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 Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé
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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyMer 24 Oct - 18:11:56

C’était sans doute le dernier week-end agréable de cette fin d’été, et Fabula était descendue près du lac, profiter encore une fois du soleil rougeoyant à l’horizon. L’air frais de ce début de soirée ne l’avait pas découragée à sortir, alors que les quelques élèves téméraires qui avaient passé leur samedi après-midi à faire trempette se dépêchaient de rentrer se changer. La bleue et bronze descendait la pente, plus ou moins abrupte par endroit, qui menait du château aux abords du lac, tandis qu'une chanson lui trottait en tête.

"De tous les coins de Poudlard
Le bureau le plus bizarre
C’est bien celui du têtard
Où l’on n’ose pas aller le soir."

L’air était celui d’une comptine, assez rythmée. Fabula l’avait entendue pour la première fois de deux Gryffondor, qui semblaient assez âgés et affichaient un air malicieux, il y avait à peine quelques jours de cela. Maintenant, elle se répandait à travers tout le château ; les élèves se l’enseignant dans les couloirs entre deux cours ou dans leurs salles communes. Le têtard… La jeune fille sourit. Il était assez facile de deviner sous cette métaphore la désignation du professeur Ombrage, qui de l’avis commun ressemblait à un crapaud. Quant à son bureau, il suffisait d’avoir assister à un seul de ses cours pour ne plus vouloir remettre les pieds dans une pièce décorée par ses soins. Les avis semblaient partagés sur cette envoyée du ministère. Les Poufsouffle éprouvaient de la compassion envers elle, estimant qu’il fallait lui laisser le temps de s’adapter, et les Serpentard lui témoignait un profond respect, assez suspect de leur part. De l’autre côté, les Gryffondor avaient tout de suite ressenti de l’antipathie envers ses manières, et les Serdaigle perdaient patience devant sa façon d’enseigner déplorable.

Bientôt, Fabula arriva près du lac, dont la surface brillait de mille reflets dorés à cette heure. Il n’y avait plus personne, et le dîner ne commençait pas avant une heure. La jeune Serdaigle s’assit et ferma un instant les yeux. Pour la première fois, elle était quelque part où elle se sentait bien. Poudlard était un endroit où elle se sentait bien. Cela ne faisait que quelques semaines qu’elle était arrivée, et pourtant elle se sentait comme chez elle. Chez elle… D’ailleurs, il faudrait qu’elle
leur envoie une lettre, au moins pour leur dire qu’elle était bien arrivée, qu’on mangeait correctement et que les cours étaient intéressants. Toutes les débilités habituelles en somme. Mais cela ne pressait pas. Ils ne devaient sûrement même pas s’attendre à un hibou avant Noël.

Un bruit la fit sursauter. Elle rouvrit les yeux, et scruta les alentours, aux aguets. Mais il n’y avait rien. Loin derrière elle, les arbres de la Forêt Interdite se balançaient doucement, les derniers rayons de soleil s’écrasant sur leurs cimes. Sans doute il y avait eût un coup de vent plus violent, et les arbres avaient craqué un peu plus fort. Fabula contempla cette forêt avec envie. A chaque fois qu’elle l’apercevait, elle avait l’air vivante, grouillante de vie pour être précis. Cela excitait sa curiosité, d’autant plus que tout ce qui était interdit présentait un aspect encore plus attrayant. Mais cela ne servait à rien d’y songer pour le moment. Plus tard, quand elle aurait acquis un peu plus de connaissances magiques, il sera temps d’y repenser. En attendant, autant ranger cette idée dans un coin de sa tête. Elle n’avait aucun moyen de s’y rendre seule, et il était hors de question qu’elle partage cette expérience avec quelqu’un.

En s’allongeant de nouveau, elle repensa aux quelques élèves dont elle avait fait vaguement la connaissance. Sans y faire attention, elle laissa échapper un ricanement. Il y en avait qui en tenait une couche. Comment de telles personnes s’étaient vues attribuer un don aussi précieux que celui de la magie ? D’autres, par contre, lui avait parût plus intéressantes, et sans vraiment se l’avouer, elle se dit qu’il serait utile de nouer des relations avec elles par la suite. Les yeux toujours fermés, Fabula sourit. Cela commençait à faire beaucoup de projets envisagés en une seule soirée. Sans compter les recherches qu’elle devrait entreprendre sur
eux, dans les archives de Poudlard.

La Serdaigle se redressa brutalement. Cette fois, ce n’était pas qu’une impression. Elle avait vraiment entendu un bruit. La surface du lac, qui était aussi lisse qu’un miroir encore quelques instants auparavant, était maintenant faiblement troublée, et de légères vagues venaient mourir au bord du lac, non loin des pans de la robe de sorcière de Fabula. Celle-ci se releva lentement. Elle avait entendu dire qu’un calmar géant avait élu domicile dans les eaux profondes du lac, et qu’il accompagnait même parfois les nageurs. Mais la jeune fille avait encore du mal à y croire. Et puis la dimension aquatique n’était pas un élément qui lui inspirait particulièrement confiance, ni dans lequel elle se sentait à l’aise. Elle s’agenouilla doucement, et regarda son visage se refléter dans l'eau. Pâle, et encadré de longs cheveux noirs ; seuls ses yeux marron mettaient une légère teinte dans le tableau. Mais elle n’était pas la seule à apparaître à la surface de l’eau. Juste derrière, un peu en retrait, se dessinait le reflet d’un autre visage.


Dernière édition par Fabula Aegis le Lun 9 Mar - 21:26:10, édité 1 fois
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptySam 3 Nov - 22:20:09

Septembre s'achevait sur une note ensoleillée. Ce dernier week-end était parfait et chaque élève était bien décidé à en profiter, quitte à négliger des devoirs qui tendaient à s'amasser, les professeurs ne tenant malheureusement pas compte des caprices du temps. Même les plus studieux avaient osé pointer leur nez hors de leurs livres pour l'exposer aux rayons ardents. Rayons qui, pour une fois, ne frôlèrent pas la peau juvénile du petit Isaac Deniel. Expert en matière de devoirs reportés et bâclés au profit du jeu le deuxième année était généralement de ceux qui incitent leurs camarades à laisser les devoirs de côté en agitant sournoisement des activités plus lucratives devant leurs yeux. Pourtant, en cette belle journée, personne ne parvint à le déloger des cachots. On ne pouvait le solliciter sans se faire rabrouer – sauf évidemment si on venait négocier (car rien ne se donne à Serpentard) avec lui les réponses du prochain contrôle d'histoire de la magie. Baguette et livre de sortilège en main, comme scellé dans son fauteuil, il avait observé une immobilité quasi marmoréenne jusqu'en fin d'après-midi. On ne l'avait jamais vu aussi studieux depuis les semaines obscures qui avaient précédé l'explosion de son chaudron l'année passée. Seule la perspective de préparer un mauvais coup savait motiver et stimuler l'ingéniosité du jeune garçon. Avait-il quelque chose derrière la tête ? Evidemment. Il n'était pas à Serdaigle, il n'apprenait pas « pour apprendre », il ne cherchait pas à décrocher le grââl du savoir absolu, qui, d'ailleurs, ne servait strictement à rien, si ce n'était à jouer les pédants dans des milieux intellectuels ennuyeux à mourir. Non, il étudiait pour rattraper le retard considérable que sa mauvaise volonté lui avait fait prendre, pour devenir plus fort, pour prouver sa valeur aux autres, à ses parents... Surtout à ses parents...

« Ce sort n'est pas au programme tu sais ? ». Une voix flutée s'était insinuée dans son esprit alors qu'il s'acharnait avec sa baguette sur un verre qui refusait d'aller se fracasser contre le mur d'en face. Avec une politesse et un stoïcisme exemplaire, il lui avait aussitôt demandé « d'aller se faire voir » - la tournure véritable étant trop soutenue pour pénétrer votre entendement – et il avait envoyé de ses propres mains le verre sur le mur, provoquant les imprécations d'un tableau qu'il avait manqué de peu. Les élèves présents lui avaient alors conseillé, avec force de sarcasmes, de prendre l'air... Et il était sorti, non sans piquer une dernière crise de colère digne d'alimenter toute la soirée les quolibets de ses chers comparses... L'air frais et la lumière déclinante du parc brisèrent l'étau qui se serrait autour de son crâne et ses prunelles se voilèrent de larmes fatiguées. Il se frotta les yeux en songeant à la triste pâleur de son teint. On n'avait pas idée de travailler autant. Comment pouvait-on faire du travail une philosophie de vie ? Il ne savait pas si ses effots excessifs de la journée lui avaient permis de s'améliorer mais, dans le cas présent, il se sentait capable d'arracher des mains les livres de tous les élèves qu'il croiserait en leur criant : « arrête ! Pourquoi tu fais ça ! Tu te fais du mal ! ». Et de les brûler au milieu de la grande salle autour d'un grand festin... Dieux... Il divaguait dangereusement. Depuis la rentrée, il s'était montré plus appliqué et il commençait même à révéler à ses professeurs des capacités insoupçonnées, surtout en métamorphose où, à la surprise de tous, il ratrappait les meilleurs de sa classe, mais il ne s'était encore jamais laissé aller à une telle boulimie de travail. Un égaremment causé par la fureur... Causé par ses parents...

Ce matin au petit dejeuner, une lettre l'avait passablement contrarié. Enfin... Passablement... C'était peu dire puisqu'il l'avait déchirée sans la lire en entier en s'écriant quelque chose qui ressemblait à « Chaud me fait ! » - Oui, j'ai bien dit « qui ressemblait à »... . A dater de cet instant, il s'était auto-proclamé maître d'un fauteuil et avait pratiqué tous les sorts de sa première année et ceux de sa deuxième année, s'accordant juste une interruption pour manger... et pour obtenir les questions qui lui seraient posées à sa future interro, de telles « propositions » ne se refusent pas. Quel était l'objet de cette lettre ? Les cours par correspondance. Oui, vous avez bien lu. Ses parents lui avaient envoyé un hibou pour lui demander de suivre des cours par correspondance alors qu'il était Déjà en cours. Pas les bons cours hélas... Ce n'était pas avec les « idioties » que des sorciers cinglés lui apprenaient qu'il réussirait dans la vie et ses bulletins de première année prouvaient qu'il n'avait pas de don pour la magie. Quel gâchis ! Comment pouvait-on insulter les capacités intellectuelles et la bonne éducation de leur fils en l'envoyant ici ? Dans une école de magie... De Magie m'entendez-vous ? Mr. Et Mrs. Deniel n'attendait qu'une chose le retour de leur fils unique à la vie normale. Il finirait bien par se rendre compte, lui disaient-ils, qu'il n'avait rien à faire ici. Il pouvait revenir, après tout, il n'avait manqué qu'une année, ce n'était pas dramatique et ils avaient renouvelé son inscription dans un grand collège privé de la capitale. Isaac serra les poings. Ne pouvaient-ils pas le laisser en paix ? Voilà qu'ils lui proposaient de prendre des cours par correspondance afin de se maintenir au niveau des gens de son âge. Il avait beau leur répéter qu'il était possible d'intégrer des grandes écoles moldues une fois les Aspic obtenus, ses parents refusaient d'y croire. Ils arguaient que ses lacunes seraient trop importantes, qu'il risquait d'être en retard sur ses camarades. Ce n'était pas acceptable. Les moldus aussi avaient leurs grandes familles, leur élite... On l'oubliait un peu trop facilement par ici...

Il secoua sa tête, comme pour évacuer la révolte qui naissait en lui. Jamais il ne suivrait des cours par correspondance. Il faudrait bien qu'ils se mettent ça en tête. Et il leur montrerait qu'il était tout à fait capable de réussir et de briller dans une société différente de la leur. Il n'avait pas besoin de leurs relations pour s'élever. Une détermination farouche animait ses yeux noirs tandis qu'il avançait sans but dans le parc, l'esprit encore plein des sortilèges qui l'avaient suivis toute la journée. Ç'avait été intense mais au moins, il pourrait se coucher l'esprit serein, en accord avec lui-même. Il n'y avait rien de plus réjouissant. Sa prouesse le surprenait encore. S'il la réitérait, il pourrait acquérir un niveau plus qu'honorable... Mais cette journée avait été particulière : il avait reçu un stimulant. Toutes ses forces avaient été épuisées. Il ne se sentait plus capable de rien... Il avait envie de rire, pour relâcher la tension accumulée. Il voulait passer à autre chose, voir du monde, se distraire... Hélas, il sortait à une heure où « le monde » rentrait et il ne comptait pas les imiter. Il venait juste de sortir ! Et il n'était pas question de retourner si vite dans la salle des Serpentards... Ce serait assez... ridicule et ses camarades ne manqueraient pas de le lui faire remarquer...

Las et dépité, il se rapprochait du lac. De rares élèves passaient devant lui en riant pour disparaître derrière les portes de l'école. Il remarqua cependant qu'une jeune fille ne suivait pas le mouvement. Pour une raison obscure elle s'était agenouillée sur la berge et se penchait sur la surface de l'eau. Intrigué, Isaac avança jusqu'à elle. Une brise de chaleur le parcourut lorsqu'il parvint à l'identifier. Il la connaissait. C'était Fabula, une première année de Serdaigle avec qui il avait partagé une table en... cours d'Ombrage. Le visage blafard de l'horrible femme traversa son esprit, accompagné d'une chanson qui se propageait à Poudlard et qu'il ne pouvait s'empêcher de fredonner lorsqu'il faisait les devoirs qu'elle leur donnait. Vu les sujets traités, il fallait bien trouver quelque chose pour ne pas s'endormir sur son parchemin... Mais revenons à Fabula. Elle était la première non-serpentard à avoir attiré sa sympathie. Il n'avait rien de particulier contre les élèves des autres maisons, mais peu, pour ne pas dire aucun, avaient retenu son intérêt. Il leur manquait la plupart du temps une chose que la jeune fille avait : une bonne répartie. Le cours d'Ombrage aurait été intolérable s'il n'avait eu à ses côtés une voisine capable de tourner le professeur en dérision avec lui...


- A ta place je ne me pencherais pas tant... On raconte que des démons aquatiques qui hantent les profondeurs du lac s'offrent parfois des virées en surface pour capturer les petites filles imprudentes...
, lança-t-il malicieusement en s'arrêtant derrière elle.

C'était le genre de « blague » que les anciens s'amusaient à dire aux nouveaux pour les effrayer. Il s'était méfié des bords du lac plus de la moitié de sa première année à cause de telles histoires... Seulement, le Serdaigle qui les lui avait racontées semblait vraiment y croire... Désormais, il savait que les abords du lac étaient sans danger. Mais il fut permis d'en douter quand une vague inattendue troubla leurs reflets...

- Il semblerait que ce soit leur heure... , poursuivit-il d'une voix posée en esquissant cependant un pas en arrière. L'inconnu l'inquiétait plus qu'il ne l'intriguait.
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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyDim 11 Nov - 14:25:28

- A ta place je ne me pencherais pas tant... On raconte que des démons aquatiques qui hantent les profondeurs du lac s'offrent parfois des virées en surface pour capturer les petites filles imprudentes...

Prise par surprise, Fabula se redressa précipitamment, s’agrippant au passage à sa baguette magique. C’était encore un geste ridicule, enfantin, compte-tenu du nombre de sorts qu’elle connaissait, et de celui, encore plus restreint, qu’elle maîtrisait. Mais c’était devenu un reflexe, comme si brandir le bout de bois auquel elle s’était très vite attachée allait lui constituer une défense inviolable. En fait, la jeune fille ne se distinguait pas de par son courage ; raison entre autre pour laquelle le Choixpeau lui avait préféré Serdaigle à Gryffondor. Mais elle compensait cette faiblesse, comme les nombreuses autres choses qui lui faisaient défaut, par les apparences. C’est ainsi que le visage calme, le regard plus ou moins dédaigneux, vexée d’avoir eu ce sursaut pitoyable, elle rangea d’un geste nonchalant sa baguette, tout en fixant celui qui l’avait troublé au milieu de ses méditations d’avec des forces supérieures, à savoir les forces aquatiques.

Elle eût un vague sourire en identifiant le possesseur de la voix acerbe qui s’était élevée dans son dos. Isaac était un Serpentard de deuxième année, qu’elle croisait de temps à autre en cours ou dans les couloirs, et avec lequel elle avait un jour partagé l’ennui d’un cours de Défense Contre les Forces du Mal. C’est à partir de ce moment qu’elle avait commencé à éprouver de la sympathie pour lui, sans raison particulière, juste parce qu’il semblait se détacher de la masse. Et le simple fait de s’intéresser à quelqu’un d’autre qu’à elle ou à Tobias constituait déjà un exploit en soi. Tobias… Fabula détourna les yeux de ceux du Serpentard. La pensée de son jeune frère, encore coincé dans la maison des sorciers qui les avaient recueillis, lui fit éprouver une once de remords. Ce n’était pas une bonne chose de le laisser seul, sans sa surveillance, mais elle avait refusé de laisser passer une chance aussi exceptionnelle que constituait Poudlard. Et puis il la rejoindrait, dans un an, et tout redeviendrait comme avant...


- Il semblerait que ce soit leur heure...

Durant l’instant où elle avait détourné les yeux, Isaac s’était approché subrepticement de la berge, pour voir ce qui pouvait tant intriguer Fabula. Mais il ne s’y attarda pas et recula légèrement lorsque de nouveaux remous virent agiter la surface du lac. Lui aussi affichait un ton neutre, mais le mouvement de recul qu’il n’avait pu contenir trahissait les mêmes déficiences que Fabula avait illustrées en brandissant sa baguette quelques secondes auparavant.

- Je n’y crois pas, répliqua-t-elle en adoptant un ton neutre. Ne te donnes pas tant de peine pour moi.

En vérité, elle ne croyait pas vraiment ne pas y croire. Mais c’était un détail qu’Isaac n’avait pas besoin de savoir. Elle commençait seulement à connaître le garçon, ainsi que ses manières de procéder, mais elle éprouvait déjà une certaine forme de défiance à son égard, de manière aussi intuitive qu’elle avait ressentie de l’intérêt envers lui.

- Tiens, je ne t’ai pas vu arpenter les couloirs à la recherche d’une proie innocente aujourd’hui... ajouta-t-elle. Tu as fini par trouver une activité encore plus passionnante ?

C’était une relation pour le moins étrange qui germait entre le Serpentard et la Serdaigle. Fabula s’intéressait de près au vert et argent, mais refusait de s’attacher à lui plus qu’en tant que "camarade de classe". Peut-être était-ce dû à un manque de confiance ; ou bien à une très vieille promesse… Toujours était-il que les remarques pertinentes restaient appréciées par les gens de bons goûts, et il se trouvait qu’Isaac et elle avaient certains goûts en commun. C’est pourquoi elle ne se privait pas d’employer un ton railleur, sachant très bien que ce qui était à prendre au second degré serait entendu comme tel. Au loin, la Forêt Interdite était en feu, inondée par les derniers rayons du soleil couchant. Fabula y jeta encore un regard envieux, avant de reporter son attention sur Isaac. Un sourire furtif s’accrocha sur ses lèvres. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’apprécier la présence du Serpentard.

- Au fait, qu’est-ce que tu viens faire ici, en fin de journée ? Tu devrais peut-être éviter de te balader seul si loin de ton nid de vipères… En ce moment, Ombrage se fait des ennemis, et les Serpentard sont en train de se ranger du mauvais côté, j’ai l’impression.

La jeune Serdaigle n’avait cessé d’affecter un air absent, comme si la conversation et le moment présent ne l’intéressait pas plus qu’un cours d’Histoire de la Magie sur une épidémie de dragoncelle au Moyen-Âge.

- Mais je n’ai rien de particulier contre toi, dit-elle dans un sourire un peu plus apparent, le regard toujours ailleurs. Ni contre ta maison, même si certains de tes congénères sont aussi futés que des Poufsouffles endormis.

Mais elle n’eût pas le loisir de poursuivre plus longtemps. Derrière elle, un clapotis résonna un peu plus puissamment que les fois précédentes. La bleu et bronze se retourna vivement, avant de reculer de quelques mètres cette fois. Il n’y avait toujours rien à la surface de l’eau, mais Fabula aurait presque jurer avoir aperçu une ombre s’élever à son centre. Elle se laissa tomber sur l’herbe, comme pour expliquer son brusque mouvement par un désir de s’asseoir sur une surface plus confortable. Histoire de sauver les apparences.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyMer 21 Nov - 13:54:39

Isaac n'avait pu retenir un sourire amusé devant le sursaut de la jeune fille. A quoi bon se dissimuler, le temps des premiers mots, à la vue d'une nouvelle rencontre si elle ne vous offre pas le moindre tressaillement ? Mais les arrivées surprises étaient toujours risquées lorsque des armes pouvaient entrer en jeu. Il était bien placé pour le savoir, lui qui lançait des sorts imprécis, imprévus comme imprévisibles, à tout va dès qu'il perdait ses moyens. Et, ironiquement, ce phénomène se produisait précisément parce qu'il ne savait toujours pas utiliser sa baguette correctement. Il goûtait aux troubles de la panique depuis sa première année à Poudlard. Ainsi, il resta sur ses gardes en voyant Fabula sortir sa baguette. Il ne tenait pas à payer pour les faiblesses de la Serdaigle. Heureusement, elle n'en fit rien, rangea sa baguette de mauvaise grâce et le dévisagea avec cette pointe de mépris qui semblait la caractériser. L'épure d'un sourire naquit sur ses lèvres. La fière demoiselle le jugerait-elle digne de sa compagnie ? L'inverse l'aurait vexé. Il lui avait accordé une certaine estime depuis le cours d'Ombrage et, peut-être même lorsque, plus tôt dans l'année, elle s'était exposée deux fois aux incisions de Rogue, par conséquent, il ne pouvait tolérer un rejet. D'un point de vue plus large, Isaac ne pouvait admettre qu'une personne avec qui il avait décidé de sympathiser puisse dédaigner sa présence. C'était sans doute le pire affront que l'on puisse lui faire. Il aimait se savoir apprécié des autres et, et ceci le rendait plus vulnérable qu'il ne le paraissait.

Elle se désintéressa de lui cependant, comme si elle cherchait à fuir quelque chose, son regard peut-être ? Il n'en savait rien. Cette fille était étrange. C'était aussi ce qui l'attirait chez elle. Cette part de mystère, cette froide imperméabilité qui rendait sa présence évidente et sa personne inaccessible. Dès lors, l'idée de l'approcher, de pénétrer une part de son univers relevait du défi, et Athos sait qu'Isaac adore les défis [Cherchez pas, il comprendra]. Il s'était donc approché de la jeune fille, bien décidé à retenir son attention, à provoquer une réaction. Sa petite provocation fut accueillit par un simple « je n'y crois pas. » qui, selon sa dernière phrase signifiait qu'elle voulait couper court à leur entrevue et n'aimait pas sa plaisanterie ou qu'elle croyait bel et bien que des démons aquatique allaient surgir et que, contrariée de se l'entendre suggérer sur un ton narquois, elle éprouvait le besoin de le nier. Personne n'aurait eu l'idée de répondre « je n'y crois pas. » à une histoire qui ne cherchait pas à dissimuler son caractère saugrenu. Après une année au château, il avait pu remarquer que certains Serdaigles étaient du genre fantasque, plus rêveurs et imaginatifs que la moyenne. Si par « qui ont envie de tout connaître » le choixpeau sous-entendait « et surtout ce qui ne peut être connu », il ne fallait pas d'en étonner. Isaac se contenta d'hausser les épaules. Puis ce fut au tour de la Serdaigle de le provoquer, dans un registre beaucoup plus sarcastique. Si sa remarque le surpris dans un premier temps, il ne la ressentit pas comme une agression. Fabula jouait avec les clichés. Il n'était pas encore connu pour martiriser les autres élèves et ce ne serait certainement pas une première année fraîchement débarquée qui pouvait trouver quelque chose à lui repprocher. Ce fut donc très naturellement qu'il entra dans son jeu.


- Oui... Préparer le piège à lui tendre, dit-il avec un sourire narquois qui s'aiguisa quand il ajouta : J'ai été surpris de ne pas te croiser à la bibliothèque en proie à un volume dont personne n'est encore parvenu à saisir l'intérêt, avais-tu mieux à faire pour une fois ?

Puisque nous en étions aux clichés, autant l'attaquer sur le même terrain. Mais, contrairement aux apparences, ils ne s'aprêtaient pas à livrer bataille. Cette joute verbale ne se serait jamais engagée sans leur complicité. Le phénomène était rare et, il comptait bien en profiter. La malice brillait dans ses sombres prunelles, dissipant leur voile de fatigue. Le visage impassible, Fabula s'exprimait d'une voix terne qui rendait difficile l'analyse de sa pensée. Elle lui demanda ce qu'il venait faire ici, en l'attaquant à nouveau sur sa maison puis en mentionnant Ombrage, que nombre de Serpentard soutenaient... Son visage se ferma. « Certains Serpentard », répliqua-t-il les dents serrées avec une pensée pour Emilien, qui était très loin de soutenir cette femme qui s'habillait avec des couvertures qui semblaient tricotées pour cacher de vieux fauteuils rapiécés. Il aimait sa maison, et il n'aimait pas la voir insultée par des généralités auxquelles les autres élèves donnaient un caractère de vérité. Mais il ne s'y attarda pas. Ironique, il répondit à sa question :

- Ce que je viens faire ? Prépare toi, tu tiens un scoop ! - Il baissa la voix. -Je veux bien te le dire mais évite de le crier sur tout les toits... - Il lança des coups d'oeils inquiets autour de lui et, d'une voix grave : - En fait, je me promène.

Un petit sourire glissa sur ses lèvres. Après cette succession de 'piques', la Serdaigle finit par lui dire qu'elle n'avait rien contre lui. Isaac se retint de rire, et lui accorda un hypocrite « Tu m'en vois ravi... » avant de recevoir à nouvelle critique au sujet de ses pairs. Décidément... Il serait peut-être temps de changer de registre non ? Que lui avaient donc fait les Serpentard pour qu'elle s'acharne ainsi sur eux ? Leur soutien au ministère ? Il méprisait Ombrage, mais il pouvait les comprendre. Si ses parents avaient été sorciers, il aurait certainement reçu l'ordre d'entretenir son image auprès du crapaud. Et malgré son esprit rebelle et contradictoire, sa situation aurait été délicate, car si ses parents perdaient leur emploi, sa famille perdait son statut et son prestige. Pour quelqu'un d'aussi fier que lui, c'était loin d'être négligeable. Il ne fallait pas se leurrer, s'il n'était pas né moldu, il n'aurait pas réagi de la même façon. Mais il ne put répliquer de suite car le lac s'agita à nouveau et tous deux reculèrent vivement. Fabula essaya sans grand succès de justifier son recul en s'assayant dans l'herbe et Isaac finit par y tomber tout seul en reculant un peu trop précipitament. Ah ils avaient l'air malins tous les deux ! Il ne s'était rien passé n'est-ce pas ? Non non, absolument rien ! Aussitôt remis de ses émotions il déclara, dans un registre toujours aussi ironique :

- Sache que je suis vraiment heureux de rencontrer quelqu'uu qui ne soit pas assez stupide pour t'arrêter aux clichés inter-maison ! - Plus sérieux, et dans le soucis de défendre sa maison il poursuivit : - Le choixpeau ne se base jamais que sur des critères pour rétablir les élèves, l'ambition tout comme le désir d'apprendre ne bannissent pas la bêtise, alors, c'est valable pour toutes les maisons, même si je t'accorde que certaines sont plus frappées que d'autres... Mais pas Serpentard, ajouta-t-il avec un clin d'oeil. Et en parlant d'Ombrage, il me semble que les élèves de ma maison ne sont pas les seuls à adhérer, ou du moins à feindre d'adhérer, à ses méthodes. Ils ne se rangent pas du mauvais côté mais de celui de leur intérêt. - Son regard se fit lointain. - L'affaire est plus délicate qu'il n'y paraît. Ombrage est en lien direct avec le ministre, il y a de quoi se méfier. Des parents pourraient être discrédités, et la carrière de certains élèves ambitieux anéantie avant même leur sortie du collège... Si du moins... Elle ne se fait pas discréditer avant... - Un nouveau sourire balaya ses airs graves. - Le régime autoritaire qu'elle instaure est le prodrome même d'une rébellion. Elle n'a que les apparences d'un despote, sans l'appui du ministre elle n'est plus qu'un crapaud ridicule dont le venin n'est craint que des insects.

Le ministère de la magie anglais était en crise, ça ne faisait aucun doute. Pour que le ministre en vienne à des méthodes aussi grossières que celles d'envoyer une 'inquisitrice' imposer sa tyrannie dans une école, il fallait qu'il soit tombé bien bas...
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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyVen 30 Nov - 22:04:45

Le crépuscule s’installait peu à peu sur le parc, tandis que les deux élèves continuaient de se présenter leurs amitiés respectives. Isaac n’avait cessé d’employer un air aussi amusé que sarcastique, répondant et renversant les piques de sa voisine. Toujours assise, elle l’écoutait tranquillement, en regardant la rive opposée inondée de lumière. Il avait une voix cassante, tranchante, et semblait aussi sûr de lui que Rogue au milieu d’une classe de 1ères année. Si on ne faisait pas attention à ses paroles, c’était presque agréable de l’entendre parler. Il n’avait pas ce ton mièvre de ceux qui parlaient pour ne rien dire. Cependant Fabula l’écoutait attentivement, même si elle conservait son attitude nonchalante et désintéressée. Le regard vague, le coin des lèvres légèrement retroussées, elle écoutait sa voix, et fixait les branches d’un vieux saule se balancer au-dessus de l’eau assombrie.

- Le choixpeau ne se base jamais que sur des critères pour rétablir les élèves, l'ambition tout comme le désir d'apprendre ne bannissent pas la bêtise.

- Tu n’as pas tord… lui répondit-elle en haussant légèrement les sourcils, prenons un exemple au hasard… Serdaigle, tiens. C’est la maison la plus exigeante en terme d’ouverture d’esprit et de raisonnement. Pourtant j’ai eu l’occasion de croiser dans notre salle commune des gens qui savent tout. Et ça c’était tout ce qu’ils savaient.

Son visage n’avait affecté d’air grave, et sa voix ne traduisait pas d’ironie. Elle avait parlé d’un ton neutre, et laissait à son interlocuteur le luxe de choisir la façon dont il interpréterait ce qu’elle venait de dire. Cela n’avait pas beaucoup d’importance de toute façon. D’ailleurs, elle n’avait pas accordé beaucoup plus de valeur à ses remarques sur Serpentard, et les promptes réactions d’Isaac l’avaient à moitié surprise, à moitié amusée. Même si c’était de bonne guerre, Fabula sentait que le terrain sur lequel elle allait s’engager était miné, et préféra en rester là pour la soirée. Elle n’avait pas envie d’avoir à réfléchir à des réponses construites et argumentées pour le seul motif d’avoir lancé une remarque ironique à la portée du premier venu. Pas ce soir où l’air était encore tiède ; pas ce soir où une lune gibbeuse apparaissait au fur et à mesure que l’astre solaire s’effaçait.

- Et en parlant d'Ombrage, il me semble que les élèves de ma maison ne sont pas les seuls à adhérer, ou du moins à feindre d'adhérer, à ses méthodes.

Fabula acquiesça, sans rien répondre cette fois. Même si, lorsque l’on parlait de la Brigade Inquisitoriale, on pensait d’abord à des Serpentard, on oubliait en généralisant de la sorte une certaine Serdaigle venue y faire un peu de tourisme. Lou ne s’y était pas engagée pour des raisons idéologiques (elles étaient plutôt d’ordre pratique), mais il semblait difficile d’imaginer l’exubérante poursuiveuse de Serdaigle au milieu de personnes avide de pouvoir, et qui avait trouvé comme seul moyen de se refugier sous le nez, qu’elle avait fort court, d’une envoyée de ministère. De toute façon elle ne lui en voulait pas le moins du monde, chacun faisait comme il l’entendait, du moment que cela n’avait aucunes répercussions néfastes sur sa propre personne.

- Ils ne se rangent pas du mauvais côté mais de celui de leur intérêt.

- C’est logique, assura la Serdaigle d’un ton adoucie. Le mauvais côté n’est jamais celui où l’on se trouve. Par conséquent il ne peut pas exister de mauvais côté.

Jamais elle n’aurait pensé que ses paroles inconséquentes seraient tant reprises par le garçon. Décidément, Isaac était quelqu’un de bien compliqué, ou alors affectait-il de l’être. Mais cela ne la dérangeait pas. Elle ne voyait aucun enjeu dans cette petite conversation, et elle se permettait de répondre de manière plus intuitive, sans se forcer à anticiper les suites que pourraient donner chacun de ses mots. Tout en continuant de scruter du coin de l’œil la surface opaque du lac, elle écoutait discourir son voisin, dont une phrase vint à la faire réagir.

- Des parents pourraient être discrédités, et la carrière de certains élèves ambitieux anéantie avant même leur sortie du collège.

Tiens, elle n’avait pas envisagé cette possibilité. C’est vrai que pour ceux dont les parents travaillaient au ministère, l’histoire pouvait devenir compliquée. Après réflexion, elle se souvint que son sorcier adoptif était aux relations publiques avec les Moldus, et comprit qu’elle était alors comprise dans cette catégorie d’élèves. De toute façon, cela ne changeait rien à la done. Elle allait continuer ses "Bonjour professeur" et "Oui professeur" avec la même impassibilité et le même désintéressement qu’elle avait l’habitude de revêtir, et cela dans son propre intérêt, celui de ne pas se faire remarquer pour le moment. Mais la liberté de pensée et d’expression était toujours de mise dans ce pays, pour ce qu’elle en savait, et ce n’était pas un vieux crapaud habillé en paquet cadeau de saint valentin qui allait décider pour un autre employé du même ministère.

- Je ne pense pas que toi ou tes parents ayez à vous inquiéter du professeur Ombrage. En classe elle se montre… autoritaire, mais cela peut signifier qu’elle n’a pas une place importante au ministère, et qu’elle cherche juste à ressentir par un autre moyen un semblant de supériorité sur les autres.

Il était apparu tout naturellement à Fabula que si Isaac lui exposait le cas de ces élèves, c’est qu’il devait en faire parti. Elle-même n’accordait d’importance qu’aux événements qui la concernaient, et elle avait toujours pensé que les autres procédaient de la même manière. Ce n’était pas du solipsisme que l’on trouvait chez la Serdaigle, mais simplement une forme d’égoïste, peut-être un peu plus avancée.

- Le régime autoritaire qu'elle instaure est le prodrome même d'une rébellion.

La phrase était tombée comme une sentence, accentuée par l’air grave qu’Isaac avait adopté. Fabula sourit enfin. Peut-être que ce n’était pas tant l’autorité qui amènerait à une réaction des élèves, mais plus l’injustice sur laquelle elle s’était instaurée. Après tout, Dumbledore était aussi quelqu’un d’autoritaire dans son genre, pourtant jamais le château n’avait dû connaître si peu de complots de la part de ses habitants pour renverser le directeur. Pour sa part, la Serdaigle avait renoncé à lutter contre ce qu’était l’injustice, et qui constituait un principe fondateur à l’équilibre du monde. Elle vivait avec, c’était plus simple, et moins fatiguant.

- Sans l'appui du ministre elle n'est plus qu'un crapaud ridicule dont le venin n'est craint que des insectes.

Fabula soupira d’un air amusé.

- C’est juste une histoire… L’histoire de la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf.

Enfin, elle détourna ses yeux du lac pour fixer ceux de son voisin. Ils étaient tellement noirs…

- Et tu sais ce qui se passe ensuite ? Elle éclate ! Tout simplement… Tu crois qu’Ombrage va éclater elle aussi ? Moi je trouve qu’elle est déjà assez enflée comme ça. Peut-être qu’on devrait l’engraisser pour accélérer le processus ? En plus, ça permettrait de se faire bien voir, et on ferait d’une pierre deux coups.

Désormais, les flots réguliers qui venaient mourir sur la rive, un peu plus bas devant les deux élèves, n’inquiétaient plus Fabula. C’était devenu trop monotone, trop habituel pour paraître suspect. Peut-être était-ce tout simplement l’heure de digestion du soi-disant calmar ? Dans ce cas, ils étaient en sécurité, l’appétit féroce du monstre des profondeurs étant temporairement satisfait.
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyMar 11 Déc - 13:35:37

Le soleil rappelait ses doux rayons et l’azure du ciel se diluait dans les bourrasques d’un vent qui gagnait en fraîcheur. La soirée s’annonçait, l’air de la nuit s’installait, les bavardages s’espaçaient. Les berges du lac étaient bien silencieuses. Quelques corbeaux croassaient, les eaux renvoyaient parfois le murmure d’un rouleau mais aucune voix ne faisait écho à celles des deux enfants qui allaient de piques en répliques. Le sarcasme avait amorcé leur rencontre, mais leur petite rixe devait, semble-t-il, en rester aux amabilités habituelles que l’on faisait aux Serpentards avant de s’exclamer dans 85% des cas un « oh désolé, tu es vraiment différent des autres ! ». Oui, forcément. Qui voudrait ressembler à un cliché à l’exception d’un débile profond en crise qui y voit là l’occasion de se donner une Vraie personnalité ou d’une personne qui a toujours été ainsi et qui n’a pas les moyens de changer ? Ces préjugés présentaient cependant un avantage : celui de passer pour un être exceptionnel bien plus méritants que le commun des mortels. Mais le problème ne se posait pas ici. Fabula n’était pas disposée à lui prouver à force d’arguments éculés que la noble maison de Salazar abritait une vermine sans nom, dont il faisait évidemment parti, et il l’en remerciait. Les occasions de démonter ces discours stériles ne manqueront jamais, tout comme celles de démonter le locuteur qui les proférait mais ce serait lui donner raison et croyez bien que ce serait Vraiment Fort regrettable !

Alors que le vert et argent adoptait un ton plus sérieux, la Serdaigle, qui s’était contentée de l’écouter, un fin sourire accroché aux lèvres, décida d’intervenir. Il retrouva les modulations ternes et posées de sa voix lorsqu’il en vint à parler du choixpeau. Elle choisît de critiquer sa propre maison. Sage décision. Il opina à sa remarque en haussant légèrement les sourcils pour mêler le dédain à la moquerie. Certains Serdaigles étaient de véritables encyclopédies vivantes et là étaient leur seul intérêt. Ils savaient réciter et appliquer, ils savaient utiliser les citations d’illustres personnages pour étayer leurs propos, mais ils étaient incapables de penser par eux même. Les cours étaient leur sujet de conversation préféré, dès qu’on s’en écartait, ils se taisaient, incapables de donner une consistance attrayante à leurs connaissances. C’était le genre de personne dont on se rappelait l’existence lorsqu’un exercice vous résistait ou que vous avez oublié les dates d’un contrôle et qui ne manquaient pas de vous la rappeler pour s’emporter avec une véhémence larmoyante contre le professeur qui avait osé leur mettre un 15/20 alors que, de votre côté, vous pensiez avoir atteint le nirvana avec un 13… Serpentard avait aussi ses idiots bien entendu, et ils étaient encore plus insupportables, car rien n’est plus horripilant qu’un imbécile qui se croit au dessus de tout le monde, plus intéressant que la moyenne et qui a la bêtise de croire qu’il lui suffit de claquer des doigts et de crier un peu plus fort que les autres pour tout obtenir. Hélas, tous les pauvres d’esprits ne sont pas dénués d’ambition, et toutes les roueries ne sont pas le fruit d’un esprit affiné. Si vous demandiez à un Serpentard de vous établir la liste des personnes qu’il méprise avec force dans Poudlard, plus de la moitié des noms serait de sa propre maison. Cependant, Isaac n’en dit rien. N’était-il pas plus agréable de se gausser des sujets qui ne vous concernaient pas lorsque l’on vous y invitait ?


- C’est exact. Parfois, j’en viens à me demander s’il n’aurait pas été plus judicieux de placer cette maison sous le signe du perroquet… Après tout, c’est à Serdaigle que l’on trouve les plus grands adeptes du psittacisme, dit-il tranquillement, non sans ironie.

Puis il avait repris les remarques de la jeune fille à propos d’Ombrage. Elle ne chercha pas à nier sa première remarque ou à excuser, de quelque façon que ce soit, le choix d’une de ses camarades qui s’était montrée intéressée par la « brigade Inquisitoriale » que le crapaud semblait décidée à mettre en place. Selon toute vraisemblance, cette demoiselle était peu portée vers les problèmes des autres et ne cherchait pas à sauver par tous les moyens un honneur démesuré. Son regard était toujours fuyant. Elle s’obstinait à contempler les remous du lac, tandis qu’il la fixait franchement, d’un œil aigu. Isaac avait toujours eu un regard direct, il en fallait beaucoup pour l’intimider et faire fléchir son assurance, même lorsqu’elle était feinte, même lorsqu’il s’embarquait dans un grand mensonge. La jeune fille était peu expressive. Il l’aurait sans doute qualifiée d’ennuyeuse si le hasard ne lui avait pas révélé une parcelle plus appréciable de personnalité. Avait-elle des amis ? Sans doute que non. Etait-il le premier à s’être approché d’elle au point d’engager une discussion qui se transformait en petit débat ? Possible. Y croire lui plaisait. Etre ‘le premier’ était toujours flatteur pour l’égo. Néanmoins, le masque de neutralité qu’elle conservait lui inspirait un certain malaise. Une barrière de glace se dressait autour d’elle. Si celle du Serpentard était invisible et souvent peu soupçonnée, celle de la Serdaigle s’affirmait avec évidence. Il n’en était que plus attiré. Et c’était peut-être pour cette raison qu’il avait laissé son opinion sur Ombrage, sujet qui le préoccupait depuis la rentrée et surtout, depuis leur dernier cours, se développer. En quelque sorte, il voulait la faire parler, illustrer sa pensée sans faux semblant pour voir jusqu’où elle le suivrait. Elle ne chercha pas à dénigrer les Serpentard lorsqu’il justifia leurs comportement par les intérêts qu’ils cherchaient à préserver, et ajouta même une sage réflexion qu’il approuva d’un hochement de tête. Il n’existe pas de mauvais côté. Au diable les visions manichéennes que cherchaient à préserver une certaine tranche de l’école pour jouer les preux chevaliers.

Alors que sa petite tirade touchait à sa fin, Fabula s’accorda un sourire. Pourquoi ? Elle seule le savait. Puis, comme il parlait des intérêts qu’avaient les élèves à se mettre du côté du crapaud, la jeune fille déclara que ni lui, ni ses parents n’avaient à s’inquiéter. Un sourire étrange effleura ses lèvres. Oui, pour sûr, ses parents n’avaient aucun souci à se faire. Les deux ministères s’ignoraient. L’une des règles des sorciers était de ne pas se mêler des affaires des moldus, sauf dans les périodes de crise, mais nous n’en étions pas à là. Et Ombrage ne pourrait rien y faire. Il pouvait s’attirer autant d’ennuis qu’il le voudrait, ses parents n’auraient pas à en souffrir. Il ne pouvait pas en dire autant de lui… Pour lors, il avait choisi la rébellion, et il n’était pas seul… Il sourit intérieurement au souvenir d’une conversation avec Samaël et Emilien où ils avaient envisagé les vilains tours qu’ils pourraient jouer à cette grosse citrouille rose. Rien n’était définitif cependant. La cautèle serait de mise si le roquet de Fudge représentait un véritable danger. Mais jamais il ne se permettrait de l’approuver. Sa haine pour tout ce qui n’était pas un « sorcier pure race » suffisait à le justifier. Fabula se montrait déjà bien plus prudente que lui, mais sans doute ne se sentait-elle pas le besoin de se révolter tant qu’on la laissait en paix, sans doute était-elle de ceux qui méprise de loin, en évitant la confrontation… Elle n’avait pas sa fougue.


- A vrai dire, mes parents ne soupçonnent même pas son existence, répondit-il en toute sincérité. Il faudrait pour cela que je leur en parle mais je doute que les intrigues politiques du ministère de la magie puissent les intéresser tant qu’elles ne nuisent pas à leurs places. Ombrage n’a aucune emprise sur le ministère moldu. Sa place est importante cependant, bras droit du ministre... Mais je gage que cette place est récente, qu’elle l’attendait depuis longtemps et qu’elle a joué sur l’agitation qui a secoué le monde des sorciers cet été pour parvenir à ses fins. A présent, elle tient à préserver sa place et à s’élever comme jamais. Poudlard est son terrain de jeu, la consécration de son ascension.

Il songea avec amertume qu’il n’avait jamais envoyé de courrier à ses parents depuis la rentrée afin de leur parler de sa vie à Poudlard. Il n’avait rien à leur dire, rien qui méritât de leur être dit. Ses réponses à leurs rares questions étaient toujours évasives et, de toute façon, leurs échanges épistolaires n’étaient plus qu’une succession d’arguments et de contre arguments visant à lui faire quitter l’école. La mélancolie frôla son regard alors que Fabula s’y encrait enfin. Elle avait quitté sa neutralité, et sa tonalité révélait une certaine légèreté. « Et tu sais ce qui se passe ensuite ? ». Il l’observa, intrigué puis pouffa de rire et la laissa finir en gardant un sourire amusé. Le changement de registre était aussi surprenant que bienvenu. Il imaginait Ombrage gonfler comme un ballon et exploser au visage des petits chiens qu’elle s’était trouvée dans le château. La vision était séduisante, bien que peu ragoûtante. On doutait presque du sérieux de ses paroles précédentes lorsqu’il répliqua avec la malice et l’enthousiasme que l’on s’attendait plus volontiers à trouver chez le gamin de douze ans qu’il était.

- L’engraisser ? Hum… Il est vrai que sa couleur favorite nous y invite. C’est peut-être ce qu’elle espèce, qui sait… Vu ses goûts, elle ne doit pas avoir connu une adolescence très mouvementée, alors peut-être est-elle restée folle de sucreries. – Il leva les yeux au ciel. - Crois-tu qu’elle en mangerait plus facilement si elles étaient roses ? On pourrait lui offrir des guimauves, suggéra-t-il avec une pensée particulière pour celles qui finissaient informes au dessus d’un feu de camp. Mais avec un peu de chance, nous n’aurons peut-être pas cette peine… - Il ouvrit de grands yeux, et, comme s’il s’apprêtait à aborder un sujet passionnant : - As-tu déjà entendu parler de l’histoire des crapauds montgolfières ?
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyVen 4 Jan - 19:05:30

Un étonnement sincère était apparu sur le visage de Fabula lorsqu’Isaac avait laissé comprendre que ses parents n’avaient aucun lien avec le Ministère de la Magie, et même plus encore, avec le monde de la magie. Il était d’ascendance moldue ? De loin, elle l’avait toujours vu si hautain, si fier ; elle en avait alors naturellement déduit que seule la présomption du sang avait pu lui donner une telle assurance. Mais peut-être que les sorciers de sang-mêlé ou moins se devaient d’être encore plus méprisants que ceux de sang-pur, surtout à Serpentard où seule régnait la loi du plus fort. Isaac était d’origine moldue… Le sentiment cuisant d’infériorité qu’elle ressentait depuis son arrivée à Poudlard s’atténua un peu à cet instant. Tous ces élèves qui avaient des années d’enseignement et de connaissance en plus qu’elle, sans compter ceux qui avaient été élevés dans les règles de l’art de la sorcellerie depuis leur naissance ; elle éprouvait pour tous ceux-là une jalousie qu’elle n’avait jamais voulu s’avouer que sous forme de dédain à leur égard. Mais Isaac, tout en gardant la tête haute avec ses éternelles répliques, n’en tombait pas moins de son piédestal à présent : le seul avantage qu’il conservait était une malheureuse année de plus.

- Alors comme ça, tes parents sont des moldus… Et ça n’a pas été trop dur pour eux ? Je veux dire, de découvrir tout ça…

Encore ce ton absent, désintéressé. La voix ne trahissait rien pendant que les yeux, toujours obstinément fixés sur le rivage opposé, inondé de lumière, semblaient s’être enfin animés. Fabula ne savait pas très bien pourquoi elle lui avait demandé ça, elle ignorait aussi pourquoi elle avait envie de le savoir. Cela n’avait rien en soi qui pouvait attirer sa curiosité ; ce n’était pas non plus une information utile pour un quelconque de ses projets. Mais Isaac suscitait son intérêt, autant que sa méfiance. Malgré son attitude nonchalante, Fabula ne se sentait pas encore tout-à-fait à l’aise en la présence du garçon. Le tableau était celui d’un enfant un peu trop téméraire, qui regardait un serpent endormi. Il admirait avec curiosité une bestiole qu’il voyait pour la première fois en vrai. Mais il ne s’approchait pas plus, incapable de deviner s’il s’agissait là d’une couleuvre ou d’une vipère, incapable aussi de prédire à quel moment l’animal se réveillerait et se mettrait à siffler et à cracher. Ainsi, de la même curiosité extravagante était née une question qui n’avait pas de raison d’être, et dont Fabula se fichait sans doute éperdument de la réponse, puisque ne la concernant pas.

La Serdaigle remua légèrement, en faisant mine de s’installer dans une position plus confortable. Ses membres commençaient à être endoloris à force de rester dans la même position, et l’air frais qui montait au fur et à mesure que le soleil descendait ne faisait que les engourdir un peu plus. Mais la satisfaction malicieuse que prenaient les deux élèves à fustiger Ombrage, ainsi que le délicieux tournant sucré que venait de prendre la conversation, lui faisait oublier momentanément le reste. Isaac fit alors une proposition surprenante : offrir des guis mauves à la Grande Inquisitrice. Sa tutrice lui avait bien appris que le gui était une plante toxique, mais elle croyait que ses baies étaient blanches, et non pas mauves… Et puis même si Ombrage semblait particulièrement dénuée de sens d’observation et de réflexion, elle devait tout-de-même être capable de reconnaître un fruit si communément réputé nocif.


- Tu sais, pour le gui mauve, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Les dragées surprises de Bertie Crochue semblent plus appropriées… Quoique, ajouta-t-elle après un instant, on ne peut jamais savoir quel goût elles auront à l’avance, alors autant éviter de lui en offrir, ça risquerait de lui plaire. Et puis à la réflexion je n’ai jamais entendu dire que ça faisait grossir. Ou bien… elle plaça un index sur le menton et leva les yeux au ciel, ou bien nous pourrions peut-être essayer de nous procurer des Gnomes au poivre… Ou des nids de cafards… Ça ne fait pas grossir non plus, mais le fait qu’elle se mette à cracher du feu, ou qu’elle mange de vrais cafards, est assez réconfortant je trouve. Rusard les confisque, mais ceux qui peuvent aller à Pré-au-Lard en rapportent de temps en temps. Après, ils en proposent aux premières années. Je crois qu’ils s’imaginent qu’on est assez bête pour les confondre avec des caramels, ou pour en ignorer les effets, acheva-t-elle l’air songeur.

Mais Isaac intervint, lui suggéra qu’ils n’auraient pas à se donner de peine. Pourquoi ? Ce fut le garçon qui l’interrogea en premier, et Fabula secoua la tête en signe de dénégation, l’air interrogateur. C’était étrange de se retrouver dans cette position, d’habitude c’était elle qui racontait les histoires. Elle les racontait à son frère lorsqu’elle s’ennuyait, ou lorsqu’elle n’était pas en mesure de répondre à une de ses questions. Alors, plutôt que d’avouer son ignorance, elle inventait, et Tobias écoutait avec le même intérêt curieux qu'elle avait elle à cet instant.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyVen 18 Jan - 15:10:42

Isaac fut quelque peu déstabilisé par la surprise qui s'étala sur les traits de Fabula lorsqu'il lui déclara sur un ton parfaitement détaché qu'Ombrage ne tenait aucun rôle dans les affaires du ministère moldu, ne laissant aucun doute sur l'origine de ses parents. Oui, il n'était pas né dans le monde des sorciers. Ce n'était pas une « grande nouvelle » lorsque l'on connaissait la part réduite de familles 'Pur sang' mais, venant d'un Serpentard, d'un Serpentard qui le reconnaissait sans tabou, ça n'en restait pas moins hors du commun. Fiers et manipulateurs, les verts et argents pouvaient parer les plus délicates postures avec ces masques de dignité qu'ils aimaient tant. Un serpent n'affronte pas quand il peut fuir. Et Isaac, plus que tout autre, était capable de passer pour l'héritier d'une grande lignée. L'allure, il l'avait déjà. N'était-il pas un fils de bonne famille ? Ne l'avait-on pas éduqué dans le mépris des « pauvres » ? Dans un monde de loups, où faillite et faiblesse de caractère laissaient votre gorge à portée de gueule, où rien n'était assez mesquin pour évincer ses semblables et rayonner sur la meute. La société de Serpentard était régie selon les mêmes règles. Sorciers ou moldus, ils n'en restaient pas moins des Hommes et le jeune Deniel avait suffisamment d'expérience pour jouer avec les codes. Ses airs altiers, sa causticité naturelle ne l'avaient jamais menés aux « casseurs de Sang de Bourbe ». Il avait toujours le choix. Renier ses origines ou affronter, le regard droit, la tête haute. La deuxième option s'était très vite imposée, dusse-t-il rester un dissident de sa maison, il ne cèderait rien aux plus influents. Il ne descendait pas de n'importe quel parti moldu. Il était fils de magistrat, fils de sénatrice, et, à ce titre, il avait bien le droit de réclamer autant de respect que la première vipère prétentieuse qui devait invoquer la place de ses parents pour échapper à un massacre collectif. Isaac avait toujours vu le rang de sa famille comme un atout auquel il fallait renoncer tant que la défaite n'était pas imminente. Depuis son entrée à Poudlard, il n'était même plus question d'y penser et le tempéramment belliqueux du jeune garçon prenait une envergure de plus en plus large.

Avec une parfaite neutralité, la Serdaigle tira ses conclusions à haute voix. Isaac lui renvoya un regard d'une impassibilité glaciale dont la signification ne faisait aucun doute. Il lui accordait cette information mais il pouvait sortir ses griffes si elle essayait de la retourner contre lui. Heureusement, Fabula n'en fit rien. Elle lui demanda simplement s'ils n'avaient pas mal vécu son entrée à Poudlard. Etrange. D'ordinaire, ce n'était pas ce qui préoccupait ses auditeurs. Ils s'intéressaient à son ressenti, pas à celui de ses géniteurs. Un nuage d'ombre passa dans le regard du Serpentard. La question tombait à point. Sa journée avait justement été gâchée par une lettre de ses parents... Si la nouvelle n'avait pas été trop dure ? Le dire était un euphémisme. Elle n'était pas dure, elle était dramatique ! Les Deniel refusaient de valider l'existence du monde des sorciers ou, tout du moins, ils ne lui reconnaissaient aucune valeurs et s'accordaient à dire que leur fils avait été pris en otage par une sorte de secte paranormale peuplée de désaxés. Ils pensaient que, si leur cher enfant restait à Poudlard, ils n'auraient jamais le privilège de le voir s'élever dans la société et faire honneur à leur éducation, à leur rang. On ne pouvait pas, disait-il, menacer l'avenir d'un garçon au potentiel si élevé pour lui apprendre des tours de magie. Et on ne pouvait pas dire qu'Isaac renversait habillement leurs préjugés. Sa patience était très limitée lorsque l'on refusait d'aller dans son sens en alignant inepties sur inepties. Alors il s'énervait, alors il provoquait et la situation se tendait tant et si bien qu'il semblait impossible de l'apaiser. A voir la façon dont le jeune garçon fixait sa compagne, on aurait pu croire qu'il n'allait rien répondre. Il le fit pourtant, dissimulant sa colère derrière une ironie légère mais grinçante :


- Dur ? Mais quelle idée ils sont absolument ravis ! A un point tel qu'il leur tarde de me voir revenir parmi eux.

Un sourire désarmant ponctua ses propos. Il s'était exprimé avec une insouciante désinvolture, comme toujours. Isaac n'aimait pas s'étendre sur ses problèmes. Il en fallait beaucoup pour lui arracher une parole sérieuse, pour lui poser une question qui ne résistât pas au rire et à la moquerie. Souvent, ses réactions paraissaient si naturelles qu'on ne les relevait même pas et le Serpentard passait pour un bon-vivant ou un indifférent sur qui les aléas de la vie glissaient avec une impressionnante facilité. On ne lui reconnaissait nul souci, nul problème et, parfois, c'était bien là son malheur. Quoique l'on soupçonnât, il était difficile, voire impossible, d'en parler avec lui. Isaac aimait croire qu'il était capable de régler ses problèmes seul. S'il y avait bien une chose qu'il détestait c'était la « prise en charge ». Aussi, il ne se fit pas prier pour faire prendre des tournures plus puériles à leur conversation. Sous leurs délicieuses plaisanteries Ombrage prenait des allures de truie qu'il fallait engraisser dans le but de la faire exploser, un peu comme ces ballons de baudruche que l'on s'amuse à remplir d'eau quand on est petit afin de mesurer les limites de leur élasticité. Mais, tandis qu'ils étaient bien partis, l'une de ses suggestions sembla troubler Fabula. Ce fut bientôt à son tour de la regarder sans comprendre lorsqu'elle dit « le guimauve » puis déclara, par une curieuse transition, que les dragées surprises de Bertie Crochue étaient plus adaptées. Plus adaptées à quoi ? A engraisser Ombrage ? Bof. Il n'en était pas convaincu. Ces friandises étaient moins consistantes que des guimauves... Une subtilité devait lui échapper, mais c'était sans importance. Il oublia vite le quiproquo pour sourire malicieusement aux remarques de la jeune fille. Ses idées l'amusèrent d'autant plus qu'il avait déjà plaisanté à ce sujet avec Samael et Emilien en proposant de verser une potion d'enflure dans le jus de citrouille de l'Inquisitrice. Mais ils n'étaient pas sérieux... Du moins... Ils ne pensaient pas l'être. Le coup était trop risqué et, surtout, trop envisagé par les élèves des autres maisons.

- Mais dans ce cas, il faudrait les cacher dans un met plus appétissant, dit-il comme s'il s'apprêtait à établir un plan d'action. Ombrage ne se laisserait probablement pas avoir non plus. Et en ce qui concerne les premières années, tout est bon pour les bizuter et pour profiter de leur naïveté ou de leur ignorance du monde magique. Certains se laissent vraiment avoir bêtement mais, tu verras, avec un an de plus, cette attitude révoltante paraît déjà beaucoup plus amusante.

Oui, il était plaisant de ne plus se retrouver parmi les victimes. Si Isaac avait toujours refusé de manger un bonbon non-identifié, on lui avait fait avaler de sacrés bobards. L'exposé qui traitait des grands dangers du lac par exemple. Comment aurait-il pu passer outre ? Il n'avait jamais entendu parler de Poudlard avant son arrivée. Mais à présent, c'était de l'histoire ancienne. Se jouer des premières années pour tuer l'ennui quand l'occasion se présentait était devenue une activité comme une autre. De toute façon, la plupart des nouveaux étaient bien plus bête et plus petits que lui à leur âge ! Cette réflexion faite, il se remémora un fait divers qu'il avait lu un jour dans un magazine. Comme Fabula secouait la tête pour lui signifier que cette affaire ne lui disait rien, il s'embarqua sans hésiter dans un récit digne d'une épopée. Le vert et argent avait des qualités de conteur indéniables. Il était capable de mettre de la passion dans des anecdotes parfaitement anodines.

- Un beau jour en Allemagne des crapauds se sont mis à gonfler... gonfler ! Dit-il en écartant ses bras avant de les rapprocher brusquement pour frapper dans ses mains. Et à exploser. Comme ça, sans raison. Alors les moldus ont mené une enquête pour expliquer cet étrange phénomène. Seulement, ils ne trouvaient rien et les crapauds explosaient chaque jour par dizaine comme dans la fable de La Fontaine. - Il marqua un silence et interrogea la Serdaigle du regard. - Etrange n'est ce pas ? A-t-on jamais vu un animal exploser tout seul ? On peut dire que ces batraciens sont drolement constitués... Cependant, ils n'auraient pas explosé sans l'intervention des corbeaux, car on a découvert au bout d'un certain temps qu'ils étaient les coupables de ces morts en séries. Sais-tu ce qu'ils faisaient ? Peu intéressés par leur corps gluant et verdâtre ils se contentaient de leur arracher le foi avec leur bec. Et, privé de leur foi, les crapauds gonflaient. Je me demande si on pourrait tenir le rôle du corbeau avec Ombrage..., conclut-il avec un sourire en coin.
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyMer 13 Fév - 11:05:02

Après sa question, Isaac se raidit et fixa Fabula pendant quelques instants. Intriguée par ce silence, elle retourna la tête vers lui, l’air interrogateur. Le regard du garçon était encore plus noir que la dernière fois. Fabula le soutint un moment, puis esquissa un sourire et préféra risquer de s’aveugler en regardant le soleil, plutôt que de mourir foudroyée. Quel était déjà ce serpent qui pouvait tuer d’un regard ? Fabula l’avait lu dans un livre de contes soigneusement rangé au grenier, mais elle ne s’en souvenait plus. De toute façon, serpent ou pas, le regard des autres l’agaçait. Ça aussi, c’était une habitude enfantine dont elle s’était promis de se débarrasser, mais Isaac n’était peut-être pas le meilleur sujet sur lequel s’exercer pour commencer. Le garçon ne laissa pas le silence s’installer plus longtemps et lui accorda une réponse acerbe, dont l’ironie ne rendait que plus ostensible la signification. Lorsque Fabula avait posé sa question, elle ne s’était attendue à aucun résultat précis, et ne pensait pas avoir à y réagir. Mais elle ne put s’empêcher d’éprouver un certain étonnement aux dires de son voisin. Isaac était un sorcier, et ses parents moldus n’en étaient pas fiers ? Pire encore, ils semblaient franchement réticents. Cet exemple la confortait dans l’idée que ces gens-là étaient définitivement dépourvus de tout bon sens. Elle-même avait passé toute son enfance dans un univers moldu qui lui avait été imposé en vue d’une éducation "saine et équilibrée", selon les paroles de sa sorcière adoptive. Celle-là, elle avait toujours parlé de leur éducation, à elle et à son frère, comme de leur régime alimentaire.

- Ils ne comprennent rien à rien… Les moldus.

Et elle estimait parler en connaissance de cause. Elle avait côtoyé des écoles moldues, des objets moldus, et même de vrais moldus en chair et en os lorsque Mme Peterson avait jugé bon de pousser le vice jusqu’à inviter des collègues de son mari, qui travaillait aux Relations publiques avec les moldus. Cependant l’effet fut contraire à celui désiré, et Fabula mit dès son plus jeune âge tout son zèle à s’éloigner d’un monde qu’elle considérait comme étranger et limité. Sa remarque, bien que partiale, restait à la disposition de l’interprétation qu’en ferait Isaac. Après tout, Mr et Mrs Deniel, même moldus, n’en restait pas moins ses parents, et Fabula avait rapidement remarqué que les liens de sang, d’un point de vue affectif comme biologique, tenaient une place primordiale dans le monde de la sorcellerie. Même dans la salle commune des Serdaigle, les discussions les plus anodines pouvaient aboutir à ces sujets, et Fabula n’avait aucune envie de retomber dans une de ces apories sur la valeur du sang. Depuis le début de l’année, on lui avait déjà posé la question une ou deux fois, et elle s’était contentée de répondre d’un air ennuyé que oui, ses deux parents étaient sorciers. L’importun, satisfait de la réponse ou gêné par l’agacement de la Serdaigle s’en allait sans demander plus de précision. Et si elle se prêtait au jeu en répondant, c’était surtout parce que les questions, a fortiori lorsqu’elles étaient idiotes, ne disparaissaient pas avant d’avoir obtenue une réponse. Mais dans son optique un sorcier, du moment qu’il avait une baguette et des dons pour s’en servir, c’était un sorcier, point final.

De son côté, Isaac avait rapidement reprit un sourire malicieux qui lui convenait mieux. L’évocation de la réaction de ses parents ne semblait pas le perturber plus que ça, et la conversation revint tout naturellement sur Ombrage et les différentes stratégies pour s’en débarrasser. Selon sa théorie, elle serait tout aussi capable d’identifier une friandise empoisonnée qu’une première année. La comparaison n’était pas flatteuse, mais elle était réaliste. La Grande Inquisitrice, malgré la limite apparente de ses capacités intellectuelles et magiques, devait au moins avoir atteint le stade du première année de base. Mais Fabula avait assez d’estime envers elle-même pour ne pas se considérer comme tel et se rabaisser au niveau d’Ombrage. La remarque d’Isaac et celles qui suivirent lui apparurent donc comme recevables, puisque se rapportant seulement à la masse. Bien sûr qu’il y en avait d’assez idiot pour avaler un gnome au poivre sans broncher, ou pour se laisser enfermer dans un placard à balais qu’ils s’étaient fait indiquer comme toilettes. Mais contrairement au Serpentard, elle ne plaçait ni l’adjectif "révoltant" ni celui "amusant" sur cette coutume. Elle y était simplement indifférente, du moment que l’affaire ne la touchait pas. Même si son statut de première année lui faisait mener une vie à risque chaque jour, elle était assez préservée par rapport à d’autres proies beaucoup plus exposées. Les victimes les courantes étaient les Gryffondor et les Serpentard, car c’était entre ces deux maisons que la guerre des blasons faisait le plus rage. Ce qui permettait entre autre de boucler la boucle, et ces bizutages amenaient les plus jeunes à reprendre le flambeau de la guerre inter-maison. De plus, grâce à son tempérament discret, elle n’attirait pas facilement l’attention sur elle, ce qui lui offrait une protection non négligeable pour passer entre les mailles du filet.

Peut-être était-ce cette humeur taciturne qui avait fait qu’elle plaisantait en cet instant avec Isaac, plutôt que d’être la cible de ses brimades. Le garçon commença son histoire sur les crapauds montgolfières, et elle l’écouta attentivement. Bon public, elle sursauta légèrement lorsqu’il claqua ses mains, et riait de ses remarques sur les amphibiens. Il racontait bien, surement un peu mieux qu’elle, car il y mettait plus de vie. Le dénouement la fit grimacer, et elle laissa échapper un petit ricanement. Les histoires d’Isaac étaient-elles toutes comme ça ? A la question du garçon, elle haussa les épaules.


- Si elle est le crapaud, et qu’on est les corbeaux… C’est quoi, le foi ?

Elle se releva, et après s’être rapprochée de l’eau ramassa une pierre. Puis elle la jeta dans l’eau machinalement, comme pour produire un ricochet. Mais le geste manquait de vivacité, et la pierre était trop ronde, trop lourde pour glisser à la surface de l’eau. A la place de ça, elle s’enfonça dans le liquide opaque avec un bruit satisfaisant, et Fabula contempla les ondes qui en résultèrent.

- Mais c’est une technique de trolls ça, et nous on est des sorciers. L’empoisonnement reste plus civilisé. Maintenant, c’est vrai qu’elle risque d’être capable de reconnaître un nid de cafards, d’autant plus que ça ne sera surement pas la première fois qu’elle en recevra un… Sinon… Sinon elle boit beaucoup de thé en classe.

La transition était un peu brusque, mais elle restait cohérente. L’empoisonnement par potion, n’était-ce pas la première chose à laquelle on pensait d’ordinaire ? Mais même si Fabula s’était reconnue une brusque passion pour cet art dès le premier cours de Rogue, elle savait bien que réussir à glisser dans la tasse de leur professeur de DCFM une potion aussi puissante que discrète restait, en vue de ses connaissances actuelles, de l’ordre de l’exploit (pour ne pas dire de celui de l’impossible, ce qu’elle refusait de s'avouer). Soudain, elle sembla contrariée et recula d’un pas.

- Les calmars, ça mangent quoi tu crois ?demanda-t-elle d’un air aussi méfiant qu’intéressé.


Dernière édition par Fabula Aegis le Dim 25 Mai - 14:00:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyMar 13 Mai - 23:34:19

[Attention... Je déterre ! A 1h40 près je répondais avec trois mois pile. C'est presque la classe malgré le retard /sort/]

- Quand on n’a pas d’imagination, on n’aime pas se faire bousculer dans une vie bien rangée, avait-il dit simplement, en haussant les épaules, comme pour repousser une vague glacée de mépris.

On aurait pu s’attendre à ce qu’Isaac sautât sur la remarque de Fabula pour l’étayer, mais il n’en fit rien, se contentant de tourner un reproche voilé vers ses parents. Etait-ce un problème d’univers ? Non, il refusait d’entrer dans cette vision simpliste des choses, ses parents n’auraient pas été plus intelligents dans le monde des sorciers, il s’en serait juste aperçu plus tard, après avoir été élevé dans le mépris des sangs-impurs. Les sorciers n’étaient ni plus ouverts d’esprit, ni plus compréhensifs que les moldus. Une année venait de passer, et il restait encore attaché à un milieu où il avait passé une enfance heureuse et insouciante. Il ne pouvait pas renier ses origines, encore moins les dédaigner. Il n’en était pas encore à là, même s’il sentait qu’un fossé se creusait inexorablement entre ses anciens amis et lui, qu’une plaie, qui ne pourrait jamais se cicatriser, fendait les souvenirs heureux. Quelque chose se perdait, il le savait. Ses sentiments, ses jugements se modifiaient. Le temps des « Je vous écrirais tous les jours » était loin maintenant. Il n’en avait même plus envie. Il n’y pensait plus. Seuls ses grands-parents paternels garderaient leur place privilégiée. Ils étaient formidables. Chaque instant passé avec eux était un délice renouvelé, l’odeur sucrée de leur foyer caressait ses sens olfactifs à cette simple évocation, lui renvoyait les sourire mi-amusés, mi-exaspérés que mamie Sarah esquissait sur sa beauté flétrie tandis que son époux, qui refusait obstinément de vieillir, préparait, à quatre pattes dans le salon, le siège d’une ville obscure avec son petit-fils, dont il partageait l’enthousiasme avec une candeur plus grande encore. Si ces moldus là connaissaient sa véritable nature, ils auraient compris, Isaac en avait l’intime conviction. Il voyait d’ici papy Levy dévorer tous ses grimoires de magie, lui poser mille et une questions et le supplier de le mener sur le Chemin de Traverse. Rien ne lui ferait plus plaisir que de découvrir un univers qui donnait une dimension réelle à ses pires fantaisies, mais ses parents tenaient fermement à ce qu’il n’en sache rien. « Tu ne vas pas l’ennuyer avec ça ! » arguaient-ils quand ils n’envoyaient pas un ironique « A son âge, on ne va pas aller lui raconter des choses pareilles. » A son âge… Mais qui, entre ses parents et lui étaient les plus aigris ? C’était mal connaître son grand-père… Ou plutôt, trop bien le connaître pour ne pas craindre qu’il ne vienne contredire leurs avis arrêtés. Alors forcément, par moment, il se sentait incompris, même par les personnes qui étaient le plus à même de saisir toutes les subtilités de sa psychologie, à commencer par mamie Sarah, puisqu’il devait à présent dissimuler, travestir, tout un pan de sa vie. Des matchs de Quidditch qui se transformaient en de vulgaires parties de football… ça ne rimait à rien. Ça n’avait absolument rien à voir… La plupart des moldus ne comprenaient pas parce qu’ils ne savaient pas. Pouvait-on le leur reprocher ? Attaché à sa vie passé, il se retournait souvent, et il ne pouvait que regretter cette ignorance obligée, tirant un trait sur ceux qu’il aurait voulu garder prêt de lui plus longtemps…

Pour Fabula, le choix était clairement fait. Sa réplique ne laissait pas l’ombre d’un doute. Etait-elle issue d’une famille sorcière ? Il en doutait, la tournure n’était pas celle d’une enfant qui se contente d’entretenir les préjugés de ses parents. Mais, en même temps, quelqu’un qui se serait heurté à l’esprit étriqué d’une famille moldue aurait peut-être plus volontiers enchaîné sur des propos plus éloquents. Fabula était bien étrange. Tandis qu’il ouvrait à demi-mot les portes de son monde, les siennes devenaient de plus en plus hermétiques. S’il s’était intéressé à elle, aurait-elle parlé ? Quelle importance. Il n’avait pas besoin de savoir. Il n’avait pas besoin d’un échange pseudo philosophique dans lequel chacun essayerait de prouver qu’il avait plus de raisons de se lamenter que d’autres. Car que faisait-on dans ces cas là si ce n’était guetter l’instant propice à l’intégration de ses propres expériences ? Qu’y avait-il à dire à propos du malheur des autres ? Rien. Des lieux communs, pour éviter d’avoir l’air indifférent en se contentant d’une écoute silencieuse. On ne parlait jamais que de ce que l’on connaissait. Et c’était en partie cette retenue qui lui rendait la compagnie de la jeune fille agréable. Parler de temps en temps ne faisait pas de mal, certes, il devait beaucoup à la petite entrevue qu’il avait eu quelques mois plus tôt avec une aînée de sa maison, mais ça devait rester exceptionnel. Il connaissait peu Fabula, et elle n’était à priori pas de ces caractères vers qui on se sent naturellement en confiance. Non, elle inspirait la pudeur et si la suite de leur conversation prenait une tournure agréable malgré sa superficialité, c’était parce que tous ces nons dits donnaient à leur relation récente une dimension plus profonde. Parce que si ça avait été un poufsouffle hein…

Par un curieux rapprochement d’idées, ils en étaient venus à critiquer Ombrage pour finalement embrayer sur des techniques douteuses d’attentat. Des plans enfantins, voués à l’échec, mais dont le résultat était trop séduisant à imaginer pour qu’on ne les envisageât pas un instant. Ils tombaient même dans le grotesque en mettant la grosse dinde rose dans la peau d’un crapaud – ce qui n’était guère compliqué, même pour les esprits les plus arides – qui gonflait tant qu’il finissait pas exploser. En version « dessin animé », la scène était très drôle, mais transposer la scène dans la réalité était très peu ragoûtant. Dois-je amorcer une description ? Non, je crois qu’il est préférable d’épargner à mes éventuels lecteurs les détails d’un bout d’intestin glissant le long d’un mur comme une grosse limace en libérant une sombre traînée de sang. Oui, j’aime la prétérition. Avec un enthousiasme visible, le Serpentard avait raconté sa petite histoire, se réjouissant du répondant de son auditoire. Fabula quittait son indifférence pesante pour sursauter, rire, et grimacer. Lorsque l’on improvisait un petit spectacle, il était préférable d’avoir de bonnes réactions, n’était-ce pas ce que tout bon orateur attendait ? De faire vibrer son public ? Et Isaac aimait particulièrement ce genre de démonstration. Rien ne le réjouissait plus que d’amuser les autres. La question finale de Fabula lui arracha un léger sourire en coin. C’était bien une question de Serdaigle, une Socrate en herbe.

- Ses cachets du ministère sans doute, répondit-il en suivant vaguement la jeune fille du regard tandis qu’elle se redressait pour s’approcher à nouveau du lac.

Ah c’est fins d’après-midi automnales et dominicales où l’on discutait bien sagement en caressant l’herbe, en brisant des brindilles ou en jetant des galets pour occuper son inactivité physique. L’air était doux et frais, le ciel couleur miel, la sérénité embaumait le parc. Fabula renonçait à la technique du corbeau. Trop barbare. Si on la prenait au figuré, ce n’était en effet pas une démarche à suivre, même envers Ombrage, on se devait de mener une persécution un minimum civilisée voyons ! L’empoisonnement ? Une charmante perfidie que l’on préférait laisser aux Serpentard, et Isaac ne put retenir une pensée qui s’en alla vers Samael et Emilien. Tout en se redressant à son tour, il commenta d’un ton clinique :


- Et le foi, on l’atteint aussi par le biais du poison… Mais alors, ce serait un meurtre… - Son regard se teignit d’une cruelle malice : -Tu crois que des personnes seraient prêtes à pleurer la disparition d’une collectionneuse de napperons ?

Il avait bien du mal à se l’imaginer en tout cas. Qui pouvait aimer sincèrement pareille femme ? Et en retournant la question, Ombrage était-elle capable d’aimer qui que ce soit ? Le ministre ? Elle n’en avait qu’après son titre et ses prérogatives. Ce n’était qu’une vieille frustrée. Le « mademoiselle » était assez éloquent… car on ne l’imaginait ni avec une femme ni en mangeuse d’hommes. Parfois, on avait parfois de drôles de surprises en découvrant la vie d’un enseignant mais là… Non… Là heu… Ombrage en couple… ça c’était le synopsis d’un film d’horreur ! Et, comme il en était à ces écoeurantes réflexions, Fabula lui demanda sans transition son opinion à propos du régime des calmars. Il se rapprocha d’elle en la considérant étrangement. Mais qu’avait-elle avec ce lac à la fin ? C’était quoi cette question inutile et hors sujet ? Cette fille était vraiment bizarre. Sympa… mais spéciale. C’était bien une Serdaigle tient ! S’occuper de sa question, dont il pensait d’ailleurs connaître la réponse – qui n’avait rien d’amusant puisqu’il devait s’agir de plancton – il s’exclama d’un air faussement choqué :

- Comment ? Tu n’as encore jamais été chercher cette information capitale dans tes livres ? C’est à faire se retourner la grande Rowenna dans sa tombe ! Et pourquoi cela t’intéresse-t-il tant ? – demanda-t-il d’une voix plus doucereuse. - Tu peux essayer de faire l’appât si ça t’amuse… Et si tu ne reviens pas, je noterai mes observations pour toi, et au nom de la science…
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MessageSujet: Re: Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé   Aux alentours de chez Neptune (pv Isaac) - Terminé EmptyLun 9 Mar - 19:37:46

[HRP]De l’art de bricoler une fin à un topic oublié…[/HRP]

Assise au bord du lac, emmitouflée dans sa cape d’hiver qu’elle refusait encore de quitter malgré le temps qui se réchauffait timidement, elle se souvenait d’une vieille conversation dont seuls les saules pleureurs avaient été les témoins distraits, et que les vagues légères dans leur ressac continu semblaient faire émerger des profondeurs de l’eau trouble. A quand remontait-elle déjà ? Un an, voire un peu plus… Ça lui semblait une éternité. Et avec qui l’avait-elle eu ? Elle se souvenait vaguement d’un garçon au ton cassant et aux remarques acerbes… Un Serpentard, elle revoyait nettement son blason. Ah, ce devait être Isaac. Oui, c’était sûrement lui, ça lui revenait peu à peu. Beaucoup de choses avaient changé depuis cette discussion fossilisée par la vase et le temps : Ombrage était partie ; et elle-même n’avait – presque – plus peur de l’eau et du monde étrange qui se terrait sous cette surface lisse et impassible. Beaucoup de choses donc. Mise à part leur relation peut-être, qui n’avait jamais vraiment évolué depuis. C’est qu’ils étaient très occupés, chacun de leur côté, Isaac à ses conquêtes diverses et variées, elle… à ses études (mais oui, c’est de la faute des personnages, pas de leurs joueurs). Fabula baya une fois, puis deux. L’air frais de cette fin d’après-midi lui coula dans les poumons, la tirant un peu d’une torpeur dans laquelle elle s’était nonchalamment enfoncée.

Au fur et à mesure des vaguelettes qui venaient s’écraser sur la plage de galets, elle se remémorait des brides de la conversation. Ombrage, son empoisonnement, en avaient été les grands sujets. Finalement le problème s’était résolu de lui-même ; comme quoi il n’avait servi à rien de tant s’agiter. Fabula jeta inconsciemment un coup d’œil en direction de la Forêt Interdite. Les cyprès, hêtres, mélèzes, sapins, et tous les autres arbres qui pouvaient ainsi se prêter à des jeux de mots vaseux, balançaient doucement leurs cimes au rythme de la brise invisible du crépuscule. L’endroit semblait si calme. Qu’avaient-ils bien pu faire du corps ? Peut-être qu’un jour, on verrait un centaure émerger de la mer verte de conifères et de feuillus, un nœud rose dans les cheveux ou lui ornant la queue. Fabula sourit à l’image grotesque qui venait de se dessiner dans sa tête. Non impossible, même le plus fruste des trolls ne pourrait avoir l’idée même de revêtir quelque chose d’aussi atroce.

En tout cas, nœud rose ou pas, Fabula ne se souvenait pas avoir revu la face enfantine et mesquine de leur ex-professeur de DCFM depuis. Peut-être qu’Isaac avait eu raison lorsqu’il avait assuré que personne ne pleurerait sur sa disparition, peut-être que le monde sorcier l’avait déjà oubliée. Cette vieille femme sèche et amère resterait hanter la Forêt jusqu’à la fin de ses insipides jours. Beûrk, un monstre de plus dans les lieux, une légende de plus qui nourrirait les potins de l’école dans les décennies à venir. Cette forêt était décidément l’endroit le moins fréquentable de toute la Grande-Bretagne magique (exception faite peut-être du Chemin de Traverse lors des périodes de rentrée ou de Noël).


-Faaab’, ça y est, je crois bien que j’en ai vu un !

La voix surexcitée de Tobias la tira de ses pensées. Il scrutait avec une concentration empreinte de curiosité les eaux sombres du lac. Cet intérêt pour ce qui était anormalement calme et désagréablement inconnu n’avait pas de sens pour Fabula. Que chacun reste du côté de la surface qui lui était désigné, et le monde ne s’en porterait que mieux.

- A quoi tu penses ?
- J’essaye de me souvenir d’un truc que j’ai dit à Isaac.
- Le Serpentard bizarre qui danse avec des mecs et qui a raconté n’importe quoi pendant tout ton dernier match ?
- Oui voilà, celui-là.

Tobias haussa les épaules et retourna à ses hyppogriffes aquatiques. Sans doute n’avait-il pas envie d’entendre plus de détails sur ce qu’avait bien pu se dire ce personnage étrange et sa sœur. Mais qu’avaient-ils bien pu se dire, justement ? Fabula ne s’en souvenait vraiment plus. Et il y avait tellement de possibilités envisageables – presque autant qu’il y en avait pour achever une histoire – qu’il était difficile de donner la préférence à l’une en particulier.

Peut-être s’était-elle contentée de justifier son intérêt méfiant envers le lac et son principal locataire calmarien par de la simple curiosité intellectuelle. Car de cela elle était certaine, jamais elle n’aurait avoué à Isaac qu’elle avait peur de l’eau, tout du moins des eaux profondes et de son monde invisible. Si tel avait été le cas, alors leur conversation avait certainement dévié sur ce nouveau sujet. Ils avaient imaginé un nouveau moyen de faire disparaître Ombrage : la noyer, ou la donner en pâture aux êtres de l’eau afin d’effacer au plus vite toute trace gênante. L’allusion aux êtres de l’eau les avait alors entraînés dans une autre discussion sur la vie cachée que recelait le lac, ses mystères et ses dangers. Devant la tournure que prenait les évènements, Fabula avait annoncé sans trop attendre qu’elle avait envie de rentrer maintenant, et, souhaitant une bonne soirée à Isaac sans plus s’attarder sur des excuses ou politesses d’une affabilité navrante, elle avait remonté d’un pas vif la pente en direction du château. Leur conversation s’était ainsi achevée un peu brutalement mais pas inamicalement, et ses détails furent de toute manière vite oubliés de chacun après le repas du soir et la nuit de sommeil (ou d’autres choses d’ailleurs).

Peut-être aussi avait-elle choisit de réagir plutôt à la dernière pique d’Isaac, en éludant de cette façon sa dernière question. Suivant cela, elle avait fait remarqué dans un sourire condescendant que la seule représentante digne de ce nom de la science ici, c’était elle, et que s’il devait y avoir un appât ce serait lui. Isaac avait tout-de-même et comme à son habitude réussi à contrer sa longue et pertinente argutie, et de piques en répliques, de gestes en maladresses, ils avaient fini tous les deux trempés par les eaux froides du lac. Le soleil s’étant couché et une bise d’automne s’étant levée, ils ne s’étaient pas attardés, rejoignant rapidement leurs dortoirs respectifs afin de se réchauffer et de se changer avant le diner. La fin de leur échange s’était alors faite oubliée d’elle-même, aucun ne souhaitant particulièrement garder en mémoire le souvenir désagréable de ce dernier épisode pitoyable, qui venait gâcher leur rencontre qui avait précédée.

Peut-être encore y avait-il eu une intervention quelconque venant perturber leur échange : la fouine d’Isaac qui détalait pour on ne savait quelle raison en direction de la Forêt Interdite, la pluie qui commençait à tomber pour des raisons un peu plus vraisemblables, le calmar qui surgissait des profondeurs du lac… Tellement de possibilités donc, qu’il était impossible pour Fabula de juger l’une plus probable que l’autre, à défaut de s’en souvenir avec précision (comme il était impossible que ce topic ait une vraie fin, car c’est ainsi qu’il était écrit là-haut). Abandonnant la partie, Fabula s’étira et se releva péniblement de la grève, laissant là ses réflexions inutiles et pénibles. Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas vu Tobias s’éloigner. Il la hélait à présent d’un peu plus haut sur la pente qui ramenait au château, lui faisant comprendre dans une gestuelle étudiée qu’il était l’heure de manger.
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