Les vacances scolaires étaient enfin arrivées. En temps normal Jaina aurait été comblée d'être enfin débarrassée des cours, des interros et des serpentards pour deux longs mois. Elle aurait passé son temps à faire criser ses parents, à enseigner tout un tas de bêtises à Teddy, son petit frère de 3 ans. Elle serait même allé rendre visite à son oncle et parrain, au fin fond du Pays de Galles dans une réserve de dragons. Et j'en passe et des meilleures, en résumé elle aurait profité de ses vacances comme personne d'autre. Elle aurait... Ce temps de conjugaison implique un contre temps.
Et quel contre temps? Entre le retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, les divers risques d'attaques, le décès du Professeur Dumbledore et l'agression qui avait rendu fou son père. Profiter de ses vacances n'était pas à l'ordre du jour, ce ne serait même pas du tout envisageable cette année.

Pour cause, la première chose qu'elle se devait de faire en ce début de vacances serait de passer au Ministère. Cela faisait plus d'un an que les affaires de son père étaient restées là bas: à l'époque de l'agression personne n'était en mesure de dire si son père pourrait être soigné, si sa paranoïa de niveau maximum se calmerait. Alors pleine d'espoir la lionne n'était pas venu vider son bureau. Puis ça avait été trop difficile pour elle d'admettre les faits au début, être mise en face de la vérité... Car elle était seule à pouvoir venir récupérer le matériel de son père: lui n'avait plus le droit de transplaner puis il avait trop peur de revenir au Ministère, la mère de Jaina était moldue, même si elle connaissait la vérité, elle évitait d'aller dans les lieux magiques. Quant aux grands parents de la rouge et or, ils avaient rompu le contact dès que Shawn (le père de Jaina) avait été agressé, drôle de comportement d'autant plus qu'ils étaient sang pur et qu'ils avaient toujours eu du mal à accepter l'union de leur fils avec une moldue, ce même s'ils ne l'avaient pas renié pour autant. L'oncle de la lionne, lui, semblait beaucoup trop occupé: bien que personne dans la famille ne le sache vraiment, il était membre de l'Ordre du Phénix. Quant à la tante de Jaina, ah quelle ironie, elle était mangemort: cela ne se savait pas mais se devinait facilement, de plus il y avait de grandes chances pour qu'elle soit l'auteur de l'agression de Shawn Wedgers.

En résumé, au sein de cette famille aussi unie que l'eau et le feu, Jaina se retrouvait seule à pouvoir encaisser la responsabilité de son père, paradoxal et attristant pour un enfant que de devoir échanger quelquefois son rôle pour celui du parent. Surtout pour la lionne qui s'était toujours comporté en gamine immature, qui quelque part aimait pousser la bêtise au plus loin pour tester les limites qu'on lui inculquait. Désormais c'était elle qui gérait toutes les connexions de la petite famille au monde des sorciers. Par exemple, elle n'avait jamais pu signer la déclaration d'internement définitif à Ste Mangouste de son père, tout comme elle essayer de protéger le couple que formaient ses parents, ce même si sa mère commençait à ne plus supporter les crises de paranoïa d'un sorcier. Jaina savait qu'un jour ou l'autre elle risquait de fuir avec le petit Teddy, elle savait aussi qu'elle devrait les laisser faire par les temps qui courent, et pour ça, elle maudissait la faiblesse et l'impuissance des moldus. Car si maman partait, Teddy ne verrait probablement jamais sa lettre d'admission à Poudlard alors qu'il manifestait déjà ses aptitudes de sorcier.


Et c'était en repensant à toutes ces choses que Jaina entrait dans les locaux du Ministère par cette journée ensoleillée de début de mois de juillet. Elle avait reçu un hibou qui lui demandait de venir au plus vite récupérer les effets personnels de son père entreposés dans un débarras qui commençait à être trop encombré. Le local ne se situait pas dans le département des accidents et catastrophes magiques: fort heureusement car venir à cet étage sans que ce soit pour aller embêter son père au travail lui aurait fait un drôle de choc.
Elle se présenta avec sa lettre à l'accueil, dans l'immense hall afin qu'on lui indique où se trouvait la pièce qu'elle recherchait. Bien sûr elle n'était pas passé inaperçue: elle se serait bien habillé convenablement pour se rendre dans ces lieux mais il se trouve qu'elle avait massacré jusqu'à ses vêtements les plus habillés pour en faire une garde robe à sa mode. Elle passait d'ailleurs souvent pour une dépravée dans les couloirs de Poudlard lorsqu'elle n'était pas en uniforme. Pour se rendre au ministère, par exemple, elle avait revêtu une jupe écossaise marron et rouge lui arrivant à mi-cuisses avec des collants plus qu'abimés, une paire de rangers usées, un chemisier de velours kaki par dessus lequel se resserrait un corset noir fort pourvu de dentelles, et pour finir, une veste de cuir léger tout aussi abimée que le reste dans le dos de laquelle avait été cousu la silhouette d'un dragon à l'aide de fils dorés. Pour Jaina c'était une tenue tout à fait commune, tandis que pour les moldus et même les sorciers qui avaient tendance à s'habiller quelquefois de manière étrange, il s'agissait d'un accoutrement digne d'un carnaval.

Ce ne sont cependant pas les regards choqués qui empêchèrent Jaina de continuer sa route jusqu'au cagibi situé dans un dédale de couloirs si complexe qu'elle se retrouvait maintenant seule à explorer les lieux. Elle arriva enfin devant une vieille porte que quelques termites avaient du gouter. Sans plus de cérémonies, elle utilisa la clé qu'on lui avait prêté puis poussa le vieux battant de bois: aussitôt quelques chandeliers rouillés s'illuminèrent à l'interieur, les flammes faisant fuir une multitude d'araignées. Jaina entra, laissant la porte entrebâillée derrière elle. L'endroit devait être à peine plus grand qu'une salle de classe de Poudlard, ce qui ne l'empêchait pas d'être dangereusement remplie: des montagnes d'objets telles que si l'on venait à en enlever un seul, cela provoquerait l'effondrement général.
La lionne se sentait quelque peu vexée pour son père que son matériel finisse ainsi jeté dans un lieu abandonné, poussiéreux, humide où même en juillet il faisait froid. C'était comme si on l'avait oublié malgré tout ce qu'il avait fait pour le Ministère. Enfin peu importe, elle voulait retrouver au plus vite ce qu'elle cherchait afin d'en finir avec un passé qui ne lui appartenait pas à elle.

Jaina avança donc lentement entre les monticules d'objets et de dossiers afin de ne rien faire tomber. Elle arriva enfin devant l'amas de matériel le plus impressionnant de la pièce: les effets personnels des anciens employés. Personne ne venait donc jamais les récupérer? Était-ce pour ça et non pas pour sa tenue qu'on l'avait regardé aussi bizarrement?
Elle commença donc à fouiller pour trouver une boite ou autre choses qui serait au nom de Shawn Wedgers, le tout en prenant bien soin de ne pas déstabiliser l'équilibre précoce qu'elle mettait en péril. Mais au bout de quelques minutes, ce ne fut pas les affaires de son père qu'elle trouva. Non, une superbe boule de cristal et son socle en or massif venaient d'attirer son attention. Jaina aimait la divination, et tout particulièrement les boules de cristal dans lesquelles elle avait vu des choses. Et celle qu'elle venait de découvrir, de par sa finition, l'attirait beaucoup plus qu'une quelconque autre.
Elle se souvint alors de la vision la plus étrange qui lui ait été donné d'avoir: une simple date entourée d'une fumée si sombre qu'il aurait été impossible d'observer d'autres détails. Le professeur de divination avait vu tout autre chose par la suite, mais Jaina restait convaincu et c'était ici l'occasion de savoir si sa vision se confirmerait ou non.

Malgré le froid, elle enleva sa veste de cuir pour pouvoir dépoussiérer convenablement l'objet à l'aide de sa manche de velours. Une fois chose faite, elle posa la boule sur son socle au sol et s'installa en tailleur pour mieux se concentrer. Un frisson parcourut son corps mais elle n'y prêta pas attention, oubliant de remettre sa veste sur ses épaules. Elle plongea alors ses grands yeux noisette dans le cristal, trop focalisée pour entendre quoi que ce soit, comme une personne qui viendrait d'entrer et s'approcherait, par exemple.
Puis, dans un murmure parfaitement audible, elle constata ce qu'elle avait déjà vu quelques mois auparavant.

« 21 décembre 2012... »

21 décembre 2012. Mais qu'est-ce que cette date pouvait bien signifier? Mis à part qu'en ce jour-là, il lui resterait moins de deux mois avant d'être âgée de 31 ans. Cela voudrait dire qu'elle aurait donc 30 ans, chouette déduction. Mais quoi de plus? Les chiffres ne trompaient pas, elle les avait déjà vus auparavant. La brume noire qui les entourait n'inspiraient qu'un terrible évènement, mais cette date n'apparaissait nulle par ailleurs. Normal, l'histoire du futur était un terme contradictoire. Alors quelle interprétation donner? Peut-être la date de sa propre mort. Ou bien, si l'on associait la date aux évènements actuels, il pourrait s'agir du jour de la fin du monde, le jour où le Seigneur des Ténèbres règnerait sur le monde entier et qu'il n'y aurait plus aucun espoir. Non. Il y avait toujours de l'espoir. Quelqu'un l'avait déjà vaincu, alors quelqu'un d'autre le ferait. Dans ce cas là, la boule de cristal pouvait très bien affirmer qu'il s'agirait du jour où Jaina combattrait à mort le Lord noir et s'apercevrait de sa victoire dans un dernier soupir.
Non, il ne fallait pas rêver. Quoique voir sa propre mort n'était pas un rêve. Peut-être était-ce simplement une hallucination, peut-être cette date ne signifiait-elle rien du tout au final. La Gryffondor aurait de toutes manières la réponse dans une quinzaine d'années, ce qui lui donnait le temps d'oublier ces chiffres étranges.

Elle les oublia d'ailleurs rapidement puisqu'une voix la tira de sa méditation dans un léger sursaut. Elle n'avait pas entendu de bruits de pas, mais pourtant la voix se situait bien dans la pièce. Elle tourna donc la tête vers son origine afin de voir à qui elle avait affaire. Un homme d'un certain âge, l'air pas très joyeux, mais plutôt serieux. Le genre de bureaucrate typique que l'on pouvait facilement croiser au ministère, pensa Jaina. Mais que faisait-il là? Et puis de quoi se mêlait-il? Boarf, en fait, ce n'était peut-être que son humour qui le poussait à commenter la date. Après tout, il arrivait aussi à la Gryffondor d'entamer la conversation par une petite blagounette. Elle le prit donc plutôt bien, même s'il lui avait fichu une sacré trouille en élevant la voix alors qu'elle était concentrée sur la boule de cristal.
D'ailleurs, ses petites mains étaient toujours disposés autour de l'objet. Elle aurait voulu répondre au commentaire de l'homme, mais il fut plus rapide et s'approcha, lui tendant la main en se présentant. Et Jaina lui serra gaiment la main avant de comprendre qu'il désirait l'aider à se relever. Oups. Elle accepta donc son aide et se releva avec un sourire embarrassée. C'est vrai qu'il était plus poli d'être debout pour converser, mais les bonnes manières, elle avait tendance à les oublier. Il faut dire que là, elle devait quand même reprendre un peu de bon sens, car même si son père ne travaillait plus au ministère, il lui avait toujours fait la guerre pour qu'elle respecte un minimum son travail. Parce qu'elle en faisait déjà pas mal à la maison: quoi de plus ironique pour un père qui fut à une époque oubliator que d'avoir vu sa fille passer son temps à utiliser des objets magiques allant du balai volant jusqu'aux images animées devant les moldus? Ça aurait pu lui couter son poste s'il n'avait pas eu des collègues fort sympathiques pour oublier de faire des rapports sur le comportement désobligeant de sa fille. Finalement ça ne l'avait pas empêché d'être promu directeur de son département, aussi Jaina lui en avait elle voulu pour toutes ces punitions suite à ses bêtises alors que finalement, il n'en avait pas payé les pots cassés.

Bref. Le fait est que maintenant la situation n'était plus la même et que Jaina, en mémoire à son père, devait rester polie devant... Led Yaxley. C'était comme ça que l'homme se nommait. Après une brève réflexion, elle se souvint avoir lu ce nom dans la Gazette, il y avait même un extrait de son programme, améliorer la vie des gens ou un truc comme ça. Le discours bâteau des politiques quoi. Mais elle ne le connaissait pas, elle ne pouvait donc pas juger pour si peu. Quoi qu'il en soit, il était temps pour elle de se présenter à son tour, mais ce fameux Yaxley semblait déjà la connaître. C'était seulement maintenant qu'elle s'en rendait compte. Étonnée, elle haussa légèrement les sourcils.

« Ne jamais dire jamais, p'têtre bien que cette salle sera vide demain! Et oui, c'est ça, Jaina Wedgers. Mais euh, bonjour. Comment vous savez que c'est moi, j'ai fait quelque chose de mal? Il y avait de la poussière sur la boule de cristal alors j'ai pensé que je pourrai... »

Oui, bon, on allait pas faire tout un patacaisse pour une histoire de vieille boule de cristal dont le propriétaire avait certainement oublié l'existence. Puis tout à coup, elle eut une illumination: le 21 décembre 2012, elle aurait le double de son âge. Oui, c'était ça la réponse. Mais réponse à quoi? Non en fait, ça n'avait pas de sens, il y avait autre chose qui se produirait à cette date.
Jaina n'avait été tirée qu'un bref instant de sa méditation, pour y revenir une fois qu'elle avait répondu à l'homme. Mais un détail lui revint: elle ne savait toujours pas comment il connaissait son identité, et elle ne savait pas non plus pourquoi il était venu. Puisque apparemment il était venu pour lui parler. Ou alors... Il était venu s'assurer qu'elle n'allait pas semer la pagaille dans cette pièce, elle avait tout de même faillit se faire expulser de Poudlard et c'était le genre de ragot qui filtrait même à l'extérieur de l'école. Encore heureux qu'elle n'ai pas été accusée de tentative de meurtre sur la brigade inquisitoriale du temps de Ombrage.

En résumé, la présence de Yaxley devait signifier « récupérez vos affaires et dégagez ». Mais les affaires, il fallait déjà les trouver. Alors pourquoi pas discuter en attendant: le sorcier disait avoir travaillé avec Shawn, l'occasion de peut-être en savoir un peu plus sur le métier de son père auquel, en réalité, elle ne s'était jamais intéressée. A part pour gagner des points en gribouillant un article dans la Gazette de Poudlard.

« Sur quoi vous avez travaillé? Avec mon père, je veux dire. »

Jaina s'attendait à entendre tout un blabla de bureaucrate auquel de toutes façons, elle ne comprendrait rien. Mais elle prit une mine faussement intéressée tout en essayant de rechercher les affaires de son père. Et les sorciers avaient un peu de mal avec la notion de boite en carton puisqu'il n'y avait pas grand chose de trié. Si ça se trouve, le matériel de son père était éparpillé aux 4 coins de la pile.
D'ailleurs, entre deux bidules inutiles que les gens avaient pour habitude de placer sur leur bureau, elle aperçut deux petits cadres empilés. Le premier laissait voir une femme et son bébé, tous deux souriants, avec dans le décor une télévision et un magnétoscope. Jaina reconnu rapidement sa mère, et le magnétoscope, c'est elle qui avait milité pour l'avoir, elle n'était donc plus un bébé à l'époque où la photo avait été prise. Le mioche, c'était Teddy le maléfique, voleur de statut d'enfant une unique, et repreneur du flambeau d'enfant à la maison puisque conçu lorsque la Gryffondor avait été admise à Poudlard. Un tantinet jalouse, Jaina s'empara du cadre pour voir si c'était elle que l'on voyait sur celui d'en dessous. Mais dans son élan elle fit tomber ce second cadre, le verre et le bois se brisant sur le carrelage.

« D'solée! »

Jaina se pencha pour réunir les débris en un petit tas, récupérant la photographie... Ainsi qu'un parchemin vieillit qui avait été glissé entre l'image et le cadre. Curieuse, la lionne jeta un bref regard à la photo: les Wedgers ainsi que sa mère en robe de mariée, mais il manquait une personne: Maria, sa tante. Elle s'attarda ensuite sur le vieux parchemin, de petite taille. Il y était écrit « Je sais très bien pourquoi elle n'est pas venu. Arrête de dire que je suis naïf, d'entre nous deux c'est toi qui t'y prête le mieux. Comme si c'était malin d'épouser une moldue en ces temps, surtout avec Maria au courant. Quand prendras-tu conscience du danger? Le jour où il sera trop tard? Ne vas pas croire que je suis contre toi, par pitié ne romps pas le contact, ne renie pas ton frère. J'aimerai tant pouvoir te dire plus mais même mon hibou n'est pas à l'abri d'une attaque. Fait moi confiance. Henry ».

Jaina avait rapidement survolé le message, ayant tout lu sans vraiment s'attarder. Elle aurait le temps d'étudier le parchemin quand elle serait à la maison, car comme qui dirait, le linge sale ça se lavait en famille. Cependant, un détail l'avait interpelée: selon la lettre, son père avait à l'époque la même insouciance qu'elle actuellement, semblait-il. Ironique pour un homme qui avait sombré dans la paranoïa maladive.