Il faut savoir se faire mousser [Eve]

L'été, c'est bien. L'été, il y a du soleil. L'été on peut partir en vacances. L'été, on a pas cours. Mais l'été, on a pas le droit d'utiliser la magie. Y'a des directeurs d'école assassinés selon les dires de Harry Potter. Y'a des papas fous à surveiller toutes les semaines. Mais heureusement, il y a les weekends. En bref, cet été était aussi pourrit qu'une année scolaire classique. Oui, parce que pendant l'année scolaire il arrivait toujours des trucs horribles (un coup un assassin qui s'échappait d'Azkaban, l'année suivante un mort, la rentrée d'après Ombrage au pouvoir, pour en arriver à un autre mort cette année qui portait le nom de Dumbledore). Et pendant l'année scolaire, Jaina n'avait aussi que les weekends de libres. Et pour en rajouter une couche, avoir un parrain devenu invisible à cause d'une mystérieuse mission, un père fou cloitré dans la cave et une mère moldue qui travaille toute la semaine signifiait « pas de vacances en famille ».
Mais Jaina s'était habituée à cette sorte de solitude, au moins elle n'avait pas la garde de son petit frère en plus de celle de son père, et puis son parrain lui avait envoyé de quoi divertir ses vacances: le manuel permettant de devenir animagus. Le problème, c'est que l'élaboration de la potion prenait un mois: un mois à rien faire à part du jardinage, du dégnomage et du Game Boy. Parce que c'est bien connu, à la télévision pendant les vacances, il n'y a que des navets. Et à force de jouer de la guitare, la lionne pouvait défier Hendrix... Lorsqu'elle n'aurait plus mal au bout des doigts.

Bref, après un résumé des choses pas drôles, venons-en à ce fameux weekend où sa mère gardait son père et où la Gryffondor pouvait s'offrir quelques vacances. Ironique, non? Vu qu'elle était seule et qu'elle n'avait que deux jours, elle partait se promener aux quatre coins du Royaume-Uni, comme la semaine dernière où elle était encore retourné à Cardiff, sa ville préférée. Cette fois, il était temps de changer, encore fallait-il se décider sur un choix. Et notre globe-trotteuse favorite avait eu la fantastique idée de visiter l'une des villes sorcières les plus célèbres du pays: Godric's Hollow. En plus, ça n'avait rien à voir, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à Harry qu'elle n'avait plus revu depuis qu'ils s'étaient embrassés. Cela voulait dire qu'il s'agissait d'un flirt, rien de plus, bien que la lionne soit amoureuse. Et c'était ignoble de penser ça, mais peut-être que voir la maison où il avait faillit mourir étant gamin l'aiderait à l'oublier. On ne sait jamais. Puis il y avait peut-être des commerces intéressants dans cette ville, du genre farces et attrapes ou apothicaire en possession d'articles douteux mais intéressants pour les potions non moins douteuses que concoctait Jaina.

Le samedi venu, après avoir déjeuné, la lionne s'était chargé d'un sac à dos vide et muni de sa baguette: même si elle n'avait pas le droit de l'utiliser, il était risqué de ne pas l'avoir sur soi par les temps qui couraient. Elle avait utilisé la cheminée du salon qui l'avait fait atterrir dans celle qui se situait dans le hall de la mairie de Godric's Hollow. Il y avait quelques sorciers de ci de là, également des touristes, dont un sorcier japonais à la tenue plus qu'extravagante: en plus il mitraillait le moindre ornement avec son vieil appareil photo magique. Fort heureusement, il n'avait pas vu Jaina dont l'excentricité des vêtements pouvait rivaliser avec l'asiatique. En effet, elle portait sur elle trois marcels (jaune, rouge et noir) entassés pour qu'ils ne laissent rien voir: chacun était troué, déchiré, brulé, recousu, gribouillé et parsemé de petits objets métalliques en différents endroits. La première couche -le marcel jaune- était d'ailleurs dotée d'un superbe gribouillage dans le dos dont seuls deux mots étaient visibles: « Gryffondor Power! ». Elle portait également un jean déchiré en moult points, les dégâts les plus importants se situant aux genoux et sous les fesses, destruction qu'elle expliquait par le fait qu'en été, il faille s'aérer. Ses pieds ne s'étaient pas séparés de leurs fidèles rangers et à travers les trous du jean il était possible d'entrevoir une paire de chaussettes rayées orange et noir remontant jusqu'en dessous de ses genoux. Oui, la destruction vestimentaire faisait partie des habitudes de la lionne, ce qui faisait toute la différence avec le touriste japonais dont les vêtements étaient en parfait état, juste complètement loufoques.

Après cette observation fort perspicace, Jaina quitta en vitesse la mairie avant que le fou de l'appareil photo ne s'empare de son image comme celle de l'authentique indigène. Bientôt, elle arriva face à une fontaine, sur une place isolée (bien sûr, Jaina ne prenait jamais les rues principales qui menaient aux endroits touristiques). Il ne semblait y avoir personne d'autre dans le coin, aussi une idée germa-t-elle à toute allure comme cela était souvent le cas lorsque la lionne désirait faire une blague. Elle s'était déjà assez attaqué à Poudlard, il fallait désormais que d'autres lieux magiques portent ses stigmates. Alors elle retourna dans la rue d'où elle venait, ayant vu une artère commerçante. Elle savait ce qu'elle voulait et se dirigea vers une petite boutique où elle acheta... De la Magilessive Ultramousse: propreté assurée . Puis, sous les regards dénués de suspicion des passants, elle retourna en direction de la fontaine. Entre temps, un vieux sorcier était venu s'installer sur un banc: par chance, il s'était endormi.

Jaina ouvrit donc le pot de lessive et, tout en en faisant le tour, la versa dans la fontaine. Y jetant aussi la preuve que constituait l'emballage et qui fut bientôt recouverte par une mousse épaisse et abondante... Tellement abondante qu'elle commençait à -beaucoup trop- déborder tout autour de la fontaine. Il n'y avait qu'elle et le vieux sur la place: si quelqu'un voyait ça, elle serait accusée. Alors notre lionne facétieuse prit ses jambes à son cou et tenta de quitter la place lorsqu'elle percuta un obstacle de plein fouet. Une personne. Et c'est dans ce genre de situation qu'elle avait soudainement toutes les bonnes raisons pour vouloir devenir animagus.