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 Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]
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MessageSujet: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptyJeu 9 Oct - 20:46:58


    Narcisse & Etiolona [PV]
    Un mythe drôle, si pas tant que ça


    Elle refusait d’en parler, ses lèvres closes par l’honneur que les élèves ne prêtaient jamais à ceux de sa maison. Murée dans un silence pesant, même, voire surtout, pour ses propres oreilles, Etiolona s’était enfermée dans un monde blanc, où aucune imputée ne pouvait l’atteindre. Dans sa tour d’ivoire, il lui suffisait de fermer les yeux pour contempler le néant. C’était un face à face avec elle-même, un duel long et cynique duquel elle ressortait toujours perdante. Personne n’égalait sa valeur naturelle, même pas elle-même, d’aucun n’arrivait à la cheville de son dévouement. Même dans le silence, on avait difficile à imaginer quelqu’un de plus orgueilleux que la petite brune.

    En entrant à Poudlard, elle s’était complue avec elle-même, aujourd’hui elle se haïssait en elle-même. Et pourtant, personne n’aurait sut mieux la flatter qu’elle. Elle avait conscience de tous ses avantages – elle se refusait à les appeler « qualités ». Mais elle voyait avec une évidence encore plus nette toutes ses tares, ses défauts, ses méfaits, ses hontes et ses peurs. Être sensible affaibli par la chair de ses nombreux crimes. Evidemment, il n’y avait pas lieu de tout exagérer, le plus imposant méfait de la demoiselle se constituant surtout d’horreurs verbales. Mais tout cela était suffisant à l’Espagnole : elle se sentait rabaissée par sa propre verve. Une si grande éloquence pour châtier les autres ne cachait en vérité qu’un art étrange et particulièrement habile pour se détruire elle-même.

    Pourtant, il y a trois ans encore, la demoiselle était bien vive, arrogante plus qu’orgueilleuse – comme le lui avait un jour fait remarquer un condisciple de sa maison, et très dynamique. Aujourd’hui, elle était plongée dans une sorte d’immobilité qui la rendait invisible. Elle s’enfermait dans sa propre tête, s’imaginant des problèmes qui n’existaient que sur base de broutilles, extrapolant tous les sentiments qu’elle recevait comme une menace personnelle. La vérité, c’était que les hommes étaient tous corrompus par la chair et que ça la terrifiait. Le simple fait de leur peau exposée au vent les rendait capables d’égoïsme et de cruauté et elle souhaitait ardemment s’en préserver. Néanmoins, elle méprisait par-dessus tout la candeur trop naïve des demoiselles qui n’avaient rien vécu.

    C’était un Samedi ensoleillé, si loin de l’image qu’on se fait d’un tournant dramatique de la vie d’une princesse gâtée. C’était en Espagne, chez elle, là où elle aurait dû être en sécurité du monde qui tournait fou et des fous qui devenaient psychopathes. C’était si proche, trop pour son silence qui la tuait, c’était …


    ۞


    Tout s’envola soudainement, le néant se remplit, devint réel et la bibliothèque se redessina devant ses yeux qu’elle n’avait pas conscience d’avoir fermé. C’était si facile de vivre avec pour seule vérité le noir de ses paupières closes. Le livre sur ses genoux, ouvert sur la potion d’euphorie perpétuelle, ressemblait entre ses mains à un accessoire, un décor ayant la faculté de faire se détourner les inconnus. Elle étudie, ne la dérangeons pas. Mais vu le bruit qui l’avait sorti de sa réflexion sourde, muette et aveugle, un quelconque idiot de passage n’avait pas dû recevoir le message comme il se devait.

    Ses yeux bruns, presque noirs fixaient avec concentration la page devant eux. Mais une seule seconde d’attention de la part de la brune fut nécessaire pour qu’elle referme d’un geste sec et énervé son ouvrage sur les potions. Ca cancanait si fort depuis deux ans. « Saviez-vous que Palicio avait tenté de se suicider pendant les vacances ? », « Il paraît que ses parents veulent la faire interner en Italie ! », disaient-ils, si fiers de pouvoir la rabaisser alors qu’autrefois il avait été si difficile de la contredire. Si on la voyait feuilleter un livre de potions, justement arrêté sur ce breuvage précis, elle ne voulait même pas imaginer le remue-ménage que ça ferait. La théorie que la jeune vert et argent était une droguée n’en serait que renforcée. Que tout cela était pitoyable, comme un feu d’artifice dans un placard à balais. Inutile et outrancièrement tape-à-l’œil. Bien que ces derniers temps, celui lui tapait plus sur les nerfs.

    Le mouvement de son regard se prolongea rapidement, presque imperceptiblement vers celui qui la dérangeait. Ensuite … Eh bien ensuite, Etiolona aurait bien voulu pétrifier l’importun de son regard de serpent, mais elle n’en trouva pas la force. C’était toujours comme ça avec lui, avec ce petit con, ce suprême emmerdeur, avec Narcisse. Elle ne trouvait pas la force de le dédaigner, parce qu’avant de s’enfermer en elle-même, elle s’était sentie trop en phase avec lui, dans une amitié qui, de son côté, avait été très intense, presque autant qu’éphémère. Elle l’avait tour à tour adoré avec toute son affection lointaine, respecté de toute son âme, haït si fort que son cœur avait faillit lui échapper et envié si fort, si fort que les trois autres sentiments n’avaient fait que croître.

    Alors même depuis cette rentrée en troisième année où elle ne lui avait subitement plus adressé la parole –comme à tout le monde, du reste – oubliant toutes leurs joutes, ces confidences dans les gestes, dans les actes, mais cette distance de sécurité dans leurs mots, elle n’avait pu s’empêcher de continuer à lui témoigner un vague intérêt. Lors de ce qu’on aurait pu appeler leur amitié, elle ne lui souriait que rarement, trop coutumière de l’amour distancier et froid, de l’amitié brutale et injuste. Et quand cela avait cessé, elle lui avait adressé plus de sourires que jamais, toujours fins et courts dans le temps, comme une sensation de déjà vu dont on n’était pas certain, mais dont elle était sûre que Narcisse percevait tout le sens : « Reste loin de moi, surtout toi. ». Merlin, ce qu’elle l’avait adoré autrefois. Un frère, jamais, un ami encore moins, un amoureux elle ne se le serait permis. C’était tout simplement Narcisse et Elle. Autrefois, jadis, dans un autre monde.

    Mais maintenant, alors qu’elle était assise par terre, dans un rayon perdu de la bibliothèque, les jambes un peu emmêlées, formant un appui précaire pour un grand grimoire, ses cheveux légèrement bouclés et bruns foncés attachés en une queue de cheval ridicule et lâche d’où s’échappaient trop de mèches, ses lunettes rectangulaires, récemment acquise pour la lecture intensive qu’elle pratiquait et qui ne pouvait désormais plus se passer de cet outil durant les heures passer au pays du savoir, glissant légèrement sur son nez, elle se sentit très faible et n’eut pas la force de lui sourire. A la place, elle parla. Et, à son oreille la première, cela sonnait curieux.


    « Salut. Tu veux t’asseoir ? »

    Sa voix avait une drôle d’intonation rauque qu’une mauvaise langue mettrait sûrement sur le compte d’un trop long mutisme. Mais ce n’était pas ça, car la demoiselle n’avait jamais vraiment renoncé à parler. Elle se passait juste des autres. N’était-ce pas plutôt cette émotion contenue, cette envie de se confier à une personne qu’elle reconnaîtrait toujours mais avec qui elle n’avait jamais ouvert son cœur par des mots ? Elle aimait vivre, quoiqu’on en pense, mais depuis ses douze ans, elle ignorait comment il fallait qu’elle vive. Vers où était la vie ?

    Elle regardait toujours Narcisse mais se refusait néanmoins à l’observer. A quoi ressemblait-il ? Elle le reconnaissait mais avait peur de le voir comme il était maintenant. Ressemblait-il à son Narcisse enfant, pré pubère et vaniteux dans toute sa tendre innocence ? Certainement que non. Elle ne voulait pas le regarder. Mais elle voulait qu’il reste.

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MessageSujet: Re: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptyLun 13 Oct - 11:57:45

L’adolescent qui, d’un pas flegmatique, s’était aventuré dans le rayon de la bibliothèque réservé aux potions était toujours l'être narcissique, égoïste, ambitieux et froidement génial qui était arrivé à Poudlard trois ans auparavant. Il avait pourtant bien grandi…

Devenu un jeune homme, Narcisse, qui allait entamer dans quelques mois sa seizième année, ne s’était départi ni de sa beauté, ni de son charme bien qu’il eût revêtu depuis un peu plus d’un an désormais un masque de froideur à l’égal de sa blessure. Davantage que le calme, une certaine léthargie s’était emparée du jeune anglais qui était alors passé maître dans le contrôle de ses sentiments, de ses passions, jusqu’à pouvoir en manquer. Depuis le départ de Pénombre, la seule amie qu’il eût jamais eu, son entourage se heurtait à une réserve qui pouvait aller jusqu’à l’hostilité dans les mauvais jours, fruit d’une souffrance qu’avaient engendré deux cruels abandons. Il avait légèrement grandi et avoisinait le mètre soixante-cinq, sans pour autant avoir perdu sa svelte et athlétique carrure. On devinait d’ailleurs sous le riche tissus de sa chemise blanche, au col déboutonné, une puissante mais fine musculature le garçon esseulé ayant sculpté son corps avec une rage toute particulière. A contempler le reste de sa parure, on comprenait aisément que l’adolescent n’avait cessé d’attacher beaucoup d’importance à son apparence physique. Inconsciemment ce travail sur son aspect extérieur était la traduction d‘un malaise plus souterrain, profondément intérieur; la solution par laquelle il souhaitait mettre un terme à la série d’abandon dont il avait été victime. Il portait en ce jour, en plus de sa chemise, un pantalon noir parfaitement coupé, probablement issu d’un coûteux trois pièces, ainsi que des chaussures de cuir brun, lesquelles, classiques, contrastaient avec sa cravate noir dont le noeud lâche, dénoué avec une audacieuse impertinence, couronnait l’élégance naturelle du bel anglais d’un charme désinvolte.
Ses cheveux blonds cuivrés étaient figés en une bataille désordonnée, à moins qu’ils n’eussent justement été coiffés ainsi… Les traits délicats de son visage n'avaient pas perdu de leur noblesse, mais la finesse du visage d'enfant avait définitivement été gommée, en même temps que son innocence, par la force des années. Ses yeux gris, en revanche, étaient toujours aussi profonds et mélancoliques, peut-être davantage…

Il se dégageait de Narcisse, en dépit d’un air légèrement hautain, une assurance à toute épreuve, une étrange sérénité et une prestance royale alors qu’il avançait négligemment vers Etiolona, échouée sur le sol comme autant de débris.
S’il avait trouvé un quelconque intérêt à cette camarade de classe, à une naïve époque, il ne prêtait plus attention à cette épave dont les ragots amplifiaient la dérive depuis plus d’un an désormais. Il ne s’était pas davantage interrogé sur leur imperceptible divorce : les deux enfants avaient grandi, s’étaient éloignés sans cris, sans heurts et sans larmes, sans même s’en rendre réellement compte, comme si leur séparation était inscrite dans le cours naturel des choses, en somme. Lui s’était tourné vers Pénombre; elle s’était repliée sur elle-même, faisant la grâce à Narcisse de lui épargner les affres de sa chute et les vagues qui, si son nom avait pu être associé au Sien, auraient pu le salir…
Certes il avait dû se passer quelque chose de terrible, en témoignait d’ailleurs l’infamante déchéance dont la Vert et Argent était auréolée, mais l’apprenti sorcier n’en avait cure : il n’avait rien à gagner à traîner avec Palicio, ni en prestige, ni en quoi que se fût. L’affaire était close !


"Salut. Tu veux t’asseoir ?"

Le jeune anglais, se détournant des grimoires dont il examinait la tranche, abaissa avec mépris son regard sur la malheureuse qu’il avait froidement ignoré jusqu’alors.

*Quelle tristesse… Même sa voix s’est enlaidie… Pauvre…chose !*

Ses fines lèvres dessinant un sourire goguenard, il rétorqua d’une voix cinglante, ayant bien à l’esprit que plusieurs paires d’yeux et d’oreilles devaient être attentives au comportement qu’il adopterait face à pareille pestiférée.

"Je ne deale pas, Palicio. Lâche l’affaire…"

Il n’avait jamais vraiment cru au tissu de mensonges que les rumeurs colportaient à l’égard de la jeune fille, étant lui-même le centre de nombreux ragots, ni ne s’était complu une seule fois de la détresse de celle qu’il avait reléguée au rang de vieille connaissance.
La situation présente exigeait néanmoins qu’il entrât dans le jeu perfide de ces mauvaises langues, il en allait de sa réputation. Par chance, il excellait dans le domaine…
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MessageSujet: Re: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptyLun 13 Oct - 17:08:14



    ۞


    L’étonnement aurait été un bien grand mot, sûrement bien trop fort, pour ce que ressentit la jeune fille qui n’en avait pas espéré moins. Pour tout dire, elle s’était même plus ou moins attendue à quelque chose de semblable. Fallait-il espérer autre chose ? Ensemble, ils avaient déjà prouvé que non. Ils étaient deux caractère trop entiers et égoïstes pour s’attendre à quoique ce soit de différent. Et, malgré le fait qu’elle s’y soit, si l’on peut dire, préparée, elle ressentit le goût amer de la déception couler directement dans sa gorge, la serrant fortement et ses entrailles essayer de s’enrouler autour de son cœur. Définitivement, il y avait quelque chose de douloureux dans le rejet de Narcisse. Mais dans le fond, qu’est-ce qu’elle en avait à faire ? Rien, rien du tout ! Elle se le répéta aussi fort qu’elle le put, ses yeux noirs ne quittant pas la silhouette élancée de son bourreau actuel.

    Sa respiration fut coupée par la déception l’espace de deux secondes mais à moins d’avoir été proche, on n’aurait vraiment pas sû le remarquer. Elle reprit cette activité naturelle avec aisance, comme si rien n’était venu la perturber. Salazar, ce qu’elle détestait ce petit blond trop bien fait de sa personne. Elle sous pesa rapidement le pour et le contre à répondre au dédain stupide de cet élève bien trop arrogant. Etiolona n’avait absolument aucune envie de revivre leur discussion d’il y a trois ans, mais en même temps, elle doutait que cela puisse se passer comme autrefois. Autrefois … Ah, ça semblait trop loin à ses oreilles dit comme cela. Presque comme si elle était déjà trop vieille pour s’intéresser aux autres. C’était si désolant …

    Elle en aurait presque regretté l’Etiolona de sa première année ici, à Poudlard. Mais à ce moment, c’était une gamine qui pensait qu’il suffisait de claquer des doigts pour que le monde tombe à ses pieds. Elle avait changé, pris conscience que c’était peut-être plus difficile que ça. Sûrement, même. Apparemment, Anasar était resté bloqué à cet état de fait. Elle décida en une microseconde que c’était, décidément, encore plus pitoyable que son état de veille où elle cherchait vers où aller. D’une manière générale, Etiolona trouvait même les Serpentards ridicules à pleurer. Ils se tiraient dans les pattes comme des enragés, mais avec un visage de pierre sensé tromper leur monde. C’était si drôle, si absurde. Dans leur immense vanité, ils se ressemblaient tous depuis leurs façons horriblement maniérées et étudiées jusqu’à leurs sarcasmes soi-disant irréprochables.

    Finalement, la déception de découvrir en Narcisse un être tel que tous ces automates aristocrates prit le pas sur celle de son rejet et elle se releva, les chevilles croisées en poussant d’une traite sur tout son corps pour se redresser. Elle alla à la table éloignée et pris sa besace, ignorant le blond et sa répartie entre « effet ghetto » et « grande rhétorique », retira ses lunettes qu’elle rangea dans leur étui, passa la lanière sur son épaule, réajusta un peu ses vêtements. Et eut l’intention de ranger le livre à sa place c'est-à-dire … Juste à côté de l’autre enfoiré. Peut-être devrait-elle l’emprunter tout compte fait ? Il y avait sûrement plus intéressant à en tirer que ce qu’elle avait déjà fait. Et d’un autre côté, bien que cela n’ait rien à voir, elle se l’assura, elle n’avait pas trop envie de s’approcher de cet idiot prétentieux et devoir être forcée de respirer l’odeur de son eau de Cologne ou quoique ce soit d’autre qu’il puisse porter. Un rapide coup d’œil finit néanmoins par la convaincre. Son sac manquait cruellement de place alors que la bibliothèque en avait une réservée pour le livre … Le choix était donc fait.

    En trois enjambées, elle fut près de Narcisse et elle se força à ne pas détourner les yeux ni à avoir un regard fixe. Elle s’exhortait à la maîtrise de chaque partie de son corps pour ne pas faire transparaître son malaise, mais en vain. En même pas une minute où elle cherchait le bon emplacement, elle avait dû se forcer à trois reprises pour détendre ses mâchoires serrées et elle avait expiré deux fois d’une manière plus qu’agacée. Elle aurait voulu partir vite. Pour couronner son état d’énervement, l’odeur discrète et masculine, voire un peu acide, du garçon ne l’aidait pas à se concentrer, ni l’impérieuse envie qu’elle avait de le taper avec son gros manuel. Elle avait désespérément envie de faire tomber son sourire goguenard sur le sol à force de taper dessus. Aussi, après avoir remarqué qu’il se trouvait précisément devant l’emplacement réservé à son bouquin, elle dû réprimer l’envie de le pousser de toute ses forces pour qu’il lui libère le chemin. Mais elle se doutait bien que ça ne ferait pas grand cas. Sans être tout à fait petite, Etiolona stationnait à la hauteur gigantesque d’un mettre soixante et quelques millimètres ridicules qui ne lui auraient jamais permis d’envoyer valdinguer l’idiot dans l’étagère derrière eux. … Dommage.

    En même temps, il était hors de question qu’elle rétorque un « sa majesté accepterait-elle de bouger son royal et vénérable cu* pour que je puisse passer ? », enorgueillit comme il l’était, il serait tout à fait capable de le prendre le plus sérieusement du monde et lui répondre une stupidité vaseuse comme quoi elle aurait « enfin appris comment il fallait qu’elle s’adresse à lui ». Rien que d’y penser, ses maxillaires se serrèrent une nouvelle fois de rage et d’offense. Elle était persuadée que ce petit con ne l’ignorait que pour son image. Elle pensait vaguement que si elle avait eut l’âge de lui changer les couches il y a trois ans et de le consoler la nuit comme le gamin ridicule qu’il était, il n’en aurait pas fait grand cas. Aussi ridicule soit-il, Etiolona cherchait fiévreusement la remarque qui ferait se tasser cet abominable jeune homme et qui raviverait dans ses yeux un quelconque intérêt pour elle en tant que personne. Elle n’avait pas changé, bon sang, pas du tout ! Elle s’était juste mise en pause pour chercher ce qui avait vraiment de l’importance, comment il fallait le faire : qui elle voulait être. Et sa remise en question, aux vus de ce qui s’était passé, était plus que justifiée, merde !

    Et finalement, ça coula de source. L’évidence même. Un vieux souvenir qui remontait à la surface, un réflexe. Sa nature profonde, elle.


    « J’imagine fort bien, Anasar, comme tu dois être indisposé par ma vue. Le devoir de choisir entre ton cerveau et tout ce qui te rend aussi ridicule qu’un quidam pris sous Imperium doit être très difficile à gérer pour ta minuscule capacité émotionnelle. »

    Tout de suite, on avait l’impression qu’elle se tenait plus droit, que ses yeux étaient plus brillants et le sourire qui se dessina sur ses lèvres fut le même qu’avant toute sa mésaventure : innocent, taquin, alors qu’elle n’aspirait qu’à plus de grandeur, plus d’émoi personnel. ** Je veux et j’exige des roses comme le tonnerre, vos baisers pareils à des tremblements de terre. J’ai l’envie secrète qu’on me vénère, le besoin amoureux que ma fougue prospère. ** Elle s’en souvenait très bien, elle l’avait écrit il n’y a même pas deux semaines. Comment être elle à sa façon ? Elle devait briller comme une étoiler, réchauffer comme le ciel et glacer comme le regard que lui avait lancé Narcisse. Etiolona voulait être intense et déstabilisante, choquer et impressionner, mais avant tout elle voulait pouvoir se regarder dans une glace et se retrouver encore plus fière du reflet qu’il lui renverrait.

    « Aussi, j’espère que le fait de me voir partir va mettre fin à ce parasite qui te consume et qu’on appelle le bon sens. Tu apprendras vite que certaines personne sont plus dangereuses silencieuses qu’en paradant comme tu le fais et que leur concours peut toujours s’avérer profitable. Ceci dit, je ne ‘deal’ pas comme tu le suggères, je me montrais simplement courtoise. Mais il y a tout lieu de penser que plus le temps passe, plus tes bonnes manières s’écaillent comme la peinture bon marché d’une maison de campagne. »

    Sa voix n’avait plus rien de grave, l’émotion nostalgique ayant laissé place à un franc besoin de reconnaissance, une hargne qu’elle ne s’était plus connue depuis trop longtemps. L’envie de se dépasser, d’étouffer les autres par sa présence. Elle avait peur, loin dans son esprit, de l’instant où sa fougue retomberait comme un soufflé trop vite retiré du four et qu’elle se sentirait mal. Mais en attendant, son ton calme, bas et cordial persistait.

    « Maintenant, je te prie d’avoir l’extrême galanterie de te pousser, même si ce n’est que pour moi, afin que je puisse ranger mon livre et te laisser avec toute ta suffisance infantile. »

    Comme avant. Elle aimait parler bien, elle aimait parler avec autant de verve que possible, tout en conservant ses hautes origines. Pour elle, c’était le meilleur moyen de donner toute sa justesse à n’importe quelle langue. Et puis, quel délice il y avait à prononcer des phrases élégantes pour s’imposer. C’était tellement incompatible que c’en devenait merveilleux. Elle aimait parler comme ça et il fut un temps où elle avait aimé entendre Narcisse lui répondre de la sorte. Mais ça semblait si loin avec le langage familier qu’il semblait arborer fièrement désormais.

    L’envie de le taper revint au triple galop alors qu’il la décevait encore plus, à mesure qu’elle pensait à lui – d’ailleurs, n’avait il pas changé de coupe de cheveux ? Ca lui allait bien mieux – mais elle se contenta de fixer dans ses yeux son regard presque noir avec une patience rare, dut au long mutisme qu’elle avait appris à garder. Etiolona aimait autant les silences que les belles paroles. Un silence en dit tant, car il laisse le corps s’exprimer. Et, peut-être ne fut-ce qu’une imagination de son esprit, mais elle avait l’impression que son regard, sans son autorisation, contemplait bien trop le blond et que son corps se tendait légèrement vers lui.

    Etait-ce possible de condamner, aussi, au silence le corps comme elle l’avait fait avec sa parole ? Bonne question. Mais en tous les cas, elle pouvait très bien jouer les sourdes. Et elle le ferait !


    ۞


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MessageSujet: Re: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptySam 18 Oct - 19:59:23

Narcisse avait observé avec satisfaction, mépris et suffisance sa déchue camarade s’éloigner, une pointe de déception, croissante, l’irritant toujours davantage à mesure que chacun des pas impassibles, puis des gestes indifféremment lents de la jeune fille demeuraient marqués de la même et souveraine impavidité…

Elle ne lui avait opposé aucune résistance, se réfugiant dans une résignation intolérablement prématurée, dans une fuite si placide, pour ne pas dire proprement stoïque, qu’elle en était devenue insultante. Comment en était-elle parvenue à l’ignorer ? L’ impensable s’était pourtant produit, ici, maintenant, dans un silence mortuaire gâtant toute sa saveur à la victoire.
Le jeune anglais se prit à avoir quelques remords, cette capitulation, insupportable, indéniablement suspecte, s’imposait à lui avec l’aigreur d’une anomalie. L’amer de la défaite l’avait pris à la gorge sans même qu’il n’y eût de bataille, il en avait perdu son sourire. S’étant placé de manière à tourner le dos à Etiolona, lui cachant ainsi la moindre manifestation de son agacement, il en était bien vite venu à deviner qu’il n’avait pas été suffisamment acide avec elle. Ses mots s’étaient avérés trop faibles pour prendre un tour caustique, sa voix trop hantée par le fantôme d’un simulacre d’amitié pour résonner d’un écho acerbe aux oreilles de l’indifférente étudiante.
Étaient-ce les sentiments que lui inspiraient Pénombre qui l’avaient plongé dans une telle déliquescence ? Son cœur ne lui semblait pourtant pas à ce point attendri, ni davantage affable. Il ne pouvait la laisser s’en tirer de la sorte, une riposte, quand bien même ne faisait-elle que répondre à l’absence même de réponse, s’imposait, dictée par son orgueil blessé.

Lorsque que le Vert et Argent se retourna, prêt à craché son fiel le plus virulent sur l’insolente qui osait lui renvoyer l’image de sa propre insignifiance, il constata avec délice qu’elle avait troqué la désinvolture pour un discret courroux. Sa démarche pressée, alors qu’elle s’approchait à grandes enjambées des étagères livresques, de même que ce petit air renfrogné qui faisait se tordre imperceptiblement ses sourcils et se pincer ses lèvres, trahissaient, à n'en pas douter, une colère froide, à peine contenue. Rassuré, l’orgueilleux sorcier avait rapidement deviné qu’elle n’allait pas tarder à exploser : elle consacrerait alors son triomphe. Il n’avait, pour son plus grand soulagement, en rien perdu de sa causticité; ses mots avaient seulement agi plus pernicieusement que de coutume, à la manière d’un poison lent et insidieux.
Un sourire des plus sarcastiques se peignit sur ses lèvres tandis qu’il observait l’énervement poindre peu à peu chez la jeune fille, sottement incapable de ranger un simple bouquin parmi les étagères. Pur fruit du hasard il se trouvait justement devant un emplacement libre, qu’il devina sans peine être celui dont était originaire l’épais manuel que tenait Etiolona entre ses mains lorsqu’elle avait fait volte-face avec rage et désespoir, l’accusant d’un regard assassin presque comique.

Alors qu’elle lui cassait les oreilles d’un charabia des plus agressifs et confus, doublé de métaphores accusatrices et de leçons de morale faciles tout aussi incompréhensibles, le jeune anglais riait en son for intérieur. Son ton s’était endurci de la haine, voire du dégoût, qu’il lui inspirait : elle s’était enfin révoltée, consacrant sa victoire.
D’une révérence gracieuse, indéniablement théâtralisée, il s’écarta de l’étagère et observa sa camarade y ranger avec hargne le coupable grimoire. Une expression hautement ironique s’était peinte sur le séduisant visage du sorcier dont les yeux gris brillaient d’un éclat railleur qui en faisait presque oublier l ‘immémoriale tristesse.


"Voilà une tirade plutôt osée, et bien hypocrite, pour une fille qui du jour au lendemain s’est murée dans le silence glacial d’une solitude évidemment névrosée."

Le rusé Serpentard avait parlé lentement, assénant ses mots, froids et tranchants, comme autant de coups de couteau. Il avait pris le temps de méditer sa réponse, d’y apporter un soin auquel, comme il le savait, son adversaire serait sensible. Par le passé elle avait apprécié leur joute verbale, il s’agissait alors d’un jeu; des lances à la pointe de fer acérée avaient désormais remplacé les vieux jouets de bois…
Elle l’avait attaqué, pour prix de sa prétention il lui ferait mordre la poussière.


"Je n’oserai taxer cette autarcique conduite de…suffisance ! Ce serait un peu infantile, non ?
Et tu conviendras, avec la rhétorique, que donner raison à une personne dont le discours a déjà montré qu’il croit déjà tout savoir, serait quelque peu dangereux…"


Narcisse se montrait d’un sang froid et d’une assurance à la limite de l’insolence, fruits acides de l’entraînement de duelliste rigoureux qu’il avait suivi, sous la tutelle de la Championne du Tournoi des Trois Sorciers, depuis son arrivée à Poudlard. Sa posture, presque nonchalante, ne trahissait pas le moindre signe de tension, il n’avait pas même la main dans sa poche gauche, qui abritait pourtant sa baguette d’ébène.
Un Serdaigle tout juste tombé du nid, alors qu’il achevait sa phrase, avait soudainement fait irruption dans l’arène, derrière la jeune fille: un simple regard, criminel, allié à la vue d’un digne représentant de Salazar, avait suffi à lui faire rebrousser chemin.
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MessageSujet: Re: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptyJeu 23 Oct - 22:19:21



    ۞


    Ce que la patience pouvait parfois venir à lui manquer. Elle voyait bien son sourire sarcastique, toute la suffisance que cet être pétri d’arrogance distribuait à la face du monde comme un don inestimable. Quelle abjecte impression rendait-il pourtant de lui-même par cette attitude initialement offensante mais qui prenait, par bien des travers, des allures de ridicule ! Tandis qu’elle s’afférait, Etiolona sentait toute sa bonne volonté s’effriter. L’insolent semblait goûter à une blague particulièrement vicieuse qu’il était le seul à pouvoir apprécier à sa juste valeur. La demoiselle s’étonnait d’éprouver tant d’agacement pour le blond, alors qu’elle pensait encore à sa reconnaissance il y a si peu de temps ; quelques secondes. Mais la vérité, c’était que l’orgueil bouffi et sali du jeune homme empiétait sur le sien, comme une ordure sur son chemin. Quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti en parlant au bel Anasar, même si elle avait toujours cherché à se confronter à lui. A ce moment-là, il n’y avait pas tant de mépris et de rancœur, comme c’était le cas aujourd’hui.

    Assurément, c’était bien de cela qu’il s’agissait, d’une rancœur proche de la haine – à cause d’espoirs bafoués. Et ce sentiment s’amplifia encore dans sa poitrine, qui peinait à le contenir, lorsque son opposant effectua une courbette ridiculement exagérer, dans un effet dramatique désastreux, en s’écartant de l’endroit où elle pouvait ranger son livre. Le regardant faire, elle haussa légèrement ses sourcils mais décida de ne pas commenter cet acte grotesque et puéril. Elle fit donc un pas de côté, occupant la place qu’il venait de quitter et rangea son livre dans sa place pré désignée. Elle pris un soin presque maniaque à le ranger d’une façon parfaite, sa tranche alignée en harmonie avec celle des autres, et cela au millimètre près, tandis que Narcisse déversait sur elle son habituel chapelet d’insultes. Les mêmes mots revenaient souvent … Il ne variait pas beaucoup, le pauvre.

    Néanmoins elle se surprit à sentir une pointe de tristesse tenter de percer sous son sentiment d’énervement généralisé. Le froid des paroles de Narcisses tentait de s’infiltrer par sa peau jusqu’à son cœur pour le mordre de son tranchant glacé. Elle refoula promptement ce sentiment pour se concentrer sur l’indignation qui résulta de ces venimeuses paroles. « Une solitude évidemment névrosée » … Celle-là, elle s’en souviendrait, c’était certain. Quel manque d’égard, quel paysan ! Et dire que certaines idiotes se pâmaient pour lui. C’était navrant. Elle trouvait cela d’autant plus déplacé que, de son point de vue, cette solitude avait été une conséquence bénéfique pour se rechercher. Pour apprendre, le monde et qui elle désirait devenir. La señorita pensa rapidement que lui n’était certainement pas du genre à se remettre en question comme la petite brune avait été capable de le faire ces derniers temps. Cette pensée la ragaillardit.

    Une fois le livre rangé, elle laissa glisser lentement sur la tranche usée son index, son majeur et son annuaire, pour apprécier la rugosité du matériau et profiter de cette ultime seconde de calme. Après, la petite gu-guerre sans intérêt reprendrait avec le jeune homme. Et, décidément, il n’y avait rien d’aussi ennuyeux et vide de sens pour Lona. Elle observa sa petite et fine main quitter l’ouvrage, l’étagère, la paix et se retourna vers Narcisse avec un calme nouveau, prête à subir la verve du jeune homme. Il parlait à nouveau et, pendant ce temps, Etiolona fixa son regard sur le visage du jeune homme. Il avait gagné en maturité, c’était certain.

    Aujourd’hui, ce n’était plus bon enfant. Mais, bizarrement, la tirade du jeune homme sonna aux oreilles d’Etiolona comme … Un reproche ? Ca y ressemblait et ce depuis le début. Délire personnel ? Sans doute. Toujours est-il qu’elle ne voyait pas pourquoi il ne s’était pas simplement en allé pour la laisser en paix. Elle ne demandait que ça : pouvoir penser à tête posée sur cette haine viscérale qu’elle éprouvait en le voyant et qui jouait à la girouette, un coup prête à le taper si fort que ses mâchoires se contractaient sous l’effet d’une puissante colère, et la fois d’après simplement une colère calme et désillusionnée : il ne fallait plus rien chercher de ce côté de la balance. Narcisse était un con, aussi élégant qu’insupportable, désormais.

    Le pire dans tout cela, c’était sans doute ce flegme insultant qu’il se bornait à afficher. Merci bien, mais si la vert et argent avait voulu parler à un parchemin, elle aurait fait la conversation à son livre, pas à cet ersatz d’être de chair et de sentiments, ce semblant de sorcier humain. La Serpentard était désolée de voir en ce compagnon d’autrefois un pâle copie de chaque membre de l’illustre maison désormais rendue absurde par tant de grandiloquence surfaite. Il se prenait pour un « super gars trop insensible, admirez ça comme je suis imperméable à tout » et cela fit de la peine à la demoiselle. Une sorte de pitié … Comme il lui avait semblé qu’il en ressentait pour elle, à l’ignorer comme il le faisait. Les rôles étaient équilibrés.

    Elle lui offrit un sourire simple, avec un naturel rehaussement des coins de ses lèvres. Ce travail des zygomatiques n’atteignit cependant pas ses yeux qui demeurèrent fixes dans ceux de son vis-à-vis. Elle était complètement blasée par ce jeu de fausses circonstances. Elle n’aurait jamais dû avoir ce sursaut stupide de nostalgie déplacée. Son sourire était le reflet, atténué et rendu moins beau, de ce qui l’animait autrefois lors d’un même évènement. Mais c’était fini, l’innocence semblait, malheureusement, avoir été balancée comme une malpropre au fil des jours chez l’un comme chez l’autre. C’était sans issue, cette conversation stérile ne mènerait à rien. La jeune femme avait son orgueil, et il semblait l’oublier ; à ce titre, elle ne se laisserait jamais ballottée par la sotte suffisance de son ancien ami.


    « S’il en est réellement ainsi et comme tu es au moins aussi borné que moi, c’est que nous n’avons rien à nous dire que nous ne sachions déjà. Et cette conversation, nous l’avons déjà eue. Or, je déteste particulièrement m’employer à faire quelque chose d’inutile et c’est ce qui s’annonce ici. Et si je ne dois pas m’y investir, autant ne même pas combattre pour en donner l’illusion, ce serait simplement si ridicule. »

    Et en prononçant ces mots, quelque chose fit douloureusement mal à Etiolona quand il se brisa dans sa poitrine. Son cœur ? Impensable. Elle rajouta dans un ton sarcastique et un sourire plus grand, qui découvrit ses dents blanches :


    « Tu n’as qu’à penser que je déclare forfait. Tu seras le seul à y croire, mais tu auras ce semblant de prétention, qui t’est si cher, pour toi en tant qu’acquis factice. Et puisque tu n’as besoin de rien d’autre … Cela devrait te suffire. »

    Se disant, elle jeta un dernier regard au blond et aux étagères alentours avant de faire demi-tour. Elle fit quelques pas. Tandis quelle avançait vers la fin de l'allée où Narcisse et elle étaient, plusieurs livres s'effondrèrent entre eux, provoquant un beau fatras de couvertures et de papier qui s'affaissa au sol dans divers bruits plus ou moins lourds. Un nombre s'élevant à une bonne trentaine de livres jonchait le sol. Dans le feu de l'action, Etiolona avait sorti sa baguette et elle hésita à l'utiliser en voyant un petit Serdaigle chétif s'enfuir en courant de la rangée de livres jouxtant celle où les deux Serpentards avaient tenu une brève discussion. Elle y renonça finalement en avisant sur ses joues quelques larmes : elle n'avait pas envie d'enfoncer quelqu'un qui ne lui avait rien fait, qui n'existerait même plus dans ses pensées le lendemain et dont le visage était condamné à disparaître de sa mémoire.

    Il ne fallut pas quelques secondes avant d'entendre une série de pas cadencés, précipités et courts s'approcher. L'Espagnole jeta un regard vers Narcisse. L'action s'était déroulée si vite qu'ils étaient toujours positionnés de part et d'autre du délit alors que le pourfendeur de la loi pressait le pas dans leur direction. La nanoseconde qui suivit fut courte, et Madame Pince fit sont entrée, les lèvres serrées à l'extrême et sa peau ridée qui tremblait d'indignation. Son épiderme ressemblait étrangement à celui des parchemins qu'elle gardait avec tant de diligence. C'en était même troublant. Elle descella ses lèvres et dit d'une voix haut perchée, agressive et qui ressemblait étrangement au crissement des ongles sur un tableau noir :


    « Petits Hooligans ! Vauriens ! Qu'avez-vous fait ? Tous les livres de potions avancées, malheureux, abîmés par votre irrespect. Rangez et classez ces livres comme il se doit avant que je ne me ravise, graines de voyous. J'aviserai à la fin si une punition est méritée ou non. Mais avant toute chose : vos baguettes, jeunes gens ! »

    Sur ce, elle tendit le bras d'une façon si théâtrale que la jeune fille ne put s'empêcher de repenser à la révérence de Narcisse. Etiolona jeta un regard vide sur la bibliothécaire. Tout mais pas ça ... A l'heure qu'il est, elle aurait déjà du se trouver en dehors de ce lieu de silence. Mais le pire dans tout cela était la mention comme quoi ils devaient lui livrer leurs baguettes. Si c'était une blague, elle était d'excessivement mauvais goût. Elle resserra instinctivement ses petits doigts sur le bois sombre de son 'âme magique' et attendit d'observer si le scélérat cèderait ou non et, pour une fois, elle le suivrait dans sa démarche ; il était hors de question de rester désarmée face à lui, ne serait-ce qu'une seconde.



    ۞


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MessageSujet: Re: Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV]   Un mythe drôle, si pas tant que ça [PV] EmptyMar 28 Oct - 17:07:11

L’orgueilleux Serpentard, abasourdi par une telle démonstration d’indigence, regarda d’un œil désabusé et presque triste Etiolona s’éloigner une seconde fois. Il n’arrivait pas à croire que sa camarade, qui par le passé s’était montrée farouchement fière et irréductible, pût abdiquer aussi promptement. La pâle image d’une adversaire s’effritait davantage à mesure qu’elle fuyait, drapée de la médiocrité, de la petitesse et du manque ironique d’ampleur de sa fruste défaite.
Un quelque chose encore indicible et indéchiffrable s’était brisé en son ancienne amie, lui ôtant ce savoureux soupçon de dignité qui en faisait autrefois le charme: elle avait changé.


*Changé…*

Elle disparaîtrait bientôt derrière l’étagère, le laisserait seul et déconcerté face à son énigme, il fallait réagir, il devait savoir. Plongeant sa main dans sa poche, il s’arma de sa baguette et, la pointant en vitesse sur les premiers livres qui s’offrirent à sa vue, chuchota un sortilège d’attraction élémentaire. L’équilibre précaire des ouvrages rompu, de même que le silence de la bibliothèque, une chute en entraîna une autre, puis une autre, si bien qu’une bonne vingtaine de grimoires s’était finalement déversée en une trébuchante avalanche sur le sol. Un amas confus et désordonné de grimoires, de taille et d’épaisseur diverses, jonchait épars le champ de bataille jusqu’alors vierge qui séparait le jeune sorcier de la fade Palicio.
Satisfait, il s’empressa de faire disparaître l’arme du crime dans son écrin d’étoffe et composa les traits de son visage en un masque de circonstance, feignant la surprise, puis une froide colère alors qu’il dardait un regard torve en direction de l’innocent Serdaigle qui s‘éclipsait. Il reporta ensuite ses yeux gris et malicieusement rieurs sur sa proie, attachant un instant sa vue sur la baguette de celle-ci, avant de détailler chaque expression qui se peignait sur sa figure alors que les pas de la bibliothécaire, de plus en plus audibles, faisaient inexorablement se refermer son piège…


*Tu ne t’échapperas pas, Palicio…*

Madame Pince venait de surgir dans son dos, il devinait au bruit sec dans lequel elle avait brusquement interrompu sa marche que l’horrifique vision de la profanation dont était victime son temple chéri l‘avait profondément heurtée. Les lèvres du désinvolte adolescent s’étirèrent en un sourire amusé alors que la vieille femme, investie d’une démesure à la hauteur des plus grands tragiques, les condamnait sans même leur intenter un procès. Certes, il était coupable du crime sacrilège dont on l’accusait; mais il demeurait le seul à le savoir et la sentence s’avérait profondément injuste pour l’innocente Etiolona…
Proche du rire, il se retourna pour faire face à l’inquisitrice, son sourire s’effaçant instantanément tandis qu’elle demandait à réquisitionner leurs baguettes, une restriction somme toute mineure. Loin d’adopter la réticence craintive de sa camarade, il s’exécuta de bonne grâce et tendit son arme d’ébène avec un sourire navré, poussant l’hypocrisie à son comble en répondant d’un ton grave à la bibliothécaire.


"Veuillez nous excuser Madame, ma camarade a sûrement dû trébucher. Elle manque de force ces derniers temps, nous devions passer à l’infirmerie plus tard…"

Le charme de Narcisse opérant, à moins que la vision de la jeune fille n‘appelât à l‘indulgence, le visage ridé de la vieille femme se fit un peu plus doux. Elle fut définitivement plus aimable lorsqu’elle récupéra, sans le moindre heurt ou éclat de voix, la seconde baguette des Verts et Argents.

"Bien… Je suppose qu’il n’y a pas lieu d’aller plus loin. Faites attention à l’ordre alphabétique, je vérifierai votre travail avant que vous partiez."

Le fourbe anglais adressa, d’une sincérité bien trompeuse, un sourire plein de reconnaissance à Madame Pince puis se concentra sur sa proie. Elle semblait tout aussi énervée qu’il était ravi, un vrai succès ! D’un sourire qui mettait en évidence toute l’ironie du sort dont elle était l’aveugle victime, il lui chuchota quelques mots avant de se diriger vers le fatras de livres qui les attendait.

"Tu crois à la fatalité, Eti ?"

Il avait volontairement employé et détaché ce surnom affectueux, entendu dans la bouche de quelques filles jadis proches d'Etiolona, afin d'en mesurer l'effet qu'il provoquerait venant, par pur jeu, voire cruauté, de sa part. Un livre de faible épaisseur en main, il jeta un coup d'oeil taquin vers sa camarade.
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