Lorsqu'il avait reçut lettre de Poudlard, le jeune Theodor sauta de joie, il attendait ce moment depuis de longues années. La rentrée viendra dans quelques semaines et en attendant, son père l'avait emmené acheter ses fournitures scolaires. C'était l'occasion pour Theodor de faire ses premiers pas dans le monde magique.

Au début, son père l'avait conduit dans un pub et le jeune garçon n'avait pas trop compris pour quelle raison il devait s'arrêter ici. Son père qui lui aussi avait été élève à Poudlard, connaissait pas mal de personnes dans ce pub.

"Viens Theo, c'est par ici "

Le père de Theo l'avait emmené face à un mur et après avoir tapé sur quelques briques, un passage c'était ouvert.

"Vas y Theo, je te rejoindrais plus tard, commence à faire tes achats."

Et c'est ainsi que le futur élève se retrouvait dans le chemin de Traverse, lieu très fréquenté en cette période de l'année. Les élèves, anciens et nouveaux, se rendaient dans cet endroit qui regorgeait de boutiques, pour y faire leurs achats.

Theodor prit sa liste de fournitures dans sa poche et la regarda un petit moment. Sa mère qui était moldu, n'était pas venu mais, avait marqué sur la feuille de Theo, la liste des magasins où il devait se rendre. Il décida de commencer par les livres et manuels. Il regarda de nouveau sa liste pour savoir où il devait se rendre.

Livres et manuels: (magasin Fleury et Bott)

-Le Livre des sorts et enchantements (niveau 1), de Miranda Fauconnette (cours d'Enchantements)
-Histoire de la magie, de Bathilda Tourdesac
-Manuel de métamorphose à l'usage des débutants, de Emeric G. Changé (cours de Métamorphose)
-Mille herbes et champignons magiques, de Phyllida Augirolle
-Potions magiques, de Arsenius Beaulitron
-Vie et habitat des animaux fantastiques, de Norbert Dragonneau
-Forces obscures: comment s'en protéger, de Quentin Jentremble

Theodor se dirigea donc en direction du magasin Fleury et Bott. Une fois devant la boutique, il rentra et un petit son se déclencha quand il ouvra la porte.

Il présenta ensuite sa liste a un vendeur qui lui ramena ce don il avait besoin.

Theo fit un sourire au vendeur.

"Heureusement que j'ai ramené un grand sac."

Le garçon paya le commerçant et le remercia. Le vendeur partit dans l'arrière boutique où il devait sûrement y faire du rangement.

Theodor allait ranger ses livres dans son sac avant de partir, quand soudain.....

-Edgar !

*Pauvre gosse. Tu m’étonnes qu’il se sauve. Il doit courir bien loin pour se cacher avec un nom pareil. Que tes pieds aient des ailes, mon petit.*

Il ne croyait pas si bien dire.

Passé à côté du tintamarre craillant par sa remarquable faculté à se couper des nuisances de ce monde, l’héritier Moriarty n’avait qu’intercepté l’appel de la honte poursuivant celui qu’il prenait pour un gamin en fuite. Il avait abandonné la vie réelle dix minutes auparavant de façon à mieux se plonger dans ce livre…instructif ( mais qu’il était hors de question d’acheter en regardant le vendeur droit dans les yeux ) et en dix minutes, les mésaventures de la masse populaire n’étaient pas devenues plus passionnantes. Secouant la tête derrière son étagère, il tourna la page et poursuivit sa lecture secrète.

Pourtant, on ne le laissa pas tranquille un seul instant. Chahut et braillements, tapage et désordre, l’exaspérèrent au point de lui faire quitter sa position en tailleur pour mirer la scène bruyante entre l’espace laissé par deux livres manquants. Non de…Fitzpatrick ! Et un minus inconnu avachi au sol, saupoudré de duvet jaune. Scène estampillée « Encore une bourde de virtuose », label Bouffondor.

Apparemment, la lionçonne s’était maintenue au top niveau du Grotesque durant les vacances d’été et avait trouvé un partenaire pour accompagner son delirium constant. A se demander si elle n'était pas la victime de l'alcoolisme parental. Si sa mère avait picolé jusqu'à perpétuellement atteindre 3 g/l dans le sang pendant la grossesse, elle avait dû accoucher d'un bébé chiffré haut dans le barême de la soulôgraphie innée. D'où cette cervelle embrumée probablement noyée dans le schnaps au lieu du liquide céphalo-rachidien. Cette gourde n’allait quand même pas faire école ? Ils en avaient déjà un lot de comme ça, à Poudlard. Pour chaque lettre de l’alphabet au moins un élève atteint correspondait. Avec des hits tels que :

L, comme loufoque = Luna Lovegood. Une évidence.
N, comme névrosé = Quare Blyn. Il promenait une peluche décapitée…
P, comme psychopathe = Potter. Sans conteste.
Q, comme queer = Hum…Mieux valait ne pas y songer.
R, comme roux = William J. Craig, Bangkok Applegate, Page McHenry, Eve Spearzony, Jaina Wedgers. Tout s’expliquait dans la couleur des cheveux.
W, comme weirdo = Les Weasley. Tous.

Le front d’Adrian toucha la couverture d’une encyclopédie, vivante image de la désolation dépassée. Un canard tueur. Rien que cette absurdité leur vaudrait une place à la lettre « D » pour « désespérés » . Inouï, vraiment. Il ne percevait peut-être pas encore le côté réjouissant de la chose, mais le garçonnet s’esclaffait pour lui le temps qu’il descende à son niveau. Enfin, on pouvait accorder le doute du choc post-traumatique à ce nain atrophié. N’oublions pas que le jeune héros avait manqué de finir empalé au bout d’un bec, véritable tragédie à la grec, niveau péplum. Etrange, d’ailleurs, comme Fitzpatrick semblait partager une affinité naturelle avec les volatiles. Sans doute parce que ce qu'il restait de son cerveau ne pesait pas plus lourd que le leur.

En tout cas, deux phénomènes de foire en pleine représentation gratuite, on allait les saluer. Il pourrait se passer un autre attentat au canard fou et il s’en voudrait de manquer cela. Même feu le canonique Dumbledore aurait sans doute rajeuni de cent ans devant un tel prodige. Selon ses calculs, un évènement aussi barré ne devait se réaliser que tous les deux cent ans dans la vie d’un homme sain et équilibré. A cette échelle, le désordre mental de la gamine fluette avait de quoi inquiéter sérieusement, car elle produisait les aberrations de ce type comme d’autres idiotes éclataient des bulles de chewing-gum.

Reposant son livre, l’adolescent passa le coin du rayonnage et remonta jusqu’au couple de comiques, pavillon de l’innocence hissé haut sur son visage légèrement hâlé. Elle était tellement inflammable, la gamine, il fallait la ménager si on voulait faire durer le plaisir.

Les mains dans les poches, le Serpentard s’accouda au montant d’une étagère, un regard exceptionnellement aimable posé sur la petite peste. Jusqu’ici le compteur à gnons/vannes affichait :

Moriarty : 8
Fitzpatrick : 8

Nul besoin de préciser qu’il serait celui qui marquerait le point supplémentaire lui permettant d’écraser complètement cette vermine sous sa semelle.

-C'est la grande forme, Fitzpatrick...

Il ne savait pas jusqu'où elle plongerait avant de s'écraser dans le gouffre sans fond de l'irrationnel. La certitude étant qu'elle dégringolait en chute libre. La réception promettait.

-Deux Gallions pour t’acheter une nouvelle vie, si tu me refais le même cirque que ce que je viens de manquer. Je sais que vu de ton palier c’est une fortune, mais je suis sûr que ça les vaut. Tu auras peut-être le droit à un bonus si ton canard m’épingle le petit au comptoir. Je te l’achèterai au prix que tu veux.

*Surprends moi.*

Shell poussa un faible cri en voyant le garçon partir à la renverse avec son canard paniqué dans les bras. « Lâche le ! Il va te becqueter à mort ! » aurait-elle voulu crier, mais sa langue était toute molle de désarroi impuissant. Comment rattraper un coup pareil ?

Le cœur battant comme sortant d’une course poursuite avec Rusard et sa pelée, l’irlandaise se préparait à devoir argumenter la défense de son compagnon à plumes. Enfin, argumenter…Elle ne pouvait pas non plus faire passer le gamin pour le coupable, mais à coup sûr il allait être furax de s’être payé Edgar. Et à part des excuses à la place de son canard émotif, elle n’avait rien d’autre à offrir. C’était sa faute à elle. Depuis l’épisode de la baignoire. Pourquoi ne pouvait-elle jamais s’arrachée à la poisse ? Dès qu’elle la lançait au loin d’un coup d’optimisme, cette dernière faisait le grand tour avant de revenir en plein dans sa patate, façon boomerang. Avec toujours un nouvelle crasse accrochée à une de ses palmes. Le jour où elle croirait vraiment en son destin, il y en aurait deux, si ce n’était pas toute une brochette enfilée sur le manche tournoyant. Bah. Un bon point. C’était pas pour aujourd’hui.

Au moment où elle allait s’élancer pour au moins relever le pauvre petit brun du plancher de chez Fleury et Bott, le garçon se mit à rigoler…Nan…C’était la tête qui avait tapé en premier ? Il était devenu fada ? Qui se marrait après s’être fait sauté au visage par un volatile hystérique dans une librairie ? Aucune des personnes qu’elle avait rencontrées jusque là, ou si peu d’entre elles. A compter sur une main de lépreux à trois doigts.

-Héhéhé !

Rire nerveux. Shelly n’avait tout simplement pas l’habitude que tout se passe bien. Limite si elle ne suspectait pas le jeune homme au sol de comploter un truc pas net dans son cerveau de mini génie du mal. Un plan fourbe, un projet perfide, un truc de Serpentard. La Gryffondor ne faisait vraiment pas attention aux people de Poudlard, mais il lui semblait qu’elle n’avait encore jamais croisé celui-là dans les couloirs de l’école. Ce qui ne voulait rien dire. Les Serpys ne devenaient pas brusquement mauvais une fois le Choixpeau les ayant relégué dans la clique de Salazar. Ça venait du berceau.

-Hein ?

Si elle avait dressé Edgar à égorger les gens ? Ben. Sérieusement, elle pourrait y penser.

-Ah non non ! En fait, ce n’est même pas toi qu’il visait, mais quand il est nerveux, il louche ! Il…il est un peu spécial…

C’était une longue histoire qui commençait dans le cerveau machiavélique de Canaan Raven, leur ex-professeur de duel. Bien contente qu’il ait définitivement disparu dans les limbes où il semblait planer ce type là. Un gros prêcheur pour la cause d’Ombrage en plus. Ça avait dû lui en mettre en coup, quand elle avait été faire le tour de la Forêt avec les Centaures. Des gars très cool. Comme son interlocuteur en fait. Le visage de la fillette plus si petite s’éclaira nettement. Whow ! La chance tournait ! Il fallait qu’elle court gratter un ticket de jeu ! Ça sentait la cagnotte ! Et au moment où elle se rapprochait pour se présenter à son tour, comme n’importe quelle personne civilisée, revint le boomerang avec le pire qu’il ait pu accrocher dans cette librairie : Moriarty. C’était lui, le joker du destin chieur.

A l’écoute de cette voix molle, les poings de Shell se crispèrent. Elle sentait qu’il se foutait d’elle, pour changer. La grande forme…En fait, c’était sa petite façon à lui de la traiter de gourdasse après ce qui venait de se passer. Ses yeux rageurs refusant de fixer la face arrogante de Moriarty, la jeune fille foudroyait Theodor d’un regard qui ne lui était pas destiné. Purée, elle sentait déjà la moutarde lui brûler les narines alors que ce foutu Serpy n’était pas à son max.

-Mais pourquoi tu ne t’occupes jamais de tes miches, toi ?!

Et aussi : Pourquoi tu te ramènes toujours dans ma vie quand il faut pas ?! Dégage de ma route !

Elle tourna enfin le visage vers lui et faillit s’étouffer. Nan, c’était trop cruel ! Elle détestait ce richard. Mais elle s’était rendue compte en le décrivant pour la première fois à une amie afin de découvrir l’identité du taré qui lui avait envoyé cash un Serpensortia, qu’elle ne pouvait pas dire qu’il était laid. Pourtant, elle aurait aimé pouvoir caser un « gros pif, dents de traviole et menton en galoche », mais tout ce qu’elle avait pu coller de négatif c’était le mot « blafard ». Et là, elle passait pour l’anémique de service, place d’ordinaire dévolue au garçon, car il arborait un subtil halo doré quand elle était restée avec son teint clair. Forcément, il avait dû aller se griller la pilule au soleil avec pôpa/môman. Pourquoi un requin ne l’avait-il pas dévoré ?

Inconsciemment, elle tira sur son short élimé. Elle ne pourrait pas l’allonger jusqu’à terre pour cacher ses genoux osseux sur ses jambes encore un peu maigres et elle en était gênée. Il trouvait déjà suffisamment de vacheries à lui dire sans qu’elle ne lui expose de nouvelles idées. Dingue. Sa seule apparition parvenait à la faire se sentir diminuée. Et c’était quoi cette face de saint à allumer tous les cierges sur son passage ?

-Ben, Theodor, pour les gens normaux, mon prénom c’est Shell. Et toi, St-Moriarty, je sais que tu as des délires de malade mental, mais je suis pas là pour te faire marrer. Va traîner ta gueule d’ange ailleurs, je voudrais même pas de ta charité si tu me couvrais de Gallions sans rien demander !

Parce qu’il avait dit ça pour déconner, bien sûr. Mais ça ne l’aurait pas dérangé qu’elle le prenne au pied de la lettre. Tellement bizarre, ce gars. Elle était même certaine qu’il avait secrètement espéré qu’elle marcherait dans sa combine, histoire de s’en payer une bonne tranche.

Olé. La gamine fulminait. Dans une arène, elle aurait gratté le sol. Ça ne ratait jamais. Il suffisait d’agiter une cape rouge devant ses yeux et la Gryffondor y fonçait sans réfléchir, s’exposant de ce fait à recevoir encore plus de piques. Décidément bien trop prévisibles ces petites bêtes. Mais tellement marrantes. Où allait-elle les chercher toutes ces répliques fendantes ? C’était tellement imagé, mordant et toujours craché avec conviction. Là était l’intérêt. Il adorait "échanger" avec Fitzpatrick, principalement parce qu’il s’amusait et qu’elle s’énervait toute seule. Et quand elle s’énervait, il avait l’impression d’être au Grand Guignol. La petite Gryff’ semblait mal dégrossie, pourtant elle possédait une étrange subtilité instinctive, comme les animaux ressentant l’hostilité qu’on leur vouait, et l'adolescent était certain qu’elle percevait tous les non-dits et les allusions rien qu’en flairant l’air où les mots flottaient. Un grand sourire illumina son visage bronzé. C’était bon de retrouver ses camarades de classe.

-Mais pourquoi tu ne t’occupes jamais de tes miches, toi ?!
-Pourquoi donnes-tu toujours les tiennes en spectacle ? Et encore, je ne savais pas que je tomberai sur un zoo ambulant, du coup j’ai laissé les cacahuètes à la maison.

Elle s’étonnait vraiment ? Avec le canard tueur, elle aurait eu de quoi rassembler une foule de spectateurs hilares autour d’elle. Triste reconnaissance. Mais dans la vie, sa vieille tante Agrippine lui avait bien dit qu’on ne recevait que ce que l’on méritait. Au moins, cette pauvre fille recevait un peu d’attention, elle qui devait en manquer. Elle était malheureuse, cela se voyait à son regard de chiot martyrisé. Le King Charles de sa grand-tante Ulda avait exactement la même expression de détresse passive au fond de ses yeux sombres lorsqu’elle le prenait sur ses genoux pour lui coller un biscuit entre les dents. Il avait dû faire la fête le jour de sa mort. Hum. Il ne savait rien de la vie de l’Irlandaise, mais sans doute papa devait faire un contrepoint à coups de ceinture face à la maman alcoolique. Pauvre choupinette. Sa place était en rééquilibration à Ste-Mangouste, pas à Poudlard.

-Ah, ma petite Gryff‘, c’est un réel plaisir de retrouver tel quel ce si charmant bagout de poissarde…Tu n’as pas fait de progrès, c’est magnifique. Moi qui craignais qu’un miracle ne se passe et que tu deviennes brusquement civilisée. Merci de me rassurer, très chère.

La charité. Vraiment, elle ne l’accepterait jamais ? Une lueur s’alluma dans les yeux gris-vert du Serpentard. Bien sûr qu’elle prendrait tout ce qu’il verserait dans son auge. Pari tenu.

Ouvertement amusé, Adrian considéra l’accoutrement de la Gryffondor sans essayer d’être discret. Elle grandissait bien, mais il lui restait un côté "affamée du tiers monde" qu’il ne supportait pas. Elle ne pourrait pas se prendre en main et se goinfrer de sucreries peu chères, mais caloriques ? Vraiment, elle avait besoin de quelqu'un pour lui apprendre le savoir vivre.

La voix du garçonnet lui fit orienter son regard en plein sur le visage du petit brun. Sourcils haussés à sa harangue, il releva une main aux longs doigts effilés pour énumérer les propositions qu’il rejetait.

-Alors, premièrement : Non. Libre à toi d’aller prendre l’air.
Et deuxièmement : J’ai suffisamment d’importance pour me prendre pour moi.

Pas aussi rôdé que la Fitzpatrick, ce nain. La brunette avait un côté hargneux qui, même si ce qu’elle pouvait rétorquer faisait un flop contre son Ego blindé, la rendait plus crédible. D’autant plus qu’elle avait pour elle un esprit diablement créatif qui faisait son bonheur. Mais là…"Stupide" ? Il était bien mignon. Sa grand-mère aurait certainement fait un infarctus, mais encore, c’était parce qu’elle dévorait saignante la viande de dragon. Surtout associé à cette question…Evidemment qu’elle le connaissait. La Bouffondor avait peut-être l’air d’halluciner à temps plein, mais elle n’avait pas encore le troisième œil pour deviner les noms. A moins que le gamin ne veuille en savoir un peu plus sur le « comment » ? Comment, eux, à l’opposé, elle au plus bas, lui au plus haut, avaient-ils pu se rencontrer ? Ce serait amusant que la Rouge et Or prenne le légendaire courage des siens à deux mains et le lui raconte. S’ils étaient à égalité, Adrian avait toujours eu le dernier mot et il savait que cette dure réalité faisait partie des choses qui mettaient la Gryffondor sur des charbons ardents.

-Tu veux ma biographie, le microbe ?, lui demanda-t-il avec le sourire de la fausse indulgence. Je t’assure, continue comme ça et tu vas très vite me connaître.

Chiure de mouche ou pas, il fallait les dresser dès le départ les petits rebelles, sinon ils finissaient par s’y croire vraiment et par devenir des plaies. De ça aussi, ils en avaient trop. Poudlard saignait de partout avec tous les révolutionnaires attardés sillonant le château.

Eh ben lui aussi c’était la big forme ! Il prenait des galons avec l’âge, le maître de la casse. Plus le Serpentard jacassait, plus elle se rappelait pourquoi elle ne pouvait absolument pas l’encadrer. Rien que son profil horriblement parfait en ombre chinoise lui aurait donné des envies de bottage de fesses princières. Malheureusement, Lucky Moriarty les alignaient plus vite que ladite ombre et la petite brune n’aurait certainement pas eu le pied assez leste pour l’empêcher de l’enfoncer. C’était dingue, cette particularité bien à lui, ce truc pernicieux qu’il avait de tourner la réalité de façon à ce qu’elle soit insultante, humiliante, vexante, mais toujours vraie. Durement vraie. Quand il parlait de vous, vous aviez immédiatement l’impression d’être le dernier des cons sur cette terre. Alors que c’était lui qui aurait dû se sentir mal avec une personnalité qui ne valait pas mieux que de la bouse de dragon !

Les grands yeux sombres de l’irlandaise foudroyèrent la face gentiment amusé du Serpent. Non, il n’était pas à son max, pour la bonne raison qu’il ne se sentait absolument pas concerné par la scène. Il planait en spectateur, donnait la réplique pour que le jeu continue, mais il se trippait. S’il lui lançait des cacahouètes, elle aurait voulu l’étouffer avec du pop-corn ! En soi, ce qu’il pouvait raconter ne l’aurait jamais autant énervée s’ils n’avaient pas eu ce background de chicane entre eux.

Depuis leur premier fight dans les toilettes des garçons, sa simple présence déclanchait des pulsions belliqueuses dans le corps frêle de la rouge et or. Elle qui ne cherchait jamais de noises à personne s’empêchait difficilement de trouver quelque chose à redire et à faire contre l’adolescent au teint normalement pâlot. Se connaissant, peut-être qu’après l’épisode du Serpensortia, elle aurait pu lâcher l’affaire. Pour de vrai. S’il l’avait ignoré, si seulement il l’avait perdu, puis oublié dans la foule anonyme des élèves du Collège de Sorcellerie...Elle avait l’habitude de plus chercher la revanche sur les crasses que la vie lui envoyait de peur qu’elle ne lui expédie une belle ordure pour la punir de son audace. Mais non, il ne semblait pas vouloir s’empêcher de la toiser d’un œil chafouin et négligeant, et ça, elle ne pouvait pas l’encaisser. Elle subissait son barbare d’oncle et sa négation constante, mais un freluquet comme Moriarty, c’était à sa portée, même s’il pensait ses miches en sûreté sur son trône surélevé vu de sa pauvre condition sociale. Elle se jura de lui faire ravaler son chic un bon coup, en même tant qu’elle réaffirma son vœu de lui mettre son pied au cul.

-Ben, Moriarty, t’es encore tombé à pic en tout cas. Il nous manquait un freak dans notre ménagerie.

Le seul truc : il ne l’éclatait pas comme elle pouvait l’amuser. C’était tuant. Qu’est-ce qu’elle avait de si bidonnant à la fin ? Quand on disait que le rire était un des ciments de l’amitié, la Gryffondor avait plutôt l’impression d’être passée à la bétonnière du mépris. A l’écoute, ça pouvait être marrant. S’il n’avait pas parlé d’elle. Maussade, Shell croisa résolument les bras, sans chercher à taper dans l’ironie.

-Laisse moi te dire que t’as pas changé non plus. Mais tu vois, toi, ça serait à ton avantage d’évoluer.

Sait-on jamais. Il avait encore cent ans à vivre, certaine, il était du type à emmerder le monde le plus longtemps possible. Sur son lit de mort, s’il était devenu sénile, peut-être qu’il ferait la grâce d’un faux repentir pour pas aller cuire en Enfer.

Eh puis, voilà, il avait Theodor dans le collimateur maintenant. C’était vraiment gentil de la part du jeune garçon de l’avoir soutenu, il n’avait rien à y gagner et ne la connaissait que par son canard. Sympathique comme première impression. Il aurait tout à fait pu franchir la ligne de linchage et se joindre au Serpy pour lui lancer sa pierre. Mais si le futur élève de Poudlard l’avait ouvert, c’était peut-être parce qu’il ne savait pas dans quoi il s’engageait. Shell était tentée de lui dire de freiner pendant qu’il était encore temps, le terrain était verglacé du côté de ce fils de bourges et il y pleuvait des embrouilles en rafale. Si le petit brun s’attirait des ennuis avant même d’être rentré à Poudlard, ce serait un peu de sa faute à elle.

-Tu connais ce garçon stupide ?
-Plus ou moins.

Là, elle ne savait plus trop comment agir. Répliquer à Moriarty lui brûlait les lèvres, mais elle ne voulait pas entraîner Theodor dans un combat qui n’aurait certainement pas la même issue que celui de David contre Goliath. Ils n’étaient pas dans une histoire moralisatrice, ils étaient dans le monde réel qui rimait avec cruel. Et ouais, Moriarty était stupide, mais en même temps intelligent. Froidement intelligent, comme un alligator ou un autre de ces foutus sangs froids. On le voyait faire le beau avec son sourire crâneur, on se disait « Pff que de la gueule, il ne mord pas », mais Shell savait qu’il n’hésiterait pas. Et si elle s’était préparée à faire face à son aîné, c’était du genre suicidaire pour un jeunot comme Theo. A moins qu’il n’ait un grand frère caché en septième année.

-Alors, premièrement : Non. Libre à toi d'aller prendre l'air.
Et deuxièmement : J'ai suffisamment d'importance pour me prendre pour moi.

Le garçon arrogant n'avait manifestement pas apprécié la remarque de Theodor.

-Tu veux ma biographie, le microbe Je t'assure, continue comme ça et tu vas très vite me connaître.

Theodor qui n'aimait pas trop les embrouilles, hésita un petit moment avant de répondre à son interlocuteur, il se demanda s'il valait vraiment la peine qu'on lui réponde mais, c'était plus fort que lui, Theo avait quand même envie de parler.

Hé ! ne m'appelle pas microbe."

Avant qu'il ne lui arrive des ennuis, Theodor décida qu'il était temps pour lui de quitter cette boutique. Il avait acheté les livres don il avait besoin et s'empressa de les ramasser pour les remettre dans son sac.

"Bon, je dois partir, je vous laisse tous les deux, je veux pas d'ennuis."

Il regarda Adrian .

"J'espère que lorsqu'on sera à Poudlard on s'entendra mieux."

Il se tourna ensuite vers la jeune fille et s'adressa à elle avec un grand sourire.

"A très bientôt et prend bien soin de ton canard."

Theodor connaissait à peine cette fille mais, il savait qu'il n'avait pas à la protéger de l'autre garçon, car elle semblai très bien se débrouiller toute seul.

Theo mis son sac sur son dos et quitta la boutique. Son premier contact avec des élèves de Poudlard n'avait pas été très agréable mais, il était persuadé que tous les élèves n'étaient pas comme ça dans sa futur école. Et puis le canard de la fille l'avait bien fait rigoler.

[HRP : Voilà, j'ai fini dans cette boutique mais, vous pouvez quand même continuez entre vous. Merci d'avoir fait ce petit rp avec moi]

Qu’est-ce que c’était que ça ? Il avait vu des bébés faire des colères plus terrifiantes que les maigres protestations de ce gamin capitulard. Ses cousines en socquettes blanches et robes à dentelle étaient plus perverses que lui. Il n’aurait même pas le droit au « Je vais le dire à Papa et il va t’aplatir d’un coup de baguette, face de rat. ». Le petiot était mûr pour échouer à Poufsouffle avec son air de pâte molle et ce genre d’espérances aussi crétines qu’aveugles. Eux ? Mieux s’entendre à Poudlard ? Par quel miracle ? Dumbledore avait passé la baguette à gauche, s’en était fini de l’ambiance bave d’amour. A moins que les médicomages de Ste-Mangouste s’essayent à la greffe expérimentale de cerveau, il ne voyait pas comment l'insignifiant pygmée allait se trouver une personnalité digne de sa sympathie dans le court lapse de temps avant la reprise de l’activité scolaire. A la mesure de sa stature miniature, le gnome futur écolier ne lui inspirait pas grand chose de plus que l’indifférence magnanime. En clair, Adrian ressentait l’envie de lui mettre une pichenette et de l’éjecter définitivement hors de sa vue et de sa mémoire.

Le Serpentard le regarda un instant comme il l’aurait fait d’une chaise bancale sur laquelle on ne pourrait même pas s’asseoir, fonction essentielle de l’instrument.

Le morveux était exactement pareil, il avait été calibré pour servir de souffre-douleur au grand cœur mais était, non seulement, un naufrage à la créativité du persécuteur en plus de ne pas permettre à la Gryffy en détresse de se reposer dessus en soutien. C’était tout de même de la veine pour Fitzpatrick. Un atrophié du bulbe prêt à faire semblant de prendre son parti…Sans doute son Noël avant l’heure pour avoir été une si bonne fifille malgré sa vie misérable d’Elfe martyre. Mais le gamin, aussi sympathisant des causes perdues qu’il fût, possédait l’instinct de survie qui faisait défaut à la Gryffondor. Logique, vue la Maison concernée. Dommage qu’il n’ait rien de drôle. Mépriser était un ordinaire qui ne meublait pas le quart d’une journée. Franchement, s’il fallait combattre les mauvaises habitudes de ces sales gosses pour en faire des bons petits sans rire un peu dans la manœuvre, il faudrait leurs accorder des points bonus d’utilité publique.

Pensif, Adrian accompagna du regard la sortie de junior hors du magasin avant de reporter son attention sur la brunette gonflée à bloc. Il s’imagina une aiguille à la main en train de percer une joue de la lionçonne pour la faire éclater. A vrai dire, à la deviner sur de telles braises de colère, il se sentait apte à porter la fourche démoniaque et les sabots fourchus…Un freak, hein ? Bien, il aurait plutôt parlé de prodige en ce qui le concernait. A côté, mais bien trouvé, cela dit.

-Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai une queue de diable dans le dos ? Tu pourrais sourire au contraire. Tu t’es presque fait un ami aujourd’hui ! Sérieusement, ça tenait à un cheveu _ou une plume de canard_ et ça devrait t’aider à tenir le coup et te redonner un peu d’espoir. Il y a des gens aussi atteints que tu l’es...

Pause sentimentale. D’ailleurs, il ne comprenait pas pourquoi elle le détestait autant si elle ne reportait pas sa frustration d’être née ratée sur Lui. Il avait la très nette impression d’être le sujet d’une vendetta, pas seulement pour ce qu’il pouvait dire, à moins que l’adolescente ne fût vraiment émotionnellement déséquilibrée. A trente pour cent, l'hypothèse était très certainement justifiée. Pourtant, c’était plutôt son manque de chance qu’elle visait à travers lui, lui qui représentait tout ce qu‘elle ne pourrait jamais atteindre. Et étant donné la "grande affection" qu’il lui portait, cet Eldorado inaccessible devait vraiment lui faire mal aux dents en la frappant à chaque fois qu’il s’adressait à elle. Réjouissant.

-C’est dommage. Que tu sois comme cela, je veux dire. Tu es en rogne parce que j’ai plus de chance que toi dans ma vie..? , demanda-t-il en haussant ses sourcils noirs, l’air aussi peiné que devant l’affaissement dramatique de sa chantilly sur un échafaudage de boules de glace.

Petit test.

Theodor s’en allait. Tant mieux. Vu l’ambiance, il aurait fallu être payé pour rester. Et puis, comme ça, il éviterait de se retrouver écrabouillé entre le marteau et l’enclume, Shell pourrait garder sa bonne conscience. Qui n’étouffait pas l’autre Serpillière. Celui-là, on se demandait comment il fallait être foutu pour lui plaire. Nan, mais là, franchement, il tombait sur quelqu’un d’assez mignon pour lui donner une seconde chance, la possibilité de revenir sur son caractère de merde, mais rien à faire, il restait dans sa bulle de snob. Ils avaient raison ces couillons de Sang Pur, il y avait certainement un vice de fabrication dans la génétique pour être autant monté en boucle. Remarque, valait mieux qu’il la ferme, même s’il était difficile de l’oublier tellement il parasitait le mood, ça le rendait doucement insupportable plutôt que carrément exaspérant.

-A bientôt Theodor. Et merci.

Pour être quelqu’un de bien. Restait à espérer qu’il le demeure, histoire de faire pencher la balance du bon côté. Dans sa situation, elle se trouvait à l’ombre du mauvais. Le point qui la gonflait dans le départ du jeune garçon s’était que maintenant, elle subissait Moriarty à la puissance dix. Bah, il avait raison le petit brun. Elle allait se tirer elle aussi, ça servait à rien d’argumenter, surtout qu’elle ne pourrait pas boxer dans une librairie quand la pression deviendrait trop forte et son cerveau exploserait à force d’idées meurtrières retenues dans la masse spongieuse. Sérieux, c’était violent ce genre d’idées. Déjà, elle en entendait une cogner contre les parois de sa boîte crânienne en lui criant de toutes ses forces « Fais pareil avec sa tête ! ». Elle commençait à devenir obsédante. Fallait croire qu’elle avait viré à coups de patte les idées pacifistes squattant d’ordinaire la cervelle de la miss.

La gamine croisa les bras lorsqu’elle intercepta le détail subtil sur le visage du Serpent indiquant qu’il revenait à l’attaque. C’était le même air que devait tirer un picador juste avant de mitrailler le dos d’un taurillon avec une arbalète à piques. Shell se prépara à encaisser quand l’idée meurtrière assomma sa copine passive en lui commandant d’arracher une latte du parquet pour taper sur le vert et à argent jusqu’à temps qu’il bouffe des pommes lui aussi.

La Gryffondor releva les yeux au ciel, exaspérée. Nan, il était aussi innocent que l’agneau qui venait de naître. Bientôt, il allait lui demander pourquoi ils n’étaient pas encore devenus les meilleurs amis de l’Univers avec tout le bon temps qu’ils partageaient ensemble. Et puis, d’où il se permettait de venir faire des réflexions pourraves sur sa sociabilité ? Genre, elle était rejetée ? C’est vrai qu’à Poudlard, elle ne réunissait pas des troupes autour d’elle, mais alors ? Même si elle ne le faisait pas intentionnellement, elle n’était pas liante de nature et ne se fatiguait pas avec des efforts pour entrer en interaction avec les autres. Elle était à prendre ou à laisser. Et beaucoup de gens laissaient. D’accord, ça la chagrinait quand même un peu de n’être qu’une ombre sympathique cependant on ne lui jetait pas encore des pierres. Elle n’avait pas d’intimes, c’était tout. Et heureusement, sa vie ne se limitait pas à Poudlard. Elle avait deux très bonnes copines côté moldu. Le côté avec le moins d’emmerdes.

Elle allait lui répondre de s’occuper de ses magouilles quand il lâcha un truc inattendu sur le tapis. Ouais, pourquoi elle lui en voulait autant ? Des Serpys, y’en avait des pires que ça. Qu’est-ce qu’il lui avait fait lui, Mister Big Bad Ego ? A part un Serpensortia, un croche-patte dans les couloirs, lui découdre son sac dans un escalier et lui immerger les fesses dans la boue ?

Bon, le croche-patte c’était pour le coup de tatane dans le tibias qu’elle lui avait filé en rentrant dans la Grande Salle avant d’aller béqueter. Lui découdre son sac…Ben apparemment, ça avait été juste pour le fun, le genre qui fait marrer la galerie. Du coup, elle lui avait envoyé son livre de potions imprégné d’encre d’une fiole brisée en plein dans sa mouille. Et elle avait profité d’une flaque boueuse devant l’aire de Soins aux Créatures Magiques pour sauter à pied joints dedans et asperger le bas de son pantalon toujours trop bien repassé par des mains d'esclave. L’attaque à l’image personnelle devait avoir été le pire des coups, parce qu’elle s’était retrouvée illico presto à faire trempette dans sa barbotière. Il fallait ajouter à ceci tous leurs mots d’amour et réflexions débiles. Mais, goddamnit, il avait raison.

C’est avec horreur que l’irlandaise prit conscience que ce qu’elle prenait pour un détail sur-exaspérant, alimentait d’autant plus sa haine envers lui. Pas la grosse haine à déclancher une guerre, mais une sorte de rage qui lui donnait envie de le mordre. Comme un chien errant face à un gigot goûteux. Argh ! Moriarty avait vraiment raison ! Elle était envieuse. Comment aurait-elle pu ne pas l’être ? Pour rien au monde, elle aurait voulu être lui. Mais naître aussi riche et favorisé qu’il était né, ouais, oh ouais. Elle trouvait ça injuste et complètement dégueulasse qu’elle soit celle obligée de remonter le fil de la vie à la brasse coulée dans l’eau des caniveaux alors qu’il surfait sur les vagues de la réussite. Où était la justice ?! En tout cas, elle n’aimait pas qu’il commence à sonder ce qu’elle pouvait avoir en tête. Qu’ils en restent à leurs conneries.

-Tu veux jouer les psys ? C’est dommage que tu puisses pas commencer par résoudre ton problème avant de venir me psychanalyser. Et cherche même pas à savoir ce que j’penses, tu comprendrais que dalle, vu que t'entraves pas la notion d'humanité.

Ouais, il arrachait peut-être pas les pattes des insectes, mais son indifférence moqueuse face à Tout prouvait assez sa froideur. Combien de fois elle l'avait entendu déblatérer des choses qu'on garderait pour soi si on voulait pas se faire lyncher ? Et elle avait pas envie de lui piquer la casquette de psy pour savoir s'il y croyait ou s'il jouait la provocation. De toute façon, avec son air de "asshole", première classe...Il y croyait.

Tss, tss. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre. Parti comme ça, avec un score d’Humanité zéro à presque quatorze ans, il aurait bientôt carrément dépassé le rang de Maître des Enfers mythiques et pourrait prétendre au poste bien réel d’Ennemi Suprême des Peuples dans la veine des Voldemort et autres Grindelwald psychorigides après l’obtention de son diplôme de fin d’étude à Poudlard. Déclancher le règne de la peur en un haussement de sourcil…C’était sans doute ce qu’on appelait une destinée.

Au bout des quatre secondes d’introspection suscitée par les réflexions de la petite brune, le Serpentard classa l’affaire. Il était irréprochable depuis le berceau. Peut-être qu’il était un peu intransigeant… Déjà tout petit il avait commencé à grignoter le carré pour le faire rentrer dans le rond la première fois qu’il s’était trouvé face à un de ces puzzles géométriques en bois censés éveiller l’esprit des nourrissons. Quand il avait décidé quelque chose, il y restait, s’il croyait en quelque chose, il faisait tout pour que cette idée devienne une réalité. Alors son inflexibilité n’était que le revers de la médaille dans sa recherche de l’excellence. Plus qu’une qualité personnelle, une tradition familiale.

Et puis, évidemment, Fitzpatrick n’était pas exactement bâtie sur le modèle de celle à qui il voulait donner le meilleur « positif » de lui-même. Pour l’heure, Jezabel en constituait le plus parfait, le plus incomparable et séduisant exemple. Et pour lui arriver aux doigts de pieds, la Gryffondor devrait tapée sur une réincarnation après sa pitoyable existence de souffre-douleur. Sérieusement, pour sauver la gamine du naufrage une seule vie d’homme ne suffirait pas. Physiquement, il aurait été possible de faire rapidement quelque chose, histoire qu’elle fasse moins « populo », mais on ne pouvait aller contre sa nature déterminée par les chromosomes. Elle resterait nullasse jusqu’à la fin et ça, il n’y était absolument pour rien. C’était ses parents qu’elle devrait taxer d’inhumanité. Mais tout n’était pas perdu, non : Elle aurait peut-être plus de chance en métempsychose au prochain tirage. Son problème, c’était qu’elle était encore trop consciente du monde autour d’elle, la Rouge et Or n’était pas la dernière sur la liste des intoxiqués du cigare, ceux qui avaient le citron en résidu de pulpe à force de le presser, les frappés de la calebasse. Elle pensait trop avec peu de moyens : une nouvelle vie en palourde lui serait profitable.

Avec tout ça, il ne savait pas vraiment si Fitzpatrick enrageait de lui servir de torchon, mais la loi des probabilités lui soufflait que oui. Elle n’était pas si bête, elle savait ce qu’elle loupait et dans un sens, elle avait détourné la question par une autre afin d’éviter d’y apporter une réponse. En dépit de ses protestations, le Serpentard était certain d’avoir visé plus juste qu’elle ne voulait l’admettre.

-Tu as raison, il y a des tas de petites choses futiles qui m’échappent. Ce doit être mon côté Overman. Bien, tu m’excuseras mais je commence à m’ennuyer et tu as ton volatile à récupérer avant qu’il ne retapisse la boutique. Tu n’es pas à la maison, un peu de civisme. A bientôt.

Avec un salut désinvolte de la main, le Serpentard tourna le dos à la gamine et repartit derrière les rayonnages encombrés de livres. Damn her, il avait oublié sa page...