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 Interrogatoire de Fortarôme
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyDim 1 Fév - 10:14:15

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la douloureuse audience accordée par le Seigneur des Ténèbres, plusieurs jours durant lesquels James avait soigneusement évité le Repaire... Il n'avait d'ailleurs guère quitté son domicile : les blessures infligées par le Maître étaient encore trop récentes pour lui permettre de sortir à sa guise. Le jeune homme avait tenté de se soigner au mieux, mais lorsqu'il estima le moment venu de reprendre quelque activité, il lui restait encore de vilaines marques de coups sur le visage, et la trace d'une brûlure autour du cou et sur les mains. Il se harnacha donc consciencieusement avant de sortir de chez lui ; une écharpe, des gants, et une cape à capuche qui lui permettait de dissimuler son visage peu avenant. Les hématomes étaient presque recouverts par une barbe de plusieurs jours, mais l'ensemble donnait à James une allure de criminel en cavale en totale contradiction avec son statut d'étudiant sérieux.
La peur au ventre, le jeune Mangemort transplana vers le Repaire. Quel accueil allait-il recevoir là-bas ? Sa seule présence n'était-elle pas une insulte au Seigneur des Ténèbres, digne des pires châtiments ? Il n'avait pas réussi à convaincre Grim de ne plus le revoir, il avait été faible, et ne se le pardonnait pas. Ses penchants bestiaux avaient eu raison de ses résolutions, et il devrait en répondre devant son Maître...
Par chance, il ne croisa personne dans les couloirs glacés de la demeure, et accéda sans encombre au cachot où Florian Fortarôme tentait tant bien que mal de se refaire une santé.
James accrocha sa cape devant la porte du cachot, et tira sa baguette avant de pénétrer dans le réduit sombre. Il eut un frisson en découvrant la cellule ; jamais encore il n'était entré dans ces lieux, soigneusement gardés, et il n'imaginait pas à quels points ils pouvaient être sordides. La cellule de Fortarôme mesurait quelques mètres carrés, à peine éclairés par un soupirail sans carreaux qui laissait entrer un air glacial... Au sol, une paillasse moisie, une cruche d'eau, et une forme prostrée : celle du glacier. Il ne bougea pas à l'arrivée de James, et le Mangemort lui assena un coup de pied dans les côtes en guise de bonjour.


-Debout, Fortarôme...

Debout, c'était bien optimiste ; après le traitement infligé par Grim et James, Fortarôme ne tiendrait sans doute plus jamais debout. Le pauvre glacier était réellement mal en point, mais James n'avait guère le coeur à s'apitoyer ; il craignait trop pour son propre destin pour se soucier de celui d'un imbécile de commerçant... Fortarôme avait eu le choix. Il aurait pu parler de son plein gré au lieu de jouer les héros, et s'il avait été assez intelligent pour cela, il serait à cet instant même en train de vendre des glaces sur le Chemin de Traverse.
Sans compassion, mais soucieux d'interroger un homme en état de parler, James demanda :


-Tu as eu à manger ?

La pension "Voldemort and Friends" devait laisser à désirer, à en juger par le sale état du glacier ; aucune de ses blessures n'avait été soignée, il n'avait même pas pu se nettoyer le visage, et une odeur indéfinissable montait de la paillasse. Il n'aurait donc pas été étonnant qu'on l'eût mis au régime en attendant de l'interroger. Nerveux, James alluma une cigarette, et s'accroupit pour mieux observer l'homme qui gisait toujours sur sa paille moisie.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyJeu 12 Mar - 17:58:07

La douleur, la fatigue, la soif, la faim, le froid… Florian Fortarôme avait cessé de compter le temps, cessé de bouger, cessé de se poser des questions, cessé de gémir, cessé de pleurer, cessé de penser. Il n'était plus qu'un corps et bougeait le moins possible.

Au début, il avait tenté de comprendre, tenté de supplier. Il avait repris connaissance dans cette geôle sans geôlier. Personne n'avait entendu ses cris. Les premières sensations n'avaient été que douleur. Ses coudes lui étaient insupportables. Il ne pouvait ni les tendre, ni les plier. Chacun de ses mouvements provoquaient une douleur vive et ses mains ne lui répondaient plus. Il s'était souvenu de l'attaque. Des mangemorts. Sans même réfléchir, il avait dit qu'il n'aiderait pas le Lord Noir, mais que lui voulait-on exactement ? Il n'arrivait pas à se souvenir. C'était trop brouillé comme si son esprit avait occulté ce moment. Pourquoi lui ?

Mais quand la faim et la soif avaient fait leur apparition, les questions étaient parties. A quoi bon se torturer, il le saurait bien assez tôt ou mourrait avant. Cela n'avait aucune importance. Faut-il réellement une raison aux mangemorts pour torturer les gens ? La soif était insupportable. Oh, bien sûr, il y avait cette cruche d'eau, mais quand il avait essayé de s'en saisir, la douleur dans ses bras l'avait fait hurler. Il avait presque oublié. Finalement, il avait été réduit à laper l'eau… jusqu'à ce que sa langue n'atteigne plus la surface brillante. Aucune âme pour le nourrir, ni pour le soigner alors pour lui remplir sa carafe…

Il avait aussi tenté de dormir mais appuyer sa tête contre le mur lui était douloureux. Son crâne avait cessé de saigner mais les plaies étaient présentes. L'une d'elle, d'ailleurs, semblait infectée, elle le grattait constamment, il sentait un liquide en couler mais ce n'était certainement pas du sang, peut être du pus… mourrait-il de ça ou d'autre chose ? Il y avait tant de raison qu'il perde la vie, ici. Il était même certainement déjà mort aux yeux du monde, on ne le laisserait pas sortir vivant d'ici, il ne se faisait plus d'illusion. Le froid, aussi, l'avait empêché de dormir.

Puis la soif était revenue. Terrible, exigeante, il s'était tordu la cou, étiré la langue au maximum… impossible de capter la moindre goutte… alors il avait renversé la carafe sur le sol poussiéreux, crasseux, peut être couvert de sang séché, il faisait trop sombre pour savoir. Et il avait lapé le liquide à même la terre souffrant milles morts dans cette position précaire, perdant l'équilibre et s'écroulant le visage dans l'eau crasseuse.

Il avait dormi et à son réveil le sol avait absorbé le liquide vital. Il avait léché la terre, cherché les reliquats d'eau dans la cruche puis tenté de se relever. Il lui avait certainement fallut plusieurs heures pour réussir à s'installer dans son coin de cellule, recroquevillé. Il avait commencé à délirer. Des gens lui parlaient, se moquaient de lui, mais ils n'étaient pas là. Il avait vu sa mère, décédée quelques mois plus tôt, son père lui parlant de son ancêtre directeur de Poudlard…

La soif était revenue. Mais pas le froid. Au contraire, il avait chaud malgré les frissons qui secouaient son corps en provoquant d'insupportables douleurs dans ses bras. Les voix avaient repris leurs assauts mais il les ignorait, il ne bougeait plus, il n'écoutait plus… il mourait. Il mourait sans même savoir pourquoi.

La porte s'ouvrit et il cru encore à une vision jusqu'à ce que la silhouette le frappe. Quelqu'un était là ? Quelqu'un lui parlait mais il ne comprenait pas les mots dans sa fièvre, il ne savait pas ce que voulait l'homme. Devait-il avoir peur ? Devait-il espérer des soins ? Ou…


"De l'eau…"

Sa voix était creuse, vide, rauque aussi. De l'eau. Il voulait boire. Il voulait mourir. Qu'allait-on encore lui faire subir ? Qu'avait-il donc fait pour mériter un tel traitement ? Et voilà les questions qui revenaient. Il entendit un rire d'enfant au loin. Ce n'était pas un de ces rires joyeux qu'il aimait entendre à la terrasse de son café. Non, c'était un rire moqueur. Qui riait ? Personne, sûrement… Il rêvait encore, mais c'était un cauchemar. Etait-ce le rire de la mort qui venait le chercher ?

Il ferma les yeux, attendant la suite…



[HJ : je suis désolée, il est totalement hors du monde le pauvre petit… fiévreux, mourant… à toi de voir ce que tu en fais… mais ne le tue pas trop vite si tu veux qu'il parle un peu…]
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMer 18 Mar - 12:54:16

L'ami Fortarôme s'était joliment calmé, depuis la dernière fois que James l'avait vu. Fini, l'héroïsme idiot et tonitruant du glacier qui lui avait valu de se retrouver en si mauvaise posture ; désormais, l'homme était prostré au sol, la respiration difficile, dans un état qui faisait presque de la peine. Presque ; James voyait lui son ultime chance de survie, et au final, peu lui importait l'état dans lequel finirait Florian du moment qu'il parlait. De toute façon, ce type était voué à la mort, à plus ou moins court terme ; à la connaissance du jeune Mangemort, aucun prisonnier n'était sorti vivant de cette demeure- ou pas pour longtemps, le temps de mettre les sbires du Lord sur quelque piste... Entrer ici était déjà être mort au monde, c'était même pire que la mort puisqu'on y souffrait autant qu'un vivant, mais sans espoir de rémission. Certains- des ennemis coriaces, coupables de fautes particulièrement graves, ou, pire encore, des traîtres à la Cause- avaient agonisé entre ces murs des jours durant, avant qu'une main charitable se décide à abréger leurs souffrances ; peut-être certains s'y trouvaient-ils encore, James l'ignorait, et il s'en fichait éperdument. Tout, plutôt que de les rejoindre ; lui-même s'était rendu coupable aux yeux du Maître, et il lui importait de racheter ce forfait, de prouver sa fidélité. Nerveusement, il écrasa sa cigarette, et s'accroupit près du prisonnier qu'il redressa et cala contre le mur. De l'eau, réclamait l'homme d'une voix d'outre-tombe qui n'augurait rien de bon. Et s'il s'avisait de lui claquer entre les doigts sans avoir parlé ? James n'osait imaginer les représailles qui suivraient. Mal à l'aise, le jeune Mangemort attira la cruche à lui, l'emplit, grâce à un sort, d'une eau fraîche à souhait, et la porta doucement aux lèvres du glacier en murmurant :

-Tiens, bois.

L'homme se désaltéra à longues gorgées, James, telle une mère attentive, penchant la cruche à mesure que le prisonnier buvait. Il lui sembla que Fortarôme reprenait un peu de poil de la bête en buvant- ou voulait-il s'en convaincre, tant il craignait que ce satané glacier meure inopinément ?
La respiration saccadée des premières gorgées s'était calmée, et le commerçant buvait à présent plus posément, sans bruit. Le Mangemort en profita pour lui parler, d'une voix douce :


-Tu vois, on n'est pas des mauvais types, Florian. J'aurais aussi bien pu te laisser crever de soif... On ne te voulait pas de mal, c'est toi qui as été tellement têtu qu'on n'a pas eu le choix. Mais on va repartir sur de meilleures bases, pas vrai ?


Sans prendre garde au fait que Fortarôme buvait encore, James retira la cruche, et, d'autorité, fourra un sucre dans la bouche du prisonnier ; puis il remit la cruche sous les lèvres du glacier en lui déclarant :

-C'est du sucre, ça va te faire du bien. Laisse-le fondre dans l'eau, n'essaie pas de le mâcher...

Vu le trou que présentait le crâne du glacier, le moindre mouvement de mâchoires serait douloureux, et James tenait à garder sa source d'informations en relative bonne forme. En le prenant par la douceur, il parlerait, sans nul doute... et s'il s'obstinait dans son silence idiot, il serait bien temps ensuite de lui refaire mal, ou d'utiliser d'autres moyens.
Le contenu de la cruche y était passé (James se demanda depuis combien de temps ce type n'avait rien bu), il était temps de passer aux choses sérieuses, mais sans précipitation, sans brutalité. Le Mangemort laissa respirer le prisonnier, et demanda :

-Tu veux encore de l'eau ? Autre chose ? Tu te sens comment ? J'espère que tu as un peu plus envie de me parler, maintenant...

L'odeur de sang séché, mêlé à celle du tabac froid et à la puanteur d'origine des cachots, donnait la nausée à James, qui avait toujours été un garçon délicat. Il se rapprocha toutefois de Fortarôme, dont la seule vue le révulsait, et s'assit près de lui, dos au mur, épaule contre épaule, dans une position qui aurait pu être celle de deux amis. Profiter de la faiblesse d'un mourant n'était pas très reluisant, mais mieux valait le faire parler par la ruse ; le glacier ne survivrait pas à une autre séance de torture.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMar 5 Mai - 8:20:21

L'enfant qui riait n'était plus seul. Combien étaient-ils maintenant à se moquer de lui ? Et quel était ce froid qui l'envahissait alors qu'il avait si chaud l'instant d'avant ? Le glacier ne se rendit pas compte qu'on le manipulait. La douleur était comme absorbée par ce monde onirique qu'il voyait et entendait.

Et soudain, un liquide froid glissa entre ses lèvres et dans sa gorge. De l'eau. De l'eau ! Il ouvrit les yeux brusquement… ou plutôt, ses yeux étant déjà ouverts, le voile d'illusion qui l'aveuglait se déchira. Il revint sur terre, dans le monde réel. Sans penser à rien, ignorant la douleur, la voix suave, la fièvre, l'inconnu, le froid, les frissons… il bu ! Il bu et bu encore de grosses gorgées. Puis, voyant qu'on ne lui retirait pas l'eau, il se calma. Il avait trop soif, il fallait qu'il savoure, il ne devait pas boire trop vite s'il ne voulait pas tomber malade…

Malade. La bonne blague. Il se rendait compte maintenant que ces changements entre suées et frissons de froid étaient dus à la fièvre. Il était d'ailleurs évident que celle-ci était due à ses blessures et à son état de faiblesse. Il était donc malade. Affaibli. Mais l'eau froide réveillait son esprit, chassant les visions. Il n'y avait plus d'enfant rieur, il n'y avait plus de voix moqueuses. Il n'y avait que ce cachot et cet homme qui était à n'en pas douter un mangemort. Il y avait la douleur aussi. Ses bras, ses jambes, sa tête…

Et puis les paroles de l'homme. C'était risible. Mais Fortarôme sentit surtout la colère monter en lui. Il devait se calmer, se reprendre. Il ne devait rien dire sinon on lui retirerait l'eau mais… franchement ! Ce gars le prenait-il vraiment pour un abruti ? Il était en train de lui dire que les mangemorts étaient des anges. Mais notre homme savait, il avait bien compris pourquoi on ne l'avait pas laissé mourir. Tant que cet inconnu penserait qu'il détenait une information importante, il resterait en vie. Dès qu'il aurait été satisfait ou détrompé, Florian Fortarôme serait tué ou on l'oublierai jusqu'à ce qu'il meurt de faim. Il aurait bien dit ce qu'il pensait mais se retint pour deux raisons : la première, il buvait ; la deuxième, il ne voulait pas arrêter de boire.

Mais la carafe lui fut enlevée. Son tortionnaire avait-il capté quelque chose de ses pensées ? Non, on lui fourra un truc dans la bouche. Truc qu'il reconnut aussitôt comme étant du sucre. Puis on lui rendit l'eau. Il faillit exploser aux paroles de l'homme.


*Je sais ce qu'est un morceau de sucre, abruti ! C'est mon métier, le sucre ! Et puis, je sais aussi mieux que toi ce que je peux faire ou non dans mon état et il est évident que mâcher est bien difficile…*

Se contenant, Fortarôme ferma les yeux et se contenta de boire jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Il venait donc d'ingurgiter un petit litre d'eau… et c'était pas un mal. Il voulu soupirer d'aise mais cela le fit plutôt gémir de douleur… Si le corps du glacier était encore très engourdi, son esprit, lui, était bien éveillé et même s'il entendait encore un reliquat de rire (la fièvre ne passe pas avec un litre de flotte !), il était bien plus éveillé. Il prit le temps d'analyse les dernières paroles du mangemort et décida de lui retourner le tutoiement…

"Que pourrais-je bien vouloir d'autre, à ton avis ? Que tu cesses de t'appuyer sur le bras que tu as blessé. Des soins peut être. A manger aussi. Un peu d'hygiène ne me ferait pas de mal non plus… Mais ma liberté, ça serait un bon début déjà."

Il tourna difficilement la tête vers l'homme et tenta de capter un maximum de lumière pour graver ses traits dans sa mémoire. S'il y avait bien une chose dont l'homme était fier (outre ses crèmes glacées), c'était bien sa mémoire phénoménale. Il eut un rictus qui aurait bien voulu ressembler à un sourire puis il ajouta :

"A quoi tu joues à te faire passer pour mon ami ? Chaque parcelle de mon corps me rappelle que tu es un ennemi, au cas où je pourrais l'oublier… Mais ça ne risque pas. J'ai bien compris que tu vas me tuer… et si ce n'est déjà fait, c'est parce que tu penses que je détiens une information qui t'intéresse. Je me demande bien ce qu'on simple glacier pourrait savoir de si important… Alors, dis moi donc ce que tu veux, mangemort."
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMer 6 Mai - 19:22:20

Ce n'était pas une illusion ; à mesure qu'il buvait, Florian Fortarôme reprenait du poil de la bête. Oh, il n'en était pas encore à courir un cent mètres ; mais James le sentait qui essayait de se tenir plus droit, plus ferme, dans un effort un peu vain. Sa voix révélait, elle aussi, à quel point l'eau lui avait fait du bien ; au gémissement qui avait accueilli le jeune Mangemort succédait un ton déterminé, presque agressif à force de froideur, qui montrait que l'adversaire était loin de capituler. Tant pis pour lui, songea James avec un sourire ; plus longtemps cela durerait, plus le glacier aurait à endurer de tourments, voilà tout.
Le jeune Mangemort écouta sans broncher la liste de revendications du prisonnier, et il ne bougea pas d'un pouce lorsque le blessé lui demanda de cesser d'appuyer sur son bras. Il ne répondit rien à ces demandes, de sorte que le glacier embraya, et passa- enfin- aux choses sérieuses.
Il enrageait devant le petit jeu du Mangemort, cela s'entendait, mais il était lucide et intelligent. Oui, il ne devait sa survie qu'à une information...
James laissa passer quelques instants de silence, puis, les yeux levés vers le plafond humide du cachot, se mit à répondre complètement à côté :


-Tu vois, Florian, quand j'étais enfant, j'avais une grand-mère dont le grand plaisir consistait à m'emmener sur le Chemin de Traverse. Flâner au soleil, faire quelques courses, et surtout aller s'attabler chez toi. Je peux dire que j'en ai mangé quelques-unes, de tes fameuses glaces ! Chocolat-fraise- caramel à la fleur de sel, c'est ce que je préférais. Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais j'en ai repris une assez récemment... le caramel fleur de sel était divin, tout simplement... Bref. Figure-toi que j'ai gardé un souvenir marquant de ton établissement ; c'est la quantité de choses que tu pouvais savoir sur l'histoire de la magie et tous ces trucs. Je t'ai entendu en parler plusieurs fois, et ça m'est resté... Du coup, quand j'ai commencé à m'intéresser au Parchemin, et que les recherches en bibliothèque ont montré leurs limites, j'ai pensé à toi. Tu peux forcément m'en parler. Je suis donc venu, très pacifiquement, dans ton sympathique café, et là... souviens-toi... Tu m'as foutu dehors en disant des choses très irrespectueuses à l'égard de mon patron qui, d'ailleurs, n'y était pour rien. Je ne suis ton ennemi que parce que tu en as décidé ainsi. Mais maintenant, ennemi ou pas, j'ai besoin d'informatioins, alors tu as le choix. Ou tu parles de ton plein gré, et tu t'épargnes beaucoup de souffrances inutiles. Ou je vais chercher du Veritaserum, je te fais dire ce que j'ai besoin de savoir, et peut-être même un peu plus, et ensuite... J'aime mieux ne pas te raconter ce qui se passera ensuite, d'ailleurs. Disons que ce que tu éprouves actuellement (il donna une bourrade au glacier) te semblera une délicieuse promenade de santé en comparaison.

Incommodé par l'odeur de sang séché que dégageait le prisonnier, James se leva, s'éloigna de deux pas, et alluma une cigarette. Nonchalamment, il en tira une bouffée en contemplant les ongles de sa main droite. Que le glacier prenne donc son temps- il n'était d'ailleurs pas en état de faire autrement. Le Mangemort l'avait cru mûr à point, prêt à tout déballer, il avait eu tort. Mais le glacier semblait oublier une chose : il n'y avait qu'une seule baguette magique dans cette pièce, et ce n'était pas lui qui la tenait. Et cela risquait de rendre vraiment très pénibles toutes manifestations d'héroïsme de l'estimable commerçant.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMar 9 Juin - 18:36:42

Très calmement, les yeux mis clos, Florian Fortarôme écouta les paroles du mangemort. Il tentait d'en analyser chaque virgule, de chercher quelque chose qui pourrait l'aider… Mais son cerveau était encore très engourdi par le jeun et la douleur, il était donc bien plus lent que prévu, bien moins perspicace…

Ce jeune homme était un client fidèle. L'un des rares clients accroc à la fleur de sel. Il venait enfant avec sa grand mère… Le glacier tenta de dévisager son tortionnaire, mais sa position n'était pas favorable. Oui, il était très fier de sa mémoire et il était certain de pouvoir reconnaître cet enfant surtout si c'était un habitué. Il était revenu il y a peu… Il l'avait vu aider les enfants en histoire de la magie… Ah ! L'histoire de la magie ! Après les glaces, c'était bien la plus grande passion de notre homme. Et sa mémoire phénoménale lui était d'une aide incroyable dans ce domaine. Il avait même connu de grand noms de ce domaine par exemple… Oh ! Mais cet ami ne lui avait-il pas, d'ailleurs, parlé du Parchemin d'Alexandre ? Fortarôme grimaça. Etait-il donc possible qu'il possède réellement une information utile au mangemort ? Son ami était aujourd'hui décédé mais il était certain qu'il avait eu l'artefact en sa possession…

Le ton du mangemort devint plus menaçant, ramenant son interlocuteur à la cruelle réalité. Il revit ce combat perdu d'avance contre les deux mangemorts, ses blessures le lancèrent un instant puis l'homme lui proposa un choix… Un choix plus que ridicule. Il fallait gagner du temps, c'était certain, c'était le seul moyen de pouvoir trouver une issue, un moyen de survie…

L'homme se leva.

Profitant de la faible lumière qui se posa sur son visage alors qu'il allumait sa cigarette, Florian Fortarôme mis en branle toute sa mémoire pour reconnaître ce visage. Oui, il était venu il y a peu. Il avait fait les mêmes gestes en allumant une cigarette, il s'en souvenait. Il revoyait parfaitement son visage. Il revoyait aussi ce jour là. Quand il avait vu ce client lui commander une glace à la fleur de sel, il avait sourit, persuadé qu'il s'agissait d'un ancien habitué. Un nouvel adulte revenant sur les pas de son enfance, ça arrivait tellement souvent. Mais ce jour là, il avait été incapable de remettre un visage d'enfant sur ce visage d'adulte. Aujourd'hui, il avait un indice de plus : la grand mère. Elle, il la revoyait étrangement très bien. Elle ne venait pas toujours avec le même enfant. Il y en avait deux ou trois différents. Mais elle leur posait toujours la même question adjointe de leur prénom : "A quoi veux-tu ta glace, aujourd'hui, mon petit xxx" Quel nom donnait-elle à celui qui aimait la fleur de sel ? Les yeux du glacier se fermèrent sous l'effet de l'effort et la scène du passé se dessina avec plus de précision. "Encore du caramel salé, James ? Tu ne préfères pas de la fraise, ou du citron ?"

Le regard calme de l'homme blessé revint sur son tortionnaire alors qu'un sourire serein se dessinait sur son visage. Il avait une carte en main… Pas bien forte, la carte, mais présente tout de même. Le mangemort avait lancé la discussion sur le ton de la confidence, il allait y répondre d'une manière similaire. Sans fixer le jeune homme, le regard plutôt dans le vague, mais très attentif à ses actions (il risquait quand même de se prendre un sort dans la tête à tout moment), il soupira :


"Et dans les deux cas, je meurs… Nous n'avons vraiment pas les mêmes idéaux… Mon monde idéal ce sont les enfants riant et jouant à ma terrasse en savourant une bonne glace. Pour toi, c'est un monde de perfection et d'ennui. Le mien se construit avec du sucre et du lait, le tien trouve ses bases dans le sang et la souffrance… Comment un petit garçon tel que toi a-t-il pu devenir un être si dépourvu d'humanité ?"

Il marqua une pause. Il était évident que ses paroles laisseraient le mangemort de marbre. Il lui fallait maintenant revenir au sujet principal et abattre sa carte…

"Bien que passionné d'histoire de la magie, je ne suis qu'un glacier, James. Comment veux-tu que j'en sache plus qu'une bibliothèque ?"

Au moment où il prononça le nom, il eut un doute. N'était-ce pas plutôt Edward ? De toutes façons, c'était fait. Il n'y avait plus qu'à foncer tête baisser vers la mort.

"Que veux-tu que je sache de plus que toi sur le Parchemin d'Alexandre ? Il a été fabriqué par Ptolémée Ier qui s'en servit pour voler la magie des autres. Il a été perdu à la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie avant de réapparaître dans les mains de Merlin. Pourtant, aucun écrit ne le dit, n'est-ce pas ? Ce n'est que du bouche à oreille, du "on dit", aucune preuve tangible sur ce parchemin avant Paracelse dans les années 1500. Ca fait un grand bond, non ? Tu veux mon avis personnel ? Je pense que celui qui a possédé le parchemin avant Paracelse a fait en sorte de détruire tous les écrits sur l'artefact pour que personne ne pense à le lui voler. Mais je doute que tu sois intéressé par des spéculations, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu veux que je te donne de plus que des spéculations ? Si aucun livre ne t'a donné la réponse, comment veux-tu que je la possède ? Comment l'aurais-je eue ? Serais-tu encore ce petit garçon de Serdaigle qui croit que les grandes personnes sont des mines de savoir ?"

Il sourit. Oui, le souvenir était de plus en plus nette dans sa tête…

"Tu ne m'as jamais posé de question étant gosse. Je me suis souvent demandé pourquoi tu étais si timoré alors que tu écoutais avec une avidité visible tout ce que je pouvais dire aux enfants curieux qui buvaient mes quelques connaissances tout en dévorant mes glaces. Mais tu as tord, tu sais, je n'ai pas la science infuse. Ce que je sais, je l'ai lu. Je suis donc aussi limité qu'un livre… ou qu'un article de presse. Comme tout le monde, je sais que Paracelse a eu le Parchemin d'Alexandre, que grâce à lui, il a travaillé avec Flamel sur une potion de Médicomagie, que Flamel a été le dépositaire du testament de Paracelse et a transmis le Parchemin à Mangouste Bonham, que le Parchemin est resté à l'hôpital Ste Mangouste pendant trois siècle avant d'être volé en 1925. Et après, me dirais-tu si tu avais encore le regard naïf et curieux d'un enfant… Et après… Mais tu n'as plus la pureté de l'enfance. Tu es devenu un bien mauvais homme et je risquerais de le payer cher en me contentant de te répondre "à ton avis" pour laisser parler ton imagination… Tu n'as plus l'imagination fertile des enfants, tu vis dans un carcan bien trop étroit alors je dois me contenter de te dire : et après… je ne sais pas…"

Il se tut, repensant à son ami. Le fameux voleur de Ste Mangouste. Personne n'avait jamais fait le lien entre la disparition du Parchemin d'Alexandre de Ste Mangouste, l'hospitalisation de cet homme et son étrange productivité après cette date. C'était peut être ça, le génie de Fortarôme, lui, il l'avait fait. Et un jour qu'il prenait un café avec son ami il lui avait demandé "Qu'as-tu donc dérobé durant ton séjour à l'Hôpital, Adalbert ?"

Mais ça… Il ne devait pas le dire. Il ne fallait pas que son tortionnaire s'en doute : les livres d'histoire n'en parlaient pas. La piste du Parchemin d'Alexandre s'arrêtait en 1925 et c'était mieux ainsi. Ca évitait que l'artefact passe en de mauvaises mains. Il soupira.


"Je prendrais bien une glace au caramel à la fleur de sel maintenant que tu en as parlé… Mais le glacier du chemin de traverse doit être fermé à cette heure là, non ? … Aucun enfant ne pourra plus goûter à ces merveilles rafraîchissantes. Tu n'aurais pas un peu de café à me donner à la place, James ?"

[En espérant que ce que j'ai écrit sur ton passé convienne.]
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMer 10 Juin - 15:04:51

Cigarette au bec, James observait le glacier avec intérêt : derrière son visage fatigué, on aurait presque pu voir les pensées se mettre en place. Fortarôme avait plissé les yeux dans un effort de concentration et le jeune Mangemort, comprenant quelle était sa réflexion, ne dit pas un mot ; il avait lancé quelques pistes, pour voir si ce que l'on disait de la prodigieuse mémoire du prisonnier était exact. Florian avait la réputation d'être doué d'une mémoire d'éléphant, capable de dire à un client quel parfum de glace il avait pris six mois auparavant... Il ne devrait donc pas avoir de mal à reconnaître James, qui était venu des dizaines de fois avec sa grand-mère. Il eut un sourire en se remémorant la vieille dame, toute minuscule, avec ses vêtements noirs et sa broche en forme de scarabée... Le bijou, avec ses yeux brillants, intriguait fort le petit James, qui s'était parfois demandé s'il n'était pas vivant. Jamais sa grand-mère ne serait sortie sans cette broche, son seul bijou avec son alliance, mais un bijou de prix, un travail de gobelin...

Tandis que James se laissait aller à ses souvenirs, les rouages s'étaient mis en place dans la tête du glacier ; il se lança dans un discours moralisateur ennuyeux, comme tous les discours moralisateurs, que James n'écouta que d'une oreille distraite ; là n'était pas l'intéressant, tout le monde pouvait tenir ce genre de propos bien-pensants. Mais si Fortarôme avait enfin ouvert la bouche, après une longue réflexion, c'est qu'il avait quelque chose à dire. Et il marqua une légère pause avant d'abattre son atout : le prénom du jeune Mangemort. Belle performance, les trois frères Kirkby avaient fréquenté son établissement, et, enfants, ils se ressemblaient assez pour qu'on les confonde ; mais James avait été le plus assidu, car sa grand-mère avait pris prétexte de l'admission à Poudlard des deux aînés pour l'emmener plus souvent à Londres. « Il faut bien qu'il prenne l'air, ce petit ! » répliquait-elle à son époux qui se courrouçait de voir l'enfant manquer une journée de cours. Elle seule osait tenir tête à Lord Kirkby, et elle seule pouvait obtenir une journée sans précepteur pour le garçonnet... Car le benjamin des Kirkby avait un précepteur, et les visites à Londres étaient le seul moment où il voyait d'autres enfants. Cela expliquait sans doute sa timidité, mais aussi un certain dédain à leur endroit.

James écouta avidement ce que disait le prisonnier ; il était tellement concentré qu'il n'avait pas besoin de prendre de notes, les informations allaient se graver directement dans sa mémoire. Et, dans ce que venait de raconter Florian, il y avait déjà des éléments intéressants...
Il laissa l'homme terminer, sans l'interrompre, et répondit en souriant :

-Alors tu te souviens de moi... James, c'est bien ça. C'est le caramel au beurre salé qui t'a mis sur la voie, je suis sûr.

Il écrasa sa cigarette et agita doucement sa baguette pour faire apparaître deux verres et une cafetière. Tout en servant le breuvage, il poursuivit :

-Je suis très flatté que tu te souviennes de moi, mais ça confirme surtout un élément ; tu as une mémoire phénoménale. Tu te rappelles même des détails insignifiants, au sujet d'un petit garçon d'il y a quinze ans... Tu veux du sucre ?

Il versa un verre de café au prisonnier, tout en continuant de parler sans animosité. Que Fortarôme le méprise était bien le cadet de ses soucis. L'essentiel était que sa survie tenait aux paroles de cet homme, et qu'il fallait tirer de lui le maximum de renseignements.

-1925, dis-tu. Il y a donc soixante-dix ans que le Parchemin a disparu. C'est-à-dire rien du tout, rapporté à l'ensemble de son histoire. Il a disparu durant des périodes bien plus longues, et il a toujours refait surface. Mais je dois te dire que ça m'intrigue ; on parle bien d'un saccage de Sainte-Mangouste en 1925, mais aller saccager un hôpital entier pour un simple parchemin... si puissant fût-il... Il devait y avoir autre chose, ou alors le Parchemin n'était pas la cause première de ce saccage. Pour se saisir du Parchemin, je pense qu'une telle action violente n'était pas indispensable. Ou alors la disparition du Parchemin a été une conséquence du saccage, quelqu'un en a profité...

Il porta à ses lèvres son verre de café, réfléchissant toujours. Cette histoire de saccage les avait fort occupés, Deryn et lui, et ils avaient accumulé les hypothèses ; mais, de quelque façon qu'on prît le problème, la piste s'arrêtait en 1925, et cela n'arrangeait pas James dont l'exécution, en cas d'échec, était programmée en 1997...
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyJeu 25 Juin - 18:01:57

Sa mémoire… Il en était fier. Il en avait toujours été fier mais jamais il n'aurait pensé qu'elle pouvait lui être préjudiciable. De toutes façons, ça changeait quoi ? Oui, il était une encyclopédie vivante quand il le voulait, mais ça ne le sauverait pas. Au mieux, ça pouvait prolonger sa survie de quelques heures. Ne rien savoir, avoir oublié aurait, au mieux, fait de ces dernières heures un cauchemar.

L'odeur de café lui fit lever la tête un instant. Il aimait cette odeur comme il aimait quasiment toutes les odeurs de nourriture…


"Oui, du sucre, s'il te plait… Tu as déjà goûté à ma glace au café ? J'y mettais des vrais grains de café que je moulais moi-même. Il n'y a rien de pire que ce qui est fait artificiellement. Je suis sûr que tu partages mon point de vue à ce sujet : il y a des choses qu'il vaut mieux faire soi-même"

*Torturer et tuer un glacier, par exemple…*

Il soupira.

"Par contre tant que tu n'auras pas guéri mes blessures, tu devras continuer à me faire boire toi même, James… Tu sais, je ne pense pas qu'un enfant qui venait aussi régulièrement que toi soit un détail insignifiant. N'est-ce pas essentiel, pour un commerçant, de connaître ses client fidèles ? Et puis, tu étais intéressant à écouter tout ce que je disais aux étudiants sans jamais me poser de questions alors que ton regard indiquait clairement que tu comprenais ce que je disais. Tu as du faire de grandes études, tu étais si intelligent à l'époque. Je suppose que tu as un travail, tu ne te contentes pas d'être pyromane, n'est-ce pas ?"

Mais le mangemort semblait tenir à ses pistes. Il voulait trouver le Parchemin d'Alexandre et explorait tout ce que pouvait bien laisser échapper son prisonnier. Fortarôme prit le temps de peser une seconde ses mots mais réussit à réagir tout de même assez vite, s'efforçant à sourire :

"Tu te fies donc à ce que raconte la Gazette, mon enfant ? Comment peux-tu croire aussi naïvement ce que dit ce morceau de chiffon alors que tu as eu la preuve qu'ils mentaient dernièrement ? Ils disent ce que veux entendre le peuple et ce que le Ministère veut qu'ils disent… Par exemple, ils nient le retour de ton maître depuis plusieurs années alors que Dumbledore l'a annoncé clairement et qu'il était évident que c'était vrai. Le ministère voulait trouver le coupable alors, comme d'habitude, ils ont déformé les informations, ils ont menti. Ca n'a jamais été un saccage, mon garçon, tes informations sont erronées.

Essaie de resituer l'information. La guerre moldue était finie, même le monde magique avait été touché, l'Angleterre achevait de se reconstruire… Il n'y avait pas grand chose à raconter, pas de meurtres, pas de tragédies, pas d'évènements important… Il n'y avait plus rien à se mettre sous la dent. Alors un vol à Ste Mangouste, c'était un don du ciel pour les journalistes. Ils en ont fait des tonnes, mais quelques mois plus tard, les éditions qui expliquaient comment avançait l'enquête étaient bien plus réalistes. En gros, seule la salle des archives a été touchée. Elle a été retournée dans tous les sens et ce que les médicomages appelaient "un important et très vieux traité de médicomagie" a été volé. Quelques rumeurs ont parlé du Parchemin d'Alexandre mais ça n'est jamais allé plus loin. On a dit que le voleur avait été un patient de l'hôpital mais on n'a jamais su qui. L'enquête a été close faute de preuves et la vie a repris son cours.

Donne moi ce café, s'il te plait."


L'histoire était finie. Elle devait s'arrêter là. Il ne fallait pas parler plus, pas sortir du formel, de l'officiel. Il fallait laisser les Mages Noirs dans cette impasse. Alors qu'il avalait sa première gorgée de café, Florian se demanda s'il n'était pas en train d'ingurgiter du Véritaserum. Le mangemort en était bien capable, cet enfant aux yeux brillant était devenu un monstre vil. Il ne voulait pas en raconter plus, il avait donc fini son récit, il fallait qu'il en fasse part au jeune homme, mais cela signerait sa mort… Il ferma les yeux pour profiter de ses dernières gorgées de café. Puis reprit de sa voix douce en le regardant avec tendresse :

"Pourquoi m'as-tu enlevé, James ? Je ne sais rien de plus, l'histoire est finie. Certes, j'ai beaucoup de connaissance, mais je ne sais rien que tu n'aurais pu apprendre autrement. Ta soif de connaissance a donc disparu ? Chercher ne t'intéresse plus ? Il est plus simple de sacrifier des vies… Est-ce donc si simple de tuer ?" Il marqua une légère pause. "Je vais mourir, n'est-ce pas ?"

Alors qu'il imaginait déjà sa vie le quitter, l'homme ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour ce garçon qu'il avait aimé observer des après midi durant plusieurs années auparavant. Le monde était vraiment devenu mauvais. Ce garçon était perdu, il le sentait…
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyDim 28 Juin - 15:56:00

Cet interrogatoire était en train de devenir le plus étrange auquel James ait jamais assisté. L'expérience du jeune homme en la matière n'était pas immense, mais il devinait sans peine que peu de tortionnaires avaient eu l'occasion de deviser gentiment avec leur victime, autour d'un bon café. Le Mangemort avait consciencieusement sucré et tourné le café du prisonnier, comme il aurait pu le faire pour un ami en train de raconter une histoire intéressante...

Car on n'était plus réellement dans un interrogatoire, mais dans une conversation, et qui devenait passionnante. Le glacier se décidait à parler, à parler pour autre chose que faire la morale... Apparemment, le petit James l'avait marqué ; le petit garçon silencieux et un peu tristounet qui fréquentait sa boutique avait laissé un souvenir déconcertant dans la mémoire de Fortarôme. Le Mangemort se revoyait parfaitement, vêtu de sombre, fermement tenu par la main par sa grand-mère, et n'ouvrant la bouche que pour dire « bonjour », « merci » et « au revoir »... Enfin, pour commander sa glace aussi, mais la commande passait toujours par l'intermédiaire de sa grand-mère ; il était exceptionnel que l'enfant adresse la parole directement au commerçant. En revanche, il ne perdait pas une miette de tout ce que le glacier pouvait raconter, que ce soit à ses amis, à des étudiants, ou à des élèves de Poudlard faisant leurs devoirs de vacances. Le garçonnet était très intéressé par l'histoire de la magie, et il buvait littéralement les paroles de l'homme ; sa grand-mère, comprenant et approuvant cet intérêt, ne tentait pas de faire la conversation lorsqu'ils étaient chez le glacier, et laissait son petit-fils écouter tout son soûl, en le couvant du regard.

Cette époque toute récente- dix ans, quinze ans- semblait terriblement lointaine à James. Il s'était passé tant de choses depuis... Sa grand-mère était morte, et ses visites chez le glacier s'étaient espacées. Jusqu'à ce qu'il réalise que l'érudit Florian pouvait avoir des informations au sujet du Parchemin... Alors, il était retourné chez Fortarôme, et avait retrouvé, tout naturellement, la place que sa grand-mère aimait prendre, et la coupe aux trois parfums, chocolat-fraise-caramel au beurre salé.

Il secoua négativement la tête à la mention de la glace au café, en regrettant un peu de n'avoir pas continué à fréquenter la boutique du glacier ; de nouveaux parfums chaque année, y compris les plus inédits, mais il était loin de les avoir goûtés tous... et désormais, il était trop tard. Plus personna ne savourerait ces merveilles glacées... plus personne, à Londres, du moins. Car James répugnait désormais à supprimer le glacier ; ne pourrait-on s'arranger autrement, sans tuer le prisonnier ? L'idée germait dans l'esprit du jeune homme, plus troublé qu'il ne voulait l'admettre par la précision des souvenirs de l'homme à son sujet.

Il écouta avidement le récit du glacier, avec quelque chose, dans son attitude, qui rappelait le petit garçon qui avait fréquenté la boutique du Chemin de Traverse : la mine sérieuse, ses yeux bleus attentifs fixés sur les lèvres de Florian, comme s'il voulait graver chaque détail dans sa mémoire- ce qu'il faisait, d'ailleurs ; sur un sujet aussi crucial, il était indispensable de ne rien oublier. Avec une prévenance surprenante pour un geôlier, il fit boire son prisonnier, et répondit d'un ton amer :


-Pourquoi je t'ai enlevé ? Mais c'est tellement simple... Tu sais des choses que j'ignore, j'en suis certain. Et j'ai besoin de ton savoir. Parce que si je ne retrouve pas ce parchemin, si je n'apporte pas une piste sérieuse à mon maître, je suis foutu. Il n'est pas du genre à se poser des questions, lui.

Accablé, James s'assit- ou plutôt se laissa tomber- sur le sol glacé de la cellule, un picotement désagréable courant le long de sa gorge... Mourir, ce n'était rien, à côté de ce que le Lord lui réserverait en cas d'échec. La voix lourde de menaces du Maître résonnait encore à ses oreilles, exprimant toutes les éventualités les plus atroces... D'une voix sourde, le Mangemort poursuivit :

-Alors si je dois tuer pour sauver ma peau, je suppose que ce sera facile, oui. Mais ne crois pas que je veuille tuer à tout prix, Florian. Je veux me sauver, c'est tout.

Pour la première fois, James se posait la question : était-ce facile de tuer ? Jusque-là, il avait fait cela machinalement, aussi facilement que confier une lettre à un hibou ; mais si ce type avait raison ? Si tuer était un acte bien plus grave que le jeune homme ne l'avait cru jusque-là ? Reposant ses yeux éperdus sur le prisonnier, le Mangemort exprima enfin ce qu'il pensait depuis un moment :

-Aide-moi, Florian. Aide-moi et je prends sur moi de t'épargner. Tu iras fabriquer des glaces en Australie, sous un faux nom, et personne ne fera jamais le rapprochement. Et tu engageras des apprentis pour leur transmettre ton savoir-faire, ce serait dommage que ça se perde aussi bêtement. Tu sais que même si c'est plus difficile de te tuer toi qu'un autre, ma vie est en jeu et qu'entre ta peau et la mienne, je n'hésiterai pas un instant.

Immobile, le regard fixe, il guetta la réponse. Il ressemblait de plus en plus au petit garçon un peu triste qui se régalait de glaces, silencieux et sérieux, pendu aux lèvres du glacier.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptySam 18 Juil - 15:39:51

Perdu. C'était le mot juste. Et dans tous les sens du terme. Il était perdu, ne sachant quel chemin prendre, ne sachant où aller. Et il était perdu, condamné, car jamais il ne serait libéré du joug de son Maître. Cet enfant si prometteur. Une larme coula discrètement sur la joue du glacier. Pleurait-il sur sa propre mort à venir ou sur celle du garçon ? Cela importait peu. Il avait baissé son visage et il était même possible que le jeune mangemort, continuant à parler, ne s'en rende pas compte.

Les dernières paroles du jeune homme étaient à la fois implorantes et menaçantes. Il laissait percevoir une possibilité de survie, une porte de sortie… mais était-ce réel ? S'il avait l'ordre de tuer son prisonnier il le ferait. Ne venait-il pas de le dire : entre la vie du glacier et la sienne, son choix était déjà fait.

Quand il reprit la parole, la voix du glacier était très douce, très calme, basse, presque triste.


"Le hasard. Le hasard t'a mis sur ma route. Le hasard a voulu que tu me marques plus que tes frères ou d'autres enfants. Le hasard a voulu que tu aimes mes glaces. Le hasard a voulu que mes glaces soient si bonnes. Le hasard a voulu que j'ai une mémoire extraordinaire. Le hasard a voulu que je sois capable de déductions. Le hasard a voulu que je connaisse le voleur.

Oui, je sais autre chose. Mais j'aurais pu ne jamais le savoir, James. Il ne me l'a jamais dit. C'est moi qui l'ai trouvé, c'est moi qui le lui ai demandé. Par hasard.

Mais celui que tu sers n'aime pas le hasard. Il n'y croit pas. Il aime contrôler, diriger. C'est pour cette raison qu'il a retiré de toi tout ce qui était bon. Cette curiosité que tu avais, elle était trop dangereuse pour lui, il l'a remplacée par la peur. Une peur qui te tient à la gorge, qui te transforme en monstre. Tu étais déjà fils de noble à l'époque, cela se voyait, mais rien n'indiquait que tu deviendrais… ça.

J'ignore quel est le pouvoir exact du Parchemin d'Alexandre, mon garçon, mais je crois que son action est particulièrement hasardeuse. Si tu amènes à cet homme cet artefact, soit il sera déçu et tu en payeras les conséquences, soit il saura s'en servir et le monde magique en souffrira beaucoup. J'étais prêt à emporter ce secret dans ma tombe pour que jamais ce sorcier ne touche au Parchemin d'Alexandre, mais je ne peux me résoudre à sacrifier ta vie.

Pourtant, parler est signer mon arrêt de mort, quoi que tu dises… A moins que tu ne sois un excellent occlumens, ton maître saura que je vis et ne l'acceptera pas. Tu ne prendras pas ce risque pour moi, James, n'est-ce pas ? La peur qui t'attache à la vie, à cette vie qui ne t'appartient plus ne te permettra pas de respecter ton engagement.

Même petit garçon tu n'avais pas l'air aussi affaibli qu'aujourd'hui, James. Comme un grand, tu prenais un arôme pour les grands, tu écoutais et suivais ce que je racontais au grands, tu étais sûr de toi, fier. Maintenant, tu trembles, tu as peur. Ta vie est-elle vraiment ce que tu voulais qu'elle soit quand tu étais enfant ?"


Il marqua une pause et ferma les yeux un instant. La douleur dans sa tête s'était réveillée et devenait désagréable. Si James ne le tuait pas, l'infection le ferait à coups sûrs. Il soupira.

"Je te le répète, James, j'ignore quels sont les pouvoirs du Parchemin d'Alexandre. On dit que Ptolémée s'en servait pour ramener les morts à la vie, mais je doute que ça soit vrai. Ton maître est revenu une fois de la mort et je pense qu'il cherche à recommencer… Mais je doute sincèrement que le Parchemin le lui permette. Je crois qu'il sera déçu, très déçu. Quand il était à l'hôpital, on l'appelait "traité de médicomagie", mon ami était historien et l'appelait "traité d'histoire de la magie". Est-ce un texte qui recense des informations sur le domaine que l'on souhaite ? Ton Maître y verrait alors certainement un "traité de Magie Noir", mais a-t-il vraiment encore besoin de connaissances dans le sujet ?

Si je me fie à tes paroles, ne rien te dire, peu amener à ta mort, mais si tu le trouves, il n'est pas certain que tu sois épargné. Si je vis et que ce que je t'ai dit mène à ta mort, je crois que je ne serai plus capable de me regarder en face."


Dans un soupire, il marqua une dernière pause. La fébrilité et le désir de savoir du jeune homme étaient palpables. La tristesse s'était emparée du glacier qui ferma les yeux pour revoir la scène dont il allait parler.

"Mon ami a été hospitalisé en 1925. Il avait été atteint d'une maladie très grave qui a failli lui coûter la vie. C'est quelques jours avant qu'il ne quitte l'hôpital que le vol a eu lieu. Peu de temps après, il a recommencé à écrire. C'était un auteur qui se focalisait surtout sur l'histoire de la magie, mais il a touché à tous les sujets, il est extrêmement connu, aujourd'hui. A l'époque, j'ai remarqué que ses écrits étaient plus précis, plus complets et, bien entendu, qu'ils marchaient mieux, se vendant plus. Mon ami, lui, voyageait constamment à travers le pays. Un jour, alors qu'il avait fait une pause chez moi avant de repartir pour l'Irlande, je lui ai demandé. J'avais compris seul qu'il était le voleur, je voulais juste savoir ce qu'il avait volé. Je devais être l'une des seules personnes en Angleterre a savoir qu'il était le coupable… Je me souviens très bien de sa réponse :

"Pour moi, c'est un traité d'histoire de la magie… parce que je fais en sorte qu'il le soit. Mais quand j'ai voulu le faire dater, je me suis rendu compte qu'il était bien trop ancien pour recenser les données qu'il me donne. Vraiment trop ancien. Je pense que c'est le célèbre Parchemin d'Alexandre. Mais il faudrait que j'aille voir Nicolas Flamel pour en être sûr et il est hors de question que je montre cet objet à quiconque. Pas même à toi, Florian."

Mais ma piste s'arrête, là, James. Pour de vrai, cette fois. Je sais qu'il ne possédait plus l'objet quand il est mort, c'est certain… Mais j'ignore ce qu'il en avait fait. L'avait-il détruit ? L'avait-il donné ? J'aimerai vraiment qu'il l'ait détruit.

James…

Si tu trouves le parchemin, vérifie comment il marche, vérifie s'il peut vraiment servir à ton Maître, s'il sera satisfait de le posséder… J'en doute sincèrement… Si… si jamais tu le trouves et qu'il risque de le décevoir… fait en sorte qu'un autre que toi le lui apporte. Si jamais tu apprends qu'il a été détruit, fait en sorte qu'un autre que toi le lui annonce. Travaille en binôme. Il est quasiment certain que l'artefact ne pourra pas satisfaire ton Maître, puisque tu es prêt à tous les sacrifices pour protéger ta vie, fais celui-ci : quitte à partager la gloire en cas de réussite, travaille avec quelqu'un a qui tu feras assumer tout le poids de l'échec. Et en toute honnêteté, j'espère que tu échoueras car si cet artefact peut vraiment être utile à ton Maître, je voudrais qu'il ne l'obtienne jamais."


Le silence fut un peu plus long. La douleur irradiait dans la nuque du sorcier. Etait-ce le café qui, réveillant le glacier, accentuait la douleur ? Il planta son regard calme dans celui du petit garçon qui lui faisait face :

"L'homme qui a volé le Parchemin d'Alexandre à Ste Mangouste était Adalbert Lasornette, James."

Il ne quitta pas le regard du mangemort. C'était terminé. Pour de bon cette fois. Et il ne fuirait pas la mort. Il ne quitterait pas le regard de l'homme qui allait le tuer tant que ça ne serait pas fait. Il y avait bien peu de chances qu'il survive, même s'il venait de donner ses dernières cartes au garçon de ses souvenirs, il n'avait aucune confiance envers les paroles du mangemort qu'il était devenu.
Les glaces avaient une durée de vie bien trop courte, de toutes façons, en Australie.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMar 28 Juil - 12:26:54

Sans mot dire, James écoutait parler le glacier, les yeux fixés sur une tache sombre au sol, sans oser regarder le prisonnier en face ; il ne remarqua pas la larme fugace qui coula de l'oeil de Florian, concentré qu'il était sur son propre ressenti. Jamais personne ne lui avait parlé ainsi, avec ce souci si visible de sa sécurité, avec ce qui ressemblait à de la tendresse paternelle... Comment ce type pouvait-il encore lui parler ainsi, comme à un gentil jeune homme, après ce qu'il lui avait fait subir ? Il n'était pas un enfant turbulent, il était une sorte de monstre dépossédé de lui-même, et il ne comprenait pas que Florian s'adresse à lui comme à un être humain. N'était-il pas celui qui avait percé son coude d'un large trou pour essayer de lui délier la langue ? N'avait-il pas utilisé le sortilège Doloris pour punir le glacier d'avoir prononcé le nom de son Maître ? Chacun de ces actes suffisait à le classer parmi les tortionnaires, et aurait dû inciter Fortarôme à oublier le petit garçon craintif et curieux qui fréquentait sa boutique...

James refusait de se l'avouer, mais la sollicitude du prisonnier le déstabilisait ; il n'avait pas eu l'habitude qu'on s'inquiète pour lui, jamais : son propre père lui avait un jour expliqué qu'il le tuerait de ses mains plutôt que de le voir déshonorer la famille, on était bien loin de l'attention que lui portait un presque inconnu, un homme qu'il venait de torturer... Toujours silencieux, James s'agenouilla auprès du blessé, pointant sa baguette vers lui, et récita dans un murmure l'incantation permettant de refermer ses plaies et de reconstituer les tissus. L'exercice exigeait une concentration nettement supérieure à celle que demandait le sort de perçage, sous peine de ne reformer que des os au lieu de nerfs, de tendons... Le visage tendu, James promenait sa baguette le long des blessures, attentif à sa magie, sans cesser de retourner dans son esprit les paroles du glacier. Autant celles qui concernaient le Parchemin que celles qui le concernaient lui. Oui, il avait peur. Oui, il s'était donné corps et âme à l'être le plus redoutable que la terre ait porté, et il tremblait à la seule évocation de ce maître. Que lui importait que le monde magique souffre si lui obtenait sa grâce ? Il n'avait pas l'abnégation d'un Fortarôme, lui ; tout lui semblait secondaire, pourvu que la cause triomphe et que, surtout, son maître l'épargne...

Il fallut quelques instants pour que les blessures du prisonnier se referment totalement, quelques minutes de silence durant lesquelles James réfléchit à tout ce qu'il venait d'entendre, un peu perdu, sans poser les yeux sur le visage de Florian ; puis, d'un seul coup, tandis qu'il rangeait sa baguette magique, il déclara d'une voix sourde :


-Que préfères-tu ? Mourir avec tous tes souvenirs, ou vivre en oubliant ce que tu m'as révélé ? Mon Maître saura que tu vis, mais si tu n'es plus en possession de ces informations, tu ne seras pas dangereux pour lui, et Il n'aura aucune raison de me tenir rigueur de t'avoir laissé la vie sauve... Je n'ai aucune envie de te tuer, Florian, mais je te laisse le choix. Si tu veux vivre, je devrai effacer quelques-uns de tes souvenirs, pour ta sécurité et la mienne. Si tu préfères mourir... je m'en occuperai...

Il avait parlé presque avec tristesse, comme s'il était certain que l'homme demanderait à mourir... Mais il ne pouvait pas décemment lui imposer son choix, l'obliger à vivre alors qu'il venait de livrer à un serviteur de Lord Voldemort des informations capitales. Toujours agenouillé à côté du prisonnier, James l'observait à présent avec quelque chose de l'attention du petit garçon qu'il avait été, et il ajouta à mi-voix :

-Prends ton temps, réfléchis. Sache simplement que je tiendrai parole, quoi que tu choisisses.

Il aurait voulu ajouter quelque chose, un merci, un peu de reconnaissance pour la sollicitude dont le glacier faisait preuve à son égard, mais les mots s'étranglaient dans sa gorge. Il ne pouvait que l'assurer de son intention de respecter son choix, et exprimer, par le son de sa voix, qu'il préférait ne pas avoir à le tuer. Pour la première fois, l'acte de donner la mort lui apparaissait comme une détestable extrémité, et non plus comme un joyeux passe-temps. Fortarôme avait au moins réussi cela.
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MessageSujet: Re: Interrogatoire de Fortarôme   Interrogatoire de Fortarôme EmptyMar 23 Mar - 17:43:22

Les sorciers ont tendance à se spécialiser soit en attaque, soit en défense. Il était évident que le jeune mangemort n'était pas vraiment un habitué des sorts de soin. L'activité lui était difficile et nécessitait une intense concentration. Néanmoins, ça faisait son petit effet. Non sans douleur les membres du glacier semblaient reprendre vie et bientôt il pouvait les bouger avec plus d'aisance. Il n'avait pas la souplesse et l'agilité d'origine mais la douleur avait disparue et avec elle l'homme se sentait nettement plus libre. Il porta la main à son crâne, la plaie était infectée, il était toujours aussi faible, mais ses jours n'étaient peut être plus en danger… si on omettait qu'il était dans une geôle du repaire des mangemorts.

Mais, alors que les soins du jeune homme l'avaient revigoré, la proposition le glaça d'effroi. La mort ou l'oubli. Voilà un choix bien compliqué. Il baissa les yeux un instant et murmura :


"Ma mémoire, James ? Tu me proposes de choisir entre ma mémoire ou ma vie… Mais je tiens autant à l'une qu'à l'autre. Je me refuse à oublier le petit garçon que tu étais. Qui se souviendrait que tu as été bon ? Je me refuse à oublier mon défunt ami, c'est dans mes souvenirs qu'il est encore en vie. Qui pourrait se remémorer sa joie de vivre et son insouciance ? Ce que je sais est né de mes déductions, comment pourrais-tu tout effacer ? Il faudrait faire un carnage dans mon esprit. Serais-je moi-même si je n'y connaissais rien en histoire, si je perdais toutes mes connaissances et facultés de déduction ? Crois-tu qu'il est aisé de créer de nouvelles glaces ? C'est mon savoir, mon expérience, mes souvenirs et mes émotions qui les font naître. Si tu me prives d'une part de moi, tu me prives de ce qui me fait. M'ôter la mémoire revient à m'ôter la vie, James. C'est mon essence même…

Si tu ne peux m'offrir d'autre choix, je choisi la mort, James."


Il y eut un silence pendant lequel le glacier fixa son regard sur celui du jeune homme. Il grava dans son esprit le visage qui lui faisait face. Un visage d'adulte triste et perdu et non plus un visage d'enfant curieux. Il ferma ensuite les yeux et baissa la tête.

"Tu aurais pu m'emmener d'ici. M'enfermer dans ton manoir le temps que je guérisse, le temps que l'on m'oublie, le temps que le temps passe… Et alors tu m'aurais envoyé en Italie. L'Italie est nettement mieux que l'Australie, pour les glaces. On aurait effacé de ton souvenir ce détail, tu te serais persuadé que tu m'avais tué… tout en sachant que tu es le bienvenu chez moi. Et si tu avais du te cacher à ton tour, fuir cet être cruel, tu serais venu me retrouver. Tu te serais assis à la terrasse de ma nouvelle boutique, à Rome, et tu m'aurais commandé une glace chocolat-fraise-caramel à la fleur de sel…"

Le silence tomba sur la pièce



*-*-* L'histoire ne dit pas si Florian Fortarôme survécu ou non à cet interrogatoire particulièrement étrange. *-*-*
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