Cours 1

Le cours avec les premières années s'était achevé. Severus eut le temps de se préparer un café en attendant la fin de la récréation plûtot que d'entendre Sybille Trewlaney dire des idioties ou encore entendre Filius Flitwick faire des éloges à ces sois-disant brillants Serdaigle. La cloche sonna enfin. Il retourna à sa place, et sortit de son sac les interrogations des élèves, celles qu’il avait corrigées. Il allait prendre un plaisir sadique à les rendre, et à faire un commentaire déplacé pour les plus malchanceux. Cela avait été des pures merveilles, les Serpentard avaient, évidemment, tous eu l’occasion d’avoir la moyenne, et les autres élèves, les plus malchanceux qui n’avaient pas compris grand-chose au inferis avaient eu une note catastrophique. Il réorganisa le paquet de copies, et le laissa sur la table. Il se releva ensuite de sa chaise, à l’affut du moindre bruit. Il se promena dans la salle de classe, parcourant les allées, sa cape traînant derrière lui dans une sombre élégance. Il avait croisé les bras, et promenait son regard dans toute la pièce, à l’affut de la moindre erreur, de la moindre bizarrerie… Il était arrivé au fond de la salle, et il commençait à s’ennuyer. La sonnerie retentit enfin, synonyme de début du cours. Il regagna son bureau, et s’assit sur sa chaise. Il prit un stylo, qu’il s’amusa à décapsuler et reboucher en attendant l’arrivée d’un premier élève. Il prit les copies qu’il avait déposées, et les posa dans ses bras, pour les remettre plus rapidement.

Severus Rogue resta silencieux. Il était assis sur sa chaise la plus inconfortable, unsilence placide régnant dans la salle de classe qui se remplirait bientôt de la présence d’élèves qui, pour la plupart, auraient plutôt préféré rester deux heures de plus dans leur ancien cours plutôt que d’assister à son cours. Un rictus apparut sur son visage froid et garni par les sombres potions qu’il préparait d’habitude. Il allait avoir l’occasion de découvrir les petites nouvelles années sur un angle plus précis que celui sur lequel il les avait observés lors de la Cérémonie de répartition. La plupart d’entre eux étaient minuscules, tellement minuscules qu’il avait du mal à penser qu’il s’agissait là de première année. Mais chaque année, c’était pareil : les premières années étaient de plus en plus petites, alors que les élèves qu’il voyait vieillir devenaient de plus en plus grands. Sans prévenir, Severus se leva et nota rapidement au tableau :

Citation :

Il s'assit à son bureau et demanda de sa voix habituelle :

- Nous allons pour commencer parler des dragons. Qui peut me citer un dragon et me dire le lieu ou on le trouve ?

Severus patienta.

Mariana avait chaud, Mariana transpirait, bref Mariana avait peur. De Rogue. Depuis qu’il lui avait troqué ses beaux cheveux noirs contre d’autre, de couleur McLane, elle ne pouvait plus le sentir. Même s’il n’était pas directement responsable, c’était son examen qui avait fait cela, et elle ne lui pardonnerait jamais. ~~Tout est finit entre nous.~~ Mais, pardon ou pas, son cours était bel et bien obligatoire et elle ne pouvait pas le sécher si elle ne voulait pas de punition plus lourde qu’une tignasse blonde pisseux. Quoiqu’à part une journée enfermée dans les toilettes avec Zélie, elle ne voyait pas ce qui pouvait être pire que ça. Ainsi, la demoiselle était donc assise au milieu de la pièce, pas trop près mais pas trop derrière non plus. Ainsi elle ne se ferait pas remarquer plus que ça si elle s’endormait malencontreusement. C’est vrai qu’elle en avait du sommeil à rattraper. La veille au soir, sa petite réunion avec Page et Lucy s’était éternisée, et elles s’étaient toutes trois couché très tard. Au petit déjeuner, elle aurait sombré dans son jus de citrouille si la Préfète des Lions ne l’avait pas rattrapé par la chemise. Mais au moins, leur plan de vengeance avait avancé, et tout était presque au point. Un peu de patience, et cela serait bon.

Citation :: - Nous allons pour commencer parler des dragons. Qui peut me citer un dragon et me dire le lieu ou on le trouve ?

Hein ? Pourquoi Rogue s’était soudainement mis à parler ? Ah d’accord, le cours avait commencé. Soupirant, Mariana sortit une plume, son encrier, et un vieux bout de parchemin déjà utilisé et noté, tout sauf proprement le titre « Etude du bestiaire dangereux ». Allons bon. Si Rogue leur trouvait une sorte d’araignée avec des pouvoirs magiques à étudier, elle s’enfuirait en courant, c’était certain. Par contre, et c’était plus rare, Mariana connaissait la réponse. Enfin il y en avait plusieurs, d’après elle, mais, pour l’instant, elle n’en voyait qu’une. Discrète et peu sérieuse, la rouge et or ne participait pas souvent en cours. C’était naturel pour elle de dormir à moitié tout en prenant le cour quand elle y pensait. Mais là, Gryffondor avait besoin de points, les Serpentard grignotant peu à peu l’écart entre les deux maisons. Elle pouvait bien faire un geste pour sa maison, non ? Mariana leva alors la main, pour prendre la parole, et lança, presque sûre d’elle :

- Euh … y’a le Boutefeu Chinois ou Dragonlion, je sais pas lequel est le plus utilisé. Et je crois qu’on le trouve seulement en Extrême-Orient.

YES !!!! Cours avec Rogue !!! Enfin une bonne nouvelle !!! Voilà qui allait aider les Serpentards pour la Coupe. À vai dire Jason s'en fichait un peu mais il adorait les cours de Rogue pour la manière dont il pouvait avoir le silence. Il suffisait d'un regard et *paf* silence. Jason entra donc tranquillement en classe, salua son professeur d'un mouvement de la tête et s'assit vers le milieu de la pièce. Il sortit tranquillement ses affaires.

- Nous allons pour commencer parler des dragons. Qui peut me citer un dragon et me dire le lieu où on le trouve ?

Il leva tranquillement la main pour répondre mais une rouge et or répondit avant lui. Il se retint de lui lancer un regard noir et attendit que le professeur Rogue l'autorise à parler.

J'aimerai préciser que le Boutefeu Chinois ou Dragolion est l'unique dragon d'extrème-Orient. Dit-il en regardant de travers Mariana puis il poursuivit calmement.

Il y a bien évidemment la Dent-de-vipère du Pérou qui vient du Pérou comme son nom l'indique et il est le plus petit dragon connu et le plus rapide en vol. D'une longueur de 5 mètres, le Dent-de-Vipère du Pérou a des écailles lisses et cuivrées avec des marques noires le long de l'échine. Ses cornes sont courtes et ses crochets sont particulièrement venimeux. Le Dent-de-Vipère adore plus que tout la chair humaine... Il retint un sourire mauvais car après tout il ne voulait pas passer pour un cinglé hé, hé...

Puis il se souvint d'une autre espèce de dragon dont il pouvait faire une brève présentation... Autant se lancer !!

Puis il y a le Cornelongue roumain qui possède des écailles vertes foncées et de longues cornes d'or avec lesquelles il embroche ses proies avant de les rôtir. La Roumanie, le pays d'origine du Cornelongue, est une immense réserve de Dragons en tous genres.

Il avait donné deux dragons pour être sûr d'avoir plus de points et il savait que Rogue ne lui ferait pas de remarque pour avoir fait le je-sais-tout ce qu'il n'était assurément pas merci Merlin. Mais il savait aussi qu'en donnant des détails il serait plus à l'abris que si il s'était contenté de donner le lieu d'habitat. Il connaissait évidemment très bien les dragons car il avait eu le malheur ou le bonheur d'avoir été fasciné vers ses onze ans par ces créatures. Il aurait pû faire une longue liste mais il préférait laisser ses camarades de Serpentard parler. Jason retourna à la contemplation de son parchemin sur lequel il inscrit comme titre : Les Dragons...

Encore un matin, un matin pour rien…
Clarisse se levait tous les matins, sous l’impulsion de son réveil, un vieux cadeau de Will, que la jeune fille avait déjà dût réduire en bouillie une bonne centaine de fois tant elle détestait la voix caverneuse de l’objet magique et par-dessus tout être réveillée tôt. Cependant, à chaque fois qu’elle écrasait ce pauvre vieux Bill, comme elle l’avait surnommé, contre un mur, ou qu’elle sautait dessus à pieds joints pour étancher sa colère, elle le regrettait immanquablement et devait faire des pieds et des mains pour le réparer. Au fond, elle l’aimait bien son réveil, il l’empêchait d’être en retard en cours, surtout depuis que Clarisse était en froid ou plutôt en indifférence avec ses anciennes amies. Tout l’indifférait et elle ne s’accrochait plus qu’à une chose : les cours, où elle tentait d’être la plus performante possible et de faire gagner des points à sa maison. C’était la seule et dernière chose qui lui restait, pauvre enfant…

C’est donc seule que la jeune fille passa la récréation. Elle essayait depuis que la rupture avec Syra et les autres était nette de ne plus ressasser de sombres pensées et de se concentrer sur des idées positives. Seul problème, les idées positives étaient aussi rares dans son esprit que les trèfles à quatre feuilles dans un champs de blé. Surtout si l’on considérait que son prochain cours était celui de Rogue. Rogue, ce personnage si étrange à ces yeux. A la fois elle le détestait et à la fois il l’intriguait, surtout parce qu’elle savait pour l’avoir entendu dire par sa mère (en fait pour avoir écouté aux portes… par inadvertance) qu’il appartenait à l’Ordre du Phœnix. Un ordre pour le retour de la paix, pour l’avènement de celle-ci alors que Rogue se comportait comme un vrai goujat, à croire qu’il prenait un malin plaisir à humilier ses élèves, qu’il était un vrai sadique. D’un autre côté, sous ses airs malsains, Clarisse était à peu près certaine que Rogue n’était pas foncièrement mauvais. Après tout, il l’avait « sauvée » dans la forêt interdite deux ans plus tôt et n’en avait pas parlé à sa mère, alors que vraisemblablement il la connaissait. Sans quoi… elle se serait bien fait attraper par Océane…

Un sourire étrange accroché aux lèvres, la rousse prit la direction de la salle de cours. La personnalité complexe de Rogue allait occuper son esprit encore pendant quelques temps. Il constituait une telle énigme aux yeux de la jeune fille, un peu comme s’il souffrait d’un dédoublement de personnalité. Le plus gros mystère restait tout de même le suivant : Rogue était dans le camp de Harry et pourtant il détestait ouvertement ce dernier, ne perdant aucune occasion pour le rabaisser. Etait-ce un jeu de faux-semblants ? La rouquine n’en savait rien mais il lui semblait que non. La haine n’était que trop lisible sur le visage d’Harry et de ses deux amis pour que ce soit feint.
Tandis qu’elle parcourait les derniers mètres la séparant de la porte de la classe, l’aiglonne en profita pour son petit rituel devenu indispensable avant chaque cours j’ai nommé le lissage de cheveux et de vêtements, histoire d’avoir l’air un peu plus présentable. Une règle que lui avait inculquée sa grand-mère et sui s’était imprimée en lettres capitales dans sa petite cervelle de piaf.

La cloche sonna, donnant lieu dans les couloirs à une véritable débandade, chacun courant vers son prochain cours pour ne pas être en retard, même ceux qui avaient Rogue. Surtout ceux-là, avec en prime sur le visage une expression assez étrange, mélange d’anxiété, de désespoir voire d’animosité chez certains. Le tout donnait quelque chose d’assez amusant à regarder. Clarisse quant à elle n’avait plus peur d’affronter le regard du professeur en entrant dans la classe. Ce qui lui faisait peur parfois c’était ses réactions imprévisibles et sévères. Tout un programme.

_ Bonjour professeur.

N’attendant pas de réponse, comme il ne répondait jamais qu’à ses seuls chéris de Serpentards, la Serdaigle se dégota une place au deuxième rang et sortit tranquillement ses affaires en attendant que les autres élèves n’arrivent et que le cours débute, ce qui ne prit pas beaucoup de temps. Rogue était connu pour ne pas aimer les retardataires et comme personne ne voulait faire perdre de points à sa maison…
Ils allaient aujourd’hui aborder un sujet fort intéressant : les dragons ! Clarisse en connaissait non pas un rayon mais tout de même suffisamment pour donner quelques bonnes réponses et faire grimper le sablier des aigles. Comme quoi avoir des parents journalistes ça comportait aussi ses avantages, même s’il y avait aussi beaucoup d’inconvénients. Leurs absences étaient compensées par de beaux articles très instructifs dont un sur les dragons et qui s’il remontait à quelques années était encore vif dans le souvenir que Clarisse en gardait. Elle leva la main aussi promptement que possible mais malheureusement, une rouge et un vert furent plus rapides qu’elle. Mariana donna une information simple que Lister se fit un devoir de compléter et en rajouta pour bien montrer qu’il maîtrisait le sujet. Ben il était pas le seul d’abord ! Tout ça parce qu’il était à Serpendtard….

Petite vague d’inimitié et ce fut son tour.

_ On aurait tort de penser que les Dragons vivent uniquement dans des pays lointains ou en Roumanie même s’il est vrai que c’est une importante réserve. Il y en a aussi au Royaume-Uni. Le Vert Gallois Commun vit comme son nom l’indique dans les hautes montagnes du Pays de Galles. Il est de couleur verte mais les nuances varient selon les individus et sa taille est moyenne. Il se nourrit en général de moutons. Ses œufs sont très difficiles à trouver parce qu’ils sont de la même couleur que la terre, avec en plus quelques petites tâches vertes.

Et toc Lister ! Prends ça dans les dents !

_ Leur population est contrôlée par les sorciers afin qu’ils ne deviennent pas trop nombreux et de ce fait trop repérables par les moldus ou trop dangereux pour les sorciers eux-mêmes…

La bleue et bronze aurait put continuer son exposé et citer bien d’autres dragons mais le professeur avait un par personne, et puis il fallait bien en laisser aux autres. Ne restait qu’à prier pour que les serdaigles soient calés en dragons et surtout qu’ils aient le temps de lever la main et de répondre avant que quelqu’un d’autre ne s’en charge….

-J'aime pas les jeudis... j'déteste les jeudis...
-Je sais, Will, tu me le répètes tous les jeudis. En attendant, fiche-moi le camp en cours, vermine...

Le rouquin soupira, avala sa dernière gorgée de thé et obtempéra, à contre-coeur. Page parlait à l'aise ; pour elle, la journée du jeudi était plutôt tranquille, avec des cours agréables, à l'extérieur ; mais pour William, c'était une autre paire de manches. Il attaquait avec les Runes ; prof plutôt sympathique, mais le préfet peinait à suivre les cours, en dépit de ses efforts ; il passait généralement un mauvais moment à essayer de comprendre de quoi parlaient l'enseignante et les autres élèves. Il avait la malchance d'être avec des élèves plus âgés et plus avancés dans l'étude des Runes, et cela ne l'aidait guère.
Et après les Runes, c'était l'apothéose... Défense contre les Forces du Mal ! Au début de sa scolarité à Poudlard, le rouquin aimait bien cette matière ; avec Lupin, puis Maugrey Fol Oeil, il se sentait en confiance, et progressait. Lors de sa troisième année, il n'avait guère eu de cours « officiels » ; avec Ombrage, il avait lu et relu le même bouquin ennuyeux, et n'avait pas touché sa baguette magique. Heureusement que Harry Potter avait donné quelques cours à certains élèves, dont William, pour leur permettre de savoir se défendre plus efficacement. Tous, Harry compris, avaient espéré que le prochain professeur de Défense contre les Forces du Mal serait un minimum compétent, et leur apprendrait vraiment des choses ; dans le contexte actuel, chacun se sentait concerné et voulait maîtriser un maximum de sorts. Mais lors du festin de début d'année, tous étaient tombés de haut ; le professeur nouvellement nommé était Severus Rogue, à la grande horreur de bon nombre d'élèves et notamment de Gryffondor.
William se sentait particulièrement mal à l'aise avec le directeur de Serpentard, et même s'il ne l'avouait pas, il le craignait un peu. Alors même si Rogue était certainement très compétent en matière de Défense contre les Forces du Mal, le rouquin appréhendait ses cours... Il était toujours difficile de rester impassible sous les quolibets de l'enseignant, et de ne pas hurler lorsqu'il favorisait les Serpentard de façon éhontée... Mais il fallait se tenir tranquille, ne pas broncher, ne pas donner au vieux Rogue un prétexte pour sanctionner Gryffondor...
Quelques instants avant la sonnerie, William monta l'escalier en direction de la nouvelle classe de Rogue ; mieux valait être un peu à l'avance, car un retard d'une demi-seconde pourrait être puni d'un retrait de vingt points. La cloche venait de sonner lorsque le préfet des Lions pénétra dans la sinistre salle de classe aux murs couverts d'affiches horribles.

-Bonjour professeur, fit William d'une voix neutre en allant s'asseoir au troisième rang, côté fenêtre.

En silence, les élèves s'installaient, sortaient leurs affaires, la mine grave pour la plupart. Seuls les élèves de Serpentard semblaient parfaitement à leur aise, les autres faisaient profil bas sous le regard dur du professeur.
William posa toutes ses affaires devant lui, ouvrit son cahier de Défense contre les forces du Mal et prit une nouvelle page ; on en avait terminé avec les Inferis, et heureusement, d'ailleurs... Le nouveau sujet promettait d'être moins rebutant, puisque Rogue venait d'annoncer qu'on allait parler des dragons. Le rouquin inscrivit le titre en écoutant les premières interventions de ses camarades. Lui-même participait peu en cours, et de toute façon, il ne voyait pas quoi ajouter ; les autres (et Clarisse en particulier) avaient, à son sens, parfaitement répondu à la question du professeur. Pas la peine d'en rajouter, répéter les interventions des autres ne ferait qu'irriter le professeur.

Luna n'avait pas la même appréhension à l'égard de Rogue que la plupart des élèves, hormis les Serpentards bien sur. Non qu'elle le trouvât sympathique (même elle n'était pas assez folle pour cela) mais l'opinion qu'il avait d'elle ne l'interessait que fort peu, et elle n'avait jamais eu le genre d'orgueil qui amenait ses condisciples à fulminer ou à souffrir des remarques acerbes de l'ancien maître des potions. Son professeur préféré dans cette matière où s'étaient succédés tant d'enseignants restaient Remus Lupin, qui avait partagé avec eux et avec plaisir ses grandes connaissances au sujet de multiples créatures. Quoiqu'elle regrettât un peu qu'il ait refusé de parler des Héliopathes que le ministère élevait dans le plus grand secret afin d'en faire une armée. Ces esprits du feu étaient pourtant bien plus interessants que les Strangulots non? Entrant avec les autres élèves, elle s'assit, seule à sa table comme d'habitude, et sortit de quoi prendre des notes : parchemin, plume, encre... Sa baguette magique était comme souvent collée derrière le pavillon de son oreille gauche, et elle portait son collier confectionné à partir de capsules de Bieraubeurre. Bref, un accoutrement normal, pour une journée normale, rien qui soit susceptible d'étonner quiconque. Elle avait salué respectueusement leur professeur en passant devant lui, ne s'attirant que son regard froid en réponse.

Elle avait de bons résultats dans ce cours, et Rogue n'avait guère l'occasion d'exercer sur elle son mépris, bien qu'elle ait appris en classe de potions qu'il valait tout de même mieux ne pas porter de radis en boucle d'oreilles. Le cours avait débuté, et elle prit sagement note des différentes espèces citées par ses condisciples, ajoutant à l'occasion une annotation de son cru en marge, issue de ses propres connaissances. En bonne Serdaigle, elle aimait voir sur son parchemin des informations les plus completes possibles. Clarisse s'étant tu et nul ne se manifestant pour poursuivre, elle prit elle-même la parole.

"Il n'y a pas que le Vert Gallois. Le Royaume-Uni abrite plusieurs espèces de dragons, généralement cantonnées à de petites zones géographiques étant donnés le risque pour le Code du secret magique. On peut citer le Noir des Hébrides, qui vit sous la responsabilité du clan McFusty dans un archipel à l'ouest de l'Ecosse. Les adultes sont de couleur très sombres et peuvent atteindre neuf mètres. On les reconnait aussi à leur rangée de pointes dorsales ou à leurs yeux d'un violet très soutenu."

Des élèves étaient parfois étonnés quand Luna s'exprimait de manière claire sans la moindre élucubration. Elle-même ne comprenait pas cette stupeur. Elle s'interessait autant aux choses dont l'existence ne souffrait aucun doute, même si l'étude des créatures plus mystérieuses comme le Ronflak Cornu se révélait souvent plus passionnantes, car tout y restait à découvrir. Mais quand on lui parlait de dragons, elle répondait à leur sujet, n'étant pas idiote. Elle ajouta de sa voix un peu nonchalante, rêveuse, qui était son timbre habituel.

"Comme l'a dit Clarice McBrien, la population de dragon est soigneusement contrôlée. Comme les McFusty s'en occupent depuis des siècles, grâce à leur expérience, ils ont pu en gérer un certain nombre, et c'est là-bas que l'on peut le mieux observer la façon dont les dragons vivent en groupe."

Le cours de DCFM allait bientôt commencer, et Neville se dirigeait donc bien calmement vers la salle de cours. Il n'avait pas particulièrement hâte de retrouver ce professeur qu'il détestait depuis si longtemps. Severus Rogue. Maitres es Sarcasmes, comme le jeune homme se plaisait parfois à le considérer. Passons, le moment n'était pas à se déconsidérer ni même à espérer que ce maudit professeur soit remplacer. Non, il fallait se concentrer et assister au cours qu'il allait le plus craindre cette année.

Passant le pas de la porte, Neville salua poliment son professeur, deux mots qu'il ne pensait pas réellement, attendu qu'il ne souhaitait pas réellement que le Professeur Rogue passe une bonne journée. Se dirigeant vers sa place habituelle, il eut la surprise de voir qu'il était l'un des touts premiers Gryffondor arrivaient. Ni Harry, ni Hermione, ni même Ron ne se trouvaient dans la salle de classe. Soupirant, il s'installa donc non loin de Luna, qu'il avait appris à connaitre l'année passé, avec les séances de l'AD et leur combat au ministère.

"Bonjour Luna, salut William"

à ses camarades les plus proches.

Il écouta ensuite la question de son professeur, et les réponses de ses camarades. Il n'avait pas vraiment envie de participer, surtout s'il fallait se faire remarquer par ce professeur si détestable et haineux. Vraiment, il lui rappellait quelqu'un, qu'il avait vu en lisant les journaux français. Un certains Nicolas ... Petit, haineux, méprisant.

Le cours commençait mal, très mal...

[C'est très mal, je l'avoue ...]

Jeudi matin, dix heures moins quart, un ciel étrangement maussade et orageux s’étirait silencieusement en ce début de matinée printanier, pourtant annoncé superbe et dégagé la veille au soir, par le duo de sorciers météorologues le plus célèbre de tout Londres. De lourds nuages grisâtres, informes masses vaporeuses entrelacées, dominaient nerveusement le Château de Poudlard que la faible lueur cendreuse des cieux rendait similaire à un ancestral colosse de pierres humides, accroupi dans l’ombre d’une immense main divine. Les longs cheveux de jais de l'adolescente, interminables langues d'encre lâches, baignaient langoureusement dans l’air saturé d’électricité, claquaient avec violence dans un vent sournois, agité et glacial tandis que sa sombre veste d’uniforme ondulait suavement dans son dos comme un animal se débattant pour s’extirper d’un piège mortel ; enfin, la pluie, perfide, fine et froide, dardait frénétiquement son visage laiteux aux yeux clos, offert aux fougueux éléments. Car effectivement, Pénombre affectionnait beaucoup les orages déchainés et les violentes tempêtes et elle s'adonnait souvent à la contemplation indéfinie de ces interminables entrelacs de foudre qui reliaient subitement la terre et le ciel dans un brutal élan. Pour la Féline, admirer cette infinie puissance naturelle à l’œuvre dans une magnifique symphonie visuelle de destruction était d’une intense fascination. Un spectacle sans bornes, dangereux et rare. Voilà pourquoi la brune aux yeux clairs avait un mal fou à détacher son regard agressif de limpidité des cieux, cet implacable terrain littéralement écorché de tourmentes élémentaires, d’affrontement aux dimensions impressionnantes dans lequel, chaque brutale collision de cumulus semblait provoquer un terrible grondement, sinistre et inquiétant, un dantesque râle profondément agonisant... Et c’est naturellement presqu’au retard que la Serpentarde de Septième année se rendit en courant dans les immenses escaliers joueurs, qui menaient directement au premier étage du bâtiment principal de l’Ecole, cherchant ensuite, avec hâte, le numéro gravé sur cette porte qu’elle devait franchir dans les maigres secondes à venir.

L’héritière des Craft fut bien surprise de ne trouver qu’une maigre poignée d’élèves parmi les rangs silencieux de tables vides, un échantillon presqu’entièrement représentatif des quatre maisons de Poudlard d’ailleurs, à en juger par les couleurs fièrement arborées par les cravates respectives de leur uniforme : trois élus de Gryffondor se présentèrent aussitôt à son attention dont une jolie Lionne brune qu’elle identifia rapidement comme étant la fille des Taylor, leur Préfet roux au Sang Impur ainsi que le sixième année, Neville Londubat. Deux représentants de la maison Serdaigle s’ajoutaient également à eux, la petite héritière arrogante des McBrien, laquelle semblait aussi sotte que présomptueuse, et l’étrange Luna Lovegood, que somme toute, Pénombre aimait observer discrètement. Un unique Serpentard relevait la banalité du maigre attroupement discipliné de sorciers. Il ne manquait plus qu’un élu de Poufsouffle pour obtenu un spécimen de chacune d’elle.... Finalement, peut être n’était-elle pas si juste que cela au niveau du timing ? Comme à l’accoutumé et suivant le règlement intérieur en vigueur durant les heures d’enseignement aux arts de Défense contre les Forces du Mal, la Rusée s’avança en direction du bureau de son célèbre enseignant et s'adressa calmement à son Responsable de Maison, d'une voix franche et grave :

" Bonjour Professeur Rogue."

Puis, l’Animagus lui fit lentement volte face en adressant un signe discret de la main à son confrère de Blason puis s'employa à trouver place à ses côtés, vers le milieu de la pièce, cependant le plus près d’une des larges fenêtres de la grande pièce, vitre translucide délicieusement ouverte sur l’orage qui venait violement d’éclater au dehors… Enfin, l’ancienne Poursuiveuse de Quidditch sortit avec soin un long parchemin vierge ainsi qu’une interminable plume d’écriture noire et y inscrit soigneusement la date du jour, de sa fine écriture penchée.

Pénombre entretenait une véritable et fervente passion pour cette matière plutôt complexe tandis que l’insupportable humiliation au score que subissaient actuellement les Verts et Argents dans la course aux points pour remporter, cette année encore, la Coupe des Quatre Maisons était littéralement une insulte grave et impardonnable au blason de Salazar Serpentard qu’il fallait à tout prix effacer, comme un affront intolérable. La question d’introduction au chapitre ne tarda pas à se faire connaitre de l’assemblée :

« Nous pourrions également citer le Magyar à pointes, en provenance essentielle de Hongrie et dont les caractéristiques telles que les épaisses écailles rugueuses, la corne aux infinies nuances de bronze ainsi que la queue généreusement pourvue d'épines mais également l’œil jaune à la sombre pupille verticale n’ont de cesse de perdurer la légende.

Il parait que sa flamme peut atteindre plus de 15 mètres de longueur. Sa nourriture favorite reste incontestablement la chèvre, le mouton, bien qu’il ne rechigne guère à savourer la chair humaine, quant à ses œufs, ces derniers s'apparentent davantage à du ciment moldu qu’à de la craie grisée et possèdent également une coquille des plus dures qu’il soit. »

Conclut-t-elle en toute simplicité.

Fâcheuse impression d'être en retard...Ceres avait râlé pendant au moins quinze minutes tandis qu'elle mettait en ordre la tignasse qui lui servait de chevelure. Le cours du professeur Rogue allait commencer, et elle ne pouvait pas arriver en retard. Quel sacrilège cela serait si elle osait commettre un tel crime! Faire perdre des points à l'auguste maison des Serpentard ne pourrait être pardonnable, et Ceres refusait de gâcher ce début de journée. Alors elle courut à travers les couloirs sans même demander pardon aux élèves qu'elle venait de bousculer. Ma foi, si jamais ils se sentaient mal après, aller se plaindre à l'infirmerie serait pour eux une excellente raison de sécher les cours. Dans sa course folle, l'élève de quatrième année aurait bien voulu pouvoir constater que le temps était gris à souhait. L'orage avait toujours été son temps favori: Elle détestait le soleil, qui faisait sourire les gens, et elle trouvait que c'était un bien piètre temps pour un cours de Défense contre les Forces du Mal. Au contraire, elle voulait goûter à la noirceur, la violence, et apprendre tous les sujets qui pourraient lui être utiles dans l'avenir. Après tout, même si faire honneur à la famille Hymos lui passait à dix milles lieues au dessus de la tête, ce n'était pas une raison pour finir aussi inculte que la plupart des moldus...Arriver à l'heure au cours était donc son unique but pour cette journée, car en définitive, c'était probablement le cours qu'elle préférait, avec le professeur qu'elle "aimait le plus": Rogue était classieux, glacial à souhait mais surtout, surtout, il était le directeur de la maison dont elle faisait partie. Alors, lorsqu'elle arriva enfin devant la porte de la salle et qu'elle constata que plusieurs élèves étaient déjà là, son première réflexe fut de le saluer justement:

" Bonjour Professeur Rogue. "

Aucune fioriture, aucune politesse exagérée, en somme une phrase digne d'un élève de Serpentard. Après tous, les poncifs concernant leur maison étaient pour la plupart vrais: Ils n'avaient cure des autres maisons et se délectaient de faire des misères aux Gryffondor. Pour sa part, Ceres était bien trop occupée à ignorer les autres pour vouloir leur faire les pires crasses, mais soit. Elle s'assit en silence, trouvant une place à tâtons en tentant au maximum de ne surtout pas faire remarquer son infirmité. Pour l'heure, la lecture des livres n'était guère un problème, elle les avait tous trouvés au rayon "livres en braille" chez Fleury et Bott...Il ne lui manquait donc plus qu'à écouter, soit patiemment comme elle le faisait parfois, soit d'une oreille distraite, attendant certainement qu'on ne lui offre la possibilité d'ouvrir la bouche.

N'ayant pas remarqué le moindre Serpentard du fait qu'elle fut aveugle, Ceres remarqua néanmoins les différences dans la façon de répondre des uns et des autres: Certains semblaient craindre de ne pas parler et donc parlaient pour ne rien dire, et d'autres faisaient un véritable exposé, demeurant sûrs de gagner des points. La différence entre Gryffondor et Serpentard avait été vite délimitée en à peine cinq minutes de cours! Mais soit. Pour une fois, Ceres écouta attentivement tout ce qui se disait dans ce cours, prête à bondir pour intervenir...Elle attendit que le silence règne à nouveau dans la classe pour faire un signe de tête à celle qui venait de parler et dont la voix ne lui était pas inconnue: Elle devait être de sa maison probablement. Elle voulait juste rajouter quelque chose, et s'assurait par ce geste que la personne ayant parlé précédemment qu'elle ne s'en offusquerait pas. Pour le reste, elle n'en avait cure...Elle leva donc la tête vers le professeur, afin de ne s'adresser qu'à lui, et ajouta enfin:

" Précisons que le Magyar à Pointes est l'un des dragons les plus hargneux de notre temps. Il jouera avec sa proie avant de la tuer, et prouve un certain sadisme dans son procédé de chasse. Il n'a strictement rien à voir avec le Vert Gallois, plus petit de taille et donc le feu possède une trajectoire bien moins importante. Le feu du Magyar est un véritable volcan comparé à ses cousins de race."

Simple précision, dite avec un ton assuré et calme. Ceres avait parlé, désormais il était fort probable qu'elle se taise jusqu'à la fin du cours...A moins qu'elle ne trouve quelque chose à rajouter d'ici là.

Cours fermé pour cause de Doubles Comptes multiples abusifs. Des points de présence et de participation ont été attribués.