composé autrefois sa famille.

Alors qu’il gravissait les marches une à une, les dernières le séparant de la tombe funéraire, le souvenir de sa mort lui faisait l’effet d’une forte fièvre. Ca le rendait tremblant, en proie à la panique. Il avait peur de ce qu’il allait découvrir. Ce que sa famille avait laissé de coté, ne pensant pas vraiment à l’importance du dernier repos, et le doute que ça ait pu être saccagé après tout ce temps.

Il l’atteignit enfin… La sépulture où reposait… sa mère.

Grace Midnell… Le nom était encore visible malgré les années. Eliad s’agenouilla et entreprit de nettoyer le mausolée. Une simple pierre rectangulaire et une petite statue. Rien ne reflétant vraiment le manque de sa présence. Avec le temps, les fleurs avaient bien évidemment fanées, et les pots vides donnaient l’impression d’une tombe déserte, jamais visité. Tout en arrachant les mauvaises herbes, avec le plus grand soin, il prit le temps de retracer tout ce qu’il savait. Et c’était si peu… Des minces articles de journaux, comme si ce crime avait été étouffé. Des récits de témoins qui n’avaient vu qu’une course rapide, mais pas le tueur.

Que disaient-ils déjà ? Ah oui…

« Elle courrait à toute allure, et se retournait plusieurs fois pour voir si elle n’était pas suivie. En courrant, elle avait failli être heurté par le cheval qui tirait le coche... Et qui s’était brutalement cabré. Sabots en l’air. Mais elle n’avait pas interrompu sa course, comme si elle pressentait un danger bien plus puissant que le cheval juste à coté d’elle. Elle avait traversé une ruelle, pris un virage et… on ne l’a pas revu sortir de l’autre coté de la rue. »

On l’avait retrouvé, gisante, pas de sang, juste un sortilège impardonnable que l’on avait lancé sur elle. Un meurtre trop facilement oublié. Un meurtre parfait, tous les témoins avaient vu quelque chose, avaient vu la victime, et s’était tue pour le reste.

Les mauvaises herbes maintenant éparpillées sur le sol, la date de naissance et la date de mort de Grace étaient bel et bien visibles. Il apposa une main sur la pierre polie, et resta comme ça quelques minutes. Au froid de la pierre, il posa son silence. A la fraîcheur de la brume, il y dispersa ses pensées et ses regrets. Vite interrompu par des rires, ce qu’un cimetière ne devrait pas connaître, il se retourna et tendit l’oreille. Tentant de comprendre d’où ça venait.

Il se mit à descendre les marches de nouveau, pour atteindre l’entrée du cimetière. Il n’y avait toujours personne d’autre que lui, pas d’autres visiteurs du soir… Mais les rires guidant sa piste, s’étaient éteints pour le moment. Il contourna quelques tombes, jusqu’à ce que s’offre à lui une étrange vision… Une femme, vêtu sombrement, les cheveux en bataille, mais le visage recouvert d’un masque et qui jouait avec des ossements, en forme de pièces d’échec. Il n’était pas assez ignorant pour ne pas reconnaître le masque qui caractérisait les mangemorts. Et il savait donc les dangers que ces personnes là représentaient.

Il continua d’avancer prudemment, se faisant simple ombre sur pierres immobiles… Lorsqu’il ce qu’il pouvait observer d’elle, lui convenait, il se cacha une nouvelle fois, le souffle coupé. Il regrettait en partie son erreur. On ne dérangeait pas une femme qui jouait aux échecs avec un mort. Mais sans savoir pourquoi, la voir enlever son masque, semblait important pour lui. Mais s’il venait à être découverts, il ne serait pas question de fuir, car elle n’hésiterait pas une seconde à lui lancer un endoloris, même s’il lui tournait le dos…

Alors patiemment, il attendit qu’elle commence à avancer son premier pion, dans ce jeu d’échec, où une tueuse peaufinait une stratégie, avec les ossements d’un mort.

Spoiler:

Dans cette course illégale contre la mort, Bella ne respectait rien. Il n'y avait aucun panneau qui ait le pouvoir de lui dire de s'arrêter, aucune limite qu'il lui soit interdit de franchir. Et dans ce cimetière, perdu au milieu de la nuit et enveloppé par le brouillard, quel visiteur importun serait suffisamment stupide pour tenter de la ralentir, de l'empêcher de troubler le paisible repos de ceux que la vie avait quittés ? Personne n'oserait arrêter celle qui était reine parmi les fous. Elle agissait, et ils s'inclinaient, car il n'existait aucune autre option possible pour ceux qui souhaitaient éloigner le plus longtemps possible une masse grouillante de vers, avides de la chair desséchée et pourrie des cadavres, de leurs propres corps. Elle respirait l'air frais de la nuit à plein poumon, appréciait le silence qu'elle seule, par sa présence, était en mesure de briser. D'un geste de la main, ou bien de la baguette, trop rapide pour qu'un quelconque observateur eut pu savoir comme elle s'y était prise, la Mangemort retira son masque, dévoila son visage, qu'elle offrit à la lune, toujours dissimulée dans son manteau de brume, en souriant. Décroisant les jambes un instant, posant ses paumes sur le marbre glacé par l'humidité ambiante, son regard ne quittait pas la lueur pâlotte qui émanait de l'astre.

- Hey Satan... Souviens toi que j'honore toujours mes dettes de jeu !

Esclave d'un sorcier mortel, mais familière de la Mort et du Diable en personnes qu'elle tutoyait allègrement, Bellatrix avait ce côté paradoxal. Elle se dérobait à toutes ses obligations par la malice, la fourberie et la trahison, vis-à-vis des autres êtres humains, mais mettait une attention toute particulière à être honnête avec ses illusions, ses fantasmes et ses superstitions. Reportant son attention sur le plateau de jeu gravé sur l'édifice mortuaire, elle prit de nouveau un air sérieux. Lunatique. A quoi pouvait-on s'attendre en la présence d'une psychopathe à l'esprit tordu qui adorait jouer avec ses victimes avant de les achever ? Sa folie vous paralysait, comment ne pas se prendre au piège que forme la toile que la Veuve Noire a tissé ? Son regard dément vous hypnotisait, quel être humain n'est pas fasciné par la déchéance qui pourrait l'atteindre ? Il la craint mais il est incapable de lui échapper. Il sent des frissons le parcourir en lisant, vers par vers "Charogne" de Baudelaire, frémit devant "Je n'ai plus que les os, un squelette je semble..." de Ronsard, et se crispe en lisant "Les pauvres à l'église" de Rimbaud mais à aucun moment il ne détourne le regard, inlassablement attiré par la laideur.

- Un château de cartes qui s'écroule pour un joueur resté trop bon enfant... En voilà un épitaphe ! Mais ça tombe bien, moi aussi j'aime jouer... Commence donc. intima-t-elle dans l'obscurité.

L'un des pions blancs avança d'une case. Un ordre prononcé sèchement et l'un des pions noirs de Bellatrix s'avança de deux cases. Elle était concentrée, et l'on voyait que derrière sa folie se masquait une véritable et perverse intelligence. Elle savait raisonner. Au bout de plusieurs coups, elle finit par prendre sa première pièce à son adversaire défunt. Un sourire cruel étira ses lèvres minces, et son rire résonna dans la nuit, se répercutant contre les tombes. L'écho finit par se perdre dans la pénombre ambiante, étouffé par le brouillard. Alors à cet instant précis, elle pointa sa baguette sur la pièces dont elle venait de s'emparer. Une tour. Un éclair l'illumina et un bruit d'os brisés se fit entendre, aussitôt suivit d'un hurlement surgit de nulle part. On eût dit qu'un homme, quelque part, endurait milles souffrances, exactement comme si on venait de réduire en poudre le pouce de sa main droite. Pauvre Clarence, la vie est dure pour les moldus... Une minute, puis deux s'écoulèrent... Enfin le camps adverse réagit, et le Roi blanc tomba, poussé par une main invisible. Défaite par forfait. Un nouveau coup de baguette, toutes les pièces disparurent en fumée dans le même craquement horrible que celui qui avait précédé, et suivi d'un hurlement bien pire encore, reflétant une souffrance qui paraissait inhumaine.

- Mais tu le mérites voyons Clarance, tous les déchets comme toi le méritent...hihihihi moldus, impurs, traîtres à leur sang... tous les anéantir...

Un nouveau bruit se fit entendre. Mais cette fois-ci, elle n'en était pas à l'origine. ll s'agissait plus du crissement d'un pied sur les graviers. Aussitôt Bella bondit, aux aguets, méfiante. Sa mère lui avait toujours promis qu'avec un caractère pareil, elle finirait en enfer. Eh bien, elle avait commis suffisamment de crimes pour y séjourner un bon bout de temps, mais ces tortures, ces meurtres, n'étaient à ses yeux qu'une bonne action, pour laquelle elle atteindrait plutôt la terre promise. Mais dans le doute, elle préférait assurer ses arrières et ne pas rejoindre certains de ses collègues trop tôt.

- Expelliarmus !

Un jeune homme fut alors expulsé de derrière la tombe où il s'était dissimulé, écoutant l'échange qui avait eu lieu entre Bellatrix Lestrange et ses rêves fantasques. Brun, les yeux verts, il atterrit sans ménagement sur le gravier, tandis que la Mangemort marchait d'un pas vif dans sa direction.

- Qu'avons-nous là ? Un jeune lapin effrayé... à faire rôtir pour le dîner ? demanda-t-elle en pointant sa baguette sur sa gorge, attendant qu'il se présente.

Clémence exceptionnelle, d'ordinaire, il ne lui en fallait pas autant pour tuer ceux qui osaient l'espionner...

- Ton nom, ordonna-t-elle d'un ton sec, impatiente.

Le peu de lumière nocturne se reflétait sur le jeu d’échec macabre de la sorcière. Ses reflets cristallins contrastaient avec sa tenue sombre et faisaient ressortir ses reliefs. Eliad observait silencieusement ce qui se déroulait sous ses yeux, sans pour autant en tirer des conclusions trop rapides. Mais une criminelle en cavale, qui au lieu de fuir les autorités et de rester discrète, passait sa nuit à jouer dans un cimetière, ça entraînait beaucoup de questions. Et pour y répondre, il ne pouvait faire qu’espionner. Elle avançait des pions et se moquait du mort. Eliad avait toujours pensé que les gens comme eux, avaient de meilleures choses à faire. Notamment prendre le contrôle des centres de pouvoir. Que se passerait-il si un individu venait à tomber sur elle, en pleine activité ? Elle le tuerait à coup sur, et les journaux s’empresseraient de s’emparer de l’affaire, sans qu’une réponse puisse être apporté par le ministère sorcier…

Soupirant lentement, il avait tourné le dos à la mangemorte, et restait appuyé contre la tombe, les fesses assises sur des grandes pierres inconfortables. Un rapide coup d’œil sur les noms des tombes devant lui, le ramena à se rappeler des événements qui avaient suivi la mort de sa mère. Si les journaux étaient restés muets, les aurors ne s’en étaient pas tenus là, eux… Ils avaient envahi sa grande maison, baguettes à la main, saccageant tout sur leurs passages, bousculant les elfes de maison du domaine et se ruant sur son père… Qu’ils avaient désarmés aussitôt, dans un rare excès de violence. Présumé coupable dés le seul regard… Difficile pour le fils de voir ce qui arrivait à son père, sans pouvoir intervenir. Derrière une porte à demi ouverte, il avait observé toute la scène, jusqu’à ce qu’un auror lui dise qu’ils allaient prendre soin de son père… Avant de le stupéfixer parce qu’il refusait de les suivre. Pour la suite, il ne se rappelait que quelques bribes de leurs paroles, notamment le fait qu’ils étaient étonnés de le trouver ici car ils le pensaient en fuite… Plus tard son père avait même passé quelques jours dans une cellule du ministère. Mais il avait évité Azkaban de justesse. A son retour…

Eliad soupira une nouvelle fois.

A son retour, tout n’avait été que silence pour lui et ses sœurs. Il n’avait jamais voulu reparler de tout ça. Et Eliad avait du se contenter une fois de plus des journaux, et même du chicaneur, sûrement le journal le plus farfelue et mensonger du monde des sorciers…

Qu’avait pensé ses sœurs de cette affaire à l’époque ? Même avec elles, il n’en avait que peu parlé, toujours son rôle de frère qui voulait protéger les membres de sa famille, même si Anja était sans conteste son aîné, surtout en maturité.

Suite à une mauvaise crampe, son pied se mit à glisser sur le gravier, c’était comme une erreur tragique aux conséquences gravissimes. Il s’était fait entendre, et le mal n’était jamais sourd, ni aux souffrances, ni aux glissements sur le sol. La mangemorte lui lança un expelliarmus très rapide, qui le fit quitter sa cachette et s’écrouler au sol, comme une forteresse détruite. Sentir la baguette d’une tueuse sur sa gorge était la dernière chose qu’il eut souhaité… Par chance elle ne lança pas le sort tout de suite.

Il n’allait pas faire les forts, il n’en menait pas large. Le courage ne le mènerait qu’à une mort certaine, et il n’était pas de ceux qui voulait en finir si jeune.

« Mon nom ? Eliad Midnell… Et je suppose qu’au point où on est, je peux te demander le tien aussi ? »

Mais il le savait. Il espérait juste se tromper. On ne pouvait plus ignorer que les mangemorts étaient bien revenu, tout comme on ne pouvait ignorer la plus sadique de ses représentantes. Bellatrix Lestrange. Tout ce qu’il attendait au fond, c’était une simple et regrettable confirmation...

Le corps d'Eliad reposait toujours sur le sol dur et glacé après l’expelliarmus lancé par la criminelle. Le pire pour lui maintenant, c’était de savoir la mort collé à son front, représenté par une simple baguette. Etre aux cotés d’une mangemorte n’avait rien de plaisant, encore moins lorsqu’elle n’était pas du genre à pouvoir être soudoyé. Sa folie était sans limites, ses crises de personnalité nombreuses. Ses raisons de faire souffrir étaient plus longues encore à dénombrer et si faciles à inventer… Un simple sort acheva le calme d’Eliad qui se traduisit par un cri de douleur.

« Aaaahhh »

Sous son regard noir, il se mit à se tordre, son corps secoué par un mal invisible. A la regarder de prés, il pouvait sentir que ça l’enchantait d’infliger de la souffrance. Eliad se sentait comme brûlé vif par la plus forte des magies noires. Ses membres ne devenaient plus que douleur, il ressentait la même intensité qu’une souffrance physique, alors qu’elle ne l’avait même pas touché. Il savait que le pire châtiment possible serait d’en arriver à prier pour sa propre mise à mort. Si elle avait décidé de laisser de coté ces échecs mortuaires et qu’elle décidait de faire souffrir le dernier pion venu, il savait qu’il pouvait en arriver là…
Ce qu’elle avait fait aux parents de Neville, et ce qu’elle avait fait à d’autres sorciers étaient maintenant connus, et il la craignait d’autant plus pour ça. Le sortilège avait été rapide, et les spasmes se succédaient maintenant achevant de faire glisser la douleur, signifiant qu’elle s’était estompée.

« Ma mère est morte… Sûrement tué par l’un des vôtres, il y a de cela trois ans… »

Sur le souvenir de sa mère, il entreprit de se lever, ne voulant pas rester en position de faiblesse, même contre ce dangereux ennemi. Mais la douleur ne l’aidait pas à se ressaisir au plus vite. Quand à sa mère… Sans qu’il n’y ait eu de vraies preuves, il les avait toujours soupçonné. Eux seuls. Ils avaient la capacité de tuer sans se faire voir, se déplaçant comme des ombres… Cela faisait trois ans que sa mère avait été tué, et la plupart des mangemorts étaient encore à cet époque là en prison à Azkaban, mais certains se cachaient encore, libres de faire ce qu'ils leur chantaient, tant qu'ils restaient discrets.

« Et je ne vous espionnais pas, pas besoin… Je me doute de ce que doit faire une mangemorte par une nuit noire… »

Difficile de préparer une possible fuite après ça, d’autant plus qu’un simple sort le ramènerait à terre, aussi vite que la morsure d’un serpent.

La vision de la gazette du sorcier lui revenait à l’esprit, alors qu’à genoux, le regard en l’air, il regardait le visage de Bellatrix. Il la revoyait tirant sur ses chaînes, hurlant, vociférant et en voulant à tout ceux qui avaient réussi à la capturer, et cela faisait si longtemps qu’elle était prisonnière à Azkaban… Sa fuite avait du lui paraître extrêmement plaisante. Et depuis son évasion, elle semait une terreur telle, que les journaux n’hésitaient plus à afficher sa photo sur certains murs.

« Je me doutais bien à qui j’avais affaire… »

Puis les derniers paroles de Bellatrix se posèrent sur lui, avec une intonation de défi, ou de provocation. Ils se posèrent comme une conclusion étonnante, comme si Eliad avait particulièrement buté sur cette phrase. Et avait absorbé ça, comme une certaine partie de vérité. Il acheva de se relever sans savoir si sa réponse allait l’envoyer au sol, comme une minute auparavant.

« De quoi parlez vous donc ? Vous ne connaissez pas mon père, et dans ma famille, il n’y a jamais eu quelqu’un comme vous, capable de se cacher sous un masque, pour semer la terreur… »

Il ne pouvait qu’attendre sa réponse, tout en tentant de retrouver sa baguette.

Il se tenait enfin debout. Ses jambes ne tremblaient plus… Il avait retrouvé une certaine assurance qu’il allait sûrement exploiter dans la fuite. Bellatrix n’était pas du genre des personnes à se battre pour l’apaisement de la douleur. Elle n’était pas du genre à se lancer dans un débat sans savoir si elle pouvait infliger de la douleur au bout. Alors il ne pensait pas que c’était dans son intérêt de continuer à lui poser des questions… Elle avait connu son père, et avait sûrement combattu avec lui, mais elle était aussi totalement folle… Elle ne semblait trouver la raison que lorsque sa baguette lançait ses sortilèges…

Ses phrases étaient rapides, soit ironiques, soit cassantes… Et sa chevelure noire lui faisait penser à du sang qui coagulait… C’était l’impression qu’il avait de son corps en ce moment, comme si tout à l’intérieur s’était arrêté, suite au feu qui l’avait envahi.

Mais son cœur battait encore, il n’en menait pas large certes, mais il ne voulait pas abandonner. Il ne ramperait pas devant elle, mais il avait peur de mourir. Elle pouvait l’assassiner à tout instant, et il ne reverrait plus jamais les siens. Il refusait de payer pour les erreurs de son père. La vérité était dite…

« Peut-être que je ne suis pas une exception oui… Mais j’ai du affronter certaines responsabilités dés mon jeune âge. Pendant que toi tu traînais à Azkaban… »

Une étrange lumière fut braquée sur le visage de la mangemorte, c’est cet instant que choisit Eliad pour prendre la fuite. Il se mit à courir derrière une tombe, agenouillé, puis derrière une autre. Ces pierres étaient ses seules protections. Il espérait l’avoir pris de vitesse, et avoir réussi à disparaître de son regard… L’étrange lumière trouva son origine lorsqu’il entendit des gens parler. Il connaissait la coutume des moldus de venir parfois dans les cimetières la nuit, afin de se faire peur ou se raconter des histoires. Et il s’agissait ainsi d’un groupe d’adolescent qui éclairait les lieux à l’aide d’une lampe torche…

Il était à quelques mètres d’elle et il pouvait observer toute la scène. Il semblait avoir bu, ces moldus… Ils se moquaient des habits de la mangemorte et de la baguette qu’elle brandissait. Quels idiots. Si seulement ils avaient su ce à quoi ils avaient à faire. Mais non, ils ricanaient. Ils ne devaient pas être plus de quatre ou cinq. En nombre, on a tellement plus d’assurance…

Qu’allait-elle faire maintenant ? Les blesser et partir à sa recherche ? Ou allait-elle fuir car sa présence ici se devait d’être discrète…

Il fallait qu’il retrouve sa baguette, elle devait être à quelques tombes d’ici. S’il jouait la vitesse, et qu’il la retrouvait à temps, il pouvait tenter un sort de conjonctivite sur la criminelle et dire aux autres de fuir le plus vite possible. Mais ils n’avaient plus tout leur esprit…

Et ils rigolaient et rigolaient encore… Et Bellatrix n’allait pas tarder à brandir sa baguette. Pour sans doute s’assurer de leurs souffrances avant d’agir encore.

Il repensa à son père, l’imaginant dans la même situation… Se retrouvant face à des moldus et les blessant. Eux qui ignoraient tout du monde dans lequel il vivait, eux qui ne vivaient que pour leur bien être. Les voilà aux prises avec un danger totalement inconnu. Le temps avait changé et même ces adolescents avaient du voir au moins une fois la marque des ténèbres dans le ciel. Ils l’avaient peut-être pris pour un nuage avec une drôle de forme… Eliad lui avait trop vu la marque décidément. Il ne lui restait plus qu’à apprendre que sa mère était une mangemorte et il aurait parcouru l’intégralité de son corps pour vérifier s’il ne portait pas une marque de naissance à silhouette de serpent. Il se mit à se déplacer jusqu’à une autre tombe. Les graviers lui écorchaient les genoux et les mains.

Le simple fait qu’il n’entendait plus le rire de Bellatrix le mettait dans un état d’inquiétude.

Il avait peur. Et comme dans toutes les situations qu’il avait connu, et où ça pouvait mal tourner, il se retrouvait toujours seul.

Isolé à la merci du moindre mal...

Les moldus riaient et riaient encore. Ils comparaient la sombre cape de Bellatrix à un personnage dont Eliad n’avait jamais entendu parler. Il ne fallut que peu de temps à la mangemorte pour brandir sa baguette au dessus de leurs têtes et commencer toute une sérénade de sortilèges, dont elle seule avait le secret. Il n’avait pas le pouvoir de les aider, ou il se retrouverait dans la même situation qu’avant, pris au piège. Il ne pouvait que leur intimer un ordre simple…

« Fuyez ! Fuyez vite ! »

Ce faisant, il lui avait révélé sa position. Mais qu’importait ce détail, lorsqu’il s’agissait de sauver la vie de ces idiots de moldus. Caché derrière une tombe, il pouvait tout voir de la scène. Une des filles du groupe avait déjà pris ses jambes à son cou et s’échappait rapidement en zigzaguant entre les tombes. L’un des garçons se tenait le ventre, visiblement pris de profondes douleurs, peut-être dû à un incendio. Le troisième restait terré contre une tombe, les yeux écarquillés alors que la dernière personne, une fille, tentait à tout prix, de le tirer de sa torpeur. Mais Eliad aurait du se souvenir qu’il devait se protéger lui-même avant d’essayer de protéger les autres… Un éclair vint frapper la tombe ou il se trouvait, et brisa la pierre en deux. Il courut pour se glisser derrière une nouvelle tombe.

Par désespoir, il lança deux signaux lumineux pour attirer de possibles aurors ou membres du ministère de la magie…

« Même s’ils arrivent, nous nous recroiserons Eliad Midnell… Et je te tuerais plus rapidement encore que ses moldus… »

Bellatrix leva sa baguette se préparant à lancer un sortilège interdit sur le garçon qui restait prostré contre la tombe….

C’est alors que deux lumières à peine perceptibles apparurent à une dizaine de mètres. Bellatrix cessa alors toute activité d’attaque, pour se concentrer sur les lumières qui jaillissaient en nombre, de part et d’autres du cimetière.

Même caché, Eliad la regardait toujours et elle aussi. Elle avait toujours su où il se cachait, mais elle n’avait pas pris soin de l’attaquer une dernière fois… Elle n’avait fait que prendre plaisir à le faire souffrir, ce qui soulevait en lui bien d’autres interrogations… Elle lui sourit une dernière fois, avant de prononcer un sortilège et de disparaître dans un nuage de poussières.

Sans prendre le temps de revoir la tombe de sa mère, mais avant l’arrivée des sorciers du ministère, il disparut en se fondant dans la nuit. Garçon apeuré contre ombres nocturnes… Mais c’était déjà mieux que contre Bellatrix, surtout qu’il prenait ses dernières menaces très au sérieux… Il se reverrait oui… Et cette fois, il ferait en sorte d’être mieux préparé pour l’affronter.

-FIN-