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 Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]
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  • Isaac Deniel
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    Isaac Deniel
MessageSujet: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyJeu 16 Oct - 11:18:31

- Personne n’aurait rien vu ! Qu’est-ce que ça pouvait te faire ?!

Isaac fit volte-face au milieu du groupe d’élèves qui sortait du cours de Sortilèges, un regard assassin planté sur Emilien. Son éclat surprenant, interrompit les conversations tranquilles de ses camarades. Les algarades du préfet de Serpentard étaient fréquentes, mais il évitait d’ordinaire d’amorcer une dispute aussi bruyante avec ses comparses. Cette passion soudaine s’expliquait-elle par le statut particulier d’Emilien ? Les deux garçons ne se quittaient presque jamais en cours, et si leurs caractères respectifs provoquaient quelques froids de temps à autre, on ne pouvait relever des marques d’hostilité aussi évidente. Après un départ sec et précipité qui laissait présager une rupture brutale, l’orage frappait enfin. Serait-ce la conclusion de cette belle amitié dont la valeur avait pourtant évincé Lucy Duncan, la Première « meilleure amie » ? La mise à l’écart de la jeune fille avait frappé les esprits lors du dernier bal. On avait été jusqu’à dire que tout avait savamment été orchestré pour mieux l’humilier et qu’Emilien n’avait jamais eu l’intention de danser avec elle. Odieuse pour les uns, suspecte pour les autres – les Serpentard s’étaient tout de même retrouvés à danser ensemble – la ruse avait définitivement rayé Duncan de la liste, anéantie l’idée selon laquelle les verts et argent pouvaient lier une entente durable avec les autres maisons.

- Il ne semblait qu’on s’était mis d’accord ! Alors c’était quoi le problème ?! Tu Devais me soutenir ! Tu crois les mes paroles s’annulent comme ça ? Si tu avais un minimum de fierté, tu l’aurais fait ! Mais non ! Incapable d’assumer ton choix, et assez lâche pour revenir dessus ! Et tu ose me retenir avec de fausses excuses ? Tu m’as déjà vu commettre des imprudences, hein ? Evidemment, pour toi s’est facile, tu attends Toujours que je prenne les risques pour toi !


Après le tonnerre, l’averse. Une pluie mordante et glacée s’abattait sur le pauvre Emilien, le parjure, le lâche, l’ingrat de l’histoire. Les reproches liés à la querelle déclenchée à la fin du cours exhumaient, comme bien souvent, une attitude répréhensible plus ancienne, couvée par l’amitié aveugle. La dispute entrait alors en terrain minée, et elle pouvait être fatale.
Que s’était-il donc passé ? Les badauds indiscrets, qui ralentissaient leurs pas d’une manière si peu discrète qu’elle en était risible, n’avaient rien vu venir. Les choses se passaient souvent de cette façon. Mais, dans le cas d’Emilien et d’Isaac, les motifs étaient effectivement absents, tout n’était que faux semblants. Leur complicité était immense. Pour servir leurs projets, ils devaient se renier publiquement, devant tous les troisième années et, surtout, devant Lucy Duncan. Sa rupture avec Emilien était finalement malvenue et, même si l’idée n’enchantait pas Isaac, encore très méfiant vis-à-vis de la bleu et bronze, elle devait se rapprocher à nouveau de lui. De toute façon, la trahison qui suivrait, devrait ensuite, anéantir toute possibilité de réconciliation et poser une croix définitive sur le problème Duncan. Emilien n’avait aucune raison de se rétracter au dernier moment. Les mousquetaires comptaient sur lui. Un travail de si longue haleine ne pardonnerait pas un recul de dernière minute.

Les deux compères s’étaient mis d’accord quelques jours plus tôt. Le scénario avait pris forme dans l’esprit tortueux d’Isaac, bien sûr. Machiavélique et fourbe, il était le cerveau officiel du trio. Le scrupule ne l’arrêtait pas, le remord ne surprenait pas. S’il fallait feindre de rejeter Emilien quelques semaines et jouer avec les sentiments de cette peste de Lucy, pour assurer la réussite de leur projet, piétiner sa fierté, et resserrer son emprise autour d’Emilien, qui ne soupçonnait toujours rien, il n’y avait pas lieu d’hésiter. Tous les expédients étaient bons, tant qu’ils ne tâchaient pas ses convictions profonde. Et, de ce côté, leur affaire était trop légère pour entamer de graves sujets. Il devait donner toute sa confiance à Emilien et tenait ici son dernier rôle. La suite reposerait sur ses épaules, et le cœur d’Isaac s’affolait dans une poitrine trop serrée. Ils n’avaient rien répété. « En improvisant, nous pourrons gagner en naturel, et être plus facilement convaincant », lui avait-il expliqué. Ainsi, son ami ignorait le jour et l’heure de leur prestation. Filer le reproche était un art facile pour le préfet de Serpentard. Il s’y exerçait chaque jour, et la colère sommeillait toujours en lui. Il lui suffisait d’imaginer Emilien en train de prendre la défense de Duncan pour la faire exploser. A présent, il espérait qu’Athos saurait s’indigner comme il faut. Lucy n’était pas loin. Il devait l’abattre pour la retenir. La défiance qui se lisait dans ses yeux sombre dissimulait une profonde résignation. Il attendait le coup et savait que malgré leurs accords tacites, il ne le laisserait pas tout à fait indemne.
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyJeu 23 Oct - 19:49:02

Le projet avait été mis en place quelques jours plus tôt, peut-être une semaine, lors d’une de ces discussions qu’ils avaient le soir, dans leur dortoir. Depuis leur première année à Poudlard, ils avaient dans l’idée ce défi devenu collectif, cette opération des mousquetaires dont ils revoyaient encore et encore les détails, qui certes leur avait posé quelques problèmes, mais qui n’avaient jamais été aussi proche de l’accomplissement. Restait une dernière chose à régler : la victime. Ils en avaient déjà parlé, de nombreuses fois, et leur choix était en fait assez limité. Lucy leur était apparue comme une évidence – peut-être moins à Emilien qu’aux autres au début – et dès lors, ils avaient tout mis en œuvre pour que tout se passe bien. Seulement pour ça, le Serpentard devait être relativement proche de Lucy. Ce qui était loin d’être le cas … A la fin de l’année précédente, ils avaient eu une légère altercation dans la bibliothèque – appelons ça comme ça – et ils en étaient sortis plus éloignés l’un de l’autre que jamais. Du moins c’était l’impression qu’en avait Emilien. Autant dire que tout restait à faire.

La seule solution ? Une dispute exagérée en plein couloir, devant un public de troisième année dont ferait partie Lucy, une dispute dont elle serait le centre sans vraiment le dévoiler, il fallait juste le laisser entendre. S’il s’était montré très confiant devant Isaac, en réalité Emilien appréhendait légèrement le moment où il devrait lui répondre. Pas de répétitions, ce serait plus naturel. Etait-il capable de s’énerver naturellement contre Isaac ? Oui bien sûr, ça leur arrivait souvent, mais faire semblant ? Après tout, il suffisait qu’il ait réellement quelque chose à lui reprocher, qu’il pense un minimum ce qu’il disait, et ça irait. Sauf que … Il était parfaitement d’accord sur le fait d’utiliser Lucy, de la prendre pour victime. Emilien y avait réfléchi toute la semaine et finalement en était arrivé à la conclusion que, sur le moment, il trouverait forcément quoi lui dire. Ce n’était pas les défauts qui manquaient chez Aramis tout de même ! Il pourrait toujours l’attaquer sur quelque chose …

Et c’est après un cours de Sortilèges particulièrement long qu’Isaac décida de passer à l’action. Emilien ne s’y attendait évidemment pas et fut presque aussi surpris que les élèves qui sortaient du cours et qui s’étaient arrêtés pour les écouter. Il n’eut de toute façon pas vraiment le temps de réagir : Isaac ne s’arrêtait pas et l’accusait entre autres de manquer de fierté, d’être lâche, de donner de fausses excuses et de ne jamais prendre aucun risque. Maintenant, répondre
.

- « On » s’était mis d’accord ? Tu as tout décidé par toi même ! Quoi que je réponde tu penses toujours avoir raison, tes pensées ne tournent qu’autour de toi sauf quand, dans ta grande mansuétude, tu daignes jeter un coup d’œil vers la plèbe !

Le ton montait et il devenait moins difficile de trouver des reproches à lui faire.

- Tu es tellement égocentrique ! C’est toi qui veut prendre tous les risques, toi qui veut absolument te mettre en avant. C’est facile de me traiter de lâche, tu n’as rien à perdre, toi !

Lucy était-elle dans les environs ? Car après tout, c’était pour attirer son attention qu’ils avaient mis tout ça en place. Il fallait également que les autres élèves en soient témoins, mais la présence de la Serdaigle était capitale.

- Toi tu ne risques pas de perdre d’ami, puisque de toute façon tu es incapable de t’en faire ! Tu es incapable de ne pas te prendre pour le centre du monde, mais ça, tu ne t’en rendras compte que le jour où tu te retrouveras réellement seul !
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyLun 3 Nov - 20:48:34

Une journée comme les autres à Poudlard, sans changement notable à l'horizon: les cours se succédaient les uns aux autres, sans laisser aux élèves de troisième année le temps de se reposer un peu, leurs méninges sans cesse sollicités pour apprendre de nouvelles théories, de nouveaux sortilèges, de nouvelles potions... Jusqu'à présent, Lucy avait toujours considéré que s'acharner au travail était une corvée plus que désagréable, à laquelle elle s'était attelée à cause de sa nomination en tant que préfète, mais à présent, c'était presque devenu un refuge. Elle ne parvenait quasiment pas à voir Mariana, Dash non plus, Zézette était malade, et pire que tout, elle devait se farcir les roucoulements de Knaki et d'Orion, dès qu'ils avaient une "réunion au sommet entre préfets". Bref, elle se retrouvait avec la charge de trois préfets sur le dos, ses devoirs, et se faisait de plus en plus acariâtre jusqu'au jour où elle avait pris une bonne décision. Celle de leur montrer ce à quoi ressemblerait la salle commune sans son merveilleux travail. Vous l'aurez deviné, en moins de deux, ça avait été le gros, l'énorme... bordel. Les aiglons s'arrachaient les plumes, tandis que leur préfète disait avoir trop de travail pour s'en occuper. En fait, ça n'avait pas changé grand chose. A ceci près, que cela lui permettait de décompresser, et qu'au lieu d'être sans arrêt d'une humeur de chien, elle était plus zen, plus souriante.

La troisième année sortait tranquillement de deux longues heures de sortilège, en compagnie d'autres Serdaigle de son année, tentant de dévier la conversation du sujet dans lequel elles s'étaient embarquées. Elles se dirigeaient vers la Grande Salle pour aller déjeuner lorsqu'un éclat de voix strident retentit particulièrement fort. Aussitôt, ses camarades stoppèrent net dans le couloir, et se retournèrent en direction de celui qui avait crié. Lucy eut un soupir ennuyé. La vérité, c'est que si la plupart des Serdaigles étaient effectivement des intello irrécupérables, l'autre moitié était composée de personnes avant tout curieuses. Les potins circulaient peut-être plus dans la salle commune des Bleus et Bronzes que dans celle des Serpentard. Maison à laquelle appartenait le proproétaire de la voix aigüe, et elle le savait fort bien, pour s'être maintes fois disputée avec lui lorsque venait leur tour de faire des rondes. Isaac Deniel, préfet de Serpentard. Il lui semblait cependant qu'elle l'avait rarement vu être autant en colère. Une petite voix dans sa tête, lui soufflait de ne pas faire attention à cette dispute, confrontée à deux autres voix qui, elles, hurlaient avec l'énergie du désespoir. Celle de sa conscience de Préfète, qui lui expliquait qu'il lui fallait rester sur les lieux au cas où la dispute dégénèrerait et surtout, celle de sa conscience de commère.

Notre jolie blonde se retourna donc, posant son sac, s'appuyant sur le mur, et croisant les bras, afin de voir l'évolution des évènements, toujours entourées des autres, qui commentaient la situation à voix basse. Un élève de Gryffondor cachait la tête de celui ou celle qui avait la chance de subir les foudres du Préfet Deniel. Visiblement, c'était l'un de ses amis, voire proche. Juste avant que le Rouge et Or ne se décale, cette personne, classée dans les futurs fantômes qui hantaient Poudlard, pris la parole, s'énervant à son tour. Backhand. Lucy jura entre ses dents, se demandant si elle voulait toujours rester ou pas. Mais le ton montait, et définitivement, elle devait surveiller tout cela et se farcir leur dispute de couple. Il faut dire que depuis sa propre dispute en juin, dans la bibliothèque, avec le Milou, les deux ex meilleurs amis ne s'étaient plus adressés la parole. Ils semblaient définitivement brouillés, et vu le comportement exécrable dont Emilien avait fait preuve, Pinpin ne regrettait absolument pas d'y avoir pété laggle.

Lucy écoutait leurs propos sans queue ni tête, qui n'avaient de sens que pour eux, n'essayant même pas de comprendre. Elle avait renoncé le jour où elle était sortie de la bibliothèque avec la certitude d'être débarrassée d'un poids, certitude qu'elle avait tout fait pour garder inébranlable depuis la rentrée, alors qu'elle n'avait cessé de croiser Emilien, et de supporter les grands airs d'Isaac, qui la regardait toujours comme s'il avait remporté un duel latent le jour du bal. Cela ferait bientôt un an d'ailleurs, et il n'avait pas une seule fois cessé de prendre un air supérieur en la voyant. Les jours où elle était de bonne humeur elle parvenait à lui rendre un grand sourire du genre "tu vois je me fous de ce que tu penses, d'ailleurs t'es moche, j'aime pas les moches copyright Mickael Vendetta mais qu'est-ce que tu me fais rire quand je te vois !". Le reste du temps, c'était clairement "si j't'attrape, j'te pète laggle". Clair, net et précis. Des deux, Deniel était sans aucun doute le pire. Voilà pourquoi elle ne put retenir un petit sourire amusé en voyant Backhand lui reprocher son égocentrisme, sa prétention, et le traiter de lâche tout en lui expliquant qu'en continuant comme cela, il se retrouverait un jour, seul et sans ami.


* Y sera pas seul Backhand, tu seras toujours là, de peur de te retrouver seul toi aussi... * pensait-elle en les voyant.

Le ton ne cessait de monter, et il lui fallait intervenir. Hors de question qu'un professeur passe par là et lui reproche son laxisme. Si en tant que Préfet, Deniel était incapable de gérer les débordements d'une dispute que de toute évidence, il avait provoqué, c'était son problème. Mais il était toujours facile de blâmer les spectateurs, aussi la Bleue et Bronze prit-elle un air important, brandissant son badge.

- POLICE ! Préfète ! Dégagez, y a rien à voir on a déjà planqué les corps !


Puis avec une moue résignée, elle se rapprocha des deux Serpentard. Une seule solution avec les Serpents: il fallait faire du bruit pour les effrayer, de manière à ce qu'il ne vienne pas vous mordre. Cependant, il semblait que leur agitation soit telle qu'il serait impossible d'éviter quelques injections de venin.


- Vous deux, soit vous la fermez, soit vous allez régler vos affaires de couple ailleurs. Pas que ça me ferait mal d'enlever des points à Serpentard, mais j'vous laisse une chance de vous en tirer à bon compte, alors saisissez la.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyLun 17 Nov - 15:09:40

Son coup avait porté, une surprise sincère marquait le visage d’Emilien. Il s’était figé avec les autres. La véhémence inattendue de ses propos avait tiré l’incompréhension de son regard, puis, se dégageant du sentiment commun, ses sourcils avaient doucement ployé sous les attaques. Emilien était la victime volontaire de cette avanie publique. Autour d’eux, les oreilles attentives se tendaient, et préparaient sur les lèvres entrouvertes les discussions passionnées du déjeuner. Isaac n’ignorait pas l’impact d’une dispute en fin de matinée. L’évènement, frais dans les esprits, aurait le temps de se propager dans la Grande Salle, on les observerait, chercherait à savoir s’ils allaient se réconcilier pendant le repas, et quelques âmes savantes tenteraient des interprétations… En se tournant vers Lucy Duncan, dont le rôle décisif au sein de cette rupture feinte ne ferait bientôt plus aucun doute.

Piégé, Emilen n’avait d’autre choix que celui de s’emporter à son tour. L’improvisation, la comédie, trouvaient en partie leur fin dans la mise en pratique. Comment, lancer d’un trait une liste de reproches crédibles sans s’inspirer de la réalité ? Il fallait accepter le côté masochiste du jeu. Frapper son ami, et accepter les retours. Si c’était entendu, s’ils ne voulaient pas se faire mal, ils ne risquaient rien. Mais se battait-on toujours à armes égales ? Même les joutes amicales n’étaient pas dénuées de risques. Et Isaac ne pouvait se défaire de l’idée que le réquisitoire d’Emilien ne serait pas tiré d’un puit asséché. Sa réputation de Serpentard désagréable n’était plus à faire, il suffisait d’écouter les autres pour l’attaquer sur un terrain tout à fait légitime. Son ami endossa son rôle à merveille. Il en avait fait un lâche, il en fit un tyran, un oppresseur, un égoïste incapable de respecter ses proches. Et, à bien y regarder, il était impossible d’inverser les portraits. A côté de lui, Emilien, pour un œil extérieur, n’avait qu’un rôle de second. Qui était préfet ? Qui avait été une source de conflits entre Lucy et lui ? Et qui, malgré tout, se pavanait avec Précieuse McLane ? Isaac ne perdait pas une occasion de se faire remarquer, là où son compagnon se montrait plus discret. On l’avait déjà vu reporter sa colère sur lui sans raison apparente. En soin aux créatures magiques par exemple, il lui avait reproché d’avoir provoqué le courroux des licornes qui avaient essayé de le piétiner, après une prestation peu glorieuse de sa part dans leur enclos, et d’autres illustrations de ce genre ne manquaient pas pour conforter leurs spectateurs dans l’idée qu’il méritait ce qui lui arrivait. Parler d’amitié était aussi une très bonne idée. Emilien restituait ainsi sa place à l’odieuse Lucy Duncan. Incapable, selon ses propos, de se faire des amis, Isaac retrouvait son rang de simple camarade. La tournure était habile. Mais, une pensée fugace voila un instant son regard. Au lieu de se braquer, comme il l’aurait fait dans un contexte moins calculé, il encaissa le choc. Aujourd’hui, ils s’exerçaient à l’art dramatique. Cependant, son comportement, finirait-il pas vaincre leurs liens ? Non, ils se connaissaient assez bien pour composer avec les défauts de l’autre. Seul Emilien pouvait se targuer de le supporter à plein temps, il se contentait de reproduire l’opinion générale.

Le ton s’élevait et leur préfète préférée répondit à leur appel, se jetant vaillamment dans la bataille pour séparer les deux trublions. Elle annonça son titre, et quelques élèves lui ouvrirent le passage. Toujours aussi détestable, Mademoiselle Duncan traversa alors la foule d’un pas impérieux. C’était qu’elle ne se prenait pas pour n’importe qui depuis que son directeur avait eu l’idée saugrenue de le mettre à la tête de la maison, avec un quatrième année aussi prétentieux qu’elle ! Le petit chef profita de cette agitation inespérée pour affirmer son autorité. N’avait-elle pas l’immense honneur de remettre à sa place un collègue préfet ? Voyez comme son attitude était exemplaire à côté ! Comme elle avait le sens des responsabilités ! Isaac lui lança un regard mauvais, contrarié. Son intervention arrangeait leur affaire, mais, il ne pouvait s’empêcher de la trouver, une fois de plus, absolument insupportable et déplacée. Et je vous laisse une chance de vous en tirer à bon compte et gniagniagnia… Le pouvoir lui montait à la tête. Pour qui se prenait-elle ? Badge ou non, elle restait la sale blondasse qui avait, entre autres méfaits, tenté d’écarter Emilien des nobles valeurs de Serpentard… ou, du moins, de l’éloigner de lui. S’il la réalisation de leur projet ne lui tenait pas tant à cœur, il se serait laissé emporter par sa fureur. La victoire n’était pas à lui. N’était-il pas censé tourner toute sa colère sur son « ex-ami » ? Il devait refouler les sarcasmes séduisants qui se bousculaient dans son esprit, et présenter un discours ironique et amer. Il se renfrogna.


- Oh faites sonner le clairon, Duncan arrive à la rescousse ! Je suppose que tu es fier de toi Backhand ? Vois comme elle t’es reconnaissante, ton beau sauvetage ne se soldera même pas par une perte de points. Elle ne fera pas cas de ta traîtrise Elle ! Quelle chance… Vous allez pouvoir régler Vos affaires ensemble, et faire l’état de vos exploits du jour. – Il se retourna brusquement, et donna un coup d’épaule volontaire à Lucy. - Mais ce n’est que peine remise Duncan.

Quelques pas plus loin, il adressa un dernier regard tranchant à Emilien – il suffisait d’imaginer qu’il regardait Lucy – et déclara d’un ton sec :


- Ah… Une dernière chose… Moi aussi je me fiche de ce que tu pense de Précieuse.

L’origine supposée de leur dispute était ainsi bouclée. Des amis se brouillaient souvent pour des histoires d’amour. Qu’y avait-il d’étonnant à ce qu’Emilien rejette les choix d’Isaac et renoue avec Lucy ? Sans l’intervention du préfet de Serpentard, les deux compères n’auraient peut-être jamais été séparés. Il avait donné à Emilien des arguments suffisants, sans hésiter à se servir de Précieuse, à l’inviter à la descendre avec toute la cruauté dont il serait capable s’il le fallait. Son statut de petite-amie le satisfaisait sur de nombreux plans, excepté sur celui de l’amour. La première scène se fermait sur sa sortie. Son complice héritait de la suite.


[Excusez le retard. A priori, c'est terminé pour moi <3]
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyMer 7 Jan - 19:05:28

[Juste un peu plus d'un mois de retard alors que c'était censé être un topic rapide ...]

Emilien et Isaac avaient parlé de plus en plus fort dans un seul but : attirer leur proie, la blondissime préfète de Serdaigle, j’ai nommé Lucy Duncan, ex-meilleure amie d’Emilien, ennemie jurée d’Isaac, et on pourrait lui attribuer tout un tas d’autres titres si le but était de remplir des lignes. Ils savaient qu’ils attireraient son attention. Tout d’abord parce qu’elle était préfète et que son rôle était de s’assurer qu’il n’y ait pas de problème entre les élèves, or il était clair que tout n’allait pas pour le mieux entre les deux Serpentard. Ce serait d’ailleurs terrible qu’ils en viennent aux méchants mots, ça blesseraient les petites oreilles des élèves qui n’avaient rien d’autre à faire que de rester pour regarder, et puis s’ils en venaient aux mains, par Merlin, ils pourraient s’arracher des cheveux, peut-être froisser leurs uniformes ! Mais non, ils savaient se tenir, pas besoin d’être rappelés à l’ordre, en tout cas en temps normal. Ensuite – j’avais dit « tout d’abord » - ils pensaient que le simple fait que eux, Isaac et Emilien, se disputent sur la place publique, allait faire venir Lucy. Leur ego préférait bien sûr la seconde explication, mais en réalité peu importait, puisqu’elle était là, la préfète.

Quelle intervention, c’était magnifique ! Les spectateurs réagirent assez mollement, comme n’importe quel élève normal après quelques heures de cours, avant que le souvenir du repas qui les attendait dans la Grande Salle ne leur fasse accélérer le pas et bientôt, il n’y eut plus que Lucy, Isaac et Emilien dans le couloir. Ce dernier se détourna d’Isaac pour faire face à la préfète, les bras croisés, dans une attitude légèrement provocatrice. D’un autre côté c’était facile, il était bien plus grand que Lucy maintenant, il pouvait la regarder de haut avec un petit air condescendant. Comme si elle allait réellement enlever des points à Serpentard parce qu’ils avaient parlé un peu fort dans un couloir, et puis quoi encore, ils n’avaient tué personne qu’il sache. Isaac fut le premier à réagir, sarcastique comme toujours, et sa réponse était lourde de sous-entendus, entre le « sauvetage » et sa remarque à propos de Précieuse en partant …

Maintenant il ne restait que lui. La suite du plan ? Parler avec Lucy, lui faire comprendre qu’il n’avait jamais cessé d’être de son côté, qu’il l’avait « sauvée » comme l’avait dit Isaac, qu’il ne supportait plus celui-ci depuis qu’il sortait avec Précieuse, qu’il avait fait le mauvais choix et qu’il le regrettait. Serait-il aussi bon acteur que son camarade ? D’ailleurs devait-il nécessairement jouer la comédie ou y avait-il une part de vérité dans ce qu’il avait à dire ? Au début il avait réellement répugné à choisir Lucy comme victime, parce que ça avait été sa première amie à Poudlard, que personne ne connaissait aussi bien sa « vie privée » qu’elle – elle était la seule à qui il avait parlé de sa famille un peu en détails – et que finalement, elle ne l’avait peut-être pas mérité. Puis il avait changé d’avis et c’était pourquoi il était là aujourd’hui. Malgré tout le doute ne l’avait pas quitté et il lui arrivait parfois de se poser la question, le soir, quand on avait éteint les lumières et que le regard réprobateur d’Isaac ne pouvait plus se poser sur lui. Avait-il fait vraiment fait un mauvais choix ? A qui pouvait-il faire confiance ? Avait-il raison d’abandonner ainsi son amitié avec Lucy ? De toute façon, elle ne voulait plus lui parler non plus …


- Précieuse, cette pétasse pourrie-gâtée plus conne que ses pieds, [HJ : Pardon pour le gros mot Mad] commenta Emilien avec un reniflement méprisant, le regard au loin alors qu’Isaac tournait au bout du couloir et disparaîssait. Tu m’étonnes qu’ils aillent bien ensemble.

Il se tourna vers Lucy, les bras à présent décroisés comme un signe qu’il n’était plus sur la défensive, fit une moue, remit correctement son sac sur son épaule, et … ne trouva rien à dire. Mince mince mince, et le plan alors ? Il était censé lui parler ! Mais pour lui dire quoi ? Qu’y avait-il vraiment à redire après cette scène ? Isaac avait exprimé quelques sous-entendus, mais ce n’était pas à lui de les éclaircir sans qu’on le lui demande ! Après dix secondes de silence, Emilien se rendit compte qu’il regardait toujours la Serdaigle et qu’il fallait bien qu’il dise quelque chose.

- Euh, moi je vais par là, vu que c’est l’heure de manger, je suppose que toi aussi, à moins que tu n’aies pas faim, ou que tu préfères prendre un autre chemin pour être sûre de ne pas devoir faire le trajet jusqu’à la Grande Salle avec moi, ce que je comprendrais. Donc si tu veux, je pars en premier, je marche très vite et j’arriverai avant toi, tu n’auras pas besoin de me supporter dans le couloir, mais enfin je suis parfaitement supportable quand je ne parle pas, tu sais …

Et voilà, il racontait n’importe quoi. A cause de quoi ? Du stress ? Il préféra s’arrêter avant de s’enfoncer complètement, quoique au point où il en était …
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyMar 10 Fév - 12:07:42

La curiosité est un vilain défaut. Voilà un adage qui avait fini par s'ancrer dans la tête de Lucy, qui avait appris à juger les situations avant de s'en mêler. Si l'indiscrétion pouvait la pousser à vouloir connaître la raison qui provoquait un conflit entre Backhand et Deniel, sa conscience, elle, lui soufflait qu'elle n'avait rien à trouver ici que des ennuis. Malheureusement, le badge de Préfète qui ornait sa poitrine l'obligeait à s'approcher des deux querelleurs, et à les faire taire. Ce serait certainement difficile: l'un comme l'autre ne lui reconnaissaient aucune autorité, et la méprisaient tout autant. Et le statut de Deniel, égal au sien, lui conférait suffisamment d'influence et de pouvoir pour la remettre en question. C'était donc en tant que Perfect Prefect number 2 qu'elle venait mettre son grain de sel, désespérant qu'il ne se trouve aucun autre de ses collègues dans les parages pour régler ce souci à sa place.
En réalité, il y avait aussi une autre raison, qu'elle n'était pas prête d'avouer, qui se distinguait du devoir et de la curiosité. Backhand. Ou plutôt, Emilien. Elle avait beau ne plus lui adresser la parole depuis le mois de juin, il était étrange de le regarder se faire critiquer sans réagir, sans le défendre. Même désagréable. Cette dispute entre son ex meilleur ami et son pire ennemi la mettait mal à l'aise, et elle voulait en finir au plus vite.

Aussi s'approcha-t-elle, trouvant le premier prétexte venu pour les séparer. La menace d'une perte de points ? La belle affaire, comme si elle allait vraiment enlever des points à deux élèves qui se disputaient. C'était simplement parce qu'ils étaient à Serpentard. Et qu'elle n'aimait pas l'un, et sous des dehors haineux, ne savait à quoi s'en tenir avec le second. La troisième année ignora superbement le regard noir d'Isaac, et tenta d'agir pareillement avec la provocation d'Emilien. Elle avait l'air maligne vraiment, à essayer d'être autoritaire sur ces deux-là, d'autant plus qu'ils la regardaient de haut, au sens propre comme au figuré, ce qui la mettait plus mal à l'aise encore. Mais plutôt mourir que de le montrer !
Par ailleurs, le Préfet des Serpent ne tarda pas à ouvrir la gueule pour mordre, et comme elle s'y attendit, ses crocs ne l'épargnèrent pas. Seulement, le venin de ses propos touchait aussi Backhand, ce qui la surprit: malgré leur dispute, Isaac ne s'ingéniait-il pas à lui empoisonner la vie en démontrant à tous et à toutes sa complicité avec Emilien ? D'une part, parce qu'il savait que cela faisait toujours enrager la blondinette depuis l'épisode du bal, d'autre part, eh bien, ne le soupçonnait-on pas d'être amoureux de Backhand ? Elle avait eu droit aux mêmes rumeurs sur son compte, mais ça n’était pas la même chose… Ou plutôt si. Elle savait très bien d’où venait la haine qui l’opposait à Deniel, et inversement. Ils se considéraient comme des rivales dans le cœur de Milou.

Après un vague indice comme quoi Emilien aurait défendu l'Aiglonne, Deniel décida de quitter les lieux, la bousculant au passage. Si sa petite taille l'obligea à vaciller sous le coup, la force qu'elle avait acquise avec le quidditch lui permit de ne pas perdre davantage l'équilibre, et de conserver un minimum la face. Une dernière remarque sous-entendant que l'objet de leur dispute était Cudacier et le plus Serpent des deux s'éloigna en persifflant. Il laissait entendre qu'Emilien avait critiqué McLane. Eh bien, tout n'était peut-être pas perdu, il y avait peut-être un minimum de clairvoyance dans l'esprit de Backhand. C'était plus qu'elle n'avait escompté. Enfin, de toute façon, il ne voulait plus lui parler... Lui-même avait fait le diagnostic, et ses propos paraissaient alors clairs, d'une limpidité semblable à celle du lac sous les rayons du soleil d'été. Ils ne se supportaient plus. Si Pinpin l'avait accepté dans un premier temps, puis regretté dans un deuxième, elle avait enfin finit par se faire une raison. Le constat signifiait surtout qu'il ne la supportait plus. A partir de là, elle n'allait pas se mettre à lui courir après dans l'espoir d'entrer de nouveau dans ses bonnes grâces. Puisqu'elle n'était pas assez bien pour lui, tant pis. Pourtant, elle n'aimait pas jeter l'éponge trop vite, et malgré le nombre d'éclats et de réconciliations qu'il y avait eu entre elle et le Milou, elle ne pouvait parfois s'empêcher de s'interroger, lorsqu'elle le croisait au détour d'un couloir et détournait le regard pour éviter de croiser ces yeux si particuliers, qu'elle avait tant appréciés.

Le Serpentard lâcha un commentaire insultant à propos de Gollum, puis de Deniel. Commentaire que Lucy ne releva pas. Certes, ces mots traduisaient à peu près la pensée qu'elle se faisait du couple de Serpents, mais l'un d'entre eux était, jusqu'à très récemment, l'un des meilleurs amis de Backhand, et il regretterait probablement ses paroles dans quelques heures. Cependant, ce n'était pas elle qui irait lui faire la morale sur ce sujet là, encore moins lorsque ces propos lui semblaient tellement véridiques ! Mal à l'aise, elle ne savait que dire, lorsqu'il se tourna vers elle, perdant son attitude provocatrice, moins agressif. En fait, il paraissait tout aussi gêné qu'elle. Il la regarda pendant une dizaine de secondes, comme s'il allait prendre la parole, avant justement, de partir dans des explications emmêlées. Elle le dévisagea avec curiosité, ne saisissant pas son attitude étrange. Il était... gentil. Presque repentant. Il n’était plus sûr de lui, hésitant dans ces mots, presque bégayant. Attendrissant en fait. Pinpin avait du mal reconnaître là son ex meilleur ami, ni même son nouvel ennemi d'ailleurs. Pourtant, que pouvait-elle lui répondre ? Elle dansait d'un pied sur l'autre, ne sachant que dire: puisqu'il entamait la conversation, il fallait répondre. Tout son être tendait vers une réponse que la sagesse désapprouvait.


- Tu peux rester, tu peux parler aussi ça me dérange pas..., dit-elle d'une voix timide, on peut bien se supporter dix minutes, non ? Enfin si tu veux, j'me tais...

Lui avait-il manqué ? C'était si étrange tout d'un coup de se reparler comme si de rien n'était, comme si six mois plus tôt, ils ne s'étaient pas répandus en injures l'un sur l'autre, décidant que toute coopération était fatalement impossible. Un véritable festival de déclaration, le silence dévoilant la colère derrière son masque, révélant ses dessous de rancoeurs sous le jupon de l'hypocrisie, dans une danse de mépris autours de la jalousie et de l'intolérance, s'était joué au milieu de la bibliothèque ce jour-là, dans la section botanique. Après des flots d'injures et de critiques, la fureur avait laissé place au vide de l'indifférence. Elle ne s'était pas rebellé contre l'existence qui semblait lui imposer désormais de tirer un trait sur cette amitié, avait vécu comme si de rien n'était, sans éprouver de sensation particulière, si ce n'était, de temps en temps, un petit pincement au coeur en repensant aux bons moments passés. Et à présent, voilà que tout cela ne semblait pas avoir eu lieu, comme s'il s'agissait d'une longue période de sommeil et qu'elle s'éveillait, l'esprit un peu embrumé, la langue pâteuse de ne point lui avoir parlé durant tout ce temps. C'était indéniable, la situation était étrange. Le changement physique y était peut-être pour quelque chose aussi, peut-être était-ce lui qui lui donnait l'impression de ne pas faire face à la même personne, mais à quelqu'un de beaucoup plus intimidant. Il faut dire qu'Emilien avait grandi en six mois. Elle aussi bien sûr, bien que peu, mais s'ils faisaient à peu près la même taille en juin, il la dépassait désormais d'une bonne tête au moins, et son visage perdait ses rondeurs d'enfance. Avait-elle elle aussi, changé à ce point ?

- Tu... tu vas bien ? demanda-t-elle à tout hasard.

Question stupide. Il répondrait oui, alors que la réponse était non: il venait de se disputer avec son meilleur ami, comment pouvait-il bien aller ? Encore une fois, elle se repentirait de s'être essayée à la politesse, lorsque réconcilié avec Deniel, et revenu à la réalité, Backhand signalerait au préfet des Verts et Argents, qu'on se demandait bien d'où provenait le mythe de l'intelligence des Serdaigle, quand on voyait leurs questions et raisonnements absurdes. Il ajouterait qu'elle en était l'exemple type, et ainsi, sans doute pourraient-ils entamer une joyeuse conversation sur le cas Duncan. Si jamais un jour Lucy avait les oreilles qui sifflaient, elle savait d'emblée à qui s'adresser. Ses Majestés des Limaces, gastéropodes englués dans les fauteuils de leur salle commune, se risquant parfois à ramper et grouiller dans leurs cachots, où l'humidité et l'obscurité constituaient d'excellents facteurs naturels pour la survie de leur espèce.
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyLun 16 Fév - 11:56:34

Et le voilà qui s’embrouillait comme un gamin trop timide pour s’exprimer, c’était ridicule. Emilien n’avait jamais eu de problème pour s’expliquer, il n’était pas timide par ailleurs, il ne se laissait pas déstabiliser par ses interlocuteurs qu’il considérait comme inférieurs à lui-même, sinon égaux dans le meilleur des cas. Pourquoi d’un seul coup se mettrait-il à hésiter, à s’enfoncer au fur et à mesure qu’il parlait ? Encore heureux, il ne bégayait pas. Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Même face à Lucy, il ne lui avait jamais semblé avoir de problème. Quand ils avaient été … amis, il lui parlait naturellement, comme à n’importe quel ami, ce qu’il disait était clair, il n’avait pas à ajouter des explications de plus en plus stupides alors qu’il parlait. Bien sûr, lors de leurs réconciliations – si nombreuses, en réalité – c’était un peu plus difficile, il fallait briser la glace, faire attention à ne pas blesser l’orgueil de l’autre – et avec Lucy ce n’était pas évident, pensa-t-il en réprimant un petit sourire. Mais même dans ces moments, ce n’était pas aussi difficile qu’en ce moment, alors qu’ils étaient seuls dans le couloir, face à face. Il ne trouvait pas ses moments, il ne savait pas quoi dire qui ne soit pas trop bête, et pourtant dès qu’il ouvrait la bouche il se sentait terriblement ridicule. Ça ne pouvait pas uniquement être à cause de leur dernière dispute, bien qu’elle ait été assez … violente émotionnellement parlant. Sur le moment ça avait été facile pour Emilien mais par la suite …

Même Lucy le trouvait étrange, ça se voyait, ça se lisait sur son visage alors qu’elle le regardait curieusement. Il n’avait pas rêvé, il était bien en train de raconter n’importe quoi, contrairement à son habitude. Peut-être valait-il mieux qu’il se taise, en fin de compte … Mais la Serdaigle lui répondit qu’il pouvait rester, et même parler, que ça ne la dérangeait pas, et le soulagement qu’il ressentit à ce moment lui fit comprendre à quel point il avait redouté que Lucy s’en aille de son côté sans rien dire. Et ce n’était pas juste pour le plan. Il lui semblait que celui-ci n’avait plus grande importance à présent. Pourtant, cela faisait des mois qu’ils y travaillaient, Isaac et lui, qu’ils décidaient des grandes lignes, des détails, qu’ils prévoyaient de se disputer un jour après un cours afin qu’Emilien puisse parler à nouveau à Lucy, et s’en refaire une amie. Le plan avait été bien pensé, vraiment, ils n’avaient négligé ni l’impact de leur dispute bruyante dans les couloirs, ni la réaction de la Serdaigle. Ils avaient bien pensé à évoquer Précieuse, que Lucy détestait depuis toujours – en tout cas depuis sa première année – ni à laisser entendre qu’Emilien avait pris la défense de la Serdaigle face à Isaac. Mais ils avaient probablement négligé le plus important : le côté humain d’Emilien. Il ne pouvait humainement pas détester Lucy de cette façon, pas après ce qu’ils avaient vécu – un bien grand mot pour deux petites années scolaires.

Et qui le pouvait d’ailleurs ? Emilien n’eut pas le temps de divaguer plus longtemps sur la question car Lucy avait repris la parole, hésitante. Certes la question était stupide, d’un côté, et dans d’autres circonstances il aurait aussitôt répliqué ironiquement, sarcastiquement, histoire de clouer le bec de l’abruti qui aurait posé la question. Mais c’était différent, c’était Lucy …


- Globalement, je survis, répondit-il d’abord après quelques secondes de réflexion. Mais dernièrement, je dois admettre que c’était un peu plus … difficile. Quand on se rend compte qu’on a pas le même avis sur beaucoup de choses, et sur des choses de plus en plus importantes, forcément ça entraîne quelques … scènes comme celle-là.

Et c’était vrai. Parfois il lui semblait que son amitié avec Isaac ne tenait pas à grand chose, tant ils passaient de temps à se disputer. Certes c’était souvent pour des broutilles, les disputes étaient à peine terminées qu’elles étaient oubliées, mais pour certaines autres … Par exemple, si l’on en revenait à Lucy, Emilien avait mis longtemps avant d’accepter qu’elle serve de victime à leur plan. Il avait fallu le bal pour qu’il change d’avis. Et encore … Dans les premiers mois il avait été très déterminé. Le devoir de botanique et leur dispute dans la bibliothèque à la fin de l’année dernière avait ravivé cette détermination. Mais ensuite, les mois avaient passé – notamment l’été, pendant lequel il avait eu tout le loisir de ressasser son année scolaire, ses souvenirs avec Lucy, ceux avec Isaac – et inconsciemment, il avait commencé à détester l’idée de faire du mal à la Serdaigle. Enfin, du mal, encore une fois c’était exagéré. Mais s’ils mettaient leur plan à exécution, ça n’allait pas lui faire du bien, et ce serait de sa faute. Voulait-il réellement blesser Lucy dans son amour-propre à ce point-là ? Que lui avait-elle réellement fait ? Et quoi qu’elle ait pu faire, cela méritait-il une telle punition ? Evidemment, elle l’avait vraiment énervé, elle l’avait déçu par moments, mais si c’était tout …

- Et toi ? finit-il par lui retourner.

Comment lui en vouloir vraiment, maintenant qu’il la regardait marcher à côté de lui – pas très vite, et c’était pour le mieux – à la lumière du soleil qui avait finalement daigné éclairer Poudlard ce midi ? C’était comme s’il n’avait jamais vraiment regardé Lucy, et qu’il découvrait d’un seul coup à quel point ses cheveux, ses yeux … Il tenta de se secouer mentalement. En deux ans d’amitié – sans compter les nombreuses disputes – il n’avait jamais eu de telles pensées, alors pourquoi maintenant, alors qu’il était censé se servir d’elle … Avait-il déjà regardé Lucy comme une fille, et non pas comme n’importe quel ami ? C’était peut-être ça le problème. Il avait grandi depuis la dernière fois qu’il lui avait adressé la parole, mais il refusait d’accepter l’évidence.
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyVen 20 Fév - 20:53:47

Oui, sa question était vraiment d’une stupidité sans égale, et au fur et à mesure que les secondes passaient, Lucy regrettait d’avoir parlé sans réfléchir. Demander des nouvelles d’Emilien ? Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Trop souvent, son cœur dominait sa tête, mais cette fois-ci en particulier, sa tête ne comprenait pas à quoi jouait son cœur. Ce n’était pas faute d’avoir ressassé la situation durant des heures et des heures.
Après leur dispute au mois de juin, sa première réaction avait été d’aller s’enfermer dans son dortoir. Allongée sur son lit, la tête enfouie dans son oreiller, Pinpin, furieuse de se sentir aussi blessée qu’elle l’était par les propos du Vert et Argent, avait refusé de voir qui que ce soit, et ses camarades de dortoir, venues prendre des affaires, s’étaient vues accueillies aussi chaleureusement que par un iceberg. La curiosité, la compassion ; rien n’y avait fait, l’Aiglonne avait refusé d’expliquer ce qui l’avait mise dans cet état-là. Contrairement à leur habitude, le regret et la mélancolie avaient mis bien longtemps à succéder à la colère. La seule personne que Lucy ait mise au courant son sympathique échange avec Milou était Mariana. Si elle n’était pas vraiment certaine de la discrétion de cette dernière, elle pouvait au moins compter sur les capacités de la Lionne à lui remonter le moral. « Et boom, dans sa face ». Et ça n’avait pas manqué. L’énervement dont avait fait preuve la Rouge et Or avait eu pour effet d’apaiser celui de la Bleue et Bronze. Il faut avouer qu’il y avait de quoi s’arracher les cheveux lorsque l’on assistait – ou que l’on se voyait expliquer la situation – à chacune des disputes qui opposaient Milou et Pinpin. Celle-ci, il faut bien l’avouer, n’était pas un témoin impartial, et étonnamment, dans sa version de l’histoire, Emilien se voyait doté de beaucoup plus de défauts qu’il n’en avait en réalité.

Mais voilà qu’au lieu de l’envoyer paître d’une remarque acerbe comme elle s’y était attendue, le Serpent, après un bref silence, lui répondit. Et la Serdaigle défiait quiconque de déceler la moindre once d’ironie ou de sarcasme dans ses paroles, ou dans le ton qu’il avait adopté pour les prononcer. Peu à peu, il semblait reprendre un peu d’assurance, du moins était-ce l’impression qu’avait Lucy, même s’il mettait un peu plus de temps que coutume à trouver ses mots, et formuler ses phrases. Mais si elle-même devait parler en cet instant, réagirait-elle différemment ?
Il expliqua alors qu’il n’allait pas trop mal, même si ces derniers temps, les tensions avaient été plus présentes entre Isaac et lui. Des conflits fréquents, qui donnaient lieu à des disputes plus ou moins violentes. Sur ce point, la blondinette retint un sourire sarcastique, en songeant que c’était bien le genre du Préfet des Serpents de pinailler sur des détails, et celui de Milou de ne pas se laisser marcher sur les pieds. De toute façon, ils seraient bientôt réconciliés. Si Emilien et Lucy avaient été réputés pour leurs longues disputes et le temps qu’ils mettaient à se pardonner l’un et l’autre, ce n’était pas le cas avec Isaac. Les deux comparses étaient sans cesse en train d’argumenter leurs causes, mais l’instant d’après, lorsque les voix s’étaient trop élevées, tout était oublié. Elle ne doutait pas que le soir même, dans leur salle commune, ils seraient tout deux en train de rire. Et Deniel de se moquer de lui parce qu’il avait finalement passé un moment avec elle pour ne pas être seule. Bouche-trou. A cette pensée, le cœur de la Bleue et Bronze bondit. Elle ne voulait pas passer pour la bonne poire de service, et souffrir en retour. Dès lors, elle redevint plus distante, sans pour autant se faire agressive. Cela ne servirait à rien.

D’ailleurs, Emilien lui demanda comment elle allait. En effet, une question aussi anodine n’était pas censée trouver autant de temps, pour faire son cheminement entre les labyrinthes de l’esprit et la bouche. Pourtant, que dire ? Ils avaient été proches, et un premier réflexe tendait à lui faire raconter sa vie. Rien de bien intéressant en somme, mais une façon de lui dire ce qu’il avait manqué, tous les évènements qu’il n’avait pas vécus. Mais avec un léger soupir, Lucy prit conscience que ce n’était pas la peine. Bientôt, la vie normale reprendrait son cours, et cet épisode tomberait inexorablement dans l’oubli. Peut-être s’y raccrocherait-elle désespérément, comme un marin accroché à la dernière planche de son bateau, un salut provisoire, nécessaire pour la survie. Mais tôt ou tard, cet étrange armistice serait englouti au fond de sa mémoire. Ce n’était pas grave, ça ne l’était jamais. La terre continuerait à tourner, et la vie à se dérouler, tranquille. C’était juste douloureux. Et ça le serait encore probablement pendant un certain temps. On est proche de quelqu’un, et tout d’un coup, l’incompréhension, les quiproquos et les non-dits se mettent entre vous. On se dispute, on déclare un état de paix, sans pour autant redevenir proche, et finalement, on se rend compte que rien n’a vraiment changé. La première raison venue est bonne pour dire du mal de vous, alors que tout paraissait stable. L’indifférence n’empêche malheureusement pas l’hypocrisie. Malgré tout, peut-être une pointe de masochisme, poussait à faire des efforts envers l’autre, et à retenir parfois sa propre langue pour ne pas faire empirer la situation, et par respect aussi, de cette amitié brisée. Pourtant, il est un moment où il faut se résigner, accepter les évidences. Sous ces dehors où vous vous ignorez vient se distiller l’agacement dans le cocktail empoisonné. Et dans ce cas-là, les ennuis ne sont pas bien loin…


- Oh, moi ça va…


Pinpin n’ajouta rien, sachant que les langues de vipères, avaient un don pour prendre de vos nouvelles en prenant des airs innocents et angéliques, alors qu’en réalité il n’en était rien. Il y avait de quoi regretter la moindre information un tant soit peu personnelle dévoilée durant une conversation. Alors, VIGILANCE CONSTANTE ! Les paroles de Maugrey, même du faux, s’appliquaient dans toutes les situations. D’un autre côté, la diplomatie et Lucy ça faisait quatre. Elle n’aimait pas prendre milles et uns détours pour parler aux gens et avaient toujours apprécié la franchise, même lorsqu’elle n’était pas toujours agréable à entendre. Pour elle, il n’y avait pas vraiment d’autre moyen d’avancer, même si elle reconnaissait volontiers que parler toujours aux gens en face était chose difficile. Ah les relations sociales ! Souvent compliquées, parfois bénéfiques, mais jamais inutiles. Le seul inconvénient : pour réussir, il fallait souvent être calculateur et envisager chaque option à l’avance. Ce pour quoi la blondinette n’était pas très douée.

- Faut dire chui bien occupée, dit-elle, faisant référence à son poste de Préfète et de Captain’.

Ca n’avait absolument aucun intérêt, et Emilien était au courant de ces deux faits. Mais c’était justement une conversation banale, dont elle espérait n’avoir aucun autre retour que celui de la réputation de la fille inintéressante. Pourtant, elle aurait vraiment aimé lui faire confiance. Vraiment.
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyJeu 18 Juin - 14:49:21

Alors qu’ils avançaient toujours, lentement, sans se presser, Lucy lui répondit brièvement, sans donner vraiment de détail. Une réponse qu’elle aurait pu donner à n’importe qui. Oui elle allait bien, elle était bien occupée. Certes, mais encore ? Une fois de plus Emilien réalisait qu’il y avait quelque chose qui lui manquait, quelque chose qu’il avait lorsque Lucy et lui étaient encore amis. Quelqu’un à qui parler franchement, à qui il pouvait parler de lui mais aussi qui répondait à ses questions. C’était un échange équitable. Chacun racontait un peu de sa vie, c’était donnant-donnant, on pouvait se faire confiance. Au fur et à mesure qu’ils se connaissaient mieux, Emilien avait appris à faire confiance à Lucy, à lui parler plus volontiers de sujets qu’il n’aborderait pas avec n’importe qui. Sa famille par exemple. En avait-il déjà vraiment parlé avec Isaac ? Pas sûr … Même la première fois qu’ils s’étaient vus, ils avaient déjà évoqués ce sujet-là. Emilien, qui arrivait à Poudlard avec tous ses préjugés, ses à priori et presque sa crainte de s’ouvrir aux autres, avait été capable de parler à Lucy sans trop de mal – même si au début il l’avait trouvée un peu bizarre. Est-ce que c’était quelque chose qui se voyait ? Est-ce qu’en regardant simplement quelqu’un, on pouvait deviner si c’était une personne digne de confiance, qui écouterait ce qu’on avait à dire ? Si non, comment en était-il arrivé à raconter sa vie à Lucy ? Et comment en étaient-ils arrivés à ne plus rien pouvoir se dire ?

Là dans ce couloir, la façon dont Lucy lui avait répondu le rendait un peu triste, quelque part. Certes, ils ne s’étaient pas parlé depuis longtemps, et la dernière fois, ça n’avait pas été très joyeux. Qui avait été le pire, lui ou elle ? Peu importait, il méritait sans doute que la Serdaigle ne lui parle plus, mais … A présent qu’il lui reparlait – depuis cinq minutes, et alors – est-ce qu’elle ne pouvait pas faire un effort ? Est-ce qu’il n’avait pas l’air honnête ? Lui-même avait fait plus d’une phrase. Mais il avait perdu la confiance de Lucy, c’était comme ça. Peut-être dramatisait-il un peu, après tout, ils n’allaient pas tomber dans les bras l’un de l’autre alors qu’ils ne s’étaient pas adressé la parole depuis des mois. Elle n’allait pas non plus lui raconter en détails tout ce qui lui était arrivé depuis ! Pendant un instant Emilien se demanda si lui ne l’aurait pas fait. Pas avec n’importe qui, évidemment, mais en ce qui concernait Lucy … Il finit par se dire que non, il n’avait pas l’air honnête, malgré tout. Il n’était pas à Serpentard pour rien. Il avait déjà été hypocrite, il avait déjà menti, de nombreuses fois. Pourquoi pas ce jour-là ? Pourquoi soudainement il serait aimable, soucieux des autres, attentif ? Pour rien, forcément. Et puis ce n’était pas les autres, c’était juste Lucy.


- Je vois …

C’était surtout histoire de dire quelque chose. Ils ne s’étaient pas arrêtés, mais ils ne disaient plus rien. Comme s’ils n’avaient plus rien à se dire. Pourquoi est-ce que ça ne pouvait pas se passer comme dans un film ? Pourquoi Emilien n’était-il pas capable de s’arrêter, de prendre Lucy par les épaules et lui dire ce qu’il pensait, hein ? Qu’il voulait qu’ils redeviennent amis, qu’ils se parlent à nouveau, qu’il avait été horrible dans la bibliothèque la dernière fois et qu’il ne pensait rien de ce qu’il avait dit ? Que Lucy était une personne formidable, qu’elle lui manquait, qu’elle était l’une des seules personnes à qui il tenait vraiment, à l’école ? Qu’il l’aim… Non, il ne dirait pas ça. Ce n’était pas vrai, ils étaient juste de bons amis. Enfin, avant qu’ils se disputent. De toute façon, rien ne se passait comme dans un film. Et Emilien était sûr que s’il ne disait rien que l’une de ces phrases, Lucy ne lui répondrait pas grand-chose, voire lui dirait qu’après toutes ces disputes, elle doutait qu’ils puissent vraiment être amis. Mais alors quoi, ils allaient continuer comme ça jusqu’à la Grande Salle, se séparer, chacun partant vers sa table, sur un « Bon ben, à la prochaine. » ? Sans doute.

- Euh, écoute …

Il s’arrêta un instant et reprit.

- Je suis désolé. Pour ce que j’ai dit, ce que j’ai fait … J’ai vraiment été con. Pardon.

Non, Emilien n’était pas du genre à expliquer à Lucy qu’elle lui manquait, qu’il voulait au moins qu’ils redeviennent amis. Et puis si ce n’était pas réciproque, à quoi bon ? Pourquoi se faire du mal, hein … Il s’était au moins excusé, c’était le minimum qu’il pouvait faire. Peut-être s’il avait été un peu plus courageux, ou s’il s’était senti plus dramatique dans l’âme, il en aurait rajouté. Emilien n’était pas un personnage de film, il aurait fait un héros pathétique de toute façon, ou un méchant pitoyable. A présent, le plan des mousquetaires était bien loin dans son esprit …
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyJeu 18 Juin - 20:12:41

Un lourd silence suivit les paroles de Lucy, qui ne put s'empêcher de penser à nouveau à l'étrangeté de la situation. Emilien semblait déconcerté de l'attitude peu loquace qu'elle adoptait vis-à-vis de lui. Mais à quoi s'attendait-il ? Après s'être prêté au jeu de l'humiliation d'Isaac lors du bal de Noël, 'avoir insultée dans la bibliothèque, et royalement ignorée pendant plus de six mois, comment croyait-il qu'elle réagirait ? Elle n'était pas particulièrement rancunière, mais elle avait sa fierté, et il n'avait cessé de la piétiner durant une année entière. Elle n'avait plus aucune confiance en lui, et avait perdu le goût de la naïveté. Rien ne serait jamais plus comme avant, et de cela, elle en avait la certitude, tandis que, côte à côte, leurs pas les menaient vers la Grande Salle. Pourtant, à la pensée inexorablement, ils allaient se séparer tellement simplement, après tout ce qu'ils avaient traversé, la Serdaigle sentait sa gorge se serrer, son coeur battre la chamade beaucoup trop vite. Oui, elle avait peur, peur que leur séparation de ce jour ne cloue définitivement la fin de leur histoire commune. L'idée la terrifiait. Mais pourquoi ?

La Bleue et Bronze refusait d'admettre que malgré elle, elle tenait encore à lui, qu'il lui manquait, pourtant, elle sentait bien que quelque chose s'était totalement brisé le jour de leur dernière dispute. Les gens changent, grandissent... C'était un nouvel Emilien qui lui faisait face à présent, tout comme elle savait qu'elle n'était plus la même. Physiquement, c'était une chose, mais qu'en était-il mentalement ? Seraient-ils tout deux capables de cesser de se blesser mutuellement à la première contrariété venue ? Elle s'en voulut de l'espérer. N'avaient-ils pas assez souffert ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas être des amis normaux ? Elle s'arrêta de marcher lorsque le Vert et Argent stoppa brusquement. Deux évènements survinrent immédiatement après, soudains, inattendus. Elle croisa le regard si particulier d'Emilien, et l'évidence la frappa de plein fouet: ils ne pouvaient pas être amis, car ce n'était pas de l'amitié qu'elle ressentait à son égard. Elle était amoureuse. Comment ne s'en était-elle pas rendu compte plus tôt ? Mariana et Ashley l'avaient bien vu elles ! Elles n'avaient cessé de la taquiner à l'endroit du Serpentard, tandis qu'elle avait démenti toutes leurs affirmations grotesques. C'était elle qui était grotesque ! Aveugle ! Quoi qu'ouvrir les yeux ne résolvait pas son problème. Bien au contraire. Elle ne pouvait qu'admettre le déséquilibre de la situation. Rien ne pourrait s'arranger, tant qu'ils n'auraient pas trouvé une situation adéquate. Laquelle ? Le seul moyen d'éviter les cris et les larmes, résidait dans le tout... ou plus probablement dans le rien. Pourquoi voudrait-il d'elle ?

Paranoïaque, hystérique, fière, susceptible, naïve, jalouse, il l'avait dit. Il avait appuyé chacun de ses adjectifs, là où ils la blessaient le plus. Lucy aussi s'était déchaînée contre lui en aussi divers que charmants sobriquets. Et à présent qu'ils avaient tout soigneusement détruit, ils se retrouvaient face à face devant les ruines de leur amitié. Eprouvait-il autant de honte qu'elle ? Il semblait évident qu'ils ne pourraient pas reconstruire exactement les mêmes bâtiments. Elle soupira. Non, elle ne voulait pas le perdre. Oui, elle l'aimait. Elle l'aimait, et elle était totalement incapable de tourner la page, de tirer un trait sur lui. Rien que d'y penser, elle avait les larmes qui lui montaient aux yeux, minuscules cristaux emprisonnés sous ses paupières. En même temps, avoir compris d'où venait problème, lui ôtait un véritable poids. On s'en remettait de l'amour... enfin c'est ce qu'elle avait cru comprendre. Ou pas ? Roméo et Juliette pour ne prendre que des classiques, ne s'en étaient pas vraiment remis, eux.

Puis, le second évènement - enfin - coupa son raisonnement aux allures de panique et qui remettait en cause tout ce qui les avait lié auparavant. Emilien s'excusa. Deux fois. Déconcertée, la petite blonde le fixa pendant quelques secondes avant de détourner les yeux. Elle avait beau chercher un endroit où poser son regard, ils revint se planter dans celui du Vert et Argent. Elle pâlit légèrement.


- Oui, t'as été con. Elle se tut un instant. Mais j'ai pas vraiment été un exemple non plus, nen ?

Lucy fit un pas vers lui, hésitante, elle lui prit la main, et l'embrassa sur la joue. Simplement. En apparence, car en réalité, les battements de son coeur auraient pu servir de batterie dans un concert de rock.

- Je suis vraiment désolée... la façon dont j'ai réagi au bal... la bibliothèque... C'est d'ma faute, je l'sais...

Elle n'aimait pas vraiment jouer dans le mélodramatique, ce n'était pas son genre de prendre des airs accablés pour qu'Emilien la console en lui assurant qu'elle était aussi responsable qu'elle. Mais à présent, qu'elle savait d'où venait leur problème, elle ne lui en voulait plus, et c'était ce que ses propos sous-entendaient. Il avait mal réagit parce qu'elle avait mal agit. Normal.


- Mais... il y a quelque chose qui ne va pas entre nous, nen ? Une pièce du puzzle qui est pas à sa place...


Une perche tendue ou une énigme qu'elle serait la seule à résoudre ? La suite le dirait bien...
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MessageSujet: Re: Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette]   Dis leur que tu l'aimes ! [Dallas] [Milou et Lucette] EmptyVen 26 Juin - 10:22:10

La simple scène de réconciliation prenait une importance inattendue, alors qu’ils avaient déjà vécu ce genre de scènes, lorsqu’ils s’étaient réconciliés dans le train en première année, dans la salle de bain en deuxième année … Ils auraient pu se réconcilier dans la bibliothèque, mais l’humeur d’Emilien ne s’y était pas prêtée, et leur différend était encore trop présent dans son esprit. Pour qu’il accepte de lui « pardonner » cette fois, il avait fallu ces longs mois de séparation totale, de longues nuits et de longs jours de réflexion, seul, pour admettre qu’il était tout aussi coupable qu’elle. Si cela avait pris plus de temps que les autres fois, c’était peut-être à cause de l’attitude d’Isaac, qui l’avait tellement poussé à détester Lucy … Pourquoi y tenait-il tant ? Simplement parce qu’il n’aimait pas la Serdaigle ? Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas avoir des amis qui s’entendaient bien, tout simplement ? Surtout que des amis, il n’en avait pas énormément, des vrais amis encore moins. D’ailleurs, après ça, comment réagirait Isaac ? Peu importait en réalité, sur le moment.

Emilien avait redouté qu’elle l’envoie tout simplement promener, lorsqu’il s’était excusé, c’était ça de faire le premier pas. Si elle lui répondait que oui, il était con, et que c’était pour ça qu’ils valaient mieux qu’ils ne se parlent plus, que ferait-il ? De quoi aurait-il l’air ? Mais il s’était déjà posé ces questions dans le passé, lors de leurs autres réconciliations par exemple, et comme à chaque fois, Lucy réagit comme il l’avait espéré, enfin, plus ou moins. Elle approuva certes le fait qu’il était con, mais elle ne s’arrêta pas là et ajouta qu’elle n’avait pas été beaucoup mieux. Qu’était-il censé répondre ? Que non, tout était de sa faute à lui, qu’il avait été pire ? Surtout qu’il savait que ce n’était pas vrai et que Lucy avait également des choses à se reprocher, mais ce n’était pas le moment de le faire remarquer, en répondant quelque chose comme « Ah ben ça oui, tu peux le dire ! ». Rien n’aurait plus déplacé, et il avait un minimum de tact, quand il décidait de faire preuve de diplomatie. Lucy interrompit ses réflexions lorsqu’elle lui prit la main, et surtout, l’embrassa sur la joue. Qu’est-ce que … ? Pris au dépourvu, il ne put s’empêcher de rougir brièvement, et resta planté là comme un idiot. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Est-ce qu’elle … ?

Lucy s’excusa à son tour, déclara que c’était de sa faute, etc … Emilien était trop troublé pour réagir tout de suite. Et puis les mécanismes de son cerveau se mirent en route, et il finit par se dire qu’après tout, ça ne voulait pas dire grand-chose. Quand ils étaient encore amis, il était déjà arrivé que Lucy le serre dans ses bras par exemple, lorsqu’ils s’étaient réconciliés. Pourquoi ce serait différent cette fois ? Peut-être son cerveau refusait-il d’admettre tout simplement l’évidence, mais c’était comme ça, il n’était toujours pas un héros de film qui en guise de réponse aurait simplement embrassé la fille sans se poser de questions. Et puis, c’était Lucy … Ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas, mais … Il n’y avait aucune raison que ce soit réciproque, et si un jour Emilien devait prendre des risques, ce serait une autre fois. Lucy reprit la parole, puisqu’il ne disait rien pour l’instant. Quelque chose qui n’allait pas entre eux ? C’était certain, ils ne pouvaient pas passer leur temps à se disputer et à se réconcilier, comme ça, sans raison. Ils étaient tous les deux aussi bizarres l’un que l’autre, et ça n’aidait pas. En tout cas, il était inutile de tendre des perches à Emilien, qui les raterait les unes après les autres : pour ça il fallait dire qu’il n’était pas doué, mais en l’occurrence, il était troublé, c’est le moins qu’on puisse dire.


- Bah … On verra.

Merci pour cette réponse claire et concise, Emilien ! Quel crétin il faisait, quand même, dire que Lucy de son côté faisait des efforts, il avait l’air de ne pas s’intéresser du tout à la situation. Il se dépêcha donc d’ajouter.

- Enfin je veux dire, on a encore quatre ans à Poudlard, alors on finira bien par la trouver, cette pièce manquante …

Et maintenant ? Ils restaient là à se regarder –ou à éviter le regard de l’autre selon les moments – dans ce couloir vide pendant des heures ? Ils pourraient, certes, Emilien ne trouvait pas ces silences si embarrassants, après tout. Mais son estomac commença à le tirailler, c’est vrai, c’était l’heure du repas … C’était complètement idiot, de mettre fin à cette scène de réconciliations de cette manière, mais c’était la vérité. Il avait faim. Et puis, comme il l’avait dit lui-même, ils avaient du temps devant eux, ce n’était pas un drame. Evidemment il ne pouvait pas deviner qu’il quitterait Poudlard avant la fin de l’année, mais qui le pouvait ?

- Bon, on devrait aller manger avant qu’il ne reste plus rien. Par contre je peux pas aller m’asseoir à la table des Serdaigle, c’est pas vraiment le meilleur moment pour ça … Enfin, on se verra en cours juste après, ajouta-t-il avec un petit sourire.

[Emilien, ou comment esquiver une discussion compliquée x)]
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