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| | |  Sujet: Café sans café (mais qu'est-ce qu'elle fait ?)  Mer 15 Juil - 21:40:28 | |
| Zân-mari’ s’allongea un peu plus sur le dossier de sa chaise, et repoussa légèrement l’éternelle étole qui lui couvrait la tête. Quelques rayons de soleil lui caressèrent le visage, et même si ils étaient encore trop timides à son goût, Zân les salua en fermant les yeux de plaisir, à la façon d’un matou repu.
Sur sa table en fer, nulle boisson. Le serveur ne l’avait en effet pas encore remarquée. Et heureusement, d’ailleurs, puisque Zân-mari’ aurait été bien en peine de lui indiquer ce qu’elle voulait. Elle ne s’était arrêté à la terrasse de ce café que pour reprendre ses esprits.
Elle avait été saisie par l’affluence qu’il y avait sur le chemin de Traverse. L’adresse lui en avait été indiquée par un prospectus de Fleury&Bott, et elle n’y était allée que parce qu’elle avait bon espoir de trouver un remède à maladie incurable : l’incapacité de manier une plume.
Tiens, en parlant de ça ! Zân laissa paresseusement tomber un bras et attrapa sa besace. Elle en sortit une boîte longue comme son avant-bras, et large comme sa main. Quant elle l’ouvrit, une odeur forte de cèdre et de benjoin se rependit. Après tout, la boîte avait longtemps servit à contenir des huiles parfumées. Mais aujourd’hui, Zân y plaçait ses objets qu’elle considérait avoir une quelconque importance. On y voyait, pêle-mêle – le rangement n’ayant jamais été son fort –, un petit sachet transparent contenant des herbes séchées et un peu de terre rouge, des petits roseaux à la pointe taillée en biseau dans divers états d’usure, deux sceaux-cylindres en pierre verte, et une sorte de paquet enveloppé dans un tissus. Ce fut ce paquet qu’elle choisit. Dépliant le tissu, un petit coussin d’argile encore fraiche apparu. Du plat de la main, elle l’aplatit légèrement, et se saisit d’un des roseaux, qu’elle retailla immédiatement avec les dents. Quelques instants, elle fixa la boutique d’en face, les yeux dans le vague, en quête d’inspiration. Puis, avec une rapidité due à l’habitude, elle se mit à traces des signes constitués de groupes de clous créés par le simple enfoncement de la pointe du calame. L’écriture couvrit bientôt tout le pain d’argile, aussi bien sur l’endroit que sur l’envers, en passant par les tranches. Elle reposa la lettre, puisqu’il s’agissait d’une lettre, sur la table, bien au soleil. Plus tard, elle la ferait cuire, même si ce n’était pas l’usage : le trajet que l’argile aurait à parcourir était long, et Zân-mari’ ne voulait pas courir le risque que les mots soient effacés.
Elle se réadossa au siège, et repris sa sieste, pardon, ses méditations là où elles en étaient. |
| | | | - Niallàn Cadell
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- Date d'inscription : 01/02/2009
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| | Sujet: Re: Café sans café (mais qu'est-ce qu'elle fait ?) Ven 21 Aoû - 0:03:45 | |
| Il y a des jours, comme ça, sans raison, où rien qu’en vous levant, vous savez que la journée n’aura rien de productif. Vous posez un pied par terre, vous regardez le soleil qui, plus courageux, est déjà levé depuis un moment, et un sourire béat accroché sur les lèvres, vous songez que vous dormiriez bien une heure de plus, et que tout va décidément pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sinon, l’absorption de substances illicites, ça marche pas mal, aussi. Bref.
Niallàn avait donc échoué à la terrasse d’un café quelconque du Chemin de Traverse, une bouteille de jus de citrouille posé sur un tas de feuilles blanches pour éviter qu’elles ne s’envolent. Crayon à papier dans la main, elle regardait les gens passer, songeuse et à peine concentrée sur ses croquis qui, pour être honnête, lui servaient plus de prétexte qu’autre chose. Elle se sentait spectatrice, et cet état lui plaisait. Avec l’UMA et les cours qui lui prenaient pas mal de temps, elle avait un peu perdu de cette habitude qu’elle avait à Poudlard de s’asseoir sur un banc choisi au hasard et de regarder les autres. Longtemps aussi qu’elle n’avait pas fait de partie d’échec, contre un adversaire humain où contre son roi ensorcelé, et ce genre de plaisirs commençait à lui manquer. Alors oubliés les livres, elle avait décidé de profiter, sans réfléchir, sans chercher à travailler ou à progresser. Prendre du bon temps, sans chercher plus loin.
Sous ses yeux, les gens défilaient, et la foule bigarrée se mouvait un peu trop rapidement à son goût, la poussant à s’intéresser à ce qui était plus proche d’elle. L’extrémité de son crayon roulant entre ses dents, elle observa les autres tables, et une en particulier. Un peu plus loin devant elle se trouvait Zân. Deryn lui avait un peu parlé de l’étudiante étrangère qu’elle avait abordée dans le parc, et la curiosité de Niallàn, déjà bien présente, avait augmenté d’un cran. Etrangère ou pas, sociable ou pas, cette fille avait l’air intéressante, et la rouquine abandonna totalement tout projet de dessin, ayant trouvé plus distrayant.
Finalement, l’objet d’étude malgré elle reposa argile et outil pour se détendre de nouveau, et Niallàn rangea ses affaires, se décidant à aller aborder sa camarade, sans trop savoir comment elle allait s’y prendre pour s’imposer à la table de quelqu’un qui n’avait rien demandé, pas vraiment habituée à être celle qui demandait la compagnie. Laissant ses doigts jouer sur le rebord de la table, à la fois par nervosité et pour que le bruit l’annonce, elle s’arma d’un sourire presque confiant et bienveillant et se lança.
« Salut, on est en cours ensemble… Zân Mary c’est ça ? »
Elle hésita, amusée par sa propre gêne et reprit un peu plus d’assurance.
« On ne s’est jamais parlé mais tu as rencontré ma sœur, Deryn. Tu écris mieux sur l’argile que sur le parchemin, non ? Tu fais comment ? »
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| | | | | | Sujet: Re: Café sans café (mais qu'est-ce qu'elle fait ?) Sam 26 Déc - 22:11:52 | |
| Au milieu des roseaux, le crissement d’un criquet. Rien d’anormal. Les criquets étaient légions, près du fleuve. Zân laissa glisser un pied, puis l’autre, dans les eaux boueuses du fleuve. On était juste après la saison des pluies. En amont, dans les contreforts du Taurus, son cher Purratu* recevait les eaux déchaînées des torrents de montagnes. Et leurs eaux claires devenaient sombres et traitresses près de la Grande Ville, bénédiction autant pour les paysans que pour les prédateurs. Sauf que de paysans, il n’y en avait plus beaucoup aujourd’hui.
Elle plongea les jambes plus loin. Ce n’était pas forcément prudent, mais ce bouquet d’iris aquatique la fascinait. Tant pis pour les éventuels crocodiles. Et tant pis si on l’attendait là-bas pour le repas de noce. Un mariage entre deux « purs » babyloniens, ça se fêtait en grande pompe. Même si leur union avait de forte chance d’être stérile, on aimait encore à prétendre que cela présageait des jours meilleurs pour leur peuple. Grande hypocrisie. Zân avait préféré fuir loin de l’agitation, décidant qu’un bon bain lui serait beaucoup plus profitable. Elle se dressa sur la berge, et entreprit d’enlever les vêtements qui étaient trop précieux pour être mouillés. A côté d’une couronne de fleurs d’or ouvragées vint se poser un manteau de perles tressées puis une robe de lin brodée de fil d’or. Enfin en simple tunique, elle plongea dans le fleuve.
Elle était à présent presque de l’autre côté du bras de fleuve. Pourtant, elle entendait toujours le criquet. C’était d’ailleurs le seul bruit qu’elle entendait. Un seul petit criquet, qui faisait un bruit d’enfer.
Un bruit trop métallique.
Zân ouvrit les yeux. Nul fleuve ne s’étalait devant ou sous elle. Nul bosquet d’iris. Nul criquet. Juste le chemin de traverse et une rouquine souriante. D’ailleurs, Zân la remettait.
« Shalamû, criquet des Cadell. Tu disais ? »
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* Purratu : Euphrate |
| | | | | | Sujet: Re: Café sans café (mais qu'est-ce qu'elle fait ?) | |
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