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 I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]
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  • Lynn Bower
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    Lynn Bower
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MessageSujet: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyJeu 26 Avr - 22:22:19

Lynn était frustrée. Depuis trois mois, elle rentrait au Manoir familial tous les samedis pour sa séance avec la psychomage qu'elle avait choisie.
Daisy Heather était une femme d'une quarantaine d'année au visage doux et au regard franc. Lynn avait eu du mal à choisir quelqu'un avec qui elle se sentait à l'aise, mais dès les premiers contacts, le docteur Heather avait su instaurer un climat de confiance. Très vite, il était apparu à la psychomage que les souvenirs de sa patiente avaient bel et bien été altérés, en revanche, elles ignoraient encore lesquels. Il était plus facile pour sa thérapeute d'identifier les problèmes en sachant ce qu'elles cherchaient mais le processus était long et fastidieux.
A chaque séance, Lynn décortiquait son passé, passant d'un évènement à un autre. Elles avaient commencé par ses plus récents souvenirs pour arriver finalement au drame de son enfance lors des dernières séances. Pour la première fois, Lynn avait raconté ce qui lui était arrivé. La gorge serrée, la voix tremblante, les yeux embués, elle avait vaillamment lutté pour tout décrire des sévices de son père. D'une voix calme et égale, la psychomage lui avait posé plusieurs questions et utilisé la magie pour déceler les zones d'ombres. Et elle en avait trouvé. Beaucoup.
Il ne faisait aucun doute pour Heather que ces souvenirs là étaient trafiqués mais elle expliqua également que d'après les séances précédentes, de nombreux autres souvenirs de son enfance semblaient avoir subis le même sort. Cependant, elle ne pouvait pas encore dire si ces souvenirs avaient été inventés de toute pièce ou simplement modifiés. Lynn était ressortie de leur dernier entretien plus abattue que jamais. Elle était frustrée de n'avoir pour l'instant que des confirmations sur ses doutes et pas de réponses concrètes. Ce n'était pas parce que ses souvenirs étaient falsifiés, que cela voulait dire que leur père était innocent. Savoir qu'une partie de ce qu'elle pensait depuis toujours être la réalité ne l'était pas, était déjà assez troublant en soi. Mais ignorer quoi était pire que tout.
Elle était frustrée oui, et en même temps terrorisée.
Les séances étaient longues et elle en sortait toujours nerveusement épuisée.
Comme Aïlin l'en avait prévenue plusieurs semaines auparavant, il n'était pas toujours là lorsqu'elle se présentait et ne venait pas systématiquement l'accueillir quand c'était le cas. En revanche, il venait prendre de ses nouvelles et voir s'il y avait du nouveau. Jenny restait toujours à proximité, venait régulièrement leur proposer boissons et encas et s'inquiétait du bien-être de la cadette Bower.
Lynn imaginait qu'elle rapportait probablement aussi quelques informations à son frère mais elle ne s'en formalisait pas. La plupart du temps, ce dernier restait impénétrable, mais elle savait bien que l’absence de réponse lui pesait encore plus qu'à elle. Il attendait beaucoup de ces entretiens. Beaucoup plus qu'elle. Son impassibilité n'était qu'un masque et elle craignait de le voir s'effondrer. Elle savait que la culpabilité le rongeait et s'ils apprenaient, comme ils le redoutaient et l'espéraient à la fois, que leur père n'avait pas fait ce qui avait poussé son fils à le tuer, la nouvelle serait particulièrement difficile à encaisser pour les deux survivants Bower.
La dernière fois, Lynn n'avait pas trouvé la force et le courage de rentrer et avait fini par dormir au manoir. Étonnement, cela n'avait pas été si difficile, comme si parler de son passé avait fait fuir une partie des fantômes qui hantaient ces murs.
La psychomage avait laissé entendre que la prochaine séance serait déterminante mais avait refusé d'avancer la date de l'entretien malgré l'insistance de Lynn. Une semaine semblait être un minimum entre chaque intrusion dans son esprit.
Heather mettait beaucoup de soin à ménager Lynn, ce que la jeune femme avait du mal à comprendre. Elle lui avait annoncé être prête à tout pour découvrir la vérité mais sa thérapeute insistait pour ne pas brûler les étapes et encourageait sa patiente à penser un peu à autre chose en dehors de leur rencontre hebdomadaire. Ce n'était pas une tâche aisée, et Lynn ne réalisait pas que si la psychomage la traitait comme si elle était vulnérable c'était justement parce qu'elle n'avait jamais autant semblé l'être.
Sans s'en rendre compte, elle s'était amaigrie et ces quelques kilos manquant lui donnaient un air fragile. Ses joues, plus creusées qu'à l'habituée, sa silhouette plus frêle que mince, n’ôtaient pourtant rien à sa beauté, mais combinée à son teint pâle et à son regard fiévreux, y ajoutait une touche spectrale, inquiétante.
Plus que jamais il semblait qu'elle pourrait se briser en mille morceaux au moindre choc.
Cette apparente fragilité trahissait le fait que l’obsession de son frère était aussi devenue sienne et qu'elle avait dû mal à s'y soustraire.
Pourtant, Lynn ne voyait pas tout cela. Elle n'avait qu'une hâte: connaître la vérité pour enfin avancer et passer à autre chose.
Elle ignorait si une telle chose était possible. Ce n'était pas tant sa quête de la vérité que la peur qui la rongeait de l'intérieur.
Et voilà qu'une autre semaine s'était écoulée sans même qu'elle s'en aperçoive. Malgré les nuits courtes et pénibles, malgré les cours intensifs qu'elle suivait tant bien que mal, les jours étaient passés et elle était à nouveau là, prête pour une autre irruption dans ses souvenirs.
Elle toqua et attendit que Jenny vienne ouvrir. Même si elle savait pouvoir entrer sans frapper, elle ne se sentait pas chez elle et préférait ne pas prendre ces habitudes. Ce n'était plus la demeure familiale mais la demeure de son frère, elle n'y avait pas vraiment sa place. Elle ne s'était de toute façon jamais sentie à la maison ici.
La gouvernante l'accueillit avec sa bonne humeur habituelle et l'invita à entrer, l'informant que le docteur Heather l'attendait déjà.
Lynn ne put s'empêcher de se demander si Aïlin s'était entretenu avec elle mais estima qu'il était préférable qu'elle ne connaisse pas la réponse.
Elle retrouva Heather dans une petite pièce privée qui avait été aménagée en salon. Lynn avait moins l'impression d'être en séance de thérapie quand elle était installée dans un fauteuil en prenant le thé. Cela ne changeait rien à ce qui s'y passait vraiment, mais elle gérait cela plus facilement.


- Bonjour, Lynn, la salua la psychomage.
- Bonjour, Daisy.

Elle s'installa et respira profondément, attendant que l'inévitable première question arrive.

- Alors, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Lynn s'efforça de sourire :

- Ca va, enfin je crois, même si je suis un peu inquiète et un peu impatiente à l'idée de la séance d'aujourd'hui.
- Qu'est-ce qui vous inquiète ?
- J'ai peur des réponses que je peux avoir. Mais même si je les redoute, je sais qu'elles sont nécessaires.
- Vous avez l'air épuisé, Lynn.

La jeune femme haussa les épaules, et plaça nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille, croisant les bras sur sa poitrine pour réprimer un frisson:

- J'ai du mal à trouver le sommeil et je fais beaucoup de rêves oppressants depuis la dernière fois, comme si mon esprit luttait pour me dire quelque chose mais qu'une autre partie de moi refusait d'écouter.
- De quoi rêvez-vous ?
- Je ne sais pas, c'est confus. Je ne vois rien, ce sont plutôt des sensations. Cela me rappelle les cauchemars que je faisais quand j'étais plus jeune ou mes crises d'angoisses. J'ai du mal à respirer et j'ai l'impression de fuir, de lutter, je me réveille toujours en sueur, emmêlée dans mes draps. J'ai du insonoriser mon lit à baldaquin pour ne pas inquiéter mes camarades de chambre... En plus de ça, nous entrons dans une phase importante de révisions avant les ASPICS et je n'ai pas une minute à moi.

Daisy la regarda longuement avant de dire :

- Lynn, peut-être devrions-nous envisager d'interrompre nos séances pour quelques temps.
- Pardon ?
- Je sais que c'est important pour vous, mais vous mettez votre santé en danger, vous ne vous rendez pas service.
- Non, non, non, non ! Je vais bien ! Il faut qu'on continue ! On est si près du but !
- Lynn, vous êtes dans une période stressante de la vie d'un étudiant, vous avez beaucoup de travail, vous avez besoin d'être au mieux de votre forme, cette quête de la vérité est un frein à tout cela. Elle monopolise toutes vos ressources et vous n'êtes pas dans un état où je peux recommander une telle chose. Votre avenir est en jeu, vous ne pouvez pas risquer de tout gâcher.
- Vous ne comprenez pas, je ne peux pas arrêter maintenant.

- Pourquoi cela ?

Lynn hésita un instant avant de répondre. Heather était au courant pour les circonstances de la mort de Devin, mais Lynn avait toujours du mal à en parler.

- A cause d'Aïlin.
- Lynn, vous réalisez que vous ne pouvez pas faire cela juste pour votre frère ? Il faut que ça vienne de vous. Si vous chercher à forcer les choses avant d'être prête, les conséquences risquent d'être désastreuses.
- Je sais, je sais tout ça, mais je le fais aussi pour moi ! Il faut que je sache ! J'ai besoin de savoir ! Plaida-t-elle comme si elle essayait de se convaincre elle-même. J'ai besoin de... tirer un trait là-dessus. Je ne pense plus qu'à ça...
- Pourquoi ? Insista la thérapeute.
- Parce que tout est ma faute ! Parce que je me déteste de ne pas être capable de faire le tri entre le vrai et le faux, je me déteste d'avoir été la source de tout ce gâchis. C'est ma faute si Aïlin a tué notre père ! C'est ma faute s'il est malheureux ! Tout est ma faute et il faut que je fasse quelque chose pour réparer ça ! Je ne peux pas rester sans rien faire ! Je dois faire quelque chose ! N'importe quoi !

Elle avait presque crié les derniers mots et elle s'interrompit brusquement en posant sa main sur sa bouche, choquée d'avoir dit à voix haute ces mots qu'elle se répétait sans cesse.
Elle ferma les paupières pour refouler les larmes qui lui brûlaient les yeux et attendit que Daisy prononce son nom pour les rouvrir.


- Lynn. Vous n'êtes pas coupable. Vous n'avez aucune responsabilité dans ce qui s'est passé. Vous avez été flouée. Comme votre frère. Vous êtes la victime de cette histoire, Lynn, pas la responsable. Vous ne pouvez pas vous en vouloir pour quelque chose que vous n'auriez pas pu empêcher.

- Mais si j'avais compris que quelque chose n'allait pas, que mes souvenirs étaient des mensonges, si j'avais réfléchis, si je...
- Non, Lynn. Il n'y a pas de "si" possible. Cette magie noire est très puissante. Même des sorciers bien plus expérimentés que vous ne s'en seraient pas rendu compte. C'est même un miracle que vous ayez pu concevoir une telle chose, avoir des doutes et tenter d'apprendre la vérité.
- Mais j'ai appris l'occlumencie pour me protéger de lui, pour me protéger de ça !
- Oui et cela l'a sûrement empêché de réitérer cela par la suite. Mais vous étiez une enfant quand il a commencé, Lynn. Vous étiez sans défense. Vous ne pouvez pas en vouloir à la Lynn de l'époque de ne pas avoir su se protéger de cela. Elle n'avait pas les moyens de se préserver. Cette culpabilité ne vous fera pas avancer. Elle ne vous aidera pas à passer à autre chose et elle ne vous fera pas vous sentir mieux, ni vous, ni votre frère.

Elle n'était pas sûre de cela et elle se laissa aller à le dire:

- Peut-être que si. Peut-être que si je suis malheureuse, il se sentira mieux, peut-être qu'il cessera de se sentir trahi. Il se sent coupable de la mort de notre père et c'est uniquement ma faute ! Je l'ai abandonné !

- Non, Lynn. S'il y a quelqu'un à blâmer ce n'est pas vous, ni Aïlin.
- Je l'ai laissé tomber...
- Vous avez fait ce qui vous semblait juste, de la seule façon qui vous paraissait possible. Vous avez fait de votre mieux.
- C'est ma faute s'il l'a tué. Répéta Lynn en secouant la tête. Jamais je ne pourrai changer ça, je ne peux pas revenir en arrière, je ne peux pas l'aider. Je ne peux pas défaire ce qu'il a fait pour moi.
- Lynn, écoutez-moi. Vous m'avez raconté ce qu'il s'était passé ce jour-là, vous vous en souvenez ?

La jeune femme acquiesça.

- Je ne me souviens pas que vous ayez demandé à votre frère de tuer votre père, ai-je tort ?
- Non... mais...
- Je ne me souviens pas non plus que ce soit vous qui soyez à l'origine de la révélation qui l'a poussé à cet acte.
- Non, mais justement, il...
- Il me semble même que vous avez essayé de l'arrêter.

Lynn sentit ses yeux s'embuer à nouveau et elle secoua la tête:

- Ça ne s'est pas passé comme ça... s'il vous plaît, ne dites pas ça. Je lui ai caché la vérité, il ne savait rien, il a été pris par surprise, cela faisait tellement longtemps que...

* que nous souffrions tous les deux *

Elle ne put finir sa phrase. Tout cela la rendait malade. A l'époque, elle était persuadée d'avoir été violée par son père, elle avait été persuadée d'avoir été une enfant battue qui s'était enfuie pour s'en sortir. Ils étaient deux adolescents qui n'avaient que l'un pour l'autre au monde, elle n'osait même pas imaginer ce qu'Aïlin avait pensé lorsque Torin avait lâché la bombe qu'il préparait depuis si longtemps. Il les avait tellement manipulés... il avait tout calculé.

- Vous vouliez le protéger.

Lynn releva la tête en acquiesçant, laissant quelques larmes s'échapper de ses yeux:

- Je savais qu'il se sentirait coupable de n'avoir rien vu, de n'avoir rien su, de ne pas avoir pu me protéger...

Par Merlin, elle se souvenait encore de son regard.

- J'ai aimé mon frère plus que n'importe qui sur cette terre. Il m'a tant donné. Il était mon roc, mon seul réconfort. Je voulais tellement... tellement lui rendre ça... J'ai tout gâché... je l'ai perdu... je ne voulais pas qu'il souffre encore à cause de moi et c'est complètement l'inverse qui s'est produit... peu importe que je n'y sois pour rien ou que je n'ai rien pu y changer, je lui dois la vérité !

Puis comme si cette évidence l'avait apaisé, elle ajouta:

- Je nous la dois à tous les deux. J'ai besoin de savoir pour... pour surmonter tout ça. Pour l'accepter, et peut-être l'oublier.

Lorsqu'elle croisa le regard de la psychomage, Lynn fut surprise de déceler l'ombre d'un sourire sur son visage. Puis elle comprit:

- C'est ce que vous vouliez me faire dire ?

Daisy ne répondit pas mais son sourire était équivoque:

- Et bien, nous allons pouvoir commencer. Aujourd'hui, je ne me contenterai pas de sonder vos souvenirs comme je l'ai fait jusque là. Nous allons utiliser la magie pour vous projeter dans votre subconscient. Les véritables souvenirs sont là, ils n'ont pas disparu. Il faut juste les faire remonter à la surface. Vous sentez-vous prête ?

Lynn acquiesça, avant de demander :

- Est-ce que c'est douloureux ?
- Non. Pas physiquement en tout cas. Répondit le docteur Heather avec sérieux. Mais la réminiscence de vos souvenirs peut être particulièrement chaotique. Le choc peut être violent. Ca ne va pas être une épreuve facile, vous en êtes consciente, n'est-ce pas ?

Lynn acquiesça et inspira profondément :

- Je suis prête.

Daisy lui demanda de fermer les yeux et Lynn s'exécuta. Elle l'entendit murmurer un sortilège et se sentit aspirer dans un tourbillon de couleurs et de sons. Il lui fallu quelques instants pour arriver à discerner quelque chose.

- Que voyez-vous Lynn ?
- On dirait… des portes ou plutôt des fenêtres… il y en a des centaines…
- Ces fenêtres sont vos souvenirs, Lynn, il vous faut vous approcher et tenter de les discerner, concentrez-vous sur ceux qui sont flous, qui semblent plus lointains, plus difficiles à attraper. C'est ceux-là qui nous intéressent. Choisissez-en une et dites moi ce que vous voyez.

Lynn obtempéra et se vit soudain petite fille, dans son lit, ses bras entourant ses genoux remontés contre sa poitrine dans une posture étonnamment protective. Devin était assis sur le lit près d'elle, lui caressant ses cheveux.
D'un instant à l'autre, elle s'attendait à ce qu'il agresse la petite Lynn, mais rien ne se passait, et sa voix était douce même s'il y perçait une note de reproche:

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Lynn ne comprenait pas ce souvenir. Jamais son père n'avait fait preuve de gentillesse ou de tendresse envers elle !
Il fallu qu'elle se corrige mentalement en se remémorant que ses anciens souvenirs n'étaient que des mensonges et que ce qu'elle voyait à présent était la réalité. Mais elle n'arrivait tout bonnement pas à le croire.


- Ca n'arrivera plus. J'y veillerai. Torin ne restera pas impuni.

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Lynn ne comprenait rien.
Mais si elle refusait de le croire, son esprit semblait avoir reprit le dessus et les pièces du puzzle commençaient à s'emboiter. Elle fut brutalement projetée dans un autre souvenir.

Sous le choc, elle vit Devin plaquer violemment Torin contre un mur, les mains autour de sa gorge, fou de colère :

- As-tu complètement perdu l'esprit ? Comment as-tu pu faire une chose pareille ? A ta propre sœur ? A mon sang et à ma chair ? Cria-t-il alors que Torin se mettait à rire, d'un rire presque dément.


- C'est pas vrai… murmura Lynn alors que les souvenirs continuaient d'affluer, comme un raz-de-marée incontrôlable emportant tout sur son passage.

Son cœur s'affola et se respiration devint laborieuse.

Elle vit Torin et un homme inconnu derrière une porte entrouverte. Par l'entrebâillement de la porte, elle les entendait discuter et même avec son innocence d'enfant elle comprenait qu'il s'agissait des termes d'un accord. Un accord dont elle était la monnaie d'échange.

- Vous avez une heure. Disait Torin.
- Et pour la prochaine fois ?
- Quand vous aurez rempli votre part du marché, nous en reparlerons. Essayer de ne pas trop l'abimer, je connais votre réputation, Carpenter, évitez de laisser trop de traces…


- Non… souffla Lynn alors qu'elle comprenait finalement l'impensable, alors qu'elle se souvenait. NON !

La petite Lynn recula dans un recoin de sa chambre alors que la porte s'ouvrait en grand pour laisser entrer l'étranger.

- Bonjour Lynn, toi et moi on va bien s'entendre, je te le promets… dit-il d'une voix mielleuse alors que Torin refermait la porte sur eux.


- Ho mon dieu, non… sanglota Lynn avant de se mettre à répéter en boucle les suppliques de son double plus jeune. Non…. Non, non, non, non, non… pitié… pitié…

- Lynn ! Lynn, réveillez-vous ! Calmez-vous ! Lynn ! Entendit-elle à des années de là.

Les images continuaient à se bousculer derrière ses yeux et elle se mit à crier quand elle sentit deux mains attraper ses poignets:


- Ne me touchez pas ! Laissez-moi ! Non !
- Lynn, ouvrez les yeux !

Elle ouvrit brusquement les yeux en suffoquant et se débattit pour que Daisy la lâche. Elle entendit un bruit de verre brisé et recula jusqu'au mur avant de se laisser tomber sur le sol en sanglotant tant qu'elle ne pouvait plus respirer. Elle gémit en se prenant la tête entre les mains, incapable de se calmer ou de parler, les larmes ravageant ses joues, son visage prenant une teinte inquiétante alors qu'elle manquait peu à peu d'air.

- Non, non, non, non….

- Allez chercher Monsieur Bower, tout de suite ! Ordonna la thérapeute à l'attention de Jenny qui assistait à la scène impuissante.

- Lynn, respirer calmement, tout va bien, c'est du passé, c'est terminé, calmez-vous…
essaya de l'apaiser la psychomage. Vous êtes en sécurité, rien ne va vous arriver.

Mais le pire était déjà arrivé. La jeune femme ne l'entendait pas, les souvenirs continuant à revenir en cascade, l'accablant chaque seconde un peu plus, lui donnant envie de mourir, de tuer, de hurler, l'empêchant d'avoir une pensée cohérente devant l'horreur et l'ampleur de la situation.
Si elle ne se calmait pas rapidement, au moins l'une de ses prières s'exhausserait, elle mourrait avant d'avoir à expliquer à son frère qu'il avait tué un innocent.


Dernière édition par Lynn Bower le Mer 9 Mai - 20:33:06, édité 1 fois
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 17:12:29

— C'est aujourd'hui que votre sœur vient, n'est-ce pas ?
La voix de Tanya Botcharov sortit Aïlin de ses pensées, et il releva la tête de la grande cage de souris cobayes. Cela faisait cinq minutes qu'il observait, le regard vide, les petites créatures faire leur vie après avoir ingéré les quelques microgrammes de drogue que l'alchimiste avait incorporé à leur nourriture. Sa plume, relevée au-dessus de son rapport d'observation, n'avait encore rien noté.
— En effet, répliqua Aïlin d'une voix morne.
— Laissez-moi m'occuper de ça, j'ai terminé ce que j'avais à faire. Je vous sens particulièrement distrait, aujourd'hui, vous n'arriverez à rien de bon dans ces conditions, proposa son assistante d'une voix douce.
Elle lui adressa un sourire, et lui prit délicatement rapport et plume des mains.

— Bien ! Voyons comment vous allez aujourd'hui, mes petites !
Elle se pencha sur la cage avec un air enjoué, après avoir posé une main rassurante sur l'épaule de son patron.
— Mais il reste encore...
— Laissez Aïlin, il ne reste rien à faire dont je ne puisse pas m'occuper seule.
— Vous avez raison, je reviendrai dans trois quarts d'heure, si tout se passe bien. Merci.
Aïlin retira sa blouse et la posa sur le dossier d'une chaise, avant de monter les marches en direction du rez-de-chaussée. Tanya se retourna vers lui, une lueur d'interrogation dans le regard.
— Euh... Aïlin ? Votre sœur va bien ? Je sais ce que c'est que s'inquiéter pour sa petite sœur, si vous avez besoin d'en parler...
— Merci Tanya, mais ça va aller, je vous assure. Votre soutien professionnel me suffit amplement, rétorqua-t-il sans prendre la peine de faire volte-face.
Gênée par cette déclaration assez froide, Tanya Botcharov retourna à son travail, une barre de contrariété sur le front.

Aïlin se laissa tomber dans le canapé qui faisait le coin du salon, près de la bibliothèque, un verre de vin rouge dans la main. Il soupira et ferma les yeux, tandis que la lumière du jour venait effleurer son visage marqué par une fatigue physique et morale. Les séances de thérapie de sa sœur, au sein même du manoir, étaient aussi éprouvantes pour lui que pour elle. À chaque fin d'entretien, les deux Bower discutaient des maigres avancées, toujours trop décevantes à leurs yeux. En apparence, Aïlin restait confiant et enthousiaste pour soutenir Lynn, néanmoins, lorsqu'il se retrouvait seul, il se perdait en conjectures, lisant et relisant le carnet de Devin jusqu'à l'épuisement. Il dormait peu, se droguait plus. Les jours qui approchaient de la visite de sa sœur étaient toujours pénibles, désespérément longs et monotones. Les semaines passaient, et la seule chose qui avait changé était l'attitude de Lynn, affublé d'une maigreur qu'Aïlin ne lui avait plus connu depuis des années. Alors que son frère perdait le sommeil, Lynn perdait l'appétit. Quelques fois, il la forçait presque à dîner avec lui afin d'être certain que la jeune femme finisse son assiette, mais le reste du temps, elle demeurait à Poudlard, et il n'avait aucune prise sur elle. Il devait bien se l'avouer, le jeune homme s'inquiétait pour elle. Elle était plongée, sans s'en rendre compte, dans les mêmes affres que lui, et s'il se sentait plus proche de sa cadette à présent, la voix timide de sa conscience lui murmurait, parfois, qu'il ne pouvait pas la laisser sombrer. Ce qu'elle risquait d'apprendre, peut-être aujourd'hui, demain, ou dans des mois, était trop grave pour qu'elle l'affronte seule. Il se devait d'être là. Mais la plupart du temps, il se contentait d'éviter la Gryffondor en s'enfermant dans son laboratoire, prétextant une surcharge de travail. En réalité, il s'arrangeait toujours pour que les plus gros travaux qu'il avait à exécuter soient fait la veille, afin de se laisser plus de liberté lorsqu'elle était là. Il avait peur de l'avenir. Il avait peur, car, que son père ait été coupable des sévices qu'avait subit Lynn ou non, il en souffrirait. C'était le sang de Devin qui coulait dans ses veines. S'il n'y avait aucune réhabilitation possible, il devrait s'avouer, à jamais, que son père n'avait été qu'un monstre. Mais s'il était innocent... Oh, s'il était innocent, il avait purement et simplement assassiné quelqu'un qui ne le méritait peut-être pas. Entre ces deux choix, sa raison vacillait, ignorant ce qu'elle préférait apprendre. Son cœur de fils hurlait qu'il souhaitait découvrir son père sous un autre jour, qu'il aimerait pouvoir se permettre, ne serait-ce que timidement, d'éprouver cette tendresse qu'il avait refoulé depuis qu'il avait lu ses écrits. Sa raison, accompagnée des valeurs qu'elle soutenait, s'écriait au contraire que la vérité risquait de la détruire. Les deux parties de son esprit, pourtant, réclamaient avec la même ferveur de connaître enfin le vrai dans cette histoire. Ils en avaient besoin, parce que temps qu'Aïlin demeurait dans l'ignorance, il n'y avait pas d'acceptation possible. C'était, du moins, ce dont il était persuadé.

Bower avala une longue gorgée de vin en parcourant le salon du regard. Tout était calme. Seule une fenêtre entrebâillée laissait s'infiltrer le chant des oiseaux. Des fois, leur ombre frêle se dessinait sur le carrelage, tandis qu'ils voletaient d'un arbre à un autre, ou allaient se percher sur le toit de la haute bâtisse. Jenny restait avec Lynn et la psychomage, tandis qu'Erycius, lui, profitait de son jour de congé pour passer un moment avec ses petits-enfants. Seul Aïlin demeurait inactif, dans l'attente, pendant que tous faisaient leur vie. Il détestait se sentir impuissant, simple spectateur de ce qu'il se passait autour de lui, mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Un soupir désabusé s'extirpa d'entre ses lèvres. Il ne pouvait même pas savoir ce qui, véritablement, se produisait à l'étage. À l'instant même où il formulait cette pensée, des pas précipités résonnèrent au loin, ainsi que des cris alarmés. Aïlin posa immédiatement son verre et se leva. Au moment où il se précipitait dans la cuisine pour atteindre les escaliers qui menaient à l'étage, Jenny apparut, appuyée sur la balustrade, toute échevelée.

— Monsieur Bower ! Montez vite, votre sœur fait une terrible crise d'angoisse !
Le cœur d'Aïlin se souleva dans sa poitrine. Il transplana directement dans l'ancienne chambre de Lynn, et jeta un regard inquisiteur à la pièce. Elle était là, prostrée dans un coin de la chambre. Des larmes coulaient à flot sur ses joues rougies par l'asphyxie qui comprimait sa poitrine. Sa bouche ouverte haletait, cherchant à happer un oxygène salvateur, mais rien ne semblait prédire que son corps lui obéissait. Jenny ouvrit la porte derrière Aïlin, les yeux humides de panique.
— Descendez au laboratoire, et dites à Tanya de me ramener dans ma chambre le calmant dans la fiole violette, dans mon armoire. Allez chercher une bassine d'eau, un gant et une serviette, tout de suite !
Et, pointant un index agressif sur la psychomage, il lui ordonna :
— Vous ne bougez pas d'ici !
Aïlin se précipita sur sa sœur et s'accroupit auprès d'elle, la couvrant, protecteur, de sa haute stature.
— Lynn, c'est moi, Aïlin... Calme-toi, ça va aller, prononça-t-il d'une voix douce, malgré sa frayeur.
Sa main effleura un instant son visage, afin qu'elle le regarde et le reconnaisse, puis il la prit dans ses bras et la souleva avec facilité, avant de l'emmener dans sa chambre le plus rapidement possible. Dans l'état où était sa sœur, il n'osait pas transplaner, de peur de lui faire subir un choc supplémentaire. Il ouvrit la porte d'un coup de coude, et déposa sa cadette sur le lit, avant d'ouvrir les larges fenêtres. L'air frais de l'extérieur s'engouffra dans la pièce, et il espérait de tout cœur que cela puisse aider sa sœur à retrouver ses esprits.
Quelque chose de grave avait dû se produire. Aïlin n'avait aucune idée de la teneur de la séance d'aujourd'hui, mais il se doutait bien que Lynn venait enfin de découvrir un pan de son véritable passé. L'angoisse tordait l'estomac du jeune homme, mais il s'approcha pourtant d'un pas doux, avant de s'assoir à ses côtés, et de glisser ses bras autour des épaules de sa sœur. Il l'attira à lui, jusqu'à ce que sa tête se pose contre son épaule, et sa main se perdit dans ses cheveux noirs.


« Ça va aller, Lynn, je suis là... C'est du passé... Plus personne ne te fera jamais de mal, je te le promets... Je ne le laisserai pas faire... Je serai toujours là, tu m'entends ? Je garderai toujours un œil sur ma petite sœur. Calme-toi, je t'en prie, respire ! »

Jenny débarqua avec une bassine d'eau qu'elle renversait presque à chaque pas, talonnée par Tanya, qui lança un regard perdu à la scène qui se produisait sous ses yeux. Aïlin n'adressa qu'un rapide regard à la belle russe, tandis qu'elle et la servante déposaient leurs charges sur la table de chevet. Jenny sortit immédiatement, craignant les remontrances de son maître, mais Tanya resta sur le pas de la porte, indécise, tandis qu'Aïlin plongeait le gant de toilette dans l'eau de la bassine. Il le rinça à peine, et appliqua le gant frais contre le visage de sa sœur, essuyant, au passage, les larmes qui baignaient ses joues. Tanya s'approcha alors, et, d'un coup de baguette, fit apparaître un doseur à côté de la fiole de calmants.
— Si la situation ne s'améliore pas, je reste dans le couloir... J'ai reçu un enseignement en médicomagie, alors si je peux faire quelque chose...
— Merci Tanya, murmura Aïlin. Je vous appellerais si besoin.
La jeune femme s'éclipsa, laissant seuls le frère et la sœur.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 18:42:57

Lynn cria quand une ombre s'approcha d'elle et commença à se débattre jusqu'à ce que son regard terrorisé rencontre deux iris familiers et que la voix de son frère résonne à ses oreilles.
Toujours incapable de dire ou frais quoi que ce soit, luttant pour un peu d'air, elle laissa Aïlin la prendre dans ses bras pour l'emmener ailleurs, ouvrant grand une fenêtre pour que l'air frais la libère un peu du poids qui lui oppressait le cœur et la poitrine.

Respirer, il fallait absolument qu'elle respire !

L'héritier Bower la prit dans ses bras, l'attirant contre lui dans une étreinte réconfortante, lui murmurant des mots apaisants en lui caressant les cheveux, l'encourageant à reprendre son calme, la suppliant de respirer.
Elle secouait frénétiquement la tête, les yeux exorbités alors qu'il lui disait que tout irait bien, qu'il serait toujours là et que personne ne lui ferait de mal.

Puis soudain, elle sentit la fraicheur de l'eau sur son visage et à ce contact, ses poumons consentirent enfin à se remplir dans une longue et pénible inspiration qui se termina par une quinte de toux violente avant de reprendre un rythme moins dangereux, mais toujours chaotique.

Lynn sembla, un instant, reprendre ses esprits, la lucidité perçant dans son regard d'acier, la ramenant à la réalité et à l'horreur de ce qu'elle venait d'apprendre. La scène atroce dont elle venait de se souvenir vibrait en elle. Sa peau était à vif, ses sens floutés par la douleur indicible qui irradiait dans tout son corps.
Elle avait eu tort. Il aurait mieux valu ne jamais se souvenir.

Elle enfouit son visage dans l'épaule de son frère en sanglotant douloureusement, gémissant de douleur, s'agrippant à lui comme si sa vie en dépendait.

Plus faible et désemparée que jamais, brisée, perdue, à cet instant précis, elle n'était pas sûre qu'elle puisse un jour s'en remettre.
Pas cette fois. Pas toute seule. Pas même, peut-être, avec l'aide de son frère...

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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptySam 28 Avr - 8:00:30

L'eau fraîche qui dégoulinait sur le visage de sa sœur semblait lui faire reprendre légèrement ses esprits. Enfin, elle respira. Soulagé, Aïlin trempa de nouveau le gant et l'appliqua contre sa gorge, puis dégrafa les premiers boutons du chemisier de sa cadette pour l'appliquer contre son thorax, avec un sang-froid inébranlable. Le calme qu'il dégageait n'était pourtant que factice. Ses pensées, ses doutes, défilaient sans qu'il ne puisse en retenir la vague qui, pareille à un tsunami, déferlait.

« C'est bien, Lynn. Ça va aller. »

Murmura-t-il d'une voix grave mais douce. Il prit la main de sa sœur qui était fermée, crispée, contre son épaule, et l'amena doucement jusqu'au gant de toilette pour qu'elle le tienne elle-même. Un bras enfin libéré, il se dégagea légèrement pour atteindre la fiole, qu'il ouvrit et il déversa quelques milligrammes de la potion mauve dans le doseur. Il vérifia d'un coup d'oeil le dosage et puis l'apporta à la bouche de Lynn avec fermeté.

« Bois-ça, ça va te faire du bien. »

Lorsqu'il fut sûr qu'elle était en état d'avaler quelque chose, il versa la mixture dans sa gorge jusqu'à la dernière goutte. C'était une potion calmante puissante, mais son goût était doux et agréable, rappelant à celui qui la buvait un parfum sucré de violette. Un fin dépôt restait seulement dans le doseur lorsqu'il le reposa sur la table de chevet et qu'il glissa sa main dans les cheveux de sa sœur, pour dégager son visage. Il rehaussa alors les oreillers et l'aida à s'y appuyer.

« Tu risques de t'endormir très vite, mais ne retiens pas, laisse-toi aller. Tu te sentiras mieux lorsque tu te réveilleras. »

Il se redressa et la laissa s'installer, puis s'éclipsa de la pièce après avoir serré la main de Lynn, étendue contre les draps.
La porte se referma sur le jeune Bower, et Tanya, les reins appuyés contre la rambarde, lui adressa un regard qui ne semblait demander, fort heureusement, aucune réponse aux interrogations qu'elle se faisait. Aïlin la rejoignit en soupirant, et s'appuya des deux mains sur le garde-fou, perdant son regard sur la grande salle à manger qui s'étendait au-dessous d'eux. Le col de sa chemise était humide des larmes et du maquillage de sa jeune sœur. D'un coup de baguette, il sécha sa chemise, puis passa une main sur son visage éreinté.


« Vous faites un grand frère exemplaire...
Murmura Tanya, osant enfin briser le silence. Il lui adressa un regard incrédule, tandis qu'un sourire amer répondait à celui réconfortant qu'elle lui adressait.
— Pas vraiment, non. Rétorqua-t-il avec une sécheresse qui n'était adressée qu'à lui-même. Il inspira profondément, puis se tourna complètement vers elle. Est-ce que vous pourriez garder un œil sur elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme ? Je dois aller parler au Docteur Heather, je suppose qu'elle saura m'expliquer ce qu'il s'est passé.
— Bien sûr, j'y vais tout de suite. »
Et Tanya, toujours serviable, s'introduit dans la chambre du jeune homme et ferma délicatement la porte derrière elle, sûrement pour ne pas effrayer Lynn. Aïlin, de son côté, traversa le large couloir jusqu'à l'ancienne chambre où avait eu lieu la séance. Il ouvrit la porte et découvrit la psychomage, assise sur un fauteuil, une tasse de thé chaud dans les mains que venait manifestement de lui apporter Jenny. Lorsqu'elle aperçut Aïlin, elle posa son thé et se leva, elle aussi inquiète de l'état de sa patiente.
« Comment va-t-elle ? Demanda-t-elle en gardant une certaine réserve.
— Mieux. Je lui ai administré un calmant, elle doit déjà être en train de s'endormir.
— Elle aura cependant besoin de beaucoup de soutien dans les prochains jours, je crois que ce qu'elle a vu...
— Que s'est-il passé, exactement ? la coupa Aïlin, un regard inquisiteur braqué sur elle.
La psychomage se réinstalla dans son fauteuil, sans quitter l'alchimiste du regard.

— Nous avons tenté une première exploration de ses souvenirs. Elle y était bien préparée, cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'elle en découvre assez aujourd'hui pour se mettre dans un tel état. À la façon dont elle a réagit et s'est débattue en découvrant ce souvenir, je pense qu'elle s'est remémorée la vérité à propos de son viol.
Un choc sourd frappa le ventre d'Aïlin, lorsque le mot tomba entre eux. C'était si violent, si cru. Le jeune homme détourna un instant le regard tandis qu'il comprimait un soupir dans sa poitrine.
— Elle n'était manifestement pas si prête que cela.
— Monsieur Bower, rétorqua la thérapeute d'une voix plus ferme, vous devez vous rendre compte que le choc aurait été tout aussi violent pour elle, quel que soit le degré de préparation, quel que soit le nombre de mois que nous aurions passé à envisager ce moment. Sa réaction est saine et humaine. Elle aura besoin de temps, de soutien et d'écoute. Une cicatrice s'est rouverte de façon particulièrement soudaine et abrupte. Je vous accorde que je ne m'attendais pas à ce qu'elle aille aussi loin dès le premier essai, et j'ai eu beaucoup de mal à garder le contrôle et à la ramener à l'instant présent. Mais votre sœur est une occlumancienne et une sorcière très douée, j'aurais pu m'en douter.
— Vous auriez donc pu faire en sorte qu'elle ne puisse pas atteindre aussi vite ce genre de souvenir, non ?
— Non, Monsieur Bower. Cela ne se passe pas comme ça. Je peux la gérer, la faire entrer dans ses souvenirs et l'en faire sortir, mais je n'ai aucun contrôle sur ce qu'elle peut voir, et ne peut moi-même lire ce qu'il se passe dans son esprit à ce moment là.
Aïlin afficha clairement son impatience, mais le docteur Heather ne se démonta pas.
— Je peux rester ici pour un moment, si vous le souhaitez. Il me suffit d'annuler mes autres rendez-vous. Peut-être que Lynn...
— Je ne pense pas que Lynn désire encore être confrontée à ça ce soir. Merci beaucoup, mais je crois que plus rien ne vous retient ici.
— Très bien. Répliqua la psychomage en se levant. N'hésitez pas cependant, si Lynn a besoin de mon aide. Au revoir Monsieur Bower.
— Voulez-vous bien raccompagner le docteur Heather, Jenny ? »
La vieille cuisinière s'exécuta sans un mot, les yeux encore rougis des larmes qu'elle avait versé.

Tanya et Aïlin se croisèrent dans le couloir alors que le jeune homme s'apprêtait à la rejoindre.

« Elle dort, se contenta de dire Tanya, devançant la question.
— Très bien, merci beaucoup.
— Je vais nous préparer une petite vodka de Monsieur Dmitriev, cela nous fera du bien. Non, ne me remerciez pas, je sais que je suis un ange. »
Elle lui adressa un sourire en s'engageant dans les larges escaliers qui menaient à la salle à manger, puis descendit au petit trot les marches avec un clin d'oeil pour le jeune Lord. Aïlin resta un moment immobile, comme tétanisé par sa colère, sa frustration et la peur qui enfermait son cerveau dans un étau d'angoisse. Il alla finalement se rafraîchir dans une salle de bain, puis rejoignit Tanya dans le salon, tandis que la lassitude s'emparait de ses muscles.
Il se laissa tomber à côté de la jeune femme en soupirant, et reçut le verre qu'elle lui avait préparé avec un remerciement. Ils respectèrent un moment le silence, tandis qu'il goûtaient quelques gorgées du fameux alcool, mais Tanya se décida finalement à prendre la parole.

« Souhaitez-vous que je reste, ce soir ?
Ils semblaient tous s'être donné le mot, pensa Aïlin avec aigreur.
— Ça ira, je vous ai bien assez ennuyée.
— Si je vous le propose, c'est que cela ne m'ennuie pas, vous savez.
— J'ai besoin de rester seul, je pense que vous le comprenez également, n'est-ce pas ?
— Aïlin... Voilà que vous vous renfermez à nouveau. Je m'inquiète pour vous au moins autant que pour votre sœur, vous savez ? Ce n'est pas pour elle que je souhaite rester. » murmura-t-elle lentement.
Elle prenait sur elle, Aïlin le voyait bien, et il avait aussi conscience qu'elle avait raison. Néanmoins, son agressivité avait besoin de se déverser sur quelque chose, sur quelqu'un, n'importe quoi pourvu qu'il l'expulse. Il posa sèchement son verre sur la table basse. Elle n'avait rien fait pour mériter sa colère, bien au contraire, et il chercha à se contenir.

« Parlez, Aïlin, cela vous fera du bien.
— Non merci, ça ira.
La jeune femme soupira et posa son verre à son tour, avant de se pencher vers Aïlin pour lui faire complètement face. Ce dernier, en revanche, demeura immobile, le regard rivé sur la table.
— Vous savez, je n'ai pas beaucoup de gens sur qui je peux compter dans mon entourage... Cela me fait mal de vous voir vous fermer comme ça. Nous sommes amis, n'est-ce pas ? Vous pouvez me faire confiance.
— Je suis désolé, Tanya, mais pour tout vous dire, je prête bien rarement ma confiance. On m'a trahi trop souvent.
La belle russe encaissa le choc sans broncher. Seul un léger mouvement trahit la peine qu'Aïlin venait de lui faire. Il se tourna vers elle et se sentit coupable de sa réplique à l'instant où il croisa son regard. Il s'excusa d'un sourire, et lui prit la main.
— Excusez-moi, ce n'était pas vraiment ce que je voulais dire.
— Vous êtes bête, Aïlin. Vous devriez vous rendre compte qu'il y a des gens qui tiennent à vous, et sur qui vous pouvez vous reposer. »
Aïlin resta silencieux. Néanmoins, il se laissa aller contre le dossier du canapé, et sortit sa baguette magique, qu'il pointa sur le gramophone qui trônait sur une console. Un vieux vinyle lévita puis se posa dans l'engin, et la voix de Sinatra résonna dans le salon. Puis, sans même qu'il réfléchisse à son geste, il se laissa tomber en douceur contre l'épaule de Tanya, qui l'accueillit contre elle sans un mot. Ils restèrent un long moment ainsi, sans plus parler, profitant, simplement, de la musique et d'un moment de calme. Seule l'horloge, qui sonna dix-huit heures, parvint à les séparer.
Aïlin se redressa en étirant ses muscles ankylosés, puis se leva. Lynn n'allait pas tarder à se réveiller, à présent. Le soleil tombait lentement sur les plaines irlandaises, et aucun des deux n'avait remarqué que la pénombre s'était déjà installée sur le salon. Tanya suivit le mouvement du Lord avec un rire léger, puis prétexta qu'elle allait assister Jenny en cuisine. Avec un remerciement, Aïlin la laissa s'échapper, et monta à l'étage pour rejoindre sa sœur. Il ferma les fenêtres, alluma une lampe sur la table de chevet, puis s'installa sur le bord du lit tandis que Lynn, doucement, commençait à s'agiter dans son sommeil.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptySam 28 Avr - 9:18:10

Blottit contre son frère, Lynn ne parvenait pourtant pas à se calmer. L'eau fraiche lui fit du bien, mais elle continua à pleurer :

- Je.. suis désolée…je suis désolée.. je suis désolée… se mit-elle à répéter d'une voix rauque et faible, s'agrippant à la chemise d'Aïlin comme si elle avait peur qu'il l'abandonne.

Il tamponna son visage et sa nuque avec le gant de toilette humide pour essayer de l'apaiser et l'aida à le maintenir sur son torse.

Il lui porta aux lèvres un doseur en lui disant que ça lui ferait du bien et elle le laissa verser le breuvage dans sa gorge. Il se dégagea avec douceur et s'assura qu'elle était bien installée contre les oreillers en lui expliquant calmement qu'elle allait rapidement s'endormir mais qu'il ne fallait pas lutter, lui promettant qu'elle se sentirait mieux à son réveil.
Elle voulu ouvrir la bouche pour lui demander de ne pas la laisser, convaincue que les démons qu'elle cherchait à fuir reviendraient pendant son sommeil, mais déjà la potion semblait agir, enveloppant son esprit dans du coton et lui faisant fermer les yeux. Sa respiration s'apaisa et elle entendit, de loin, la porte s'ouvrir. Avant qu'elle ne se referme, elle était déjà tombée dans un sommeil sans rêve, plus tranquille que tout ce qu'elle avait pu imaginer.

Mais cela aurait été trop beau pour durer. L'effet du calmant se dissipa trop vite au goût de Lynn qui se sentit replonger dans les méandres de ses souvenirs. Elle se mit à lutter pour essayer de se réveiller, mais la potion engourdissait encore ses sens. Dans son sommeil, elle se tenait la gorge, comme si elle se souvenait avoir été en train d'étouffer. L'inconscience bienfaitrice était en train de la piéger en redevenant le théâtre de ses souvenirs et elle luttait pour essayer de se réveiller. Flirtant entre inconscience et coma éveillé, elle sentit la chaleur d'une main entre ses doigts glacées et ce contact l'aida à reprendre pied. Il lui fallut encore un long moment avant qu'elle ne puisse ouvrir les yeux. Ses paupières papillonnèrent plusieurs fois malgré la pénombre de la pièce et elle fixa le plafond quelques secondes comme si elle ne le voyait pas. Puis elle tourna légèrement la tête pour voir Aïlin, ses yeux encore rouge de son sommeil forcé et du vestige de ses larmes.

- Tu es là… chuchota-t-elle comme pour elle-même, d'un ton presque surpris.

Elle serra sa main et ferma à nouveau les yeux, comme pour se donner du courage, s'humectant les lèvres pour essayer de parler. Elle avait soif. Sa gorge était irritée comme si elle avait hurlé, ce qu'elle avait peut-être fait, d'ailleurs. Une migraine lui vrillait les tempes mais c'était peut-être bien le dernier de ses soucis. Tout son corps était douloureux, raide et engourdi.

La tête enfouie dans les oreillers, les paupières toujours close, elle secoua imperceptiblement la tête :


- Je ne voulais pas t'ennuyer… pardonne-moi. Fut la première chose qui lui vint à l'esprit, d'une voix calme, presque inquiétante.

Encore une fois, elle l'obligeait à prendre soin d'elle, à perdre son temps avec elle. Elle continuait à être un fardeau, même après tant d'années.
Elle finit par trouver le courage de le regarder à nouveau, plongeant ses iris argentés dans les prunelles bleues de l'héritier Bower. Elle savait qu'il attendait des réponses, mais qu'il ne la bousculerait pas, pourtant elle se sentait incapable de lui raconter ce qui était arrivé. Ce souvenir était pire que tout ce qu'elle avait imaginé, et d'autres continuaient à revenir malgré l'arrêt de la séance. Des détails, des sons, des mots, des visages…

En repensant à leur père, ses yeux s'embuèrent et sa respiration s'accéléra à nouveau légèrement. Elle serra sa main plus fort pour rassembler son courage et ne se rendit pas compte qu'elle tremblait avant d'entendre sa voix, chancelante et brisée :


-… Père…père n'y était pour rien…

Les larmes glissèrent silencieusement sur ses joues en réalisant à quel point cette phrase devait être douloureuse pour son frère. Pourquoi devait-elle être celle qui lui apprenait cela ?

- Ho Aïlin… je suis tellement désolée…

Oui, elle était désolée, pour tout, pour tant de choses. Elle voulut ajouter quelque chose, essayer de lui donner plus d'information mais sa voix resta coincée dans sa gorge et elle se contenta de lui jeter un regard perdu, angoissée par la réaction qu'il pourrait a voir.

Elle se redressa contre les oreillers et fit une nouvelle tentative pour parler, mais elle se sentit de nouveau submergée par le flot de souvenir et l'horreur de la situation.
Elle aurait voulu hurler, hurler que tout était la faute de Torin mais aucun son ne sortait. Ses grands yeux apeurés et sa pâleur inquiétaient sur son état. Même si elle n'était plus hystérique, son traumatisme ne s'effacerait pas en quelques heures. Il fallait qu'elle soit forte. Elle ne pouvait pas perde pied, pas encore, pas devant Aïlin. Elle devait tout faire pour être forte, pour lui.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptySam 28 Avr - 15:57:43

La main dans la sienne, Aïlin adressa un sourire à sa jeune sœur lorsqu'elle remarqua sa présence, s'éveillant enfin de deux longues heures sans songe. Ses doigts se resserrèrent une courte seconde sur sa prise, en réponse muette tandis que Lynn refermait les yeux, exténuée par l'épreuve qu'elle venait de traverser. Derrière l'angoisse qui lui rongeait l'estomac, une vague de peine pour elle le traversa. Elle lui faisait pitié, avec ses yeux rouges sur un visage pâle et amaigri. Elle semblait de nouveau endormie, mais sa voix, devenue fluette, balaya le silence. De nouveau, elle s'excusait, mais avec une lassitude blasée, cette fois.

« Rappelle-toi ce que je t'ai dit. C'était une décision qui ne se prenait pas à la légère, mais je suis là pour te rattraper. Je ne te laisserai pas sombrer. »

Rétorqua-t-il gravement. Il s'imaginait très bien ce qu'elle était en train de penser à présent. Il la connaissait assez pour savoir qu'elle se culpabilisait, ajoutant au fardeau qu'elle portait des peines inutiles et vaines. Le mal était fait, et le jeune Lord pouvait d'ailleurs se rappeler cet adage pour lui aussi. Lynn connaissait la vérité, elle avait revécu le viol qu'elle avait subit dans son enfance. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'Aïlin apprenne aussi ce qu'il s'était produit, et plus rien ne pourrait les faire revenir en arrière. Une boule d'angoisse remonta dans sa gorge, et le jeune homme inspira profondément.
À l'instant où il formulait cette pensée, la main de sa sœur trembla sous la sienne. Il reporta son regard sur elle, sans rien laisser transparaître de ses émotions. À présent qu'elle était calme, il ne fit rien pour empêcher la larme qui perlait à ses yeux de rouler sur sa joue livide, et se contenta, immobile, d'observer le silence. Il ne pouvait plus rien dire, à présent. Il ne pouvait plus rien faire non plus. Le seul choix possible était d'écouter ce qu'avait à dire sa sœur comme le lui avait conseillé la thérapeute, bien qu'il n'était plus très sûr de le désirer.
Les mots fatidiques tombèrent, et la boule qui gonflait sa gorge éclata. Il avait voulu la vérité. Il l'avait, maintenant. Son père s'était lui aussi retrouvé en position de victime grâce à une odieuse manipulation de l'esprit de sa fille. L'image qu'il s'était faite de Devin n'était qu'un mensonge. Un pan de sa vie se brisa comme un comme une vitre sans tain, et la lumière du jour tomba sur la vérité, non seulement à propos de leur père, mais de lui-même. Il était un criminel, et les raisons pour lesquelles il l'était devenu étaient fausses. Son regard azur se durcit, sans plus regarder Lynn, sans plus rien voir. Ce fut à peine s'il entendit les excuses de sa sœur, dans le brouillard malsain qui enveloppait ses pensées. Sa main, crispée, lâcha celle de Lynn, et dans un réflexe d'automate, il se tourna légèrement pour ouvrir un tiroir de sa table de chevet. Il extirpa la boite en fer qu'il refermait, et glissa l'objet dans sa poche, avant d'adresser un sourire faux à sa sœur.

« Tu dois avoir soif. Je vais te chercher un verre d'eau, à moins que tu désires autre chose. Personnellement, je crois que j'ai besoin d'une lampée de whisky pour digérer cette nouvelle. »

Il se leva et sortit sa baguette magique pour faire disparaître la bassine et les autres ustensiles dont ils s'étaient servi, puis laissa Lynn seule sans autre forme de procès. La porte se referma sur lui, et il descendit en vitesse les escaliers tandis qu'il sentait la honte et la colère affluer en lui. Il avait été trompé et il ne s'était jamais douté de rien jusqu'à ce qu'il tombe, par hasard, sur ce maudit carnet rédigé de la main de son père. Tout cela avait été un coup monté, un complot contre le patriarche, dans l'unique but de prendre plus vite sa place en tant que maître de famille. Une haine féroce gronda dans sa poitrine lorsqu'il se remémora le visage hautain de Torin. Sa baguette, encore dans sa main, lança des étincelles. C'était Torin qu'il aurait dû tuer. C'était Torin qui méritait toute la haine et tout le désir de vengeance qu'il avait cumulé dans sa jeunesse, et qui atteignait aujourd'hui son paroxysme. Il aurait voulu pouvoir le tuer une seconde fois, le faire souffrir comme il avait fait souffrir chaque membre de sa famille. Finalement, c'était Ultan qui avait eu raison, en quittant le manoir, furieux contre l'aîné. Il avait flairé le danger, alors qu'Aïlin, orgueilleux, s'était opposé à lui comme un rival et un allié à la fois. Ultan avait été le seul à chérir leur père, il avait été le seul à être assez lucide pour comprendre à quel point les choses étaient déréglées dans cette famille. Torin l'avait délaissé, sous-estimant son intelligence, et Aïlin en avait fait de même, tout autant persuadé qu'il n'était qu'un benêt sans discernement. Lui aussi s'était montré terriblement vaniteux.
Il atteignit la porte de la cuisine et s'y arrêta, la main sur la poignée, tandis qu'une question dérangeante se formait dans son esprit. Malgré tout, Lynn avait effectivement été violée. C'était ce que le médecin et la psychomage avaient conclu sans la moindre hésitation. Si le crime n'avait pas été commis par le père, qui, alors était derrière cela ? Torin aurait-il pu ? Jusqu'alors, il avait trouvé cette idée absurde, impossible, mais toutes ses certitudes s'étaient désormais effondrées. C'était un psychopathe, qui n'éprouvait ni sentiment, ni remord. Il avait été un pur malade, avec un profil auquel on pouvait rattacher sans incohérence une sexualité déviante. Un frisson d'écoeurement parcourut l'échine du dernier des hommes Bower. Il chassa les images horribles qui s'imposaient pernicieusement dans son esprit, et passa le pas de la cuisine.
Jenny et Tanya se tournèrent vers lui comme une même âme, mais seule la russe eut le cœur à sourire.


« Vous avez besoin de quelque chose ? Demanda-t-elle en devançant Jenny.
— Un verre d'eau, s'il-vous-plaît. ...Et un whisky.
— Ça va aller, Aïlin ?
— Disons que j'ai besoin d'un remontant. Vous pourriez monter cela dans ma chambre ?
— Mais... Ça m'ennuie un peu de faire connaissance avec votre sœur dans des circonstances pareilles.
— C'est une vieille tradition de famille. On se rencontre toujours dans les pires circonstances, ça forge les relations. J'ai juste besoin de me rafraîchir un moment, vous seriez gentille...
Le sarcasme amer d'Aïlin laissa Tanya pantoise. Il l'entendit lui répondre qu'elle aimerait bien comprendre, mais sa phrase mourut derrière la porte de la cuisine. Il se laissa tomber dans un fauteuil du salon et se prépara un rail d'héroïne, bien décidé à fuir sa souffrance. Les talons aiguilles de Tanya résonnèrent dans la pièce à l'instant où il s'apprêtait à sniffer la poudre étalée soigneusement sur la table basse.
— Je m'en doutais ! Aïlin, ne faites pas ça, je vous en prie.
— J'ai besoin de me remettre les idées en place.
— Cela ne vous remettra pas les idées en place, ça ne vous fera que fuir la situation. Votre sœur a besoin de vous, Aïlin !
— Je vous ai dit que j'étais un mauvais frère.
— Oh ! Cessez de dire des sottises ! Je vous ai préparé une dose de cheval, ce sera suffisant pour vous alléger l'esprit. Allez lui monter, ça, et je vous accompagne. Comme ça je suis sûre que vous ne faites pas de bêtises !
Aïlin se releva et fit face à la jeune femme.
— Vous me sermonnez, maintenant ?
— Tout à fait. J'ai l'impression d'être la seule qui a encore mon esprit aujourd'hui. Alors je m'en sers.
Aïlin hésita un instant, puis soupira, vaincu.
— Là-dessus, vous avez raison... Prenez le tout. Il y en a encore dans le laboratoire. Cachez-les bien, car je ne suis pas sûr de résister aussi bien toute la soirée.
— Vous m'expliquerez enfin ce qu'il se passe ?
Un silence passa.
— Oui, je vous le promets. »
Il ne lui laissa que le temps d'esquisser un sourire, et prit les verres de ses mains pour transplaner directement devant la porte de la chambre.

« Excuse-moi d'avoir mis autant de temps. J'ai été retardé en cuisine. Tu resteras ici cette nuit, je ne veux pas que tu restes seule chez toi. Mon assistante est ici. Elle ne fait pas exactement le même gabarit que toi, mais ses affaires t'irons. Elle se fera un plaisir de te prêter quelques vêtements si besoin. »

Déclama Aïlin dans un effort suprême en donnant son verre d'eau à Lynn puis en s'installant auprès d'elle, son whisky à la main. Il en but une longue gorgée, avant de soupirer, las.
« Les coupables sont morts, n'est-ce pas ? C'est le passé. Nous ne pouvons rien changer. Il faut l'accepter. »
Il ne croyait pas une seconde à ce qu'il disait, mais il parut sincère en posant son regard sur Lynn.
« Père n'avait rien d'un innocent, de toute façon. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyDim 29 Avr - 18:48:48

Lynn ne fut pas surprise par la réaction de son frère. Au vu de la pénible révélation qu'elle venait de lui faire, il avait fait preuve de beaucoup de sang froid.
Lorsqu'il s'était détourné d'elle, la jeune femme n'avait pas tenté de le retenir ou de lui parler, comprenant qu'il avait besoin d'un peu d'espace pour digérer la nouvelle. Il prit tout de même la peine de lui dire qu'il allait se chercher un whisky et lui rapporter de l'eau avant de quitter la pièce.
Elle ne pouvait rien faire pour lui à cet instant précis. Si la culpabilité la rongeait, elle n'imaginait que trop bien ce qu'il en était pour Aïlin. Si c'était pour elle, c'était bien lui qui avait tué leur père. Si les faits avaient été avérés, peut-être aurait-il finalement réussi à vivre avec, mais apprendre qu'il avait été honteusement manipulé par son propre frère pour commettre l'irréparable serait un fardeau qu'il traînerait jusqu'à la fin de sa vie.


Lynn se sentait dans un état second, le cerveau encore embrouillé. Tant de choses bouillonnaient dans son esprit qu'elle ignorait sur quoi porter son attention.
Elle frissonna et se redressa dans le lit pour se frotter les bras, essayant de se réchauffer tout en sachant que le froid qu'elle ressentait n'avait rien à voir avec la température de la pièce. Elle avait l'impression que ses os étaient glacés, comme si une partie d'elle était morte et cette pensée la fit trembler de plus belle.
Elle passa ses mains sur son visage avec lassitude, essayant de remettre ses pensées en ordre mais cela était difficile car d'autres souvenirs revenaient, par vague, en interrompre le cours.
Quelque chose avait du mal se passer pendant la séance, car elle ne comprenait pas pourquoi tout ne s'était pas arrêté quand elle avait rouvert les yeux.

La jeune femme fut incapable de dire combien de temps le maitre des lieux s'était absenté, mais il était à nouveau là, lui tendant un verre d'eau et lui expliquant qu'elle resterait là pour la nuit et que son assistante lui fournirait des affaires. Puis il but une longue gorgée de whisky en s'installant auprès d'elle, laissant échapper un soupir.
Elle le remercia et but une gorgée d'eau, lentement, avant de vider son verre et de le poser délicatement sur la table de chevet. Elle voulait dire quelque chose, mais aucune phrase ne semblait adéquate dans cette situation.

Cependant, la réflexion suivante de l'héritier Bower l'interpella et elle se raidit.


Citation :
« Les coupables sont morts, n'est-ce pas ? C'est le passé. Nous ne pouvons rien changer. Il faut l'accepter. »

Non, tous les coupables n'étaient pas morts, du moins n'en serait-elle pas sûre avant d'avoir vérifié. Elle lança un regard apeuré à Aïlin, se demandant si elle devait absolument partager cette information avec lui et comment le faire. Ce n'était probablement pas une bonne idée mais elle s'était jurée de ne plus rien lui cacher.

- Peut-être pas tous…

Citation :
« Père n'avait rien d'un innocent, de toute façon. »

- Torin l'avait rendu fou… expliqua Lynn d'une voix triste, se rendant compte que pour la première fois de sa vie, elle défendait son père.

Ne pouvant soutenir le regard de son frère, elle baissa les yeux et murmura, d'une voix hachée:


- Père a…il… il a essayé de m'aider quand il a découvert que…

Les larmes envahirent à nouveau ses yeux et elle inspira profondément en posant une main sur sa gorge pour essayer d'apaiser la douleur des mots qui suivirent:

- Il a découvert que Torin… Torin me.. prêtait à un de ses clients.. contre des services…

Elle lutta pour étouffer un sanglot et se força à continuer, sachant pertinemment que si elle arrêtait de parler maintenant elle n'y arriverait plus.

- … Père l'a appris et il a essayé de me défendre…il n'aurait jamais arrêté sinon… je.. je suis presque sûre que c'est à partir de là qu'il a commencé à œuvrer contre père… il a du faire la même chose qu'avec nous et entrer dans son esprit… parce que…

Elle avait du mal à parler, étouffée par les larmes, mais elle faisait son possible pour rester intelligible, reconnaissante à son frère qu'il ne l'interrompe pas:

- Il y en a tellement, Aïlin… des souvenirs… des mensonges… je continue à en voir, encore et encore… c'est comme s'il n'y avait plus une seule chose de vrai… c'est Torin qui nous torturait… tout est sa faute…

Elle enfouit son visage dans ses mains, incapable d'en dire plus, laissant libre cours aux sanglots qui risquaient de l'anéantir si elle ne les laissait pas sortir.

Lynn ne s'était jamais sentie aussi mal, elle avait envie de vomir, envie de mourir, envie de disparaître… Au moins les mots étaient-ils sortit. Ils ne régleraient pas tout et il restait d'autres zones d'ombres, mais c'était tout ce dont elle était capable pour l'instant.
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyJeu 3 Mai - 14:10:49

Père n'y était pour rien, Aïlin était un assassin. Quelles que fussent les excuses qu'il se trouverait à présent, l'héritier Bower savait qu'elles demeureraient insuffisantes. Il savait que son geste n'avait pas été prémédité, que le choc d'apprendre les sévices qu'avaient subi Lynn lui avait fait perdre la raison, mais il demeurait que le puissant sortilège de mort avait fonctionné, et qu'il avait tué son père. Il l'avait voulu, c'était une certitude. Il n'avait certainement pas imaginé le regretter autant par la suite.
Aïlin but une nouvelle gorgée de whisky tandis que Lynn reposait son verre sur la table de chevet. Il la sentait chercher ses mots à côté de lui, mais il ne pouvait plus la regarder. Son regard s'était détourné sur ses mains, observant la chevalière à ses initiales qu'il portait à l'annulaire droit. Un soupir lui échappa. S'il avait échappé à Azkaban, c'était seulement pour mieux servir d'outil à Torin. Quel genre de service avait-il pu lui rendre ? Plus qu'il n'en avait conscience, certainement. La voix de Lynn résonna dans ses tympans, et il osa cette fois tourner son regard sur elle. Les sourcils froncés, il l'observa d'un air interloqué. Il sentit son dos se raidir alors qu'il imaginait un autre coupable dans cette affaire courir, toujours en liberté. Qui cela pouvait-il bien être ? Qu'est-ce que Lynn avait bien pu voir, exactement ? Les questions affluèrent, mais Lynn finit par y répondre.
Ce qu'il découvrait le figeait d'horreur. Ses yeux s'agrandirent, son attention, paralysée, repassait en boucle les propos que sa sœur tenait. Elle avait servit de monnaie d'échange. Torin avait prostituée sa propre sœur, alors qu'elle n'était qu'une enfant. Sa main trembla légèrement contre son verre de whisky, tandis qu'il sentait la colère monter comme un raz-de-marée. Devin avait cherché à protéger sa sœur, c'était donc cela qu'il avait tenté de lui dire et qu'Aïlin avait refusé d'écouter. Si seulement il avait hésité, il aurait peut-être pu obtenir ne serait-ce qu'une partie de la vérité avant de commettre l'irréparable. Il était seulement responsable d'avoir fait montre de faiblesse face à son fils aîné, ce psychotique qui n'avait agit que dans son seul intérêt, enivré par la puissance qu'il se promettait, par le désir de garder sous son emprise chaque être vivant qui était attaché directement ou non à lui.
Aïlin avala le reste de son whisky et posa sèchement son verre, puis se leva. Ses jambes fourmillaient, il ne pouvait plus rester immobile. Il marcha de long en large dans la pièce tandis que Lynn éclatait en sanglots, incapable de la consoler d'une quelconque façon. La fureur qui le prenait le démangeait, lui donnait envie de tout renverser sur son passage.


« Devin n'a pas su nous protéger, ni toi, ni moi ! Il ne mérite que cela, il a laissé Torin prendre l'emprise sur son foyer. Il aurait dû le gérer, s'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard. Non... Il était trop fier, trop sûr de lui pour croire qu'un de ses fils puissent le trahir odieusement ! Il l'a mérité, Lynn, et Torin mérite tout autant de moisir six pieds sous terre ! Oh, tu n'imagines pas comme je souhaite qu'il ait souffert comme jamais personne n'a souffert avant de mourir ! »

Ses mains se croisèrent devant sa bouche, et il respira bruyamment, en proie à une nervosité qui ne lui était pas commune. Il aurait tellement souhaité, en ce moment, que Torin fut encore en vie pour le détruire de ses mains. Il recula brutalement la chaise de sous son bureau et s'y laissa tomber, tourné vers sa sœur. Son regard n'avait plus rien de commun avec ce qui transparaissait habituellement de lui. L'aura qu'il dégageait était celle d'une haine sans merci, qui ne demandait qu'à exploser.

« Père est autant fautif que tout le monde, je te le dis. Il n'a rien su faire pour nous, jamais. Moi je t'ai protégé, j'ai fait ce qui me semblait juste. Je me suis trompé, mais cette fois, il n'y aura plus d'erreur. »

Bower se retourna en direction de son bureau et attrapa un rouleau de parchemin ainsi qu'une plume, qu'il trempa dans son encrier. Le malade qui avait touché sa sœur, s'il était encore dans la nature, paierait pour ce qu'il avait fait, et pour Torin en sus. Il se le promettait.

« Est-ce que tu as souvenir d'un nom, d'un visage, Lynn ? Je te promets que ce fumier va payer très cher pour ce qu'il t'as fait. Tu as ma parole. Dis-moi tout ce qui te viens à son sujet, et je le retrouverai. J'ai des contacts qui seront ravis de m'attraper ce malade, et de faire Justice, quel que soit son rang. Je te jures, Lynn, que quand je lui aurais mis la main dessus son goût pour les petites filles lui passera définitivement, et ce qu'il lui restera de corps ira nourrir les poissons de Leitrim. »

Mikhaïl fut le premier nom qui lui passa à l'esprit. Le mafieux l'aiderait à se débarrasser d'un type aussi nauséabond que celui qui avait touché sa sœur, cela ne faisait aucun doute. Grâce à sa position au ministère et dans la mafia, il avait les moyens de faire disparaître ce type sans que personne ne pense jamais à ouvrir une enquête à son sujet. Puant comme il l'était, il ne doutait pas, non plus, que des rumeurs aient pu courir à son sujet, et que la disparition d'un tel énergumène laisserait les autres indifférents, voir soulagés. Pour avoir flirté plusieurs fois ces derniers mois avec les grands de la société sorcière, il avait conscience que ce genre de vices se savaient, et qu'on ne touchait pas à ces gens seulement par intérêt. Cependant, lorsqu'une tête tombait, elle se remplaçait bien vite, au grand soulagement de tous. Il ne suffisait que de le trouver, et il espérait pour cela pouvoir compter sur les souvenirs et l'aide de Lynn.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyLun 7 Mai - 14:12:43

Lynn se sentait désemparée, aculée, horrifiée. Elle ne savait pas qui de la peur, de la colère ou de la tristesse dominait dans son cœur, mais ses larmes avaient un goût amer. Celui de la vérité, la vérité crue, glaciale, cruelle, celle qui venait de briser les minces espoirs d'un frère et d'une sœur.
Toute à son propre malheur, écroulée sous le poids de la culpabilité et la responsabilité de cette annonce, Lynn ignorait totalement comment allait réagir Aïlin.
Alors qu'elle luttait pour parler, elle le sentit se raidir près d'elle mais n'osa pas affronter son regard. Puis finalement, les mots réussirent à se faire entendre et elle put retourner un instant à ses larmes et à son chagrin, à sa honte et à sa douleur.
Il s'écoula quelques instants où Lynn pleura tout son saoul, le visage caché entre ses mains.
Puis elle sursauta lorsqu'Aïlin posa brutalement le verre sur le chevet et se mit à crier, ses sanglots s'étranglant douloureusement dans sa gorge. Elle jeta un regard effrayé à son frère, les larmes continuant malgré elle à tracer des sillons sur ses joues.
Il avait raison, au fond, même si elle était consciente que ces paroles qu'il crachait l'aidaient surtout à accepter l'inacceptable et à gérer, temporairement du moins, la réalité de son parricide qui n'avait plus lieu d'être à la lumière de ces informations.
Pourtant, s'il y avait un véritable responsable, il s'agissait bien de Torin. Mais l'héritier Bower avait tort sur un point, pourtant. Lynn imaginait parfaitement combien il souhaitait que Torin ait souffert mille morts avant de trépasser. Elle ressentait la même chose.
Et finalement, de la colère, la tristesse ou la peur, c'est la haine qui l'emporta. Une haine viscérale, contagieuse, galvanisée par celle de son frère.
Torin avait fait de leurs vies un enfer, il ne méritait aucun pardon, aucune considération et pourrir six pieds sous terre lui paraissait encore être un destin trop doux pour cet infâme manipulateur. Sous l'effet de cette nouvelle énergie, les larmes se tarirent finalement et Lynn, bien que ressentant encore un peu les effets anesthésiques du calmant, observa son frère faire les cent pas dans la chambre.
Le calme semblait avoir abandonné le maître des lieux. Sa colère était son moteur, l'envahissant et le possédant comme la folie avait auparavant possédé son père.
Lynn le sentait au bord de l'implosion mais elle n'avait plus peur. Plus de lui. Son aura de haine n'était pas dirigée contre elle et quelque part, elle l'apaisait. Aïlin vivait encore. Sous son masque sans vie, sous son impassibilité et son comportement glacial, un cœur battait toujours et il pouvait faire preuve d'une passion endiablée pour peu qu'il ait une bonne raison.
Peu importait que pour l'instant, la seule chose qu'il cri soit vengeance, il criait, il s'autorisait la faiblesse de vivre et de ressentir quelque chose et finalement, malgré cette colère, grâce à elle même, elle avait l'impression de retrouver son frère. Oui, il l'avait protégée, il avait tout fait pour l'aider, il avait toujours tenté de faire ce qui était juste.
Il avait fait ce qui lui semblait juste lorsqu'il avait tué leur père. Et c'était la faute de ce dernier, malgré tout, s'ils en étaient arrivés là. Devin avait de toute façon perdu l'esprit et Aïlin n'avait fait que précipiter une fin inéluctable. Torin s'en serait chargé si son plan ne s'était pas déroulé comme prévu.

Citation :
« Je me suis trompé, mais cette fois, il n'y aura plus d'erreur. »

Lynn l'observa s'asseoir brusquement à son bureau et attraper plume et parchemin avant de lui demander si elle se souvenait de quoi que ce soit, lui jurant que son tortionnaire allait payer.
Citation :

« Je te jures, Lynn, que quand je lui aurais mis la main dessus son goût pour les petites filles lui passera définitivement, et ce qu'il lui restera de corps ira nourrir les poissons de Leitrim. »

Lynn frissonna. Mais pas de peur, ni de froid.
Non, ce qu'elle ressentait était différent. Elle voulait être là pour voir ça.
Le jour où il réduirait ce monstre en charpie, elle serait là, elle s'en faisait la promesse. Car pour elle, il n'y avait aucun doute que cet individu était toujours en vie. La folie, le mensonge et la politique avaient toujours tendance à accorder une longévité frôlant le ridicule.
Elle allait l'aider à le retrouver, et ils lui feraient payer. Il lui suffisait pour cela de se souvenir, et le souvenir était si frais à présent qu'elle n'aurait aucun mal à lui donner les informations dont il aurait besoin.


- Carpenter. Répondit-elle aussitôt dans un souffle.

Ce nom lui laissait un goût acide dans la bouche et elle se sentit nauséeuse à la simple évocation de cet homme.


- Torin l'a appelé Carpenter.

Il lui avait aussi dit son prénom, elle s'en souvenait maintenant. Lors de ses petites "séances", il avait tenu à ce qu'elle dise son prénom.

- August Carpenter. Il était grand.. du moins, c'est l'impression que j'avais, mais j'étais si petite…

Sa voix se perdit un instant et elle secoua la tête pour se concentrer et essayer de le décrire. Il serait plus facile pour elle d'essayer de le décrire physiquement, comme si elle voulait faire son portrait.


- La trentaine… les cheveux bruns assez courts, légèrement bouclés. 20 ou 30 livres de trop. Il avait les yeux noirs. Un grand nez, le visage carré, les traits durs…

Puis elle s'interrompit, et en entendant la plume gratter le papier, elle eut une idée.

Elle se leva prudemment et se rapprocha d'Aïlin. Elle posa une main sur la sienne, l'arrêtant dans son mouvement, et plongea un regard plein de détermination, mais gardant pourtant une certaine douceur, dans les yeux bleu tourmentés de son frère.


- Je vais faire son portrait. Dit-elle fermement, comme pour s'empêcher de revenir sur cette décision.

Elle prit une autre plume et un carnet de parchemin rigide, pour plus de stabilité, avant de retourner s'asseoir sur le lit, avec une certaine lenteur non dénuée de grâce.
En vérité, son corps tout entier était encore douloureux, comme si elle avait revécu presque dix ans de sévices en une poignée d'heures et elle faisait tout pour ne pas grimacer à chaque mouvement, consciente que ce n'était qu'un effet déplaisant et particulièrement sournois de son imagination.

Il ne lui fallu qu'une dizaine de minutes. pendant lesquels son visage se durcit au fur et à mesure que le dessin prenait forme. La détermination et la colère se devinaient aisément dans ses traits de crayons secs mais assurés.
Lorsqu'elle eut terminé, elle contempla son œuvre et sentit son estomac de soulever.
Elle réalisa avec dégoût que c'était probablement le meilleur portrait qu'elle ai jamais fait, le plus fidèle et le plus réaliste. Elle se promit de continuer à en dessiner jusqu'à pouvoir oublier celui-là, même si elle n'était pas certaine de pouvoir y parvenir un jour.

Elle inspira profondément et retourna le carnet pour qu'Aïlin puisse voir le visage de son violeur:

- C'est lui.

Il n'y avait rien de plus à dire.
Maintenant, elle faisait confiance à Aïlin pour prendre les choses en main.
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MessageSujet: Re: I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé]   I wish you wouldn't know (Pv Aïlin) [Terminé] EmptyMar 8 Mai - 21:49:29

La petite Lynn, si fragile, si émotive, avait enfin séché ses larmes lorsque son frère avait pris plume et encre pour noter toutes les informations qu'il pourrait recenser à propos du criminel. Le regard dur de son aîné se braqua sur elle, mais contre toute attente, il lut dans ses yeux une exaltation féroce. La haine d'Aïlin avait trouvé écho dans le cœur de la jeune femme. Lorsqu'elle prononça le nom du violeur, sa voix avait perdu de sa faiblesse, ne tremblait plus. Il n'y avait pas de résignation pour autant. Non, elle semblait déterminée. La décision, claire et sans appel de son frère, ne l'inquiétait ni ne lui faisait peur. Aïlin abaissa le regard sur son parchemin et nota sèchement le nom de l'homme, suivit des indications, maigres, mais utiles, que lui fournissaient sa cadette.
Lorsque la plume se suspendit au dessus du vélin, Aïlin sentit Lynn se lever du lit et s'approcher de lui à petits pas, comme si tout son corps était raide et douloureux. Il lui tourna un regard interrogateur, presque méfiant, s'attendant à la voir, les larmes aux yeux, quémander du réconfort, ou changer finalement d'avis et supplier son frère de ne pas mettre à terme son funeste projet. Mais elle n'en fit rien. Ses yeux, bien que trahis par les rougeurs qui les cernaient, étaient maintenant secs et dépourvus du moindre scrupule. L'héritier Bower posa sa plume tandis que la main de sa sœur se posa sur la sienne. Il hocha gravement la tête lorsqu'elle lui proposa de dessiner le portrait de l'homme, puis la regarda se détourner, le vélin entre les mains. Il n'était pas sans éprouver une certaine fierté. Sa haine, flattée de trouver un écho dans le cœur de la jeune femme, irriguait chaque fibre de ses muscles, de sa chair et sa peau. Une haine sourde qui enthousiasmait Aïlin, devenait son oxygène, son but, son unique objectif tandis qu'il réalisait lentement toute la passion destructrice qu'il avait contenu toutes ces années. Cet homme méritait une mort lente, affreusement pénible, sans que ses bourreaux ne fassent preuve de la moindre pitié. Sa main trembla, glissa sous son nez, il renifla, manquant désespérant de cette substance qu'il s'était refusé in extremis à prendre. Le jeune Bower ouvrit sans y croire le tiroir de son bureau, mais il savait qu'il n'y trouverait rien. La frustration lui tira un soupir bien audible, tandis qu'il s'accoudait au bureau, le poing fermé contre son front. Pour se distraire de cette nouvelle préoccupation et des images de violences qui dansaient devant ses yeux, il écouta le grattement rapide et habile de la plume sur le parchemin, les yeux clos. Il inspira profondément, et se ressaisit. Il ne pouvait pas rester inerte à attendre que Lynn termine. Il devait prendre les devants. La vengeance n'attendait pas. Aïlin sortit un nouveau parchemin et entama un brouillon de lettre à l'adresse de Mikhaïl Dmitriev. Tandis qu'il tentait de rassembler les éléments importants, ceux qui étaient à laisser entendre, ceux qu'il devait omettre, il se demandait de quelle façon il pourrait transmettre la missive afin d'être certain qu'elle ne soit pas interceptée. Il n'avait eu, depuis leur rencontre au manoir Dmitriev, plus aucun contact direct avec le grand patron de la mafia russe. Or, la lettre devait absolument atterrir dans ses mains sans intermédiaire, et sans risque d'être lue par un membre extérieur à la famille gouvernée par le patriarche. La réponse lui sauta aux yeux. Tanya était toute désignée pour servir de coursière dans cet échange délicat. Ainsi, il pourrait parler sans ambages ni crainte qu'une quelconque autorité ne jette un œil curieux sur ce courrier. Aïlin savait trop bien que sa réputation au sein du monde magique était encore trop floue pour qu'il se permette une imprudence. Réputé de sang-pur, fils et frère de mangemorts, assis sur une immense fortune, petit génie de l'alchimie étrangement affectionné des gens de bonne société désireux d'obtenir ses services, il était très bien placé pour subir une surveillance éloignée ou ponctuelle, même si la Justice n'avait rien à lui reprocher, pas même une petite fraude sur ses impôts particulièrement élevés. Aïlin était exemplaire, et en cela, devait être particulièrement agaçant. C'était le moment d'être prudent, et de ne pas laisser sortir les secrets de famille hors des murs des Manoirs Bower et Dmitriev.

Aïlin avait à peine achevé son ébauche de lettre lorsqu'il entendit Lynn lui signifier qu'elle avait achevé le portrait de son violeur. Son frère se tourna vers elle et posa sa plume pour récupérer sa baguette magique. Il fit léviter doucement le dessin jusqu'à lui et le stoppa à un mètre de ses yeux. Le visage froid, un rictus sur les lèvres, il observa chacun des traits de ce visage, son expression, ce qu'il dégageait d'infect et de malsain. Il mémorisa ce visage exceptionnellement bien dessiné, se promit de s'en souvenir toujours et de le reconnaître à la seconde où il le rencontrerait. Puis son regard, d'une dureté implacable, se braqua sur sa cadette.


« Toutes les psychothérapies du monde ne valent rien tant qu'on ne décide pas de passer à l'acte, paraît-il. Nous verrons ce que ce conseil vaut en ces sortes de circonstances. »

Il amorça un geste du poignet et le portrait de posa délicatement sur le bureau, bien en retrait des papiers et ustensiles qui couvraient le plateau de chêne. Puis, d'un geste doux, presque tendre, il fit signe à sa sœur de le rejoindre au bureau. Lorsqu'elle parvint à sa hauteur, il se redressa légèrement pour glisser une main ferme derrière sa nuque, puis amena le front de sa sœur contre son épaule. Il appuya le menton contre ses cheveux et y déposa un baiser.

« Je considère que ce qu'il reste de notre famille est une institution sacrée que plus personne ne viendra ébranler. Je connais quelqu'un qui partage, sur ce sujet, les mêmes valeurs. Quelqu'un de très haut placé, qui saura faire en sorte que ce Carpenter disparaisse sans que personne ne cherche à ouvrir une enquête très élaborée en son honneur, si tenté que qui que ce soit tiendrait à faire une telle chose pour un homme pareil. »

Sa main glissa sur la joue de sa sœur, et il la recula légèrement, afin d'avoir le loisir de la regarder dans les yeux.

« À présent, tu ne verras plus ce Docteur Heather. C'est bien trop dangereux pour nous. Elle serait obligée de violer le secret professionnel, si elle venait à apprendre quoi que ce soit qui puisse laisser présager ce que l'on s'apprête à faire. Il faudra s'occuper d'elle également, afin qu'elle ne puisse jamais faire le lien. Fais-moi confiance, je ne permettrai pas que tu sois inquiétée d'une quelconque façon, ou que notre nom soit de nouveau traîné dans la boue. J'ai travaillé trop dur jusqu'aujourd'hui pour me permettre une telle imprudence. »

Aïlin lâcha sa sœur et se leva, laissant pour ce soir la lettre adressée à Dmitriev et ses sursauts de rage qui balbutiaient encore malgré le sang-froid saisissant dont il faisait preuve.

« Oublions cela pour le moment, tu veux ? Va te préparer et te refaire une beauté, je pense que le dîner doit être prêt maintenant. Tanya a laissé quelques affaires à elle dans la salle de bain de l'aile ouest. Je pense que tu y trouveras tout ce dont vous avez besoin pour vous sentir belles. »

Il lui adressa un clin d'oeil ponctué d'un sourire en coin qui ne laissait plus rien transparaître de son trouble intérieur. Au contraire, il paraissait seulement tendre et presque enjoué, autant, du moins, que son visage aux traits fins mais froids le lui permettait.

« Miss Botcharov sera ravie de faire ta connaissance, je suis sûr que vous vous entendrez bien toutes deux. Tu n'as aucun souci à te faire. C'est une femme discrète, et son soutien pourra d'ailleurs nous être utile. »

Sur ces mots, Aïlin passa une main dans le dos de sa sœur et la conduisit jusqu'à la porte de la chambre. Il la laisser aller à ses ablutions et s'engagea dans le grand escalier qui descendait dans la cuisine, en haut duquel il aperçut Jenny poser les couverts tandis que Tanya préparait les verres de vins, qui attendaient, au milieu de la table, que leurs propriétaires s'en emparent. En vérité, une seule et unique faim rongeait maintenant le corps d'Aïlin, et cet appétit là ne serait pas satisfait même du plus merveilleux des dîners.
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