[Avec l'accord des participants \o/]

Le repas était un moment fabuleux. D’une table à l’autre, les ragots arrivaient à une vitesse phénoménale. Chaque jour, les couples se faisaient, se brisaient, des élèves se chamaillaient, d’autres commettaient la maladresse qui devrait les suivre toute leur vie ou l’impardonnable faute de goût. Les yeux d’Isaac étaient partout, les sourires en coin s'arquaient sur ses lèvres, les commentaires fusaient. C’était à celui qui repérerait la cible le premier. Nathan et Précieuse étaient très doués à ce petit jeu, et le trio du MAL y excellait. Aujourd’hui, le troisième année glissait d’une conversation à l’autre. Il ne savait pas se fixer, parlait tout en écoutant ce qui se disait à côté et changeait brutalement de sujet si les propos du groupe opposé remportaient son adhésion. Rien ne pouvait calmer son enthousiasme. La journée était belle, il lui restait toute l’après-midi pour critiquer à volonté, imaginer quelques mauvais tous à jouer aux Gryffondors, et, se tenir informé des dernières nouveautés people.
C’est avec Lou qu’il termina son dessert. Cette petite le faisait toujours mourir de rire. Il adorait ses mots crus, ses opinions bien tranchées, son insolence naturelle. Des trois petites pestes, c’était peut être celle avec qui il s’entendait le mieux. La brune avait toujours une bonne répartie sur le bout de la langue, cruelle, impitoyable, géniale. Ange les avait quitté un peu plus tôt pour rejoindre la tranquillité du parc. Le Mal devait se réunir à l’abri des regards, tout en profitant des premiers rayons de soleil de l’année. Depuis sa superbe métamorphose en blonde pulpeuse – dont vous pouvez d’ailleurs toujours admirer les grâces en avatar – les premières années l’invitaient de temps à autre à leurs réunions. Il redevenait Meira, et demandait à être traité en vraie demoiselle, c’était tellement plus drôle !

Lou échangea encore quelques plaisanteries avec lui, puis il fut question du dernier article scandale publié dans sorcière hebdo. Une célèbre chanteuse avait été prise en flagrant délit avec un directeur de service du ministère. Les photographies étaient, hélas, terriblement compromettantes, et ne mettaient pas du tout le politicien à son avantage. Il fallait voir sa tête ! Il était affreux, et on pouvait l’admirer en maillot de bain, le torse couverts de poils, exposer ses immondes kilos en trop sur le sable doré d’une plage d’Espagne. Que lui trouvait-elle à ce vieux ? Isaac avait du mal à croire la description de Lou. C’était impossible ! Pas cette chanteuse ! Elle était tellement classe, tellement jolie… Elle ne pouvait pas fréquenter un homme si laid, et décevoir l’un de ses plus grand fan ! Car c’était dit, si le fait était avéré, il revendrait le billet qu’il avait réservé pour son prochain show aux enchères. De qui se moquait-on ? Lou, tenait absolument à lui prouver qu’elle avait raison. Elle lui proposa de rejoindre Ange dans le parc pour en débattre et se rua dans la salle commune afin d’aller chercher la revue qui contenait la preuve accablante du forfait de son idole.

Son dessert acheva, Isaac quitta les murs du château et se dirigea d’un pas tranquille vers la cachette secrète des petites vertes. Un cri strident retint cependant son attention. Une fille hurlait à s’en rompre les cordes vocales. Que se passait-il donc ? Il s’approcha de la source du bruit et reconnut aussitôt Ange, couverte de ce qui ressemblait à de la bombabouse – l’odeur, portée par le vent confirma très vite cette hypothèses - aux prises avec un petit Gryffondor. Une attaque, dans l’enceinte même de l’école ? Son amie ne se serait certainement pas roulée sciemment dans la fange, et le criminel se tenait entre ses petites mains, une batte et un sac de bombabouses à côté de lui. Les rouge et or ne pouvaient s’empêcher de commettre de regrettable écarts. Il allongea le pas et héla la blonde.

- Hééé ! Ange ! Ce nabot mérite probablement de se faire arracher toute une partie du visage mais… arrête toi deux minutes… Et dis moi ce qui se passe, j’ai l’impression que nous tenons là un bien malheureux coupable non… ?

Il tira sa baguette et la fixa sur le menton de Fred, il se souvenait de son nom, il s’agissait de l’odieux batteur des Gryffondor… Un sourire mauvais frôlait ses lèvres. Son regard s’attarda sur les objets qui le dénonçaient. D’une voix doucereuse et chantante, il s’exclama :

- Oh qu’il est vilain ce petit bouffon… Dis-moi Morwind… Je me demande ce que tu peux bien faire à cette heure avec ta batte de Quidditch dans le parc. Une attaque préméditée… ça peut te coûter très cher, le sais-tu mon mignon ? Et en plus tu ose t’en prendre à une fille, jusqu’où ira donc ton déshonneur. Tu es pathétique Morwind. Mais je suis bon, je te laisse une chance de t’expliquer… Voyons voyons, quelle charmante histoire vas-tu me raconter ? Je suis tout ouïe.

Son sourire s’élargit, et il appuya sa baguette sur sa victime offerte. Il ne comptait pas un seul instant épargner Fred. A ses côté, Ange savait très bien que seule sa version pourrait obtenir son crédit.

Fred était encore assis derrière le buisson en serrant nerveusement le manche de l'arme, il espérait de toutes ses forces qu'il était passé inaperçu. Mais l'intervention de Pénombre lui fit comprendre que non, Ange l'avait vu. La capitaine l'avait fixé quelques instants avec un regard que la petit Morwind n'avait encore jamais vu chez personne, son visage était déformé par une sorte de haine, de véhémence encore inconnu aux yeux du batteur. Ses yeux n'embuèrent de larmes, il avait déçu la serpentarde, le petit monde illusoire qu'il avait créé avec elle venait de s'écrouler en l'espace d'un instant. Il n'écouta même pas ce qu'elle lui lança avant de dégainer sa baguette. Le première année comprit immédiatement qu'elle était décidée à lui faire comprendre sévèrement qu'il avait failli.

Soudain, une douleur lancinante se fit ressentir à travers tout son visage, une nouvelle larme coula le long de ses joues, il ne chercha même pas à penser à ce qu'il avait sur le visage. Lorsque la douleur diminua, il ne vit que le nuage de fumée où se tenait Pénombre il y avait quelques secondes. Mais avant qu'il puisse s'apitoyer plus longtemps sur son sort, une masse se jeta sur lui. Ange aussi voulait lui faire regretter son erreur. Il sentait les ongles de la vipère lui griffer le bras et le dos jusqu'au sang déchirant à l'occasion sa robe de sorcier. Mais il ne se débattait qu'à peine, la tristesse qui l'habitait maintenant l'en empêchait. Il subissait les assauts de la serpentarde sans broncher. Mais subitement, tout s'arrêta, Ange s'écarta et le cauchemar continua. Isaac Deniel, se tenait juste devant lui l'air triomphant. Pendant que le petit rouge continuait de déverser de chaudes larmes autour de lui, le préfet lançait ses phrases triomphante ne faisant qu'accentuer le malheur de Fred.

Mais je suis bon, je te laisse une chance de t’expliquer… Voyons voyons, quelle charmante histoire vas-tu me raconter ? Je suis tout ouïe.

Mais maintenant que le choc était passé, il put réanalyser ce qui s'était passé. Pénombre! Cette garce l'avait utilisé comme un jouet et l'avait abandonné au premier pépin! Oh que oui, il allait parler, on ne martyrisait pas le petit Morwind ainsi. Il essuya ses larmes d'un coup de manche et toussa un coup pour se ressaisir. Il se leva avec une extrême difficulté, Ange l'avait sérieusement amoché! Mais même ainsi, il restait beaucoup plus petit qu'Isaac.

Isaac, ... j'peux t'expliquer, fait rien avec ta baguette steuplait. C'est, c'est...

Mais soudain, Fred repensa aux menaces de représailles que lui avait faite Pénombre au début de leur aventure. Il était piégé, il ne pourrait rien faire sans subir les conséquences. Intérieurement, Fred la maudissait de toute les façons qu'il pouvait. Mais cela ne changeait rien, il était fichu. Il se relaissa choir par terre et du lutter de toutes ses forces pour retenir l'eau qui chargeait ses yeux.

[HJ] Me martyriser pas trop comme même ^^

- Hééé ! Ange ! Ce nabot mérite probablement de se faire arracher toute une partie du visage mais… arrête toi deux minutes… Et dis moi ce qui se passe, j’ai l’impression que nous tenons là un bien malheureux coupable non… ?

L'interpellé sembla revenir à la raison en reconnaissant cette voix familière, se rendant alors compte que ce n'était pas un comportement très digne et très classe que d'agresser physiquement comme une sauvage le Gryffondor. Ange va beau avoir la rage et l'envie irrémédiable d'étrangler Morwind, la jeune mannequin devait se calmer.. D'ailleurs l'intervention du préfet au blason vert et argent changeait la donne. Les rôles s'en trouvait inversés, désormaisce morveux de Fred incarnait la triste victime.. Se redressant avec autant de dignité que possible malgré ses vêtements crottés, déchirés et ses cheveux encore décoiffés, la petite peste toisa le bouffondor avec tout le mépris dont elle pouvait faire preuve à l'égard de quelqu'un.. Un air mauvais sur son visage.. Gryffondor allait perdre quelques jolis petits points.. Si Hagrid enlevait 10 point à Serpentard parce que Kelsey avait simmlement prononcé le mot bombabouse, combien devait on en perdre pour en faire usage sur une fillette innocente ?

Un sourire sadique s'afficha sur son visage de poupée quand Isaac pointa sa baguette sous le menton du ridicule batteur des Gryffouillards déversant sur le malheureux des paroles aussi mielleuses que menaçantes n'annonçant rien de bon pour le rouge et or. La jeune vipère croisa les bras en fixant Fred avec ironie et la satisfaction d'un prédateur ayant acculé sa proie, entendant avec un amusement sournois les explications bidons que l'imbécile pourrait bien leur fournir.. Tout n'était que justice.. Un projet pas assez mûri, une erreur tactique, une maladresse, la triste tentative du Gryffondor ne pouvait guère réussir.. Mais que peut on attendre de plus de la part d'un représentant des lions ? Ils sortent facilement l'artillerie lourde mais sont incapables de la moindre finesse, ruse et subtilité..

- Isaac ... j'peux t'expliquer, fait rien avec ta baguette steuplait. C'est, c'est...

La petite peste éclata d'un rire faux et ironique, quelle brillante démonstration offrait là le jeune Morwind. Le pauvre bougre, tremblant sous la baguette du Serpentard, bégayait, incapable de finir ses phrases ou de fournir la moindre justification de ses traîtres actions.. Ange n'allait pas le raté..

- Alors qu'est ce qu'il t'arrive, tu sais plus parler ? Tu n'as pas compris la question peut être ?
Expliques donc à Isaac avec quelle lâcheté tu m'as attaqué dans le dos, lamentablement caché dans les buissons, pendant que je lisais et ce sans la moindre raison.. Aies au moins le cran d'assumer tes exploits Fred.. Il est beau le prétendu courage des Gryffondors..

Susurra la vipère, prenant un malin plaisir à ridiculiser le Gryffondor par ses paroles venimeuses et acides.. L'attitude de Fred était presque décevante, le lionceau ne faisait vraiment pas honneur au blason des rouges et or, d'habitude les Gryffondors étaient quand même un peu plus coriaces..

- Et tu n'as pas fait cela tout seul n'est ce pas ? Tu n'aurais même pas eu assez d'argent pour acheter tout ça.. Comment savais tu que j'allais venir ici aujourd'hui ?

Interrogea la gamine perspicace, elle n'en avait guère parlé que dans la salle commune et avait quelques soupçon sur l'identité de la personne susceptible d'être complice, cette même personne qu'elle avait vu de dos disparaître dans un nuage de fumée il y a quelques minutes.. Mais qu'il s'agisse ou non de Pénombre Craft, cela ne changerait en fait rien au sort du malchanceux Gryffondors, trop stupide pour accorder sa confiance à un perfide Vert et argent.. Fred servirait de bouc-émissaire, histoire que quelques rubis remontent dans le sablier..

Il ne pouvait pas faire ça, ah oui vraiment ? Le Serpentard haussa un sourcil méprisant. Voilà tout ce que le coupable avait trouvé à redire entre ses larmes. Cinq malheureux points lui étaient enlevés, et un dernier sursaut de vie le ranimait. Isaac ne pensait pas avoir frappé si fort. Tout penaud, le Gryffondor se reprit en posant un regard désespéré sur son badge de préfet. Au cas où il l’aurait oublié, il était à sa merci. Pénombre avait joué son pion au bon moment. Fred était la victime d’un mauvais tour en règle. Après avoir été pris sur le fait, il se faisait cueillir par la plus impitoyable des autorités. L’occasion était trop belle pour se refuser. Un vert et argent n’aurait jamais l’idée de sauver le sablier de la maison rivale. S’il le pouvait, il se serait fait un plaisir de soustraire quelques rubis de plus à leur compteur. Ange appuya son discours en invoquant ses parents. Elle s’imposait dans son rôle de petite fille gâtée, un peu comme Précieuse. Dans les riches familles sorcières, les petits héritiers avaient tous les droits, semblait-il. Isaac soutenait la méthode de loin. A l’inverse des deux jeunes filles, il n’aimait pas rappeler qu’il dépendait de ses parents. C’était contraire à ses principes. Ses géniteurs n’avaient jamais trouvé de place dans son monde, et il s’en portait aussi bien. Il avait vu assez de gamins bien élevé lui envoyer des « je le dirai à mon père » avec leurs voix de « vieilles tapettes » pour suivre la logique des filles de bonne famille. Mais, Ange rendait la donne différente. Il était curieux de voir si elle serait capable de nuire à Morwind en lui collant la facture de ses vêtements sur le dos. A bout d’arguments, le rouge et or essaya de la provoquer en arguant qu’elle n’oserait pas. Le pauvre perdait tout son vocabulaire. Il était certain qu’il n’avait rien pour se défendre. Comme toujours, Isaac avait su toucher des vérités blessantes et imparables. Il adorait rabaisser les idiots de cette façon. Il n’était même pas utile de calomnier, il suffisait de pointer les failles et de battre là où l’être devait se briser. Lorsque la victime était déjà à terre, rien n’était plus aisé. L’important n’était pas qu’il eût raison, mais juste que sa victime le croit. Et, sincèrement, devant le petit Fred, il avait l’impression de trop peser ses mots…

Son amie regagna le château et Fred, plus assuré face à une fillette de son âge ramassa son honneur souillé pour lui lancer un dernière insultes, pâle et risible. Alors qu’il tenait le garçon, Ange avait réussi à l’énerver. D’une certaine façon, elle cassait une partie de son travail. La colère éveillait les esprits révoltés, même lorsqu’ils se trouvaient au seuil de la mort. Soudain, le sang bouillait en eux, et la rage leur donnait l’illusion de la force. Chez les Gryffondor, le phénomène était fréquent. Les lions guettaient une réplique digne de les redresser, et plus encore quand ils se sentaient acculés. Isaac ricana doucement. En cet instant, le Serpentard irascible et excentrique se montrait sous un jour très sombre. Dans le plein exercice de ses fonctions, dominant face à un cadet vaincu, un était d’une présence terriblement glaçante. Son expression ne bougea pas d’un trait lorsque le Gryffondor essaya de sceller un accord avec lui. Il posa sur lui un regard lourd de mépris. Il ne voyait vraiment pas ce que ce nabot pourrait avoir d’intéressant à lui proposer. Des informations sur Pénombre ? Et pour quoi faire ? Ses relations avec la capitaine de son équipe étaient assez cordiales, il ne voyait pas ce qui pourrait l’inciter à lui nuire. L’idée en elle-même était mauvaise. Il valait mieux garder la septième année de son côté lorsqu’on était à Serpentard. Fred était un imbécile fini. Et que savait-il de Pénombre qu’il ignorait ? Son offre n’était même pas crédible. Isaac maîtrisait très bien la perfidie. En refusant le pacte de Fred, l’humiliation serait totale. Il lui ferait doublement sentir sa faiblesse, à part lui retirer des points, il ne pouvait rien faire de mieux que le marquer psychologiquement, le sortilège du cafard le protégeait, en quelques sorte.

- Oh… Comme ça tu pense que l’on pourrait s’entendre ? demanda-t-il d’une voix doucereuse. Mais dis-moi Morwind, qu’est ce qui te fait croire que Pénombre a de l’importance pour moi ? Avant de jouer les marchands apprend à évaluer ton client. Je t’ai laissé une chance et, tout ce que tu as fait, c’est me confirmer à quel point quelqu’un d’aussi pathétique que toi ne méritait pas d’être sauvé. Cinq points, vraiment, ce n’est rien. Si tu n’es même pas capable de protéger quelque chose d’aussi ridicule, je n’ose pas imaginer ce que tu ferais avec des enjeux plus importants… Réjouis toi, je n’ai pas plus de pouvoirs. Ça devrait te consoler… non ? Attend, je te donne ton texte – Il s’éclaircit la gorge et déclama avec une ironie insultante : - « Je viens de faire perdre 5 points à la maison, ah si le préfet des Serpentard avait pu monter plus haut, j’aurais amélioré mon score c’est sûr ! ». Tu pense le retenir ? Donc nous disions 5 points. Adjugé vendu ! Bonne journée Morwind, et pense à trouver un fond de teint puissante, dans le genre spécial mochetés.

Il envoya un signe de la main et se retira pour retrouver le fond du parc. Il avait une histoire très amusante à raconter à Lou à présent. Les mots étaient venus d’eux même, il était toujours très inspiré dans ce genre de situation. Fred était un défouloir comme un autre, il n’avait rien contre lui dans le fond, absolument rien. Ce n’était pas sa faute s’il avait le visage d’une victime.