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 Mémoire de Cerf-Volant (hors hp) [Complète]
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  • Harry Potter 4
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MessageSujet: Mémoire de Cerf-Volant (hors hp) [Complète]   Mémoire de Cerf-Volant (hors hp) [Complète] EmptyDim 29 Juin - 15:11:25

*Titre de la nouvelle: Mémoire de Cerf-Volant

*Présentation de l'histoire:
Deux gamins pendant la guerre s'en vont tous les dimanches cueillir des mûres pour calmer leur faim et jouer...A la guerre justement : ils sont soldats combattant les Nazis ajoncs et ronces pour atteindre les provisions laissés par les alliés. Un jour; il découvrent une fillette blessée au genou et la robe déchirée...Elle pleure tout en désignant un joli cerf-volant rouge accroché dans un "champs" d'ajoncs aux épines ardentes. Il faut sauver le cerf-volant résistant, prisonnier des nazis !

*Genre: Aventure/Poésie/Philosophique

*Nombre de chapitres:
Il n'y a pas vraiment de chapitres en fait

*Complet:
Oui

*Commentaires:
>>Cliquez-là<<

Mémoire de Cerf-Volant


J'ai trouvé, perdu dans la lande
Accroché aux épines des ajoncs,
Emmuré par les grands troncs,
Un joli cerf-volant rouge qui tremble.


Le renard roux filait moins vite que nos vélos rouges à travers la lande. Ni les éclats de voix du vent, ni les chagrins du temps n’empêchaient notre promenade du dimanche après la messe. Amusées, amusantes… les odeurs d’herbe fraîche ondoyaient autour de nos roues grinçantes ; se prenant dans les rayons rouillés mais vaillants de nos destriers. Nos courses finissaient toujours au pied du grand pommier ; devant l’étendue d’ajoncs, le souffle court nous laissions encore galoper notre imagination. Bientôt les paniers se rempliraient à nouveau de pain. Bientôt nous mangerions. En attendant nous laissions soin au pommier de veiller nos vélos, ces derniers faisant sonner leur clochette en signe de réprimande pour cet abandon brutal. Les ajoncs rougissaient nos jambes de filets de sang légers et nos yeux de larmes de douleur contenue. Notre costume noir se déchirait en gémissant ; comme pour nous supplier d’arrêter notre avancée mais nous avions trop de courage. Nous n’étions plus des enfants mais des résistants. Les ajoncs devenaient cette armée de nazis au bracelet rouge bordé d’une croix noire. Le but à atteindre était le centre de ravitaillement secret ; autrement dit un buisson de ronces que les mûres rendaient bien plus sympathiques. Le but atteint, nos sourires effaçaient les plaies de nos jambes que la guerre avait rendues maigrelettes. Nos mains, sans se soucier des écorchures saisissaient les fruits que nos dents mâchaient avec avidité. Un ruisselet rougeâtre s’échappait de nos lèvres et habillait notre menton de sang de mûre.

Et puis, il y a eu ce jour en particulier, tu sais…Ce jour là en 1943. Nous avions déposé nos vélos au pied de notre arbre préféré. Leurs corps de métal fragile tombèrent dans les fougères comme toujours, mais ils sonnèrent bruyamment comme les percussions de l’orchestre de l’Eglise. Nous les avons soulevés en les soutenants comme un soldat inquiet passerait le bras sous l’aisselle de son compagnon blessé. Sous leur peinture rouge écaillée, les fougères laissèrent entrevoir une autre teinte écarlate, plus prononcée, plus neuve . Attrapant le morceau de métal je l’extrayais tout entier pour découvrir une petite bicyclette. Nos visages s’étaient mutuellement exprimés, à leur façon, une stupeur infinie. Un autre résistant avait trouvé notre cache, ou peut-être un soldat ennemi qui sait ? Je suis sûr que tu te souviens de nos échines ployées et de nos regards furtifs ; nous avions l’air de deux renards roux poursuivant un lapin. Les ajoncs nous firent subir les affres habituelles mais nous n’en tenions pas compte. Prêt de nos ronces notre cœur s’était mis à déclamer sa peur sur le son d’un tam-tam rapide. Poussant les feuilles de chèvrefeuille nous avions notre regard sur un petit ruisseau qui filait vivement. L’eau d’habitude transparente était légèrement rougie de reflets irréguliers mais inquiétants. Nous imaginions déjà un ami blessé qui demandait de l’aide, ou un ennemi terré qui suppliait qu’on ne l’achève pas.

Nous sommes alors remontés le long du ruisselet. Une jambe fine et un genou ensanglanté nous accueillant. Mais ce n’était pas un soldat et encore moins un lapin, pas plus que nous n’étions résistants ou renards; c’était une fillette. Ses yeux bruns nous renvoyèrent notre surprise ; des larmes collant encore ses cils ; elle avait posé ses mains sur son genou que le sang avait rougit ; ramenant contre elle sa robe couleur cerise toute froissée et déchirée, elle demeura un instant sans parler ; remuant sa tête de droite à gauche. Je me suis rapproché tandis que la méfiance te soufflais de rester à l’écart. Moi, je la trouvais trop fragile pour nous faire du mal. Son doigt ensanglanté se leva en tremblant ; désignant l’étendue d’ajoncs. Accroché aux épines, ou plutôt aux mains griffues des Allemands, appuyé contre le tronc d’un arbre ; luttant de toutes ses forces, tel le plus digne des résistants…Un cerf-volant rouge.




Le souffle rouge, tissu ensanglanté;
Appuyé sur le flanc de l'églantier
Je le vois frissonner, dernière lutte...
Combattant qui refuse la chute.



D’un commun accord nous décidions de sauver cette fillette ; dans notre jeu, elle devint une femme éplorée dont le mari était prisonnier. Je plongeais parmi les ajoncs. Ce n’était pas comme les autres dimanches où nous longions seulement la première ligne ; là il fallait plonger au cœur des troupes nazies–Tous les allemands n’étaient pas des monstres, papa, était un allemand adorable–. Effrayé je m’encourageais à me rappeler quelques mots de cette langue si on m’interrogeait. Mais au fond, que ce soit en français ou autre les paroles ne s’échapperaient pas de mes lèvres que la crainte avait cousues. Le corps rouge du « mari » était mon seul point de repère parmi l’ocre entêtant des ajoncs. Mes yeux ne voyaient plus très bien, encombrés de larmes creusant des sillons sur mes joues. On aurait dit des soldats dans leurs tranchées qui avançaient prudemment pour lancer une offensive ; gagnant la colline où elles se terraient un instant pour continuer d’avancer et gagner la plaine de mes lèvres. J’étais comme mes larmes. Après avoir quitté l’abri du grand pommier je ne pouvais plus que descendre dans l’étendue d’ajoncs en pente ; je ne pouvais plus reculer ; il me faudrait aller jusqu’au bout pour récupérer le cerf-volant, en espérant ne pas mourir sur le sol, couché sur la terre battue comme une larme. A ce moment j’aurais aimé cesser notre jeu qui devenait plus effrayant que la réalité, mais mon esprit était bloqué dedans. Je ne pouvais plus me rappeler que les ajoncs étaient ajoncs et que le cerf-volant rouge n’était plus le corps ensanglanté d’un allié. Bientôt mes jambes me chatouillèrent et me brûlèrent en même temps ; les ajoncs faisaient leur travail, rongeant le costume noir du dimanche et ma résistance. Heureusement la couleur vive de la victime me faisait si mal à la tête que j’en oubliais mes pieds. Je devais continuer…

Sur ses os de bois je referme mes doigts
Nettoyer ses plaies dans le petit ruisselet.
Mais, sous le regard du menu roitelet…
Cerf-volant tremble encore, a-t-il froid ?


J’avais enveloppé le fragile être de bois dans ma veste. Mais le vent lui arrachait encore des gémissements et tremblements. Le voyage du retour fut pénible mais j’avais une raison de marcher plus vite et d’oublier mes douleurs, je tenais le « mari » blessé dans mes bras et je ne voulais pas le laisser mourir. Sa peau rouge s’était déchirée en lambeau et je songeais à sa souffrance. Finalement, mes jambes dansant étrangement, sautillant pour éviter le plus d’épines possibles acceptèrent de me porter jusqu’à la fillette–la veuve éplorée me rappelait mon esprit prit par son jeu–Avec précautions je me baissais et m’asseyais prêt du ruisselet redevenu transparent. Je te félicitais aussi d’avoir eu l’idée de déchirer un morceau de jupe pour faire un bandage au genou de la petite. Elle avait dû se le faire en tentant d’aller chercher son compagnon dans les ajoncs…Mais une femme n’était pas assez forte pour se battre contre les nazis ! Bien que je fus obligé de reconnaître son courage. Les manches retroussées je lavais le cerf-volant blessé qui gémissait toujours. Ne voulant pas voir la « femme » éplorée devenir veuve nous avons couru jusqu’à notre pommier ; toi tu courais vivement devant, rapide comme toujours. Tu étais toujours le premier aux courses à pied à l’école. Je t’avais donc confié notre petite presque-veuve muette. Elle boitait encore un peu mais entraîné par tes bonds elle ne te ralentissait presque pas. La peur lui donnait des ailes semblait-il. Arrivé près de nos vélos rouges nous nous apprêtions à partir en trombe mais elle n’en pouvait plus. Alors j’ai pris le mien ; Posant mon blessé dans le panier j’ai décroché les quelques feuilles de fougères restées coincées sur le guidon. Et sous le chant d’un rouge-gorge juché dans notre ami le pommier, je dévalais la pente pour me retrouver sur le petit chemin de terre cabossé. Je savais où aller.




Rien n'est perdu, je cours, tombe, me relève
Je vais l'envelopper dans une feuille de vigne
Sur mon vieux vélo rouge, je courbe l'échine
Que la souffrance et la douleur ne l’achèvent...



Le chemin grossièrement dessiné faisait sauter mon vélo comme un étrange lapin rouge. Désormais j’étais devenu proie et le temps, ce fameux renard roux courant après moi. Plusieurs fois je sentis mes pieds déraper et une chute s’ensuivait inexorablement, tâchant la terre de mon sang. Mais je me relevais toujours; c’était comme si sauver ce cerf-volant permettrait au monde de gagner la guerre. Son corps déchiré était vêtu des blessures de tout un pays. Mon pays ! Les ailes de la France posées dans mon panier je continuais sur cette route de campagne bordée de coquelicots d’été. Mes lèvres sèches réclamaient de l’eau, mais j’étais un soldat, je ne pouvais ni boire, ni perdre mon temps à panser les plaies de mes jambes ensanglantées. Mes mains me conduisaient vers le meilleur médecin qui soit. Je me méfiais des branches de cerisier toisant la route avec insolence mais ma petite taille me permettait de leur échapper, de me faufiler. Mon destrier épuisé faisait teinter sa sonnette mais je ne l’écoutais pas ; continuant de maculer ses flancs rouges d’une poussière terreuse. Plus vite, toujours plus vite. Bientôt, enfin, la maison du vieux brocanteur apparue. Je laissais glisser mon vélo à terre, une pensée pour toi et la fillette muette me vint à l’esprit tandis que j’enveloppais le trésor dans mes bras. Je savais que si je ne le sauvais pas la fillette presque veuve ne parlerait plus jamais…

Les cerisiers m’ont mené jusque chez lui.
Je ne crains pas sa peau blanche qui éblouit
Ni sa pipe en bois d’ébène aux braises hardies
Ce grand-père bourru, que l'enfance adoucit


Maman nous disait de ne pas approcher cet homme. C’est vrai qu’il est plutôt étrange avec ses yeux rouges et sa peau si pâle ; presque aussi transparente que l’eau de notre ruisselet près du pommier. On l’appelait l’albinos. Mais c’était aussi un brocanteur réputé pour ses très beaux objets. Forcément, à force d’être seul il devait s’ennuyer le pauvre. Je soupirais un peu, je savais qu’en entrant dans cette cabane je ne risquais plus rien. Maman ne me gronderait pas, pas plus que nos vêtements déchirés à tous deux ; maman était partie avec papa–même s’il était allemand ; les nazis l’avaient traité de résistant…Ce qu’il était–dans un train noir. Puis on avait été à l’orphelinat, la maison des enfants abandonnés. Moi je n’avais jamais ressenti ça; je savais que nos parents étaient partis sans le vouloir, or un abandon est un crime horrible où le mot partir est désiré. Les larmes de nos parents, ainsi que leurs bras se tendant vers nous disaient tout le contraire. Chassant ces souvenirs de ma tête je m’approchais encore un peu plus. Les gravillons bordant la cabane solitaire crissèrent sous mes pas ; ameutant deux chiens pelés. Tous deux étaient d’un blanc de neige au regard de feu. Mais ces yeux là étaient doux et accueillants, joueurs même malgré la vieillesse qui faisaient vaciller leur flamme. Leur queue remuait si vite et avec tant d’entrain que leur bassin suivait le mouvement, un aboiement rauque et fatigué mais au fond joyeux teintait les alentours d’un écho vivant. C’est ce qui attira le vieux brocanteur. Tout semblait âgé ici et mes jambes bien que jeunes aussi semblaient l’être ; elles tremblaient de partout. De peur et de douleur ; rougies par le sang d’un combat que j’avais mené, des ajoncs à cette course sur mon vélo. L’homme me regardait, plongeant le rouge de ses prunelles étranges—le même que ses chiens— dans le bleu des miennes, puis un sourire édenté se posa sur ses lèvres fines à la vue du cerf-volant couleur cerise. Il me fit signe d’entrer sans un mot. Pour lui, pour ce cerf-volant abîmé, ce « mari » blessé à la guerre et cette fillette que j’avais improvisé femme éplorée, pour rendre notre maman disparue plus présente, en bravant ses interdits ; je rentrais.


Il lui rappellera les yeux de Joséphine
Le brocanteur m’a parlé de leur cerf-volant.
Emporté par la brise forte du printemps,
Déchu par la brutalité des épines.


Quelques jours de repos et l'on enlèvera l’attelle
Une fillette est venue le demander; en émois.
Entre deux sanglots. Elle m'a dit s'appeler Christelle
Pour son âge, tout comme moi, elle utilise dix doigts.



Je ne suis pas rentré à l’orphelinat. Dans sa voiturette le vieil homme m’a ramené près du ruisselet ou tu m’attendais avec la petite. Il l’a reconduit chez elle. La fillette était toujours silencieuse, tandis qu’il parlait à sa grand-mère–sa maman était en visite chez sa sœur malade–pour lui dire où il habitait ; pour récupérer le cerf-volant fit sa grosse voix râpeuse. Toi tu avais peur de sa voiture rouge, tu disais que c’était un monstre. J’ai dû te rassurer, tu t’en souviens ? Je t’avais répondu « C’est un gentil monstre », alors tu étais monté. Jamais nous ne sommes retourné à l’orphelinat, parce que c’est vrai, nous n’étions pas des enfants abandonnés. Pendant plusieurs jours nous sommes restés à jouer avec les chiens ; nos pas crissant sur les gravillons. Puis, une voiturette pareille à celle du brocanteur arriva. La grand-mère de la petite descendit en souriant. Je courrais chercher le convalescent. Sa robe rouge recousue flamboyait et comme je l’avais prédit elle reparla. Le vieil homme amena la mamie de Christelle à l’intérieur boire une tasse de thé. Maintenant que je connaissais son prénom, je ne voulais plus l’identifier à une femme éplorée dont le mari était blessé au combat. Elle était bien en enfant aussi, et lui en cerf-volant rouge. Ce n’était pas très drôle de jouer à la guerre ; je crois qu’être moi était plus amusant et moins effrayant qu’un soldat.


Quand elle a su que j'avais traversé les épines...
Christelle m' a embrassé, en disant qu'elle m'aimait
Le grand père n'est plus bourru, la mamie le connaît
Comment s'appelle-t-elle déjà ? Ah oui...Joséphine.



J’étais un héros. Et comme disait Joséphine, la grand-mère de Christelle ; Nul besoin de faire couler le sang de l’ennemi pour l’être. J’avais empêché les larmes de sa petite fille de ruisseler sur ses joues, c’était le plus grand des exploits. Je crois qu’elle avait raison Jean. Oui vraiment. Aujourd’hui, rendu à l’âge du brocanteur –qui a vécu avec Joséphine, son amie perdue pendant la guerre–je peux m’en aller serein. Un sourire se peint sur mes lèvres écarlates. Je le sens étirer mon visage. Je peux partir heureux en repensant au baiser de Christelle sur ma joue. Je me rappelle que tu te moquais de moi car j’en étais rouge de confusion. Aujourd’hui encore, juste avant de m’en aller …J’en rougis.

Calli Kayan

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