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 Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin"
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MessageSujet: Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin"   Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin" EmptyVen 15 Mai - 20:49:38

Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin" Bnniar10



Il pleuvait sur Londres, une pluie forte qui dressait un rideau d’eau devant les yeux des citadins, teintant toutes choses d’un voile ondoyant qui rendait les silhouettes floues, presque fantomatiques. Partout, les gens hâtaient le pas afin de gagner le réconfort d’un abri chaud et sec. Nombre d’entre eux n’avaient pas de parapluie, ni d’artifices protecteurs, aussi l’eau ruisselait-elle le long de leurs longs imperméables, leur coulant dans les bottes. D’autres encore semblaient comme entourés par une bulle autour de laquelle la pluie s’écoulait mais qu’elle ne pouvait percer. En temps normal, cela aurait sans doute attiré l’attention des londoniens qui auraient fait l’effort de tourner la tête et de les considérer cependant, étrangement, les regards semblaient se détourner naturellement d’eux tout autant que la pluie. Comme s’ils n’existaient pas.

Appuyé contre le mur de béton d’un immeuble décrépit, un homme regardait passer tout ce petit monde, une étincelle amusée dans les yeux. La pluie coulait sur ses vêtements, dans ses longs cheveux et dans sa barbe, toutefois cela ne semblait pas le déranger le moins du monde. Son trench-coat de cuir était légèrement entrouvert sur une chemise noire et un pantalon du même métal. Contrairement à ceux de son espèce, il aimait s’habiller comme les gens
« normaux », trouvant certains de leurs styles vestimentaires très à son goût. Sa longue crinière dorée tombait librement sur ses épaules, les gouttelettes faisant miroiter la lumière brumeuse des lampadaires. Sa barbe tressée était elle aussi constellée de minuscules taches de lumière, ce qui lui donnait une espèce de halo irréel. Un peu comme une apparition surnaturelle, un ange ou peut-être un diable…

Bien que les yeux de l’étranger paraissent suivre les passants, s’amusant de leurs ridicules efforts pour n’être pas mouillés, son regard revenait souvent vers le bâtiment en face de lui. A ces moments-là, un feu curieux, brûlant, s’animait dans ses prunelles, comme s’il y avait là quelque chose qu’il désirait mais ne pouvait atteindre, ou comme s’il attendait quelque chose. Ou
quelqu’un.

Soudain, un mouvement parut capter son attention. Il s’immobilisa complètement, à tel point que l’on aurait pu se demander s’il n’avait pas eu une attaque. Son regard était fixé sur un homme qui venait d’apparaître au coin de la rue. Il le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse au détour d’une ruelle. Alors, un sourire étrange apparut sur ses lèvres. Il leva la tête une dernière fois, appréciant la sensation de l’eau qui lui coulait sur le visage puis tira un mince bout de bois de sa poche et le dirigea vers lui-même. Un instant passa avant que l’homme paraisse satisfait. Il était prêt. Le moment d’agir était arrivé.

Sayannel fit un pas en avant, pivota sur lui-même et disparut.


* *


Le Mangemort avançait d’un pas vif et régulier dans le corridor. Après s’être matérialisé dans le Ministère, il avait parcouru le hall d’entrée déserté jusqu’à l’ascenseur et y était entré. Il avait attendu quelques instants puis était sorti dès que la porte s’était ouverte sur l’étage qu’il désirait rejoindre. Et maintenant, il suivait le couloir vide, son esprit fixé sur son objectif.

En quelques minutes, et après avoir dépassé plusieurs portes fermées, il en atteint une qui différait un peu des autres par sa forme. Là où les précédentes avaient été rectangulaires et dépourvues de toute ornementation, celle-ci ressemblait vaguement à une arche de pierre incrustée dans le mur et pourvue de deux battants de bois sombre, sans doute du chêne. Sur le fronton était inscrite la devise de la division dont elle gardait l’accès :
« La vérité est changeante. »

Le géant blond s’arrêta devant l’arche, son trench-coat flottant paresseusement autour de ses chevilles dans la brise magique qui parcourait le couloir. Maintenant qu’il était parvenu à destination, il hésitait. Oh, bien sûr, il n’hésitait pas devant la tâche à accomplir – non, cela il l’avait décidé il y avait bien longtemps et rien n’aurait pu l’en dissuader – non, il hésitait devant la manière dont il allait l’accomplir. Lorsqu’il avait initialement prévu cette opération, tout avait été simple. Un Impérium sur le supérieur de Guérin lui avait permis de donner à ce dernier une masse de travail telle qu’il devrait rester tard dans son bureau, assurant le Mangemort qu’il serait seul. De plus, de cette manière, il ne se douterait pas du danger qu’il courait. Ensuite, tout allait de soi. Sayannel gagnait le Ministère, rejoignait le bureau de son cousin par alliance, le torturait jusqu’à-ce qu’il crie grâce, puis le tuerait. Il laisserait ensuite un mot qui ferait porter le chapeau à un Mangemort quelconque. Celui-ci serait arrêté, questionné, puis envoyé à Azkaban à vie. Un plan parfait. Il avait même prévu de modifier la mémoire du Mangemort qui serait accusé afin que celui-ci soit convaincu d’avoir bien assassiné Guérin. Un plan sans failles.

Cependant, maintenant qu’il était devant le bureau de sa victime, il se posait des questions. Il désirait toujours tuer l’ancien journaliste toutefois il n’était plus certain qu’il soit désirable de le torturer au préalable. Outre le temps que cela prendrait et le risque, minime soit-il, que quelqu’un entende ses cris, il se rendait maintenant compte de toutes les conséquences que cela pouvait avoir. En fait, trois principales objections se posaient à ce projet. Trois objections qui auraient chacune suffi à le détourner si la cible avait été un autre.

Tout d’abord, il y avait Océane. Guérin était tout de même son mari, et il était certain que sa mort lui causerait du chagrin, peut-être même de la douleur. Cependant cette souffrance ne serait rien à côté de celle qu’elle ressentirait si elle apprenait qu’il avait été sauvagement torturé avant de rendre l’âme. Or s’il y avait une chose au monde qu’il désirait éviter, c’était de faire souffrir sa cousine. L’idée même lui en était insupportable. C’était d’ailleurs pour cela qu’il n’avait jamais mis son plan à exécution auparavant, parce qu’il la croyait heureuse avec Guérin. En quelque sorte, cette croyance avait prolongé la vie de son ennemi pour quelques années. Aujourd’hui, toutefois, il était certain que ce n’était plus le cas. C’est pourquoi il était passé à l’acte.

Ensuite, il y avait Clarisse. C’était étrange de penser à elle dans une affaire qui datait d’avant sa naissance, qui plus est alors qu’il ne la connaissait que depuis peu, pourtant force lui était de reconnaître qu’elle avait pris une place importante dans ses pensées, si ce n’était dans sa vie. Guérin était son père et elle souffrirait sûrement beaucoup de sa mort. Et l’idée de sa nièce souffrant lui était aussi abominable que l’était celle de sa cousine. Elle aurait pu être sa fille si les choses avaient été autrement… Cette simple idée fit frissonner Sayannel. Il n’avait jamais ressenti l’envie d’avoir une descendance jusqu’à-ce qu’il croise sa nièce. Quelque chose en elle l’avait attendri, le poussant à lui parler ouvertement alors qu’il ne la connaissait pas, venant seulement de la rencontrer. Il ne voulait pas non plus qu’elle ne souffre plus que nécessaire.

Enfin, il y avait une simple question de principes. Bien que son cœur lui souffle de torturer sa proie jusqu’à-ce que celle-ci perde la tête, son esprit lui soufflait que c’était un acte injuste, qui allait à l’encontre des principes qu’il avait choisi. Guérin n’avait –bien que ce fut difficile à admettre – rien fait en propre pour offenser Sayannel de telle manière à ce qu’il puisse le faire souffrir. Océane l’avait choisi lui, choisi. Il ne lui avait pas forcé la main, elle l’avait simplement préféré à son cousin. Il ne méritait pas de souffrir juste parce qu’il avait été choisi au détriment d’un autre. D’ailleurs, ce ne serait pas non plus là le motif de sa mort. Du moins… pas entièrement. Quelle qu’ait été sa haine pour l’ancien reporter, le Mangemort n’aurait pu l’assassiner simplement par dépit. Son honneur n’y aurait pas survécu, et l’honneur était la seule chose qu’il lui restait à chérir.

Le géant blond secoua la tête, comme pour chasser les pensées dérangeantes. Soit, il ne torturerait pas sa proie. Toutefois, s’il temporisait encore longtemps des gens finiraient par arriver. Il ne devait pas perdre de temps. Il allait faire un pas vers l’avant et franchir l’arche lorsqu’il se rendit compte qu’il avait encore sa baguette serrée dans sa main. Celle-ci était crispée sur l’artefact à tel point que la peau de ses phalanges paraissait translucide. Il sourit pour la première fois depuis qu’il était entré dans le bâtiment et rangea le morceau de bois dans la poche de son trench-coat. Il n’avait pas besoin de cet avantage, il était bien plus puissant et rapide que son ennemi de toute façon. Et puis… il sentait qu’il lui devait au moins une chance, serait-elle infime. Qui sait, peut-être réussirait-il à le vaincre ? Riant doucement devant cette perspective, le viking tendit sa paume gauche devant la porte à double battant qui s’ouvrit lentement vers l’intérieur.


* *


Dernière édition par Sayannel Echeberry le Ven 15 Mai - 21:13:23, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin"   Une histoire de jalousie, ou "tout a une fin" EmptyVen 15 Mai - 21:05:05

Guérin était assis à son bureau, en train d’écrire quelque chose que Sayannel ne pouvait voir. Il tournait le dos à la porte. Le Mangemort avança de quelques pas tandis que la porte se fermait derrière lui sans un bruit. McBrien sembla avoir entendu le bruit de pas car il appela sans prendre pour autan la peine de se retourner.

Oui ? Qui est là ?

Le ton de sa voix était calme ; il était évidemment encore absorbé par son travail. Ne daignant pas lui répondre, le géant blond reprit sa marche jusqu’à se retrouver à quelques enjambées du fauteuil. Il profita de ce que sa cible ne réagissait pas encore pour observer le bureau.
La première chose qu’il constata était la propreté de la pièce. Tout était nettement rangé dans son coin. Guérin avait toujours été quelqu’un de soigneux. Un examen plus minutieux le força à conclure que ce bureau était tout ce qu’il y a de plus banal : rien dans la pièce n’aurait pu permettre de dire que plusieurs sorciers travaillaient ici, si ce n’est peut-être le petit tas d’avions en papier violets qui voletaient dans un coin de la pièce, apparemment en attente d’envoi ou de réception. La voix de l’homme assis tira Sayannel de ses réflexions.


Il y a quelqu’un ?

Là encore, sa voix ne paraissait pas troublée, simplement curieuse. Il se disait sans doute qu’il avait peut-être imaginé le bruit. Ou peut-être se sentait-il fatigué et n’était-il pas assez « frais » pour réaliser que quelque chose clochait. Se décidant enfin à déclencher le piège, Sayannel répondit.

- Bonjour, cher cousin. Tu ne me salues pas ?

Le Mangemort vit la main qui écrivait se figer net. Toutefois, Guérin ne se retourna pas, il ne tenta pas de jeter un sort à son visiteur, il ne bougea même pas en fait. Il resta tout simplement assis où il était durant un long moment. Comme l’autre ne disait rien de plus, il finit par se retourner, tentant peut-être de se convaincre qu’il s’agissait d’un mauvais rêve. Il n’eut aucune réaction lorsqu’il découvrit l’identité de son visiteur, cependant celui-ci vit une lueur dans son œil. Guérin savait déjà qu’il allait mourir, et pourtant il ne tentait rien. Etait-ce de la peur ? Non. Quoi que puissent être ses défauts, l’époux d’Océane était un homme courageux.

Sayannel. Que me vaut le plaisir ?

Cette fois-ci, son ton laissait transparaître son émotion clairement. Sous son apparence imperturbable, la haine bouillonnait en lui. Il savait qu’il allait mourir, et il savait que ce serait par la main de celui qu’il haïssait plus que tout. Pourquoi sinon le mangemort se serait-il donné la peine de faire le déplacement ?! L’homme roux connaissait son adversaire pour l’avoir longuement côtoyé à Poudlard et il savait également que le mage noir était influant. Sayannel ne put s’empêcher de rire, narquois.

- Guérin… Comment vas-tu après toutes ces longues années ? Toujours… absent ?

Il prononça le dernier mot avec dépit, laissant transparaître le mépris qu’il éprouvait envers l’autre et son comportement vis-à-vis de sa famille. Guérin frissonna légèrement devant tout le venin contenu dans ces paroles. Pourtant, il reprit contenance et répondit d’une voix tranquille, décidant de faire abstraction du reproches que lui adressait le blond.

Non. J’ai décidé de me ranger. C’est pour cela que je travaille ici désormais. Mais tu dois savoir tout cela.

Le Mangemort hocha la tête.

Oui. En fait, j’aurais plutôt aimé entendre ce que tu avais à dire pour ta défense. Tu as été un père déplorable, un mari lamentable, sans cesse absent, jamais au courant de ce qui se passait dans sa propre maisonnée, incapable à ces mots sa voix se mit à vibrer de colère contenue - de rendre ta femme heureuse et pourtant te voilà, en bonne santé et pas le moins du monde inquiet.

Un mari « lamentable », mais mêle toi donc de ce qui te regarde ! Ma famille se porte très bien et si tu avais été là tu le saurais, d’ailleurs ce n’est pas moi qui ai causé tant de chagrin à Océane en disparaissant de sa vie, elle a beaucoup souffert mais tu n’étais pas là, et c’est moi qui ai dû la ramasser à petite cuillère.

Guérin était outragé. Son visage qui était jusqu’ici un masque d’imperturbabilité était devenu rouge vif. Ses yeux verts brillaient de rage, comme un serpent prêt à frapper.

Rentre che..

Sayannel le coupa.

J’ai dit que j’aurais aimé entendre tes excuses. C’est du passé. J’ai jugé ton cas, Guérin. Il n’y a qu’une seule sentence possible pour ton crime.

Allons, il est facile de revenir maintenant et de jouer les sauveurs de pacotille ! Ou était-tu durant tout ce temps ? Et tu attends des excuses, de ma part, alors que c’est toi qui causes tout ce trouble ? De quel droit me juges-tu, toi qui tues pour ton maître maléfique ?

Tu ne mérites pas mes réponses Guérin. La voix du Mangemort était désormais pleine de condescendance. Il ne comprenait pas comment il avait pu haïr un tel homme. Autant haïr un insecte. Un homme incapable de reconnaître ses fautes n’était même plus digne du statut d’humain à ses yeux. Il imprégna ses prochains mots de tout le mépris dont il était capable. Contentes-toi d’expier ta faute et de te repentir sur la façon dont tu as trompé Océ…

La main de l’employé du ministère vola vers sa poche, sa vie était en jeu, il n’allait tout de même pas l’offrir à Sayannel sur un plateau en argent. S’il la voulait, qu’il vienne donc la chercher ! Réagissant au quart de tour, Sayannel plongea sa main dans sa veste et tira sa baguette. Le rayon de lumière rouge ne manqua Guérin que parce que celui-ci avait sauté en arrière, s’attendant à une réaction prompt du mage noir. Le rouquin envoya un sort que Sayannel dévia d’un mouvement de poignet.

Reducto !

Le bureau vola en éclats. McBrien fut projeté par le souffle de l’explosion et alla se cogner contre le mur. Ignorant la douleur dans son dos ainsi que le liquide chaud qui lui colla la chemise contre la peau, il se releva… et plongea de nouveau de côté. Le sort du Mangemort venait de le rater d’un cheveu.

Sayannel envoya un sort d’immobilisation à Guérin qui le bloqua et contre-attaqua par un autre. Le viking dut se jeter au sol pour éviter le sort. Il effectua une roulade avant et, se relevant, cria


Diffindo !

possible, même si l’issue du combat ne lui laissait que peu d’espérance. Sayannel avait toujours été un sorcier émérite, bien avant de signer avec le Lord, un élève modèle, aussi doué en théorie qu’en pratique. Profitant de l’avantage momentané, Sayannel sauta par-dessus le débris, dévia un rayon de magie et rentra en collision avec son ennemi, épaule la première. Guérin fut littéralement soulevé par la violence de l’impact. Il vola en arrière, lâcha sa baguette qu’il ne pouvait de toute façon retenir et s’écrasa contre le mur en un craquement désagréable. Le Mangemort cria « Accio Baguette ! » et celle-ci dévia de son vol en pleine trajectoire pour rejoindre sa main.

Alors que le rouquin se relevait péniblement après un bref étourdissement, Sayannel pointa les deux baguettes vers lui et de longues cordes noires volèrent des pointes pour aller enserrer leur victime. Une fois sa proie immobilisée, le Mangemort s’approcha de lui. Il se sentait étrangement… vide. Il ne ressentait plus aucune animosité pour l’homme devant lui – ni haine, ni mépris, ni même satisfaction. Simplement de l’indifférence. Il avait gagné et, au final, il n’en voulait pas vraiment à Guérin. Bien sûr, il allait tout de même le tuer. Mais ce serait sans méchanceté, un peu comme un « sans rancune » après un échec et mat mettant fin à une partie particulièrement ardue.

Alors qu’il se dressait au-dessus du vaincu, le Mangemort pausa. Il fallait qu’il mette en scène son acte de manière à ce que les Aurors croient à un vulgaire acte anti-Moldus, une agression osée certes, mais tout de même assez banale. Il réfléchit un instant. Il lui fallait donner un certain symbolisme au geste s’il désirait que sa mise en scène soit crédible. Soudain, il lui vint une idée, une idée qui rendrait le meurtre tellement symbolisé que le Bureau des Aurors ne chercherait même pas une quelconque intrigue derrière la façade qu’il allait élaborer. De plus, Guérin ne souffrirait pas trop. Vraiment parfait. Il leva son bras armé. L’employé du ministère releva douloureusement la tête vers son bourreau et planta son regard émeraude dans ses pupilles glacées. Des pupilles qui le frappèrent comme la foudre l’aurait fait, peut être même en pire. Clarisse, sa propre fille avait hérité des mêmes yeux bleus que le monstre qui allait mettre fin à ses jours. Coup de poignard en plein cœur, comme s’il se rendait compte pour la première fois que le blond ne les avait jamais vraiment quitté, et qu’Océane, même inconsciemment avait transmis à sa fille quelque chose qui la rattache à ce cousin. Guérin avait trop mal aussi bien mentalement que physiquement pour haïr plus encore Sayannel, le moment était venu, et l’image qu’il emporterait pour l’éternité serait celle de ces yeux implacables posés sur lui. La gorge sèche, il arriva tout de même à bredouiller quelques mots.


C’est..trop tard, elles … la baguette pointa vers son cœur, le temps allait s’arrêter. Dans un dernier effort de volonté, il parvint à achever sa phrase dans un murmure… elles ne te le pardonneront jamais…

Stupefy !

Sa victime s’affala, inconsciente. Ainsi, il ne sentirait aucune douleur lorsque la vie le quitterait. Un acte miséricordieux, en somme, même si pas complètement désintéressé.

Sayannel conjura une longue dague du néant et la saisit par la poignée. La lame en était argentée, incrustée de runes et surtout finement aiguisée. Il n’y avait pas de garde et la lame rejoignait directement la poignée en un fondu artistiquement ouvragé. Le pommeau était d’or massif. Le sorcier considéra l’arme, satisfait puis la prit dans sa main droite. Il s’agenouilla devant Guérin, le contemplant pensivement. Il se demandait maintenant comment il avait pu haïr l’homme, comment il avait pu ressentir à son égard une émotion si flamboyante qu’elle l’avait brûlé pendant des années, lui qui était d’ordinaire si calme, si maître de lui. Il avait entendu, comme tout un chacun, parler du pouvoir de l’amour et bien qu’il ne doutât pas que ce pouvoir fut une réalité, il n’avait jamais eu l’occasion de le voir à l’œuvre – ou du moins ne s’en était-il jamais rendu compte. Il n’avait toutefois jamais réalisé à quel point ce sentiment pouvait être source de tourment et de souffrance, plutôt que de joie. Oui, de maints tourments et de maintes souffrances…

A cause de l’amour, un homme allait périr ce soir. Une vie s’éteindrait, soufflée comme une chandelle à l’heure du coucher. Et tout cela pour une émotion, quelque chose d’aussi banal que la joie ou la tristesse. L’amour valait-il qu’on tue pour lui ? Et encore plus important, l’amour valait-il qu’on meure pour lui ? L’historien n’en savait rien, mais il savait qu’aujourd’hui, sa haine et sa colère allaient mourir avec Guérir. Enfin…

Il y eut un éclair d’argent, puis du sang. Beaucoup de sang. La dague avait tranché net la jugulaire de l’homme inconscient et celui-ci se vidait de son sang et de sa vie. Plus rien ne pourrait le sauver, même pas la magie. Soucieux malgré tout de s’en assurer, Sayannel resta à côté de lui jusqu’à ce que la dernière goutte quitte la coupure pour glisser lentement le long du bras, traçant une ligne rouge pâle, avant de terminer son cours sur la pointe de l’index du mort. Il resta un moment en silence, immobile, regardant cette simple goutte écarlate. A quoi donc tenait la vie, se demanda-t-il, pour qu’un homme puisse mourir aussi facilement, aussi silencieusement ? Au final, tout se résumait à cette minuscule goutte rouge, cette gouttelette de sang qui maintenait un être humain en vie…


Lorsqu’il fut certain que Guérin était mort, le Mangemort se releva et se mit en devoir de mettre en place sa mise en scène. Levant le bras qui tenait la baguette il pensa * Flagrate ! *. Il laissa alors son message en lettre de feu, incrustées au-dessus des décombres du bureau : « Ceux qui volent la magie des véritables sorciers ne méritent pas qu’on utilise la magie pour les châtier ! »

Ceci fait, il fit disparaître la dague et matérialisa à sa place un long couteau d’égorgeur, de même largeur et longueur de lame, qu’il passa dans la plaie afin de l’imbiber du sang du rouquin. Il laissa alors tomber l’ustensile à côté du cadavre après l’avoir magiquement nettoyé de toute trace de contact. Il recula de quelques pas pour contempler son travail : le résultat était saisissant. Les Aurors tomberaient à coup sûr dans le panneau.

Ayant fini ce qu’il avait à faire, Sayannel tourna le dos à la scène du crime après avoir vérifié que ses vêtements n’étaient pas souillés et s’engagea dans le couloir, ne voulant pas risquer de laisser des résidus de magie dans la pièce qui permettraient de remonter jusqu’à lui. Il retraversa le hall du Ministère, toujours désert, et disparut juste devant l’un des âtres après avoir tourbillonné l’espace d’une fraction de seconde.

Alors que le silence retombait sur le Ministère de la Magie de Londres, quelque part dans les profondeurs de la terre, un message brûlait des flammes terribles de la haine.
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