Quand une rousse mène l'enquête [PV Page]

Après avoir reçu le rapport de Précieuse McLane, il devenait indispensable pour Sibylle de se faire une idée précise sur Page McHenry, et savoir quelle part elle avait pu jouer dans la vilaine diffamation publiée dans la Gazette de Poudlard. Les résultats de l’enquête de la préfète serpentarde étaient accablants et ciblaient tous la préfète Griffondor ; peut-être trop accablants, car quelque chose titillait le professeur, une sorte de voix intérieure qui lui recommandait la prudence et la circonspection ; elle-même avait été victime d'une injustice flagrante l'année précédente, ce qui avait failli lui couter son poste et son toit, il était hors de question de risquer la même erreur avec une élève.

Afin de tirer tout cela au clair, elle avait demandé l’aide du professeur de potions, Horace Slughorn, et lui avait raconté toute l’histoire et le projet qu’elle avait concocté. Tout cela l’avait bien fait rire même s’il ne pouvait pas mettre en doute la parole de quelqu’un de sa maison, et avait collaboré sans trop se faire prier. Trelawney avait donc quitté son collègue avec un petit flacon, qui allait lui permettre de voir clair dans toute celle histoire.

Tout étant prêt, elle envoya une chouette porter une invitation à Page McHenry à passer la voir après les cours, afin de faire le point sur l’état d’avancement de son enquête interne autour d'un thé…

Et voilà que la rouquine était à nouveau convoquée... Les entrevues régulières avec sa directrice de maison, elle en avait l'habitude : MacGonagall voyait la jeune préfète de temps à autre pour bien lui faire sentir que son poste lui donnait des obligations, et qu'elle devait tempérer parfois son naturel emporté. Page avait eu ainsi le droit à quelques travaux supplémentaires, quand la vieille Minerva avait eu vent de certaines de ses escapades. Mais jusqu'à présent, la deuxième année était encore assez peu coutumière des convocations de la part d'autres professeurs. Il y avait bien eu quelques entrevues avec Ombrage et la Brigade Inquisitoriale l'an passé, et une retenue avec Rogue cette année, mais là, cette convocation en son nom propre, faisant suite à la réunion avec les préfets... Cela commençait à en faire beaucoup en si peu de temps.

La lionçonne avait donc été surprise de recevoir la chouette de son professeur, et s'était empressée de la glisser dans sa poche. Ainsi Trelawnay voulait-elle déjà faire un point sur l'enquête. Page songea avec anxiété qu'elle n'avait pas encore grand chose à présenter à la femme aux châles. Bien sûr, ils étaient quatre préfets sur le cou, et ils devraient certainement avoir bientôt du nouveau, mais pour le moment, elle n'avait rien de bien probant à présenter. Et puis, de son côté, est-ce que McLane avait été aussi convoquée pour faire le point ? La jeune irlandaise n'avait aucune envie de revoir aussi vite sa pire ennemie, d'autant plus qu'elle ne savait toujours pas ce que la blonde tramait.

C'était donc emplie d'appréhension que la rouquine se présentait à cette convocation. Elle frappa quelques coups à la trappe du grenier de divination, et se faufila à l'intérieur, se forçant à ne pas grimacer sous les effluves qui l'avaient immédiatement saisie à la gorge.

- Bon... Bonsoir professeur...

Erf, en plus, Page était prête à parier que Trelawney allait lui proposer un de ses immondes thés. Il faudrait la jouer fine pour réussir à passer outre la proposition bienveillante de son enseignante sans la vexer...

[HJ : niarkhéhé

)]

Page avait répondu à l’invitation de Sibylle. Bon, il était exact aussi qu’il s’agissait plutôt d’une convocation à laquelle l’élève ne pouvait éviter, mais la vieille chouette était vraiment satisfaite de voir que la rousse n’avait pas tardé à venir, pour plusieurs raisons supplémentaires au plaisir de prendre un thé.

- Bon... Bonsoir professeur...

Sibylle se leva pour accueillir la préfète. Dans son empressement à se rendre à l’entrée, elle buta du tibia contre une table basse, ce qui provoqua, comme chacun sait, une douleur intolérable. Les larmes aux yeux (agrandies trois fois par les lunettes), le professeur étouffa un juron se terminant par « Merlin » et clopina jusqu’à Page. Cet incident eut au moins le mérite de détendre un peu la jeune fille, comme quoi le malheur des gens pouvait faire la détente des autres.

- Aie… si je tenais l’elfe de maison qui me joue des tours comme ça et fait bouger les guéridons juste pour me faire trébucher ; ça n’arrête pas d’arriver, et ça en devient lassant. Mais les cartes m’avaient bien dit que la semaine serait difficile et parsemée d’embuches.

Tout en accompagnant Page en se tenant à son bras, d’une part pour établir un contact sympathique, d’autre part pour soulager sa jambe abimée, Trelawney la guida vers sa place habituelle où attendaient déjà le classique thé, cette fois agrémenté de cookies.

- Installez-vous ma chérie, faites comme chez moi. Je souhaitais savoir, pour commencer, où vous en étiez dans votre enquête, si vous aviez déjà enregistré des résultats…

Page n'avait pas passé la tête par la trappe que déjà le professeur se levait avec empressement pour l'accueillir, butant dans la table basse, et son visage passant subitement de la joie à la douleur. Page se mordit la lèvre inférieure, partagée entre l'envie de rire honteusement de la maladresse de la femme aux châles et la compassion pour sa douleur, qu'elle devinait intense aux larmes qui apparaissaient dans les yeux masqués par les épais verres correcteurs.
Claudiquant, Trelawney rejoignit son élève, posant une main tremblante sur son épaule pour soutenir sa jambes endolorie. Page se tendit un peu au contact de son enseignante. Il n'était pas habituel d'être si proche d'un membre du corps enseignant après tout... Mais le fait que Trelawney se reposât ainsi sur la gosse la détendit finalement : cette espèce de chouette devait lui faire confiance.

La femme et la fillette rejoignirent la table basse immanquablement agrémentée d'un thé fumant et accompagné, de manière moins prévisible, de quelques cookies. Page réprima un soupir. Elle n'avait rien contre le thé, mais les effluves qui régnaient dans la pièce donnaient un a priori toujours très négatif aux élèves de l'enseignante de divination quant à la saveur de cette boisson si prisée habituellement des anglais.

Page se laissa tomber sur l'un des poufs, et, pour faire bonne figure, attrapa l'un des cookies, quand Sibylle posa la question tant redoutée. La gosse, pour gagner quelques secondes totalement inutiles, se racla la gorge en regardant ailleurs.

- Hmmm... Beeeen... Ca avance... J'ai demandé aux autres préfets de bien vouloir m'aider, pour qu'on puisse être plus efficaces vous voyez. Parce que toute seule, ben j'me suis dit que ce serait assez long. Euh oui, parce que Précieuse et moi, on, euh...on a décidé de travailler chacune de notre côté... Pour explorer plus de pistes hein !

Comment aurait-elle pu avouer que pour rien au monde elle n'aurait coopéré avec McLane femelle ? Comment expliquer à cette femme qui semblait constamment au bord de la crise de nerfs qu'elle avait désigné le tandem le plus catastrophique qu'elle eut pu faire parmi les rangs préfectoraux, l'alliance la plus désastreuse ? Non, mieux valait passer sous silence les inimitiés des deux gosses.

- Oui, et euh donc... On a limité un peu le champ de recherches... Vu que dans l'article on a mentionné c'que j'ai dit lors du cours, ben on s'est dit qu'un des élèves présents était forcément impliqué... Et euh du coup, ben, on enquête quoi...

C'était un peu léger. pas grand chose de concret à apporter. Vite, improviser quelque chose !

- Hum je... pensais éventuellement à aller voir la nouvelle rédactrice en chef de la gazette, pour pouvoir jeter un oeil sur l'article original, des fois que ça nous donne des indices...

La rouquine roula des yeux pour essayer de discerner le moindre signe sur le visage de son enseignante... Sa réponse lui suffisait-elle, ou devrait-elle broder un peu encore pour lui donner l'impression qu'elle n'avait pas chômé ?

Tout en massant machinalement sa jambe endolorie et s’auto- prédisant un beau bleu pour le lendemain matin, Sibylle ne perdait pas un mot des explications de Page. De tout cela il ressortait qu’elle n’avançait pas beaucoup, que la collaboration ave la préfète de Serpentard semblait difficile, voire impossible, mais qu’elle s’y prenait malgré tout avec ordre et méthode afin d’être la plus objective possible. Sibylle doutait de plus en plus que la jeune rousse pouvait être l’auteur de l’article, mais il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir, c’était de la confronter à cette accusation. Prenant son courage à deux mains, elle respira un grand coup et attaqua de front sans user d’artifices.

- Bien, je constate que malgré quelques obstacles, vous prenez cette mission à cœur, et cela me fait très plaisir. Cependant mon enfant, il y a un point que je dois aborder avec vous afin d’y voir plus clair. On m’a rapporté, avec des arguments assez convaincants, que l’auteur de l’article… n’était autre que vous-même.

Les éruptions de l’Etna et du Vésuve réunies n’auraient pas provoqué un plus bel embrasement d’indignation que les derniers mots du professeur. Les joues écarlates, les yeux légèrement embués par la colère lançant des éclairs, la Gryffondor sembla chercher ses mots pendant quelques secondes, rendue muette par la stupeur et l’indignation que cette accusation faisait naître chez elle. D’un geste apaisant de la main, Trelawney lui imposa de conserver ce silence et continua,

- Vous bénéficiez de la présomption d’innocence ; on ne m’a pas toujours accordé à moi et je sais quel mal cela fait d’être reconnue coupable avant même d’avoir pu se défendre. Même si j’ai toujours confiance en vous jusqu’à preuve du contraire, vous comprendrez que je suis obligée de vérifier ce point, qui pourrait changer complètement la face de cette affaire.

La bigleuse fouilla quelques instants dans une de ses poches pour en sortir une petite fiole. Elle l’approcha à un centimètre de ses lunettes afin de vérifier le libellé de l’étiquette et qu’elle ne confondait pas avec ses gouttes pour le nez. Rassurée sur le contenu, elle posa le flacon devant Page. Soudain, il lui vint l’idée de vérifier la culpabilité de la rousse grâce à son don de divination, mais elle la repoussa rapidement : il ne fallait pas gaspiller ses talents à de si basses besognes.

- savez-vous ce qu’est du Veritaserum mon enfant ? Cette potion oblige celui ou celle qui la boit à dire la vérité, et un mensonge serait absolument impossible, même au meilleur occlumens. Je souhaite, afin de vous laver de tout soupçon, vous interroger avec cet outil précieux. Auriez-vous l’amabilité de boire cette potion ma pauvre enfant ? Vous pouvez la mélanger avec votre thé si vous le souhaitez, je n’en connais pas le goût… de la potion bien sûr, pas de cet admirable thé aux racines de mandragore.

Sibylle écouta religieusement l'exposé de la jeune préfète, qui fut soulagée de n'avoir pas à broder plus avant, elle aurait fini par bafouiller et rendre son explication moins crédible. Pourtant, elle ne mentait pas, ils travaillaient sur cette affaire mais... remonter à l'auteur s'avérait bien plus compliqué que prévu. Il allait falloir interroger du monde, et la gosse, pour avoir subi un interrogatoire de McLane l'an passé, savait qu'il serait difficile de faire avouer l'éventuel coupable, quand bien même ils l'auraient juste devant eux. Mais la devineresse semblait préoccupée. Anormalement préoccupée même. Page haussa un sourcil lorsqu'elle vit la femme aux châles prendre une profonde inspiration avant de se lancer. Pourtant rien de si terrible, l'enseignante s'accordait à dire que la deuxième année s'acquittait correctement de sa mission et...

QUOI !?

Précieuse avait osé l'accuser, elle ?! Car pas de doute, le "On" ne pouvait qu'être la sournoise blondasse. Ainsi donc, c'était cela qu'elle manigançait, avec ses minauderies et ses sourires en coin ? La garce !

Page avait manqué s'étouffer d'indignation lorsque Trelawney lui avait annoncé la couleur. Et en parlant de couleur... la lionçonne avait viré cramoisi. Saleté de McLane, jamais Page n'aurait imaginé que la blonde eut pu l'impliquer directement dans cette affaire ! Encore eut-elle fait une bévue, trempé un peu dans cette histoire, mais là, non, elle était complètement innocente ! C'était si invraisemblable, comment Cudacier avait-elle seulement pu imaginer mouiller la Rouge et Or dans un scandale dont elle était, pour une fois, si loin ? Ils n'avaient rien contre elle. Ils ne pouvaient rien avoir, elle était innocente ! Elle leva un regard rageur vers son professeur et allait déverser sa bile sur la Verte et Argent, mais la femme aux doubles foyers lui intima le silence d'un geste de la main. Page serra les poings pour ne pas hurler un flot d'insultes à l'encontre de sa rivale. Trelawney avait été bien avisée de l'empêcher de s'exprimer, car nul doute que la douce enseignante eut put être choquée par les paroles pour le moins grossières qui s'entrechoquaient dans l'esprit de la gosse, et n'avaient pour tout dire absolument pas leur place entre les lèvres d'une fillette de douze ans.

Bouillant intérieurement, rêvant mille morts pour la barbie en chef, la petite irlandaise entendit à peine la suite du discours de son enseignante. La seule chose qu'elle avait attrapé au vol était le mot Veritaserum, et pour cette fois, elle était ravie que la potion soit à proximité. Autant lors de l'interrogatoire de la Brigade Inquisitoriale, cette substance aurait été une catastrophe pour la rouquine, autant aujourd'hui, elle était le salut inespéré. N'écoutant pas ce que Trelawney racontait sur le goût de son thé, la rouquine rafla prestement le flacon que Sibylle avait posé devant elle, fit sauter le bouchon avec le pouce, et avala le liquide d'une traite, avant de fixer Trelawney dans les yeux, la colère luisant toujours au fond de ses prunelles sombres.

- Bon, on commence ?

Trelawney sourit en voyant la jeune élève, toujours aussi furieuse, boire d’une traite la prétendue potion et reposer bruyamment la fiole sur le guéridon tout en la regardant d’un air de défi, et croisant ensuite ses bras, prête à répondre à n’importe quelle question. Finalement, l’approche directe était souvent la plus efficace, car une personne, sous le coup de l’émotion, en révélait beaucoup plus par son comportement que par ses paroles.

Au fond d’elle-même, la devineresse n’était pas vraiment fière et éprouvait du remord d’avoir du soumettre une élève à ce simulacre d’interrogatoire, mais elle n’avait pas trouvé d’autre solution pour confondre l’auteur de l’article, s’il avait effectivement été Page McHenry. Cette hypothèse était donc fausse, malgré le faisceau de présomptions apportées par la préfète de Serpentard qui avait été très convaincante.

- Merci ma chérie. Nous avons déjà terminé. Je n’ai pas de question à vous poser.

Laissant volontairement planer le suspense, Sibylle but une longue lampée de son thé qui refroidissait. Du coin de l’œil amélioré par trois couches de verre, elle épiait les réactions de la Gryffondor et s’amusait intérieurement de l’air ahuri qui fleurissait petit à petit sur le visage de l’adolescente, partagée entre l’incompréhension et l’incrédulité. Ne pouvant garder son sérieux plus longtemps, elle laissa transparaître l’expression espiègle d’un enfant qui vient de jouer un bon tour à quelqu’un. Cette impression fugitive disparut quand elle reprit la parole.

- Cette fiole ne contenait que de l’eau agrémentée de quelques gouttes d’arôme, histoire de la rendre plus mystérieuse. Je n’avais pas besoin de vous faire effectivement boire du veritaserum pour connaître la vérité ; le simple fait que vous ayez accepté d’ingurgiter cette prétendue potion me prouve bien que vous n’avez rien à vous reprocher dans cette sinistre enquête qui se corse de plus en plus ~~(HP : une enquête corse quoi).~~

Laissant quelques instants à Page pour reprendre ses esprits et comprendre la portée de ses paroles, Sibylle termina sa tasse de thé, cette fois complètement froid, en faisant la grimace. Soudain, le regard du professeur se voila quelque peu, elle lâcha la tasse qui atterrit, heureusement sans casse, sur un pouf et elle proféra, d’une voix un peu plus rauque :

- Méfiez-vous, je sens de mauvaises ondes autour de vous, quelqu’un vous veut du mal !

Etait-ce là une vraie vision ou une mise en scène d’une bonne actrice cabotine et en manque de public crédule, Page devrait se faire son idée seule. Comme si rien ne venait de se passer, Trelawney se pencha pour ramasser sa vaisselle en pestant sur son éternelle maladresse…

Page ne savait pas trop à quoi elle devait s'attendre en buvant cette potion. Quels en seraient les effets ? Le goût serait-il sucré, salé, écœurant ? Le liquide allait-il lui brûler la trachée, lui faire fumer les oreilles si elle mentait ?

La lionçonne n'en savait rien, et de toute façon, elle était tellement furieuse après Précieuse qu'elle ne se les était posées qu'une fois avoir ingurgité le contenu du flacon. La texture s'était avérée normale, le goût assez peu prononcé, et aucun effet secondaire n'avait fait son apparition. Mais elle s'en fichait. Page voulait à présent être lavée de tout soupçon, et elle répondrait à présent sans crainte à tout ce que voudrait savoir Trelawney. Elle avait hâte que l'enseignante commence, afin de pouvoir être définitivement innocentée. La fougueuse irlandaise ne pouvait pas supporter que des soupçons pèsent sur elle alors qu'elle était blanche comme neige (admire le clin d'oeil, Sib )

Mais contre toute attente, aucune question ne vint, alors que la gosse s'était préparée à devoir répondre à une avalanche d'interrogations. La colère de la lionçonne retomba presque aussitôt, se muant en incompréhension.

- Mais...

Il fallait qu'elle lui pose ses questions ! Il fallait qu'elle lui prouve qu'elle n'avait rien à voir dans cette affaire ! Page voulait prouver sa bonne foi ! Pourquoi l'empêcher à présent de témoigner ? Ce n'était pas juste ! La rouquine ne parvenait pas à comprendre le but de son enseignante. Finalement, après avoir laissé plâner le suspense, la femme aux châles révéla son stratagème à la lionçonne, qui afficha alors une mine un peu bourrue, déçue de n'avoir pas compris la pirouette de son enseignante. C'était bien joué, il fallait bien l'avouer, mais Page n'avait rien vu venir, et, dans sa volonté d'être innocentée, avait tout misé sur le Veritaserum, occultant toute autre possibilité. Elle avait l'impression de s'être faite rouler dans la farine, quand bien même le but final avait été le même.
La gamine allait ouvrir la bouche, mais elle se figea. Trelawney affichait une mine inquiétante, et sa voix s'éleva, bien plus rauque et profonde que celle qu'elle avait utilisé un instant auparavant. Page frissonna en entendant les paroles de la femme aux châles... Quelque part, il n'y avait rien de bien sorcier à savoir que quelqu'un lui en voulait, vu les accusations dont elle était victime, mais le comportement de son professeur lui avait collé la chair de poule. Sans même se demander si Trelawney avait joué la comédie ou pas, la jeune préfète prit la prédiction de la devineresse pour argent comptant et se leva brusquement, alors que l'enseignante agissait à présent comme si rien ne s'était passé. La gosse déglutit.

- Heu, Madame, si on a fini, je... je peux y aller ?

Une chose était sûre, plus jamais Page ne regarderait la femme aux châles du même oeil, fut-il le troisième.

Trelawney rangeait sa vaisselle, pour une fois à la main et pas au moyen de sa baguette et d’un sort de lévitation, ayant de toute évidence complètement oublié la présence de la Gryffondor. Quand celle-ci reprit la parole, elle fit sursauter la vieille chouette, ce qui la fit lâcher à nouveau sa tasse, qui cette fois s’éparpilla en morceaux au sol.

- Heu, Madame, si on a fini, je... je peux y aller ?

L’air hagard, l’œil triple écarquillé, elle regarda Page comme si elle était un elfe de maison apparu par transplanage alors qu’il n’y était pas invité. Pendant quelques secondes elle resta comme cela, bouche entrouverte, ne sachant pas quoi dire. Pour se donner une contenance, elle lanca un « reparo » sur la tasse, et échoua lamentablement dans ses deux premières tentatives. La troisième fut cependant la bonne, même si l’anse semblait s’être recollée à l’envers.

- Heu… oui oui nous avons terminé, pour le moment. Revenez me voir quand vous aurez avancé dans votre enquête !