Travailler, la devise des Bleus et Bronze[Pv Rena] PArt II

Il eut le détournement du regard, comme pour ne pas affronter la réalité des choses. Sans doute pour la première fois, le fait de mentir avait procuré une étrange sensation en Qare. Certes, cela l’amusait en quelque sorte de cacher sa réelle identité, pour mieux induire l’inconnu en erreur, il était nécessaire de se montrer à son tour inconnu aux yeux de tous. Mais étrangement, et pour la première fois, des discussions portaient sur le Serdaigle, qui par habitude, n’était jamais le centre des discussions aussi bien des filles que des garçons. Etait-ce là, la face concrète de ce qu’on appelait avoir une langue de vipère. Mais agir ainsi à l’égard du jeune garçon n’était-il pas acte de pléonasme ? Dire du mal sur celui qui portait le mal au sein de lui, une posture assez ambiguë, qui n’avait sans doute pas pour but de bonifier ce dernier. Alors que lors la jeune fille poursuivait son écharpe en courant d’une manière assez gracieuse pour sa personne, ses cheveux après l’écharpe virevoltèrent au passage du vent, lui donnant presque un air naturel et intéressant. Mais Qare lui n’aimait pas, n’aimait rien, et ne pensait pas à aimer. Penser à quelque chose qui blesse et qui fait perdre du temps n’était aucunement utile. Il savait au font de lui qu’après avoir terminé ce qu’il s’était fixé comme objectif, c'est-à-dire terminer le plus brillement ses études, il n’aurait plus qu’à sombrer dans l’oubli le plus profond. Là où il avait survécu parce que l’esprit enfantin de certain l’avait maintenu au bord du précipice, se serait au font de ce dernier qu’il finirait lorsqu’il serait en âge de regarder le reste du monde du haut de son grand âge.

Alors que Rena était toujours à ses côtés, lui ayant jeté un regard discret vers ce dernier voulant dire simplement que celui qui était sujet aux discussions devait être bien pénible, Qare baissa un instant la tête, la tournant vers la gauche puis que sa compagnon était sur sa droite, ses cheveux tombant presque plus bas que d’habitude. La question de savoir s’il avait bien fait de mentir le tritura un court moment, le forçant à se mordre profondément les lèvres jusqu’au point de les meurtrir, bien que le sang ne coula pas. S’il ne se contrôlait pas un peu plus, il risquerait de dire des choses bien malheureuses. Voyant qu’ils arrivaient enfin au portail, Qare eut le réflexe d’ajuster son écharpe autour de son cou frêle, alors qu’il sortit un bonnet de laine noir, qui montré quelques petits trous, c’était le style. Ajouter à cela de magnifiques gants de cuir noirs, assorti à la tenue de la même couleur, c'est-à-dire, un pantalon un peu large et un manteau s’arrêtant juste à ses hanches, avec une capuche à la fourrure grise sur le dessus. Le bonnet laissait dépassé ses longs cheveux, alors que l’écharpe remontait jusqu’à la limite de sa bouche. Déjà le nuage blanc créé par la respiration se montait, alors qu’ils étaient à peine sur le bas du portail. Près pour affronter le froid, Qare tourna d’un quart de tour le haut de son corps comme pour montrer qu’il attendait Rena et lui répondit sans que l’occasion ne se présente vraiment :

« Je le connais…Peut être l’a tu déjà rencontré, je crois qu’il est à Serdaigle… »

Et tout en se tournant de nouveau, il avança vers les premières marches, s’asseyant un instant, attendant que la jeune demoiselle ne le rejoignent, le temps pour elle qu’elle se couvre convenablement pour ainsi éviter de la ramener en pleur et fiévreuse comme une souillonne à l’infirmerie. De ce point de vu, Qare commençait à changer lentement, plus il se joignait aux humains, plus ils les comprenaient, et plus il se permettait des libertés, sans les dépasser. Allait-il encore dévoiler une nouvelle face de sa personnalité complexe ? Rena aller le découvrir ou pas.

Les deux jeunes personnes descendaient les marches de l'escalier en silence. Certes, Rena faisait ce qu'elle pouvait pour relancer une conversation qu'ils entamaient mais qui aboutissait toujours à un calme absolu. La brunette n'eut point de soupçons de nouveau, restant juste exitée à l'idée de se retrouver dehors comme une fillette qu'elle était. La compagnie de celui qu'elle appelait toujours Neil quoique étrange lui suffisait bien. En effet, elle préférait largement cela à passer son temps clouée sur une chaise basse à relire des notes se prolongeant sur une demi douzaine de parchemins. L'air froid fouettant son visage aux joues roses avides de chaleur lui manquait... Elle n'avait pas volé sur son nimbus 2001 depuis un bon moment faute de temps. Être une première année ne signifiait pas la détente complète comme croyaient certains. Il fallait travailler pour cueillir les résultats et c'est ce qu'elle faisait à présent pour atteindre sa deuxième année. D'autres ne comprendraient certainement pas cela, assurant avec mépris que l'année scolaire était toujours tout aussi suffisante pour rattraper les notes perdues. Mais un Serdaigle ne pense guère comme tel. Il lui faut suer à grosses gouttes et lire jusqu'en avoir plus que assez pour enfin dire qu'il a vraiment travaillé... Certes, Rena était moyenne en classe mais elle restait tout de même une Bleue et Bronze.

Les deux enfants arrivèrent au hall d'entrée. La petite brunette pensait toujours à ces deux pipelettes qui s'amusaient à parler de telle ou telle personne. Elle devait surement comploter les ragots sur de pauvres gens afin de lancer d'horribles rumeurs sur eux. En se demandant qui devait bien être ce Qare, elle continuait à mépriser de telles actions... Neil ne semblait pas bien affecter par cela, d'après son expression impassible. La fillette haussa légèrement les épaules et continua son chemin à ses côtés, d'autant plus que cela ne la touchait guère ; ce n'était réellement pas ses affaires.

Quand la fillette grondait intérieurement son écharpe qui s'était enfuie à cause du vent. Un caprice d'écharpe, apparemment, qui avait tant envie de sortir aussi. L'air de Poudlard commençait à lui paraître étouffant. Il lui semblait que la beauté de ce lieu mystérieux s'atténuait. La routine avait fait place ; Rena commençait à regretter l'été... Les vacances et peut-être la mer. Neil à quelques pas devant elle, commençait déjà à se préparer avant de défier l'atmosphère glaciale. La Bleue et Bronze pensa alors à faire pareil. Elle s'arrêta un instant pour enrouler son écharpe autour de son cou et l'ajuster pour éviter d'avoir froid puis elle boutonna son manteau noir jusqu'au cou avant de sortir ses gants bleus de sa poche. Rena enfila la paire mais ne mit rien pour couvrir sa tête ; elle n'aimait pas trop les bonnets. Surtout que les seuls qu'elle avait lui serrait drôlement la tête qu'elle préférait s'en passer. La fillette jeta un coup d'œil à son camarade qui était assis sur les marches de l'escalier, en train de l'attendre. Enfin, elle croyait. Ce garçon était tellement imprévisible ; elle ne serait pas surprise s'il la laissait seule durant leur escale au lac, disparaissant mystérieusement. Mais qu'importe, elle avait envie de s'amuser même avec pour seule compagnie ce garçon aux allures et réflexions des plus étranges. La voix non différente d'elle de ce jeune Neil s'éleva pour répondre à une question qu'elle n'a pas vraiment posé. Elle répondit d'un ton rêveur, plongée dans ses pensées :

- Qare... Joli prénom, mais je ne le connais pas. Ça doit être un grand. Bon, tu viens ?

Elle avait dit cela en sautant les marches quatre à quatre, très impatiente d'arriver à destination. Pour elle, un grand était en quatrième année ou plus car ils ne partageaient pas les mêmes cours que le premier groupe constitué d'élèves plus jeunes. Elle n'avait donc pas la chance de côtoyer "les grands" comme elle disait bien. Il n'y avait donc aucune chance pour elle pour connaître ce jeune Qare, d'autant plus qu'elle n'y pensait plus vraiment maintenant, se contentant de prédire les mille aventures qu'ils auraient au bord du lac gelé.