[HJ : Navrée pour mon impardonnable retard T_T]

"Ci-gît June Galdwin, seule et unique héritière légitime de la famille Galdwin, malencontreusement boulottée par une plante agressive qui faisait du tourisme dans une serre qui n'était pas la sienne. Pas d'bol."

Non, non et encore non. Cela n'allait pas du tout ! June n'avait aucune envie de se laisser faire, elle n'allait pas passer de vie à trépas aujourd'hui, à cause d'une stupide plantouse ! Hors de question ! Elle avait bien trop de fierté pour se contenter d'une telle épitaphe. Seulement, ladite saleté de plante tirait son bras vers le haut, et bientôt, la blonde serait suspendue par le poignet, incapable de saisir sa baguette pour se défendre et renvoyer cette saleté d'où elle venait.

Fort heureusement pour la cinquième année, son cri sembla trouver une oreille salvatrice. Alors que les racines tordues de l'agressive plante continuaient d'avancer dangereusement vers les chevilles de la Blaireautte, une autre élève poussa la porte de la serre, enfin ! June lui jeta un regard implorant, mais elle avait la gorge trop serrée pour dire quoi que ce soit.

Et si la Serdaigle - car à sa robe de sorcière, il s'agissait d'une aiglonne - était une froussarde de première et fuyait, la laissant dans la panade ? Et si elle restait pétrifiée par la peur, incapable d'esquisse le moindre geste pour l'aider ? June ne put retenir un petit gémissement. Elle n'avait aucune envie d'y rester. Mais la Bleue et Bronze, après un moment d'hésitation, dégaina sa baguette et lança une volée de sortilèges bien sentis, qui finirent par avoir raison de l'importune. Les racines desserrèrent le poignet de la blonde qui s'effondra au sol, les jambes coupées par la peur qu'elle venait d'avoir. Massant brièvement son articulation endolorie, la jeune fille ne perdit que quelques secondes avant d'attraper également sa baguette et de lancer quelques sortilèges pour calmer les ardeurs de la plante agressive. Ca lui faisait également une petite vengeance qui n'était pas pour lui déplaire. Elle ponctua les efforts de sa camarade par un Reparo dirigé vers le carreau cassé pour contenir le danger dans l'autre serre. Une fois la plante repoussée, la Serdaigle se pencha vers June pour lui demander si tout allait bien.

Toujours les fesses par terre, la blonde releva les yeux vers l'autre jeune fille. Pâle ? Certainement oui, elle venait d'avoir une sacré trouille. Elle sentait encore son cœur battre à tout rompre. Prenant appui sur l'établit contre lequel elle était adossée, elle se releva.

- Je... Oui, merci d'être intervenue. C'est fou ça tout de même... On peut pas réviser sans risquer de se faire croquer...

La frayeur de June se muait peu à peu en indignation. Qu'est-ce que c'était que cette école où le danger vous guettait quand vous vous y attendiez le moins ? Epoussetant son uniforme qui était maculé de saleté, la cinquième année revint vers sa camarade.

- On peut pas laisser cette horreur en liberté dans la serre d'à côté, si quelqu'un entre sans être prévenu ?

Certes, la serre voisine était justement celle des végétaux dangereux. On savait à quoi s'attendre lorsqu'on y pénétrait. Mais tout de même, à ce point là, ce serait vraiment mesquin de ne rien faire, et de laisser le prochain arrivant se faire boulotter par surprise en espérant que la saleté de plante aurait assez à manger pour les cinq prochaines années.

- Faut qu'on prévienne un prof... Ou alors... Qu'on la remette à sa place, cette fichue plantouze... Qu'en penses-tu ?

June devait bien avouer qu'elle ne serait pas contre une petite revanche face à la créature. Surtout maintenant qu'elles étaient à deux contre une.

Sa sauveuse sembla hésiter un instant. Evidemment, elle n'était pas une Rouge et Or, sans quoi elle aurait probablement déjà disparu, fonçant vers la serre interdite pour donner à l'agresseuse la correction qu'elle méritait. Seulement, la nouvelle venue était une sage Serdaigle, et non une téméraire Gryffondor. Et ce n'était pas plus mal d'ailleurs. Car si June avait été brillamment répartie à Poufsouffle pour sa douceur, sa sagesse et son fort sens des valeurs humaines, elle n'en gardait pas moins un petit côté bravache... Etait-ce l'influence de Lacey ? Dans le cas de leur si particulière famille, on ne pouvait parler d'hérédité, certes, mais la jeune fille adorait tellement ses frères que ceux-ci l'influençaient sans le savoir par leurs comportements. Ainsi était-elle capable d'adopter la droiture et la rigueur de Lawrence, tout comme elle pouvait craquer et distribuer allègrement quelques claques, en digne disciple de ce cher Lacey. Et en l'occurrence, c'était l'aîné des deux frères qui avait de l'ascendant sur la cinquième année. La vile plantouze allait payer, c'était à présent acté. L'accord de la Serdaigle avait entériné cette affirmation. Tremblez, plantes agressives ! La justice était en marche.

Les deux justicières prirent donc la direction de la serre des plantes dangereuses pour leur expédition punitive. L'aiglonne poussa la porte d'une main mal assurée. June fut surprise de voir que la serre n'était même pas verrouillée. C'était louche. Peut-être quelqu'un de mal intentionné s'était-il introduit par effraction en ces lieux sacrés pour les botanistes, ce qui pouvait éventuellement expliquer l'agressivité étrange de la plante un peu plus tôt. Haussant les épaules, la Bronze et Or estima qu'il serait bien temps d'aviser plus tard. En attendant, il faisait sacrément sombre là dedans.

- Par Merlin, on voit rien du tout...

Reculant d'un pas pour réfléchir, la jeune fille se rendit compte qu'elle ne savait même pas qui était sa compagne de mésaventure...

- Oh, au fait... Je m'appelle June, de chez Pouffy. Si tu devais y rester, fit-elle en désignant les ténèbres de la serre, je dois faire mettre quel nom sur ta pierre tombale ?

Hum. Curieuse manière de faire les présentations, jugea la jolie blonde après coup. Elle ponctua sa phrase d'un sourire qui se voulait rassurant, et qui contrastait totalement avec le caractère sinistre des mots qu'elle venait d'asséner.

Laissant à son complice le temps d'encaisser sa tirade, la cinquième année réfléchit au meilleur moyen de rentrer dans la serre sans affoler les plantes : si elles étaient dans l'obscurité, il devait bien y avoir une raison. Y aller avec un bon vieux Lumos des familles serait certainement un peu brutal et risquait de déclencher plus de catastrophe que de leur servir. Glissant sa baguette sous sa cape, la Bronze et Or fit un clin d'oeil à l'autre blonde et se glissa dans l'entrebaîllement de la porte. D'un murmure, elle fit briller l'extrémité de sa tige de bois, qui s'illumina immédiatement, mais dont l'éclat fut bien affaibli par la couche de tissu. Du coin de l'oeil, June regarda si Séléna la suivait. Elles étaient dans une espèce de sas, et dans la pénombre, elles pouvaient apercevoir du matériel de jardinage un peu spécialisé, et d'autres outils aux allures agressives. Nul doute que pour prendre soin des espèces qui peuplaient cette serre, il fallait du matériel hors du commun, et une bonne dose de courage.

- Bon. Il doit bien y avoir un moyen d'y voir plus clair, murmura la jeune fille. Papy Bachelard ne va tout de même pas s'occuper de ses plantes en y allant à l'aveuglette... Ce serait un coup à perdre un bras, ça...

De l'autre côté des vitres du sas, les ténèbres régnaient encore, et si les filles pouvaient discerner des formes végétales et des ombres étranges, il était difficile de se rendre bien compte de ce qui peuplait la serre. Le regard de June accrocha une espèce de tuyau métallique qui semblait venir de l'intérieur de la serre et passait dans le sas. Se rapprochant, elle le suivit et finit par trouver une petite vanne sous un plan de travail. La tournant délicatement, quelques flammèches jaillirent soudainement tout au long du tuyau, qui semblait remplir le rôle d'une rampe de gaz, version magique. Une lueur verte irréelle baignait à présent la totalité de la serre.

- Wow, c'est beau quand même, non ?

L'ondulation des flammes faisait danser les ombres, et les plantes toutes plus étranges les unes que les autres qui peuplaient la serre semblaient se mouvoir, telles des créatures fantomatiques. Certaines étaient vraiment très effrayantes, avec des sortes de grands becs qui devaient être rouge sang. Certaines étaient posées sur des établis, d'autres plantées dans un simple pot posé à même le sol, et une partie encore semblait avoir repris ses droits bravement et sans demander l'autorisation à personne. La criminelle qui avait empêché les révisions des deux filles était de celles là. Elle se trouvait à peu près au milieu de la serre, dans la rangée de droite. Elle semblait onduler, comme un nid de serpents. Elle devait atteindre les trois bons mètres de hauteur, et ses racines avaient fait éclater leur pot, s'étirant sous plusieurs établis à proximité.

- Elle est là-bas la garce.. Tu la vois ? Elle s'est libérée de son tuteur... Faudrait la raccrocher, c'est trop dangereux de la laisser se trimballer comme ça...