Si elle avait un jour pensé avoir atteint le niveau maximum de rougissement qu’il lui était possible de produire et bien probablement qu’elle se serait alors dit à ce moment là qu’elle avait été bien loin du compte ce jour-là. Ses joues lui brulaient atrocement, son cœur entama un sprint monumental et ses yeux ne savaient pas vraiment où se poser. On ne parlait même pas du reste d’ailleurs. S’arrêtant de farfouiller, Elanor adopta une posture assez raide, ramenant le coussin qu’elle tenait dans sa main sur ses genoux, ne sachant guère exactement qu’en faire.

« Tu m'as l'air un peu perdue. »

Ah tu crois ? Lâcha-t-elle dans un murmure, peu sûre d'elle.

L’auror se rapprocha, glissant un verre sur la table de chevet, probablement en prévision de son état. Ce qui eu pour effet de provoquer une nouvelle vague de rougeur et un détournement du regard sur la couette verte qui se soulevait du sol pour retourner sur le lit. Ses yeux se fixèrent alors sur la chaussette égarée qu’elle n’osait pas ramasser, évitant de regarder Lacey qui devait probablement la prendre pour une dégénérée, doublée d’une éternelle maladroite et irresponsable. S’en était fini, cette fois sa réputation était complètement fichue et elle n’osait même plus espérer un retournement de situation à son avantage que ce soi auprès de Lacey ou aux yeux de l’Ordre du Phénix. Surtout après l’état dans lequel elle avait dû se mettre et qui ne lui revenait que par bribes, lui rappelant à quel point elle ne tenait pas l’alcool. Mais le pire, c’était de se rappeler de son comportement et de ses paroles. Fermant les yeux pour faire passer le mal de tête qui lui donnait la nausée, Elanor sentie le matelas à coté d’elle s’affaisser légèrement.

Heu… Je crois que ça va…

Lacey ne donnait pas l’impression d’être vexé ou d’avoir envie de la mettre dehors très rapidement, l’étudiante risqua donc un regard dans sa direction. Il lui fit signe du menton d’avaler la mixture qu’il lui avait préparé, probablement quelque chose contre les lendemains difficiles. L’étudiante avait un peu de la peine à déterminer si elle était dans tous ses états à cause de la proximité de l’auror ou si c’était les restes de la soirée. Maladroitement, elle attrapa tout de même le verre et l’avala rapidement tout en grimaçant de dégout.

Merci… Pas génial comme petit déj’

Elle se retourna vers le châtain et lui envoya un petit sourire discret et désolé, qui devait probablement plus ressembler à une grimace, tout en tripotant le coussin, très mal à l’aise de se retrouver dans cette situation. Si au moins elle avait pu se remettre en ordre avant de le voir apparaitre, elle aurait eu un minimum de constance, mais là franchement c’était pire que tout. Elle prit donc sur elle d’essayer d’assumer la situation.

Je suis désolée pour… enfin… Je crois que c’était pas une bonne idée de me faire boire… Je supporte pas l’alcool, mais je crois que tu as dû t’en rendre compte…

Finalement, elle ramassa sa chaussette et l’enfila sur son pied, se rappelant subitement qu’elle n’avait toujours pas retrouvé sa baguette magique. Fronçant les sourcils, elle lança à nouveau un regard autour d’elle, reprenant un peu ses esprits, la potion commençant à faire de l’effet.

Dis, tu n’aurais pas vu ma baguette par hasard ?

Ce changement de sujet fit disparaître les rougeurs de ses joues et Elanor se mit à réfléchir à deux cents à l’heure pour tenter de se rappeler où elle avait finit. Apparemment elle l’avait toujours sur elle lorsqu’ils étaient rentrés car elle se souvenait d’avoir coloré quelques voitures moldus en violet avant d’essayer… Oh non c’est pas vrai ! Maintenant ça lui revenait ! Fermant les yeux et poussant un gémissement de honte, Elanor se laissa tomber sur le lit et se recouvrit le visage du coussin !

Ah naaan ! Mais qu’est-ce que j’ai fait !

Comment avait-elle pu oublier qu’elle avait essayé de l’embrasser ? Bien sûr le souvenir était très flou et elle ne se rappelait plus exactement ce qu’il s’était passé ensuite, mais elle se souvenait très clairement d’avoir trébuché dans une tentative malheureuse pour avancer de quelques pas dans la rue sans l’aide de l’auror. Pour finalement finir dans ses bras, riant à gorge déployée, les yeux ne calculant plus ce qui l’entourait, rivés sur son visage et ses lèvres irrésistibles. Elle avait alors placé sa main sur sa nuque et s’était approché tout près de lui pour lui effleurer les lèvres maladroitement. Le reste, c’était le trou noir. Que c’était-il passé ensuite ?

Les bras entourant le coussin, elle n’osait plus relever la tête, laissant les souvenirs affluer dans sa tête et se remettre à l’endroit pour reformer une partie de la soirée, la fin probablement. Etouffant un cri désespéré, Elanor roula sur le coté et fixa ses yeux sur Lacey, camouflant le reste de son visage dans le coussin blanc, son sauveur qu’elle avait finalement bien fait de garder sur ses genoux.

Je suis désolée…

La situation était à nouveau horriblement génante pour l’étudiante, comme à chaque fois qu’elle se retrouvait en la présence seule de Lacey. Elle avait bien sûr finit par comprendre que ce n’était pas tant lui que les sentiments qu’elle portait pour l’auror qui la mettait dans tous ses états. Elle qui était d’habitude assez sûr d’elle - si on omettait de préciser sa phobie du cours de potion – et ne rougissait en règle général que par colère, se voyait revisiter l’entier de ses réactions qui en étaient pour la peine incontrôlables. Le problème, c’est qu’elle ne savait pas vraiment à quoi s’en tenir avec l’auror, elle n’arrivait pas à déterminer si ses sentiments étaient partagés par lui ou si elle s’enfonçait totalement dans un amour à sens unique. Et pourtant ce matin là elle avait l’impression que quelque chose hier encore n’existait pas. Son regard semblait un peu différent, mais elle ne l’aurait pas juré, c’était peut être qu’une idée extrapolée par son esprit encore brumeux. Une chose était sure, il venait de rougir jusqu’aux oreilles et ça, ça ne trompait personne. Malheureusement, il était toujours dur de se fier aux réactions d’un homme qui étaient souvent guidées par d’autres instances que le cerveau ou même le cœur. Mais, le nez dépassant timidement du coussin blanc de Lacey à l’odeur agréable, Elanor ne pu s’empêcher de commenter d’une voix douce.

J’aime bien quand c’est toi qui rougis…

Ses dents mordillaient sa lèvre inférieure alors qu’elle fixait l’auror debout devant elle depuis une position qu’elle jugea comme effectivement un peu incongrue. Se redressant vivement pour se rassoir, elle réinstalla le coussin sur ses genoux d’un air un peu raide, les joues toujours en feu. Ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait voulut dire en fait. Elle cherchait un moyen de lui dire qu’elle regrettait que ça se soit déroulé comme ça, mais comment le faire sans avoir l’impression d’avoir des regrets ou de ne pas se gérer du tout ? Encore une fois elle avait l’air d’une empotée. Ses yeux se posèrent sur la chaise, apercevant sa baguette qui bien évidemment était à moitié caché sous son pull d’été (mais bien là) qu’elle attrapa tout en faisant tomber le reste du contenu sur le sol, les yeux filant vers Lacey qui lui tendait une perche monumental qu’elle attrapa en réunissant tout son sang froid et en se levant pour se mettre à sa hauteur.

Oui mais… Elle fit une légère pause avant de reprendre en le regardant dans les yeux, son courage lui filant lentement entre les mains. J’aurai pas dû le faire en étant soûl…

Voilà c’était dit, restait plus qu’à continuer de fixer la chaise et de faire tourner la baguette entre ses mains devenues moites. C’était super embarrassant surtout qu’il allait surement encore une fois se moquer d’elle et qu’elle n’oserait plus le regarder en face jusqu’à la fin de ses jours. Et puis quoi encore ? Depuis quand est-ce qu’Elanor Levika était une pauvre fille timide qui se laissait marcher sur les pieds par un grand dadet insensible ? Enfin insensible on avait fait un pas à ce niveau là.

Ramassant ses affaires étalées par terre, sentant les effets de l’alcool se dissiper au profit d’un besoin grandissant de se nourrir, elle enfila le pull avant de demander le chemin de la salle de bain par laquelle il lui était plus que primordial de passer avant toute chose. Evitant de le regarder dans les yeux, toujours aussi rouge, elle lui passa à coté pour sortir de la chambre, mais se retourna.

Tu sais… Merci pour…

Elle hocha la tête en grimaçant un sourire et se maudit intérieurement tout en compatissant le pauvre Edward condamné à bégayer et à ne pas trouver ses mots pour moins qu’elle. Le souvenir de la soirée commençait à s’éclaircir dans sa tête et elle n’avait jamais été aussi cruche alors que lui avait finalement été fidèle à lui-même, c'est-à-dire vexant et tellement attirant… Franchement elle n’avait qu’une envie, c’était de se retourner une nouvelle fois pour l’embrasser. Mais c’était un peu au dessus de ses moyens en ce moment, surtout que ses idées n’étaient pas encore très claires. Vraiment, quel drôle de choix elle était en train de faire, espérant qu’il la rattrape pour le faire lui-même.

Poussant la dite porte, Elanor resta en suspend à l’entrée quelques instants. Si elle était trop perdue dans ses pensées pour observer l’appartement de Lacey, elle ne pouvait quand même pas rater la salle de bain qui était impeccable. Elle poussa un « ouah » d’admiration tout en refermant la porte derrière elle.

C’était assez déroutant de se retrouver dans la salle de bain d’un homme avec lequel on rêvait de passer énormément de temps. C’était une chose très intime qu’on ne vivait que très rarement, du moins lorsqu’on était une jeune fille bien sous tout rapport, et qui signifiait en général beaucoup de chose. On y voyait alors apparaître très rapidement une seconde brosse à dents, des vêtements féminins trainant à droite à gauche, un nouveau gel douche et tout un tas de trucs qui change la vie de deux personnes. Bien sûr dans le cas présent, Elanor devra se contenter d’utiliser le shampoing de Lacey et une serviette issue d’un des buffets, en évitant d’y égarer un de ses chaussettes. Mais on avait le droit de rêver non ? Enfin surtout elle.

Un sourire apparut au contact de ses pieds sur le tapis moutonneux. L’étudiante en profita pour enlever ses chaussettes qu’elle avait remit pour la forme et les déposer sur le lavabo blanc avec le reste de ses affaires. Alors que ses pieds profitait de la douceur du tapis, ses yeux émerveillés découvraient la salle de bain dans les tons jaune pâle et orange qui lui donnait une impression de confort et la rassurait.

Mais un dilemme s’imposa dans son esprit et Elanor se retrouva une nouvelle fois à malmener sa lèvre inférieure pour savoir s’il était pertinent de se faire couler un bain ou si ce n’était pas plus approprié de se servir rapidement de la douche. Ah la la c’est dur quand même. Tirant une moue amusée, l’étudiante ouvrit la première armoire à sa portée qui ne contenait aucune serviette mais tout un bric-à-brac et surtout un splendide canard jaune qu’elle attrapa. C’était assez intriguant de rencontrer ce genre d’objet dans la salle de bain si bien ranger de l’auror. Intéressé, elle le retourna dans tous les sens pour en découvrir le secret mais fut bien déçu d’admettre que ce n’était qu’un vulgaire canard qui n’avait rien de magique. Déçue, elle le reposa dans l’armoire, la referma et ouvrit la seconde où elle découvrit une pile de serviettes multicolores bien rangées. Elle en attrapa une bleue qu’elle déplia pour l’approcher contre son nez et décider que la lessive de Lacey était un choix très judicieux de la part de l’homme et qu’elle l’approuvait. Mais en la dépliant, un froissement de papier se fit entendre.

Ben qu’est-ce que ça fait là ça….

La question lui avait échappé sans but aucun si ce n’était d’exprimer sa surprise. A ses pieds s’étalait des feuilles de parchemins avec des notes et des photos diverses. Se baissant pour les ramasser, Elanor réalisa que l’auror avait un endroit vraiment très particulier pour ranger ses devoirs de vacances. La curiosité était un vilain défaut, et la jeune fille évita de lire ce qui concernait Mr Brown. Après tout c’était peut être confidentiel et il valait mieux éviter de laisser son nez trainer n’importe où, c’était impoli et grossier. Refermant la chemise en carton, elle la glissa entre deux serviettes avant de refermer l’armoire.

Avec tout ça, elle avait réussi à se détendre et à oublier la raison qui l’avait en grande partie conduite à fuir dans la salle de bain de l’auror. Mais en apercevant son air débraillé dans le miroir, Elanor ne pu que se lancer un regard effaré. Vraiment mais quel état ma fille ! Sans demander son reste, elle retira le reste de ses vêtements et fila sous la douche.

L’eau tiède lui fit le plus grand bien et l’aida à retrouver pleinement ses esprits, aidé par la potion qui faisait définitivement effet. Il fallait qu’elle sache ce qui allait se passer une fois qu’elle sortirait de la salle de bain et il valait mieux pour elle d’avoir les idées en place pour éviter tout débordement affectif. L’air assez morose, elle se sécha les cheveux à l’aide de sa baguette magique et renfila ses vêtements qui trainaient sur le tapis blanc. Elle réfléchissait à toute allure et la conclusion qu’elle commençait à tirer dans son esprit n’était pas des meilleures pour elle. Mais lui apparaissait comme évident et raisonnable qu’elle arrête son cirque une bonne fois pour toute. Il n’était pas fait pour elle, ou disons qu’il était peut être trop bien pour elle apparemment.

La brune enfila ses chaussettes et se releva pour se regarder dans le miroir. Elle avait meilleure mine mais son expression trahissait sa déception. Il fallait pourtant qu’elle s’excuse et qu’elle promette que ça ne se reproduira plus. Au moins ne serait-ce que pour garder la face si elle le recroisait, ce qui allait probablement être le cas maintenant qu’elle savait qu’il faisait partie de l’Ordre du Phénix.

Cette information lui donna envie de se taper la tête contre le mur. Il avait vraiment tout pour être un type formidable et exceptionnel mais c’était une évidence ; elle ne l’intéressait pas. Elanor en avait été sûr dès que la porte de la salle de bain s’était refermée sur elle. Il n’avait rien dit. Rien du tout. C’était bien dommage en fait, même si ses manières laissaient à désirer, elles commençaient à lui plaire et imaginer l’auror sans ses mauvaises habitudes était une chose toute à fait stupide. Il était comme ça et c’était bien pour cette raison qu’elle s’était attachée à lui.

Elle se lança un regard noir dans le miroir et plia la serviette de bain pour la déposer sur le bord du lavabo. Il fallait y aller et arrêter de prendre ses rêves pour la réalité. Être une grande fille responsable de ses actes, il était temps que ça arrive !

La porte se referma doucement derrière l’étudiante qui se demanda une fraction de seconde qu’elle direction prendre, mais la cuisine n’était pas bien difficile à trouver malgré la grandeur de l’appartement qui lui avait échappé. Elle traversa rapidement le salon, prit une grande inspiration et entra dans la cuisine aussi splendide que la salle de bain. Enfin si on ne prenait pas garde aux bibelots divers et affreux qui la décorait. Ses yeux s’interrogèrent sur leur présence avant de se poser sur un Lacey attablé derrière un bol de café dont l’odeur s’égarait jusqu’à elle. Une place lui avait été préparée en face de lui avec divers aliments qui s’étalaient sur le plan de travail.

Merci. Je meurs de faim.

Le rouge ne lui monta pas encore aux joues ce qui était bon signe. Elle s’assit sur le tabouret, attrapa un morceau de pain et du miel, ignorant délibérément le reste qui ne lui donnait pas envie si tôt le matin. Tout en étalant tant bien que mal – enfin plutôt mal évidemment – son miel sur son morceau de pain, Elanor observait d’un œil l’auror tout en réfléchissant à la manière dont il fallait qu’elle s’y prenne.

Ecoute. Je suis vraiment désolée pour hier soir. Je n’aimerais pas te mettre dans l’embarras et j’espère que ce n’est pas le cas…

Que dire de plus ? Préférant croquer dans sa tartine, Elanor garda les yeux fixés sur l’auror, attendant une éventuelle réaction, son œil se fronçant légèrement en apercevant l’inscription sur son bol, un sourire se dessinant sur le coin de sa bouche alors qu’elle mâcha avant d’avaler le morceau de pain qui rassasia son estomac. Non mais vraiment !

Le silence était d’or certes, il paraissait même que c’est une excellente qualité que de savoir rester silencieux lors de certaines circonstances, cela va de soi que ça ne faisait pas partie des qualités d’Elanor qui soit dit en passant préférait prendre la parole et s’enfoncer encore plus ; choix pratiquement involontaire de sa part que l’on qualifiera de maladresse. Les silences permettaient en règle générale d’éviter de dire des choses déplacées ou peu appropriées, de remettre à plus tard le moment où il faudrait parler et ainsi tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Bien que là franchement elle aurait préféré que ce soit dans la sienne qu’il la tourne plutôt de le faire égoïstement tout seul dans son coin puisqu’il avait décidé de garder ce fameux silence. Ce que ça pouvait être énervant. C’était vraiment trop dur pour lui de lui dire que c’était des choses qui pouvaient arriver et qu’il ne s’en formaliserait pas ? Non apparemment Monsieur Hawkbidulechose était bien trop au dessus de ce genre de formalités qui pouvait grandement faciliter les relations entre personnes adultes et responsables. Quoi que là responsable on pouvait repasser. Finalement, après avoir sondé les yeux verts quelques instants et les avoir vu se fermer, Elanor décida que sa tartine de miel méritait autant d’attention que son hôte, voire plus.

Vraiment les hommes étaient des êtres particulièrement étranges surtout si on partait dans une description de celui qui se tenait en face d’elle. La déception se lisait sur le visage d’Elanor qui n’espérait plus rien et se maudissait intérieurement d’avoir eu cette audace de penser être à la hauteur d’un homme comme lui. Bien sûr sa réaction était très contradictoire puisqu’elle était bien décidée à jeter l’éponge, mais c’était également le dernier moment pour qu’il lui démontre qu’elle se trompait. Apparemment elle avait vu juste, elle était aussi transparente à ses yeux que toutes les filles quelconques qu’il avait un jour croisé dans sa vie. Elle était définitivement à classer dans les étudiantes standards et sans le moindre intérêt notable. C’était navrant mais surtout très ironique pour la jeune femme qui voyait un nombre non négligeable d’étudiants lui tourner autour le regard plein d’espoir. Mais ils n’étaient pas intéressants eux, ils étaient même carrément aussi ennuyant que la plupart des professeurs de l’UMA. Son cas était définitivement désespérant.

Le bruit des couverts de Lacey la tira de ses sombres pensées déprimantes et stupides, son œil curieux se posant sur l’auror qui entreprit d’escalader son tabouret dans un but inconnu et suspect. L’étudiante écarquilla légèrement les yeux, s’inquiétant de la santé mentale du châtain qui envahissait le plan de travail, déjà débordant, de sa personne pour… s’approcher d’elle. Tient intéressante révélation qui nous valut une accélération cardiaque de notre étudiante à mille lieux d’imaginer, alors que pour une fois elle aurait quand même pu faire cet effort là et arrêter d’être naïve cinq minutes, ce qui allait suivre. Ouvrant inutilement la bouche pour interroger l’auror sur le but de la manœuvre, celui-ci posa sa main sur sa joue qui vira au rouge à la vitesse de la lumière. Lâchant sa tartine dans son assiette, Elanor observa le visage de Lacey qui n’avait jamais été aussi près du sien, plongeant ses yeux bleu dans les verts avant qu’il ne l’embrasse.

Et il ne pouvait pas le faire plus tôt non ? Les lèvres de l’auror avaient un goût exquis malgré le steak qu’il avait commencé à s’envoyer et auquel Elanor avait envoyé un regard dégouté. L’étudiante s’y accrocha comme un aimant, le laissant faire, s’imprégnant pleinement des sensations qui l’envahirent, tout en fermant les yeux. Sa main se glissa dans les cheveux châtains, geste qu’elle avait eut envie de faire depuis des semaines chaque fois qu’elle avait eu l’occasion de revoir Lacey depuis le gala du Ministère. C’était exaltant et bien trop court, mais leurs lèvres se séparèrent. Rouvrant les yeux, elle sourit et lui caressa le visage timidement avant de reposer doucement ses lèvres contre les siennes quelques instants.

La position de l’auror la fit rire, il était quasiment allongé au milieu des tartines, de la confiture, du bacon et des œufs, menaçant de faire tomber les assiettes sur le sol. Elanor s’en fichait royalement et n’avait absolument aucune pitié pour la vaisselle de Lacey, trop occupée à le regarder, un sourire amusé dans le coin de la bouche.

Vraiment tu fais les choses à ta manière…

Elle avait murmuré ces mots, les yeux brillants d’une excitation nouvelle qui l’envahissait petit à petit, la main à présent posée sur son torse, l’attrapant par le pull pour l’attirer fermement vers elle et l’embrasser une nouvelle fois, le geste sûr et habile (ça arrive oui).

Les pensées d’Elanor étaient trop confuses pour lui permettre d’analyser la situation et surtout de se vexer de si peu d’évidence concernant les manières de Lacey. Dans d’autres circonstances elle aurait été très tentée par un croisement de bras et un regard noir. Si celui-ci était doué pour lui confirmer d’un simple sourire lorsqu’elle était fondamentalement ridicule ou à coté de la plaque, il n’avait même pas été capable de lui montrer qu’il avait une once d’intérêt pour sa personne. Mais pour l’instant, elle était bien trop occupée et attendrie pour reprocher quoi que ce soit à l’auror. Et puis, quelle idée tout de suite de vouloir absolument exprimer haut et fort que l’autre était un abrutit doublé d’un idiot ? Même si le ton aurait été des plus amusé, ne pouvait-elle se contenter de l’embrasser et de se laisser faire ? Bien sûr qu’elle le pouvait, et c’était exactement ce qu’elle était en train de faire. Oublions donc les blablas inutiles pour nous concentrer sur des activités plus intéressantes et plus stimulantes que des réflexions bassement humaines et négatives. En plus, elle venait d’obtenir ce qu’elle attendait depuis bien trop longtemps à son goût alors de quoi allait-elle encore se plaindre ?

Il n’avait fait qu’hocher la tête et son sourire l’avait fait fondre sur place, déclenchant de nouveaux rougissements qu’elle avait dissimulés dans un baiser, agrippée à son pullover maculé de divers aliments peu identifiables à ce stade. Mais encore une fois ce genre de détails passa immanquablement au second plan, rendant la situation un peu plus loufoque qu’elle ne l’était déjà. Lacey approfondit le baiser, le rendant bien plus intéressant et surtout enivrant littéralement la jeune étudiante. L’auror répondit aux attentes d’Elanor qui ne pu que savourer ce moment, ses doigts glissant une nouvelle fois dans les cheveux châtains qu’elle ne voulait plus quitter. Mais trop vite ça s’arrêta, laissant la brune sur sa faim, assise sur son tabouret alors que l’auror reprenait sa place en face d’elle.

L’ouragan une fois passé, il ne restait plus grand-chose du petit déjeuner préalablement préparé par un hôte au charme dévastateur sous tous les sens du terme. Un rire joyeux s’échappa de la bouche de l’étudiante lorsqu’elle découvrit l’état de la tablé et du pull de Lacey qu’il ne mit pas long à retirer pour le plus grand bonheur des prunelles bleus d’Elanor qui sourit malicieusement devant ce spectacle d’une rare classe. Allait-il en rester là ? A ce stade elle commençait vaguement à en douter et intérieurement n’avait pas réellement envie que ça s’arrête.

Son cœur battait à tout rompre alors que le sorcier contournait la table pour venir la rejoindre, exhaussant ses souhaits. Elle ne s’était pas vraiment attendue à un tel revirement de situation et pour la peine ne savait plus tellement ce qui était convenable de faire ou non. Mais peu importait au final, du moment que ça continuait sur cette lancée elle n’allait pas commencer à ressortir son dictionnaire de bonnes manières pour frapper le châtain avec. Même si elle tenait à certains principes de bonne conduite, il ne fallait pas déconner ! Ses joues étaient toujours aussi rouges mais une excitation toute nouvelle brillait dans ses prunelles qui étaient rivés dans celle de l’auror si proche qu’elle pouvait sentir son agréable odeur corporelle. Les rougissements n’étaient plus dus aux mêmes émotions qu’elle avait ressenties auparavant, mais à l’effet que lui procurait d’enfin accéder à un désir si profond que représentait pour elle Lacey dans son être tout entier.

« Mes manières, façon éducation, me forceraient à te faire tout un blabla qui n'en finit pas, mes manières, façon personnelles, ont d'autres idées dans la tête pour le moment... »

Son sourire s’agrandit et elle secoua la tête avec amusement. C’était bien ça finalement qui lui plaisait tant chez l’auror. Sa manière légèrement brutale mais en même si délicate de la bousculer pour la faire sortir de son cadre propret et ordré. Cette façon de retourner la situation pour qu’elle n’en soit pas déstabilisée mais au contraire encore plus curieuse. En avait-il conscience ou agissait-il par simple plaisir de ne faire les choses que comme il le souhaitait ? Elle en aurait volontiers débattue de longues heures avec lui pour connaître chaque subtilité de son caractère et de ses comportements, mais les hommes avaient des pensées en générales plus animales dans ce genre de situation et Elanor n’était pas si paumée pour ne pas le savoir. Il y avait bien des choses pour lesquelles elle était pinailleuse, mais pas pour ce genre de détails, pourquoi se priver de toute manière ? Il ne fallait pas se leurrer, elle en avait franchement envie et ne voyait aucunement où se situait un quelconque problème de bonne forme. Et puis, si l’auror décidait ensuite que ça se terminerait là, elle pourrait au moins se consoler d’avoir passé un agréable moment en sa compagnie, même si elle doutait qu’il en soit ainsi. Pour une fois qu’elle avait confiance en elle et en la suite des événements, pourquoi s’arrêter en si bon chemin.

Alors arrête de parler… et viens là…

Ceci dit, elle lui attrapa la main pour l’attirer vers elle, toujours assise sur le haut tabouret de la cuisine américaine de son hôte de choix. Ses yeux le dévoraient du regard et sa main se glissa sur sa joue pour attirer ses lèvres vers les siennes et reprendre là où il avait jugé bon de la laisser. Se passer de mots et tourner sept fois sa langue dans la bouche de l’auror semblait être une alternative bien plus intéressante qu’une discussion ennuyeuse sur les bonnes manières du châtain. Son autre main lâcha celle du châtain pour se glisser dans son dos et l’attirer encore plus près et sentir son torse nu contre son cœur qui n’avait pas ralentit la cadence.

La chaleur du corps de Lacey lui faisait le plus grand bien. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressentit cette envie pressante de dévorer chaque parcelle du corps d’un homme. Et quel homme ! Ses doigts ne pouvaient s’empêcher de se laisser guider par les lignes fines que formaient les minuscules cicatrices sur le dos de l’auror. Ça ne l’effrayait pas, au contraire, ce simple fait rendait Lacey encore plus vrai qu’il ne pouvait l’être devant elle. C’était tellement excitant également de penser qu’il pouvait risquer sa vie chaque jour, mais aussi tellement inquiétant. Mais elle avait envie de s’inquiéter pour lui, d’être heureuse de le voir sur ses deux pieds un sourire aux lèvres l’air de lui dire que tout va bien.

Elle se sentait vivre en cet instant présent, importante. Les mains du châtain le lui prouvait et la réchauffait agréablement. Pour rien au monde elle aurait souhaité qu’il la lâche, elle aurait eu l’impression de tomber dans un froid infini et insurmontable. Elanor s’accrocha fermement à lui tout en sentant un désire profond monter en elle qu’il ne fit qu’accentuer par ses caresses qui se dirigeaient vers des endroits de son corps plus intimes qui la faisait rougir. Ses yeux se fermèrent pour s’immerger dans le plaisir de ce contact matinal intime et enivrant. Les mains de Lacey était paradoxalement si douces et si parfaites pour la caresser qu’il était inenvisageable qu’il cesse ces gestes pour quelque raison que ce fût.

« La chambre, allons à la chambre. »

Son cou aux prises avec Lacey, Elanor ne pu s’empêcher de laisser ses lèvres s’étonner d’une telle proposition. Ses yeux s’ouvrirent, sortant la brune de sa concentration, perdant le fil des gestes de l’auror.

De quoi ?

Ses mains enroulées autour du cou de l’auror stoppèrent leurs caresses pour laisser son cerveau se remettre à fonctionner. Bien sûr c’était évident, il était un peu maladroit de s’adonner à de telles pratiques dans une cuisine, bien que la disposition des lieux permettaient se genre d’excentricités et ils n’étaient plus à ça prêt niveau étalage de nourritures. Ses joues en rougirent d’amusement de n’avoir pas pensé à cette éventualité là qui paraissait pourtant si évidente et si… naturelle. Mais qui avait dit que le cerveau d’une fille était plus perspicace que celui d’un homme dans ces moments là ? On voit bien que celui qui avait dit ça ne devait pas connaître une certaine Mlle Levika qui était tout à fait du genre à se laisser déborder par ses émotions dans quelque situation que ce soit.

Heu… Ah ben oui.

Mais c’était où déjà la chambre à coucher ? Un sourire amusé et rougissant se posa sur l’auror toujours affairé. Gentiment, elle le repoussa pour pouvoir descendre du tabouret et se mettre debout devant lui. Ses mains étaient toujours accrochées autour de son cou et ses lèvres se posèrent fougueusement une nouvelles fois sur les lèvres de l’auror dans une invitation explicite à l’emmener dans son antre pour élargir leur intimité. Un sourire malicieux s’étalait sur les lèvres de l’étudiante alors qu’elle lui prenait la main pour le suivre entre les draps blancs de son lit qu’elle n’avait quitté que quelques minutes auparavant.

Au fait. Si tu cherche le dossier de Mr Brown, il est entre le linge jaune et le violet…

Mais déjà la porte se refermait derrière eux, les laissant seuls et à l’abris des regards indiscrets des lecteurs assidus de ce topic.