[Je m'excuse pour le début qui est long ^^ » ]

« Tu vois... ta mère, c'est grave une emmerdeuse. »

Le petit bout ne le regardait même pas. C'était qu'il était tout petit, le moucheron, tout minuscule. La petite chose avait déjà compris comment ouvrir les yeux, Lacey supposait qu'il ne fallait pas se plaindre.

« Tu lui fais peur avec tes grosses mains moches! »
« Pas pire que la voix de sa daronne après l'accouchement. »
« ça fait trois jours que j'ai accouché... »
« Pouvais pas passer avant... »

La femme sourit devant la pointe de culpabilité clairement audible dans la voix de son vis-à-vis. Lacey n'était même pas clairement un ami, c'était plus un collègue très apprécié et l'un des deux aurors avec qui elle allait sur le terrain. C'était un type un peu brutal mais attachant, elle se sentit prise d'un élan d'affection devant l'ours qui gardait son regard rivé sur sa poitrine. En tant normal, il se serait probablement pris une gifle, mais l'air de concentration extrême qu'il affichait en regardant le nourrisson prendre son repas au sein était attendrissant.

« Qu'est ce que tu attends pour en faire un à ta copine? »
« Pour qu'elle ait des envies bizarres et doive aller pisser toutes les vingt minutes, non merci... »

Étonnant comme l'on pouvait sortir des commentaires de mufle et rougir jusqu'aux oreilles à la mention que ça serait une bonne idée d'avoir un bébé avec une charmante demoiselle. Les hommes étaient tous les mêmes, ils faisaient les fiers, mais une fois au pied du mur, cela restait les créatures les plus attachantes du monde, étrangement timides devant des sujets aussi fragiles.

« Et encore, il y a des détails beaucoup plus glamour que l'envie de pisser. Ça t'intéresse? »

Une grimace théâtrale lui répondit. Apparemment, non. Pendant ce temps là, Lacey essayait de se souvenir pour quelle raison précise il était venu à Sainte Mangouste. Il savait qu'il n'était pas venu uniquement pour féliciter la mère, apporter un panier de fruits, des cadeaux et voir le morpion, mais son esprit s'était arrêté sur ce dernier :

« … Il est tout petit. »

Tania le regardait d'un air inquiet et un peu dubitatif :

« Il est vraiment temps que tu en fasses un... »

Elle appuya nettement sur les syllabes du 'vraiment'. Allez savoir pourquoi et éclata de rire en voyant l'auror se perdre à nouveau dans diverses teintes de rouge. L'idée ne semblait pas lui déplaire. L'homme calma assez vite ses rougissements intempestifs lorsque la raison de sa visite lui revint :

« En attendant, je maintiens gamin... Ta mère m'empêche de faire son boulot. Si ça fait trois jours que t'as été pondu, tu m'expliques pourquoi elle est pas sûr le terrain, hein? »
« Lacey... »
« Mais tu verras, je suis sûr que Tonton Lacey peut t'apprendre plein de trucs... Comment frauder les parents quand tu veux sortir le soir... »
« … dis... »
« Roh, ça va, c'est pas comme s'il comprenait ce que je raconte... »
« Certes... »
« Puis c'est d'une importance capitale arrivé à un certain âge. »
« Oui enfin le plus tard possible. »

L'homme se gratta la nuque et pointa à nouveau son doigt sur le gamin :

« Ouais, c'est comme fumer et boire ! Le plus tard possible. »
« … Tu vas arrêter de lui donner des mauvaises idées? »
« … Mais je lui dis s'qui faut pas faire... »
« Tu es venu pour éduquer mon gosse, dis moi? »
« Non, juste pour le dire que sa mère bossait pas et qu'elle était payée quand même. »
« Lacey... »
« C'est mon nom, tu l'as déjà dit....Non, mais c'est une super technique : à regretter de ne pas pouvoir porter les mouflets. »
« Ben voyons... »
« Oui, je t'envie vraiment... Pendant que toi, tu es dans ton lit : nous on est bloqué. »
« Le ministère va vous associer un nouvel oubliator, pas besoin d'en faire un plat... et ça t'apprendra la patience. »
« … Oui et pendant ce temps là, les mages noirs jouent aux cartes. »

… Comment jeter un blanc dans une chambre d'hopital, les sourcils de Tania se froncèrent et la femme avança son visage au niveau de celui de l'autre fonctionnaire :

« Ecoute là, tu m'emmerdes. » Elle marqua une pause. « Si je pouvais t'aider, je le ferai... mais là, je suis en congé maternité : Fais ce que tu veux et fous moi la paix... »

A peine les paroles furent-elles sorties de sa bouche que la femme regretta de les avoir dites. Lacey affichait un immense sourire et la salua avant de sortir de la chambre après l'avoir félicité une dernière fois.

… Oups?

Pour sa part, Lacey aurait : mission réussie. Victoire par chaos, la femme avait parlé. Elle lui avait donné son aval pour faire ce qu'il voulait. Le directeur du bureau leur avait donné une nouvelle mission, mais l'oubliator du groupe était indisponible : elle devait se faire retirer le polichinelle du tiroir. Il y avait donc deux aurors et un médicomage de bloqué. Les deux confrères du semi-irlandais étaient aussi ennuyé que lui, mais n'avait manifestement pas l'intention de presser les choses plus que de raison. Il fallait un nouvel oubliator, il fallait des papiers, des gens pour signer des papiers, des hiboux pour faire circuler les papiers, encore des gens pour re-signer les papiers, des discussions. Si l'on attendait, l'on aurait pas l'oubliator avait la fin de semaine prochaine. Comptez en plus à cela qu'un parfait étranger avec qui l'on n'avait jamais travaillé sur le terrain, cela pouvait se révéler un sérieux handicap sur le terrain.

Alors, il avait râlé. Mais pas sur ces supérieurs, il n'était pas fou. Au lieu de ça, il avait trouvé intelligent de s'épandre sur son cas auprès des deux autres infortunés – mais immobiles- de leur malheur. Les deux avaient fini par lui dire de se débrouiller, si ça le dérangeait tellement. Il avait donc l'aval – inconscient, mais aval quand même – des trois pour se débrouiller à sa façon pour ramener un nouvel oubliator.

L'homme monta au troisième étage du ministère pour entrer dans le bureau des oubliators. Le lieu ne lui était pas vraiment familier : il était parfois venu voir Edouard, parfois venu chercher Tania quand la femme trainait trop à son bureau, mais autrement, il se sentait parfaitement étranger à cet endroit étrange. Il grimpa sur un bureau vide pour surplomber la salle, s'attirant par là le regard étonné de quelques uns des présents.

Il lui fallait un oubliator. Trois venaient à sa rencontre pour savoir ce qu'il faisait là. Il les congédia gentiment, malgré l'insistance d'un, quatre avait levé la tête et l'avait rebaissé immédiatement, craignant les ennuis, tandis que beaucoup n'avait même pas levé la tête. Deux gardaient la tête relevé sans rien dire. Il s'approcha de l'une d'entre elle pour deux raisons simples : son regard lui plaisir et sa table plus près... surtout la seconde en fait. Le sorcier ignora les commentaires des gens lorsqu'il mettait le pied sur leur bureau et s'arrêta sur celui de l'inconnu.

Lacey s'accroupit et fit un grand sourire à l'étranger avant de tendre son doigt vers elle.

« Toi, j'ai besoin de toi. »

Il avait été gentil et aimable, pas agressif... peut être un brin direct, et il avait attention à ne pas écraser les affaires de l'oubliator. Cela lui valait bien quelques bons points, non?

[Je m'excuse, Lacey était remonté... ]

L'on crée parfois des drames sans s'en rendre compte. Comme celui de marcher sur le bureau du directeur du coin sans le remarquer, surtout quand le sieur se la jouait 'abonné absent'. Rien que pour ça, il méritait qu'on piétine son poste, les pieds joints et avec acharnement ! Heureusement pour lui que Lacey ne savait pas que c'était son bureau ! Sinon, ça aurait bien pire : il aurait mis de la terre sur ses doc martens impeccable - en allant sauter dans un par terre de fleurs par exemple - pour bien montrer son désaccord avec ce lâche comportement directorial qui était de laisser ses hommes en période de crise. Il l'aurait piétiné en laissant des traces dégueulasses partout ! Et crac ! Sur le bois ! Pan ! Sur les documents ! Et tiens ! Un stylo qui trainait pas là !

Ah mais, pas dit qu'il aurait laissé pareille injustice impunie. Bon après, il aurait été convoqué devant son propre supérieur -le chef du bureau des aurors ou son frère, au choix – et se serait fait passer son traditionnel savon. A ce tarif là, Lacey était bien l'auror le plus propre du ministère, pas un doigt de pied qui n'avait pas été savonné. Au final, il n'y avait peut être qu'un moyen de le calmer : le nommer directeur du bureau des aurors. Là au moins, il aurait été obligé de se tenir convenablement et d'effectuer un travail conventionnel. C'était l'idée parfaite, il ne voyait pas pourquoi ses supérieurs n'y avaient pas encore pensé. Hein? Le renvoi définitif? Quel renvoi définitif? Voilà; on proposait une solution pédagogique dans le but de satisfaire tout le monde et l'on trouvait toujours des rabats-joie pour biaiser la situation et trouver une issue négative. Lacey en directeur, c'était l'idée du siècle ! Tellement que même le concerné n'en parlait même pas pour plaisanter et qu'il aurait probablement eu un problème à son peacemaker si on lui avait proposé sérieusement.

Mourir si beau et dans la fleur de l'âge, quel drame ça aurait été. C'était déjà suffisamment compliqué d'être chef d'équipe de terrain pour ne pas en rajouter. De plus, pourquoi s'occuper de tous les aurors alors qu'il avait sous les yeux la cible parfaite. Il hoche la tête pour compatir : le café froid, si ça n'était pas préparé de bonne façon, ça pouvait être dégueulasse. Et les cafés des machines du ministère n'étaient pas connu pour pisser un grand cru. M'enfin, elle faisait aussi de la soupe à la tomate, ce qui était parfait pour se remettre de la perte de sang, alors il ne fallait pas trop leur en vouloir : elles étaient bien braves. Qui plus est, combien de membres du ministère déperdiraient sans leur café matinal? Retirer les saints objets, c'était avancer le « jour Z » drastiquement et cruellement. Ça ou engager une vague de démissions massives.

… Avis à Lawrence ou à son chef s'ils lisaient ces quelques lignes : Non, on ne supprime pas les machines à café pour faire démissionner son auror préféré, c'était cruel et injuste. C'était exposer à quels points vous êtes des dirigeants sans morale, ni âme, avaleur de petits enfants et tueurs de chatons ! Les machines restaient à leur place, merci pour elles. D'ailleurs, si vous pouviez en ajouter une ou deux, ça serait pas mal, ça éviterait les cinq à dix minutes de queue au moment de la pause.

La miss s'était décidé à ouvrir la bouche pour répondre à sa demande. Pour produire un avertissement mais, c'était déjà quelque chose. L'auror considérait les pauvres petites feuilles à ses pieds, faisant attention à ne pas les écraser. Des orphelines, les pauvres, il songea à demander à la demoiselle si elle n'avait pas un dossier pour les adopter, surtout qu'à se répandre ainsi sur la table, elles pourraient finir déliquantes. Le schéma tragique de celles que l'on retrouvait toujours à trainer dans des coins louches – le traditionnel 'ah mais qu'est ce que tu fais là toi?', parce qu'il ne fallait pas croire : on perdait rarement ses affaires. On héritait en fait d'objets voyous et si on les perdait, c'était qu'ils bougeaient seuls quand on ne les regardait pas, pour aller fumer, boire, ou encore prendre de la drogue. Quand Lacey rendait à son chef des rapports qui puaient la clope, ce n'était en effet pas parce que lui avait fumé mais bien parce que le rapport avait profité d'un moment d'absence de son rédacteur pour s'en allumer une petite. -.


Ceci dit, l'inconnue venait de commettre une erreur cruciale quand à la nature des choses, une chose que Lacey ne pouvait pas laisser.


*Un héron? *


« Tu te trompes : je suis un flamant rose. »

Il joignit le geste à la parole. L'homme se redressa, fesses en arrière, pliant légèrement la jambe, relevant l'autre assez haut, une main sur son ventre, l'autre en imitation de bec. Il manquait juste que ses vêtements étaient verts, mais la ressemblance était frappante. Il fixait l'oubliator avec l'air très sérieux d'un oiseau de zoo ayant vu quelque chose de très intéressant dans les mains de son visiteur. Il laissa un moment de silence pour laisser couler la nouvelle.

« Je suis même un auror flamant rose très malheureux parce qu'une de tes collègues à trouver le moyen de chier un môme y a trois matins et que mon équipe n'est pas au complet... kouac? »

C'était pas encore ça pour le cri du flamand rose. Toutefois, combien de personne avait déjà entendu le son qu'éructait la bestiole? Il pensait que la femme devinerait sans doute la fin de son propos.

Arth regardait le nouveau flamant rose installer sur son bureau et le jugea du regard. Si elle s’était attendu a ce qu’un homme vienne se percher sur son pupitre le matin pour imité un animal ridicule… qui est rose, elle aurait probablement éclaté de rire et lancé un sort de déconfusion au jeune homme.

-Tu te trompes : je suis un flamant rose.

« Non mais il se fiche de toi là? Vraiment… ça ne peut certainement pas être vrai! » Pourtant il semblerait que oui… La posture de plus en plus ridicule de l’auror abordait ne fit que faire loucher la pauvre oubliator qui n’avait maintenant qu’autre choix d’être complètement réveillé. Ses yeux pourtant se mire a loucher dangereusement sur l’arrière train, semblant plutôt ferme du Flamand. « Ne le fixe pas ainsi… il va finir par se retrouver nu sur ton bureau et tu ne saura pas comment expliquer cette situation… » Vrai. « Bon, alors pourquoi il est là? » Alors qu’Arth se posait justement la question mystère la réponse jaillit d’elle-même de la bouche du séduisant « tiens maintenant il est séduisant? » … flamand rose.

-Je suis même un auror flamant rose très malheureux parce qu'une de tes collègues à trouver le moyen de chier un môme y a trois matins et que mon équipe n'est pas au complet... kouac?

« chier un môme… Mais d’où il vient cet auror!! » Arth venait lentement de comprendre ce que l’Auror venait de lui dire. Oui, c’était vrai, une des oubliators venait d’accouché, mais la jeune femme ne voyait pas comment elle pouvait ai-… « tu n’envisage tout de même pas la remplacer!! » Pourquoi pas? Arth était coincée dans les tâches mineurs et si un auror même la réquisitionnait, son patron ne pouvait pas dire non! « Il pourrait très bien dire non à un auror qui se fait passer pour un flamand rose… » Soudainement Arth eu un éclair. Elle se précipita sur l’auror et le traina par le bras en dehors du bureau, sous les regards intrigué de ses compatriotes qui avaient suivit l’échange qui, jusqu’ici, ne menait nulle part. Une fois dans la salle de conférence, Arth relâcha l’auror et décida d’enfin prendre la parole de manière respectable :

-Mon très cher flamand. D’abord j’ai besoin d’un nom! J’vais quand même pas t’appeler flamand ou héron durant toutes nos conversation! Ensuite ton cri du flamand… on repassera… ça ressemble beaucoup plus à … Woooouuaaaakk!!

« franchement tu aurais pu ne pas faire le flamand toi aussi… pas besoin de te mettre au même niveau que lui! »

-Finalement, conclut Arth, j’ai besoin de savoir ce que tu attend réellement de moi. Parce que tu sais que Benson est difficile à convaincre sur quoi que ce soit. Bref. J’attend tes explications!

Arth venait de faire son monologue lorsqu’elle se rendit compte qu’elle venait d’être autoritaire. Pour détendre un peu cette fausse autorité qui émanait d’elle, elle s’installa sur la table de conférence et fixa Héron en souriant de toute ses dents. Pourtant lorsqu’elle regardais Héron, la jeune oubliator n’avait qu’une impression : tout ce qu’elle venait de dire était passé d’un oreille et directement ressortie par l’autre. Pour tenter de repartir la conversation, elle fit apparaitre les bières au beurre qui était située dans les bureaux et en offrit une à l’auror :

-Bon je t’écoute!