Retenue des lanceuses de limaces [terminé]

[HJ : retenue concernant Mesdemoiselles Mariana Taylor, Page McHenry et Lucy Duncan]

Le cours était enfin terminé. A chaque nouvelle heure, Dolores avait l'espoir que tout se passerait dans le calme et la réflexion, mais systématiquement, il se trouvait l'un ou l'autre élève pour faire le fanfaron. Qu'à cela ne tienne, la Grande Inquisitrice les attendait de pied ferme, mais tout de même. N'étaient-ils pas fatigués d'être collés régulièrement ?
Les trois élèves étaient restées à la fin du cours alors que leurs camarades filaient vers le cours suivant. La femme en rose les avait donc convoquées pour le soir même, dans son bureau tout rose.
Pour l'occasion, elle avait une fois de plus fait apparaître de petits bureaux sur lesquels reposaient les plumes tant redoutées des élèves, mais elle avait également décroché toutes les assiettes du mur. Non pour pénaliser ses chatons chéris, mais parce que la sous secrétaire avait beaucoup de projets pour cette retenue. Ils émettaient de petits miaulements plaintifs à vous fendre le cœur.

- Ne vous inquiétez pas mes chéris, ce n'est que temporaire. Les collées du jour vont vite s'occuper de vous !

Ah, ça, non, ces petites pestes ne feraient pas que copier des lignes...

[HJ : désolée, c'est assez court, mais je préfère garder un peu de suspense pour vous dire ce que vous ferez une fois que vous serez arrivées]

La soirée était arrivée bien trop vite au goût de la jeune irlandaise. Le cours de Métamorphose que Page adorait pourtant avait été gâché par la perspective de la retenue à venir, et même le cours atrocement révoltant de duel avait paru trop bref à la lionçonne, c'était dire. Elle avait tourné le reste de l'après-midi comme un fauve en cage, incapable de faire quoi que ce soit.

Elle n'avait pas peur. Mais l'Ennemi avait annoncé une retenue particulièrement insupportable, et Page avait le trac. Qu'avait-elle donc pu inventer ? La première année avait eu vent par les précédents collés de sa technique de la plume suceuse de sang. Mais la rosâtre avait annoncé que les fillettes ne feraient pas que des lignes. A quelle sauce l'ogresse allait-elle manger ses proies ? Plus la journée avançait, et plus le nœud qu'elle sentait dans son ventre se resserrait. Allez, un peu de courage que diable. Ce ne serait qu'une heure ou deux à passer en compagnie de la Harpie. Demain arriverait bien vite, et même si les trois collées en avaient pour toute la semaine, ce ne serait que quelques mauvais moments à passer.

Pour se réconforter, Page ne cessait de se remémorer la tête qu'avait tiré Précieuse en crachant ses limaces. C'était vraiment répugnant. Ca, ça valait toutes les retenues du monde. Enfin Page essayait en tous cas de s'en persuader.

La fillette se décida à se rendre à la retenue en avance. Non pas qu'elle ait eu envie de faire du zèle ou qu'elle ait eu des tendances masochistes, mais la rouquine tenait à glisser un mot ou deux à ses codétenues avant d'entrer dans l'arène.
Aussi arriva-t-elle avec dix bonnes minutes d'avance devant le bureau du Crapaud. Page sentait la tension continuer de monter dans ses entrailles. La sentence était si proche !
Elle s'appuya sur le mur et se laissa glisser jusqu'au sol, s'asseyant en attendant Lucy et Mariana, essayant de respirer calmement.

Les deux élèves ne tardèrent pas à arriver. Avant même qu'elles aient pu la saluer, Page se leva, un peu pâle, et prit la parole :

- Mariana, je te respecterai éternellement pour avoir osé lancer ce foutu sortilège sur Cudacier. C'était couillu, c'était gonflé, et j'aurais jamais osé le faire durant le cours du Crapaud. Un coup vraiment fumant. Je te soutiendrai quoi qu'il se passe dans cette salle. Je resterai solidaire... La tronche qu'a tirée Précieuse vaut toutes les colles du monde. Lucy, j'espère que tu feras comme moi. On doit se serrer les coudes pour pas donner à la rosâtre la satisfaction de nous diviser, même si c'est dur.

Enfin, le beau discours, c'était pour maintenant. Page espérait qu'elle pourrait le tenir. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui les attendait derrière la porte, dans le bureau étouffant de rose.

Prenant une grande inspiration, elle posa sa main sur la poignée de la porte. Un observateur extérieur aurait pu la prendre pour un condamné qu'on envoyait au bûcher. Et pour le coup, c'était ce que ressentait la petite.

Maintenant, oui, elle avait peur. Même si elle refusait de se l'avouer. Le temps avait semblé s'arrêter.

Elle poussa la porte et fut comme happée par l'envahissante couleur bonbon.

- Bonjour Professeur Ombrage, ânonna-t-elle, pas très tranquille.

Mariana avait beau avoir été envoyé chez les Gryffondor, avoir fournit un acte de bravoure extraordinaire dans le cours d’Ombrage, il n’empêche qu’elle n’était pas courageuse. Enfin à sa connaissance. Si l’on en jugeait par ce qu’elle avait entendu, pendant leur retenue, les jeunes filles allaient enfin connaître la torture physique. Et Mariana était une grosse chochotte. Bon, pour les limaces, ce n’était pas de la chochoterie, plutôt son égo qui le lui interdisait. Elle l’avait payé, de toute façon, cet excès de courage, ou bien ce geste qui prouvait sa stupidité, au choix. Et il fallait croire que la lettre envoyée à sa mère et son beau-père, ce n’était pas assez. Décidement, elle s’en souviendrais toute sa vie de sa troisième année. Et pas forcément qu’en bien. Ce crapaud rose avait vraiment décidé de semer la terreur à Poudlard, et de diviser les élèves. Et avec Précieuse à ses pieds, elle n’en n’était que plus redoutable. Pourtant, Mariana avait le sentiment qu’un jour où l’autre elle paierait ses actes. Cudacier aussi d’ailleurs. Un jour le vent tournerait, c’était certain. Mariana avait retrouvé Lucy dans les couloirs, tandis que la Serdaigle se rendait à sa retenue. La rouge et or avait gratifié son amie d’un signe de tête, le visage assez blanc, sans arriver à lui dire un seul mot. C’était peut-être mieux ainsi. Le silence avait quelque chose d’apaisant pour la Gryffondor. Enfin pour l’instant. Arrivée à destination, la jeune sorcière s’aperçut qu’elles n’étaient pas seules. Ah oui, Page. La petite furie rousse. C’est vrai qu’elle aussi avait subit la colère du crapaud, injustement d’ailleurs, et à cause de McLane. Avant qu'elle n'ai eu le temps de la saluer, la rouge et or

- Mariana, je te respecterai éternellement pour avoir osé lancer ce foutu sortilège sur Cudacier. C'était couillu, c'était gonflé, et j'aurais jamais osé le faire durant le cours du Crapaud. Un coup vraiment fumant. Je te soutiendrai quoi qu'il se passe dans cette salle. Je resterai solidaire... La tronche qu'a tirée Précieuse vaut toutes les colles du monde. Lucy, j'espère que tu feras comme moi. On doit se serrer les coudes pour pas donner à la rosâtre la satisfaction de nous diviser, même si c'est dur.

La tirade de Page avait beau être très belle, Mariana haussa les épaules. Ce que la fillette ne savait pas, c'était que c'était Lucy qui avait lancé le sortilège. Elle, elle ne s'était dénoncée que pour éviter à son amie d'autres ennuis, vu qu'Ombrage ne la portait vraiment pas dans son coeur. Rien de bien glorieux, pour elle, donc. La rouge et or hésita à prendre les félicitations pour elle mais elle ne pouvait décidément pas accepter plus longtemps la responsabilité de cet acte. Avec une petite moue éloquente, elle pointa Lucy du menton :

- C'est elle que tu devrais aduler, pas moi.

C'était le grand moment. Page poussa doucement la porte, pour laisser place à un bureau ... rose. Oui, rose était le mot pour le décrire. En tout cas, on s'apercevait immédiatement à qui il appartenait ce bureau. Il devait sortir du même moule que cette vieille peau d'Ombrage. En tout cas, il donnait envie de faire demi-tour, et d'aller vomir dans le premier cabinet venu. La rouge et or en avait très envie mais son casier judiciaire étant déjà bien entamé, il fallait mieux éviter. Qui sait, le Ministère pouvait toujours autoriser de nouveau les exécutions. Pendue sur la place publique. C'était une belle fin non ? Mariana imaginait déjà la tête de ses parents si elle faisait cela. Elle était morte. Donc non. Ses pieds se dirigèrent automatiquement vers la porte et elle entra à la suite de Page. Ombrage était là, toujours aussi moche qu'à son habitude d'ailleurs, elle la salua. Ce n'était pas le moment d'aggraver son cas en ignorant son professeur et en lui manquant de respect. Elle n'avait pas envie de passer sur l'echaffaud, il faut aussi l'avouer.

- Bonjour Professeur Ombrage.

L'heure de la sentence allait bientôt sonner.

Et deux heures de plus dans le bureau du Grinch Rose, deux ! Mais quelque chose lui disait qu'être une habituée des lieux ne l'aiderait pas à obtenir une quelconque réduction, c'était plutôt le contraire. En fait, le problème, c'est que Lucy n'avait rien le temps de choisir, dès l'entrée chez Rose & Rose on lui demandait de payer d'avance pour un magnifique tatouage indélébile, qu'elle ne choisissait pas. Histoire de garder le suspens. Cependant, les inscriptions entrelacées sur le dos de sa main parlaient souvent de respect et autres termes qu'elle entendait souvent dans la bouche du Crapaud mais n'écoutait jamais.

Ce soir-là, elles allaient en baver comme des limaces. Et pour cause; c'était ces charmantes bestioles que la Bleue et Bronze avait fait vomir à Précieuse pendant le cours de défense contre les forces du mal, qui avait eu lieu l'après-midi même. Cudacier avait sauté sur l'occasion pour dénoncer des gens au hasard, désignant Page. Mariana s'était ensuite accusée pour défendre la deuxième année, qui s'était faite balancer par la frangine de la "victime". Merci les McLane ! C'était vraiment la pire famille que l'on ait pu trouver à Poudlard. Il est vrai que les parents de Deniel avait également eu la mauvaise idée de laisser leur progéniture en vie après sa naissance, mais au moins avaient-ils eu le bon goût de ne pas recommencer deux fois la même erreur. L'euthanasie était toujours possible, malheureusement, il était fort probable que les détraqueurs qualifient cet acte d'héroïsme de meurtre. Voilà pourquoi les super héros restent cachés, le monde est ingrat. On le sauve et pour tout remerciement, on se voit privé de son âme.

En attendant, elle était privée d'une soirée tranquille. Au moins ne la passerait-elle pas à paresser sur un fauteuil. Les punitions collectives renforçaient les liens d'amitié existant, et en tissait d'autres. Voilà à quoi pensait Lucy en se rendant dans le bureau d'Ombrage. Au détour d'un couloir, elle croisa Mariana, qui semblait se liquéfier un peu plus à chaque pas qu'elle faisait vers le Crapaud. L'Aiglonne, voyant que son amie ne serait pas en état de tenir une conversation, garda le silence. Il est vrai que la première heure de colle avec Ombrage était particulièrement marquante. Mais depuis ce jour-là, sa main en était devenue quasiment indolore. Qu'avait donc prévu le Grinch pour ce soir ? Il lui semblait qu'elle avait évoqué une punition particulièrement atroce. Qu'est-ce que cela pouvait être ? Recoudre ses petites - ahem - culottes roses ? Ou bien donner un bain à ses chers petits chatons ? Plongée dans ces réflexions, Pinpin ne s'aperçut de la présence de Page que lorsque celle-ci prit la parole. Elle aussi semblait toute blanche. Elle se mit à féliciter Mariana pour son acte, et enjoignit la blondinette à rester solidaire. Big Mama répliqua qu'il valait mieux remercier Lucy pour les grimaces que Précieuse avait tirées.

- C'que t'as fait demandais 10 fois plus de courage, répondit la Serdaigle en secouant la tête, puis elle précisa à Page; j'ai lancé le sort, mais Mariana s'est dénoncée. Pour que je sois pas punie.

Elles firent ensemble les derniers pas qui les menèrent à la porte, que Page finit par ouvrir. Elle et Mariana entrèrent les premières, toutes deux aussi pâles que des fantômes, suivies de Lucy, bonne dernière. Elle n'était pas particulièrement effrayée; elle savait déjà qu'elles allaient toutes souffrir, et c'était inévitable. Alors autant se débrouiller pour ne rien en montrer à la Grande Inquisitrice, même si c'était loin d'être toujours facile. Lorsque vint le moment de saluer leur bourreau, Pinpin ravala la phrase pleine de provocation qui lui brûlait les lèvres. Elle le paierait de toutes manières, Ombrage étant adulte, enseignante et membre reconnue du ministère, elle n'avait aucune chance de gagner à ce petit jeu, argument qui ne l'aurait pas dérangée le moins du monde si son amie et la première année n'étaient pas à ses côtés. Connaissant la Bombonne Rose, elle risquait de faire payer les affronts de Lucy au deux autres, pour appliquer sa fameuse doctrine "Diviser pour mieux règner". Alors il faudrait, pour ce soir-là, oublier tout orgueil et toute fierté. Chose difficile pour notre blondinette...

- Bonsoir professeur.

Sa voix était certes, un peu sèche et pleine de mauvaise volonté, mais c'était ça ou rien.

Avec des airs de condamnées à la peine capitale, les fillettes entrèrent enfin dans la salle. Seule la jeune Duncan semblait plus blasée qu'autre chose... Mais il était vrai que la fillette commençait à être une habituée des retenues avec Dolores. Les deux autres semblaient terrorisées en revanche, et cela augurait une retenue pour le moins intéressante.

Ah, elle apprendraient, ces petites pestes, qu'il ne faut jamais agir à la légère, sous peine d'en subir les conséquences ! Bien sûr, il était fort possible que les trois ne soient pas coupables. La Grande Inquisitrice avait songé à cette éventualité. Une personne est amplement suffisante pour lancer un sortilège de crache limace. Mais les deux autres étaient certainement complices. Et même si le professeur de DCFM n'aurait pas soupçonné une telle attaque de la part de la jeune Taylor, le fait qu'elle s'accuse l'avait immédiatement rendue à ses yeux aussi "possiblement" coupable que les deux autres petites pestes qui l'accompagnaient ce soir. Car même si c'était effectivement Mariana qui avait lancé le sortilège, le devoir de l'une et les provocations habituelles de l'autre méritaient une bonne retenue. Ca ne pourrait que leur remettre les idées en place. Mieux vaut prévenir que guérir. Elle devait briser leur volontés et leurs velléités de rébellion avant qu'il ne soit trop tard.

- Hum, hum... Installez-vous mes chers petites. Ce soir, je vais vous inculquer le respect voyez-vous. J'ose espérer que vous finirez cette semaine avec une bien meilleure considération du malheur des autres.

La femme en rose désigna les piles d'assiettes qui reposaient sur chacune des tables des fillettes. Des miaulements furieux s'en échappaient.

- Mes pauvres chatons... Il ne faut pas les laisser trop longtemps ainsi voyons ! Votre première tâche consistera à nettoyer, astiquer, récurer et faire briller toutes les assiettes de mes minous, qui ont été traumatisés par l'épisode de ce matin. Ils méritent bien une petite toilette ! Faites attention à vos mains, il se pourraient qu'ils n'apprécient pas vraiment votre contact, finit-elle en gloussant. Leurs griffures ne sont pas dangereuses mais peuvent être plutôt douloureuses si on n'y prend pas garde.

La sous-secrétaire afficha un sourire satisfait. Pendant que les fillettes s'occuperaient du nettoyage, elle aurait tout le temps de préparer le hibou qu'elle comptait bien envoyer aux parents de la jeune Taylor, ainsi qu'un rapport sur le comportement des trois collées, à archiver dans les dossiers qu'elle tenait sur les éléments récalcitrants de Poudlard.

- Lorsque vous aurez terminé, ne croyez pas pour autant que votre liberté vous sera acquise. J'ai bien d'autres projets pour vous ce soir.
Vous vous installerez donc à vos petits bureaux, et à l'aide de mon merveilleux nécessaire d'écriture, recopierez la phrase que je vais vous indiquer au tableau.

D'un geste de sa courte baguette, Ombrage fit apparaitre quelques mots sur le tableau noir :

Citation :: Je ne dois pas infliger à autrui ce que je n'apprécierais pas qu'on me fasse.

[HJ : Comme lors de la précédente retenue, je demanderai aux collées un petit effort aux joueuses pour marquer le fait que vos persos passent un moment exécrable :
Le principe reste le même que la dernière fois, c'est de rédiger la phrase inscrite au tableau, mais en mettant en forme les lettres dans un ordre précis. A savoir : une lettre normale, une lettre en rouge, une lettre en orange, une lettre en vert, une lettre en bleu, une lettre en violet puis on recommence.

Exemple : Ceci est un exemple.

Lucy, tu feras deux lignes, une commençant par une lettre normale, et une commençant par une lettre en rouge.

Mariana, tu feras également deux lignes, une commençant par une lettre en orange et une commençant par une lettre verte.

Page, tu feras également deux lignes, une commençant par une lettre en bleu et une commençant par une lettre violette.

Les consignes restent les mêmes que pour les autres élèves quant à la crédibilité de votre courage par rapport au roman.

Enfin, important, j'ai prévu encore une ou deux choses pour la retenue, je vous serai donc gré de bien vouloir dans votre post copier les lignes mais ne pas vous sauver ensuite... Tant qu'Ombrage ne vous a pas donné le signal pour arrêter, vous êtes censées rester dans la salle ^^

Bon courage à vous !]

Finalement, Page avait bien fait de venir en avance à cette retenue. Au moins avait-elle eu le fin mot de l'histoire quant à la lanceuse de sort. Elle avait fait des yeux ronds aux révélations de ses codétenues et restait très impressionnée par leur acte. Mais ses pensées étaient vite revenues à l'horreur de son présent. Le bureau. Rose. Et le crapaud. Impossible de penser à quoi que ce soit d'autre tellement l'atmosphère était étouffante. Et le sourire vicieux de l'Ennemi lorsqu'elle vit les condamnées entrer. Erk.

Page fit quelques pas dans la pièce, observant le décor et essayant de deviner ce qui les attendait... Trois petits bureaux trônaient dans la pièce, sans aucun doute trois instruments de torture qui leur serait très bientôt attribués. Mais les miaulements qui s'échappaient de la pile d'assiettes posée sur chacun des bureaux ne laissait rien présager de bon.

L'horrible voix de petite fille de leur bourreau s'éleva, faisant frissonner la lionçonne. Du respect. A d'autres. La souffrance oui. Le respect, elle pouvait se le garder.
Au moins la fillette n'eut-elle pas à attendre longtemps pour savoir à quelle sauce elles allaient être mangées. Nettoyage et récurage des chatons infernaux. Page estimait qu'elle ne s'en tirait pas trop mal, quand bien même les bestioles seraient peu coopératives. Mais l'Ennemi assura également qu'elles auraient de terribles lignes à faire. Page en avait beaucoup entendu parler en salle commune. Elle pâlit un instant. Elle s'y était attendue mais bon, y passer, c'était une autre affaire.

Jetant au passage un regard noir à la dondon rose, Page se dirigea vers l'un des bureaux, s'y installa, et, saisissant le chiffon posé judicieusement devant la pile de vaisselle, entreprit de nettoyer les horripilants chatons.

Frotter, astiquer, esquiver un coup de patte, ne pas écouter ce miaulement rageur, Aïe ! une griffure de cette sale bestiole.

Nettoyer, récurer, faire briller, esquive, griffure, frotter.

La pile descendait vraiment lentement.

Faire reluire, astiquer, mais aïeuh ! allez, encore une de faite.

Alors qu'elle avait au départ décidé de nettoyer ces fichues bestioles le plus lentement possible pour retarder l'heure des lignes, Page commençait déjà à capituler. Les miaulements rageurs se mêlaient aux cris lancinants et aux regards accusateurs, et les coups de griffe étaient vraiment pénibles... Vous savez, de ces minuscules griffures juste aux jointures, qui mettent un temps fou à cicatriser et vous mènent la vie dure en attendant.

La jeune irlandaise bâcla donc vite fait bien fait sa tâche. La pile d'assiette se trouvait donc à présent à côté de son bureau, et la petite rousse leva les yeux vers le tableau. Qu'elle était longue cette phrase. Elle savait déjà qu'elle allait souffrir.

Déroulant maladroitement un parchemin vierge, la Rouge et Or saisit la maléfique plume noire. Sa pointe rouge et acérée annonçait la couleur. Page connaissait le mode d'emploi. Tout le monde à Poudlard connaissait le mode d'emploi depuis les premières colles.

La fillette se concentra donc. Elle posa la plume sur le papier et commença à la faire glisser.

Je ne dois pas...

Chatouillis.

...infliger à autrui...

Gratouillis.

...ce que je n'apprécierais pas...

Ca y était, la douleur commençait à arriver, insidieusement, traitreusement.

...qu'on me fasse.

La fin de la phrase vit apparaitre une légère trainée rouge sur la main droite de la fillette avant de disparaitre. Page s'aperçut qu'elle avait retenu sa respiration durant toute la phrase. Elle expira de soulagement. Pourtant, elle savait qu'elle devait entamer la suivante. Elle crispa donc sa main et reprit à la ligne.

Je ne dois pas infliger à autrui...

Comment avait-on pu créer des objets aussi mesquins et cruels ! La lionçonne sentait la douleur se diffuser, de plus en plus insistante, et voyait la surface de sa peau se racornir au fur et à mesure des lignes. Comme si elle n'avait pas son lot de cicatrices. Il y avait fort à parier qu'une semaine de ce traitement laisserait ses traces.

... ce que je n'apprécierais pas qu'on me fasse.

Allez, encore une. On ne pleure pas. On serre les dents. Et on reprend. On étouffe ce sanglot qui monte dans sa gorge.
Page jeta un regard haineux vers le Crapaud. Les BR lui feraient payer ça. Au centuple.

Ombrage sembla très satisfaite de voir les mines piteuses qu'affichaient Page et Mariana. Elle les dévisageait toutes les trois sans retenue, avec une délectation plus qu'évidente. A croire qu'elle allait leur sauter dessus, les ligoter et les faire rôtir pour son dîner. GENRE !

Au menu mesdames et messieurs nous vous proposons:
En entrée:
¤ Cuisses de Moineau Grillées
Comme Plat Principal:
¤ Steak de Lion
Et en Dessert:
¤ Douceur écoeurante (Dondon au chocolat fourrée à la praline, sur son lit de limaces)

Au milieu de la pièce rose, Ombrage avait disposé trois petits tables, qui leur feraient sans doute office de bureau, et posées sur elles, des piles d'assiettes d'où s'élevaient des miaulements furieux. Lucy jeta un regard surpris au Grinch Rose. Ainsi, l'une de ses hypothèses se révélait juste. Leur punition serait de laver ces chères boules de poils, comme le leur annonça la vieille entre deux gloussements. Elle croyait toute de même qu'elle était un peu plus inventive que ça. Il fallait croire qu'après son apogée, l'ennemi faiblissait peu à peu ! C'était sans doute du à l'échec de son opération spéciale BR. Personne ne savait précisément qui ils étaient, mais tout le monde saluait chacun de leur nouveau coup d'éclat, et chaque fois, la Grande Inquisitrice y laissait du respect. Ceci même qu'elle essayait de leur inculquer, décrets après décrets. Heures de colles après heures de colles également pour certains.

En attendant, il s'agissait de ne pas surtout montrer à Ombrage à quel point cette punition pouvait la gaver. La deuxième année s'installa donc à son tour devant une table, s'assit, s'empara d'une éponge et d'une assiette, le tout sans accorder un seul regard à leur bourreau. En revanche, elle dévora les chatons des yeux, et un mauvais sourire étira ses lèvres lorsqu'elle contempla sa première assiette. La bestiole à l'intérieur tentait déjà de la griffer. Alors comme ça tout le monde y veut devenir un cat ? En attendant, on allait voir s'ils retombaient sur leurs pattes... Elle commença à frotter le plus énergiquement possible l'assiette, comme si elle était motivée et qu'elle faisait le tout en musique.

Découvrez Richard M. Sherman & Robert B. Sherman!

* ~~Ducheeeesse~~ Chatoooon, j'espère que t'apprécie ton bain sale bête ! *

Et de une ! Lalalalalalalaaaaaïeuh ! Une minute d'inattention avait suffi au félin pour lui assener un coup de griffe sur le dos de la main. Apparemment, c'était là qu'Ombrage aimait le plus leur porter des coups. Mais c'était plus... saignant que si elle s'était contentée de les taper à l'aide d'une règle en fer.

Ayant compris qu'elle ne pourrait éviter les coups de griffes des chats du Grinch Rose, Pinpin avait décidé de péter la gueule. Autrement dit, elle allait y aller à l'arrache, et si elle passait un mauvais moment, nul doute que les pauvres chatooons souffriraient aussi. Elle redoubla donc de vigueur dans sa manière de frotter. Le must, c'était que ces amours étaient si furieux de la manière dont on les traitait qu'ils n'étaient pas prêts de se calmer, et leur miaulement furieux berceraient Ombrage au moins jusqu'au lendemain matin. Nul doute que la Grande Inquisitrice passerait une bonne nuit et qu'on la retrouverait fraîche et disposée le lendemain matin...

* Mais y servent vraiment à rien ! Comment est-ce qu'on peut aimer des monstres pareils ?! *

Le problème était qu'en mettant toute son énergie dans l'astiquage des assiettes, elle progressait rapidement. Bien trop rapidement, compte tenu de la suite du programme. Malgré tout, elle fut la plus rapide à terminer, bien qu'étant également la plus lacérée. Il fallait parfois savoir faire des concessions, et si celle-ci pouvait faire passer une nuit blanche à Ombrage - elle n'aurait sûrement pas suffisamment confiance pour se permettre de prendre un somnifère - ça valait le coup d'avoir la main droite en sang, et l'avant-bras gauche en sale état également. Devoir sans cesse bouger ses membres blessés n'aidait pas à réduire la sensation de douleur: elle avait l'impression que quelqu'un s'amusait à lui planter des aiguilles dans le bras et dans la main.

Vint donc le moment de s'attaquer aux lignes. Les fameuses lignes du Crapaud, tant redoutées par tout Poudlard. Jusqu'à présent, c'était sa main droite qui pour une fois, avait fait les frais de ce sortilège qu'elle avait lancé dans la matinée. Lucy jeta d'ailleurs un coup d'oeil coupable à ses deux camarades; après tout, si elles étaient ici, c'était principalement de sa faute, même si les McLane se seraient sans doute arrangés pour qu'elles soient punies de toute manière, pour une raison x qu'ils auraient inventée. Maintenant venait le tour de sa main gauche. Celle qui payait depuis le début de l'année. Elle ferma les yeux, s'abstint de pousser un soupir, prit la plume et en posa la pointe sur le parchemin.

Je ne...

A peine avait-elle écris ces deux mots que ces précédentes blessures se rouvrirent. La Bleue et Bronze étouffa mal un gémissement de douleur. Cette nouvelle taillade avait ouverte les précédentes du premier coup.

...dois pas infliger...

Où achetait-elle ces plumes ? Dans un lieu des plus malsains, cela ne faisait aucun doute. A moins qu'elle ne les ai repérées parmi les objets confisqués du Ministère ? Ce ne devait pas être bien difficile lorsqu'on était Sous Secrétaire d'Etat de récupérer quelques objets pour son compte personnel...

...à autrui ce que...

A autrui a autrui, c'était vite dit ! Les McLane se targuaient suffisamment de ne pas être n'importe qui. En effet, ils n'étaient pas inclus dans le "autrui" ou "les autres" habituel, ceux que l'on doit respecter. Eux, ils ne rentraient pas dans une catégorie que l'on épargnait. Au contraire. Il aurait mieux valu les éliminer définitivement.

...je n'apprécierais pas qu'on me fasse.

Et devinez qui aurait du être la première à suivre ces judicieux conseils ? Un indice. Qui donc regardaient les trois élèves souffrir depuis le début de leur retenue, et ne se gênait pas pour leur infliger des punitions démesurées ? C'était tout à fait ridicule. A travers les larmes qui lui montaient aux yeux et qu'elle ne pouvait retenir, elle eut un rictus à cette pensée. Son prochain rêve serait sans doute d'être en train de lancer l'Imperium à Ombrage. Histoire qu'elle copie ses propres lignes.

Je ne dois pas infli ger à autrui...

Elle avait plein de sang sur la manche de son uniforme. On aurait dit qu'elle venait de commettre un meurtre. La blondinette ne pouvait empêcher les larmes de couler sur ses joues: la douleur qui s'était répandue dans toute sa main était trop vive, aussi baissait-elle la tête pour s'assurer qu'Ombrage ne s'en apercevait pas. Elle serait trop heureuse.

...ce que je n'apprécierais pas qu'on me fasse.

* Parce que si c'était un des McLane qui avait lancé le sortilège, il aurait été puni ? C'est dégueulasse ! *

La vie était injuste. Mais elle trouverait bien un moyen de se venger. Il le fallait.

[HJ : la fin de l'année arrivant vraiment vite, je poste rapidement pour que vous ayiez le temps de répondre. Vu que Mariana fait une pause de RP, on la considèrera comme PNJ. Je vous demanderai juste d'attendre qu'une certaine personne poste avant de répondre pour cette fin de retenue. Ensuite, ce sera à vous de jouer, et la retenue sera terminée.

Pour votre dernier post, pas besoin de copier à nouveau des lignes, je vous ai assez fait suer avec ça, un bon RP fera l'affaire.

Bon courage Twisted Evil

]

Dolores était penchée sur son bureau, absorbée par la rédaction du message destiné aux parents de Mariana. Sa concentration était bercée par les miaulements des chatons et les soupirs des fillettes. Elle mit enfin un point final et se relut rapidement.

Citation :: Madame, Monsieur,

J'ai le déplaisir de devoir prendre contact avec vous en raison des agissements irrespectueux de votre fille. Croyez bien que je suis navrée d'en arriver à de telles extrémités, mais la jeune Mariana ayant jugé bon de me mettre au défi de vous contacter pour confirmer une prétendue allergie aux gastéropodes, je me devais de prendre ma plume. En effet, votre fille s'est fait remarquer en classe en lançant un sortilège des plus désagréables sur l'une de ses camarades innocentes. Elle a ensuite essayé de se soustraire à la juste punition que je lui avais attribuée en mentant éhonteusement.

Il me paraissait donc important de porter ces agissements irrespectueux à votre connaissance, afin que vous preniez les mesures nécessaires. J'ai moi même tenté de ramener votre fille dans le droit chemin du respect, mais j'ai peur que les vacances approchant ne réduisent à néant tous nos efforts.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

Dolores Jane Ombrage
Directrice et Grande Inquisitrice de Poudlard
Professeur de Défense contre les forces du mal
Sous secrétaire d'état au Ministère de la Magie.

Ce message était du plus bel effet. Son application l'avait toutefois empéchée de remarquer l'ardeur particulière qu'avait mis Lucy au récurrage. La femme en rose s'attela donc ensuite à la mise à jour de ses fiches. Elle releva la tête : les collées avaient terminé le nettoyage de se chatons chéris et commençaient les terribles lignes, laissant de temps à autre échapper un gémissement.

- Fort bien mes chers petits... La première partie de la leçon semble être rentrée. Je pense que nous n'allons pas tarder à...

Quelques coups frappés à la porte interrompirent la sous secrétaire.

- Ah, voilà, juste à temps, comme d'habitude. Entrez, entrez !

Lorsque l'invité surprise fut passé dans le bureau, à la plus grande stupéfaction des collées, Ombrage termina, comme un bourreau qui abat son arme pour donner le coup de grâce.

- Bien mon cher petit, vous savez ce que vous avez à faire. Ces fortes têtes apprendront le respect par la manière forte. J'entends que cette retenue reste dans leurs mémoires pour qu'elles y réfléchissent à deux fois avant de s'en prendre de nouveau à quelqu'un comme elles l'ont fait.

Les lèvres du crapaud s'étirèrent en un sourire sadique. Cette retenue serait sans nul doute mémorable.

Précieuse frappa trois coups à l’heure précise où Ombrage lui avait demandé de le faire. Elle était vêtue de son uniforme de Serpentard soigneusement repassé et un œil averti aurait pu remarquer que son insigne de la BI brillait encore plus que d’ordinaire. Quand Ombrage l’invita à entrer, elle poussa la porte et se plaça en face des trois futures victimes. Alors que la dondon rose l’autorisait à mettre à exécution la sentence finale, Précieuse décida qu’elle allait faire les choses avec grâce et lenteur, afin que la torture infligée soit encore plus insupportable.

Elle sortit tout d’abord sa baguette de sa poche et prit le temps de la nettoyer avec un mouchoir de soie. Alors qu’elle l’astiquait affectueusement, elle en profita pour envoyer un grand sourire carnassier à chacune de ses trois ennemis afin de leur faire comprendre à quel point elle allait prendre plaisir à faire cela.

Quand elle estima que sa baguette était prête à être utilisée, elle la pointa tout d’abord vers Mariana tout en la fixant droit dans les yeux. Puis elle la pointa vers Lucy et murmura quelque chose d’inaudible pour lui faire peur. Elle la pointa ensuite d’un coup sec vers Page mais ne fit rien de plus. Qu’est ce qu’elles devaient avoir la trouille ! Le sourire de Précieuse s’était encore agrandit. Elle se sentait au sommet de sa gloire et souhaitait faire durer le moment.

« CRACHE-LIMACE !! » lança-t-elle en pointant sa baguette vers Mariana dans un geste bref et rapide.

Elle prit plaisir à regarder sa première ennemie cracher sa première limace. Puis elle leva à nouveau son regard vers les deux autres filles et leur fit comprendre que ce serait leur tour. Pour les agacer un peu plus, elle tendit sa baguette vers elles et oscilla une fois de plus de l’une à l’autre tout en effectuant un Amstramgram pique et pique et collegram.

« CRACHE-LIMACE !! » déclara-t-elle à l’égard de Lucy.

« CRACHE-LIMACE !! » ajouta-t-elle une seconde plus tard en pointant Page.

Elle l’avait fait. Sa vengeance avait sonné. Toutes ces petites pestes n’avaient que ce qu’elles méritaient. Elle fit un petit sourire à Ombrage et comptempla le résultat de ses actions en attendant de se faire congédier.

Une ligne de plus. Une pénible ligne de plus.

Page n'avait pas pu retenir ses larmes finalement. Elles roulaient en silence sur ses joues, tandis que la cruelle plume glissait inlassablement sur le parchemin.

La fillette s'interrompit un bref instant lorsque quelques coups furent frappés à la porte. Elle se doutait bien qu'Ombrage la fusillerait si elle voyait qu'elle s'arrêtait, mais la curiosité était forte, et cela lui donnait en plus un maigre répit pour suspendre la torture qu'elle infligeait à sa main.

C'est avec horreur que la petite rousse vit entrer... Précieuse McLane.

Non ! Ombrage n'avait pas le droit de faire ça ! Elle n'avait pas le droit de ramener sa pire ennemie durant leur colle, les rabaissant plus encore. La souffrance physique était une chose, l'humiliation d'être rabaissé devant l'être détesté était une torture pire encore !

Le petit manège qu'entama la blondasse fit frémir la lionçonne. Tout cela n'augurait rien de bon. Son sourire prédateur, ses manières de faire durer, de les faire attendre, de les suspendre à son bon vouloir ! Elle était manifestement convoquée pour accomplir quelque chose, mais quoi ?
Un sortilège. Ombrage avait demandé à Précieuse de venir leur lancer un sortilège. Quelle infecte bonne femme, quelle répugnante limace, quelle horrible mégère ! Ce comportement était indigne d'un professeur, mais après tout, Page doutait que l'Ennemi ne fut digne de quoi que ce soit.

Suspendue aux moindre geste de la Serpentarde, Page n'avait plus écrit le moindre mot depuis l'arrivée de cette dernière. Elle s'était raidie, et attendait le coup bas qui ne manquerait pas de venir. Comme tout à l'heure, elle avait peur. Elle aurait aimé ne pas donner cette joie à Précieuse, mais cela se lisait clairement sur son visage. Son beau courage avait été plus qu'émoussé par le début de la retenue, et voir Cudacier débarquer ainsi, c'était trop pour la petite irlandaise.

Elle comprit à l'instant même où le sortilège partit sur Mariana ce qu'Ombrage avait inventé pour les punir. Elle fit de grands yeux ronds et sentit ses entrailles se nouer tandis que Précieuse jouait avec leurs nerfs en hésitant entre elle et Lucy. Un regard sombre fusa vers le Grinch Rose. C'était inhumain.
L'attente fut enfin écourtée et Précieuse lança ses derniers sortilèges avec un sourire satisfait. Sale garce !

Page sentit la nausée arriver, en même temps que la première limace entrer au contact de sa langue. Elle manqua de vomir et recracha l'infortuné gastéropode sur son bureau, avec un haut le cœur atroce. Il devenait difficile de se consoler en se disant que Précieuse avait subi le même sort auparavant. L'heure n'était plus aux mesquineries. L'heure était juste au dégoût et au désespoir.

Blanche comme un linge, Page jeta un regard vers le crapaud. Elle aurait voulu fuir comme l'avait fait la blondasse. Elle voulait partir, loin de ce cauchemar, et cracher les créatures gluantes seule, loin du regard insoutenable de Précieuse. Mais le Crapaud semblait en avoir décidé autrement, et la lueur intransigeante qui était dans ses yeux voulait tout dire. "Finis tes lignes".

Crachant une nouvelle bestiole gluante avec une grimace de dégout, Page reprit sa plume, mortifiée et écœurée, et reprit sa punition, au supplice.

Je ne dois pas...

*grosse limace noire*

... infliger à autrui ...

*haut le coeur*

...ce que...

*petite limace orange*

...je n'apprécierais pas...

*pause pour reprendre son souffle*

... qu'on me fasse.

*limace jaune*

Au bout de la deuxième ligne, Page n'en pouvait plus.

- Madame, je... Elle plaqua ses mains devant sa bouche pour contenir son envie de vomir... Je ne peux plus !

Elle libéra la nouvelle limace qui était apparue dans sa bouche, et, attrapant sa sacoche au passage, quitta la salle en courant, direction les toilettes des filles. L'humiliation avait été totale. Page détesterait le Crapaud et Précieuse à vie, il ne pouvait plus en être autrement.

Lucy terminait péniblement de copier ses lignes, ne se préoccupant même plus de soigner son écriture: le sang qui coulait de sa main recouvrait ses mots de toute façon, et cette dernière, à force d'être martyrisée, était devenue insensible à la douleur, même si la Serdaigle ne pouvait quasiment plus la bouger. Et dire que cette affreuse bonne femme était devenue la directrice de Poudlard ! A tous les coups, sa méchanceté lui avait value d'être détestée de tout le monde lorsqu'elle était encore étudiante - il y a très très longtemps ~~dans une galaxie lointaine~~ - et elle trouvait aujourd'hui le moyen de se venger sur les enfants de ceux qui l'avaient détestée - et ils avaient bien eu raison.

La blondinette s'était ressaisie et avait arrêté de pleurer depuis quelques minutes lorsqu'on frappa à la porte. Qui pouvait bien rendre visite au Crapaud à cette heure-ci ? Rusard qui aurait renié son amour pour Mme Pince ? Aucun autre professeur ne supportait la Grande Inquisitrice, il était donc peu probable qu'il s'agisse de l'un d'eux. Un membre de la Brigade Inquisitoriale alors ? Malgré tous les droits qu'on leur avait conféré, ils étaient tout de même supposés respectés certains horaires, et être à cette heure-ci, dans leur salle commune. Mais les paroles du Grinch Rose furent explicites; cette visite était prévue, et cela n'envisageait rien de bon pour les trois punies.

Et ce fut Précieuse McLane qui entra, avec son habituel air suffisant. La Bleue et Bronze se demanda d'abord ce qu'Ombrage pouvait bien attendre d'elle. C'était censé leur apprendre le respect. Et bien, c'était mal parti. Ce qui venait de Cudacier inspirait tout, sauf du respect. Du dégoût, de la haine, ça c'était possible. C'est lorsqu'elle sortit sa baguette pour la nettoyer que Lucy comprit. Alors le Crapaud allait jusque là ? Bel exemple pour la société. Elle encourageait par là-même à désobéir au règlement. Lorsque McLane pointa sa baguette sur elle avec un murmure, la deuxième année crut qu'elle allait commencer par lui jeter le sortilège. Mais elle sembla se raviser, pointa sa baguette sur Page, et revint finalement à Mariana. Logique. Lucy se souvenait parfaitement de cette histoire, au lac. Une affaire de chaussures.

Et elle lança le sortilège de crache-limace sur la Rouge et Or. La Serdaigle grimaça en la voyant pointer de nouveau sa baguette sur elle. Avec un soupir, elle attendit : de toute façon, peu importait l'ordre dans lequel elle passerait à l'échafaud, le résultat serait le même pour tout le monde. Gollum la condamna donc à cracher des limaces, et fit de même aussitôt après pour la première année.

La deuxième année se sentit d'abord un peu patraque, puis elle eut carrément mal au coeur. La nausée s'installa très rapidement, et c'est avec horreur qu'elle sentit la première limace remonter du fond de sa gorge. La bestiole termina sa course en rampant sur le sol, tandis qu'elle était plié en deux de dégoût. Elle se redressa avec difficulté, essayant d'oublier la seconde limace qui arrivait. Sa seule consolation à elle, se trouvait justement dans les mesquineries. Que faire d'autre lorsque l'on vomit des gastéropodes devant sa pire ennemie ? Alors, Lucy tentait de positiver un minimum pour une fois. A savoir que les seuls témoins de son humiliation étaient le Crapaud, McLane et ses deux camarades d'infortune. Et non pas une classe entière. Oh, certes, cela ne faisait aucun doute que Précieuse s'empresserait de raconter l'affaire à tous les Serpentard. Mais jamais l'Aiglonne ne subirait autant de moqueries que son bourreau.

Crache-limaces... il fallait bien cracher non ? Lucy se retint de cracher ses limaces sur Précieuse. La vengeance est un plat qui se mange froid. Et il ne faisait nul doute à présent que les deux mégères y gouteraient. Le mieux, c'est qu'elle n'aurait pas besoin de s'occuper du Grinch Rose. Le poste de professeur contre les forces du mal était maudit, tout le monde le savait. Il ne faisait donc nul doute que la Grande Inquisitrice aurait disparu l'année suivante. Si possible, dans d'atroces souffrances. Quant à Gollum, elle ne perdait rien pour attendre. Il restait encore cinq ans à la blondinette pour mettre un plan à exécution. Peut-être plus si elle avait la malchance de se retrouver à l'UMA avec elle. De longues années qui promettaient d'être riches en coups-bas.

Mais pour l'heure, les délices de la vengeance étaient encore trop loin pour être savourés. Les seules choses que la Bleue et Bronze était capable de "savourer", c'était les limaces qu’elle ne cessait de vomir. Page sortit de la salle en courant. Lucy tenta de tenir plus longtemps. Elle sentait le regard hautain de Précieuse qui brûlait sa nuque tandis qu’elle essayait vainement de continuer à écrire. Finalement, elle se leva à son tour, et attrapant ses affaires, sortit d’un pas rapide ; une sortie digne, ce serait pour un autre jour.

*Tu l’emporteras pas au paradis McLane !*

Une fois qu'elle eut définitivement quitté le bureau d'Ombrage, elle laissa les larmes de rage qu'elle avait contenues tout au long du supplice rouler sur ses joues. Sa fierté et son orgueil venaient d'être rudement mis à l'épreuve, et même si elle s'était appliquée à le dissimuler, elle n'avait pas du tout été indifférente à cette humiliation. Elle se calma après avoir laissé une famille de petites limaces partir à l'aventure dans les couloirs de Poudlard, et gagna à son tour les Toilettes des Filles.