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 La faute à qui ? (nouvelle hors HP)
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  • William J. Craig
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    William J. Craig
MessageSujet: La faute à qui ? (nouvelle hors HP)   La faute à qui ? (nouvelle hors HP) EmptyDim 29 Juin - 13:07:58

*Titre : La faute à qui ?
*Présentation de l'histoire(3 lignes max, pour donner envie de vous lire...)
Il s'agit d'un monologue un peu sombre, que j'ai écrit il y a quelques années et qui s'accorde bien avec mon moral de l'époque...
/!\Cette nouvelle n'a aucun rapport avec l'univers Harry Potter !

*Complet :
Oui



La faute à qui ?




Combien de temps ils m’ont tenu enfermé ? Je l’ignore. Je ne sais combien de mois, d’années peut-être j’ai passés seul, sans envisager face humaine, pourtant je jurerais que ça a duré longtemps. Je le sens à ma démarche alourdie, je le sens à ma voix devenue plus rauque, je le sens à la pointe dans mon dos lorsque je me baisse pour toucher mes pieds. D’ailleurs je ne sais pas pourquoi je veux toucher mes pieds. Je n’ai pas de souliers, donc pas de lacets à faire. Je les touche parfois, mes pieds, peut-être uniquement pour m’assurer qu’ils sont toujours là et que je ne suis pas définitivement vieux et cassé. Le jour où je ne pourrai plus me redresser, ce sera mauvais signe, non ? Et puis c’est à peu près la seule chose que je suis libre de faire ou pas. Je ne suis pas libre de dormir, il y en a toujours un pour venir jouer du clairon. De ce clairon je ne peux même pas déduire si c’est le matin ou le soir, car il sonne souvent dans la journée, à intervalles réguliers, comme il me semble. Au début, je savais à peu près quelle heure il pouvait être. J’avais faim à midi, sommeil à onze heures ; autant de souvenirs du temps où j’avais une vie réglée. Maintenant, je ne sais plus. J’ai oublié à quel rythme le jour succède à la nuit… Comment ? Je ne vous l’ai pas dit ? Bien sûr, j’ai une fenêtre, mais elle est barrée de volets de plomb que je n’ai pas le pouvoir d’ouvrir. Et dans la pièce, je ne sais pas si elle mérite le nom de chambre, enfin chez moi… il n’y a pas de lumière. Je me suis habitué à l’obscurité, je distingue vaguement ma paillasse dans un coin, mes latrines dans l’autre. Mais on n’est jamais à l’abri d’une erreur, n’est-ce pas ? C’est pour ça que je disais que ça ne mérite pas le nom de chambre, ce serait plutôt une tanière, ou une bauge. Mais on s’habitue. On s’habitue à tout. De toute façon, j’ai presque oublié qu’il existait autre chose. Parfois je pense bien à ce qu’autrefois j’appelais un lit, ou une baignoire… mais ce sont des mots pratiquement vides de sens. A cela aussi je me rends compte que ça doit faire longtemps que je suis ici ; je n’ai plus d’imagination. Je ne peux plus me penser dehors, dans les rues brillantes… Vous savez, quand j’étais tout petit, il y avait une fête que j’aimais et qui s’appelait Noël. Et avant Noël, la pluie, les illuminations des grands magasins, les sapins décorés, tout ça faisait briller les rues, et c’était beau. Mais cela n’existe peut-être plus ? C’était il y a si longtemps ce que je vous raconte là… Enfin, tout ça pour dire que même les rues brillantes je ne peux plus les imaginer. Depuis le temps que je suis dans le noir… le moindre rayon de soleil me crèverait les yeux. Même un rayon de soleil en rêve. Je ne rêve plus… Vous voyez, les rues brillantes, je sais que ça a existé, mais je ne sais plus vraiment comment c’était.
Si je suis malheureux ? Non. En tout cas ils le disent. Le premier jour, au moment où ils ont refermé la porte sur moi, j’ai entendu « Ils sont pas bien malheureux ici, allez ! » Puisqu’ils le disent, ce doit être vrai. Moi, je n’ai plus de critères pour reconnaître si je suis heureux ou malheureux ; je suis un cloporte. Alors je fais confiance à leur jugement. Pourquoi mentiraient-ils ? On ment aux gens quand on a peur qu’ils se révoltent ; mais moi, je n’ai pas le pouvoir de me révolter. Les murs sont si épais, la porte si bien fermée, le silence si pesant, ce serait une révolte à usage interne… Une des pires, une de celles qui vous laissent comme un goût de poussière, comme une écume sanglante au bord des lèvres, une de ces révoltes inutiles qui mettent la rage au cœur, parce qu’elles sont le reflet de notre impuissance et de notre inexistence. La révolte porte en elle l’espoir du changement ; moi je ne peux rien changer, parce que je suis seul, seul et nu dans le noir. Tout ce que je peux faire, c’est accepter mon sort. C’est la seule possibilité… mon imagination me trahit, mon corps me trahit… Mon corps… ne connaît plus de ces montées de sève comme avant… Mon corps est devenu mou, en même temps que mon imagination devenait muette. Et pourtant, malgré l’indifférence de mon corps, comme j’aimerais revoir une femme, une de ces créatures si splendidement dessinées, inventorier encore les rondeurs et les courbes … Comme j’aimerais encore une fois sentir des cheveux épars caresser mon visage, des jambes douces serrer les miennes… Comme j’aimerais revoir ses seins frémissant sous mes doigts, ses yeux mi-clos résolus et suppliants tout à la fois… Comme j’aimerais la revoir telle qu’elle était la dernière fois qu’elle a voulu de moi… Mais je me perds en évocations - la mémoire me revient ! - et mon corps ne réagit pas…



Ils sont venus me chercher tout à l’heure. Un seul a parlé, mais j’en ai deviné deux autres, se tenant à l’écart et qui ne disaient rien. Je les ai sentis –je les ai pressentis plutôt – à leurs respirations qui se répondaient, à leur odeur de cuir, de sueur et d’alcool fort. Donc l’un d’eux m’a parlé. Après m’avoir bandé les yeux, il m’a dit de tendre les mains. J’ai compris qu’on m’enchaînait. Puis ils ont allumé de la lumière, et ça m’a fait deux points rouges devant les yeux. Je me suis souvenu : comme quand on ferme les yeux face au soleil. Puis nous nous sommes mis à marcher. L’un des trois hommes –celui qui avait parlé, je crois –a pris le bout de ma chaîne pour faire le chien d’aveugle. Nous avons marché dans des couloirs –nos pas résonnaient au plafond.
A un certain moment j’ai senti que mon guide montait. Un escalier ! Un escalier drôlement long pour moi qui ne connaissais que ma tanière depuis si longtemps. J’ai peiné à le monter, mais personne ne m’a aboyé d’aller plus vite. Nous nous sommes arrêtés –un bruit de verrou –et nous sommes sortis. L’air frais m’a griffé le visage.
De nouveau on m’a dit de tendre les mains, et on m’a détaché. Toujours aveugle j’ai marché, un morceau d’acier froid entre les omoplates pour me guider, et tout d’un coup j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Instinctivement j’ai arraché mon bandeau, et c’est là soudain que je me suis souvenu, que j’ai compris, que j’ai compris qui j’étais et pourquoi on me précipitait du haut de cet immeuble orné de drapeaux. Tout en bas sur la chaussée, je voyais grandir mon ombre, poignante à la fois et ridicule, les bras en croix comme pour conjurer la chute. Et c’est cette tentative si pitoyablement humaine de m’accrocher à du vide pour ne pas tomber qui m’a fait comprendre aussi que j’étais un homme et que j’étais encore un vivant. J’ai su que j’avais enfin trouvé la vérité que je cherchais depuis si longtemps, et je crois que j’ai été content. J’aurais voulu crier quelque chose, mais le temps m’a manqué. Je me suis écrasé sur le bitume brûlant, j’ai senti mon corps éclater.
Il m’a fallu quelques secondes encore pour mourir, et elles ont été entièrement meublées par un désir futile : dire quelque chose. Mais ce quelque chose je ne parvenais pas à le formuler malgré la clarté terrifiante de mes pensées…
Le noir commençait à monter lentement devant mes yeux. Dans mon cerveau où tout était rouge, trois petits mots insignifiants clignotaient comme les néons d’un grand magasin.
DIRE QUELQUE CHOSE… DIRE QUELQUE CHOSE…
Un homme en uniforme tâtait du pied mon corps brisé et tiède. Dans un éclair j’ai su ce que je voulais dire, mais il était trop tard.
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