Le narrateur du dessus n'étant point un ingrat, il commencera son récit en remerciant chaleureusement son co-équipier, embarqué lui aussi et contre son gré dans cette histoire invraisemblable. Il est à noter par ailleurs que le courage des deux sus-cités devraient être gardés dans les annales puisque cet écrit pourrait se révéler dangereux pour la pérennité de leur plume et pour leur santé d'esprit. Les personnages décrits, pourraient venir à se montrer violents à l'égard de leurs créateurs respectifs, ce qui ne manquerait pas d'arriver si d'aventure, ils apprenaient que leurs comportements avaient été relaté dans ces quelques et modestes lignes. Une minute de silence, s'il vous plait. Ce qui ne vous empêche en aucun cas de continuer à lire, puisque jusqu'à preuve du contraire, lire un texte n'inclut pas de chanter de la countrie en même temps... ni aucune musique en général, ni même réciter Shakespeare pour les plus pervers.
Pour finir, le narrateur tient à la disposition de son collègue une nouvelle pelle, des fois que la première se soit usée à vouloir toucher le fond. Aux personnes de l'autre coté du trou, nous signalons que nous ne perdons pas espoir de pouvoir débarquer en Chine, on pensera à vous envoyer une carte postale.
Le personnage concerné par ce texte, Lacey Hawkesworth le bien nommé était pour le moment occupé à recevoir sa baguette qu'il amena à niveau de son visage avec un soupir content. Il se sentait mieux, un sorcier n'était jamais bien loin de sa baguette. Un auror en particulier et quand bien même Lawrence était son frère, l'homme ressentait un certain malaise à voir son précieux objet dans les mains de quelqu'un d'autre. Alors pourquoi avait-il demandé à l'autre de le ramasser? Un égarement momentané, cela arrive à tout le monde. Sauf que le coté momentané de la chose commençait à se faire un tantinet long et n'allait certainement pas pour s'arrêter une fois le seuil du cadet franchi.
Pour un sorcier, Lacey en était un qui utilisait assez peu sa baguette. Elle était le prolongement de sa main, mais il aimait aussi à se comporter le plus simplement possible, sans magie. Si c'était pour distribuer des gnons, il préférait la version manuelle : une bonne mandale dans la gueule et on en parlait plus, avec l'option tatane si la baffe dans la tronche se révélait insuffisante. Ce qui était souvent le cas, il faut bien l'avouer. Les gens avaient rarement la tendance à se la boucler à moins d'avoir la mâchoire démise. C'était, à ce propos, un exercice dans lequel le semi-irlandais était devenu maître : attraper la mâchoire inférieure d'un individu au bon endroit et crac ! On passera les détails car l'imagination fonctionne généralement en ce genre de cas et il n'était pas trop dur d'imaginer à quoi ressemblait un gus', une fois que poupouille avait été sortie du droit chemin. C'était presque aussi douloureux à remettre en place qu'à la sentir déplacée. L'épaule produisait à peu près le même effet mais, l'épaule avait un effet moins humiliant et cela demandait plus d'effort à déboiter. Le coup de la mâchoire avait aussi pour lui de couper court à des discussions stériles, qui n'étaient vraiment la tasse de thé sorcier.
En attendant et pour revenir une nouvelle fois dans la situation présente, Lacey sentit son frère saisir son bras pour rentrer dans l'appartement. Il leva un regard fatigué sur le plus jeune et refusa de bouger dans un premier temps : il fallait qu'il se relève et l'affaire pouvait se révéler périlleuse s'il ne prenait pas garde. Lacey finissait de finir la tête la première sur le sol, ce qui n'était pas dans son programme de la soirée. L'homme se dégagea de l'étreinte de l'avocat et coinça sa baguette dans la ceinture de son pantalon, puis avec toute la bonne volonté du monde, posa ses mains sur le sol et tenta de se remettre sur pied avec le maximum de dignité possible. Ce qui ne voulait pas dire grand chose, mais au moins de ne pas avoir l'air trop d'un ivrogne. Son effort fut couronné de succès et il parvint à se dresser sur ses deux guibolles sans avoir l'air d'un clown.
« Merci. »
Et quoi ! Il ne fallait pas oublier la politesse de rigueur. Comment éduquer convenablement Lawrence si on ne montrait pas le bon exemple devant lui !? Lacey se prit la tête dans la main, à peu près conscient d'avoir des réflexions de gamin de cinq ans désireux de se montrer fort et courageux devant son cadet pour le rendre fier de lui. Le châtain savait que quelque part au fond de lui, Lawrence devait posséder une certaine fierté vis à vis de son excentrique grand frère, et Lacey ne parlait pas de celle qui émanait de leur étrange rapport. Depuis des années déjà, un accord tacite s'était fait entre les deux : le chef du duo était Lawrence et Lacey était celui qui suivait. Cet accord avait ses points faibles et les deux faisaient parfois des choses totalement inattendues, mais cela ajoutait au piment de cette relation à deux et Lacey était parfaitement content de la vie qu'il menait avec l'autre sorcier. Les deux hommes avaient tout du vieux couple, à la différence près qu'il valait mieux éviter leur exprimer cette réalité. Aucun des deux ne l'auraient bien pris, sauf dans un moment exceptionnel de magnanimité et de grand état de zen. C'est à dire rarement, voir jamais.
Lacey regarda l'autre homme prendre la direction de son 'lieu de villégiature' en beuglant et le suivit un sourire enfariné. Nul ombre d'un doute, il n'était plus très frais, mais il s'en fichait pas mal, il était juste bien avec son petit frère. Une sympathique soirée entre hommes, avec un Lawrence qui ne se sentait plus obligé de jouer l'homme austère et sérieux qu'il mettait un point d'honneur à incarner presque tous les jours. Rien que cela donnait une valeur inestimable à ce moment. Le sorcier passa la porte après l'autre et d'un sort, remis la porte en place.
[terminé]