L'envol de l'Aigle [Ciel & ses fesses]

Serdaigle. S-e-r-d-a-i-g-l-e. Joy répétait ce mot sans cesse, pour en savourer pleinement la signification, et pour aussi s'assurer que tout cela n'était pas un rêve. Mais pourquoi en aurait-il été autrement? Elle avait onze ans depuis peu et mettait les pieds pour la première fois de sa petite vie à Poudlard; la Répartition marquait justement le coup de cette journée si particulière! Ainsi, le Choixpeau avait choisi Serdaigle... Quelle étrange impression cela avait été lorsqu'elle s'en était coiffée! Ce n'était pas du tout le sentiment d'accueillir un inconnu, comme elle se l'était d'abord imaginé. C'était plutôt comme si cette petite voix permettait à son esprit de s'exprimer, comme si celui-ci faisait ressortir les caractéristiques de sa personne... Donc rien d'intrusif, au contraire; c'était comme si sa conscience parlait librement. La fillette aurait aimé discuter plus longtemps avec ce curieux chapeau, d'ailleurs. Mais à peine que « Serdaigle! » ait retentit, elle avait su que c'était fini et qu'elle devait rejoindre les Bleu et Bronze, qui, désormais, étaient les siens...

Qu'avait-il dit, exactement? « De l'impatience, de l'énergie... Beaucoup de curiosité aussi... Une assiduité certaine, une volonté d'apprendre... » C'était donc cela qu'elle était? C'était plutôt flatteur bien sûr, mais la fillette se demandait jusqu'où elle devait s'y fier... Et même si ça y'est, la chose était faite et qu'elle ne pourrait jamais revenir en arrière, Joy n'avait pas l'impression que ses questions soient pleinement résolues.

Les préfets les conduisirent ensuite dans leur salle commune, et Joy admira sans retenue la tour de Serdaigle. Haute de plafond, lumineuse grâce aux nombreuses fenêtres, aérienne, la salle donnait une impression de plénitude qui seyait à merveille à la fillette, plutôt un peu trop hyperactive que posée. Elle fit tout de suite une petite visite des lieux, furetant dans tous les coins, étudiant les dortoirs et les moindre petits détails. C'était une sensation étrange de penser que cet endroit allait être son lieu de vie pendant sept ans. Sept années d'études et après quoi elle serait une sorcière... Captivée, elle resta un instant devant l'une des hautes fenêtres au verre épais et inégal. La vue était à couper le souffle. Au loin, le lac miroitait, captant les rayons du soleil couchant. La forêt, dense et sombre, était belle mais semblait tout de même un petit peu effrayante. Mais le plus beau aux yeux de Joy étaient les collines verdoyantes et les montagnes qui s'étalaient à perte de vue; et elle se sentait pleine d'une énergie nouvelle et inconnue qui lui donnait des ailes. Comme Poudlard était un endroit plaisant!

Pensive, la fillette se mit à gratter le verre du bout de l'ongle, comme si elle dessinait quelque chose. Elle se sentait merveilleusement bien et assoiffée de découvertes et de connaissance mais ce n'était pas une sensation entière et pleinement ressentie. Car il y avait toujours ce petit bémol, ce petit gravier qui faisait s'enrayer l'engrenage: Poudlard était magique, et sûrement le plus fabuleux endroit du monde des Sorciers; mais ce monde, justement, posait problème. Car il était le siège de batailles naissantes et de controverses qu'une fille de onze ans fraîchement débarquée ne pouvait pas comprendre, mais qu'elle entrevoyait. Comment se comporter, alors?

Lorsque Joy se posait ce genre de questions, elle s'y perdait, immanquablement. Et comme elle détestait plus que tout sombrer dans cet état un peu morose qu'elle ne savait démêler, elle se forçait à agir de façon à retrouver son entrain habituel. Ni une ni deux, elle décida d'écrire à ses parents, pour leur apprendre la bonne nouvelle et les rassurer sur son voyage. Elle sortit un petit bout de papier de sa poche, attrapa une plume et de l'encre qui trainaient - rien d'étonnant dans une école - et se cala dans un confortable fauteuil, face à la fenêtre. Elle écrivit:

Papa, Maman,

Devinez d'où je vous écris?! De Poudlard, évidemment; mais plus particulièrement de la salle commune des Serdaigle, MA maison dorénavant! Comme toi, Maman! Je suis plus que contente, comme vous l'imaginez. Le château et les alentours sont magnifiques, les élèves sont sympas, bref tout va bien. Et le voyage s'est bien passé.
J'espère que vous allez bien tous les deux. Je pense à vous et notre maison me manque un peu mais je me fais déjà à Poudlard.
Écrivez-moi vite!

Je vous embrasse,

Joy.

A peine eut-elle plié le papier que ses pensées vagabondèrent vers un autre sujet. Il fallait qu'elle se penche un peu plus sur l'histoire et la maison de Rowena Serdaigle. Bondissant de son fauteuil, elle fila dans le dortoir pour extirper un gros livre de sa valise, et le serrant précieusement contre sa poitrine, elle retourna en Salle Commune. Elle se mit à feuilleter vivement les pages, concentrée, les sourcils froncés. Quand enfin elle eut trouvé ce qu'elle cherchait, elle posa le doigt dessus et lut lentement et à mi-voix:

- Rowena Serdaigle était connue pour sa créativité et sa grande intelligence. Elle choisissait les étudiants de sa maison pour leur sagesse et leur intelligence, et aimait les mettre à l'épreuve. Sa devise était : « Tout homme s'enrichit quand abonde l'esprit. »
Les Serdaigle sont donc généralement connus pour leur sagesse, leur érudition et leur intelligence.

Perplexe, Joy laissa retomber le livre sur ses genoux. Elle n'avait pas l'impression de saisir la totalité des mots. Érudition? Et la maison de Serdaigle était-elle caractérisée surtout par l'intelligence? Joy se savait futée, certes, mais le Choixpeau l'avait peut-être surestimée. Et si elle n'était pas à la hauteur de tout cela? Un peu apeurée, elle referma doucement le livre et murmura une nouvelle fois cette phrase qui bien qu'un peu énigmatique était, à son goût, très belle:

- Tout homme s'enrichit quand abonde l'esprit...

Ses yeux bleus vifs se perdirent un instant dans le vide puis, brusquement, elle cligna plusieurs fois des paupières. Ce n'était pas parce que ses questions n'étaient pas résolues qu'elles ne le seraient jamais. Elle devait, elle-même, en trouver les réponses. Son sourire revenu, elle sauta de son fauteuil et se dirigea vers l'élève le plus proche, et se présenta de son habituelle manière enthousiaste:

- Salut! Je m'appelle Joy, je viens d'arriver ici. Cet endroit est merveilleux! Dis, quels sont pour toi les particularités d'un Serdaigle?

Les yeux brillants, elle sautillait sur place, incapable de se contenir plus. Son interlocuteur allait peut-être la trouver un peu trop exubérante et surtout étrange avec sa manière de parler si rapide et ses questions directes... mais elle ne s'appelait pas Joy pour rien!

Et voilà, l'année venait de commencer. Le Choixpeau venait de répartir les nouveaux élèves. Il y avait même quelques Serdaigles mignonnes. Elles avaient toutes l'air apeurées en passant sous le chapeau, elles ne savaient pas ce qu'il allait faire d'elles, mais au final, elles étaient satisfaites du choix. Il n'y avait pas que des filles, mais Ciel était nettement moins branché garçons. Il avait entendu des rumeurs l'année dernière sur certains élèves qui étaient de l'autre bord, comme Isaac Deniel, mais le jeune aiglon ne savait pas si c'était une rumeur bête et méchante, ou alors c'était fondé. En même temps il s'en foutait pas mal, il faisait ce qu'il voulait de sa bouche celui là! Toujours est-il qu'il avait remarqué quelques nouvelles dont il pourrait facilement tomber amoureux.

Il se souvenait de sa répartition comme si c'était ~~l'année dernière~~ hier. Comme il venait du monde moldu, il ne comprenait rien à la magie, et il était émerveillé par tous ses aspects. Il s'était longtemps demandé pourquoi ils avaient installé un chapeau sur un tabouret. Il avait mieux compris lorsque le Choixpeau avait commencé à parler, c'était lui qui allait les répartir dans les différentes Maisons. Il avait été envoyé à Serdaigle, et il en était content, car il trouvait classe l'aigle qui était sur le blason de la Maison. Ce qu'il n'avait pas encore compris c'était que tous les sorciers n'étaient pas gentils, notamment du côté des serpents. Il était allé voir Précieuse McLane, comme ça juste pour taper la discut', et cette vipère l'avait rembarré, elle lui avait rappelé qu'il n'était rien.

Enfin bref, il n'allait pas déprimer chaque année en repensant à cet épisode. C'était du passé et beaucoup de choses s'étaient passées depuis. Il fallait penser aux cours qui étaient sur le point de commencer, et ne pas se torturer l'esprit avec les filles, ou encore avec ses problèmes personnels. En plus à douze ans, on ne peut pas vraiment parler de problèmes. Alors n'ayant pas de problèmes (il vous dirait le contraire, mais Ciel n'est jamais objectif donc bon…), il devait profiter de la première soirée pour faire un peu la fête. Mais apparemment il était le seul à vouloir s'amuser un peu. Les autres parlaient entre eux et comment étaient tes vacances? Et t'es parti où? Mais oh! On s'en fout! Faut juste s'amuser! Décidé à mettre un minimum d'ambiance, il monta sur un des fauteuils et cria aussi fort qu'il le pouvait, en restant quand même intelligible.

- Eh les gens! Oh il vous arrive quoi là? C'est une nouvelle année, faut fêter un peu! Faut s'amuser! Je vous propose pour ce soir, après les célèbres blagagogo, leeeeeees FESSACIEL

Sur ce, il posa les deux pieds sur les accoudoirs, se pencha légèrement en avant (pas trop car il mangeait le dossier du fauteuil s'il se penchait d'avantage), et baissa son pantalon! Il entendit des rires, des applaudissements, des exclamations de surprise, des indignations, enfin bref, tout ce que provoquait un montrage de cul. Mais Ciel n'avait pas réalisé une chose : il s'était installé sur le fauteuil bancal. Et bien sûr, arriva ce qui devait arriver, le fauteuil bascula en avant. Il fut projeté par le fauteuil et atterrit sur une élève de première année qui était en train de discuter avec un autre Aiglon. Bien sûr, avec la vitesse qu'il avait, ils tombèrent tous les deux.

Ciel était donc là, comme un con, allongé sur une nouvelle, le pantalon baissé. Quiconque serait entré à ce moment là aurait été choqué par ce qu'il aurait vu, à croire que les Serdaigles étaient dénués de sens moral. Ciel ne se releva pas immédiatement pourtant, et cela pour deux raisons : Premièrement, il observait la jeune fille. Elle était assez jolie, elle faisait partie de celles dont il pourrait tomber amoureux. S'il se souvenait bien, elle s'appelait Joy Machintruc (Machintruc n'étant évidemment pas son nom, mais Ciel ne se souvenait pas de son nom de famille). La deuxième raison qui l'empêchait de se relevait était une raison purement naturelle : il était là, collé à une jolie fille, le pantalon à moitié baissé puisqu'il tentait de le remonter. Il faisait une tarte aux poireaux (c'est la magie de la censure ). Il ne pouvait donc pas se relever, puisque ce que les autres verraient lui serait rappelé des années durant. Se rapprochant de l'oreille de Joy, il murmura

- Tu pourrais me faire penser à un truc super dégueu? C'est urgent! Après promis j'men vais

[Merci Cannelle et désolée n_n
A nous deux mon petit Ciel ]

Tellement absorbée par ses questions irrésolues et qui ne la laissaient pas sereine, Joy n'avait pas vraiment prit part à la vie de la salle commune, laissant pour l'instant les élèves bavarder entre eux. Elle ne se décida qu'à adresser la parole à l'un d'eux quand vraiment elle ne put pas plus longtemps se contenir et sauta - au sens figuré, pas comme certains x) - sur le premier venu sans savoir s'il était occupé par ailleurs. Malheureusement pour elle, la réponse ne se montra pas vraiment de la façon dont elle l'aurait souhaité.

Tout se passa assez rapidement; alors qu'elle eut à peine le temps d'enregistrer le visage de son futur-ex interlocuteur, quelque chose la percuta violemment et malgré ses efforts elle ne put garder l'équilibre. Elle se retrouva en moins de deux plaquée au sol, les yeux écarquillés de surprise, tandis qu'autour d'elle s'élevait un tonnerre d'éclats de rire. Bon. La fillette n'avait rien contre les démonstrations de joie bien au contraire et aurait volontiers participé au fou rire général mais il se trouvait qu'elle se trouvait elle-même mêlée à la raison de l'hilarité en question... Et qu'un poids lui écrasait l'estomac. Le souffle coupé, elle essaya de gigoter un peu et sentit ses joues devenir toutes rouges. Elle grommela, la voix légèrement voilée:

- T... Tu... m'écrases!...

Parce que ce n'était pas un simple fauteuil qui lui était tombé dessus, non; c'était un fauteuil avec une paire de jambes et une paire de bras, une tête et des cheveux, bref c'était un jeune garçon que Joy avait repéré car il faisait le malin dans la salle des Aigles...

Quelle idée de tomber sur les gens ainsi! A en juger de l'expression du garçon -quel était son nom déjà, se demanda Joy avec détachement, comme si elle ne se retrouvait absolument pas au centre de l'attention de toute sa maison- ça n'était pas vraiment son but de renverser la rouquine et elle riva son regard sur le visage au-dessus d'elle tout d'un coup, se demandant pourquoi il paraissait si embarrassé. Une chute pouvait arriver à tout le monde, non?

Mais Joy parvint à se soulever légèrement - et réussit par la même occasion à débloquer ses poumons, elle respirait plus aisément - et ouvrit la bouche en grand...

- CIEL! dit-elle d'une voix aiguë. Allez savoir pourquoi mais la vue de la paire de fesses du garçon lui avait rappelé son prénom...

Ainsi donc Ciel se retrouvait sur elle dans une position plutôt gênante et en plus il était sans pantalon?! Par égards pour le Bleu et Bronze, Joy tenta de ravaler un grand éclat de rire qui ne demandait qu'à sortir. Mais c'était bien difficile et elle se mordait les lèvres tandis que les larmes lui montaient aux yeux et qu'elle émettait des petits gloussements. Tout son corps était secoué de petits soubresauts, ce qui ne devait pas faciliter les choses à notre ami Ciel, mais soit dit en passant, tant pis pour lui

- Tu pourrais me faire penser à un truc super dégueu? C'est urgent! Après promis j'men vais

Interdite, elle le regarda à travers ses yeux légèrement embués. Super dégueu? Sympa! Et pourquoi? Elle eut une furieuse envie de l'envoyer paître, parce que zut, ce n'était pas sa faute à elle si Ciel la renversait e se retrouvait cul-nu sur elle devant tout le monde! Et voilà que c'était non seulement elle qui devait agir mais qu'il lui demandait un truc bien étrange et peu flatteur! Pour toute réponse, elle lui tira une langue boudeuse. Elle aurait bien tourné les talons et quitté la pièce en boudant mais ce n'était pas physiquement envisageable.

- Eh bien, commença-t-elle d'un ton cynique, tu pourrais penser à un sale type qui baisse son froc et renverse une pauvre jeune fille sans défense par exemple?

Légèrement agacée, elle le fusilla du regard, mais sentit les coins de sa bouche frémir, car elle ne pouvait s'empêcher de considérer le comique de la situation. Ciel ne lui écraserait pas le bide qu'elle aurait un gros fou rire en bonnes et dues formes. Soudainement clémente, elle fronça les sourcils en réfléchissant très sérieusement et lança:

- Ombrage est ta mère et sort avec Malefoy. Ce soir tu vas manger des tripes de Niffleur crues. Imagine la sensation si on t'arrachait les ongles un à un. Je ne me lave qu'une fois par an avec de la bouse de dragon. Je mange des Veracrasses crus en les aspirant par le nez. Hagrid mate les petits garçons dans les douches. Les Carrow dépècent les élèves vivants pour les punir: imagine qu'on te pend par les pieds, qu'on te coupe le ventre, et qu'on t'arrache la peau d'un coup sec. Euh...

C'était bien joli de demander des trucs dégueulasses, mais Joy n'avait pas préparé le sujet, et elle se retrouva rapidement à court. Perplexe, elle attendit que Ciel se bouge les fesses - c'était le cas de le dire. Pour ce qui était de le laisser s'en aller, c'était une autre histoire. Non seulement il n'allait pas s'en tirer comme ça; puisqu'il l'avait empêché d'entendre les réponses à ses précieuses questions eh bien il allait s'y coller lui; deuxièmement elle voulait quelques explications; et troisièmement la conduite de Ciel était si peu chevaleresque qu'elle comptait bien lui mettre une petite baffe et ce devant tout le monde. Non mais oh. Hilare d'avance, elle repartit dans un petit éclat de rire cristallin.

Eh beh! Les nouveaux s'y connaissaient en truc dégueus! L'avantage c'était qu'au mois, la tarte aux poireaux préparée par Ciel s'était instantanément volatilisée. La première phrase avait suffit, mais Joy continuait à dire des choses qui étaient loin d'être agréables. Plus d'une fois, le dîner qui leur avait été préparé faillit se retrouver sur le sol. Bien entendu après avoir été mâché et un peu digéré. Mais Ciel aurait aggravé la situation, Joy n'aurait jamais voulu entendre encore parler de lui après ça. Et l'Aiglon n'aimait pas être en de mauvais termes avec qui que ce soit dès la première rencontre.

La bonne nouvelle était qu'il pouvait à présent se relever sans risquer de provoquer une nouvelle crise de rire dans la salle commune. Mais au moment de le faire, il réalisa qu'il allait montrer à tout le monde, et surtout à Joy qui était aux premières loges, son intimité. Le Londonien était tout de même un minimum pudique. C'était une chose que d'exhiber son arrière-train aux autres, c'en était un autre de leur présenter ce qui faisait de lui un garçon. Il devait trouver un moyen de se relever en cachant la limace qui avait décidé de prendre l'air. Un rapide coup d'œil autour de lui lui permit de remarquer un tableau. C'était un portrait d'assez petite taille d'un homme âgé. Il avait dû se décrocher au moment où Ciel était projeté dans les airs. Le tableau était de la taille parfaite pour le camoufler, et il aurait toute l'année pour s'excuser auprès du vieil homme pour le spectacle qu'il était sur le point de lui offrir.

Il colla alors le portrait contre sa virilité, et décida d'ignorer les exclamations indignées du résident du portrait. Il essayait d'étouffer les paroles du vieillard en serrant de plus en plus fort le portrait contre sa peau. Lorsqu'on n'entendit finalement plus de son intelligible, Ciel se releva et remonta finalement son pantalon. Il posa délicatement le tableau, tandis que le vieil homme l'insultait à pleins poumons. Il leva finalement les yeux, tout le monde le regardait, l'air amusé. Il était terriblement gêné d'avoir tant de regards posés sur lui, et rouge, il bafouilla quelques excuses à l'intention de Joy.

- Euh, j'suis désolé, j'avais pas prévu que ça finirait comme ça. J'voulais juste qu'on s'amuse un peu… et euh…t'es très jolie tu sais.

Il était vrai que la jeune Aiglonne était particulièrement mignonne. Ciel l'observa un moment, et finalement, ne pouvant plus se contenir, il la prit par les mains et l'embrassa maladroitement. C'était le premier bisou sur la bouche donné par Ciel, et on ne pouvait pas vraiment dire qu'il était réussi. En éloignant son visage de celui de la première année, et donc en rompant le lien qui unissait leurs lèvres, Ciel vit le visage de Joy, figé dans une expression qui ressemblait à de la surprise.

- Excuse-moi, mais je pouvais pas me retenir plus longtemps.

Il ne lâcha pourtant pas les mains de Joy, et il la regardait droit dans les yeux, en attendant une réaction de sa part.

[HJ] Yahoooooo, je vais l'avoir ma baffe I love you

[/HJ]

[T'as été rapide finalement I love you

]

Joy put constater avec satisfaction que les "trucs dégueulasses" qu'elle avait dit s'étaient montrés efficaces, puisqu'elle sentit un gros poids s'enlever de tout son corps. Ciel se leva, non sans difficultés étant donné son pantalon en situation bien trop basse, et s'écarta pendant quelques instants. La fillette ne chercha absolument pas à voir ce qu'il pouvait bien faire; elle avait déjà eu sa part de spectacle, merci bien. Elle se releva donc, en frottant son bras droit légèrement douloureux car engourdi. Son grand sourire ne l'avait pas quittée et elle avait encore une envie de rire au bord des lèvres; mais quand on connaissait Joy, ce n'était pas vraiment inhabituel. Debout, elle frotta sa robe et ses cheveux sans vraiment accorder d'importance à son geste, tandis qu'elle soutenait sans rougir les regards hilares de tous les Serdaigle groupés autour de Ciel et d'elle.

- Euh, j'suis désolé, j'avais pas prévu que ça finirait comme ça. J'voulais juste qu'on s'amuse un peu… et euh…t'es très jolie tu sais.

Du tac au tac et d'un ton enjoué, elle s'entendit répondre:

- Eh bien, maintenant que je vois ton visage et pas seulement tes fesses, voyons si je peux en dire autant...

Oh ça va, Ciel n'allait pas se vexer, et puis quoi encore. Ce n'était pas lui qui s'était retrouvé plaqué au sol lors de son premier jour à Poudlard par un fou furieux à moitié à poil! Mais réflexion faite, elle percuta qu'il l'avait complimentée, et allez savoir pourquoi, elle en fut vraiment touchée. C'était assez facile pour un garçon de dire à une fille qu'elle était jalouse, parce que la plupart de temps c'était surtout pour se la mettre dans la poche. Mais Joy fut instantanément convaincue de la sincérité de son camarade et ressentit pour lui un élan subit d'amitié. Voulant rattraper sa remarque sarcastique, elle lui sourit, mais...

... mais les lèvres du dit Ciel venaient de se poser sur les siennes! Y'a des gens, j'vous jure, ils se croient tout permis. Incapable de bouger, elle sentait ses mains prisonnières de celles du garçon, elle sentait leurs deux bouches unies et ferma les yeux sans réfléchir, tandis qu'elle hésitait franchement entre profiter de l'instant et le repousser en le traitant de gros pervers. Mais il fallait bien avouer que c'était très agréable, et c'était son premier baiser, alors bien malgré elle, elle ne put absolument rien faire de ce que lui dictait sa raison...

Finalement, leurs visages s'écartèrent, et Joy le dévisagea simplement, ne pouvant cacher sa surprise quant à ce qu'il venait de se passer mais avec au fond des yeux une petite lueur qui montrait bien que cela ne lui avait pas déplu. Ils se dévisagèrent un instant et puis elle lui sourit gentiment, avant de penser à quelque chose.

Elle devait lui mettre une baffe, non? Parce qu'il s'était peut-être rattrapé avec un baiser, mais cela ne l'excusait pas pour autant. Tout le monde se souviendrait maintenant de Joy comme la fille sur qui Ciel était tombé alors qu'il montrait ses fesses... tout le monde... TOUT LE MONDE? Elle venait de l'embrasser devant tout le monde! Décidée, elle ôta sa main droite de celle du garçon et lui flanqua une bonne petite baffe, et ce, devant tout le monde, bien évidemment. Nan mais oh.

Et puis elle éclata de rire.

- Ca, c'était chouette! fit-elle en regardant toujours son camarade sans animosité aucune. Enfin, je veux dire, pas la baffe, précisa-t-elle. Quoi que!... rajouta-t-elle en riant de plus belle. Elle gardait bien serrée la main de Ciel dans sa main gauche: elle n'en avait pas fini avec lui.

Ciel en avait déjà entendu parler, mais ne l'avait jamais expérimenté. Les couloirs du château étaient pleins d'histoires la mettant en scène, mais l'Aiglon n'avait jamais réalisé à quel point elles étaient fidèles à la réalité. Il le savait à présent, les baffes des filles, ça fait mal . Ce n'était pas le choc de cinq doigts sur une joue qui était particulièrement douloureux, mais bien le contexte qui faisait que le jeune Appleby était blessé dans son orgueil. Il venait d'embrasser Joy, certes pas de la meilleure des manières, mais bon c'était tout de même un bisou-bouche , et cette dernière l'avait giflé. Ou alors elle voulait caresser la joue du Londonien et n'avait pas été capable d'arrêter sa main à temps . Toujours est-il que peu importent les intentions de la sautillante, il avait cinq doigts imprimés sur la joue. Soudain il se rappela (la flemme de conjuguer souvenir ^^) qu'ils étaient loin d'être seuls, et il y avait de grandes chances pour que les Aigles aient vu la caresse énergique de Joy. Ils allaient tous se rappeler de lui comme étant le gamin qui drague en montrant ses fesses et qui finalement se prend des baffes.
Bravo! Super la réputation que t'es en train de te faire mon petit! Tu pouvais pas essayer de penser aux répercussions un peu plus tôt au lieu de faire le con?
Ciel était furieux contre lui-même, il n'avait pas été capable de retenir ses pulsions. Et à présent ça se retournait contre lui. Il pensait qu'on pouvait s'amuser en montrant ses fesses, et au lieu de se fendre la poire, il s'était retrouvé en position très embarrassante. Puis il avait embrassé Joy, et elle l'avait giflé. Comme quoi, il ne faut jamais suivre ses instincts.

Il n'avait à présent plus qu'une seule envie, partir. Partir loin, très loin. Quitter le château serait assez loin, mais l'idéal aurait été de quitter le pays. Bien sûr il ne pouvait faire ni l'un ni l'autre car dans le premier cas, il serait un né moldu errant dans un monde qui le déteste avant même de le connaître. En plus si c'est pour être en cavale, non merci… Ensuite quitter le pays n'était pas viable non plus, car comment il allait s'y prendre? C'était purement et simplement irréalisable. Alors, il ne lui restait plus qu'à s'enfermer dans son dortoir. Au moins, là il serait à l'abri des moqueries, et surtout il s'empêchait lui-même de faire d'autres bêtises. Il valait mieux qu'il s'isole, car parti comme c'était parti, il risquait fort de faire exploser le château. Se retournant donc pour ne pas mettre la vie des élèves de Poudlard en danger, il avança vers la porte qui le mènerait jusqu'à son lit, mais sa main ne voulait pas le suivre. Il crut durant un instant que sa main avait une volonté propre, et qu'elle avait tout bonnement décidé de rester là où elle était. Elle s'y trouvait peut-être formidablement bien, ou alors elle ne voyait pas pourquoi elle devrait suivre le reste du corps puisqu'elle n'avait absolument rien à voir avec ce qui s'était passé. Que les fesses et les lèvres partent ok, que les jambes suivent par soutient pourquoi pas, mais moi je reste là.

La vérité était toute autre, et cela rassurait quand même Ciel, il avait déjà du mal avec un cerveau qui avait quelques défauts de fabrication – oh rien de grave, juste quelques connexions qui ne se sont jamais faites, mais à part des réactions étranges, et des réflexions tout aussi bizarres, tout allait bien – il savait qu'il ne pourrait pas gérer en plus une main désobéissante. Surtout si elle venait à faire grève. En réalité, elle se trouvait simplement retenue par Joy. Ce n'était pas logique, il y avait un problème quelque part, elle l'avait frappé, pourquoi voulait-il qu'il reste? Ou alors la première année estimait qu'il n'avait pas son compte, et qu'il méritait encore d'autres punitions. Et donc une baffe n'était pas suffisante. Résigné, Ciel revint vers la jeune, ferma les yeux et attendit tout crispé la suite de la punition.