Bain de soleil à travers la fenêtre... [ PV Malicia Fowl ]

Le jeune Nott avait un temps libre dans son emploi du temps, les révisons des Buses étant prédominantes, les cours étaient moins chargés. Les élèves profitaient de cet aménagement pour réviser deux fois plus. Bien entendu, ce n’était guère le cas de Theodore. Il n’était pas certain du tout d’obtenir ses examens, ni donc de passer en sixième année. Mais il ne s’inquiétait pas plus que cela. Après tout, il pourrait rester encore une année de plus à Poudlard, ainsi ne pas défier les forces obscures qui l’attendaient à l’extérieur du château. Sa mère n’était plus de ce monde pour lui fournir de bons conseils, elle était morte sous ses yeux. Evènement dont jamais le jeune homme ne s’était remit... Puis son paternel, fier et brillant sorcier, mettant ses pouvoirs au service du Mal, au service du Lord Noir. Oui Nott senior était Mangemort. Aux yeux de ce dernier, Theodore n’avait aucune autre carrière à envisager. Il avait le Mal dans le sang, cela ne pourrait pas être autrement ...

Le Brun aux yeux clairs craignait fortement son paternel, jamais il ne s’était opposé à ses dires. Il lui obéissait par la crainte, le respect de ce grand homme. Mais il avait besoin de se trouver lui-même. Comment peut-on vivre une vie dicté par une autre âme que ce soi-même ? Non cela n’était pas possible. Mangemort ou non, c’est lui seul qui devait avoir le pouvoir d’en décider. Il n’était pas un pantin que l’on manie à sa guise. Il avait un caractère fort, malgré cette forte sensibilité causée par le suicide de sa mère... Mais son cœur de Serpentard s’était fortement durci après ses cinq années à Poudlard. Sa vie sentimentale était un pur échec, ses relations sociales n’avait guère été plus brillantes. Par contre, il ne s’était pas vraiment fait d’ennemis. Fait pas étonnant lorsqu’on connait la discrétion et le besoin de solitude de jeune homme ...

Soit, en cette pleine après-midi ensoleillée, le Brun déambulait seul dans les couloirs du château. Il se disait qu’il monterait peut-être ce soir à la Tour d’Astronomie, en vue de réviser pour l’examen. Mais à chaque fois qu’il montait à cette tour – ce qu’il a fait très souvent cette année – Theo ne trouvait pas le temps de s’atteler à ses révisions. Il se laissait empoter par cette vague d’étoiles, omniprésentes lors de clairs soirées d’été. Il aviserait le soir venu.

Le Vert et Argent s’arrêta un instant, il avait traversé ce long couloir, perdu dans ses pensées. Il en était à lus de la moitié, il décida de s’arrêter un instant au bord d’une grande fenêtre. Là il pouvait observer les élèves de l’école aux alentours du parc. Le soleil venait aussitôt chauffer ses mèches brunes, ça faisait du bien. Les murs de l’école étaient froids. Il leva sa tête vers le soleil, fermant les yeux et laissant l’astre brûlant lui réchauffer le corps quelques instants. C’était assez revigorant, il fallait l’avouer. Dans un état de satisfaction inhabituelle, le cinquième année ne s’aperçut pas qu’il n’était plus vraiment seul dans ce couloir...

Malicia se promenait dans les couloirs. Ce n'était en rien un fait étonnant vu le nombres d'heures qu'elle passait à marcher sans but. Mais cette manie n'était pas si vieille, c'était juste un des nombreux conseils anti-stress que sa mère lui avait donné. La jeune fille ne savait pas s'il marchait mais durant ses promenades quotidiennes elle oubliait les BUSES qui arrivaient à grand pas. Son esprit allait vagabonder ailleurs. Elle rêvait à bien des choses. Elle se prenait tour à tour pour une libellule, une elfe ou tout autre créature magique. En effet ce qui avait de plus intéressant dans les couloirs du château, c'était le fait que peu de personnes y traînait. Les autres élèves étaient soit à réviser leur examens de fin d'année soit à profiter du beau temps dans le parc. Et Malicia était seule.

Il lui arrivait quelques fois de rencontrer les fantômes de Poudlard qu'elle saluait. Mais elle passait son chemin ne s'attardant guère. Elle s'obstinait à appliquer à la lettre les conseils de sa mère.

Citation :

"Si tu n'arrives pas à penser , marche
Si tu penses trop, marche
Si tu penses mal, marche encore."

Certains se demanderont où était passé la manie qu'avait la Serdaigle de chanter quand elle se croyait seule. La réponse était simple, il suffisait de lire le décret d'éducation numéro 2 qui interdisait aux élèves de faire de la musique dans les couloirs. Malicia était peut-être folle mais elle ne voulait pas faire perdre des points à sa maison. D'ailleurs elle n'éprouvait plus ce besoin de chanter sans raison, préférant à présent avoir une discussion avec elle même.

Tout en marchant elle aperçut une silhouette au bout du couloir. Elle n'était donc pas la seule à profiter du calme du couloir. Elle s'approcha à petits pas de la fenêtre où était accoudé l'inconnu. Mais plus elle s'avançait plus la silhouette lui paraissait familière. Elle s'arrêta à quelques mètres ne voulant interrompre la rêverie du jeune homme. Malicia le connaissait sans le connaître. Ils étaient tout les deux en cinquième année mais jamais elle ne lui avait adressé la parole . Elle se souvenait tout de même de son prénom, après tout ils avaient partagé certains cours depuis 5 ans. Mais comment fait-on pour aborder un quasi inconnu? Voilà la question que la petite Serdaigle se posait. Elle se serait encore là à l'observer à la dérobé si elle n'avait eu un sursaut de courage.

"Hum… Salut! Tu profites du soleil?"

A peine ces mots prononcés que la petite fille se maudit intérieurement. Elle savait pourtant qu'elle devait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. D'ailleurs elle en était certaine sa présence allait sûrement le déranger. Elle aurait mieux fait de se taire et de continuer son chemin.

Le soleil, cet astre qu’il avait pourtant cherché à fuir durant de nombreuses années. Il ne souhaitait pas apparaitre comme tout le monde, il voulait cultiver sa différence aux yeux des autres. Se fondre dans la masse n’a jamais été sa ligne de conduite. Il n’allait pas changer cela maintenant. Mais le jeune homme avait appris durant sa scolarité que de simples faits de la nature pouvaient nous rendre la vie meilleure. Au moins le temps d’un bref instant. Sentir sa peau chauffée sous ce contact lumineux, percevoir le souffle léger du vent sur sa peau. C’était plaisant, il ne pouvait pas en dire le contraire. Le Serpentard aurait pu rester un long moment ici, les yeux fermés, relâchant la pression des épreuves de fin d’année...
Mais il en fut tout autrement. En effet, une voix résonna dans le couloir.

"Hum… Salut! Tu profites du soleil?"

Theodore eut un infime sursaut, qui ne se laissait que peu transparaitre. La voix était un peu précipitée, elle lui était inconnue. Il s’agissait d’une fille. Le Vert et Argent n’était pas vraiment doué pour les discussions avec la gente féminine... Il faut dire aussi que cette année ne fut pas sans émotions. Il a connu une jeune fille assez importante à ses yeux. Du moins, c’était ce qu’il croyait. Les sentiments sont vraiment une chose à éradiquer. Ils te rendent faibles et plutôt niais. Mais le Brun a toujours été un garçon assez sensible. Bien que son âme soit noire. L’ange noir c’était lui, celui dont il ne manquait que les ailes pour prolonger le doute.

L’héritier Nott avait ouvert les yeux, mais sa tête n’était toujours pas orientée vers la jeune fille. Il aurait apprécié pouvoir la détailler sans la voir. Il espérait ne pas avoir à faire avec une sombre idiote qu’il se plairait d’envoyer paitre. C’était ce qu’il ferait. Cela sonnerait comme une vengeance personnelle avec la gente féminine comme cible.
Après ce silence pesant, Theodore consentit enfin à tourner son regard clair vers l’inconnue.
Le Serpentard fut légèrement déçu lorsqu’il s’aperçut qu’il ne pourrait pas se montrer grossier envers cette jeune fille. De toute façon, même avec une autre, il ne l’aurait sûrement pas fait... Bref, il était donc posté là, fixe, les bras sur le rebord de la fenêtre. Le soleil lui faisait plisser légèrement les paupières. La fragilité de son âme se reflétait dans le bleu si délicat de ses prunelles.
Enfin, le cinquième année répondit :

- Salut. Je dirai plutôt que je tue le temps...

Puis il reporta son regard vers l’extérieur vers le parc, où il apercevait sans distinctions quelques élèves. En se remémorant ses propres paroles, Theo prit conscience qu’il n’avait pas vraiment fait preuve de délicatesse dans ses propos. Il ne s’était pas montré très poli, devant cette demoiselle qui ne lui cherchait pas d’ennuis à première vue. Son ton n’avait pas été agressif, mais quelque peu froid... Il se hâta de rectifier cette maladresse :

- Le meilleur moyen de profiter du soleil serait peut-être d’aller dehors. Mais je n’en ai pas très envie.
Au fait, je m’appelle Theodore Nott. Je sais que nous avons eu quelques cours en commun, mais ton nom m’échappe...

La jeune fille, d’après son blason, appartenait à la maison de Serdaigle. Il se rappela l’avoir aperçue au bal. La couleur de ses cheveux ne passait pas inaperçue. C’était sans doute cela qui lui avait plu. Marquer sa différence, ne pas être en accord avec le reste de la foule d’élèves...

Le jeune homme n'avait pas bougé. Il restait devant la fenêtre à contempler le parc. Il devait être perdu dans ses pensés loin du monde réel. Cette attitude était un peu vexante mais la jeune Malicia pouvait la comprendre. Après tout, le Serpentard n'avait peut-être aucune envie d'être déranger. Elle ferait peut-être mieux de partir et de le laisser à ses pensés. Après tout, il ne l'avait peut-être pas entendu.
En y réfléchissant peut-être était-il un membre de la brigade inquisitoire posté là afin de prendre en flagrant délit les élèves qui traînaient dans les couloirs. Ombrage avait dû inventer un nouveau règlement qui interdisait aux élèves d'être dans les couloirs plus de cinq minutes. La professeur de DFCM était capable de tout surtout du pire. Mais le jeune homme n'avait pas l'air d'être un de ces lèches cul de la BI. En tout cas, elle l'espérait car elle ne voulait pas faire perdre des points à sa maison

Et puis tout le monde a le droit de rester seul. Les couloirs déserts étaient le lieu idéal pour être au calme. Il avait voulu fuir les autres élèves et être loin du bruit et de la tumulte, tout comme elle. Enfin c'était ce que la petite Serdaigle imaginait. Mais le silence devenait de plus en plus oppressant. Elle se sentait vraiment mal à l'aise.

Puis il tourna à peine la tête. Venait-il à peine d'apercevoir sa présence? Il parla enfin. Mais son ton était plutôt froid. Elle se sentait vraiment petite et n'avait qu'une envie, disparaître. Elle ne voulait pas le déranger. Elle recula de quelques pas et s'apprêtait à faire demi tour pour s'enfuir et le laisser seul à ses pensés. Elle comptait chercher la paix de l'esprit dans un autre couloir.

Soudain elle entendit à nouveau sa voix. En entendant sa réponse, elle sentit combien sa phrase avait été naïve. Quelle idiote! S'il avait voulu profiter du soleil, il aurait été dehors. Un sourire apparut alors sur le visage de la jeune fille. Elle ne s'était pas trompé, c'était bien Théodore Nott, Serpentard de cinquième année, qui lui faisait face. Que voulez-vous Malicia passait beaucoup de temps à rêvasser en classe. Elle avait donc tout le temps d'observer ses petits camarades, en particulier les garçons. Et oui la jeune fille était une adolescente comme les autres et s'intéressait naturellement aux garçons.

Mais dehors il y a tellement de monde.

C'était d'une voix naïve et franche qu'elle avait prononcé ces paroles. Sa parole était allée plus vite que sa pensé. Un jour ça lui jouera un tour. C'était sa pensé du moment sinon pourquoi errerait-elle dans Poudlard, seule. Elle se tut à nouveau et rougit devant sa propre franchise. Puis la Serdaigle sourit à nouveau et lui donna son nom.

Je suis Malicia Fowl.

Elle baissa les yeux très vite. Sa timidité refaisait des siennes. Il faut dire qu'elle le trouvait intimident ce Serpentard. Il faut dire que sa première phrase avait jeté un froid sur l'enthousiasme de la jeune fille. Mais ce n'était pas cela qui allait arrêter la jeune fille. Pourtant elle se sentait pas tout à fait à l'aise. Alors d'une petite voix, elle voulut s'excuser.

Au fait je suis désolée. Je ne voulais pas te déranger. Je peux te laisser tranquille si tu veux.

Mais curieuse comme seuls les Serdaigles peuvent l'être, Malicia souhaitait bavarder avec le jeune homme. Après tout cela faisait cinq ans qu'ils étaient dans la même classe et pourtant ils n'avaient jamais échangé le moindre mot. La jeune fille se demanda combien de personnes croisait-elle chaque jour sans se rendre compte de leurs existences.