La Nuit de Toutes les Alliances[PV Etiolona]

Maudissant sa malchance, Seth parcourut le chemin qui le séparé de la porte d’une salle de classe en un temps digne des plus grands coureurs. Il tapota avec vivacité la poignée, qui en une légère pluie d’étincelles s’ouvrit sans un bruit. Il pointa de nouveau sa baguette sur la porte et elle se referma sans un bruit, ses gongs parfaitement huilées, et prit le temps de prendre une grande inspiration. Il fallait qu’il décompresse s’il voulait avoir une chance de s’en sortir… un éclair de lucidité lui fit se demander pourquoi était-il dans cette situation pourrie, en fuite vers la tour des Gryffondors Rusard à ses trousses… il repensa alors à sa journée plus que mouvementée…

***
-Hey sale Bouffondor, c’est quoi cette tête que t’as ! A ta place j’irais me refaire le visage !

Sans un regard vers celui qui venait de l’insulter, Seth rétorqua :

-J’ose même pas regarder la tienne de peur de m’en souvenir…

Une moquerie habituelle de la part d’un Serpentard avec un cerveau atrophié et une réponse tout à fait justifié d’un Gryffondor pressé. Tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais la situation tourna moins normalement lorsque d’une voix forte le Serpentard s’exclama :

-Comment tu me parles tête d’anchois ! Retourne-toi avant que je te jette un sort qui te fasse rentrer la tête dans ton trou de balle !

Un léger sourire aux lèvres Seth se retourna vers l’abruti qui venait de lui parler et il put voir sa sale face de chimpanzé. Plus tard, il devrait parler de morue comme comparaison à sa tête, mais sur le coup de l’emportement il ne fit pas directement le rapprochement. Tout ce qu’il vit, c’est qu’il faisait une tête et dix bons kilos de plus que lui. Pas de quoi l’effrayer outre mesure.
Autour d’eux les élèves avaient commencé à regarder dans leur direction de façon discrète mais insistante. Seth n’aimait pas trop être au centre de l‘attention, mais parfois la situation l’obligeait.
Il secoua sa manche droite et sa baguette en bois d’if glissa jusqu’à ses doigts et il dit sur un ton badin :

-Je dois avouer que je suis intéressé par le fait qu’un bon à rien comme toi puisse pratiquer de la magie… tu es bien le digne représentant de ta maison.

Au moment ou le gros allait jeter le premier sort, un raclement de gorge se fit entendre. Rusard avança de son pas claudiquant vers le centre de la scène, vers lui et le gros. La foule qui c’était accumulée autour d’eux se dissipa comme par enchantement. Ne restait plus que Seth et le gros, tous deux leur baguette à la main. Remettant sa baguette discrètement dans sa manche Seth lâcha un léger sourire à Rusard qui pour sa part n’avait d’yeux que pour le gros qui avait sa baguette pointée vers le Gryffondor. Il s’esquiva rapidement vers la Grande Salle, laissant face de morue ce débrouiller avec Rusard et ses multiples punitions, un grand sourire aux lèvres.
Ridiculiser un Serpentard ça donnait toujours du baume au cœur, foi de Seth Deschain.

Le jeune Gryffondor croyait l’histoire close. Bien mal lui en prit, car face de morue vint demander son reste à Seth à la sortie de la Grande salle. A sa vue, Seth éclata d’un rire peu charitable et il vit le visage de Serpentard devenir rouge. De honte ou de colère, il n’en savait rien. Du moins jusqu’à ce qu’il vienne et qu’il lui dise en murmurant :

-Ce soir à minuit je te prends en duel. A cause de toi je me suis tapé une retenue, tu vas me le payer.

Un duel ce soir ? Sa conscience lui soufflait de refuser, que c’était certainement un piège, qu’il allait le balancer à Rusard pour se venger. Sa voix rétorqua :

-Pas de soucis, je te prends quand tu veux face de poulpe.

Le gros Serpentard lui murmura, dans le couloir du quatrième étage. Seth acquiesça un sourire goguenard aux lèvres : il ne pouvait pas refuser un duel lancé par un Serpentard, moche de surcroit. C’était clair, net et précis. Il ne pouvait pas se défiler non plus, il avait trop d’honneur pour ne pas aller à ce duel.
C’est ainsi qu’à minuit le soir même, il s’était retrouvé à sortir de la salle commune en silence. La grosse dame rouspéta après celui qui la réveilla. Il ne prit pas la peine de s’excuser, il se devait de rester concentrer pour le duel qui allait l’opposer à ce gros lard. Descendre jusqu’au quatrième étage lui fut aisé et il finit par arriver dans le couloir que lui avait indiqué le Serpentard. C’est alors qu’il comprit que sa nuit ne faisait que commencer, et que son adversaire ne serait pas le gros lâche qui s’était défilé mais Rusard et son hideux animal aux yeux décharnés.
Arrivé dans le couloir, Seth ne vit personne. Aucuns signes de vie, aucun gros lard armé d’intentions mauvaises. Le jeune Gryffondor comptait rentrer à la tour des Gryffondors victorieux même s’il n’avait pas combattu son adversaire. Des yeux de chat venaient alors de s’allumer au détour gauche du couloir, tandis que du côté droit s’élevé la voix de Rusard, pestant contre on ne savait quoi encore. Il était piégé des deux côtés…

*Merde ! Tant pis, quand faut y aller, faut y aller…*

Sa baguette magique glissa dans sa main lorsqu’il secoua sa manche. Les yeux du chat venaient de se braquer sur lui et il allait miauler pour prévenir son maître. Il le savait. Rusard devait être encore à dix bons mètres de l’endroit où Seth se trouvait et il avait encore une chance de s’en sortir s’il…

-Petrificus Totalus, murmura-t-il en pointant la baguette sur le chat.

L’horrible animal tomba sur le côté sans trop comprendre ce qu’il lui était arrivé. C’est à ce moment là que Seth prit ses jambes à son cou du côté gauche du couloir et ne s’arrêta pas, même quand il attendit le cri de Rusard derrière lui, et son souffle de taureau énervé quand il commença à chercher le fautif…

***
Seth colla son oreille à la porte, à l’affut du moindre bruit. Il entendit Rusard passer devant la porte d’un pas lourd sans s’arrêter. Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte magiquement, sans qu’aucun bruit ne se fasse entendre. Parfait. Le jeune Gryffondor sortit de la salle, avant de marcher à reculons vers les escaliers, à l’affut de la moindre trace de Rusard.
C’est à ce moment précis que son dos entra en contact avec un autre dos. Sans un instant d’hésitation, il se baissa et pointa sa baguette magique sur le nouvel arrivant.

۞

Ce n’est pas forcément intéressant de savoir comment une situation arrive, mais plutôt ce que cette situation entraîne. Cela n’aurait donc eu aucun sens d’expliquer comment Etiolona Palicio était née en Espagne, avait grandi dans ce même pays et était finalement entrée à la célèbre école britannique de sorcellerie où son sang pur et noble, ainsi que son caractère affirmé, la poussèrent dans les rangs de son actuelle maison. De même que nous ferons ici l’impasse sur les quelques mouvements brusques que prit sa vie depuis ses douze ans. Tout cela n’a aucun sens dans l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui. Pas que ça ne puisse pas en avoir à un certain moment de notre récit, alors nous pourrons peut-être nous y pencher plus en détail, mais pas sur l’instant, pas sur l’heure. Ce n’est pas un impératif à connaître en la seconde. Pas de panique, donc, si nous en venons directement aux faits : cette nuit-là, dans un couloir, à Poudlard.

Il lui avait fallut bien du temps pour s’accommoder de l’inextricable dédale mouvant du château. Les chemins se ressemblaient tous et il avait toujours été exclu pour elle de demander la direction adéquate à un quelconque quidam. Aussi s’était-elle plus d’une fois égarée dans le plus intime secret de sa seule connaissance. Cela avait bien eu quelques avantages, comme celui de lui permettre de découvrir l’un ou l’autre lieu caché et merveilleux du somptueux édifice. Mais, maintenant qu’elle était en quatrième année, la petite brune avait comme dompté le château. Oh, bien sûr, il restait de vastes pans de sa personnalité qui lui restaient mystérieux, mais toute une légende s’était révélée sous ses yeux à travers tous ses périples de voyages entre les différents pôles stratégiques de cet endroit historique.

Avec ce qui s’était passé il y a deux ans, la vert et argent avait commencé à ressentir un impérieux besoin de solitude. Les autres la dégoûtaient parfois et la surprenaient rarement. D’ailleurs, il lui arrivait parfois de se sentir oppressée par la présence des autres, même quand elle n’était que passive. C’est donc sur ce justificatif – qu’elle ne trouvait utile de donner à personne – qu’il lui était déjà arrivé plusieurs fois de fureter hors de son dortoir la nuit, loin de sa salle commune, dans l’obscurité silencieuse ou, parfois, étrangement animée de Poudlard. Enfin ce prétexte ou tout simplement l’incapacité de trouver le sommeil, ça revenait au même, bien que la demoiselle sache fort bien, en son for intérieur, que l’un comme l’autre étaient autant de preuves humiliantes de sa douleur, exposée au grand jour.

Cette nuit faisait partie de celles où elle quittait donc la chaleur apaisante de son lit pour se perdre dans la fraîcheur alerte du château. D’ailleurs, Etiolona l’avait su avant d’aller se coucher, qu’elle ne parviendrait pas à s’oublier du monde, et n’avait donc pas pris la peine de se changer, gardant sur elle la chemise blanche, aux tous premiers boutons défaits pour attirer la fraîcheur sur la peau pâle de la base de son cou, et la jupe plissée de l’uniforme. A cela, elle avait rajouté ses ballerines blanches et était sortie, en proie au vent mordant des couloirs, dans les cachots, une fois que ses désolantes colocataires furent endormies. Elle décida rapidement que le meilleur endroit où passer une partie de la nuit serait l'une des tours et elle partit donc de l'avant.

La traversé des cachots fut, somme toute, relativement simple. Il n'y avait jamais rien d'intéressant à noter à cet 'étage' précis, car personne n'aurait voulu surprendre un des Serpentards du professeur le plus terrifiant de l'école hors de son lit et devoir lui en faire la remarque. Ca mettrait indubitablement un froid, par la suite, lorsqu'il faudrait, immanquablement, regarder le professeur de Défense Contre les Forces du Mal dans les yeux. A cet égard, les vert et argent jouissaient donc d’une certaine immunité non officielle, tacite, sur laquelle s’entendaient aussi bien les professeurs que les préfets. Ou, tout du moins, était-ce vrai de nuit, mais beaucoup moins de jour. Car une fois que les querelles entre adolescents boutonneux reprenaient, les autres maisons se délectaient de coups tordus à l’encontre des vipères. Ils pensaient leur clouer le bec, d’une façon dérisoire et, s’ils le faisaient vraiment, c’était le signe que dans n’importe quelle maison, on pouvait être pire que chez les Serpentards.

Lona avait la chair de poule et cela se voyait sur ses bras nus, où les manches de son chemisier avaient été retroussées. Le froid refroidissait ses mains d’habitude chaudes et elle passa distraitement sa main libre sur le bras qui tenait sa baguette magique, toujours dégainée, comme le pourvoyeur de son âme, prêt à la défendre contre n’importe quel idiot. Elle frissonna doucement en arrivant dans le hall d’entrée, derrière la porte entrebâillée qui faisait le lien vers les cachots. A cet endroit précis, un pied dans l’immensité du hall et un dans la cage d’escaliers, elle se figea en entendant les cris de Rusard éloignés. D’instinct, son cœur redoubla de vigueur dans sa poitrine et faillit occulter le bruit du concierge, tant le tintamarre d’adrénaline que produisait son cœur l’assourdissait à tout autre bruit. Finalement le son se calma, partit, et les battements furieux de son cœur s’éloignèrent avec le soudain boucan qui, déjà, ressemblait à une illusion. Elle n’avait pas bougé tout du long, ses yeux perdus dans le vague alors qu’elle essayait de se concentrer sur la promiscuité –ou non – du son incriminant. Finalement, elle reprit sa marche, l’air de rien, sa baguette encore plus sûrement tenue entre ses petits doigts fins.

Elle décida alors d’emprunter quelque couloir pour donner un sens à son escapade nocturne. Elle entendait encore vaguement le bruit de Rusard, plus loin, hors de danger. Elle s’immobilisa afin de déterminer la distance entre eux. Curieusement, il lui semblait qu’elle s’amenuisait. Lona allait donc faire un mouvement pour changer de place quand quelque chose percuta son dos, faisant repartir son cœur à cent à l’heure. Il fallait bien l’avouer, celle-là, elle ne s’y était pas attendue. Aussitôt qu’elle sentit le choc, elle se retourna par instinct, habituée qu’elle l’était à se retrouver sur ses gardes en permanences, et pointa sa baguette sur son opposant du jour. Il ne mit même pas une demi seconde pour lui faire face, dans la même position.

Interdite, la demoiselle observa le petit qui lui faisait face. La vert et argent pouvait se vanter de connaître chaque tête à Poudlard depuis le temps qu’elle y était. Et elle pouvait affirmer que cette tête, précisément, et encore plus petite qu’elle, était celle d’un nouvellement répartit. Et pas de Serpentard, car elle enregistrait par instinct leur faciès dans sa mémoire. Toujours sans baisser sa baguette ou sans se montrer ni cordiale, ni désagréable avec le très jeune adolescent, elle s’adressa à lui sur une vois basse – pas un murmure – et calme, comme si elle parlait d’une évidence. Sûre d’elle, Etiolona avait l’absolue conscience de l’absence de blason sur ses vêtements.

« Je ne doute pas un seul instant que tu sois de taille face à un cracmol, le bleu. Mais je suis ton aînée et en tant que telle, je ne saurais que te conseiller vivement d’abaisser ta baguette. Car si tu peux mettre sa raclée à un pauvre déchu, je ne pense pas que tu le puisses face à moi. »

Elle acheva son discours par un sourire poli où traînait la promesse d’une menace si le gamin ne s’exécutait pas. Et, s’il avait deux sous de jugeote, il le ferait. S’il ne le faisait pas en devinant à quelle noble maison elle appartenait, il aurait peut-être tout de même la présence d’esprit de le faire en sachant l’expérience que la jolie jeune fille et qu’il ne possédait pas. Les yeux presque noirs de l’Espagnole ne mentaient pas : elle n’accepterait pas qu’on remette en doute son pouvoir à remettre à sa place la bleusaille du collège. La nouvelle génération.

Derrière elle, elle percevait très nettement le bruit de pas claudiquant qui se rapprochait. Il faudrait une réponse de l’autre – et une qui lui conviendrait, car Etiolona ne consentirait pas à abaisser sa baguette – qui soit rapide afin qu’ils aient l’opportunité de s’échapper chacun de leur côté pour vaquer à leurs occupations nocturne.

Le regard de la demoiselle s’égara sur l’allure insolente du première année et sur ses cheveux sombres et si long qu’aucun membre se Sa propre maison n’aurait osé les porter ainsi. Elle lui reconnut tout de suite un bagout certain et pensa ironiquement qu’il devrait sans doute être à Gryffondor. Elle pensa brièvement qu’il ne la surprendrait pas et qu’il répondrait vertement à sa provocation, désireux de prouver son indéniable valeur. Un air las traversa les yeux de la brune. Ce que c’était ennuyeux. Elle agita légèrement sa baguette pour presser l’allure du garçon et ses yeux, avant lointains, devinrent une fenêtre ouverte sur toute la fougue et l’arrogance de la demoiselle. Elle lui ordonnait par le regard de se presser. Si elle devait tomber, ce qui n’arriverait pas, elle s’assurerait de le traîner dans la boue lors de sa chute, à laquelle le bleu participerait indubitablement, faisant le rôle de son amortisseur. Il s’écraserait alors, mais, elle, elle se relèverait. C’était ça aussi l’expérience. Son expérience.

۞

Seth se retrouva nez à nez avec une baguette magique… enfin plutôt à une jeune fille avec une baguette magique dans la main. Malgré la situation quasi-désespérée, Seth prit le temps de dévisager celle qui lui faisait face. Brune aux yeux noirs, habillée d’une robe de chambre blanche sans aucun blason visible sur sa poitrine et tenant sa baguette magique en le regardant mi-surprise mi-agacée.

*Tin’… mais c’est vraiment mon jour aujourd’hui. Avec un peu de chance c’est un préfet somnambule ou un truc dans le genre.*

La jeune fille prit alors la parole, sans animosité mais sans gentillesse non plus, d’une voix basse et un peu rêveuse. Elle commença à débiter des âneries sur le fait qu’il était de taille ou non face à un Cracmol, qu’elle était son aîné et que, grosso modo, s’il ne voulait pas encore plus d’ennui que ce que Rusard pourrait lui infliger il ferait mieux d’abaisser sa baguette. S’ensuivit alors un sourire que Seth jugea hypocrite en plein, ce qui déterminé bien plus facilement sa maison d’appartenance…
Son regard se durcit fugitivement et la prise de sa main sur la baguette se resserra imperceptiblement. Il n’était pas en présence d’une alliée bien au contraire. Un léger sourire aux lèvres, Seth rompit d’un pas. Sa baguette pourtant ne changea pas de trajectoire, toujours pointé en direction de la poitrine de la brune qui devait avoir au bas mot deux ans de plus que lui.

*Rien à foutre, le jour n’est pas encore venue ou je baisserais ma garde face à un vert et argent…*

Il soupira légèrement, écoutant le pas de Rusard s’approchait lentement mais surement de l’endroit ou il se trouvait, avant d’accrocher ses yeux noisettes dans le regard de son aînée. Aucune trace d’hésitation, elle ne baisserait jamais sa baguette consciemment. Forcément, songea-t-il, avant de sourire et de s’exprimer d’une voix atone :

-Je pense que nous allons avoir un problème au niveau de ma baguette magique, ou plutôt dans le fait de l’abaisser. Il n’est pas dans ma nature de me faire dominer mademoiselle je traîne dans les couloirs la nuit.

Son sourire disparut aussi soudainement qu’il était apparu. Il n’avait plus le temps de plaisanter avec la demoiselle aux cheveux de jais. Rusard était bien trop proche à présent. Il fallait qu’il s’échappe et ce le plus rapidement possible, au détriment peut-être de la demoiselle.

*Hum… peut-être est-ce la porte de sortie dont j’ai besoin pour m’échapper…*

Il échafauda un plan, qui consistait tous simplement à abaissez sa baguette pour gagner la confiance de la jeune fille, puis de jeter un sortilège sur l’armure situé à sa droite pour faire un maximum de bruit avant de s’éclipser discrètement par un pan de mur qui se trouvait à sa gauche et qui menait au septième étage à côté de sa salle commune. Un plan parfait. Cependant une pointe de remord le tiraillait : il n’aimait pas laisser une personne prendre à sa place, que se soit un de ses amis ou un de ses ennemis. Il n’aimait pas tous simplement, mais peut-être que pour une fois… peut-être qu’il pourrait …

-ELEVES HORS DU DORTOIIRRRRRRRRRRRR !

Retentissant juste au dessus de leur tête, le cri de l’esprit frappeur Peeves lui permit de prendre une décision hâtive. Peut-être le regretterait-il par la suite, ou peut-être pas. Seul le temps pourra m’apporter la réponse, se dit-il avec amertume. Le souffle de taureau de Rusard parvint jusqu’à ses oreilles, tandis que Peeves caquetait allègrement au dessus de leur tête avant de prendre la direction de Rusard. Sans un instant d’hésitation, Seth se rua à la manière d’un rugbyman sur la jeune fille en robe de chambre et la plaque contre le mur qui s’ouvrit d’un coup de baguette magique. Il se referma au moment où Rusard parvenait dans leur couloir. Le jeune Deschain imagina sans peine le vieux Cracmol mal rasé, ses bajoues frémissantes de colère et de rage, à l’affut du moindre mouvement trahissant la présence de deux élèves en fraudes avec le règlement. Une vision pas des plus jolie d’ailleurs.
De sa main qui ne tenait pas la baguette, il posa son doigt sur la bouche de la jeune fille pour éviter qu’elle ne pousse un cri de rage ou de colère inopportun, tandis qu’il murmurait :

-Lumos…

Une douce lueur illumina alors le passage secret et Seth leva son doigt de la bouche à la Serpentarde. Si elle avait un brin de jugeote elle ne crierait pas avant qu’ils ne soient sur que le concierge soit parti. Les yeux posés sur le pan de mur, il s’assit sur l’escalier en pierre en prenant soin de ne faire aucun bruit et attendit patiemment…