Plus d'une fois au cours du trajet, William avait craint qu'Ashley ne s'évanouisse. Il donnait le bras à la Poufsouffle, et la sentait flageoler, se cramponner à lui comme si elle allait tomber ; il essayait de faire vite, mais la jeune fille n'était pas en état de se dépêcher. Elle avait entouré sa main d'un mouchoir, mais le sang continuait à couler sur son poignet, et le Gryffondor se demandait pourquoi il ne s'arrêtait pas. Lui-même avait à peine perdu deux gouttes de sang, et une petite croûte rigide s'était formée au dos de sa main ; il ne comprenait donc pas que sa camarade soit en train de se vider de son sang.
D'une voix mal assurée, Ashley lui suggéra de la laisser là, et de regagner la tour de Gryffondor. La laisser là ? en plein dans un couloir ? Le préfet secoua la tête et répondit d'une voix douce :

-Non, je vais t'accompagner jusqu'à l'infirmerie et attendre que Madame Pomfresh s'occupe de toi. De toute façon, ne t'en fais pas, je n'ai pas sommeil.

Cette retenue avec Ombrage l'avait tellement contrarié qu'il risquait de ne pas trouver le sommeil avant plusieurs heures. Chaque mouvement de son bras droit réveillait sa main, et des picotements désagréables lui rappelaient la punition... et par la même occasion, le mettaient en rage.

-Cette bonne femme est vraiment épouvantable, dit-il tout haut, sans vraiment s'en apercevoir, emporté par ses pensées.

Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait... Ashley en était bien la preuve, qui ne tenait debout que grâce au soutien d'un camarade. Blesser les élèves, leur faire prendre des risques, quel intérêt ? Pour le rouquin, c'était plutôt la preuve de l'incompétence de la Grande Inquisitrice. Jamais un enseignant digne de ce nom n'aurait osé jouer avec la santé de ses élèves (sauf Rogue, mais ça ne comptait pas).
Enfin, après un énième escalier, ils se retrouvèrent dans le couloir menant à l'infirmerie. William remarqua que les escaliers n'avaient pas bougé, comme s'ils comprenaient que le moment n'était pas aux plaisanteries.
Il était temps, d'ailleurs. Ashley avait encore pâli, et si ça continuait, elle allait ressembler à un fantôme.

Elle entendait la voix du préfet, sans vraiment comprendre ce qu’il disait, trop occupée à essayer de se stabiliser et de rester sur ses jambes qui commençaient à trembler, sa destination ne lui avait jamais paru si lointaine, alors qu’en fait, rien n’avait réellement changé, elle était d’ailleurs légèrement essoufflée, il était temps qu’ils arrivent. Mais la porte ne semblait pas vouloir se dessiner sur un mur proche, au contraire, elle semblait disparaître à chaque fois que les deux jeunes étudiants s’en approchait, elle disparaissait pour réapparaître dans le couloir suivant, continuant son manège diabolique à chaque fois qu’elle les apercevait... En réalité, il n’en était rien, mais les pensées de la Poufsouffle partait dans la vague, ses paupières étaient lourdes, du plomb descendait lentement sur ses yeux, un combat commençant, entre celle qui voulait à tout prix rester éveillée, et la force invisible qui lui assurait qu’elle serait tellement mieux si elle se laissait aller au sommeil. Elle tenta de se ressaisir, relevant doucement la tête pour faire face au chemin qu’il empruntait, ses yeux lui piquait un peu, elle du cligner plusieurs fois avant de se réhabituer et voir des lignes à peu près droite, elle secoua la tête, essayant dans un ultime effort de garder les idées claires, il ne fallait pas qu’elle s’évanouisse, elle ne voulait pas, sinon le préfet qui avait eu la gentillesse de l’accompagner jusque là aurait surement des ennuis. Sa respiration se faisait plus haletante qu’à l’accoutumé, elle eut un faible sourire lorsqu’elle entendit le Gryffondor parler d’Ombrage, mais n’arriva pas a ouvrir la bouche pour lui faire part de son partage de point de vue en ce qui concernait cette vieille peau de vache ridée.

Enfin, après un moment qui parut une éternité à Ashley, la porte de la salle tant convoitée apparut sous ses yeux, ils y étaient presque, la porte grinça un peu, mais la déception de la Poufsouffle ce traduisit par un soupir lorsqu’elle remarqua que celle-ci était vide, aucune trace de l’infirmière. Aidée par le Préfet, elle se dirigeât vers le lit le plus proche et s’y allongeât doucement, s’il n’y avait aucun adulte compétent dans les parages, ils allaient devoir se débrouiller seuls, une fois confortablement installée dans le lit, elle tenta de se calmer, les pensées tourbillonnaient dans sa tête et l’empêchait de se concentrer convenablement, elle inspira et expira plusieurs fois, il fallait qu’elle se détende. Qu’elle respire doucement, qu’elle réfléchisse et qu’elle trouve un solution au plus vite, elle n’avait pas le temps de traînailler. Elle attrapa la couverture au pied de son lit et la tira vers le haut, les forces lui manquaient énormément, la couverture ne lui avait jamais paru aussi lourde, une fois qu’elle l’eut remontée, non sans l’aide du préfet, elle déposa également un cousin sur la couverture et posa sa main sur le monticule branlant. Ca, c’était fait, au moins elle avait réussi à surélever la partie qui était blessée.

Je... Il faut... Dans l’armoire à pharma..., elle fut interrompue par un toussotement, à pharmacie... une plaquette de comprimés... c’est euh... Fraxodi... je sais qu’il y en a... l’infirmière m’en a déjà... donné...

Sa voix était haletante et entrecoupée par des manques d’air apparent, mais c’était surtout la fatigue qui l’empêchait d’aligner une phrase complète sans tressaillir légèrement. Elle regarda le préfet se diriger vers l’armoire à pharmacie, pourvu qu’il trouve les médicaments, elle détourna la tête pour regarder sa main, et là, la solution lui apparu, comme un choc.

Il... il faut un tissu... pour faire un garrot...

Il fallait qu’elle se calme, elle ne devait en aucun cas paniquer, cette situation, elle l’avait déjà vécue plein de fois, elle n’avait aucune raison de s’inquiéter, enfin si quand même, toujours est-il que même avec une certaine habitude, la jeune Ashley avait toujours autant de mal à garder son sang froid dans ses moments là.

* Il faut apprendre l’humilité... l’humilité... douillette... l’humilité... *

Les paroles d’Ombrage tourbillonnaient dans sa tête, après tout, peut être qu’Ombrage avait raison, après tout, c’était bel et bien de sa propre faute si elle s’était retrouvée là, si elle n’avait pas agi avec autant d’insolence, rien de tout cela ne serait arrivé, et le jeune Gryffondor n’aurait pas eu à gâcher sa soirée.

A peine entrée dans l'infirmerie, Ashley s'allongea sur le premier lit, apparemment incapable de tenir davantage. William l'aida de son mieux à s'installer, arrangeant l'oreiller, remontant la couverture... Il commençait à être très inquiet, la Poufsouffle ne cessait de s'affaiblir, et elle avait besoin de soins vraiment urgents. Elle lui indiqua l'armoire où se trouvaient les comprimés dont elle avait besoin ; le préfet hésita un instant, mais la voix de la jeune fille était si faible qu'il se décida à ouvrir l'armoire. Si Madame Pomfresh choisissait cet instant pour sortir de son bureau, elle allait sans doute se mettre à glapir ; elle interdisait strictement aux élèves de fouiller dans ses armoires (et elle n'avait pas tort, d'ailleurs), et ce n'est pas de gaieté de coeur que William s'était résolu à braver l'interdiction. Il fallut fouiller trente bonnes secondes avant de dénicher le médicament, malgré tout le zèle dont William pouvait faire preuve... Enfin, la boîte serrée dans sa main, il chercha des yeux où prendre de l'eau.
Dans un coin de l'infirmerie, sur une petite table à roulettes, il trouva un pichet d'argent et des gobelets. Il remplit un verre d'eau et le porta à Ashley avec les comprimés :

-Combien de comprimés veux-tu ? Tiens, en voilà déjà un...

Il en déballa un, et aida sa camarade à le prendre avec un peu d'eau, avant de s'éloigner à nouveau. Ashley réclamait un garrot, mais cette fois, le rouquin n'avait pas tellement envie de procéder seul. Il alla donc toquer à la porte du bureau de l'infirmière qui sortit aussitôt, la mine inquiète.

-Je suis avec Ashley Lee Robins, elle saigne beaucoup, ça ne veut pas s'arrêter...

Il n'avait pas fini sa phrase que Madame Pomfresh, l'écartant d'un geste impérieux, s'avança à grands pas vers le lit occupé par la Poufsouffle. Jugeant qu'il valait mieux tout dire immédiatement, le préfet lui emboîta le pas en précisant :

-Elle dit qu'il faut lui faire un garrot... Je lui ai donné un médicament en attendant...

L'infirmière s'arrêta brutalement, se retourna et lui lança un regard noir. Elle semblait sur le point de lui passer un savon magistral, mais elle garda le silence et reprit sa marche vers Ashley, sortant sa baguette. William trouvait qu'elle avait un comportement étrange, mais tous les adultes étaient devenus un peu bizarres depuis qu'Ombrage était là, et il n'y prêta guère attention.
Madame Pomfresh s'arrêta devant le lit d'Ashley, l'observa, et regarda à nouveau William. Cette fois, son regard était beaucoup moins sévère, comme si elle voulait lui dire que finalement, il avait eu raison de lui donner des médicaments.
En silence, le préfet attendait de voir comment allait évoluer la situation, tout en bénissant Ombrage qui l'avait mis dans ce pétrin.


[HJ : je trouve beaucoup plus plausible que l'infirmière intervienne, mais si ça ne te plaît pas je peux éditer]

Soulagé de voir Ashley entre de bonnes mains, William se laissa tomber sur une chaise, près de son lit. Madame Pomfresh avait énergiquement pris les choses en main, et en quelques instants, un garrot bien propre entoura la blessure de la Poufsouffle. Très vite, le sang cesserait de couler, et l'infirmière administrerait certainement à Ashley une potion de régénération sanguine qui lui permettrait de reprendre rapidement du poil de la bête. Une bonne nuit de sommeil pour finir, et le lendemain la jeune fille serait sur pied.
Le rouquin eut un sourire lorsqu'Ashley essaya d'expliquer que c'était elle qui lui avait dit de fouiller dans l'armoire à pharmacie ; dans son état, c'était vraiment gentil de penser à défendre le préfet. En revanche, il cessa de sourire en entendant la Poufsouffle mentir sur la cause de sa blessure... Il fallait dire la vérité, il fallait que les adultes sachent ce que manigançait l'abominable femme en rose ! D'ailleurs, à en juger par son expression, Pomfresh n'était pas dupe du mensonge ; et elle fit signe à William de la suivre un peu plus loin. Le préfet se leva et tous deux s'éloignèrent de quelques pas, puis l'infirmière demanda abruptement :

-Alors ? qu'est-ce qui s'est passé ?

William montra sa propre main, beaucoup moins blessée que celle de sa camarade, sur laquelle les contours de certains mots étaient encore visibles. Tandis que l'infirmière l'examinait bouche bée, il expliqua :

-C'est le professeur Ombrage... Nous étions en retenue, elle nous a fait copier des lignes avec de drôles de plumes...

Il y eut quelques instants de silence, durant lesquels l'infirmière observa en silence la main du préfet, puis elle lâcha enfin, d'une voix étonnamment douce :

-Je ne peux pas grand-chose contre elle... Je lui écrirai un mot pour qu'elle évite ce genre de punitions avec elle (elle désigna Ashley d'un signe de tête), c'est tout ce que je peux faire....

Et sans un mot de plus, elle planta William sur place et fila dans son bureau en marmonnant des paroles que le préfet ne comprit pas. Il eut un instant d'hésitation, puis se rapprocha du lit d'Ashley. Etait-ce une idée ?... il lui sembla qu'elle avait repris quelques couleurs.
Le rouquin attira une chaise à lui, et expliqua à mi-voix :

-Je lui ai dit... Je crois qu'il vaut mieux qu'ils sachent... même si ça ne change rien...

Il eut un petit sourire désabusé, et demanda un peu plus fort :

-Tu te sens mieux ?

Ashley suivit William des yeux, même si elle ne savait pas exactement ce qu’ils se disaient, elle devinait tout de même qu’il parlait de sa blessure, l’infirmière ne l’avait pas cru, mais la petite n’était pas étonnée, elle ne s’était même pas convaincue elle-même qu’elle disait la vérité, cela n’aurait pas pu marcher. Elle regarda la préfet montrer sa main meurtrie à la vieille Pomfresh, qui se mit à l’étudier, un air un peu surpris se lisant sur son visage, puis, quand elle eut fini de l’observer, elle reprit la parole, mais Dash ne comprit pas de quoi il s’agissait, la vieille femme repartit en direction de son bureau, non sans avoir au préalable indiqué à la Poufsouffle un verre rempli d’un liquide rougeâtre très peu appétissant. Elle se redressa un peu et lorsque l’autre femme fut bel et bien parti, elle porta le verre jusque sous son nez et l’examina, suspicieuse, puis, elle eut une petite grimace de dégoût qui fut amplifiée lorsqu’elle avala une gorgée du breuvage, c’était vraiment infecte, mais puisqu’il le fallait, elle avala le tout, cul sec, toussa un peu et se rallongeât. Soirée riche en émotion, autant pour la brune que pour le Gryffon, mais la petite se sentait déjà mieux, premièrement, elle n’avait plus peur, et d’autre part, sa plaie était soignée, et elle devait déjà commencer à cicatriser, elle inspira et expira doucement, soulagée.

* C’est fini... fini... *

Maintenant que tout cela était fini, elle avait les idées tirées au clair, et elle réalisa à quel point cette stupide Inquisitrice était timbrée, était-elle folle au point de penser que personne ne s’apercevrait quels châtiments elle infligeait à ses élèves lors des retenues ? Sûrement. Maintenant que le préfet avait dénoncé ses agissements, peut être qu’elle y réfléchirait à deux fois avant de recommencer, ou alors, peut être que cela ne ferait qu’attiser encore plus la méchanceté d’Ombrage et qu’elle se vengerait sur ces deux enfants. William était revenu auprès d’elle, elle lui fit un sourire, elle était contente qu’il soit là, il avait été tellement gentil avec elle, et en retour, elle lui avait sans doute gâché sa soirée, charmant. Il lui annonça tout bas qu’il avait avoué la vérité à l’infirmière, Dash reconnu qu’il avait eu raison d’agir de la sorte, il ne fallait pas le cacher aux adultes, ils étaient les seuls pouvoir oser espérer un résultat s’il en discutait entre eux, mais elle n’avait pas eu le courage de le faire elle-même, encore une fois, elle avait été trop faible pour se défendre, elle avait eu besoin d’aide, comme d’habitude.

Tu as bien fait... murmura t-elle doucement.

* Mieux que moi en tout cas... *

Elle était déçue de devoir passer la nuit à l’infirmerie, mais elle s’y attendait tout de même, et Pomfresh ne l’aurait surement pas laissée sortir aussi facilement, après tout, elle avait été sacrément affaiblie pour envisager rien qu’une seule seconde qu’elle aurait pu repartir si vite. La présence du Gryffondor était très réconfortante pour la jeune brune, qui, à cet instant, éprouvait tout sauf l’envie d’être seule, de plus, il se montrait très gentil et bienveillant.

Je vais mieux... c’est grâce à toi, merci beaucoup.

Elle continuait de fixer le Gryffondor, un sourire faible accroché aux lèvres.

Je suis désolé de t’avoir entraînée dans tout ça...

Quelques instants durant, tandis qu'Ashley buvait sa potion, William partit dans une sorte de rêverie qui le déconnecta un peu de la réalité. Les yeux dans le vague, il ne pensait à rien de précis, mais il était loin, bien loin de l'infirmerie de Poudlard et de cette soirée ratée... Il revint brusquement à la réalité en entendant le bruissement des draps quand la Poufsouffle se recoucha. Un peu ramolli par ces quelques instants passés à rêvasser, il adressa un sourire à sa camarade, en décidant qu'elle avait bel et bien repris des couleurs. Sur le linge blanc, il était facile de se rendre compte de l'amélioration ; en arrivant, Ashley avait presque la même couleur que les draps, et à présent, il était évident qu'elle reprenait de la couleur. Ses joues étaient encore bien pâles, mais après la potion, le médicament, un bon repas et une bonne nuit de sommeil, elle irait mieux.
De toute évidence, la Poufsouffle se sentait mal à l'aise ; comme si elle était responsable de l'incompétence d'Ombrage, qui était, aux yeux de William, la seule coupable. Il jugeait qu'elle était inconsciente d'infliger ce genre de punitions corporelles à ses élèves, sans savoir quelles pourraient en être les conséquences. Pour le moment, on n'en était qu'à une élève très affaiblie, mais si quelqu'un s'en tirait moins bien ?... C'était peut-être ce que voulait la Grande Inquisitrice : une hospitalisation, voire un mort, pour faire un exemple... Forcément, les élèves se tiendraient à carreau, s'ils savaient qu'elle ne reculait devant rien, pas même devant une atteinte à leur santé.
D'un sourire, William remercia sa camarade pour son “c'est grâce à toi”, mais il protesta doucement :

-Je n'ai pas fait grand-chose... et c'était bien la moindre des choses, après tout.

Ce qui le chiffonnait, c'est qu'il avait l'air d'avoir simplement obéi à Ombrage en accompagnant Ashley à l'infirmerie, alors qu'il l'aurait fait même sans l'ordre du crapaud. En tant que préfet, il était de son devoir de venir en aide aux élèves qui en avaient besoin ; et l'état d'Ashley l'avait vraiment inquiété. N'importe qui, préfet ou pas, lui aurait porté secours...
Malgré son apparente modestie, William était tout de même assez fier d'avoir mérité que la Poufsouffle lui dise qu'elle allait mieux grâce à lui. En ce moment, il était plutôt déprimé, et le moindre compliment était le bienvenu pour lui redonner le moral... Un peu de rouge monta à ses joues lorsqu'il entendit les sympathiques propos d'Ashley, et il fut content qu'elle lui donne, en s'excusant, l'occasion de passer à autre chose :

-Ne t'excuse pas, ce n'est pas de ta faute ! C'est la faute de cette vieille cinglée d'Ombrage ! Toi, tu n'y es pour rien si elle est inconsciente...

Le sourire qu'il adressa à cet instant à Ashley était plus large, plus assuré : il fallait bien lui montrer qu'il ne lui en voulait absolument pas, et qu'il ne disait pas cela par politesse. Baissant un peu la voix (on ne sait jamais), il reprit :

-J'espère que Pomfresh va en parler à Dumbledore... Lui, il pourrait sans doute empêcher ça... avant que ça tourne encore plus mal...

Il s'interrompit. Madame Pomfresh venait de ressortir de son bureau, portant un plateau sur lequel se trouvait certainement le dîner de la malade. Le préfet avait suffisamment expérimenté l'hospitalité de l'infirmerie pour en connaître les usages. L'infirmière déposa effectivement le plateau sur la table de chevet près du lit, en proclamant bien haut qu'Ashley devait manger, et bien manger si elle voulait sortir le lendemain. Elle regagna aussitôt son bureau, dont elle ferma la porte avec vigueur, et William se leva en demandant :

-Qu'est-ce que tu veux manger ? Elle a mis un bol de soupe, du pain, et ... (il souleva l'assiette qui couvrait le plat principal avant de poursuivre :) du hachis parmentier, et une part de tarte aux pommes, et du jus de citrouille aussi. Je te fais passer quelque chose ?

Puisqu'il était là, il pouvait bien aider Ashley à manger confortablement ; pas la peine qu'elle s'encombre du plateau sur les genoux, il lui passerait les plats, ce serait plus pratique. Lui avait dû, une fois, se dépêtrer avec le plateau, les assiettes, le verre, et ce n'était pas vraiment commode...
Il se rendit compte, soudain, qu'il était peut-être un peu trop envahissant, et que la Poufsouffle avait sans doute envie de se reposer ; et il ajouta à mi-voix :

-Si tu veux que je parte, il faut me le dire, hein... tu m'as peut-être assez vu...

Les paroles du préfet lui redonnèrent un peu le moral, lui assurant le contraire de ce qu’elle pensait depuis qu’elle avait atterri dans cette infirmerie, elle était soulagée qu’on lui dise que pour une fois, elle n’avait pas mal agi, qu’elle n’était pas l’unique responsable.

* Ce n'est pas de ta faute... Non... Ce n’est pas de ma faute... *

Si elle avait besoin de quelque chose en cet instant, c’était bien ce que lui disait William. Elle avait eu pas mal de coups durs depuis ce début d’année, entre les disputes et les quatre vérités qu’on lui balançait à longueur de temps à la figure, qui par leurs vérités étaient d’autant plus blessantes, surtout quand elle venaient de ceux qu’elle croyait être ses amies. Lorsqu’elle remarqua le grand sourire que lui adressa le préfet, ce lui fit chaud au cœur, et elle le lui rendit presque aussitôt, il était beaucoup trop gentil avec elle, après tout il ne la connaissait pas, elle non plus, il n’avait en aucun cas été obliger de s’occuper d’elle ainsi, elle lui en était très reconnaissante. Elle avait oublié sa main, elle ne pensait plus à ce qui lui faisait de la peine, les quatre murs de pierres grises que formaient l’infirmerie semblaient retenir toutes ses mauvaises pensées et les réduire en cendres aussitôt, laissant Ashley dans son état de béatitude. Mais la voix basse que prit William pour s’adresser à elle la sortit de ses pensées, mais elle n’eut pas le temps d’ajouter quoi que se soit car l’infirmière venait de revenir dans la pièce avec un plateau.

Mais...

L’infirmière ne lui laissa pas le temps de protester en lui promettant qu’elle ne pourrait pas sortir demain si elle ne mangeait pas bien ce soir, Ashley pesta intérieurement contre ce chantage immonde (oui, dans son esprit, c’est une odieuse conspiration ^^), mais ne chercha pas à s’opposer à la décision de Madame Pomfresh. Même si elle n’avait pas faim, elle n’avait aucune envie de passer plusieurs journées allongée dans ce lit en sachant que personne ne serait là pour lui rendre visite au moins une fois, Lucy n’allait surement pas se donner cette peine après ce qui s’était passé au bal, et se ferait un plaisir d’oublier de dire aux autres où elle se trouvait, mais de toute façon, les autres non plus ne seraient pas venus, elle le savait.
Le jeune préfet quant à lui n’avait pas perdu le fil de l’histoire, au contraire de Dash qui était une fois de plus perdue dans ses sombres pensées de solitude, il commença à lui énumérer les différents plats qui se trouvaient sur le plateau, la petite Poufsouffle jugeât qu’il lui serait surement impossible de manger la soupe dans cette position et que cela paraissait assez suicidaire pour les draps, elle gardait le pain pour après, elle finit donc par lui indiquer le dessert qui avait l’air plus appétissant que le reste.

Je veux bien la part de tarte s’il te plait...

Elle remarqua ensuite le pichet de jus citrouille, même si elle adorait cela, elle en avait peur (et oui, on peut avoir peur du jus de citrouille), fallait pas chercher à comprendre, c’était à cause de Mariana et ses histoires d’attentat au jus dans la Grande Salle, cette Gryffondor avait le chic pour vous raconter des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête, comme une histoire de Rogue en chemise de nuit rose... Bref, blague à part, faudrait pas que je commence à flooder dans un topic sérieux... Donc, Dash mordit doucement dans son dessert qui se révéla délicieux, elle adorait la tarte aux pommes, d’ailleurs, elle s’aperçu qu’il y en avaient deux, une fois qu’elle l’eut fini, elle demanda un verre de jus au Préfet.
Elle commença à boire mais manqua de s’étouffer avec lorsqu’elle entendit les paroles de William, elle lui lança un regard surpris, s’il y avait bien une chose qu’elle ne souhaitait pour rien au monde, c’est que ce garçon si gentil parte et la laisse toute seule ici, avec une infirmière qui ne venait que pour lui donner des ordres rébarbatifs.

Tu rigoles j’espère ? demanda t-elle en riant doucement, autant que le lui permettait son état, J’aimerai que tu restes... s’il te plait...

Elle finit son verre et le fixa de nouveau, avant de se rendre compte d’une chose dont elle aurait s’apercevoir bien avant.

Euh... Tu peux te servir bien sûr !

De toute façon, même si elle avait eu faim, ce qui n’était pas le cas en ce moment, elle aurait tout de même partagé avec lui, après tout c’était grâce à lui qu’elle était là, c’était tout de même la moindre des choses que de partager son repas avec lui qui n‘avait sans doute pas mangé. En plus, il restait encore les meilleures choses, une part de tarte et un pichet presque entier de jus de citrouille, du pain, de quoi faire un bon repas, même si c’était bien moins consistant que ce qu’il aurait eu dans la Grande Salle. Elle lui adressa un sourire, l’incitant du regard à se servir lui aussi.

Apparemment, Ashley avait autant besoin que William que quelqu'un lui remonte le moral. Dès que le rouquin lui assura qu'il ne lui en voulait pas et qu'elle n'était pour rien dans ce fiasco, elle lui fit un sourire un peu fatigué, mais un sourire sincère, le genre de sourire qui vient lorsqu'un mot gentil vous touche... William sentit une vague de chaleur lui monter aux joues, mais la Poufsouffle n'en avait probablement rien vu puisqu'il s'était levé pour regarder dans le plateau du dîner.
De la tarte... drôle d'idée... S'il avait été à la place d'Ashley, il aurait choisi la soupe : quelque chose de chaud, de reconstituant, de réconfortant. Bon, ce n'était pas grave ; les plats étaient ensorcelés pour garder les aliments bien chauds, et si elle avait faim dans deux heures, la soupe serait à la même température... c'était simplement une question de logique. Sans chercher à comprendre, le préfet prit l'assiette contenant l'appétissant dessert, et la fit passer à la malade avec la petite cuillère. Il la regarda manger d'un air absent, émergeant brusquement lorsqu'elle lui demanda un verre de jus de citrouille. Il eut un sourire d'excuse, et s'empressa de lui servir la boisson ; et il s'en voulut un peu lorsqu'elle manqua de s'étouffer en l'entendant proposer de partir. Embarrassé, il murmura, rougissant légèrement :

-Bon, je reste encore un peu alors...

Le couvre-feu était passé, mais ce n'était pas grave ; en tant que préfet, William pourrait toujours dire qu'il effectuait une ronde de surveillance... enfin, s'il rencontrait Rusard, car Ombrage, elle, ne serait pas dupe.
Ashley voulait apparemment partager son repas avec lui, mais il n'avait pas faim. Il avait mangé un peu avant d'aller en retenue ; et ladite retenue lui avait noué l'estomac au point qu'il craignait d'être pris de nausée s'il mangeait. Voir Ombrage jouer ainsi avec la santé des élèves, et se délecter de leur douleur, l'avait littéralement mis hors de lui... Il déclina l'offre, en essayant d'en plaisanter :

-Non, merci, je n'ai pas faim... Cette vieille carne d'Ombrage m'a coupé l'appétit... elle est plus efficace que n'importe quel régime, tu ne trouves pas ? il suffit de l'écouter deux minutes pour perdre l'appétit...

Redevenant sérieux, il ajouta :

-Toi, par contre, il faut que tu manges, sinon Pomfresh va te garder prisonnière deux ou trois jours.

Il montra à Ashley la deuxième part de tarte, hocha la tête pour l'encourager à la manger, et eut un petit sourire un peu amer. Il ne la connaissait que depuis quelques heures, mais elle lui avait fait si peur... En l'accompagnant à l'infirmerie- en la portant à moitié-, il s'était plus d'une fois demandé si elle allait tenir le coup. Et maintenant, la santé de cette jeune fille inconnue l'inquiétait au plus haut point. Etrange, comme sont les choses...

S’il y avait bien une chose que la jeune Poufsouffle détestait, c’était la solitude, et pourtant, c’était ce qu’il y avait de plus présent dans sa vie, surtout en ce moment. Effet purement psychologique ou normal, Dash se sentait déjà mieux depuis qu’elle avait mangé la tarte, elle avait moins froid que tout à l’heure, elle sentait étrangement bien et apaisée, tout le contraire des quelques minutes précédentes, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Elle sourit en constatant que tout comme elle, le Préfet des lions n’avait pas faim lui non plus, retrouvant sa gaieté naturelle, oubliant sa fatigue, elle se mit à rire de bon cœur, doucement mais sincèrement, elle était en tout point d’accord avec lui, ce qu’il venait de lui dire continuait de la faire doucement sourire, elle appréciait énormément les personnes avec un caractère comme celui de William. Naturel, gentil, avec un bon sens de l’humour et de responsabilité, ni trop volage, ni trop sérieux, un savant mélange qui faisait que la petite Pouffy ne s’ennuyait pas en l’écoutant.

Sa pensée fut concrétisé quand il repartit dans des discussions posées, il fallait qu’elle mange, elle le savait plus que bien, elle blêmit rien qu’à l’idée de passer plusieurs jours ici, comme si une nuit ne suffisait pas amplement ! Elle esquissa une grimace. Elle se redressa doucement pour pouvoir être assise confortablement callée dans les coussins moelleux de son lit, ainsi assise, il lui serait plus facile de discuter avec William sans pour autant être avachie. Elle sourit et faillit décliner l’offre que lui faisait le Préfet en lui indiquant vivement du regard la seconde part de tarte, mais finit par céder à la tentation, après tout, elle n’avait pas encore tout ces problèmes de ligne à suivre, de régime et de kilos en trop, elle était d’ailleurs maigre comme un clou mais ne manquait pas pour autant de force et de vitalité.

* Je me demandes ce qu’il va se passer pour cette pourritu... hum... pour Ombrage... *

Elle espérait au moins que William n’aurait pas d’ennuis parce qu’il avait avoué toute la vérité à l’infirmière, car si la Grande Inquisitrice n’hésitait pas à infliger des châtiments corporels aux élèves, elle n’y irait pas de main morte avec les deux ados qui l’avait dénoncée. Elle prit la part de tarte et la mangeât doucement, ne quittant pas des yeux le jeune roux, au risque de se mettre la tarte dans le nez, ce qui aurait été, à mon avis, fort déplaisant pour elle. Elle lorgna sur la soupe, elle avait, certes, l’air appétissante, mais cela était trop risquée d’entreprendre de la manger, au risque d’en mettre partout et d’avoir encore honte devant quelqu’un qui finirait par trouver lui aussi qu’elle n’était vraiment qu’un boulet fini. Pourtant, elle se sentait étrangement en confiance avec lui, elle avait l’impression que si elle renversait sa soupe, elle n’aurait pas honte, ce sentiment de gêne et de confusion ne viendrait la déranger comme toutes les autres fois.

Elle prit un bout du pain et l’avala, comme ça, ça donnait l’impression qu’elle en avait mangé, et l’infirmière serait satisfaite, mais là, Dash n’avait vraiment plus faim, plus rien ne pourrait la forcer à tout finir, à part peut être si on lui promettait qu’elle passerait le mois ici si elle ne vidait pas le plateau... Elle jeta un regard à William, elle avait envie de le remercier encore, de lui dire que son geste avait beaucoup conté pour elle.

Tu sais... Je suis très heureuse que tu sois resté avec moi alors que tu aurais pu partir... J’aimerais te remercier mais je ne sais pas trop quoi faire...

Elle lui adressa un sourire contrit, c’était vrai, il fallait qu’elle lui montre un peu de reconnaissance, mais elle ne savait absolument pas quoi faire, pour lui qui avait déjà, en seulement une soirée, tant fait pour elle.

[Désolée pour le retard et pour ce post qui n'est pas à la hauteur de mes espérances ><]

Les couleurs revenaient peu à peu sur les joues d'Ashley, rassurant le préfet qui guettait tous les signes d'amélioration dans son état. Elle arrivait même à se redresser, ce dont elle aurait été bien incapable un moment avant. À présent, elle semblait sur la bonne voie pour guérir et pour que Madame Pomfresh la libère le lendemain... Car la perspective de rester plusieurs jours aux mains de l'infirmière n'avait pas l'air de la réjouir. La Poufsouffle parut se forcer à manger, mais elle vint à bout de la deuxième part de tarte, et d'un respectable morceau de pain... L'infirmière serait probablement satisfaite, même si la soupe et le hachis parmentier demeuraient intacts. William pensa à voix haute :

-On devrait essayer de faire disparaître le hachis parmentier... comme ça, elle croirait que tu l'as mangé...

Il pouvait toujours essayer, il ne risquait pas de faire grand mal au plat ; il n'avait jamais rien fait disparaître, et c'était un sortilège d'une grande complexité que le sortilège de Disparition ; il était inconcevable qu'un élève de troisième année puisse le maîtriser, sans s'être entraîné auparavant. Avec un sourire, le rouquin songea qu'un hachis parmentier était peut-être plus facile à faire disparaître qu'autre chose ; après tout, c'était un être non vivant, et invertébré... or, le préfet avait lu quelque part que les invertébrés étaient plus faciles à faire disparaître que les vertébrés, et les êtres vivants plus difficiles... Il avait hâte, d'ailleurs, d'aborder ce chapitre de la métamorphose- mais il en avait encore pour quelque temps ; deux années, au moins, au cours desquelles il lui faudrait affermir ses connaissances dans la matière. Par une association d'idées qu'Ashley ne pouvait pas comprendre, le jeune homme demanda :

-Ça marche bien, les cours, pour toi ?... ça te plaît ?

Lui, il n'aimait pas ; il adorait, tout simplement. La métamorphose, les sortilèges, le vol sur balai, et même les potions... tout, sauf la Défense contre les Forces du Mal. Il avait beaucoup aimé cette matière l'année précédente, avec Maugrey, et encore l'année d'avant, avec Lupin, mais cette année, avec Ombrage, il ne pouvait pas...
Cette affreuse bonne femme. La télépathie devait fonctionner entre les deux adolescents, ou alors c'était une pensée normale, mais William se demanda à son tour ce qui allait se passer. Rien, sans doute ; Madame Pomfresh n'avait pas eu l'air très convaincue lorsqu'elle avait dit qu'elle ferait un mot à la Grande Inquisitrice pour lui demander d'éviter ce genre de punition pour Ashley, et elle ne ferait sans doute rien du tout. En plus, si elle écrivait réellemet ce mot, Ombrage saurait d'où venait la dénonciation, et la vie des élèves présents à la retenue deviendrait probablement un enfer. Le préfet soupira. Pas question de refaire une retenue de ce genre-là...
La jeune fille se lançait de nouveau dans des remerciements. Apparemment, elle était très touchée qu'il l'ait aidé et lui ait tenu compagnie, alors que lui estimait n'avoir rien fait d'extraordinaire. Sans doute avait-elle, comme lui, besoin d'attention en ce moment.... Oui, sans doute. William avait trouvé un certain réconfort à la compagnie d'Ashley, et il avait été content de pouvoir l'aider... la preuve qu'il pouvait être utile à quelque chose, avait-il songé avec amertume. Un peu gêné par les remerciements de la Poufsouffle, le préfet protesta doucement :

-Allons... tu n'as pas besoin de me remercier, c'était bien normal... et pour tout dire ça m'a fait plaisir de te sortir de là. Ne t'en fais pas pour ça, ne te sens pas gênée, ce n'est pas un problème.

Il faillit rajouter que l'essentiel était qu'elle se remette, mais il eut peur de passer pour un rabâcheur, et il se tut.
Dans le bureau de Madame Pomfresh, une pendule émit une sonnerie aiguë, et William compta mentalement les coups avant de s'exclamer :

-Déjà ! Mais il va falloir que je te laisse, il est vraiment tard... Désolé, mais je dois y aller, j'ai déjà eu assez d'ennuis aujourd'hui... conclut-il avec un sourire.

[HJ : moi aussi, post pas terrible... désolé^^]