Inversons les rôles ! [Mark->terminé]

[HJ : Mark, dis-moi si ce que j'ai imaginé comme cadre de recrutement te convient :) ]

Ou comment faire passer un entretien d'embauche à son propre supérieur, par Aloysius Edward Mole.

L'actualité était désespérante. Edward devait se faire violence quotidiennement pour réussir à lire la Gazette du Sorcier... Ce journal était devenu un tel torchon ! Un tissu de mensonges, éhontés pour la plupart. Mais Mole trouvait essentiel de voir de quelle manière les médias manipulaient l'opinion du monde sorcier. Eut-il été un magicien lambda, il aurait peut-être pu se laisser prendre au piège, qui sait ? Les journalistes, quels qu'ils soient, avaient habilement réussi à tirer parti de l'aura de respectabilité du Ministère pour faire passer la pilule et réassaisonner tous les évènements du quotidien à leur sauce, ladite sauce ayant plutôt un arrière goût de propagande élitiste. Toute cette mauvaise foi écœurait l'Oubliator. L'Ordre du Phoenix était tout simplement diabolisé un peu plus chaque jour, et peu à peu, les rôles s'inversaient, et l'ancien Serdaigle était certain que les masses y croyaient. C'était désespérant. Et pourtant, tous les jours, l'homme s'efforçait de lire cette feuille de chou vendue au diable pour savoir tout de même ce qui se tramait dans le monde sorcier. Malgré le filtre complètement biaisé qui habillé les articles, il n'y avait pas moins en trame de fond de véritables évènements, et, pour qui était suffisamment intelligent pour séparer les faits de leur habillage de mensonge, la Gazette restait un bon indicateur des grands évènements qui secouaient le monde magique.

C'était ainsi que Mole avait appris la désertion de son voisin de palier. Mark Benson avait jeté l'éponge et quitté le Ministère sans laisser de traces. Evidemment, au sein même du Ministère, cette absence avait été soigneusement étouffée, et ce n'était que l'article de la Gazette qui lui avait appris la nouvelle.

Inversons les rôles ! [Mark->terminé] 090624011526255560

A peine avait-il lu cette courte dépêche que le brun était allé frapper quelques coups discrets à la porte de son voisin... Il n'avait obtenu aucune réponse. Mark était-il absent ? Avait-il simplement refusé d'ouvrir ? Etait-il parti définitivement ? Edward n'aurait su le dire. Mais à présent qu'il savait que quelque chose ne tournait pas rond, le trentenaire restait aux aguets, même chez lui.

Vigilance constante, comme le scandait Maugrey. L'Auror aurait été fier du binoclard. Quelques soirs plus tard, alors qu'Edward passait une soirée paisible, blotti au fond de son canapé, sous la couverture à carreaux offerte par sa mère, un thé à portée de main et un bon livre devant les yeux, il lui sembla entendre du bruit venant de l'appartement d'en face. L'appartement de Mark.

Bondissant sur ses pieds, l'Oubliator attrapa sa baguette, n'éprouvant étonnamment pas la moindre peur, et fila vers la porte. Il l'entrouvrit, vérifiant qu'aucun danger ne l'attendait dans le couloir. Personne. Mais il était persuadé d'avoir entendu quelque chose. Transplaner sans prévenir chez son voisin, quand bien même on s'entendait bien avec lui, n'était pas une idée très brillante, surtout en T-shirt et caleçon, aussi Edward opta-t-il pour une tactique un peu plus fine, comme il les préférait.

Retournant en quatrième vitesse dans son appartement, il saisit sa plume et griffonna rapidement quelques mots, puis repassa discrètement dans le couloir, et fit passer la feuille sous la porte, accompagnée d'un sortilège de vent. Avec un peu de chance, la petite bourrasque ferait voler sa note dans l'appartement, et Mark, s'il était là, répondrait certainement.

Sur le morceau de parchemin volant, Edward Mole a écrit:: Mark, que se passe-t-il ? Puis-je t'aider ? Je suis chez moi au besoin.

L'homme à l'ouvre boite

Ou comment passer un entretien d'embauche mené par un subalterne, par Marcus Andrew Lancelot Benson

1er août 1997

Le Ministère était tombé. Tombé entre les mains des Mangemorts et leur tyrannique meneur, celui dont le nom même inspirait les pires craintes. Au moment de l'assaut qui avait conduit à la capture de Rufus Scrimgeour, Ministre de la Magie, le Directeur du Département de la Coopération Magique internationale n'était pas présent au siège de la magie britannique. Il n'était même pas présent sur le territoire du Royaume-Uni. Une lettre urgente apportée par Erwan Gammach l'avait amené à s'absenter, voyage rapide en France.

La nouvelle lui était parvenue rapidement, par sa secrétaire. Mais pas assez rapidement. Lorsque Mark était revenu en Angleterre, Scrimgeour était déjà mort. Choisissant de faire profil bas, Benson fit un rapport sur sa mission, sans aucun commentaire sur la situation, et put rentrer chez lui. Avec beaucoup de pensées contradictoires se bousculant dans sa tête...

2 août 1997

Un tissu de mensonge. Mark était arrivé tôt au bureau ce matin-là, et la Gazette du Sorcier avait volé à travers son bureau. Pius Thicknesse avait été nommé en remplacement du Ministre. Lui plutôt qu'un autre, bien, pourquoi pas ? Mais si vite, sans élection... Les Mangemorts ne perdaient pas de temps pour prendre le contrôle. Et surtout : l'Ordre du Phénix impliqué ! Quel beau moyen de décrédibiliser la seule organisation ouvertement opposée au Seigneur des Ténèbres.

Et un moyen, surtout, de faire changer d'avis... Mark avait toujours, jusque là, considéré l'Ordre comme une milice illégale. Mais maintenant, il savait pertinemment que la vérité se situait au sein du groupe créé par Dumbledore. Dumbledore... La nouvelle de sa mort avait été un choc. L'ascension de Voldemort et son accession finale au pouvoir avait été parfaitement orchestrée : le représentant de son opposition était mort, l'opposition elle-même était discréditée, et enfin lui-même n'avait pas encore montré qu'il tirait les ficelles. Laissant donc le peuple magique dans le doute et la peur.

3 août 1997

Mark était au milieu de son bureau. 11h59. Il tournait sur lui-même, pour y jeter un dernier regard. Sur son bureau, un simple lettre informait qu'il partait, qu'il quittait ses fonctions. A midi précises, il refermait la porte et se dirigeait vers les ascenseurs, dans l'attitude de quelqu'un qui a quelque chose à faire. Mais arrivé dans l'atrium, il prit la direction de la sortie.

Personne ne l'arrêta, tant mieux. Il transplana directement sur le palier, devant chez lui. Impossible de transplaner chez lui, il avait pris ses précautions avec des sortilèges depuis bien longtemps. Une fois à l'intérieur, il agita plusieurs fois sa baguette. La porte de son dressing s'ouvrit, une malle modèle réduite en sortit, puis atterrit lourdement sur le sol après avoir repris sa taille normale. Puis tous les vêtements vinrent s'y ranger, parfaitement pliés et en ordre.

La malle de nouveau réduite, Mark rassembla tout ce qu'il pouvait encore emporter en cas de fuite soudaine, et les rangea dans une sacoche magiquement agrandie à l'intérieur. Il y mit également la malle, puis augmenta la sécurité de ses sorts. Autant rester, tant qu'on ne venait pas le chercher directement.

4-5-6 août 1997

Trois jours sans rien. Rien du tout. Apparemment, le Ministère n'était si bien réorganisé. Personne ne s'inquiétait encore de l'absence d'un Directeur de Département. Mark avait vécu sur les réserves de nourriture, il lui en restait encore pour quelques jours, au cas où.

7 août 1997

Première sortie depuis la disparition. Prudemment, Mark était sorti du loft, s'assurant que personne ne l'attendait, puis il avait transplané dans un quartier de Londres qu'il connaissait bien, au nord, où il avait vécu auparavant. Là, il put trouver la Gazette du Sorcier. Et y vit la dépêche qui parlait de lui. Aucune photo, fort heureusement, simplement le fait qu'il avait disparu, et qu'il était recherché...

Le fugitif passa la journée seul, au bord de la Tamise, réfléchissant aux solutions qui pouvaient s'offrir à lui. Et s'il rejoignait l'Ordre du Phénix ? Mais comment entrer en contact sans être repéré par les mauvaises personnes ? Finalement, il rentra chez lui, tard dans la soirée. Sans savoir qu'Edward était venu frapper à sa porte.

8 août 1997

Premier événement important depuis plusieurs jours. Une visite officielle du Ministère. Pourquoi n'étaient-ils pas venus plus tôt ? Peut-être parce qu'il n'était pas une priorité, finalement... "Activement recherché" était simplement une formule pour rassurer la population sur l'activité du Ministère...

Il s'avéra que les envoyés n'étaient pas des Mangemorts. Deux Aurors, en fait, Williamson et Dawlish. Ceux-ci menaçant de défoncer la porte, Mark fut contraint de leur ouvrir. Heureusement, ses capacités magiques étaient supérieures à celles de ses adversaires, et il put les stupefixer avant qu'ils n'aient eu le temps de prononcer un mot. Marcus implanta de faux souvenirs, ceux d'une visite infructueuse dans l'appartement, retourné de fond en comble.

9-10-11 août 1997

Deux jours sans. Discret, Mark avait pu rester dans son appartement et se procurer la Gazette, mais sans rien tirer d'intéressant. Jusqu'au troisième jour, dans la soirée. Une petite maladresse, une fourchette malencontreusement lâchée et tombant sur le parquet. Se maudissant, Mark s'était immédiatement figé, et avait attendu. Quelques minutes. Du bruit sur le palier. Et puis...

Il attrapa un parchemin au vol, qui venait d'être envoyé sous sa porte. Très court, un mot d'Edward. Edward ! Comment avait-il pu ne pas penser à son voisin d'en face ! Poussant un soupir de soulagement, Mark se précipita, baguette pointée devant lui, allumée, et ouvrit brusquement la porte. Sur un Edward en petite tenue. Sans lui laisser le temps de réagir, Mark jeta un oeil autour, puis lui attrapa le bras pour l'amener dans son propre appartement (celui d'Ed^^).

D'un geste de la baguette, il referma sa porte par-dessus son épaule, poussa Edward à l'intérieur et ferma la porte, qu'il verrouilla. Après avait regardé l'Oubliator des pieds à la tête, il éclata de rire. Ah, que ça faisait du bien de se lâcher un peu après toute cette accumulation de tension...

"Désolé de m'imposer comme ça, mais j'ai cru comprendre que tu étais inquiet pour moi..."

Il sortit de sa poche le parchemin qu'il y avait glissé immédiatement après l'avoir lu.

"Et bien, comme tu peux le voir, ce n'est pas le moment le plus glorieux de ma vie."

Il écarta fatalement les bras, puis rangea enfin sa baguette.

Inconsciemment, Ed' était resté quelques secondes devant la porte de son voisin, comme s'il écoutait la bourrasque de vent porter, il l'espérait tout du moins, son message vers son ami. Ces quelques secondes suffirent pour que Mole se retrouve nez à nez avec Mark lorsque celui-ci ouvrit la porte à la volée. Edward hoqueta de surprise, et se laissa entraîner sans résister dans son propre appartement, qui fut bientôt verrouillé à double tour. Non, ça n'allait pas bien. Tout dans l'attitude de Mark trahissait l'homme traqué.

Un court instant, les deux hommes se retrouvèrent face à face, figés, se dévisageant presque, l'un comme l'autre surpris par la tenue ou le comportement du second. Ce fut Benson qui brisa le silence, éclatant de rire. Un peu gêné lorsqu'il comprit la raison de l'hilarité de son ami, Edward rougit un peu avec de sourire également. Il savait qu'il avait l'air d'une asperge anorexique lorsqu'il avait les jambes nues.

L'ancien Directeur du DCMI lâcha quelques mots, et Edward se hâta de faire un peu de place sur le canapé, en poussant sa couverture à carreaux et rangea son livre d'un coup de baguette.

- Oui, je m'inquiétais... Tiens, installe toi. Je t'offre quelque chose à boire ? Il y a du thé là sur la table basse, sinon, quelque chose de plus fort peut-être ? Je vais te chercher ça...

Tout en parlant, le binoclard était passé à la cuisine, d'où il continuait d'interroger son ami, entre deux claquements de portes de placards.

- Que se passe-t-il exactement... Je te sais fugitif mais... Pourquoi es-tu parti ainsi ? Et pourquoi te traquent-ils ? Tu as le droit de démissionner non ? Et puis.. Je t'accorde que le Ministère ce n'est pas jojo en ce moment mais... Je te croyais moins impulsif. Quelle mouche t'a piquée ? Pas que je condamne, crois-moi bien... acheva Edward sur un ton lourd de sous-entendus, tout en revenant au salon avec un plateau chargé de divers rafraichissements non alcoolisés, et d'une bouteille de whisky.

Evidemment qu'il ne pouvait pas condamner. Lui-même avait un mal de chien à supporter ses journées de travail quand il voyait l'ambiance qui s'était peu à peu emparée du Ministère. Beaucoup de non dits mais... En sus de la morosité ambiance, il avait eu droit à quelques "brieffings" par ses supérieurs qui ne lui avaient pas vraiment plu. De nouvelles méthodes à appliquer, de nouvelles manières de travailler sur le terrain. Une considération différente par rapport aux moldus... Edward détestait ça. Alors oui, il pensait comprendre la raison du départ de Mark mais... il voulait l'entendre de la bouche de son ami. Il ne le connaissait pas assez bien encore pour juger exactement de ses motivations, même s'il espérait que c'étaient la droiture et les principes du blond qui l'avaient mis dans cette galère. Dont Mole était près à essayer de le sortir.

Soulagement. Pour la première fois depuis quelques jours, Mark respirait. Certes, le danger n'était pas écarté, mais il n'était plus seul dans son appartement, en face, sur le qui-vive, à attendre qu'on vienne le chercher. Edward, dans sa tenue légère, avait rougi un peu, avant de se reprendre. L'Oubliator fit de la place sur le canapé, fit rapidement du rangement et proposa différentes boissons, tout en disparaissant dans la cuisine, avant même que son ancien directeur n'ait pu dire quoi que ce soit. Avec un soupir, ce dernier s'assit sur le sofa et se passa une main dans les cheveux, tout en écoutant Edward, dont les paroles étaient entrecoupées de claquement de portes de placards.

Il tournait la tête vers la source de toutes ces questions alors que le jeune homme à lunettes revenait dans la pièce, avec un plateau bien garni de différentes boissons, dont une bouteille de whisky. Mark ne dit rien, dans un premier temps, se contentant d'un petit sourire en attendant d'être sûr que son ami avait terminé. Puis il l'invita à s'asseoir.

"Merci, je vais te raconter."

Il attrapa la bouteille de whisky et un verre pour se servir, en proposa éventuellement à Ed, puis commença :

"A la mort de Scrimgeour, je savais ce qui allait se passer ensuite. Personne ne voulait y croire, parce que Tu-Sais-Qui n'a pas manifesté ouvertement sa présence derrière les événements de l'année dernière. Il y a encore beaucoup d'incertitude, comme d'autres refusent de voir la vérité en face. Le Ministre mort, ça ne pouvait être qu'un coup des Mangemorts. Et donc, ils ne tarderaient pas à installer un pantin et prendre le contrôle total."

Après une bonne gorgée du liquide ambré, Marcus poursuivit :

"J'avais deux possibilités : rester, et me trouver confronté à une dure réalité, soit obéir et effectuer des tâches ingrates et illégales, soit être sanctionné parce que j'aurais refusé d'obéir. Ou bien partir, sans demander mon reste. Ce que j'ai fait."

L'ancien directeur termina son verre. Quelque part, ça lui remettait les idées au clair.

"Si je m'étais contenté de démissionner, en allant voir Thicknesse, crois-tu qu'ils m'auraient laissé partir comme ça ? Maintenant que j'ai quitté le Ministère, et même si je suis recherché, je préfère cette situation aux deux alternatives, toutes deux plus carcérales qu'autre chose..."

Reprenant son souffle, Mark reprit, après quelques secondes :

"Le 8, il y a quelques jours, Dawlish et Williamson m'ont rendu visite. Heureusement, j'étais prêt, et ils sont repartis bredouille. Normalement, le Ministère s'imagine que j'ai quitté la ville. Les recherches ne doivent pas être si actives que ça..."

Fort heureusement, sinon, l'appartement aurait été retourné. Et probablement l'immeuble entier, donc le logement d'Edward également.

"J'imagine que les choses vont se tasser un peu. Après tout, je ne suis pas une priorité, comparé à d'autres..."

Potter et ses amis, par exemple... Et les Membres de l'Ordre du Phénix en général.

"Comment ça se passe, pour toi ?" s'enquit-il alors, après avoir longuement parlé de lui...

Le Whisky, évidemment. Mole aurait parié que le liquide ambré aurait les faveur de l'ancien Directeur. C'était la boisson qui avait scellé leur amitié, et l'Oubliator se doutait qu'elle serait ce soir encore de circonstance. Il regarda Mark se servir sans mot dire, et refusa poliment de se joindre à lui. Il avait besoin d'être en pleine possession de ses moyens pour écouter l'histoire de son ami. Au fond de lui, une petite flamme s'était allumée. Peut-être que la simple amitié des deux hommes allait changer ce soir. Les prochaines paroles du blond allaient être décisives. Car Ed' sentait que Mark avait des choses importantes à dire. Qui allaient peut-être radicalement changer sa vie.

Le brun espérait que son intuition puisse se vérifier. Il appréciait beaucoup Mark et le considérait comme droit et juste. Mais les deux hommes n'avaient pas vraiment eu l'occasion de trop discuter à coeur ouvert jusqu'à présent. Ils avaient fait quelques repas, s'étaient croisé, de temps à autre... Mais les tirades sérieuses où l'on s'expose avaient été bien trop rares. Pourtant, cette soirée s'annonçait de cette trempe. Aussi Mole décida-t-il de ne pas interrompre l'employé en fuite. Il se redressa pour attiser plus encore son attention et écouta le récit du blond.

Les questions que s'étaient posées son voisin étaient légitimes. Tout un chacun ne se les serait d'ailleurs pas forcément posées. Mais Mark évoluait dans les hautes sphères du Ministère et sa position lui avait sans doute permis de voir et entendre des choses que de simples employés de catégorie B comme le binoclard ne pouvaient apprendre. Cela devait expliquer ses certitudes quant à la décadence du Ministère. Car même si au sein de l'Ordre, on prenait ce nouveau remaniement ministériel avec prudence et scepticisme, personne n'avait encore de preuve directe de l'implication des hautes autorités avec Vous-Savez-Qui. Aussi l'assurance du blond avait-elle quelque peu déstabilisé Edward de prime abord, mais les neurones du brun n'avaient pas tardé à y trouver une explication.

Edward se demanda ce qu'il aurait fait à la place de son ami. Il serait sans aucun doute resté en poste, quoi qu'il puisse lui en coûter... Mais cela n'était valable que parce qu'il appartenait à l'Ordre. Il mettait sa vie au service de la Résistance au quotidien, et avoir un agent à un poste si important aurait été un atout non négligeable pour les partisans de feu Dumbledore. Mais Mark, lui, ne pouvait s'accrocher à cette certitude. Que le monde devait lui sembler dénué de sens, vide de tout repère maintenant que le Ministère le trahissait ! Assurément, sa désertion ne pouvait que marquer une grande loyauté en ses propres idéaux. Car sans l'assurance d'oeuvrer en sapeur de fond au sein même du Ministère, l'Oubliator aurait sans nul doute choisi la démission, possible à son humble niveau.

Perdu dans ses pensées, Edward sondait le visage de son ami, à la recherche de la moindre trace de mensonge. Mais l'homme semblait sincère. Le brun tournait et retournait dans sa tête les paroles de son voisin de palier. Le discours était éloquent. Benson avait la fibre résistante. Mais il en fallait plus que cela pour lui dévoiler le secret que Mole cachait si profondément derrière ses manières maladroites et ses airs de grand dadais. Ce fut le mot "priorité" qui ramena Ed' à la réalité.

- Euh, comment ça se passe ? Eh bien...

C'était le moment de lancer les derniers sondages. Passer pour un pleutre lui permettrait sans nul doute de voir la réaction du blond. S'il se rangeait à son avis, c'est qu'évoquer la résistance était prématuré. Par contre, s'il s'offusquait ou réagissait un tant soit peu...

- Disons que ça pourrait mieux aller. Mes recherches me prennent un temps fou, et au Ministère, on ne nous ménage pas. Il y a de plus en plus de travail et... Même si ce que tu dis est vrai, je ne suis qu'un simple Oubliator. Ca me révolte mais... Je n'ai pas la carrure pour m'opposer à ce qui est en train de nous submerger... Pas la force, tu comprends ? Les directives du Ministères sont de plus en plus insupportables mais... Qu'est-ce que je peux y faire, moi, simple employé ?

La balle était dans le camp de Benson. Edward espérait de tout coeur que son ami allait la prendre au bond.

Edward avait choisi de ne pas boire, certainement pour avoir l'esprit suffisamment clair au vu de ce qui allait suivre. Et en effet, il n'interrompit pas Mark une seule fois, le laissant aller au bout de sa tirade explicative. C'est fou ce que ça faisait du bien de parler après tout ce temps passé seul. Surtout à quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance. Du moins, l'ancien directeur l'espérait.

Il vida son verre d'un trait, lorgnant sur la bouteille, mais choisit de ne pas boire davantage pour l'instant, Edward commençant à répondre à la question. Au fur et à mesure des mots prononcés, l'expression de Mark se durcissait peu à peu. Simple Oubliator, simple employé... Attendre et ne rien faire, en résumé ? Voilà exactement l'attitude que Benson avait refusé d'adopter en quittant le Ministère sans demander son reste.

Il y eut un silence, pendant lequel Mark chercha comment réagir. Edward avait-il raison de ne pas chercher les ennuis en restant bien sage ? Non, subir encore et toujours sans pouvoir percevoir la moindre éclaircie n'était pas acceptable, il fallait se rebeller, d'une manière ou d'une autre. Et pourtant... Il y avait toujours des méthodes indirectes et anonymes.

"Tu as raison, le Ministère n'est pas un cadre approprié pour faire savoir ce qu'on pense, surtout si ce qu'on pense est contraire aux idées qu'ils veulent nous enfoncer dans le crâne..." commença Mark, en se resservant finalement.

Il but une petite gorgée et poursuivit :

"Il faudrait être fou pour tenter quoi que ce soit sous le nez de Thicknesse et ceux qui tirent les ficelles... Mais les actions directes anonymes ou indirectes, bien préparées, sont aussi une méthode que je préconise pour les ennuyer..."

L'ennemi à combattre étant le Ministère, il fallait faire du tri entre les employés innocents et ceux qui soutenaient le nouveau régime. Ces derniers étaient donc des cibles de choix.

"Seul, c'est plutôt difficile, mais en se regroupant, les choses peuvent être facilitées."

Il avait à présent un exemple clair en tête.

"C'est un peu ce que fait l'Ordre du Phénix. Bien sûr, on en entend moins parler ces derniers temps, mais ils sont toujours là. Surtout tant que Potter n'a pas été capturé."

Le Survivant devenant "Ennemi Public n°1", il était plus que jamais temps pour ses alliés de s'unir. Mais tout cela n'était que des suppositions. Mais l'intuition de Mark ne le trompait que très rarement : un coup comme la fin de l'Ordre aurait forcément fait la Une de la Gazette.

"Tu n'as pas les moyens de regrouper des gens motivés autour de toi ?"

L'union fait la force, comme on dit.

Mark parut réfléchir un moment. L'homme était songeur, pesait ou cherchait ses mots. Edward n'en pouvait plus d'attendre. Il rongeait son frein, mais espérait de tout son coeur que son ami ne le décevrait pas. Une hésitation passa dans les yeux de l'ancien Directeur, mais lorsqu'il reprit la parole, ce fut avec un air déterminé.
Le plus calmement possible, le brun écouta son voisin prendre position, se faisant violence pour ne pas laisser transparaitre son excitation. Son stratagème avait fonctionné. Mark se livrait. Avec prudence certes, mais Edward avait vraiment dû passer pour un poltron de première, et Mark semblait soucieux de ne pas le blesser en exposant son point de vue. Le brun lui fut reconnaissant pour son tact.

L'Oubliator laissa le blond terminer sans mot dire. La dernière question résonna dans l'appartement. Ed' avait pris sa décision. Il planta son regard dans celui de son ami, et le fixa un moment encore en silence, fouillant le tréfonds de son âme d'un air grave. Le manque de réponse du binoclard devait paraître étrange à son ami, et certainement un peu dérangeant, mais Edward avait besoin de cet instant pour se lancer.

- Mark.

Il prit une profonde inspiration avant de poursuivre.

- Je suis désolée d'avoir agi de la sorte mais... Je devais savoir. Je ne pensais pas un traître mot de ce que je t'ai dit. Enfin... concernant euh... ma résignation. Navré d'avoir menti. Je... devais te sonder.

Un franc sourire vint peu à peu illuminer le visage de Mole. Ce n'était pas chose courante, et Mark devait certainement être étonné de ce changement radical. Mais Edward était soulagé que son ami lui ait laissé entrapercevoir ce qu'il espérait trouver en lui.

- L'Ordre du Phénix n'est pas tombé. Et nous cherchons toujours des "gens motivés".

C'était simple, sans fioriture, mais suffisamment subtil pour rester du Edward Mole. Pas de "J'en suis ! Tu veux signer ?". Un simple "nous" valait tous les discours du monde aux yeux de l'Oubliator.

Edward ne répondit pas immédiatement après que Mark en eut terminé, après sa question. Les deux hommes se regardèrent dans les yeux. Si c'était plutôt de l'interrogation que l'on pouvait lire dans le regard de l'ancien directeur, il sembla qu'une certaine détermination paraissait dans celui de l'oubliator. A quoi pensait-il ? Avait-il les moyens de regrouper des opposants au régime ? Luttait-il déjà, lui-même, contre le Ministère, en secret ? Quelque part, l'idée semblait inconcevable, Ed n'était pas le genre d'homme qui au premier abord donnait l'idée d'un combattant...

Les mots du jeune homme à lunettes se répercutèrent dans l'esprit de Mark. Mentir, sonder ? Que voulait-il dire ? Jusque là, le déserteur était demeuré immobile, en attente, et son état n'avait pas changé après la prise de parole d'Edward. Finalement, tout devint clair lorsque le nom de l'Ordre fut prononcé. Un déclic... Ainsi, Edward Mole, Oubliator au Ministère, reconnu en quelque sorte comme un froussard, faisait partie de l'Ordre du Phénix, éternel et farouche opposant des Mangemorts ?

Mais Dumbledore était mort... Y avait-il suffisamment de fidèles restant et, surtout, non résignés par la situation ? Apparemment... Mark ne répondit pas immédiatement. Un autre élément lui vint, et il commença par ça :

"L'Ordre du Phénix... La lutte qu'ils... enfin, que vous menez, tout dépend de la liberté de Potter, non ? S'il est capturé, c'en est fini ?"

Non, ça n'était pas du pessimisme, c'était simplement pour savoir quelles étaient les motivations de ce nouvel Ordre. Est-ce que tou dépendait vraiment de Potter, ou est-ce que le combat continuerait même après la disparition du Survivant ?

"Pour tout te dire, je n'ai jamais vraiment considéré l'Ordre du Phénix comme un groupe digne de mon respect... J'ai toujours été très attaché aux lois et au Ministère, et l'Ordre n'avait pas lieu d'être, c'était... comme une milice illégale. Mais aujourd'hui, tout a changé..."

Mark se leva, pour aller s'asseoir à côté d''Edward.

"Aujourd'hui, j'ai le sentiment que c'est là qu'il faut être. Parce que je n'ai plus foi en ce Ministère corrompu, infiltré, pourri de l'intérieur. Alors, si tu m'en offres la possibilité, je l'accepte."

Enfin ! Enfin Marcus aurait un véritable objectif, il n'aurait plus à fuir et se cacher seul, il aurait des alliés et pourrait mener des actions contre Thicknesse, Yaxley, les Mangemorts et les ripoux...

Le silence s'installa un instant entre les deux hommes. Mark semblait peser les mots de l'Oubliator. Mole avait cru discerner de l'incrédulité dans le regard de son ami, et cela lui avait arraché un discret sourire. Assurément, il était difficile d'imaginer en lui un résistant acharné. Le binoclard attendait la réponse de son ami avec patience. Curieusement pourtant, ce fut une question sur Potter qui vint en premier. Ed' ne s'était pas attendu à cela, mais il ne se démonta pas pour autant.

- Harry est un garçon remarquable. Assurément notre meilleur atout dans notre combat contre Tu-sais-qui. Mais nous sommes nombreux à l'épauler. Et nous n'allons pas jeter nos convictions aux orties parce que l'un d'entre nous tomber, fut-ce le meilleur. Nous avons déjà payé cher notre foi, ce n'est pas pour abandonner de sitôt...

Mark semblait beaucoup réfléchir à ce que l'aveu du brun signifiait. Il ne devait pas être simple pour lui de reconsidérer tout ce qu'il savait sur son voisin, et envisager une vie radicalement différente. Car c'était cela qu'Edward lui offrait : retourner sa veste. Du bon côté. Mais combattre ceux en qui il avait toujours cru. C'était une vie de dangers et de secrets que lui proposait l'Oubliator. Et pour rocambolesque que cela pouvait paraître de l'extérieur, cela signifiait pourtant un quotidien difficile et stressant. Non, Edward n'avait aucunement l'impression de vivre une aventure plaisante. Bien au contraire. Mais il le faisait parce qu'il savait que c'était juste. Parce qu'il fallait le faire. Au détriment de sa fatigue, de son bien être, de ses recherches, de sa vie personnelle... De sa vie tout court s'il le fallait.

- Le choix t'appartient Mark. J'imagine que tu n'as plus grand chose à perdre. Mais sache que ce peu de chose, tu peux le perdre en acceptant ma proposition. Mais sans l'ombre d'un doute, rejoindre nos rangs est un acte de courage et d'intégrité.

C'était d'ailleurs ce qui faisait avancer l'Oubliator. Dans l'Ordre, il était plus courageux qu'il ne l'avait jamais été. La force de ses convictions le transcendait. Et il espérait que Mark pourrait ressentir ce sentiment. La détermination se lisait dans les yeux du fuyard. Il avait envie de se battre, c'était flagrant.

- Je vais avoir bien des choses à te montrer... Des lieux à te faire découvrir, et des personnes à te faire rencontrer. Bienvenue dans l'Ordre du Phénix, Marcus.

[HJ : fini pour moi, à toi de voir si tu veux répondre ou si on arrête là... dans tous les cas, je te laisse signaler au QG que ton recrutement est effectif Wink

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