Dimanche 1er juin. 18H00. Manoir McLane, grand salon.

« Maria ! Ou sont mes nouveaux escarpins ? Dépêchez vous ! Les invités arrivent dans une heure ! » piailla la jeune blonde qui avait posé les mains sur ses hanches en signe de mécontentement.

La gouvernante, réduite à faire le même travail que les elfes de maison à cause des caprices des filles McLane, ne leva même pas un sourcil lorsque la petite princesse miniature leva le ton. Elle en avait assez de recevoir les ordres d’une fillette qui faisait facilement deux têtes de moins qu’elle. Surtout qu’en cette fin de journée, Précieuse était encore plus imbuvable que d’ordinaire. Sa petite voix nasillarde en énervait plus d’un, à commencer par Maria. Malgré les pensées peu aimables qu’elle ressentait envers la fille de son mentor, Maria continuait de jouer son rôle de la domestique irréprochable. Elle avait tellement d’admiration pour le père McLane qu’il aurait été impensable pour elle de ne pas traiter correctement ses deux filles. D’ailleurs le père de famille et sa femme était absent pour la soirée. Ils avaient donc confié leur demeure et la bon déroulement de la fête à leurs filles et à tous les employés.

« Mademoiselle parle surement de la paire rouge avec les petits rubis…à moins que ce soit celle avec les perles blanches.. »

« Mais non ! Je parle de celle que j’ai commandée hier ! La verte avec les pierres de jade et d’émeraudes ! Ce que tu peux être niaise parfois Maria ! »

Précieuse croisa les bras sur le coup de la colère. Elle était particulièrement stressée ce soir là vu que c’était LE grand soir. La moindre petite broutille qui n’était pas conforme à ce qu’elle avait imaginé la mettait hors d’elle. Elle n’hésitait pas à faire refaire quinze fois le travail si c’était nécessaire. La perfection était un art. Précieuse en avait que faire de voir les employés grogner, c’était SA soirée. Personne ne la gâcherait. Alors qu’elle ne savait plus où donner de la tête, elle aperçu un des jardinier immobile à côté de la porte d’entrée et décida de passer ses nerfs sur ce pauvre innocent pour se soulager. Son père avait payé des centaines de domestiques alors ce n’était pas pour les voir se tourner les pouces !

« Toi, pourquoi tu restes sans rien faire ? Tu ferais mieux d’aller tailler un peu mieux l’arbre à côté de la sixième fenêtre du salon ! Cette sculpture ressemble plus à une verracrasse qu’à une déesse antique ! »

Moins d’une heure avant le début officiel de la soirée, le résultat était pourtant déjà grandiose. L’immense salon avait été entièrement décoré aux couleurs de Serpentard allant des rideaux vert émeraude à la nappe argenté. Un grand buffet avait été aménagé, à la fois sur la terrasse qui donnait sur le jardin et les somptueuses fontaines, mais aussi à l’intérieur pour satisfaire les frileux. On pouvait y trouver de multiples variétés d’apéritifs, de plats, de friandises et autres délices chers à chaque sorcier tel que les classiques chocogrenouilles et dragées de Bertie-Crochue. Les boissons se trouvaient sur une table à part. Il n’y avait que des jus de citrouille et autre boisson à base de fruits car les parents McLane avaient interdits les boissons alcoolisées, jugeant les enfants trop jeunes pour ce genre de chose. Des milliers de roses vertes et argent avaient été placées dans des vases magiques un peu partout dans le Manoir. Ces vases avaient la capacité de conserver les fleurs coupées comme si elles venaient d’être ceuillies. La majeure partie du salon était remplie de fauteuils et de canapés de velours vert avec des petites pierres précieuses sur les bords, pour évoquer le doux nom de l’organisatrice. Sur les murs se trouvaient des peintures de sorciers célèbres ainsi qu’un portrait de Précieuse et de Perle lorsqu’elles avaient respectivement cinq et quatre ans.

Un petit escalier sur le côté du salon donnait un accès direct à la grande et luxueuse piscine intérieure. Elle avait été décorée sur le thème des « mille et une nuits » et de l’antiquité.


Des lampes magiques allumables d’un simple coup de baguette ornait le bord de la piscine et lui donnait une ambiance tamisée. Des coupes de fruits et des verres de jus de citrouille circulaient dans les airs et atterrissait directement dans la main du nageur quand celui-ci avait faim ou soif. Comme la piscine était magique, des vagues ou des bulles pouvaient apparaître n’importe quand, surprenant les baigneurs aventureux. Enfin, un recoin de la pièce permettait aux invités de bénéficier d’un massage réalisé par la meilleure masseuse de la région. Précieuse espérait qu’une partie de la soirée allait se dérouler dans ce lieu. Les invités seraient surement impressionnés.

Notre Serpentarde continua son inspection jusqu’à ce qu’un coup d’œil à l’horloge magique lui fasse réaliser qu’il était l’heure. Les premiers invités n’allaient pas tarder. Notre hôtesse enfila rapidement les escarpins que Maria lui avaient retrouvés et jeta un dernier coup d’œil à son reflet dans le grand miroir. Sa peau était parfaitement lisse, ses cheveux ondulés spécialement pour l’occasion tombaient en cascade dans son dos, sa robe bouffante dans le style de celles des marquises des siècles précédents lui donnaient une allure bourgeoise. Précieuse se hâta d’aller voir le vigile, un ancien auror trop flemmard pour continuer de chasser les mages noires et qui avait retourné sa veste pour servir de garde du corps aux grandes familles de sang-pur de la région. Celui-ci tenait entre ses mains la fameuse liste VIP des invités.

« Fais bien attention à ce que seul les membres de la liste VIP qui ont été invités puissent entrer. Ils doivent tous te remettre leur invitation pour venir à ma fête. Je ne veux aucun pépin le soir de mon anniversaire ! C’est compris ? »


Soudain, le grand carillon de l’entrée retentit. Le premier invité ne devait pas être très loin. La jeune fille se demandait quels moyens de transport ses amis allaient utiliser. Un portoloin sans doute, c'était le plus pratique. Précieuse alla s’installer dans un fauteuil moelleux du salon en attendant le premier venu. Elle n’allait pas se lever pour un invité puisqu’elle était la reine de la soirée. Malgré tout, elle s’impatientait. Qui était-ce ? Avait-il apporté un cadeau ? Il y avait interêt…

C'était la journée. Non pas la journée mais plutôt LA journée. C'était une journée que Cyanur ne pouvait pas manquer. C'était l'aniversaire de son amie Précieuse. Elle avait été personellement invité. Et sa petite soeur Shaar-Lun aussi (il me semble). Parfait, ce serait une superbe occasion pour la blondinette de préserter sa soeur à son co-équipier de quidditch le très séduisant Nathan McLane, communément appelé "le cousin McLane". Cyan avait déjè un copain mais pas Shay. Et Nathan serait parfait pour elle. Non pas qu'elle allait jouer les entremetteuses, mais au moins, elle les présenterait officiellement.

La vipère était chez elle dans sa chambre avec sa soeur. Elles étaient retournée chez elles par portoloin pour pouvoir se préparer convenablement et aussi, pour porter les robes que leur maman leur avait fait. C'est une chance d'avoir une mère couturière. La maman en question avait faite à sa plus grande fille une robe sur mesure suivant ses gouts et son style. Le résultat, une fois posté et ajusté était magnifique.



Elle l'avait déjà mise et elle s'attaquait à présent à ses cheveux. Elle les peignait et les laissait retomber sur ses épaules. Shaar-Lun se préparait près d'elle.

"Précieuse n'a invité que les meilleurs Dedrak. Je ne pense pas qu'on y vera Typhon ce soir."

Une fois toute prète, la Vert et Argent descendit au salon. Son père la regarda et lui assura plus d'une fois qu'elle était ravissante. Pendant ce temps, sa mère replaçait un voile de la robe, renouait un lacet, l'ajustait sur les épaules. On pouvait dire qu'elle était perfectionniste. Elle sortait tout droit de Serdaigle et ça paraissait un peu trop parfois. Cyan tenta de ne pas froisser sa mère en lui demandant gentillement de la laisser. Elle lui affirma que la robe était belle comme elle était. Ensuite, la blonde attrappa un petit paquet emballé destiner à Precious. C'était un cadeau tout simple car les Dedrak n'étaient pas riches eux. Elle lui avait acheté une petite boite contenant trois plumes de couleur différence assortie à cinq encrier contenant de l'encre de couleurs différentes.

Shayne Dedrak, le père des deux jeunes fillesinsista pour aller les reconduire. Elles avaient quand même 12 et 13 ans. Il ne les laisserait pas s'en aller comme ça toutes seules. Ils prirent le portoloin pour se rendre au Manoir McLane. En arrivant devant les grilles ils furent accueillit par un domestique qui leur demanda poliment leurs invitations. Cyan sortit la sienne et la lui tendit. Il les invita donc a entrer. La blondinette salua son papa et entra dans la propriété.

C'était vraiment somptueux. La Vert et Argent était éblouie. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Dans un soubresaut d'émerveillement, Cyanur sonna à la porte.

« Mais oui, la robe rouge, t’sais bien man’, mais non pas ça, je vais pas mettre du jaune… ». Lança la jeune fille d’une voix enjouée dont on commençait à ressentir la nervosité et l’excitation croissante, mêlée au sentiment d’exaspération léger qui commençait a poindre sur le visage espiègle de la fillette, la petite brune retournant sans douceur le contenue de ses tiroirs, attrapant d’une main experte telle ou telle robe qu’elle rejetait avec lassitude sur le lit défait, hésitant parfois sur un bustier de dentelles fines ou un haut sans manches où se croisaient d’élégants lacets colorés. Chacune des tenues de grandes occasions, de fêtes chics ou de bals essentiels pour tout étudiant normalement constitué étaient confectionnées par les mains expertes et habiles de la maîtresse de maison, la mère des deux demoiselles qui se préparaient avec frénésie depuis maintenant plusieurs longues minutes avoisinant les heures. Ses doigts de fée parcouraient habilement le tissu, s’adaptait en fonction des envies et des styles, coups de baguette magnanime sur une finition délicate ou une couture récalcitrante. Typhon suivait l’agitation de loin, étant rentré par le même portoloin pour un rapide embrassade et quelques heures à passer en compagnie des deux adultes qui occupaient respectivement la position glorifiante de parents de trois enfants, esquissant une remarque amère de temps a autre, se moquant gentiment de la préparation minutieuse des deux fillettes qui le rabrouaient sèchement lorsqu’il s’approchait furtivement de la chambre de la jolie blonde. Shay agrippa finalement une robe longue et centrée qu’elle examina brièvement, observant du coin de l’œil l’horloge murale et jetant quelques regards a sa grande sœur pour calquer ses gestes savants et étudiés, tachant d’apprendre l’art du maquillage raffiné et élégant qu’elle ne connaissait que de loin, les yeux éperdue d’admiration devant ce savoir faire et cette dextérité.

Elle enfila donc le vêtement avec soin, examinant les lacets noires qui parcouraient l’avant pour se nouer a l’arrière et remercia sa silhouette menue et les heures régulières de sport et de vol assidue pratiquée au cours de l’année, relevant légèrement le devant en s’interrogeant silencieusement sur la longueur et une dentelle peut être trop exubérante. Sa robe conservait le même aspect, genre médiévale et sombre que son aînée mais ne voyant les robes longues, en dehors des jupes, que d’un œil lointain, sceptique et distrait, la demoiselle avait opté pour quelque chose de plus léger et de plus sobre. Les manches lui semblaient trop longue et des épaules qu’elle avait en dehors des cours généralement nues par des débardeurs lui semblaient porté un poids inhabituellement lourd mais ses interrogations muettes la menèrent a songer que la robe lui allait a peu près bien : elle conviendrait pour une famille riche et aisée et une fête luxueuse ou les tenues de gala étaient de mise tout en restant dans une norme respectable de simplicité. Les dentelles noires allaient a merveille a Cyan a qui la fillette brune jeta un regard furtif de vérification. "Précieuse n'a invité que les meilleurs Dedrak. Je ne pense pas qu'on y verra Typhon ce soir.". Shaar hocha vigoureusement la tête, acquiescant avec certitude, appuyant les dires de la belle blonde. C’était inévitable et elle était persuadée de ne voir que des serpentards triés sur le volet avec le plus grand soin et la plus grande minutie pour cette occasion que Précieuse voulait sans aucuns doutes ou confusions possibles inoubliable. On parlait de la soirée depuis des jours, rêvant a l’avance des merveilles du manoir, prétendant l’arrivée d’activité et de nourriture délicieuse et s’aventurant parfois dans des rumeurs grotesques. Une vert et argent de première année, bien que n’ayant pas été conviée a la soirée, s’était écriée en cours de potions a l’adresse d’une de ses camarades que selon des sources, Précieuse aurait amené un dragon au manoir. Qu’est ce qu’il fallait ne pas entendre…

La jolie brune chercha a tâtons des chaussures potables, tomba sur des escarpins simples mais étudiés qu’elle glissa rapidement à ses pieds. Dire de Shay qu’elle était coquette aurait été superflu ou du moins exagéré : a poudlard, une touche toujours régulières de noir sous ses paupières et une coiffure a peu près étudiée était de mise mais les talons et le monde des soirées, elle ne le connaissait que de loin. Mais cette soirée n’était pas une brève fête comme les autres. Elle était La soirée la plus attendue probablement des serpentards et chacun des invités se déplaceraient probablement pour l’occasion. La coiffure maintenant… La petite glissa devant le miroir rutilant aux côtés de Cyan et s’appliqua a peigné ses cheveux fins, raides et bruns tirant sur le noire, les tirant en arrière pour dégager son visage aux traits réguliers, nouant le ton d’une barrette en argent en forme de serpent, maintenant le tout de quelques barrettes fines, rajustant sa franche sur son regard vert qu’elle souligna d’un coup de crayon noire, renforçant la teinte sombre par du mascara sur les paupières du même acabit, complétant l’assemblage d’un rouge a lèvre léger, faisant ressortir ses lèvres rosées sur son teint pâle. Elle estimait le tout globalement réussit et, hésitant en vue du flacon de parfum, se décida finalement pour ne rien ajouté. Quittant la chambre pour s’engouffrer dans le salon où leur mère insista pour une dernière retouche sous les compliments radieux de Shayne qui s’exclamait par remarques élogieuses, Shay saisit le propre paquet destiné à Precieuse posé sur une table avoisinante. Les moyens et revenus de la famille étaient modeste et la jolie brune avait économisé a force de privations pour acheter quelque chose de potable. Pas qu’elle soit démunie mais l’argent de poche normal d’une adolescente n’aurait pas suffit à un cadeau de fête telle que la serpentarde l’avait préparée.

Il s’agissait donc d’un épais volume acheté sur le chemin de traverse qui recensait toutes les informations sur les Bizarr’ Sister qui chantait le répertoire du groupe le plus connue parmi les sorciers selon la page entrouverte. Le groupe étant en vogue, la petite brune avait jeté son dévolue sur l’ouvrage, dépensant une somme équivalente a celle de Cyan qui s’était dirigée vers des plumes de qualité et des encres colorées. Sur la couverture aux couleurs chatoyante, Myron Wagtail, le chanteur, se baladait paisiblement en prenant des poses avantageuses le long du cadre, adressant parfois un clin d’œil taquin au visiteur. « Bien… Vous n’avez rien oublié les filles ? On y va alors… ». Logique. Deux fillettes de douze et treize ans dans la rue, c’était dangereux et leur père insista fortement pour les accompagner jusqu’au seuil séparant la décence de la honte, les saluant d’un signe de la main et d’une bise sur chaque joues en guise d’au revoir. Le portoloin les avaient laissé devant le manoir dont la splendeur ne pouvait que faire plisser les yeux des spectateurs attentifs et la fillette brune resta muette, ancrée dans un silence admiratif, émerveillée. La splendeur, beauté étincelant et miroitante du miroir était telle qu’elle ne l’avait jamais vue et sa langue si vive s’était définitivement tue pour conserver cette sensation d’incroyable. Les deux petites avaient montrées leurs invitations rapidement mais c’était a présent dans un silence a en rendre jaloux les morts que Cyan avança la main sur la sonnette.

Elle appréciait Précieuse, bien qu’elle n’ai jamais eut l’occasion de lui parler réellement mais le simple fait qu’elle soit une amie proche de Cyan suffisait a faire d’elle quelqu’un d’admirable. Pas du genre moutonneuse, la demoiselle en devenant aveugle face a tout ce qui touchait de près ou de loin son aînée et guettait par brefs regards l’arrivée d’éventuels autres invités, ancrée néanmoins dans un air digne de circonstance, ses yeux verts encore brillants de la surprise récente qu’avait amenée la découverte du manoir. Elle espérait voir Perle. Elle devait lui parler. Serrant le cadeau savamment emballée, la demoiselle attendit, impatiente et enjouée.

Cette carte atteignait les vastes fonds de l’horreur. Isaac s’était figé, médusé par le mauvais goût évident de l’invitation, se demandant si le message subliminal des écritures bouclées et rebouclées n’était pas « Déclinez tant qu’il en est encore temps ! ». Les familles les plus opulentes n’étaient pas toujours les plus subtiles, et le meilleur agent de communication, plié aux exigences les plus grossières et grotesques ne pouvait tirer un résultat concluant d’idées frelatées par de lourds esprits confis de présomption. Précieuse n’était sans doute pas étrangère à cette cruelle orientation esthétique. Elle était ce genre de filles gâtées, qui semblaient parfois abruties par l’argent, et qui aimaient voir les choses en rose et en grand. Il retourna le billet entre ses doigts en songeant, les lèvres pincées, que sa cousine Marie-Charlotte l’aurait trouvé ravissant. Le rapprochement était sévère pour sa chère camarade reine de bal, mais inévitable. Enfin ! Ce style n’était ni moderne, ni distingué ! Le fond était affreux. Ce rose ne ressemblait à rien, il était trop vif, et semblait sortir tout droit d’une machine à laver. Devait-il s’attarder sur l’image ? Cette tête de Marie-Antoinette que l’on ne retrouvait plus que sur les services à thé de grands-mères ? L’écriture, malheureusement choisie, offrait un effet des plus chargé. De plus, il ne fallait Jamais écrire en blanc sur du rose ! L’inverse pouvait très bien passer mais là… vraiment… ça ne faisait pas sérieux ! Il soupirait, au supplice. Comment pouvait-il retenir ses critiques ? L’héritière MacLane lui faisait l’honneur de l’inviter, lui, né moldu pure souche, et cela impliquait une certaine réserve de sa part. La Haute Société était régie par un réseau complexe de règles de bonne conduite. Quelques ouvrages, parus à une époque où les classes moyennes rêvaient d’intégrer cet Eden raffiné, ouvraient aux les quidams sans réputation les larges portes du snobisme. On les évinçait rapidement, bien sûr. Avant de se fier aux Codes écrits pour lancer de la poudre aux yeux des simples d’esprits, il fallait connaître la règle fondatrice du milieu : Tant que ta réputation est assurée, fais ce qu’il te plait. Et bien sûr, il ne fallait jamais oublier que vos semblables étaient des êtres de la pire espèce, des dangers potentiels, puisque formés à la même école que vous. Il était donc légitime et apprécié de s’en moquer… Ce qu’il fit dès qu’une camarade jalouse osa lancer les premières attaques. Une si jolie perche ne se refusait pas. Lorsqu’il s’agissait de médire, Isaac ne savait pas tenir sa langue, quelle que fût la personne. Pourtant, il savait très bien que les premiers à accueillir joyeusement ses remarques, seraient aussi les premiers à murmurer dans son dos qu’un ‘Sang de bourbe’ comme lui ne méritait pas tant de grâces. La chaîne des rumeurs salissantes était infinie. Chercher à préserver sa pureté était stupide et vain. Pourquoi se priver ?

La distribution des invitations avait suscité de vives passions, et d’odieuses convoitises. Il est toujours délicat d’établir une liste d’invités lorsque l’on doit vexer tous ceux qui seront laissés pour compte. Ce n’était évidement pas le souci de Précieuse, mais il était impossible d’ignorer toutes les bassesses qui en résultaient chez les plus jeunes serpents – les dernières années se sentaient moins concernées. Quelle joie cependant, pour les Heureux Elus ! Après avoir retouché son carton à l’aide de sortilèges, Isaac avait laissé éclater toute sa fierté. Ses ambitions commençaient doucement à se réaliser. Poursuiveur dans une équipe gagnante, il avait été élu roi du bal de printemps, s’était attiré les faveurs d’une deuxième année parmi les plus éminentes, qui le conviait désormais à son anniversaire, au même titre que les plus grands noms de sa maison, lui, seul né-moldu Serpentard de la liste. Oui, ce vote un peu futile lors du bal avait été une chance pour lui. Le regard de sa camarade avait quelque peu changé depuis et il avait évité de faire quoique ce soit qui pût la froisser, considérant qu’attirer l’intérêt de Précieuse MacLane pouvait être avantageux et parce que, si personne n’en savait rien, une pointe d’ambigüité les liait. La réussite n’était encore qu’à petite échelle. A douze ans, il était difficile de s’élever trop haut dans la hiérarchie, à moins de porter un nom, un signe indiscutable d’autorité. On parlait de plus en plus souvent de lui cependant, on le reconnaissait, certaines filles avaient même l’air de le courtiser. La popularité le guettait, il le savait, un jour, elle se montrerait et il retrouverait le statut que son entrée à Poudlard lui avait si durement volé. Cette fête pourrait être un excellent prétexte. L’entourage était un facteur indispensable. Il fallait figurer au côté des plus beaux noms. Les personnes importaient peu, puisqu’il n’était question que de faire parler de soi.

Soucieux de son apparence, Isaac avait longuement médité sa tenue, en essayant quelques sortilèges de métamorphose. Les résultats obtenus étaient de plus en plus convaincants, et il rêvait doucement du jour où sa baguette et son imagination réaliseraient tous ses projets… Chaque soir, des vêtements de créateurs s’étalaient sur son lit, et il les contemplait songeur, avec le sérieux et l’attention qui lui manquaient lorsqu’il relisait ses cours. Le jeune garçon se lassait vite de ses tenues. Un mois suffisait. Il refusait de les donner, arguant l’attache sentimentale, la possibilité de les remettre un jour, mais il ne voulait plus les porter : Elles n’étaient plus assez neuve et puis, vous savez, en un mois, les goûts peuvent changer, les matières s’user et il fallait à tout prix éviter de s’attirer des « ah tient, tu portais la même chose la dernière fois ! ». Le regard de vos fréquentations mérite la diversité. Hélas, à Poudlard, il ne pouvait rafraichir sa garde-robe aussi souvent qu’il le souhaitait. La place dans sa valise était limitée, Pré-au-Lard n’offrait pas de grands magasins de prêt à porter à l’aune de ceux qu’il avait visité sur le Chemin de Traverse et ses parents ne le laissaient jamais qu’avec le minimum vital. Que voulez-vous qu’il fasse avec 60 gallions – soit 300 livres - ? Depuis la rentrée d’avril, la somme n’était plus tout à fait ronde, et ses petits caprices vestimentaires étaient sans effet lorsqu’il les faisait par écrit… Cependant, une demande de fonds était indispensable. Précieuse était d’un haut niveau social, de nombreux invités partageaient une aisance semblable, son cadeau devrait être de qualité. La famille d’Isaac, si elle vivait très largement au-dessus de la moyenne n’atteignait pas l’opulence des Maclane, mais il n’était pas question de le montrer. Il avait exposé son problème dans sa lettre en insistant, pour séduire ses parents, sur le fait que la liste était exclusivement composée de grands noms. Bien sûr, il exagérait un peu, mais Mr et Mrs Deniel ne pourraient pas le vérifier. Le couple comprenait le souci de leur fils, ce ne serait pas la première fois qu’ils devraient faire des dépenses considérables pour l’anniversaire d’un de ses camarades… Bien que la somme ne fût jamais aussi élevée que celle qu’il leur demandait. Ils avaient commencé par renvoyer une réponse négative. Isaac avait insisté, et il avait obtenu qu’ils lui payassent ce qu’il voulait acheter. Ah les parents… Toujours aussi pénibles et méfiants… Le pauvre Serpentard avait ainsi dû renoncer à l’ambition d’investir en douce dans une nouvelle tenue et passer une commande spéciale pour la jeune fille au nom de son père. Le choix du cadeau fut aussi l’affaire de plusieurs jours, et entre temps, il avait dû trouver Précieuse pour obtenir un portoloin. En effet, contrairement aux autres élèves, il ne pouvait rentrer chez lui quelques heures avant l’anniversaire. La demande était assez gênante, surtout lorsque l’on se trouvait à Serpentard, mais il avait exposé sa situation sans détours. Si son ex-cavalière s’arrêtait à ce genre de détails, il n’aurait qu’à, aller à l’anniversaire les mains vides Et se commander un cadeau pour lui, sans signaler à ses parents le changement. Heureusement, Précieuse n’avait fait aucune remarque désobligeante, et la fin de la semaine était arrivée, avec le cadeau, et de nouvelles idées vestimentaires.

Un œil sur l’horloge de son dortoir, il s’était préparé avec soin, ajoutant quelques fantaisies de dernière minute à une apparence peu conventionnelle. Isaac aimait avoir belle allure, mais il préférait l’excentricité à la sobre élégance. Il redoutait déjà les robes de gala. Sur ce point, les sorciers semblaient plus vieux jeu que les moldus. Il ne possédait aucune belle tenue sorcière, et il pensait y remédier pendant les grandes vacances. Depuis qu’il avait eu certaines idées, la mode sorcière devenait intéressante à exploiter… Ses nouveaux repères s’affirmaient, et il renonçait doucement à sa culture moldue. Il avait passé une veste noire à manche courte, sans boutons, par-dessus une chemise blanche volontairement ouverte sur un poignet et dont les plis formaient des ombres anormalement prononcées. Il s’agissait d’un tissu magique, qui donnait un effet de fluidité au vêtement et esquissait par la même occasion des motifs qui changeaient à chaque mouvement. Une cravate noire et verte au nœud relâché renvoyait aux étranges rayures qu’il arborait sur son poignet visible. Malgré les apparences, rien n’avait été fait à sa peau, il s’était contenté d’enfiler un bracelet à la fibre très fine et ensorcelée, trouvée à Pré-au-lard, dans son magasin préféré, là où il trouvait par exemple, les badges animés qu’il avait pris l’habitude d’arborer sur son gilet pour personnaliser un peu son uniforme. Son haut retombait sur un pantalon noir un peu trop large pour lui – mais nous étions loin du baggy, il faut savoir être désinvolte sans tomber dans la plouc’attitude et l’indécence – et les lacets de ses chaussures étaient d’un vert assez vif, plus ou moins assorti aux autres accessoires. Il s’était amusé, et il le portait bien. Après s’être battu avec la métamorphose pour former le relief d’un dragon argenté stylisé sur la poche de poitrine de sa veste, il avait lestement rejoint les grilles de Poudlard pour emprunter son portoloin, un vieux chandelier un peu rouillé.

« Surtout, ne le lâche pas en court de route. ». Merci pour le conseil. Il fallait décidemment avoir le cœur bien accroché pour être sorcier, parce qu’il lui semblait que cet organe s’était soulevé avant le reste de son corps lorsqu’il avait saisi l’objet ensorcelé. Ces quelques secondes de voyage, il les avait senties passer… Et il avait trouvé ça… Génial ! On recommence quand tu veux chéri ! Seulement, le chandelier avait perdu tous ses pouvoirs à l’atterrissage et sa belle présentation avait été mise à mal. L’imposante demeure MacLane se dressait devant lui. Il franchit les grilles, traversa l’allée en examinant l’extérieur. C’était sans doute la plus luxueuse résidence qu’il avait jamais visité. Certains amis moldus pouvaient peut-être y prétendre, mais leurs villas modernisées n’avaient pas ce côté authentique. Devant la porte, deux jeunes filles attendaient. Il les identifia sans difficulté, Cyanur Dedrak, qu’il avait eu l’occasion de rencontrer à de nombreuses reprises au cours de l’année grâce au Quidditch, et sa sœur, Shaar-Lun, qu’il connaissait un peu moins, bien qu’elle fût dans la même classe que lui. Il les rejoignit, un sourire affable sur les lèvres.

- Bonsoir les filles ! – Puis, feignant de s’étonner, il demanda : - Où allez-vous donc si élégamment vêtues ? L’évènement couvé dans ce château mériterait-il tant d’apprêts ?

Son sourire prit un pli moqueur tandis que la porte s’ouvrait sur ce qui devait-elle un majordome. Et, sans gêne – ce n’était qu’un domestique – il ne put retenir un :

- Très franchement… Celui là pouvait se contenter de moins.

L’homme, habitué comme il s’en doutait aux insolences de ses petites maîtresses, demanda machinalement leurs cartons. Ah… Oui… Cette horreur qu’il avait… Modifiée… Il sortit son invitation. Le rose était uni, plus pale, l’écriture noire, le médaillon avait été supprimé pour ne laisser qu’une tête de ‘marquise’ ombrée et de profil. Il la tendit comme si de rien était. Le majordome s’arrêta un instant dessus, puis il leva vers lui un regard amusé. Visiblement, son geste ‘honteux’ était apprécié. « Jolie carte », souffla-t-il discrètement en la lui rendant. Il pouvait entrer, retrouver Précieuse dans un contexte qui les avait momentanément lié. Son attitude vis-à-vis d’elle n’avait pas vraiment changée depuis, mais, ce soir, le contexte particulier, l’envie de se faire remarquer soulevait de nouvelles interrogations, déjà plus ou moins méditées. Sa décision n’était pas fixée. Comment allait-il se comporter avec elle ? Attendrait-elle quelque chose de lui ? Il n’avait jamais été très doué pour ce genre de choses, parce que ça ne l’intéressait pas. Cependant, cette fois, la jeune fille ne le prendrait pas au dépourvu. Si Isaac était encore indécis, il n’était pas du tout stressé ni inquiet.

Un seul pas dans sa chambre. Drago s’immobilisa subitement. Ses yeux gris s’écarquillèrent, son visage se figea, sa mâchoire tomba. Il tressaillit légèrement. Comme s’il avait entamé un mouvement pour continuer à avancer, mais en se réfrénant dans son élan avant même de bouger. Mieux valait ne pas bouger avant d’avoir décider de la manière à agir. Il détourna prestement la tête et observa les alentours, piètre tentative pour feindre n’avoir rien remarqué. Il pivota sur lui-même et fit presque un pas vers l’extérieur, mais il n’osa pas partir. Il devait se résigner. Il ne pourrait pas l’ignorer indéfiniment. En poussant un soupir, contraint par son impossibilité à y échapper, il se retourna à nouveau et posa un pied réticent en avant, résolu à poursuivre sa marche jusqu’au bout.

Ainsi, il traversa la pièce, du pas damné de celui qui traverse le couloir de la mort, contourna son lit baldaquin et atteignit le petit cube que formait sa table de chevet. Il l’avait repéré dès – et à l’instant précis – qu’il avait ouvert la porte de sa chambre. Un petit carton rose. Son œil exercé avait pris l’habitude de découvrir de telles petites notes sur son meuble, à presque chaque fois qu’il regagnait son lit. La plupart du temps, il s’agissait de conseils exaspérants sur l’importance de garder l’œil ouvert, l’oreille attentive, le moral de plomb et la détermination inflexible, sur la nécessité de se montrer digne du ministère et du blason arborant les initiales B.I. qui ne le quittait quasiment plus… Et d’autrefois, il s’agissait de convocations à des rendez-vous où il entendait Ombrage se plaindre pendant des heures du manque de discipline infect qui corrompait les couloirs de son école ou élaborer des plans toujours plus farfelus pour coincer les fauteurs de troubles… Toujours signés de la main de Dolorès Jane Ombrage.

Et, peu à peu, avec le temps, au cours des semaines, l’adolescent s’en était singulièrement lassé. Et il s’était mis à redouter, chaque fois qu’il entrait dans sa chambre, pourtant sensée être lieu de repos et de coupure face au monde extérieur, de tomber à nouveau sur une lettre qui le solliciterait à un rendez-vous, pour discuter de nouveaux moyens d’actions, qui l’inciterait à nouveau à se montrer à la hauteur, qui lui donnerait de nouveaux ordres, de nouvelles responsabilités… Le poids du devoir, bien qu’il s’en était toujours accaparé avec fierté, se faisait un fardeau ces derniers temps. Mais, un fardeau auquel il ne pouvait plus se soustraire. Il s’était engagé, il avait engagé l’honneur de sa famille, et il devait… il devait… s’en montrer digne… Avec une profonde lassitude, Drago baissa les yeux sur le billet rose et s’empara.

Sa lecture le laissa perplexe. Il retourna le carton quelques fois dans tous les sens, cherchant apparemment une note cachée qui dirait : « C’est une blague ! C’est moi, le Grinch Rose, qui vient encore t’embêter ! » Mais il n’y avait pas de telle note. Ce carton couleur bonbon n’était pas l’initiative de la Grande Inquisitrice.

Il se permit un sourire. Il n’avait jamais pensé que quiconque d’autre que Dolorès Ombrage puisse apprécier le rose au point d’en honorer ses dépêches... Mais le soulagement de n’être pas convié à une nouvelle action autocratique était suffisant à lui enlever l’envie de se moquer. Un anniversaire… Voilà qui serait certainement distrayant. Et, telle distraction était amplement bienvenue en ces jours moroses, où les échecs perpétuels de la Brigade à mettre la main sur des coupables effritaient de plus en plus le moral de la Grande Inquisitrice, et, du même coup, celui de tous ses factionnaires. Drago déposa la carte à l’endroit où il l’avait prise et se dirigea à son bureau. Il trempa sa plume dans l’encrier et écrivit quelques mots sur un bout de parchemin, qu’il scella et attacha à la patte de son effraie rayée.

De retour de la Volière, il se laissa tomber sur son lit et réfléchit. Il venait d’envoyer une confirmation de sa présence à Précieuse. Il devrait donc se pointer au manoir McLane. Mais la question qui le tiraillait était à savoir avec qui il irait. Outre le fait qu’il ne pouvait décemment pas y aller seul, pas question d’y aller avec Erylis et certainement pas Erylis constituaient ses seules certitudes. La compagnie de Crabbe et Goyle s’était montré commode durant les dernières années, mais désormais l’adolescent sentait planer le besoin de démarquer son individualité. Peut-être un indiscernable présage de ce qui l’attendait dans les années à venir… Restait qu’il préférait se rendre à cette fête sans ses deux balourds d’amis. Il n’y allait pas pour se moquer ou pour faire des mauvais coups, il s’y rendait avec la ferme intention de festoyer, de s’amuser. Rien de plus, rien de moins.

La pensée de se présenter au bras de Pansy l’effleura, mais il avait du mal à s’imaginer Pansy autrement que comme une amie. Elle était sa complice de toujours et leur relation était de notoriété publique. S’il se pointait là avec elle, tout le monde sauraient que c’était parce qu’il n’avait pas trouvé mieux, qu’elle le dépannait. Non, décidément, ni Pansy, ni Goyle, ni cet imbécile de Crabbe n’incarnaient l’escorte idéale. Drago y réfléchit un bon moment, mais personne ne lui semblait qualifié pour l’accompagner, personne ne saurait le mettre en valeur tel qu’il le méritait. Le jeune Malefoy se résolut donc à se rendre seul à la fête. Il nota la date et l’heure ans son agenda et jeta le carton à la vue désagréablement rose dans sa corbeille.

C’est sans quiconque à ses côtés et un petit paquet dans les mains (dont il ignorait le contenu…) qu’il traversa le chemin adjacent à l’auguste demeure des McLane, le premier dimanche de juin. Il venait d’atterrir ici, par transplanage d’escorte, et avançait le long de la grille qui entourait le manoir vers la porte qu’une petite tête blonde venait de franchir, droit devant lui. Sans se retourner, il sut que Rudie s’était évanoui dans l’air car il entendit le craquement sonore caractéristique au transplanage de l’elfe de maison derrière lui. Bien que la bécasse stupide qui avait succédé à Dobby était aussi sale et repoussante que son prédécesseur, il appréciait le fait qu’avec elle il ne subissait jamais le tournis post-transplanage que lui prodiguait habituellement le transplanage au bras des sorciers.

Il pénétra dans le domaine et se dirigea vers le portique d’entrée. Lorsqu’il atteignit l’entrebâillement, il découvrit un gros bonhomme à l’allure rustre, attifé dans des habits chics qui lui conféraient un air un peu coincé. L’homme venait de laisser entrer un des jeunes convives et s’était affaissé sur une chaise avec l’espoir de pouvoir souffler un peu (recueillir des invitations, quel sport tout de même…), mais il se releva d’un bond en apercevant le nouvel arrivant, dissimulant sans grand succès un grognement éreinté. Aucun doute qu’il n’appréciait pas exceptionnellement son travail.

- Invitation, esquissa-t-il avec une lamentable tentative pour paraître courtois et civilisé.

- …Invitation ? Je… Je ne l’ai pas mon invitation…, bafouilla Drago, prit au dépourvu. Mais regardez sur votre liste, mon nom doit y êtr…

- Pas d’invitation, pas d’accès à la fête, coupa le portier.

- Regardez sur votre liste, je vous dis, mon nom doit figurer dan…

- Pas d’invitation, pas d’accès à la fête, réitéra l’autre d’une voix monotone.

Drago n’était pas de ceux qui appréciaient qu’on les interrompe avec si peu de considération.

- Non ; je ne l’ai pas, je vous dis, répéta-t-il les dents serrées, d'une voix tremblante qui traduisait son agacement. Mais regardez sur votre liste, mon nom doit y être inscrit.

L’autre ne bougea pas.

- Vous êtes bouchés ou quoi !?! s’indigna l’adolescent qui commençait singulièrement à perdre patience. Je vous dis que mon nom est sur la liste ! Regardez cette liste, bon sang ! Regardez-la !

Mais le portier ne se donna même pas cette peine. Il laissa retomber ses bras devant lui, joignit les mains et lorgna sur Drago en gardant la tête en retrait, bien enfoncée dans son large cou, un mince sourire scindant son gros visage boudiné. Il semblait ravi de pouvoir importuner un de ces gosses de riches qui avait l’honneur de participer à ces réceptions pompeuses dont on l’excluait tout le temps. Alors que lui était contraint à passer ses soirées sur le portique, loin de la musique et de la nourriture gratuite, condamné à se montrer servile à l’égard de tous ces jeunes prétentieux suffisants, son seul plaisir semblait être d’emmerder le premier qui lui en fournissait l’occasion. Il gardait donc la liste contre lui, la tapotant du bout des doigts pour énerver l'autre.

Ce jeune arrogant n’avait pas d’invitation. Mlle Précieuse avait bien préciser qu’il ne fallait permettre l’accès qu’à ceux qui présentaient leur invitation. Il n’en avait rien à foutre que son nom soit ou non sur la liste. Si ce jeune homme voulait vraiment participer à la fête, il retournerait chez lui chercher son invitation. Et alors, il serait ravi de le laisser entrer. Mais pour l’instant, c’était plus divertissant de le regarder piailler. Le garde du corps de la famille McLane restait donc immobile, stoïque, et observait d’un œil amusé l’adolescent qui gaspillait sa voix à lui crier dessus.

- Écoute, persistait Drago, produisant un effort surhumain pour ne pas lui crier au visage, tu comprends ce que je dis ?… Tu comprends ce que je te dis ? J’ai-laissé-mon-invitation-chez-moi ; je-ne-l’ai-pas-avec-moi ! I don’t have it ! Alors tu n’as qu’à regarder sur ta liste, et tu verras que je suis invité ! Regarde ! Je suis invité ! In-vi-té ! Tu comprends ce que ça veut dire !? Tu comprends ce que ça veut dire !? Tu sais ce qu’est un invité j’espère ?

Il lui parlait comme si l’autre eut été un arriéré, en décortiquant chaque syllabe de chaque mot, et fort, comme à un malentendant. Il lui récita la définition du mot invité, du mot domestique, il lui expliqua les loi de la hiérarchie sociale et le devoir qui incombait à ceux qui se trouvait au plus bas de l’échelle (en l’occurrence lui) envers ceux qui siégeaient au-dessus d’eux (en l’occurrence Drago), mais rien n’y fit. L’abruti de portier continuait de le fixer nonchalamment. Drago pensa que, s’il lui donnait une bonne claque, peut-être que ça lui remettrait les idées en place. Toutefois, déclencher des hostilités risquerait fort d’enrayer à la frivolité de la soirée, qui devait être une soirée de détente pour lui autant qu’un joyeux anniversaire pour Précieuse. Par surcroît, le monstre qui guettait la porte faisait deux fois sa taille.

- Alors quoi !? Vous allez simplement me laisser attendre ici toute la soirée !?

Pas de réponse.

- Je vous avertis, je ne tourne pas les talons ! Je reste ici jusqu’à ce que vous me laissiez entrer ! Je vais participer à cette fête ! Et je vais vous faire regretter de m’avoir fait perdre mon temps ! Vous savez qui je suis ? Hein ? Tu le sais, qui je suis, espèce de dégénéré !? Je suis Drago Malefoy ! Le fils de Lucius Malefoy ! Et je vais te le faire regretter !…

- Oh ! Mr. Malefoy !… l’interrompit l’autre avec un sens de la tragédie douteux. Pardonnez-moi ! Si j’avais su… Entrez, mais entrez donc !

- Vous… êtes sérieux ?

- Tu rêves, gamin.

Le portier eut un rire démoniaque et resta flanqué là, prohibant l’accès à un Drago excédé et désespéré qui se refusait, question d’orgueil, à tourner les talons. Il ne savait quelle ruse employer pour réussir à se faufiler à l’intérieur. D’un geste machinal, ses doigts se crispèrent autour du petit paquet que lui avait remis Narcissa avant son départ. Il ne connaissait pas suffisamment Précieuse pour dénicher un cadeau qui lui plairait, mais mère Malefoy disait savoir ce que briguaient les jeunes filles de cet âge. Elle s’était fait un plaisir de faire des emplettes et d’emballer elle-même le cadeau. C'était qu'elle y avait mis du soin !... Un coup de baguette c’est vite fait, direz-vous. Mais, reste qu'il faut tout de même en prendre l’initiative. Initiative… Chose que Drago n’avait pas poussé au point de s’informer de ce qui se trouvait à l’intérieur du fameux paquet. Mais qu’importe, il le découvrirait bien en même temps que Précieuse.

Enfin, s’il parvenait un jour à entrer dans le manoir. Pour l’instant, il semblait plus près de camper sur le portique toute la nuit que de participer à une soirée mondaine. Toutefois, il ne lâchait pas prise. Il continuait d’argumenter. Il resta là un bon moment, à user sa voix et à faire toutes sortes de simagrées, jusqu’à ce que des pas en approche l'interrompent et lui fassent pivoter la tête. Un nouvel invité se pointait. Il sortait son coupon rosâtre... Aussitôt, sans laisser le temps au portier de s’en emparer, Drago l’arracha des mains du nouvel arrivant.

- Oh ! Merci de m’avoir rapporté mon invitation !… Vous voyez maintenant ? J’ai un billet rose, laissez-moi entrer !…

Oups ! J’ai sapé le passage où il demandait la permission à l’autre de lui prendre son invitation !… Oh… Mais c’est parce qu’il n’existe pas de tel passage…

17 :33 :27

Après avoir passé son après-midi dans le parc, Oswald retourna enfin dans son dortoir. En arrivant dans sa chambre, un bout de papier rose bonbon tape à l’œil attira son attention. Horrifié, le blondinet se rappela soudainement qu’il devait aller à l’anniversaire de Précieuse aujourd'hui. Cependant, cela lui était complètement sorti de la tête. Résultat, il lui restait exactement une heure, vingt-six minutes et trente-trois secondes exactement pour s’habiller, acheter un cadeau, l’emballer et se rendre au manoir des McLane. Allait-il parvenir à réaliser un tel exploit? Le premier réflexe d’Oswald fut de se mettre à chercher le portoloin que sa mère lui avait donné en mentionnant que c’était en cas d’urgence seulement. Cela s’appliquait parfaitement à la situation dans laquelle était le serpentard. Quelques minutes de recherche intense lui permirent de trouver finalement le portoloin; un petit ange en porcelaine. Cependant, dans l’enceinte de Poudlard, il était impossible d’utiliser un tel objet à cause de la protection magique érigée. Ne perdant pas une minute de plus, le jeune Smith sprinta jusqu’à atteindre le périmètre de l’enceinte de l’école. Là, il se téléporta jusqu’à sa maison.

17 : 48 :46

Arrivé chez lui, comble du malheur, sa mère n’est pas là. Mais heureusement, il y avait son oncle moldu qui s’était encore lui-même invité. Il pourrait peut-être lui donner un coup de main. Oswald lui expliqua brièvement le pétrin dans lequel il était. Puis, il lui demanda d’aller acheter pour lui le cadeau de Précieuse tout en précisant qu’il s’agissait d’une blonde prétentieuse, capricieuse et gâté. Avant de partir faire l’achat du cadeau, son oncle affirma que les femmes, il connaissait très bien cela. De toute évidence, ce n’était pas le cas vu qu’il était célibataire depuis plus de dix ans, vulgaire et macho (l’oncle typique quoi). Peut-importe, Oswald n’avait pas le choix de lui faire confiance sur ce coup. De son côté, le jeune blond se mit en quête de trouver son costard que sa mère avait sûrement prit soin de bien cacher au fond d’un des nombreux placards de la maison.

18 : 13 : 12

Branle-bas de combat dans la maison. C’était la panique totale, il restait moins qu’une heure avant l’anniversaire de Précieuse, Oswald n’avait toujours pas trouvé son costume et son oncle n’était toujours pas revenu avec le cadeau. En désespoir de cause, le serpentard décida d’appeler son père. Peut-être que, par un heureux hasard, il savait où se trouvait le costard du blondinet.

18 : 24 : 39

Finalement, Oswald avait trouvé son costume. L’habituel pantalon sombre, la chemise blanche, la cravate noire style homme d’affaire, le veston noir et pour finir, les lunettes de soleil qu’il avait piqué à son père. Habillé de la sorte, on pouvait remarquer qu’il y avait de forte ressemblance entre lui et le très connu agent Smith.

Spoiler:

Sans aucun doute, il ferait une bonne impression à cette soirée. Au grand soulagement de l’adolescent, son oncle était revenu avec le cadeau. Un petit paquet contenant des chocolats qu’il qualifiait de très raffinés. Cela lui avait coûté assez cher, mais il lui avait assuré que ce genre de cadeaux plaisait à toute les filles. Par-dessus le marché, son oncle avait dit que les chocolats, c’était très aphrodisiaque et qu’Oswald aurait ainsi plus de chance avec elle. Le blondinet ne comprenait pas du tout de quoi parlait son oncle, aphrodisiaque étant un mot qui n’était pas dans son vocabulaire. Ne cherchant pas à comprendre, le serpentard commença à emballer son cadeau.

18 : 45 : 23

Qui a dit que d’emballer un cadeau était chose facile? Cela faisait une vingtaine de minute qu’Oswald pestait et vociférait. Le papier d’emballage qu’il découpait était soit trop grand, trop petit ou bien tout croche. Il était donc obligé de mettre une tonne de ‘scotch tape’, et le résultat n’était pas très beau. Il décida de tout recommencer et son deuxième essai était déjà un peu mieux. Il ne restait plus qu’un chose à faire; Oswald devait trouver où il avait mit son invitation. Après quelques minutes, il retrouva le bout de papier chiffonné au fond de la poche de sa paire de jeans. Il ne restait maintenant que deux minutes pour se rendre au Manoir McLane. Heureusement, les sorciers dispose de ce qu’on appelle la téléportation instantanée, autrement nommé le portoloin. Que Dieu bénisse cette invention qui permit à Oswald d’arriver en un instant devant l’immense manoir des McLane.

19 : 01 : 25

Oswald arriva devant la porte où se trouvait un autre blondinet qui avait l’air de s’engueuler avec le portier. Hein? De quoi il parlait? Il n’était pas là pour lui rapporter son invitation, il ne connaissait même pas l’autre. En fait, oui, c’était Drago Malefoy, un personnage bien connu pour tout serpentard, mais pourquoi il avait prit son invitation? Bouche-bée, le jeune Smith regarda l’autre blondinet qui pénétra dans l’immense manoir et le domestique referma la porte aussitôt. Attendez un peu là, est-ce qu’il venait de se faire voler son invitation par Malefoy? Oh, le salopard, comment osait-il lui faire un tel coup!?

-Hey! M’sieur le domestique! Euh…je veux dire toi, l’esclave! Oui toi! L’autre il a volé mon invitation! J’aurais quand même pas mit un costard rien que pour rapporter un stupide papier rose! Pitié!! Non, ne refermez pas la porte!! Nooooooon!

Trop tard, le portier avait refermé la porte et Oswald était prit à l’extérieur. Il venait de passer la dernière heure à courir comme un fou pour arriver à l’heure à cette fête et le maudit domestique ne voulait pas le laisser entrer. Il n’allait pas abandonner aussi facilement, il allait entrer, d’une façon ou d’une autre. Avec une discrétion digne d’un James Bond, Oswald fit le tour du manoir jusqu’à ce qu’il trouve une fenêtre entre-ouverte au premier étage. Cela étant fait, il entra par effraction dans le manoir par la fenêtre en question. C’était un peu trop facile, peut-être même trop. Enfin, Oswald ne s’en plaignit pas. Il ne lui restait qu’à retrouver son chemin jusqu’à la salle de réception. Cela ne serait pas une tâche facile vue la grosseur du manoir. Ne perdant pas espoir qu’un jour il allait arriver à la fête, Oswald commença à déambuler dans les couloirs déserts. Il finit par arriver dans une grande salle où il y avait une magnifique piscine, intérieure évidemment. Dans le coin de la salle, une femme lui fit signe d’approcher. Elle annonça que c’était une masseuse pour les invités. Oswald hésita un instant. D’un côté, il voulait aller à la fête pour saluer Précieuse, lui remettre son cadeau et surtout, foutre une raclé au mec qui lui avait volé son invitation. Mais, il fallait dire que la masseuse était hyper canon et qu’Oswald serait un peu stupide de ne pas en profiter vu qu’il était seul.

La décision ne fut pas dure à prendre. Le blond enleva son veston, déposa le cadeau pour Précieuse sur la table et s’installa sur le banc alors que la jolie masseuse lui massait les épaules. Il irait saluer les autres plus tard, pour l’instant, il avait besoin de relaxer un peu, surtout après ce qu’il avait vécu pour se rendre jusque là.

Nous étions le 1er Juin et Alexander n'était pas à Poudlard , il n'était pas à l'école , non , car il était chez lui . Oui chez lui , vous avez bien lu . Et la question que vous vous posez tous -avouez !- : Mais que faisait il donc là ? Mystère , mystère . Pour les p'tit curieux qui oseraient se poser la question : non il n'a pas arrêté l'école trois semaines avant , voyons . En fait , c'est fort simple . Tout a commencé un beau jour alors qu'Alex s'était absenté du dortoir . Bon vous voyez il pleuvait ce jour là . C'était assez fâcheux . Le soleil s'était absenté et les oiseaux avaient tous sans exception décidé de remettre leur petit chorale à la prochaine fois . Alors Lelex vous imaginez bien , il s'est empressé de regagner la salle commune , et qu'est ce qu'il trouve sur son lit .

Une invitation !!!

Celle ci avait la forme d'un morceau de carton type carte postale moldue en beaucoup plus rose . Il y était inscrit : « Vous êtes cordialement invité à l'incroyable : Anniversaire de Précieuse McLane Dimanche 1er Juin Dès 19h00 » ainsi que l'adresse de chez Précieuse . Dévisageant le carton d'invitation entre ses doigts , Alex l'inspecta sous toute les coutures jusqu'à en déduire qu'il n'y avait rien de suspect (à part la couleur) . Tout d'abord , le garçon se demanda pourquoi Précieuse l'avait invité à son anniv' . C'était vraiment bizarre ça , elle voulait sûrement l'attirer chez elle pour le kidnapper et demander une rançon . Ou alors c'était simplement son anniversaire .

Optant pour la seconde proposition , l'allemand accepta l'invitation avec enthousiasme . C'est ainsi qu'il put obtenir un portoloin pour retourner chez lui histoire de se préparer , d'acheter le cadeau pour Précieuse , tout ça ...

Et Finalement , le Jour J arriva . L'allemand , qui était fin prêt , portait un superbe smoking avec une chemise blanche et un cravate verte un peu comme celle de l'uniforme de sa maison mais en plus élégant . Il avait déposé dans l'entrée le cadeau pour Précieuse (non vous saurez pas ce que c'est , c't'une surprise =p) qu'il avait finalement trouvé dans un magasin de farces et attrapes un peu bizarre et n'attendait plus que l'heure de partir . A 18h55 , il trouva le moyen d'aller se recoiffer puis son frère aîné le conduisit devant le manoir par transplanage , ce qui été bien pratique .

Après un vague salut , il repartit comme il était venu , laissant Alex a la contemplation de l'ô combien magnifique manoir des McLane , un cadeau emballé dans un papier kraft bleu marine à la main . De l'autre main , le garçon sortit l'horrible carton rose qui lui faisait office d'invitation , mais le rangea très vite lorsqu'il aperçut quelqu'un qui essayait de se faufiler à l'intérieur en passant par derrière . De loin , Alexander n'avait pas pu reconnaître son camarade et pensait qu'il s'agissait sans doute d'un bandit , qui profiterait de l'occasion de l'anniversaire de Précieuse pour passer par derrière et tout cambrioler pendant que tout le monde faisait la fête . De plus , il avait bien compris , rien qu'à voir le manoir de l'extérieur , que ces gens là étaient riche , et donc s'il faisait quelque chose , il aurait sûrement une forte récompense en gallion , et même pourquoi pas , en pierre précieuse ?

Alex suivit l'inconnu jusque derrière le manoir . Celui ci passant par la fenêtre , le petit en fit de même , et continua sa filature . Heureusement , il faisait assez sombre , ainsi l'autre ne le remarqua pas . Traversant plusieurs pièces , l'allemand vit le bandit arriver dans une grande pièce très bien éclairée et fut bien embêter car s'il y pénétrait , il serait à découvert . Il décida donc de rester caché un moment pour voir ce qu'aller faire le voleur . Ce dernier alla voir une jeune femme qui se faisait passer pour une masseuse . Hum , c'était une excellente couverture . Celle ci commença à masser l'intrus . Il était évident que l'unique but de se dispositif était de se faire passer pour des invité et de pouvoir communiquer en toute discrétion . Cette femme était sans aucun doute possible une complice . Malheureusement de la où il était Alex ne pouvait pas entendre ce qu'ils disaient ni même vérifier qu'ils parlaient car en plus il était de dos .

Alexander décida de tenter de se rapprocher un peu . Mais il faudrait qu'il fasse très attention car s'il se faisait repérer il était mal . En effet , ils étaient deux alors que lui était tout seul . Laissant son cadeau contre le mur , le garçon sortit sa baguette au cas où et commença à ramper très discrètement vers une table un peu plus loin . Ouf , le Serpentard réussit à atteindre la table sain et sauf . Il alla se cacher en dessous mais sa tête heurta la table ce qui provoqua l'effondrement de quelques objets disposé sur celle ci .

*Ouch !*

Le gamin brandit sa baguette devant lui en guise de protection et aperçut le visage du soi disant cambrioleur à ce moment là .

« Oswald !! » s'exclama t-il en le reconnaissant , avant d'ajouter , suspicieux : « T'es pas un voleur ? »

Crac !

Mrs Rynn et sa fille apparurent instantanément juste devant la porte d’entrée de l’immense manoir McLane. Celestina resta un instant bouche bée en admirant la somptueuse résidence, une lueur d’envie brillant au fond de ses yeux froids. Puis, comme on redescend sur terre après avoir fait un beau rêve, Mrs Rynn rabaissa son regard sur sa fille. Elle poussa un soupir.

Qu’elle semblait minuscule, emmitouflée dans sa grande cape malgré la douceur de cette fin de printemps. Peut-être un peu trop minuscule pour ce que lui réservait cette soirée. Amaranth portait toutes les aspirations sociales de la famille Rynn, et si le moindre incident venait perturber LA soirée, leurs rêves à tous seraient réduits à néants. Enfin «leurs rêves à tous »… surtout ceux de Celestina, il faut bien l’avouer.

Avec un nouveau soupir elle tandis le petit laissez-passer rose au portier, non sans adopter le regard méprisant de circonstance lorsque l’on a affaire à un domestique. Puis encore une fois elle observa sa fille. Elle semblait nerveuse, se cramponnant à sa cape comme à une bouée de sauvetage. Si son émoi transparaissait, cela voulait dire qu’elle était véritablement terrorisé, Amaranth mettant d’ordinaire un soin tout méticuleux à dissimuler ses émotions à sa mère.

« Viens par ici. » ordonna Mrs Rynn « Tu es toutes décoiffée ! Je savais qu’il fallait que j’utilise un sortilège plus puissant… Oh ! Et par pitié ! Enlève moi donc cette horrible cape ! »

Joignant le geste à la parole, Celestina tira voilement sur le manteau. Amaranth du faire quelques pas en arrières pour garder l’équilibre, offrant par la même occasion une vision d’ensemble à sa mère. Elle avait fait du bon travail. Celestina ne pu réprimer une bouffée de fierté en la voyant. Magnifique robe. Sobre avec ces tissus noirs et lisses, et pourtant élégante avec ces ruban violets, de la même couleur que les cheveux de la fillette qui avaient étés relevés négligemment pour l’occasion, quelques boucles tombants dans son cou et sur son visage. Au moins, Amaranth avait hérité de la beauté de sa mère. Si seulement elle n’était pas aussi gauche…

« Allez, amuse toi bien. » conclu Mrs Rynn en poussant sa fille à l’intérieur avant de disparaitre.

Crac !

Amaranth se retrouva seule.

Quoi que, pas exactement seule. Elle n’aurait rien demandé de mieux que de se retrouver seule en vérité. Mais là, dans l’entrée du manoir McLane, il commençait à y avoir une dizaine de personnes. Cela faisait autant de paires d’yeux à la regarder elle, dans sa stupide robe trop jolie, avec sa stupide boîte dans les mains et surtout avec ses stupides cheveux violets sur la tête.[/i]

« Hum… Bonsoir… » marmonna-t-elle pour tout le monde et personne à la fois.

Puis elle se dirigea vers le fauteuil ou était installée Précieuse en longeant les murs et en regardant par terre.

« Euh… Salut Précieuse… hum… Banane hivers cerf… EUH ! Je veux dire ! Bon anniversaire Précieuse ! … T-tiens c’est pour… euh… c’est pour toi… voilà … »

Amaranth tandis sa petite boite à la reine de la soirée d’un geste raide tandis que le rouge montait aux joues de la petite Serdaigle.

Alors que les premiers invités entraient dans le Manoir, le photographe de la famille en profita pour faire une dernière photo de Précieuse et sa sœur Perle. Les deux filles lui firent leurs plus grands sourires pour immortaliser cet instant magique. Quand la photo fut terminée, Précieuse tendit la tête en direction de l’entrée pour tenter de distinguer qui venait d’arriver. Elle entendit quelques voix féminines dont celle de Cyanur, sa camarade batteuse de Quidditch. La sonnerie du carillon retentit de nouveau. D’autres invités avaient dû pénétrer dans l’imposante demeure. Mais pourquoi restaient-t-ils tous à l’entrée ? N’étaient-t-ils pas impatients de la voir ? Précieuse se demanda si Isaac allait venir comme il lui avait promis. Depuis le dernier bal, la blonde avait agi comme si de rien n’était, n’ayant pas vue de réaction du côté du garçon. Mieux valait que cette histoire ne s’ébruite pas trop pour le moment. A moins qu’Isaac partage le même point de vue qu’elle.

La première personne qui vint à sa rencontre fut son cousin Nathan. Précieuse lui fit un petit sourire même si elle était déçue de ne voir arriver que lui. Elle allait finir par faire sa boudeuse si les autres restaient toute la soirée dans l’entrée. Puis elle vit une petite fille aux cheveux violets s’approcher timidement vers elle.

« Qui c’est celle là ? » murmura-t-elle à l’égard de Perle et de Nathan. « Je ne me souviens pas l’avoir invitée ! Vu sa teinte décolorée, je m’en serais souvenue ! »

Puis quand la petite s’approcha-t-elle, la blonde se souvint alors qu’elle avait conclu un marché avec une fille de Serdaigle pendant un cours optionnelle. Elle l’invitait à sa soirée si cette dernière lui faisait ses devoirs jusqu’à la fin de l’année. Cette histoire lui était complètement sortie de l’esprit ! Quand la fille lui tendit la petite boite contenant le cadeau, Précieuse lui fit un grand sourire qui sonnait faux. Même si elle se montrait courtoise, Précieuse trouvait la boite trop petite. Elle préférait les gros cadeaux.

« Je suis ravie que tu ais pu venir, Aramante ! » dit-elle sans se soucier du fait qu’elle écorchait son nom. « J’ouvrirais ton cadeau plus tard, en même temps que mes autres cadeaux. Tu peux aller le poser là-bas avec les autres ? »

Elle désigna du doigt une pile de cadeaux au fond de la pièce. En voyant Nathan avec son petit paquet à la main, elle l’invita d’un signe de tête à faire de même. Puis elle se leva et se dirigea vers l’entrée pour inciter ses autres invités à venir la rejoindre dans le salon. Leur petite entrevue dans l’entrée avait assez durée. Les festivités allaient pouvoir commencer.

« Par ici tout le monde ! Le buffet est ouvert ! »

Quand les invités parvinrent dans le grand salon, des danseurs volants faisaient des acrobaties dans les airs. Les parents McLane avaient aussi embauché un éleveur d’Hippogriffe. Celui-ci s’était installé dans un coin du salon et proposait aux invités de venir caresser un bébé hippogriffe.

« Vous pouvez poser vos cadeaux ici, je les ouvrirais plus tard » dit-elle en désignant la même pile de cadeaux dont elle avait parlé à Amaranth quelques instants plus tôt.

« Comme il fait chaud ici, je vous propose d’aller tous se rafraichir à la piscine. Pour ceux qui n’auraient pas de maillots de bain, vous en trouverez pleins dans le placard à côté de l’entrée de la piscine. Vous pourrez garder le maillot choisi, c’est offert par la maison ! Idem pour les serviettes de bain. Des vestiaires sont à votre disposition pour vous changer. »

Précieuse se dirigea alors vers les vestiaires et ressortit quelques instants plus tard vêtue d’un petit bikini vert. Alors qu’elle allait s’asseoir sur le rebord de la piscine magique, elle aperçut Oswald en train de se faire masser. Il n’avait pas perdu son temps celui là ! Précieuse tendit la main vers une coupelle de fruits qui flottait et croqua dans quelques raisins. Puis elle trempa ses premiers pieds dans l’eau à la température idéale.

[On est nombreux, donc mieux vaut ne pas s’attendre dans l’ordre de réponse. Par contre ce serait bien d’accélérer le rythme sinon plus personne sera inspiré ]

Pas de grand sourire pour l’invité VIP ? Pas de fanfare pour l’accueillir ? Nathan sentit une once de déception dans le regard de Précieuse, pourtant elle n’avait même pas encore ouvert le cadeau . Nathan voulu échanger la carte de son cadeau avec un cadeau semblant plus gros et cher, mais comment savoir ? Comment le faire discrètement surtout maintenant qu’elle avait vu son paquet ?

Il regarda aussi suspicieusement la fille aux cheveux violets qui tremblotait et regardait ses pieds en donnant son cadeau à Précieuse. En fait il la connaissait la Violette, une soirée étrange et pas finie à la volière avait marqué leur première rencontre. Mais Nathan avait une grande capacité à effacer ce ou ceux qu’il ne voulait pas garder en mémoire. Il ne s’attendait pas vraiment à voir une fille comme ça à cette soirée, mais Précieuse devait avoir ses raisons.

Finalement le "go" pour le buffet fut lancé. Il se lécha les babilles en regardant à peine les danseurs volants et alla se positionner devant le magnifique buffet. Il fallait rester raisonnable, ne pas se lancer dessus, choisir ce qu’il y avait de mieux et déguster. Le problème était que tout semblait délicieux. Le choix était tellement large que Nathan se décida à le laisser au hasard. Il ferma les yeux et mit la main au pif sur le buffet. Un splash lui signala qu’il avait mit la main sur un truc liquide. Il l’avait mise dans le récipient d’une sauce pour la viande et en avait mit un peu partout à côté. Note personnelle, ne jamais faire confiance au hasard en matière de choix culinaire.

Il s’essuya la main et s’écarta discrètement dans un autre coin du buffet. Il se prit alors une banale tartelette à la citrouille qu’il ne dégusta même pas puisqu’il fixait en même temps une autre tartelette qui semblait bien meilleure. Etait-ce du caviard ? Il fallait qu’il attende au moins un quart d’heure pour prendre autre chose s’il ne voulait apparaitre comme un pique assiette.

Il alla faire un tour du côté de l’hypogriffe mais décréta que c’était pour les filles et voulu se mixer un peu avec les invités. Il se mit à côté de gens, croisa les bras et hocha la tête : première étape pour s’infiltrer dans un groupe de gens qui parlent. Mais le mot « piscine » lui mit des étincelles dans les yeux et il s’éloigna du groupe sans même leur avoir parlé. Il espérait avoir au moins éveillé la curiosité et l’intérêt de ces personnes.
Il avait déjà un maillot de bain sur lui, mais il bouscula quand même des gens pour aller attraper un caleçon de bain qui semblait bien et avait un motif sobre : il était tout noir, quoi de plus sobre que le noir ?

Une fois enfilé dans un des vestiaires, il se dirigea vers la piscine. Il était temps de montrer à quel point il maitrisait le plongeon. Il se mit sur le rebord, se pencha pour le toucher aussi avec ses doigts, inspira puis fit un beau plongeon, bras puis tête première dans la piscine. Quel bonheur que l’eau qui vous caresse le visage. Il nagea un peu sous l’eau puis émergea de l’autre côté de la piscine avant d’aller poser ses bras sur le rebord de la piscine, pas très loin de Précieuse.

« Elle est bonne ! Vous pouvez vous lancer ! »

Il se mit en position statut de la liberté (sauf qu’il avait les deux bras en l’air) en pensant très fort qu’il avait très faim et soif. Un verre de jus de citrouille se mit dans sa main droite, puis un abricot dans son autre main et finalement une pomme lui tomba sur la tête eureka !.

Pas encore très au point son appel de nourriture. La pomme roula jusque sous les pieds de quelqu’un qu’il ne pouvait identifier d’où il était. Il commença à ouvrir la bouche pour prévenir mais se dit ensuite que ça pourrait être assez drôle si cela déclenchait une belle chute. Depuis combien de temps n’avait-il pas assisté à une banale chute causée par le plus simple des pièges ?

Devaient-ils s’aventurer un peu plus loin dans la maison, guidés par un défilé de notes de musiques, ou attendre que l’on vienne les chercher ? Isaac et les sœurs Dedrak hésitaient, s’interrogeaient du regard sans oser formuler leurs questions. Prendre des initiatives chez les autres n’était pas toujours bien vu. Il ne tenait pas à ouvrir une ‘porte interdite’, et découvrir, par exemple, des générations de chats empaillés, posés sur des socles éclairés avec leurs effets et leurs noms ridicules gravés sur des plaques dorées… Une maison de l’envergure de celle des MacLane lui avait offert ce spectacle, dont le souvenir le retournait encore. Il n’avait pas osé en parler à l’ami qui l’avait invité à l’époque, et, depuis, profondément marqué, il préférait que leurs après-midi jeux-vidéo se fassent chez lui : sa mère lui faisait bien trop peur. Que faisait donc Précieuse ? N’était-elle pas sensée les accueillir ? Il allait partir à sa recherche, attiré par la mélodie sourde qui s’étirait jusqu’au vestibule, quand la porte s’ouvrit de nouveau. La curiosité le retint. Les invités ne bougeaient pas et il lui tardait de découvrir officiellement tous les visages. Une Serpentard de première année venait de paraître, suivie de Nathan MacLane, personnage bien connu d’Isaac puisqu’il partageaient le même dortoir – mais était-ce une chance ? -, les même bancs de classe et occupaient le même poste dans l’équipe de Quidditch. Il lui envoya aussitôt un signe de la main pour le saluer, leur altercation ridicule après la victoire de Serpentard contre Gryffondor était loin maintenant. Son caractère emporté avait la colère facile, et le pardon rapide pour les querelles futiles.

Précieuse sur le dos d’un dragon ? Depuis quelques jours, les élèves de Poudlard essayaient d’imaginer les surprises que les MacLane avaient préparé pour cette grande soirée. On disait qu’ils ne pourraient pas s’empêcher de leur en mettre plein la vue, et des suppositions plus farfelues les une que les autres passaient allègrement à travers une foule d’oreilles. On avait annoncé la présence d’une créature magique, mais il doutait qu’elle fût aussi impressionnante qu’un dragon. Dommage… Peu conscient du danger, il rêvait s’approcher des monstres reptiliens qui fascinaient autant les moldus que les sorciers.
Un sourire amusé courba ses lèvres. Nathan, toujours aussi dynamique, s’engageait déjà vers le noyau de la fête d’un pas sûr de connaisseur. Le cousin de Précieuse n’en était évidemment pas à sa première visite. Il avait entendu dire que le père du jeune garçon était un ‘traître à son Sang’, expression curieuse aux sonorités moyenâgeuses que certains Serpentard employaient à outrance pour qualifier tout sorcier ayant des liens avec des moldus, mais, hors de ces problèmes qui lui échappaient un peu, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un trio comme celui-là devait bien plus s’amuser que celui qu’il formait avec ses deux cousins, dont la visite et la bêtise le mettait toujours au supplice.
Il aurait bien suivi son camarade mais une série de protestation derrière la porte d’entrée retint une nouvelle fois son attention. Drago Malefoy parut fièrement. Il ne pensait pas qu’il viendrait à l’anniversaire d’une deuxième année, où la moyenne d’âge ne dépassait pas treize ans. C’était un peu comme s’il devait se présenter à une ‘boom’ de cours moyens… L’horreur. La bienséance l’y contraignait peut être. On lui adressa quelques salutations polies tandis que la silhouette d’Erylis Sayan se découpait dans l’entrée. Isaac aimait bien cette ‘grande’ cinquième année. Il ne l’avait pas revue depuis qu’il l’avait abandonnée au bal de printemps pour danser avec Emilien en lui promettant de revenir. Entre son trouble et son élection à la fin de la chanson, il n’avait pas eu le loisir de la chercher. Puisse-t-elle ne pas lui en tenir rigueur. Un sourire de bienvenue illumina son visage, et il la salua de vive voix. Mais une créature non identifiée à la chevelure suspecte interrompit toute tentative de communications. Les conversations à peine amorcées se turent pour laisser place à une silencieuse observation.

- C’est qui celle-là ? avait-il lâché perplexe, sans considération pour la petite fille qui restait à portée de voix.

Lorsqu’il ne portait aucune estime à la personne, les maladresses et impolitesses de ce genre lui échappaient souvent. Il ne cherchait pas à vexer, il était juste un peu trop franc. Il lui semblait que seuls les Serpentard seraient de la fête, or, cette jeune fille était à Serdaigle – ses cheveux violets ne lui avaient pas échappés dans les couloirs -. La maison n’était pas forcément un problème, mais avec son allure piteuse et mal assurée, il ne comprenait vraiment pas pourquoi Précieuse l’avait comptée dans la liste… La petite bleue fila mal à l’aise vers l’aile réservée à l’anniversaire et cette fois, plus intéressé par l’accueil qu’allait lui faire Précieuse que par l’arrivée d’autres convives, il s’éloigna à son tour du hall.
Sa progression fut cependant ralentie par une petite évaluation des lieux. Il n’avait encore jamais mis les pieds dans une maison de sorciers et les objets qu’il découvrait le long des couloirs l’intriguaient beaucoup. Même les parures des murs semblaient différentes des tapisseries moldues. Ce motif par exemple, ne venait-il pas de changer devant ses yeux ?
La voix tant attendue de Précieuse, qui avait eu à peu de chose près la même réaction que lui en voyant Amaranth, le tira de ses supputations détaillées, mais absurdes.

La petite troupe quitta enfin le hall pour affluer dans la salle qui lui était réservée, s’émerveillant devant la décoration fastueuse et, surtout, devant l’immense piscine magique qui risquait de devenir le centre de l’animation. Une piscine ! Waouh ! Sa dernière ‘sortie piscine’ entre amis remontait aux dernières vacances. Les toboggans avaient l’air de manquer, mais il ne doutait pas que la magie pût faire beaucoup mieux. Auraient-ils droit à une piscine à vague, comme il y en avait parfois chez les moldus mais avec de vrais rouleaux ? Dans son enthousiasme, il en oubliait presque un détail : s’ils devaient poursuivre la soirée en maillot de bain, ses efforts vestimentaires s’avéreraient inutiles. Précieuse ne l’avait même pas remarqué. C’était assez frustrant. Il hésita. Allait-il se ruer lui aussi sur les maillots de bains ? Apparemment désintéressé, il flâna du côté du buffet, attrapa un gâteau à la framboise au passage, et s’attarda un instant près de l’hippochose…

- Tu parles d’une créature féroce. Même un dragon rachitique serait plus impression… aie !

Ce stupide animal venait de lui pincer la main, et son dresseur lui lança un regard contrarié. Qu’avait-il fait ? Etait-ce de sa faute si son poulet croisé avec une mule était enragé ? N’ayant jamais étudié les créatures magiques, Isaac n’avait jamais entendu parler de la fierté de l’hippogriffe, et il ne chercha pas à en apprendre davantage, même lorsque le maître de la bête lui reprocha de l’avoir insulté… Encore un fanatique qui empaillait ses animaux celui là. Il roula des yeux avec pitié et s’attarda sur la malle garnie de maillots de bains. Tout le monde se pavanait dans cette tenue à présent et, s’il ne se dépêchait pas, il risquait de se retrouver avec les modèles les moins avantageux.
Il posa son cadeau avec les autres, opta pour un short gris foncé, et il se retira finalement dans les loges. Précieuse s’était changée pour prendre place au bord de la piscine. S’il voulait la rejoindre, ne serait-ce que pour la saluer, il n’avait pas d’autre choix. Son corps pâle et fin, sur lequel perçait quelques os mais peu de muscles, libéré de ses beaux vêtements, il s’engagea dans la salle carrelée. Des adolescents, Nathan notamment, barbotaient déjà dans l’eau, mais il les regarda à peine. Avant toute chose, il devait saluer Précieuse, qui, il le savait, l’attendait, et attendait sans doute quelque chose de lui. Mais quoi ? Il devrait sans doute improviser. Hélas, c’était sans compter l’apparition inattendue d’une pomme qui roula sournoisement sous son pied… Il n’avait pas eu le temps de l’éviter et le sol glissait… Je vous laisse donc imaginer le tableau… Après avoir poussé un petit cri surpris, il échoua lamentablement dans l’eau, à quelques brasses de Nathan, sous les rires de l’assemblée. Nathan… Son regard furieux s’arrêta longuement sur lui. Inutile de chercher plus loin quand il était dans les parages. De toute façon, sa mésaventure avait l’air de bien l’amuser donc…

- Saleté de fruit ! – Furieux, il lança la pomme à l’aveuglette, au risque de toucher quelqu’un qui n’avait rien demandé. Et, s’adressant à Nathan : - Encore Toi ! Tu vas me le payer !

Et il se jeta sur cet insolent blondinet pour appuyer ses mains sur sa tête. Pour aborder sérieusement Précieuse, c’était un peu raté, mais il ne pouvait résister à l’envie de se venger, et à celle de s’amuser un peu…

Assise sur le rebord de la grande piscine, ses orteils trempant dans l’eau, Précieuse regardait ses invités apparaître un par un en tenue de bain. Ils semblaient tous ravis d’avoir pu disposer gratuitement d’un maillot d’aussi bonne qualité. La jeune fille esquissa un sourire victorieux. Dans plusieurs années, chacun de ses invités se rappelleraient encore avec précision de l’incroyable anniversaire auquel ils avaient eu la chance de participer. Son regard fut alors attiré par son cousin qui s’apprêtait à sauter dans la piscine. Il avait choisi un short de bain noir qui faisait contraste avec la pâleur de sa peau. Comme elle aurait pu s’en douter, il ne se fit pas prier deux fois pour plonger dans l’eau. Elle eut juste le temps de se pencher en arrière pour éviter de recevoir les éclaboussures qui auraient pu abimer son brushing. Par chance, pas une seule goutte ne parvint à l’atteindre. Anticipant le prochain plongeon, Précieuse se hâta de relever ses cheveux en un haut chignon relativement ample, tout en laissant quelques boucles libres en cascade à l’arrière de sa nuque.

Alors qu’elle hésitait à rejoindre son cousin dans l’eau pour effectuer quelques brasses, elle aperçut Isaac de l’autre côté de la piscine. Elle l’observa un instant puis détourna immédiatement les yeux pour ne pas qu’il se sente obligé de venir l’aborder. Elle voulait qu’il vienne la voir de lui-même, par envie et non par obligation. Elle était une fille qu’on méritait et non qu’on pouvait se permettre d’avoir en claquant des doigts. En tant qu’héritière d’une des familles les plus riches d’Angletterre, sa conquête devait être à la hauteur de sa réputation.

Mais voilà que celui qu’elle avait choisi comme chevalier tombait tête la première dans l’eau. Mais où était donc passé son élégance habituelle ? Précieuse était un peu déçue. Elle qui s’attendait à ce qu’il vienne lui baiser la main et l’entraine dans l’eau pour barboter. Là, c’était raté. D’autant plus que le garçon en question ne comptait pas s’arrêter là ! Le voilà qui essayait de couler Nathan ! Précieuse fronça les sourcils et tendit sa main pour qu’une nouvelle grappe de raisin vienne se poser sur sa main. Cette attitude ingrate de la part d’Isaac l’avait tellement agacée qu’elle avait une envie subite de s’enfiler une série de grain de raisins. Mais comme les fruits n’apparaissaient que dans la main des invités qui avaient vraiment faim, aucun ne vint se poser sur la paume de Précieuse. La blonde fut contrainte de se lever et de dérober une grappe qui venait d’apparaître dans la main d’un de ses invités.

Le fruit lui remit les idées en place car quelques instants plus tard, notre capricieuse s’était calmée. Elle se rassit une fois de plus sur le rebord de la piscine et prit soin de se placer en face d’Isaac et Nathan qui s’amusaient dans l’eau. Si le préfet n’avait pas encore remarqué sa présence, l’erreur était à présent réparée. Désireuse de ne pas se faire oublier de ses propres invités, elle se décida enfin à aller tremper entièrement son corps dans cette eau tiède. Elle emprunta donc le petit escalier en marbre blanc et se retrouva rapidement immergée jusqu’aux épaules. Mais à peine avait-elle fait quelques brasses que des remous de plus en plus puissants se firent sentir. La surface de l’eau auparavant lisse était à présent agitée. Les petites vaguelettes se transformèrent rapidement en vague de plus grande amplitude.

« Oh non ! La piscine fait encore des siennes ! » s’exclama la jeune maitresse de maison qui aurait mille fois préféré barboter en toute tranquillité.

Elle resta un instant toute seule dans son coin de la piscine, à observer occasionnellement Isaac pour voir quand il allait enfin se décider à engager une conversation avec elle. Puis, voyant que la situation n’évoluait guère, elle s’approcha un peu plus du préfet et fit mine de boire la tasse. Elle se mit donc à tousser avec force pour simuler un étouffement. Avec les vagues qui ondulaient dans l’eau, cette petite mise en scène était tout à fait crédible. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce soit lui qui vienne en premier à sa rescousse.

Nathan était trop occupé à se moquer de lui pour envisager une attaque. Le coup avait porté, son rire s’était étouffé sous l’eau, et la bataille s’engagea. Les bras frappaient et poussaient la surface de l’eau pour envoyer les plus grandes gerbes possibles sur l’adversaire, les mains s’appuyaient sur les épaules, tiraient les chevilles, les cheveux dégoulinaient sur leurs fronts. Sa belle coiffure était définitivement anéantie, mais il n’y songeait plus, le jeu passait avant. De même que Précieuse n’occupait plus du tout ses pensées. Il avait oublié son intention première, son échec cuisant. Aborder la jeune fille n’était pas important. Ce serait même ennuyeux. Il préférait couler Nathan jusqu’à ce qu’il déclare forfait – car de son côté, pas question de renoncer – et s’amuser dans la piscine avec les autres. Les sorciers avaient probablement des activités intéressantes à proposer, il lui tardait de les découvrir. Et, s’il n’y avait rien, ils pouvaient toujours improviser une partie avec une balle, ou un concours de plongeons. Les idées ne manquaient pas.

Il n’avait pas remarqué les déplacements de Précieuse et la première chose qui lui traversa l’esprit lorsqu’elle éleva sa voix à leurs côtés fut qu’elle devait sans doute se joindre à la fête. L’observation, la subtilité lui faisaient défaut dans certaines situations. Son innocence et sa naïveté n’étaient-elles pas adorables ? Elles le seraient si on ne pouvait les justifier par une circonstance atténuante de poids : il s’en fichait. Les sentiments de la jeune fille l’importaient peu. Il ne voyait que ce qui l’intéressait et, s’il était prêt à « sortir » avec la jeune McLane, ce n’était que pour imiter les autres, parce qu’elle était la fille la plus estimée de son année et qu’elle était déjà acquise. Certes, il ne savait pas comment s’y prendre, mais, qu’avait-il à faire dans le fond ? Avait-il cherché à la séduire ? Il lui plaisait, elle l’avait embrassé quelques semaines plus tôt, et n’avait pas osé se manifester depuis. Aurait-il dû lui courir après ? Isaac était un garçon trop franc pour calculer ses réactions. Elles venaient naturellement ou ne venaient pas. Ainsi, bien qu’il sût au fond de lui quel comportement adopter, l’effort lui avait semblé tellement surhumain qu’il avait préféré laisser la gêne s’installer entre eux, et affronter les rumeurs troublantes sur sa prétendue homosexualité qui le suivaient depuis le bal. Il avait déjà connu des amours platoniques d’enfant mais, il lui semblait que Précieuse compliquait tout. Etait-ce parce qu’ils grandissaient ? Parce qu’elle lui était socialement supérieure ? L’affaire ne se serait-elle pas passée différemment sans le souvenir étouffant de sa danse avec Emilien ?

L’agitation soudaine de l’eau interrompit son combat aquatique. Génial ! Des vagues, comme il l’espérait ! Petit, il attendait toujours avec impatience les vacances à la mer pour se laisser porter par les rouleaux, sous le regard inquiet de ses parents, qui devaient parfois le tirer en arrière pour l’empêcher de se jeter sur des vagues trop grandes. Leurs dernières vacances à Hawaï n’avaient pas été de tout repos. Isaac aimait tout ce qui était extrême, il nageait bien, mieux que son père et sa mère, et n’obéissait pas toujours. Ses risques insensés suscitaient souvent de belles paniques, mais il ne mesurait jamais le danger.

- Trop cool ! s’exclama-t-il sans aucune considération pour le ton plaintif de son hôte. De toute façon les filles ne sont pas drôles.

Il s’élança dans les vagues, et recommença à chahuter avec Nathan. Les remouds n’étaient pas assez violent à son goût, aussi, fut-il tenté par une espèce de matelas gonflable magique, parfaitement stable et insubmersible tant que personne n’essayait de le renverser. La tempête faisait rage ! Tous aux chaloupes !

- Eh ! J’ai une idée ! lança-t-il en attrapant le matelas. Le premier qui fait chavirer l’autre a p… heu… ça va Précieuse ?

La jeune fille avait manifestement bu la tasse, et sa toux avait miraculeusement alerté Isaac. Il n’avait pas osé l’entraîner dans son jeu de peur de la froisser et elle attendait, immobile, que quelqu’un veuille bien s’intéresser à elle. Quand je vous disais que les filles n’étaient pas drôles ! Néanmoins, ils étaient là pour son anniversaire, et elle souhaitait passer du temps avec lui, sinon, elle ne serait pas restée ici alors que les vagues ne l’amusaient guère. Son esprit s’éclairait enfin ! Mais la culpabilité ne vint pas. Il semblait qu’il devrait renoncer à sa bataille navale et reconsidérer la fonction de son esquif improvisé. Il s’agenouilla sur le matelas en laissant ses pieds tremper dans l’eau, et tendit une main à sa dulcinée.

- Tu veux monter ?

Il ne voyait pas très bien où pourrait le mener sa démarche mais dans l’immédiat, il n’y avait rien de mieux à faire. Il préférait éviter de vexer Précieuse en lui conseillant de quitter la piscine, même s’il aurait largement préféré poursuivre son jeu sans elle.

Son imbécile de cousin était bien trop occupé à faire des bulles sous l’eau pour s’apercevoir de la détresse simulée par Précieuse. Et heureusement ! Car vu la lenteur digne d’un escargot dont faisait preuve Isaac, il valait mieux qu’il soit le seul a l’avoir entendue toussoter. Pendant un instant, la préfète des Serpents avait d’ailleurs cru que son opération de séduction avait lamentablement échoué. En effet, son collègue s’était réjouit de l’arrivée des vagues et avait même eu la sotte idée de proposer un nouveau jeu d’eau. S’il avait croisé le regard de la blonde ne serait-ce qu’un instant au moment de dire cette phrase, il aurait pu voir à quel point elle était agacée qu’il ne comprenne rien à son message subliminal. Le malheureux avait encore bien des choses à apprendre concernant la psychologie féminine !

Après un temps qui paru infiniment long, le jeune préfet avait fini par retrouver ses esprits. Il lui demanda comment elle se portait et alla même jusqu’à lui proposer de venir le rejoindre sur son matelas. Précieuse était aux anges. Elle qui commençait à considérer Isaac comme un niais indigne de sa personne, venait en cet instant d’oublier toutes ses sombres pensées. Elle se sentait à présent comme une princesse invitée à embarquer sur le voilier de son preux chevalier. C’était magique !

« Avec plaisir, » lui répondit-elle d’une voix douce, une lueur inhabituelle brillant dans ses yeux.

Notre Cendrillon tendit sa délicate main vers son prince-pas-si-charmant et effleura légèrement celle de celui-ci pour évaluer la douceur de sa peau. Après en avoir conclu qu’Isaac se lavait avec des produits de qualité, elle se hâta de serrer sa main pour qu’il ne trouve pas son attitude trop louche. Elle voulu alors se hisser à bord du navire mais la tâche s’avéra plus compliquée que prévue à cause des vagues qui s’abattait sur sa belle personne. Mais malgré ces intempéries, Cinderella se sentait en sécurité grâce au secours que lui apportait son cher et tendre. Il tenait sa main, que pouvait-elle donc craindre ?

*Oh non j’ai dû abuser des amuses-fantômes tout à l’heure ! Je dois peser trop lourd maintenant !!* s’affola intérieurement Précieuse en constatant qu’elle n’arrivait à monter sur le matelas.

Ne perdant pas ses esprits, la blondinette essaya de trouver une solution pour résoudre ce problème d’envergure internationale. Elle posa sa main libre sur le matelas et se hissa mais celui-ci s’enfonça dans l’eau sous le poids de sa main. Pour éviter d’empirer les choses et de faire tomber Isaac, elle retira sa main le plus vite qu’elle pu. Il ne restait plus qu’une seule chose à faire avant que son camarade finisse par s’impatienter de lui tenir bêtement la main. Elle se pencha légèrement en arrière et entreprit de poser en premier ses pieds par-dessus le joujou en plastique. Ensuite, elle essaya de se redresser en tirant avec force sur la main d’Isaac et en agrippant son autre main sur le rebord du matelas. Par une chance miraculeuse, elle réussit à se hisser à côté de son camarade.

« J’ai réussi ! » cria-t-elle victorieusement en lâchant la main d’Isaac pour la tendre vers le ciel.

« Euh au fait, ça va ton bras ? » se rattrapa-t-elle en réalisant qu’elle avait pratiquement arraché le bras de son roi dans l’aventure.

Elle lui fit un petit regard gêné puis sans réfléchir, elle lui colla un bisou baveux sur la joue en signe de remerciement. Mais ce simple mouvement du corps de la gauche vers la droite venait de provoquer un déséquilibre dans leur précaire embarcation. Une vague acheva la tâche en les envoyant tous les deux valser dans l’eau la tête la première.

Précieuse était affligée d’une toux bien pratique, qui s’apaisait avec des marques d’attention. A peine l’avait-il invité à la rejoindre qu’elle lui répondait favorablement, pour chercher sa main sans l’ombre d’une hésitation. Pourtant, Isaac ne soupçonna rien. Il n’imaginait pas la demoiselle capable de ruses si médiocres, si futiles. Pouvait-on seulement y penser ? La psychologie humaine en général le dépassait. Il ne voyait rien, ne cherchait pas à comprendre tant qu’il ne sentait pas un danger rôder autour d’une personne. Comment voulez-vous que la pauvre Précieuse se fasse entendre de cette façon ? Et encore, le destin l’avait préservé d’Emilien qui surpassait Isaac en la matière, preuve en était sa parfaite indifférence durant le bal. Mais le Serpentard n’avait pas suffisamment d’expérience pour faire le parallèle entre son cas et celui de sa comparse. Sa proposition était une chance à saisir, un élan inconscient de lucidité qui avait embrasé le regard de la belle. Ne devait-il pas officialiser sa relation avec elle ? Entrer dans le cercle des élèves qui pouvaient se targuer d’avoir une petite amie ? C’était un panthéon de choix à cet âge, quelque chose qui vous donnait l’impression d’entrer dans un monde interdit, plein de promesses, que les autres ne connaissaient pas, désiraient et enviaient. Il éprouvait à cette idée une froide satisfaction. Son cœur ne s’emballait pas tandis que leurs mains se frôlaient, il avait simplement ouvert une nouvelle porte, et la victoire semblait proche. Que faisait donc Précieuse ? Ses doigts délicats glissaient sur le dos humide de sa main au lieu de s’y accrocher franchement. Il laissa passer ces étranges secondes sans se troubler, et les regretta presque lorsque la jeune fille tira désespérément sur son bras pour se hisser sur l’embarcation.

Avait-elle l’intention de lui déboiter l’épaule ? De lui arracher le bras ? Surtout ne pas lâcher… Surtout ne pas tout rater en basculant en avant… Précieuse avait-elle évalué son gabarit ? Le quidditch, la natation, le ski et même quelques sports de combats – Vous pensez bien qu’il fallait occuper l’énergie d’un enfant comme Isaac – avaient peut-être exercé ses muscles mais il n’en gardait pas moins une silhouette très fine et une force très relative. Ah oui vraiment, une idée brillante ! Etait-elle obligée de se pendre à sa main aussi ! Elle voyait bien qu’elle n’y arrivait pas et qu’il valait mieux s’appuyer entièrement sur le matelas. Il savait que les singes pouvaient mourir s’épuisement parce qu’ils n’avaient pas toujours la présence d’esprit de lâcher ce qu’ils avaient attrapé, mais, selon toute probabilité, Précieuse était dotée d’une intelligence plus élevée ! Elle n’était décidément pas douée ! Si l’effort qu’il devait déployer pour ne pas tomber ne bloquait pas à moitié sa situation, il n’aurait pas manqué de le lui signaler. Ah les filles… Il fallait toujours qu’elles vous fassent n’importe quoi à la moindre petite difficulté, et s’il cédait, il allait passer pour un idiot parce qu’il était le garçon, et, surtout, parce qu’il avait lancé cette idée stupide…

Enfin, après plusieurs tentatives, il put tirer le corps de Précieuse vers lui sans qu’il ne soit tenté par un retour en arrière. Sa camarade avait dû pour cela s’aider de ses pieds… C’était d’une classe ! Quelques sourires discrets s’échangeaient autour d’eux. S’ils ne rattrapaient pas vite le coup on parlerait encore longtemps des frasques chaotiques du roi et de la reine du bal… Et il ne faudrait pas compter sur leurs fans pour les réélire la prochaine fois ! Il se massa douloureusement le bras. Si ça allait ? Quelle question stupide ! Ses articulations auraient pu lâcher ! Elle était furieusement lourde malgré sa taille de guêpe. Et il était peut être plus blessé qu’il n’en paraissait. Il lui avait semblé entendre quelque chose craquer.

- Mais oui, à merveille ! lança-t-il de mauvaise humeur. Tu m’aurais démis l’épaule que ça ne m’étonnerait pas…

La fin de sa plainte resta en suspend. Précieuse l’avait une fois de plus pris par surprise en l’embrassant, sur la joue. Il resta bête un instant, le visage figé, un sourcil levé pour tracer l’expression d’une incompréhension totale. C’était assez gênant, il fallait l’avouer, et c’était assez dégoûtant. Ne pouvait-elle pas l’embrasser proprement ? Il avait l’impression d’avoir reçu une sorte de méduse brûlante sur la joue, et sa peau était désormais maculée de salive. Il posa une main dessus, comme s’il ne réalisait pas encore la portée de cet acte alors qu’il ne cherchait qu’à essuyer la « salissure ». Mais, personne ne put le constater puisque le matelas, peut-être choqué par tant d’indécence, les renversa. Voilà ! C’était malin ! Echec total ! Tout le monde se moquait d’eux à présent.

On aurait pu penser que le jeune Deniel referait surface plus furieux que jamais, mais cette douche indésirée avait refroidi ses ardeurs. De plus, le baiser l’avait quelque peu gêné. Il avait une petite expérience dans ce domaine, grâce à des jeux de pré-adolescent comme imperium/veritaserum notamment, mais jamais une fille ne l’avait embrassé de son propre chef, et il devait affronter une situation qu’il ne maîtrisait pas et qu’il ne désirait finalement pas tellement. Ainsi, contre toute attente, il éclata de rire. C’était vraiment trop ridicule !

- Je crois que nous venons de faire la virée en matelas pneumatique la plus courte de l’Histoire !

Il roula des yeux, s’interrompit un instant, et hésita. Que dire à Précieuse ? Qu’avaient-ils à se dire ? Il ne pouvait plus vraiment trouver d’issue dans le jeu, puisque son enthousiasme avait été interrompu et qu’il était désormais impossible d’ignorer Précieuse après cette lamentable tentative d’approche.

- On ferait peut-être mieux de sortir de l’eau non ?

Il regagna le bord de la piscine en quelques brasses, et saisi la main de Précieuse pour l’aider à se redresser lorsqu’elle retrouva un bon équilibre sur le carrelage mouillé. Il avait retenu la leçon…