[HRP]Le dortoir de Canelle est le n°4, avec Lou, Sally-Anne et Zélie. Toutes les filles peuvent bien sûr avoir à y entrer sous un prétexte ou un autre.[/HRP]

Douceur du soir. Les cours sont finis, l'estomac est plein, la douche brûlante est prise et il y a peu de chances qu'Alecto ou la grosse Ombrage viennent traîner dans les dortoirs. Pas impossible mais improbable. Reste juste à se laisser glisser dans la confortable ouate de la paresse, à jouer quelques heures les coquettes indolentes, à dire du mal des unes et du bien des autres. Puis ce sera le doux cocon des draps frais et les bras de Morphée, qui vous emmène dans ses délices...

Canelle était allongée sur son lit, sur le ventre. Elle se faisait nonchalemment les ongles. Cette année avait disparu un must du dortoir des filles Serdaigles, datant de sa première année : un somptueux pyjama vert semé de jonquilles éclatantes que toutes les drôlesses connaissaient pour son coté comique.
L'Irlandaise s'était séparée de cette relique devenue trop petite et n'arborait maintenant comme tenue de lit qu'un long T-shirt. Elle en avait quelques-uns, tous un peu trop amples, invitation discrète à la fée Gronénés qui tardait à intervenir...

Jambes pliées, petits pieds croisés, interminable crinière blonde étalée et pas tout à fait sêche après la douche, Canelle était absorbée dans son ouvrage. L'infime crissement de la lime à ongles avait un son de tissu qu'on froisse. L'habituelle petite moue boudeuse s'affichait sur le juvénile visage. Quelques années de plus, et elle ferait très bien la courtisane alanguie en négligé de soie. Là, elle faisait juste un peu sale gamine.

Attutude aggravée par le fait qu'elle partageait le dortoir avec uniquement des 6ème années. Fascinantes grandes qui recelaient des trésors de potins, d'expressions qui enrichissaient le vocabulaire de la petite, de secrets de beauté passionants pour elle dont les parents avaient décrété un embargo total sur le maquillage et les bijoux. Elles étaient gentilles, l'aidaient pour ses devoirs. Mais elle restait la mioche.

Canelle peaufinait l'auriculaire gauche, dans le calme paisible d'un dortoir qu'on aurait dit déjà endormi.

« Mais où est-il, merde, merde! » Ennis courrait dans la salle commune, laissant sur son passage des sillons de désordre.



La journée avait pourtant bien commencé, elle s'était levée, lavée, habillée et ne s'était absolument pas perdu pour se rendre en classe de Runes. Pourtant, au fond d'elle, la jeune Serdaigle savait que quelque chose clochait. « Allons... il me semble que tu as tout.... » Oui, elle avait tout, elle s'était répétée cette phrase toute la journée et pourtant, le vide continuait de se ressentir, un vide au niveau de ses bras. « erf... qu'est-ce que tu as habituellement dans les bras... voyons voir.... Baguette? » La jeune fille hocha la tête, oui, elle avait sa baguette. « Et... sous-vêtement? » oui, bien sûr! « Jarretelle? » Ennis leva les sourcils.... «Ah non, j'me suis trompé, tu n'en portes pas!»

Alors que la jeune fille marchait en direction de la grande salle, Ennis remarqua une scène des plus cocasse. Alors qu'elle tendait la main vers son carnet pour en faire une esquisse, la Serdaigle eut l'illumination. « Ton carnet!.... petit lutin, Où. Est. Ton. Carnet? »

Ni une ni deux, la jeune Serdaigle s'était élancé dans les couloirs, fonçant, sans vergogne, dans les élèves qui se dirigeaient en sens inverse. Finalement la journée n'allait pas être SI Belle... « et puis c'est la deuxième fois que tu perds ton cahier, vile jeune fille! » urgh! Ça suffit! Accélérant sa course, Ennis arriva en moins de deux à sa salle commune. Des élèves, sortant à leurs tours de la salle circulaire, lui cédèrent le passage et la fillette s'engouffra dans la pièce sans un regard derrière elle.

C'est à ce moment que le désastre commença pour les pauvres yeux de la jeune Ennis. Ce qu'elle trouva sous les sofa, causeuse et siège, la laissa plus que perplexe sur la réputation calme et posé que disposaient les Serdaigles. N'osant finalement plus regarder dans ces endroits peu probables et bourré de secrets coquins, Ennis monta en trombe les escaliers pour finalement déboucher dans le dortoir n'4 et ce qu'elle vit lui fit oublier l'espace d'un instant la raison de son intrusion.

Le dortoir de ses consœurs semblait vide de vie, à l'exception d'une blonde « qui est plus vieille que toi... dis pas de conneries! » qui semblait bien concentré à s'étendre du vernis à ongles sur les doigts et le tout sans magie! « N'enlève rien aux petits plaisirs de la féminité Ennis.... »

C'est donc les cheveux plus en bataille que jamais, le nez et les joues rougit par l'effort et le regard gaillard qu'Ennis rencontra pour la première fois la Serdaigle. « Belle impression pour une première fois! Une chance que tu ne devais pas rencontrer ses parents! » Mais de quoi parlait-elle!? « Peu importe.... demande lui! » c'est là que les choses se compliquèrent...:

-j-je... désolé voulaispasdérranger.... Mais je che-cherche un carnet d-de d-d-dess-ssin.

« tu ne t'aide pas là... »

-Argh.... c'est tous ses trucs sous les sofa de la salle commune qui vont me hanter pour le restant de mes jours. Jusqu'à ce que je devienne une vieille fille avec neuf chats et quelque hiboux, alors que je tricoterai des chaussons pour les petits enfants de mes copines! L'idée aussi de laisser trainer de tel jouet!

Ennis avait parlé tout haut, mais son exaspération était au comble. 1. Elle ne trouvait pas son carnet. 2. Elle ne s'était jamais mise de vernis à ongles 3. Elle se ridiculisait devant une plus vieille et finalement... elle avait faim!

Canelle leva le nez et regarda quelques instants la jeunette qui venait de faire irruption. Puis elle lui adressa un sourire plein de rassurante gentillesse. Qu'importe les cheveux ébouriffés, le discours décousu, l'air un peu égaré. Un peu de vie était entré. Beaucoup de vie, même et beaucoup d'énergie. La soirée s'annonçait pleine d'imprévu et devenait d'un coup beaucoup plus intéressante. Et puis elle était habituée. Sa meilleure amie, Page, était un vrai feu follet. Les rouages endormis du petit cerveau de Canelle se dégrippèrent.

-Un carnet de dessin... Si tu cherches le tien, je ne l'ai pas. Sinon je peux t'en donner un. Tout neuf. Je ne sais pas pourquoi je l'ai acheté ni pourquoi je l'ai emmené. Je n'ai aucun talent en dessin. Aucun talent dans quoi que ce soit, d'ailleurs.

Aucune amertume dans ce constat. Une conclusion toute simple à laquelle Canelle était arrivée, sans plus. Elle fouina dans sa valise, retrouva le carnet et le tendit à Ennis en s'asseyant en tailleur sur son lit.

-Je m'appelle Canelle, et toi ? Tu dessines alors... C'est merveilleux çà. J'aurais tellement aimé savoir dessiner...

Avec le physique qu'elle avait, l'Irlandaise avait tout de la poupée blonde. Il se murmurait qu'en remontant assez loin, une touche de sang Vélane était probable. Possible, mais pas prouvé. Pour autant, si elle était gracieuse et calme, elle ne s'en rendait pas compte et en retour, elle ne prètait pas d'importance à une tignasse en bataille, un caractère original.
Ce qu'elle avait retenu d'Ennis, c'était qu'elle dessinait et çà suffisait à la rendre admirative. Elle accueillait donc sa consoeur avec une vraie gentillesse.

Quand à ce qu'on pouvait trouver sous les meubles de la salle commune, Canelle ignorait tout. Elle n'avait simplement jamais eu la curiosité de regarder dessous. Ca et ses difficultés scolaires rendaient bien surprenante la décision du choixpeau de l'expédier à Serdaigle.