Au rendez-vous galant [PV Suzie-Lou]

Comme il l'avait dit, Alix ne prit pas de taxi, il préféra marcher; d'un pas vif, souple dans son allure générale par simple habitude, cependant, au sein même de ces pas étudiés depuis sa prime enfance, on pouvait sentir un raidissement certain. Comme souvent après l'une de ses crises; la cicatrice à l'intérieur de sa cuisse droite sillonnant également une partie du devant de son genou le tiraillait; mais pas seulement. Alix était aussi blessé au coeur même de son âme et cela se reflétait sur sa démarche, sa façon de baisser la tête et de laisser le vent s'infiltrer dans ses cheveux sans essayer de les repeigner; sinon au contraire, de passer sa main dedans d'un geste nerveux parce qu'il ne savait plus quoi faire avec. Son propre corps se dérobait, lui semblait lourd et inutile; totalement futile devant cette vie si forte qui l'embrouillait, l'emportait comme un fétu de paille. Le jeune garçon se sentait en fait détruit... Trahi ça c'était l'évidence, mais également brisé. Cette colère qui avait surgi en lui contre Suzie-Lou puis contre celle qui l'avait agressée au Pré-Au-Lard dans une ultime tentative de protection envers son amie l'avait épuisé.

A qui faire confiance? Fallait-il arrêter sa marche difficile devant le comissariat magique pour trahir à son tour Suzie-Lou ou valait-il mieux laisser courir une criminelle en liberté? Non! La bibliothécaire ne pouvait pas être une meurtrière! C'était impossible! Elle ne pouvait pas être si engagée que ça dans ce que les Mangemorts appelaient la Cause... La meilleure chose à faire n'était-elle pas d'essayer de l'empêcher d'aller plus loin? De revenir sur ses pas, de se sauver de là? Mais lui, à 13 ans; malgré sa proximité avec la jeune femme pouvait-il prétendre la raisonner? Certes, le Métamorphomage était mature pour son âge mais à ce point... Il fallait avouer que la mission était vraiment trop élevée pour lui; plus encore que chercher le remède pour les yeux de Ceres.

L'adolescent, happé par ses questionnements reprit sa marche après s'être arrêté devant le bureau de la police. Il n'y était pas entré, ayant simplement fait semblant de noter les sorts d'urgences à effectuer pour appeler à l'aide. Le jeune garçon reprit sa route, difficilement jusqu'à la maison. Sans presque un mot le mannequin passa devant sa mère, méduée qui le songeait très heureux d'aller dîner avec son amie, sa "grande soeur" qu'elle-même avait approuvée en la trouvant très gentille avant de retourner à Poudlard. Les yeux d'Alix étaient tristes en la regardant; souhaitant dire : "Tu t'es trompée sur Suzie-Lou, tout comme moi... Elle n'est pas cette adorable bibliothécaire que tu as accepté de suite; lui donnant ta confiance en ce qui concerne ce fils que tu protèges tant". Car oui, dès que le modèle disait qu'il allait voir Suzie-Lou; soulagée de ne pas le voir partir se promener avec de mauvaises fréquentations comme Garen: la mère du jeune sorcier souriait, louant la gentillesse, la perfection de Suzie-Lou qu'elle n'avait pourtant rencontré qu'une ou deux fois lorsqu'elle accompagnait encore son enfant "chéri si fragile qu'il fallait à tout prix protéger à la bibliothèque"; avant de lui faire l'honneur de lui déléguer la place de grande soeur.

Alix se doucha rapidement, profitant du jet chaud sur sa peau pour ne plus penser à rien et masser son poignet ainsi que sa jambe encore douloureux. Il sortit sans plus de cérémonie, allant jusqu'à refuser de voir son reflet dans la glace; bénissant le brouillard qui le cachait. Oui; le jeune garçon avait honte d'hésiter à donner une criminelle; enfin... Une presque criminelle n'est-ce pas? Comment se mettre dans la tête, malgré les dires de Suzie-Lou qu'elle avait vraiment tué des gens et s'apprêtait à torturer quelqu'un pour passer une épreuve afin d'entrer dans les rangs du Lord Noir? D'un autre côté; songer qu'elle ne l'avait pas encore fait était la seule chose qui pouvait le consoler.

Le mannequin se sécha puis attrapa d'abord un simple jean et un tee-shirt, n'ayant certainement pas le goût de se faire élégant avant de se rappeler que ce restaurant était un lieu particulièrement riche; il ne souhaitait tout de même pas se faire jeter à l'entrée. Attrapant donc son ensemble vert très foncé, si sombre qu'il en paraissait noir sans lumière, l'adolescent se vêtit assez rapidement. Alix aimait beaucoup cet ensemble: pas pour la qualité exceptionnelle du tissu qu'il ne pourrait jamais se payer-c'était un cadeau de son agence- ni pour l'élégance mais plus pour la signification: en effet; sans un coin d'ombre le vêtement paraissait noir mais à la moindre lueur il s'éclairait doucement.

"C'est dans les cieux les plus sombres que la lueur des étoiles brille le plus".

Un proverbe qui lui donnait souvent courage: signifiant simplement que c'était dans les moments les plus tristes qu'une éventuelle sortie, un quelconque espoir se remarquait le plus, venant vous sauver au dernier instant. Celui qui était toujours heureux; vivant sous le soleil d'été en permanence ne pouvait pas vraiment être heureux, ne s'en rendant tout simplement pas compte puisqu'il l'était déjà par nature. Et puis les étoiles ne brillaient pas en plein jour: aucune lueur d'espoir visible donc. C'était ça qui le faisait avancer; et le força encore une fois à aller de l'avant, à se peigner correctement, même mettre une petite touche de parfum à la vanille avant de partir pile à l'heure; ne prenant qu'un taxi calèche -les sorciers ne circulaient pas en voiture mais grâce à des véhicules tirés par des chevaux, tout comme les plumes servaient encore; comme quoi, technologiquement ils étaient vraiment en retard- et arriva au bon moment, paré des invitations, devant le restaurant.

Cependant, dans ses vêtements élégants ainsi que sa gestuelle parfaitement contrôlée comme doit l'être celle d'un mannequin, il avait beau paraître avoir 16 ou 17 ans, l'on voyait bien que son regard était éteint; égaré, se demandant probablement ce qu'il faisait là. Patient, préférant l'attendre dehors pour profiter encore du grand air; Alix laissa dériver ses pensées, s'interrogeant sur la tenue que choisirait Suzie-Lou plutôt que sur son statut de Mangemorte, histoire de s'offrir une petite trêve.

Suzie était hantée par Alix. C’en était même étrange. Pourtant, pas une fois elle pensa qu’il allait la dénoncer. Non, il n’oserait pas, pas à elle. Même si c’était une mangemorte, le garçon ignorait tout de Lou. Et de Suzie par la même occasion. Ne connaissant rien de la double personnalité de la jeune femme. Et il fallait continuer à se taire à se propos. Laisser les idées des autres prendre leur chemin. Peu lui importait. Mais elle ne pouvait pas perdre son petit frère. Jamais. Mais l’historienne savait très que si c’était mieux pour lui, pour sa santé et son moral, et bien elle devrait le laisser vivre de son côté. Ca lui faisait mal, mais c’était comme ça, pas autrement, il faudrait si faire.
La brune était rentrée dans son petit manoir. Vide. Vide de vie et de couleurs. Tout était marron, beige, noir, ambre. Mais on pouvait remarquer que les meubles n’étaient pas très anciens. Au contraire. Ils n’avaient que un ou deux mois, pas plus. C’était le cas en effet. Après avoir décidé de quitter son petit appartement en plein centre, l’Ancienne Serpentard avait décidé d’acheter ce petit bijou. Qu’elle adorait bien évidemment.

Elle posa son long manteau sur le fauteuil et se versa un whisky. Cette après-midi fut dur, plus d’ailleurs. C’était le pire de sa vie. Plus encore. Pire que lorsqu’elle avait du tuer cet auror. Parce oui, cette fois-là elle ne fut pas ronger par des remords, ou du moins pas autant qu’aujourd’hui. Mais vous devez vous dire, c’est une mangemorte ou pas ? Evidemment. Lou est une mangemorte. Suzie elle, est perdue, totalement.
En buvant son verre, la jeune femme essayait de réfléchir. Son statut de mangemort était bien caché. Seules deux personnes connaissaient sa réelle identité. Mais il ne fallait pas penser à ça.

Suzie se leva brusquement, finissant son verre d’un seul trait. Elle sourit dans le vide. Il fallait qu’elle passe une bonne soirée, qu’elle réponde à toutes les questions d’Alix s’il en avait. Il fallait qu’elle soit clean et belle ce soir. Sérieuse surtout. Elle se dirigea vers sa luxueuse chambre, un lit deux places, magnifique. Elle plongea son nez dans sa garde robe. Et si elle mettait du orange ? Joli, sombre, un peu coloré. Juste pour remonter son propre moral. C’était décidé. La bibliothécaire prit sa robe et une serviette, et commença à faire couler son bain. Se déshabillant bien lentement. Elle n’avait pas le cœur lourd, juste perdu. Elle agissait comme une automate, ça lui faisait peur quelque part. Elle ne voulait pas que ça vie devienne monotone. Vraiment. Elle se glissa doucement dans sa baignoire, posant sa baguette près d’elle. Ne jamais être loin d’elle, c’était une règle.

Aujourd’hui elle avait manqué en son devoir de mangemorte. Elle avait avoué qui elle était, à un adolescent de plus est ! Si le Maître était au courant, elle serait morte probablement, ou bien torturée. Elle soupira. Elle ne souffrait pas, n’avait pas peur du sort qui l’attendait. Etant donné qu’elle avait donné sa vie au Seigneur des Ténèbres, et cela jusqu’à la fin. Non, elle ne voulait pas se racheter au près de la société. Dumbledore et tout ça. Jamais. Ils n’étaient que des gens malhonnêtes, surtout envers eux-mêmes. Pensant que les moldus sont des gens bien gentils et calmes. Non. Suzie leva les yeux au plafond. Elle perdait du temps, elle aurait du retard. Quelque part c’est ce qu’elle voulait. Oui, elle serait la deuxième à arriver au restaurant. Allez savoir pourquoi. Elle sortit de la baignoire d’un geste léger. Elle paraissait douce et mélodieuse. Elle s’enroula d’une serviette, se sécha et commença doucement à s’habiller. Des gestes lents, précis. Une fois sa robe sur elle. Elle mit du temps à se décider du maquillage, et des cheveux surtout. Bon. Ce soir, elle allait faire simple. Cheveux détachés, petits traits de crayons. Très bien. Elle choppa sa baguette et sortit de la salle de bains.

L’historienne semblait ailleurs. L’air penseur, avec pourtant, un petit sourire béat sur les lèvres. Elle ne se réfléchissait même plus maintenant.
Elle sortit de son petit manoir et se dirigea vers le point de rendez-vous.

Quelle serait la réaction d’Alix ? C’était ça la réelle question. Serait-il là d’abord ? Suzie pour ça, en était pratiquement certaine. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait envers le Serpentard une confiance absolue. Elle l’aimait. Comme un frère. En marchant, sa robe orange volait derrière elle, ses cheveux aussi. Des regards se tournaient vers elle. Elle était élégante, mais bien mystérieuse. Ca attirait les hommes ça. Les femmes ayant une certaine confiance en elle et paraissant presque inaccessible. Elle marchait d’un pas rapide et vif, montrant une détermination hors du commun. Enfin, elle arriva là où elle le désirait. Le petit garçon était déjà là, attendant dehors. L’ancienne Serpentard respira un bon coup. Son ventre commençait à se nouer, elle ignorait pourquoi. Arrivant devant son ami, la jeune femme parla :

« On ne rentre pas ? »

Un léger coup d’œil vers le restaurant, et un léger coup de vent. Ses cheveux volèrent légèrement. Une douce soirée ? We will see.

« On ne rentre pas ? »

On pourrait presque les prendre pour un couple. Les beaux vêtements d'Alix-, prévu à cet effet puisque son agence avait nécessité un adolescent de 16 ans sans le trouver- le vieillissaient; sa taille restait un peu suspecte mais ça allait encore. Disons qu'il donnait l'impression d'un garçon de 16 ou 17 ans assez petit, tout simplement. Le jeune sorcier au visage neutre étira ses doigts fins vers l'intérieur de la salle pour inviter Suzie-Lou à passer en premier en tant que dame: le restaurant était immense, éclairé par de douces bougies. La lueur y était diffuse mais la pénombre était choisie avec soin: en aucun cas l'on pouvait avoir peur dans cet endroit qui n'était que chaleur, accueil et romantisme.

Alix s'assit dans la petite loge qui leur était réservée. Éloignés du regards des autres, séparés par des rideaux de velours assez lourds mais d'une beauté à couper le souffle avec leur capacité à renvoyer chaque reflet de lumière. Ces derniers avaient également l'avantage de couper le bruit; ainsi leurs paroles devenaient confessions et leurs sourires ou leurs larmes, forcément complices dans cette ambiance intime. Par contre, les deux amis durent donner leur baguette magique à l'entrée, et ce, par mesure de sécurité. Au fond; le mannequin devait bien admettre que ça le rassurait quand même. Dehors, le temps commença à s'alourdir, comme si les nuages avaient attendu qu'ils entrent pour ne pas froisser leur toilette de leurs gouttes de pluie. Larmes d'eau douce qui commençaient d'ailleurs à dévaler les pentes arquées d'un ciel de plus en plus mauve.

Il ne savait pas ce qu'elle pensait en cet instant; mais en imaginant être dans son esprit; le métamorphomage eut l'impression de voir des meurtres s'enchaîner. Se reposant sur sa propre agression: l'enfant associait les souvenirs brutaux de la torture subie sur d'autres visages innocents: connus ou inventés mais toujours aimés. Le garçon avait tellement envie de hurler à l'injustice que sans l'éthique qui refusait cela: le sorcier aurait crié dans le restaurant. Il n'était même pas en colère contre la sorcière elle-même sinon ses yeux si jolis, si doux qui lui avaient menti tant de fois. L'aimait-elle vraiment ou bien Suzie-Lou avait essayé de le convertir voir de se servir de lui? Ses souvenirs refusaient l'une de ces possibilités. mais la situation les acceptaient toutes.

-Tu es jolie. Dommage que tu veuilles gâcher ta beauté en apposant ce tatouage sur ton bras

Ça ressemblait à une conversation banale. Deux amis. La fille coquette voulait se faire un tatouage; le garçon était plus méfiant, tout à fait contre cette idée stupide de charcuter sa peau et son naturel par la même occasion. Les plus vieilles commères voyaient en eux un couple avec une différence d'âge intolérable d'au moins 5 ans: la jeunesse de nos jours ne sait plus se tenir! Un enfant de 16 ou 17 ans avec une fille de 22 ou 23 ans... Tss! Cependant Alix savait que Suzie-Lou comprendrait son allusion à la marque des ténèbres. Ses mots quant au fait qu'elle était belle ne servaient aucune paroles cachées cependant: elles étaient vraies, sincères tout simplement. Objectivement le mannequin devait reconnaître que son amie avec son "truc" à elle. Une jolie femme si délicate d'apparence pouvait-elle vraiment être ce monstre?

A cette pensée, les doutes reprirent, ses yeux d'or et d'argent s'assombrirent. L'adolescent cessa de parler lorsque le vieux serveur enrobé mais classe vint leur donner la carte dont le marque page rouge était sûrement en soie. Alix eut vite fait de choisir une salade aux multiples saveurs. Ce n'était pas parce qu'il était au "rendez-vous galant" qu'il ne fallait pas faire attention. Et puis il y avait des tomates cerises là-dedans ainsi que du pâté de poisson. Un régal! Pour en revenir à Suzie-Lou; après avoir demandé de l'eau; le sorcier voyant que le serveur ne s'en allait pas, souhaitant attendre le voeu de son amie; il patienta. Ses yeux aux longs cils ombragés se fermèrent à demi; cherchant visiblement comment mener la conversation, où tout simplement... Comment supporter l'idée d'avoir face à lui une Mangemorte. Enfin bon, Suzie-Lou avait déjà pas mal de choses à répondre à sa simple remarque sur le tatouage, car les implicites étaient nombreux. Quoique non; Alix, sous peine de craquer le premier pouvait aussi briser la conversation pour en créer une: à l'atmosphère tout aussi intime mais bien moins lugubre:

-Tu as quelqu'un dans ta vie?

Il ne s'en était pas aperçu dans sa naïveté encore enfantine mais sa demande, ainsi que son sourire pouvaient prêter à confusion et l'on pouvait le penser attiré par Suzie-Lou: littéralement en train de lui faire les yeux doux.

Suzie bien qu’entrant la première dans le restaurant, avait finit par suivre son ami. Elle ne connaissait en aucun cas l’endroit, et n’était pas assez orgueilleuse pour faire croire qu’elle venait ici souvent. Les deux jeunes gens furent installés un peu à part. Le visage de la mangemorte était neutre, et c’était sans cacher son angoisse. En effet, elle avait du laisser sa baguette magique à l’entrée et elle détestait littéralement cela. C’était son amie, presque son porte bonheur, et s’il arrivait quelque chose ? Bon, soyons optimiste. Cette soirée apaiserait sûrement sa peur d’être séparée de son objet fétiche.
Elle était jolie. Oh oui, elle le savait très bien, mais ne savait pas contre pas user de son charme malheureusement. Pas comme d’autres femmes. Mais Suzie avait un atout, elle était naturelle et fraiche. Et oui. Pourtant, l’historienne ne releva pas tout de suite la remarque de son petit frère de cœur sur le tatouage. Elle s’était contentée de soupirer lentement, voyant arriver le serveur. Elle le regarda de ses yeux doux, puis jeta un coup d’œil à la carte.

« Je voudrais des Lasagnes. Normaux. Pas aux fruits de mer. Et seulement s’ils sont bons. Avec de l’eau. Ca suffira. »

Pourquoi elle aimait les lasagnes ? Ca remontait à loin, mais elle adorait ça, allez savoir pourquoi. Elle sourit doucement. Alix lui avait choisi une salade. Etonnant pour un jeune garçon. D’habitude les adolescents choisissaient des plats lourds et bien meilleurs. Mais durant un instant la jeune femme avait oublié que le Serpentard était mannequin. Ca pouvait se révéler mauvais pour sa santé tout de même. Elle releva alors son regard vers son interlocuteur. Si elle avait quelqu’un dans sa vie ? Là encore, elle ne dit rien. Le pichet d’eau était à présent arrivé. Pour le moment, la mangemorte savait que ça allait être dur de parler en paix. Mais il lui faudrait, au moins pour fournir des explications à l’élève. Oui, c’était son devoir. Elle versa de l’eau dans son verre et dans celui de son ami. Délicatement. Elle but ensuite une petite gorgée, pour enfin prendre la parole.

« Ce tatouage représente beaucoup pour moi tu sais. Et puis. C’est assez compliqué. J’y suis forcée quelque part. Je ne t’ais pas tout dit Alix… Ma situation est… complexe. »

Elle reporta alors son verre à ses lèvres, guettant doucement les alentours pour savoir si personne ne les écoutait. Non, certainement, le rideau cachant une bonne partie de la salle, c’était normal. Suzie croisa alors les bras sur la table. C’était une soirée qui commençait en beauté. Avec son activité de mangemort mise en avant. Youpi.

« Ma mère est moldue. Tu le sais. Mon père était un sorcier simple. Mais… Moi je suis Suzie. Sang-mêlé. Le problème c’est que je suis… habitée par quelqu’un d’autre. Lou, en l’occurrence. Je ne sais pas comment t’expliquer. Tu es trop jeune pour ça. Beaucoup trop jeune et encore bien innocent. Tu ne comprendrais pas. »

Elle était gênée, ça se voyait. Révéler sa double personnalité était bien trop dur pour elle. C’était avouer qu’elle était folle. Mais bon, en tant que mangemorte, Alix devait déjà se douter de ça. Elle avait fait des choses horribles, oui. Et elle ne regrettait rien non. Mais ce n’était pas entièrement de sa faute. Mais ça, Alix n’était pas en mesure de comprendre et elle ne pouvait pas lui mettre ce lourd fardeau sur ses épaules si fines et jeunes. Elle respira un bon coup.
Devant les yeux du garçon, à la question si elle avait quelqu’un dans sa vie, la bibliothécaire ne put s’empêcher de sourire légèrement. Elle n’avait jamais pensé à ça. Et si Alix était amoureux d’elle ? C’est vrai, elle était belle, mature. Une vraie déesse pour un petit garçon comme lui. Suzie n’avait jamais fait attention à cela. Elle qui considérait le jeune sorcier comme son petit frère. Elle haussa alors délicatement son sourcil.

« Alix… heu… le détournement de mineur ce n’est pas trop mon truc. Tu es trop jeune pour ça. Essaie de sortir avec des filles de ton âge non ? Enfin, je veux dire. Je suis ta ‘grande sœur’, si on peut dire ça comme ça. Même avec ce qu’il vient de se passer… enfin, j’espère. »

C’est vrai, avec cette drôle de question, Suzie avait presque oublié que ça ne faisait qu’une ou deux heures que le Serpentard était au courant qu’elle était une mangemorte. Une nouvelle fois elle baissa les yeux. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Elle aurait pu très mentir et dire qu’elle était du côté de Dumbledore à fond. Mais non, elle avait préféré tout avouer, malheureusement. Elle regardait ses ongles, parfaitement vernis de noir, bien coupés. Il n’y avait en elle, physiquement, aucun défaut. Bon, certes après ce sont les goûts et les couleurs des gens, on ne peut rien y faire. Mais vu comme ça, on ne dirait pas que Suzie est une mangemorte. Une partisante des ténèbres et un être horrible à cause de Lou. Elle se rendait compte de tout cela à présent, mais pourtant. Elle aimait bien cela. Elle avait parfaitement choisi sa voie, et elle en était presque fière. Peut-être que oui, elle dégoutait Alix. Mais c’était elle, elle affirmait ce qu’elle était réellement.
Elle but une nouvelle fois, en attente des paroles de son petit frère. Il fallait qu’elle fasse attention à sa petite santé. Surtout après le malaise de cette après-midi. C’était d’ailleurs pour cela que finalement, elle le regardait souvent. Malgré le fait qu’elle s’était montrée vraiment stupide en lui imposant son lourd secret.

« Ce tatouage représente beaucoup pour moi tu sais. Et puis. C’est assez compliqué. J’y suis forcée quelque part. Je ne t’ais pas tout dit Alix… Ma situation est… complexe. »

Ouvert et imaginatif comme tout adolescent; Alix se posa la question fatidique: quelqu'un l'obligeait-il en lui faisant du chantage? Pourtant Suzie-Lou avait décrit ça d'une telle façon à la bibliothèque que rien ne paraissait la forcer à faire toutes ces horreurs. D'un autre côté, ça ne ressemblait pas à une demoiselle qui aimait les lasagnes et portaient de si jolies robes d'être aussi monstrueuse. Le mannequin sentant pourtant que son amie allait continuer sur sa lancer décida de lui faire confiance pour s'expliquer sans le lui demander.

« Ma mère est moldue. Tu le sais. Mon père était un sorcier simple. Mais… Moi je suis Suzie. Sang-mêlé. Le problème c’est que je suis… habitée par quelqu’un d’autre. Lou, en l’occurrence. Je ne sais pas comment t’expliquer. Tu es trop jeune pour ça. Beaucoup trop jeune et encore bien innocent. Tu ne comprendrais pas. »

Alix était interloqué. Il avait été à Ste Mangouste bien des fois à cause de ses ennuis de santé; s'ennuyant la plupart du temps le jeune garçon avait commencé à aider un peu les médecins qui lui avaient apprit bien des choses: ces derniers lui avaient notamment parlé de l'étage 4 accueillant les malades mentaux... Dont ceux habités par une seconde identité; c'était donc ça le problème de Suzie-Lou... La Schizophrénie?! Pourtant ça n'excusait rien! Le cas de la bibliothécaire n'avait pas l'air grave puisqu'elle vivait, travaillait apparemment sans que l'autre ne vienne s'imposer à son esprit; alors pourquoi ne prenait-elle pas de médicamments.

-Mais... Tu ne crains pas l'arrivée inopinée de Lou n'importe quand? En cet instant même?! Elle... Massacrerait tout le restaurant?

Bien sûr, la jeune feme avait raison: Alix ne pouvait pas tout comprendre, les subtilités de la maladie lui échappaient. Pourtant il aurait dû saisir de suite: c'était comme son don de métamorphogie; Ses émotions actionnaient la schizophrénie. Mais comme les médecins ne lui en avaient pas vraiment parlé, on pouvait le pardonner puisque personne ne connaît tout. Encore moins un adolescent quittant à peine l'enfance.

« Alix… heu… le détournement de mineur ce n’est pas trop mon truc. Tu es trop jeune pour ça. Essaie de sortir avec des filles de ton âge non ? Enfin, je veux dire. Je suis ta ‘grande sœur’, si on peut dire ça comme ça. Même avec ce qu’il vient de se passer… enfin, j’espère. »

-Le détournement de mineurs?!

Haussant un sourcil le sorcier resta un peu hébété. Cela avait au moins eu l'avantage de changer ses pensées. Axé sur la nouvelle conversation plus légère, mais pas beaucoup plus compréhensible le garçon resta ainsi un moment; ne sachant pas trop comment réagir; même l'arrivée de la salade ne le fit pas changer d'expression... Encore moins celle de la lasagne. Ne piquant même pas dans son assiette: cherchant toujours à comprendre où était l'erreur, l'adolescent, heureusement loin d'être stupide finit par faire le rapprochement. "Sortir" avec des filles de son âge... Je ne suis que ta grande soeur... Sa question n'avait pas paru innocente à Suzie-Lou! Voilà la clé du problème.

-Mais non voyons! Je te demandais ça comme ça

Il rougit derrière son teint mat; tellement gêné à l'évocation de l'expression "sortir avec des filles" que ses yeux virèrent au vert menthe à l'eau; d'un ton cristallin, presque transparent et représentant bien sa fragilité face aux paroles de son amie et ce que cela impliquait. Alix n'était pas sûr d'être capable de sortir avec des filles de son âge étant donné ce qu'il avait découvert il y avait peu de temps et non avoué à ses parents, encore moins à son "beau-père": son léger problème hormonal.

-Mais en fait... Je...

Le vert très clair de ses yeux vacilla légèrement, peinant à retrouver l'or habituel qui les irisait...

-Enfin bref. Désolé de t'avoir gêné et fait comprendre autre chose mais, en tout cas; je t'assure: je n'ai aucune pensée de ce genre en te voyant. Tu es jolie hein, mais je... Bon... Elles sont bonnes les lasagnes?

Bah on s'échappe comme on peut de la situation critique hein. L'adolescent sourit d'un air vraiment gêné. Il se demandait si Suzie-Lou avait comprit quelque chose de son discours de voulant rassurant; parce que même lui ne savait pas trop ce qu'il avait dit. Toujours est-il que parler de lasagnes l'avait rassuré car ses yeux commencèrent, très lentement et distinctement à retrouver leur couleur or et argent. Le jeune sorcier sentait la petite brise douce et chaude lui parcourant le corps qui indiquait un changement dans son ADN; Le renforcement de la dite petite vague de chaleur légère au niveau de ses yeux lui prouvant que c'était eux qui avaient subi la métamorphose. Se doutant que ça ne paraîtrait pas inaperçu le jeune sorcier lui sourit, s'essayant à un peu d'humour

-J'espère qu'ils sont bien en train de redevenir normal et qu'ils ne se sont pas colorés en rose ou une autre couleur affreuse. Surtout lorsque je suis confus; ils ont l'habitude de prendre la teinte la plus horrible qui soit! Le jour de ma répartition, mes cheveux et mes yeux ont viré au rose bonbon. C'était horrible!

Alix rit légèrement, le son de cristal émanant de ses lèvres était pur mais discret; un peu comme si la honte existant encore au creux de ce souvenir limitait son amusement. C'est vrai que le pauvre garçon en avait toujours mal au coeur et que sa dignité demeurait blessée à ce petit passage terrifiant, honteux de sa vie. Sans compter toutes les autres fois où son don l'avait rendu ridicule.

Lou n’arrivait pas n’importe quand, c’était bien ça le truc. Ce soir la jeune femme était calme, gentille, presque souriante. Lou ne viendrait pas foirer cela, ce n’était pas le bon jour. Alors non, Suzie n’avait pas peur qu’elle massacre tout le restaurant. De toute façon, il y avait très peu de chances que cela arrive un jour, elle n’était pas une tueuse en série. Mais ça, l’historienne ne pouvait en aucun cas en parler avec Alix, il était trop jeune et il n’avait pas que ça à faire. A penser de ça, c’était trop pour lui.
Le sujet changea alors littéralement. La brune soupira de soulagement, elle ne voyait pas trop comment expliquer au Serpentard qu’elle n’était pas amoureuse de lui et qu’il était trop jeune etc.. Mais ce n’était pas ce que voulait dire le jeune garçon, c’était une bonne chose. Les lasagnes. Très bonne méthode, en changeant aussitôt de sujet. La mangemorte sourit doucement et plongea son regard sombre dans celui du garçon. La couleur changeait. Elle cligna quelques fois des yeux, non elle ne rêvait absolument pas. La couleur des yeux d’Alix changeait considérablement. C’était presque magique. Suzie posa alors sa fourchette et prit le menton du Serpentard entre ses doigts, faisant bouger sa tête de droite à gauche, comme pour vérifier quelque chose.

« Oui oui, ils reviennent normaux. Ben ça alors ! Tu es métamorphomage ! Géant ! C’est pour ça que tout à l’heure.. tu cherchais des trucs là-dessus. Tu aurais du me le dire enfin ! Tu ne contrôles pas encore ton don. Car oui, c’est un véritable don. Il paraît qu’il faut des années inh. »

Suzie lâcha alors le menton de son petit frère et reprit sa fourchette pour manger ses lasagnes. C’était délicieux, il n’y avait pas à dire. En fait, c’était une excellente soirée. Malgré la différence d’âge qui trônait au milieu d’eux deux, la mangemorte ne se sentait pas intimidée. Elle savait qu’elle pouvait parler de tout avec Alix. Bon bien sûr il n’avait que treize ans et avait ses propres limites. Mais quand même, c’était agréable d’être avec lui.
Puis, elle ne s’était jamais douté qu’il était métamorphomage. Une idée lui vint alors en tête. Suzie savait qu’il passait plus de temps chez lui que les autres élèves. Elle avait supposé qu’il devait avoir des problèmes familiaux mais après avoir rencontré sa mère elle avait rayé de sa tête cette possibilité. Il souffrait donc de quelque chose. Est-ce que ça avait un lien direct avec son don ? La jeune n’en savait rien, mais après tout, le mieux était de lui demander.

« Dis-moi Alix, tu es… souvent chez toi n’est-ce pas ? Il me semble même que par moment tu passes tu temps à St-Mangouste. Puis-je te demander la raison ? »

Voilà, clair, net et précis.
Suzie avait toujours vu le Serpentard comme quelqu’un de faible et frêle. Il ne serait pas étonnant qu’il soit malade un peu plus souvent que les autres enfants. Mais peut-être que sa vie était en danger. Il avait même fait un malaise cette après-midi. Oui, Alix avait des problèmes de santé, ça ne faisait aucun doute, la jeune femme n’était pas dupe. Malgré tout, elle n’allait pas le forcer à parler de ça s’il ne le désirait pas. Rien contre son gré.
Elle continua donc à manger ses lasagnes, laissant quelques instants de blanc se faufiler. C’est alors que lui revint une phrase que l’enfant avait prononcé. Ou plutôt qu’il n’avait pas prononcé. Il avait voulu dire quelque chose, sans terminer. C’était frustrant. Avait-il quelque chose à lui avouer. C’était sur la question d’amour. Donc, il y avait bien quelque chose.

« Au fait, tu n’as pas fini ta phrase tout à l’heure. Tu as dis « Mais en fait je… » Et puis plus rien. Tu as changé de sujet. Tu voulais dire quoi ? »

Plus question d’esquiver à présent. Suzie apprenait peu à peu à se montrer directe avec Alix, à lui dire exactement ce qu’elle pensait. Une sorte de nouvelle confiance s’était maintenant installée entre les deux jeunes gens. Et cela rassurait quelque peu l’historienne, avec son secret de mangemorte, elle ne pouvait pas se permettre de laisser Alix dire n’importe quoi. Mais elle le savait, elle ne pouvait l’empêcher de rien. C’était comme ça. Le Serpentard devait comprendre que la vie n’était pas si facile en dehors de Poudlard, mais bon, ce n’était encore qu’un simple enfant.
Suzie but alors une gorgée d’eau, et souffla sur son assiette un peu trop chaude. Le serveur vint alors leur demander si tout se passait bien. La jeune femme en profita pour demander un peu de pain, pour accompagner le plat. Le jeune homme lui fit un signe de tête et s’en alla directement. Elle sourit doucement.
La mangemorte reprit alors sa fourchette en main, ainsi que son couteau. Coupa quelques bouts, et laissa la croute sur le côté. Le meilleur pour la fin elle disait toujours. Et au moment où le serveur revint apporter un panier de pain, elle releva la tête vers Alix, écoutant ce qu’il avait à dire.

« Oui oui, ils reviennent normaux. Ben ça alors ! Tu es métamorphomage ! Géant ! C’est pour ça que tout à l’heure.. tu cherchais des trucs là-dessus. Tu aurais du me le dire enfin ! Tu ne contrôles pas encore ton don. Car oui, c’est un véritable don. Il paraît qu’il faut des années inh. »

-Oui, c'est bien d'un côté-Fit-il d'une voix douce, modérée sur l'enthousiasme au contraire de Suzie-Lou littéralement transportée par sa découverte-Mais certaines choses me sont inaccessibles. Mon ADN n'est pas assez stable; pour plein d'autres choses il en est ainsi. Mais c'est vrai, on économise le coiffeur.

Le jeune sorcier savait qu'il avait de la chance, ce qui calmait un peu sa joie en ce qui concernait l'acquisition inée de ce don c'était tous les déboires qu'il avait connu avec. Pour parler franchement, sans métaphore, la métamorphogie lui en avait fait voir de toutes les couleurs, ça continuait et continuerait encore tant qu'il ne maîtriserait pas ce don. Bien sûr, il fallait juste de la patience et du travail, sachant que la première des vertues était loin d'être l'apanage de l'adolescent. Il doutait d'ailleurs que cette fofolle de Suzie ait la patience nécessaire pour un tel ouvrage, ouvrage qui pouvait durer toute une vie sans résultats visibles avant longtemps. En sachant cela, il y avait largement de quoi calmer les plus enthousiastes des ardeurs. Cependant Alix esquissa un sourire amical pour la rassurer, quoique un peu mélancolique à l'idée que son "secret" soit découvert, il n'était pas fâché pour ça. Ce soir le garçon se sentait un peu trop tranquille, sans doute épuisé par son évanouissement de l'après-midi suivit de toutes ces émotions. Pouvaient-ils vraiment faire comme si de rien n'était? Peindre le noir en blanc, juste pour le plaisir, l'apparence? Pas sûr. Il aurait voulu revenir sur le lourd sujet; décidemment c'était trop dur de faire semblant. Malheureusement celle qui s'avérait être une amie mais aussi une Mangemorte décida qu'elle n'en avait pas fini sur ses découvertes le concernant. Sans prévenance aucune, elle lui posa LA question qui brûlait certainement ses lèvres depuis cet après-midi voir depuis plus longtemps si elle était observatrice. Apparemment c'était le cas.

« Dis-moi Alix, tu es… souvent chez toi n’est-ce pas ? Il me semble même que par moment tu passes tu temps à St-Mangouste. Puis-je te demander la raison ? »

-J'ai la santé un peu fragile-Finit-il par soupirer après avoir pesé ses mots avec soin, après tout, personne ne savait vraiment ce qu'il avait. Déjà faible de nature, sans doute aidé par un ADN incapable d'être stable, le corps d'Alix était abîmé par le manque de vitamines, la sous nutrition aussi mais ça, ça n'avait pas de nom selon les médecins. Il était juste "fragile", il n'y avait rien de plus à ajouter; surtout que le thème le gênait un peu quand même. Montrer combien on était faible à une Mangemorte avait quelque chose d'horrible, de morbide, y penser justement était encore pire- C'est tout, ne t'inquiète donc pas, les médecins s'occupent très bien de mon cas.

En fait, personne ne savait ce qu'il adviendrait si Alix continuait sur ce régime mais il avait vraiment besoin de ce travail. C'était de toute façon une nécessité physique, le matériel avait disparu avec la fortune de Jonathan mais son corps lui, avait besoin de se sentir encore assez bien pour être demandé par la magazines. Reprendre une vie normale et même plus riche pour pallier à sa faiblesse naturelle le tuerait moralement, mentalement.

« Au fait, tu n’as pas fini ta phrase tout à l’heure. Tu as dis « Mais en fait je… » Et puis plus rien. Tu as changé de sujet. Tu voulais dire quoi ? »

Décidemment, elle enchaînait ce soir Suzie-Lou, ne le ratant pas une seconde, ni l'un de ses aveux, ni l'un de ses semi aveux. Elle l'avait cru énamouraché de sa personne et l'idée le faisait encore rire. Pourtant Suzie-Lou était belle, folle, charmante, géniale... Juste Mangemorte! Non ce qui avait fait rire Alix c'était que le seul défaut de sa soeur de coeur, après le fait qu'elle soit du mauvais côté était que c'était une fille or il se voyait très très mal lui le balancer à la figure comme ça.

-Je voulais dire que je suis trop jeune pour ce genre de choses, très certainement.

Le métisse sourit, un peu misérablement, suppliant que l'interrogatoire se termine vite. Dehors, l'orage suivit la pluie tombant déjà drue. Un éclair sillonna les cieux et Alix sursauta, surprit! Ce serait difficile de rentrer chez soi avec cette noirceur, ce froid, ce brouillard si les choses continuaient ainsi. Avant, passer une nuit chez son amie l'aurait ravi, la perspective l'enchantait tout à coup moins... Il trouverait une solution pour rentrer; en attendant, mieux valait faire attention à ce que Suzie-Lou cesse de l'éplucher aussi sûrement qu'un journal croustillant plein de nouvelles intéressantes. C'était exactement ce qu'elle faisait depuis tout à l'heure avec son incroyable habilité coutumière, l'adolescent devait se décider à agir pour ne pas finir bêtement plumé.

-Par contre, venant de toi ça m'étonne, tu as l'âge et la bouille pour. Serait-ce ton... Métier qui t'en empêche? Je veux dire, connaître quelqu'un. Ne me dis pas que tu as toujours été seule! Je ne te croirai pas!

Le mannequin était également un grand curieux. Il aurait en fait souhaité parler plus sérieusement sur le fait que Suzie-Lou soit Mangemorte, cependant Alix préférait prendre des gants, commencer sur son terrain pour ensuite revenir aux choses plus sérieuses... Enfin si jamais il y parvenait car sa comparse avait l'air aussi habile pour questionner que pour esquiver; elle avait émit l'idée de ne plus être embêté avec le sujet; se fâcherait-elle si jamais Alix remettait ça sur le tapis? Il faut avouer que le jeune sorcier avait un peu peur de Suzie-Lou et de ses réactions maintenant. Après tout elle ne lui avait pas avoué faire parti des agents secrets ou un autre truc du genre-ce qui serait déjà énorme en soi-mais de l'association des méchants justement.

[HJ : Désolée pour le retard I love you

]

Suzie gardait son calme, si elle avait peur que Alix crie à tout le monde qu’il dînait avec une Mangemorte, cela ne se voyait pas. Qu’il crie aussi qu’elle était complètement tarée puisqu’elle souffrait d’un doublement de personnalité. Rien ne se voyait chez la bibliothécaire. Elle avait un certain calme en elle, comme si la plénitude ne cessait de l’entourer. Ces yeux sombres se posèrent sur l’assiette qu’elle venait tout juste de terminer. Ca pouvait paraître étonnant, de manger avec un élève de Poudlard, mais la brune voulait le garder à l’œil. Non pas parce qu’il savait son secret, mais parce qu’il était terriblement fragile et quelque part, Suzie savait qu’elle se devait de le protéger, c’était sa mission. La seule chose qu’elle pouvait faire de bien dans sa vie noire.
Lorsque le garçon lui dit que sa santé n’était pas de fer, l’Anglaise haussa doucement les sourcils. Ce n’était pas étonnant. Même en venant dans un restaurant de bonne qualité et réputation il prenait une simple salade. Etrange pour un jeune de son âge. Le menu steak/frites aurait bien plus approprié. Mais ce n’était pas dans les cordes de Suzie de le critiquer, elle n’était pas sa mère, loin de là. N’empêche, elle trouvait ce métier de mannequin terriblement pathétique, à treize ans ! La Mangemorte se soutint de soupirer. Le métisse faisait ce qu’il voulait de sa vie. Puis bon, elle ne souhaitait pas l’embêter plus avec ça.

« La santé fragile hein… »

La jeune femme laissa en suspend sa phrase et tourna les yeux vers le rideau à côté d’eux. Ce n’était pas son genre de s’immiscer trop dans la vie des gens, si Alix voulait lui dire quelque chose, il savait qu’il pouvait le faire point. Car oui, en plus de son calme constant, Suzie ne jugeait jamais, mais elle écoutait toujours.
Trop jeune pour quoi ? Les histoires d’amour ? Haha ! Malgré tout, la brune était quelqu’un de très curieux. Elle sourit doucement mais ce doux sourire s’éffaça lorsque le métamorphomage parla de sa situation amoureuse à elle. Cette fois-ci, elle soupira pour de bon. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire ? Que personne n’était trop bien pour elle ? Qu’elle était limite bisexuelle ? Non, devant un garçon de treize ans ce n’était pas convenable. Mais après tout, elle pouvait tout lui dire à ce petit non ? La Mangemorte se mit alors à jouer avec sa propre fourchette et fit mine de réfléchir. C’est vrai qu’elle n’avait jamais eu de relations durables. Juste des coups d’un soir avec des hommes complètement pétés mais horriblement craquant. A cette idée Suzie remit une mèche de ses cheveux correctement.

« Disons que je suis bien toute seule. Mon secret m’empêche d’avoir une vie normale, puis bon. Dans un monde de brutes il est rare de trouver une véritable perle. N’est-ce pas ? »

Un monde de brutes. C’était tout à fait cela. De plus Suzie n’était pas la personne la plus sociable qui soit, bien au contraire. Elle aimait les belles choses, et donc les belles personnes. Les gens biens, qui son cultivé et qui ont de la conversation. Les alcoolos ne l’intéressent guère. C’est peut-être pour cela qu’elle avait autant de mal à trouver l’Amour, avec un grand A. Mais bien sûr, elle était encore bien jeune. Et finalement, ses amours à elle étaient les livres, les vieux tout plein de poussières mais qui englobent tellement de choses précieuses.
La jeune femme regarda son frère de cœur. Et lui ? Il avait sûrement une petite amoureuse quoi. Poudlard débordait d’élèves, il y avait bien quelqu’un qui lui plaisait, enfin sûrement, enfin, p’tet pas. La Mangemorte se souvenait du mal qu’elle avait eu à s’intégrer dans l’école de magie. D’ailleurs, ça n’avait pas été les meilleures années de sa vie. Elle suivait une bande de nanas prétencieuses et orgueilleuses. Rien qu’en pensant à ce moment de sa vie passée, elle frissonna. Certes elle avait été préfète, et tout et tout. Mais ça ne l’avait pas comblée, loin de là. En fait elle s’en fichait complètement. Le statut et tout ça. Berk.

« Tu as une amoureuse toi ? Tu peux tout me dire tu sais. »

Question très anodine bien sûr venait de la part de notre Mangemorte préférée. Immédiatement la brune se sentit honteuse d’avoir dit cela comme ça, de façon décontractée. Pourtant, elle ne rougit pas et ne laissa rien transparaître. Comme à son habitude d’ailleurs. Mais bon, soyons honnête, elle avait hâte de connaître la réponse de la part du Métisse. Célibataire ? Pas célibataire ? Peut-être qu’il était gay en fait. Cette idée sortit tout de suite de la tête de la jeune femme. Gay à treize ans, on n’avait jamais vu ça, c’était pratiquement impossible. Ben oui, non pas que Suzie était fermée d’esprit mais elle était juste logique et lucide.

« La santé fragile hein… »

Le jeune sorcier se rappelait qu'un jour, Suzie-Lou lui avait dit qu'elle avait beaucoup d'argent. Il soupira, mal à l'aise de paraître stupide devant la femme. En fait; le Serpentard était certain qu'elle le désapprouvait; c'était évident! N'importe quelle personne sensée connaissant sa "double vie" le disait beaucoup trop jeune pour ça... Et pourtant; les pré-adolescents avaient bien besoin d'être représentés dans les magazines de mode non? Alors il fallait des mannequins ayant leur âge pour porter les vêtements. Logique imparable... Surtout que ces pré-ado en quête d'une identité, en pleine phase d'expansion, épris du désir de suivre la horde ou de se démarquer; dans tous les cas d'impressionner était l'un des meilleurs publics des marques; ces gosses de riches ayant les moyens comme les McLane ou les Dawster qui étaient prêts à tous céder à leurs enfants fanatiques de l'apparence étaient des lingots d'or sur pattes qu'aucune agence ne pouvait ignorer. Alix lui aussi profitait de ce système. Son physique lui avait permit d'accéder au rôle de modèle dans cette société de jeunes pré pubères en pleine croissance d'hormones. Sa famille à l'origine très pauvre avait proposé Alix dès tout petit, en effet; qui ne fondait pas devant un bébé merveilleusement potelé -étrange comme les modes changeaient selon les âges! On adorait les bébés un peu rondouillets mais on haïssait les formes chez les enfants dès qu'ils atteignaient 7 ou 8 ans. - aux grands yeux d'or sur ces cartes postales bien culcul la praline bordées de coeurs roses stupides? Les gens étaient parfois pathétiques! Et les parents du garçon ainsi que lui-même en avaient profité de ce fait pour gagner de quoi dormir sous un toit. Suzie-Lou pourrait-elle comprendre cela? Alix avait toujours eu le réflexe malheureux de vouloir plaire aux gens, craignant de les décevoir, ce qui expliquait son acharnement à se justifier; même si il n'était pas spécialement en tort.

-Je sais que ce que je fais n'arrange pas ma santé, déjà amenuisée de nature... Mais tu sais; ma famille n'avait pas les moyens. On avait un appartement minable, le plafond s'effondrait en poussières sur nos têtes quand nous mangions, la lumière ne fonctionnait plus que dans une pièce... Et encore là ça allait, mais après on a dû déménager au centre de Londres, dans le monde de la magie car mon don de métamorphagie faisait des siennes à l'école. A chaque chagrin, colère et autres émotions. Là c'était encore plus cher, mes parents désespérés étaient dans un supermarché à comparer jusqu'au prix des baguettes de pain les moins chers; un agent est arrivé et a proposé de me prendre. J'avais 1 an à peine, il ne promettait pas beaucoup d'argent. Mais ils ont accepté quand même. Ca arrondissait un peu les fins de mois. J'ai grandi et par chance, je correspondais encore aux normes demandés, j'ai commencé à gagner un peu plus. Beaucoup moins que certains de mon âge qui étaient des stars... Mais bon, ça aidait quoi.

Le garçon était fier d'avoir aidé ses parents, il avait tant aimé Dorian et Eline, le couple le plus amoureux de la terre, qui, même en se séparant avait su le faire à l'amiable. Sa mère et son pauvre père sans un rond, tout droit débarqué d'Amérique Latine avaient vu leur relation devenir plus amicale qu'amoureuse; ainsi nulle dispute ni haine... Juste un amour fraternel qui les empêchait de vivre comme un couple.

-Ces derniers temps, ma mère s'est mise avec un riche. Il a deux jumeaux, j'adore la soeur mais je déteste le frère... Il passe son temps à prôner l'avènement des Mangemorts, et pour ça, il me tape dessus. Heureusement son père n'est pas axé Sang-pur bien que le sien le soit. Franchement Jonathan se fiche de ça, il est fou de ma mère qui est sang-mêlé et cracmole... Mais bon, il dit ne pas supporter certaines de mes manières, on passe notre vie à se disputer, moi je ne sais même pas ce qu'il me reproche au juste. Mais une chose est sûre! Financièrement parlant, je veux dépendre de lui le moins possible! Alors je continue pour économiser un peu. Puis tu sais, quand on a vécu dans la pauvreté 10 ans, on se dit qu'on ne sait jamais et qu'il vaut mieux amasser pour faire face à la prochaine crise.

Pourquoi parler de tout ça à une Mangemorte? Du statut de sang et du rang peu enviable de sa mère? Peut être parce qu'au fond, Alix lui faisait encore confiance; ou simplement avait-il oublié par réflexe ce détail très important. Il faut dire que Suzie Lou n'avait jamais agit contre sa personne; sa génitrice était elle-même Moldue paraissait-il... Et puis la bibliothécaire avait eut l'air de très bien s'entendre avec Eline. Naïvement, le sorcier pensait que l'on ne pouvait pas feindre à ce point. De toutes manières le besoin de se justifier montrait combien il était encore attaché à Suzie-Lou, ne souhaitant pas la décevoir en passant pour un imbécile superficiel; comme on le disait souvent de ceux qui exerçaient sa profession... Car même à son âge, surtout lorsqu'on commençait à ramasser pas mal d'argent, on appelait ça un métier. D'un côté, Alix n'était pas fier de cette image de mannequin lui collant à la peau avec tous les clichés possibles qui suivaient; mais de l'autre, il était très content de prouver à son beau-père combien il pouvait s'en sortir seul-ou presque- et continuait de s'assumer au lieu de se reposer sur sa richesse. Eline lui avait toujours apprit à ne pas compter sur les autres. Elle-même ne profitait pas beaucoup de l'argent de son nouveau compagnon pourtant richissime. La jeune femme qui avait pour principe principal l'humilité continuait d'aller au supermarché et de comparer les prix les plus bas des baguettes de pain... Même si évidemment elle se permettait quelques plaisirs aussi.

« Disons que je suis bien toute seule. Mon secret m’empêche d’avoir une vie normale, puis bon. Dans un monde de brutes il est rare de trouver une véritable perle. N’est-ce pas ? »

-A qui le dis-tu. Ma mère avait trouvé la sienne... Il a fallu qu'elle le quitte!!!

Même si Eline et Dorian avait gardé d'excellentes relations, les choses n'étaient plus comme avant. Plus rien ne retenait l'homme ici; il était reparti chez lui, en Amérique Latine où il s'était remarié avec une sorcière qui ne connaissait sans doute pas sa chance. Bien que cette dernière soit aimable et ne lui ait rien fait de mal, le sorcier la détestait, ne se privant pas de l'ignorer ou de lui répondre sèchement s'il n'avait pas le choix. A 13 ans, on ne comprend pas toujours les adultes, ni les approuvent même quand tout se règle à l'amiable.

-Ma mère s'en fiche de moi maintenant on dirait-ce qui était faux; elle le défendait toujours- Mon beau-père m'insulte, elle l'enguirlande un peu puis me dit de comprendre... Je ne parle même pas de cet abruti de Garen qui me tape dessus dès qu'il peut! Je me défends mais c'est une armoire à glace avec un pois chiche dans le cerveau; quand il répond, ses insultes ne blessent pas, mais son poing si.

Il ne comprenait rien à l'amour et n'avait pas du tout envie d'en entendre parler quand il voyait le résultat que ça avait donné. Certes Alix était heureux d'avoir rencontré sa soeur adoptive avec qui il s'entendait à merveille... Mais les deux autres gâchaient toutes l'idylle.

-Enfin, je t'ennuie avec toutes mes revendications.

La pluie tombait pendant ce temps là, avec tant de force que c'était à se demander si Alix pourrait rentrer chez lui... L'adolescent ne savait pas transplaner, et puis Jonathan avait fait en sorte qu'on ne puisse pas le faire chez eux de toutes manières, pour une histoire de sécurité. Ça ne gênait pas grand monde puisqu'aucun des enfants n'avait le permis et qu'Eline ne pouvait le faire en tant que Cracmole. N'empêche que ce soir, personne ne pourrait le ramener en Transplanant; ce qui était le seul moyen de se déplacer vu comme le vent était fort.

« Tu as une amoureuse toi ? Tu peux tout me dire tu sais. »

-Une amoureuse?! Moi? J'ai assez d'ennuis comme ça! Pas besoin de m'embêter avec une fille encore en plus.

Bon, ce n'était pas vraiment la vérité... Enfin si... Alix ne voulait pas s'embêter avec quelqu'un pour l'instant, après tout, il n'avait que 13 ans. Disons juste qu'il savait en son coeur, que c'est garçon qu'il aurait du dire et non pas fille. Mais au fond, le mannequin n'était pas du tout sûr de ses tendances bien que beaucoup le clament haut et fort au vu de ses manières. Il savait certes que ça ne le dégoûtait pas d'embrasser Isaac; pas du tout même... Mais toutefois l'adolescent se réservait; c'était peut-être juste un truc de passage, parce qu'il n'y connaissait rien justement. Et puis, il arrivait quand même à trouver Suzie Lou jolie, alors un jour le métamorphomage en trouverait peut-être une à son goût qui sait? Le sorcier croqua dans sa salade, avec un dégoût peu habituel. Normalement ce plat passait facilement, il avait l'habitude... Mais là, ça avait l'air de ne plus vouloir passer; c'était la feuille qui faisait déborder le saladier. le jeune garçon n'arrivait absolument pas à manger plus d'un brin de son plat. Rien que de penser au vert entêtant de la salade, ça le dégoûtait. Sans doute parce que l'odeur des autres plats l'attirait... Ou que son esprit était axé sur quelque chose d'exotique, une envie d'autre chose mû par la diversité étonnante qui les entourait, ainsi que l'idée d'être ailleurs que chez soi et dans l'un des meilleurs restaurants. Alix avait souvenance d'avoir, il y a bien longtemps, beaucoup aimé manger... Alors que c'était encore la mode des enfants un peu potelés sur les cartes postales sans doute. Il soupira et repoussa la salade qui lui tendait pourtant les bras, fraîche comme tout et agréable au regard.

-Désolé, je ne sais pas ce que j'ai... Mais, je n'arrive pas à avaler cette salade. J'ai l'habitude pourtant, et elle m'a l'air délicieuse... Cherche pas, c'est aussi compliqué que l'amour un estomac de toutes manières.

L'adolescent sourit, essayant de détendre l'atmosphère. Il regardait maintenant à travers la fenêtre; la grêle avait remplacé la pluie. Frappant avec tant de force que les carreaux tremblotaient. Ça n'allait pas l'aider à rentrer chez lui ça...