That is the question ! (prio Aïlin)

Le pas lent, William remontait vers la tour de Gryffondor, après un long petit déjeuner dominical. Il s'était levé tôt avec l'intention de travailler toute la matinée, mais un message inattendu lui avait fait réviser ses projets. Un message signé Dumbledore, ainsi libellé :

Citation :: Invitation pour le Grand Bal de Printemps
Election du Roi et de la Reine du Bal à la fin du bal. C'est VOUS qui les choisirez !
Début de la soirée : 20h00
Buffet à volonté
Tenue de Gala exigée
Vous pouvez venir seul(e) ou accompagné(e)

Un bal... l'esprit de William s'était aussitôt mis à vagabonder, oubliant du même coup la dissertation de métamorphose et le gros devoir de potions. Comment s'inquiéter de choses aussi futiles que les devoirs, alors qu'un bal était annoncé, et qu'il fallait d'urgence se trouver un partenaire ! Et en tant que préfet, Will avait le devoir de se trouver une cavalière sublime... Pourquoi en tant que préfet, me direz-vous ?... tout simplement parce que la modestie lui interdisait de dire "en tant que garçon le plus sexy de sa maison" ...
Tenue de gala... ça, c'était assez facile- même si sa tenue la plus chic était un costume moldu. En tout cas, il n'avait guère envie de porter une de ces robes de soirée dans lesquelles il se sentait mal à l'aise. William n'avait jamais bien pu s'habituer aux robes de sorcier, et dès qu'il le pouvait, il filait se changer pour s'habiller en Moldu. Pour le bal, donc, pantalon, blazer, et cravate ; il n'en démordrait pas.
Ce point étant réglé, il ne restait qu'à trouver une cavalière. Quelqu'un qui danse bien, si possible, pour guider ses pas...
Le jeune préfet venait de s'engager dans un couloir assez sombre du cinquième étage lorsqu'il aperçut l'être le plus redouté de l'école ~~après Rusard, Rogue, Ombrage et Liliana Vanloock~~ : Peeves. L'esprit frappeur était assis, en l'air, à deux mètres de hauteur, occupé à jongler avec des torches allumées. Will s'arrêta, et Peeves le dévisagea d'un air malveillant, avant de s'écrier :

-Mais il a déjà le feu aux cheveux, le petit préfet !! je vais attiser tout ça !!

Et de se lancer vers William, les torches en avant, dans le but avoué de faire flamber sa tignasse rousse. Le rouquin, bien entendu, ne jugea pas opportun d'attendre de rejouer Jeanne d'Arc ; prenant ses jambes à son cou, il rebroussa chemin, dévala un escalier, parcourut deux couloirs et un passage secret, toujours poursuivi par les caquètements démentiels de Peeves.
Encore un couloir... l'esprit frappeur finirait bien par se trouver une autre victime, songea William en prenant un virage serré. Il n'était plus très loin de la bibliothèque, comme le lui prouva la présence d'un garçon chargé de plusieurs gros livres qu'il percuta, malheureusement, au sortir de son virage serré. Le garçon ne tomba pas, mais ses grimoires eurent moins de chance, de même que Will. Enfin, pas de chance, cela restait relatif ; voyant sa victime par terre, et sur le point de se faire appeler Jules, Peeves ricana et fit demi-tour.
William leva un regard vers le jeune homme brun qu'il venait de bousculer, et balbutia quelques mots d'excuse. Balbutia, car il venait de reconnaître le garçon, et il se demandait pourquoi il fallait toujours qu'il tombe sur lui aux moments les moins opportuns...

Un dimanche. Un dimanche comme tous les autres, à quelques détails près seulement. En cette matinée déjà entamée, un jeune homme avait bien des sujets de contrariété. Et le premier qui lui était tombé dessus n'était autre que le bal de printemps. Le bal... Tenue de gala, et bien sûr, à la clé le titre ô combien dérisoire de Souverains de la soirée. L'idée d'y mettre les pieds ne tentait guère plus que de raison le jeune homme. Pourtant, il l'avait instantanément redouté, ce bal. Mais la raison n'était pas qu'il craignait de se trouver mal vêtu, ou d'avoir un quelconque empêchement. Non, ce qu'il craignait était bien d'en parler à Clarisse. Il ne comptait pas y aller avec elle. Dès qu'il avait eu le carton entre les mains, il en avait également eu la certitude. Il s'était promit à lui-même de cesser de la mêler à sa vie, après ce qu'il avait fait durant Noël, l'idée de rallumer ses sentiments à son égard lors d'une soirée ne faisait que lui mettre l'angoisse au ventre.

Après avoir terminé son petit déjeuner avec plus de rapidité qu'à l'accoutumée, Aïlin avait vite fait de quitter la table des Serdaigle, de peur de tomber sur la jolie rousse qui, elle aussi, avait été mise au courant de l'évènement. Mais comble de malheur, cela avait été peine perdu. Elle allait en direction des tables au moment où il les quittait et inévitablement, ils se croisèrent.

La suite se passait de commentaires (parce qu'en plus l'autre joueuse n'est même pas au courant et que j'risque de l'étonner, là) et Aïlin avait quitté la grande salle, sous les regards curieux des élèves qui avait eu l'indiscrétion d'observer la scène qui s'était déroulée.
Aïlin était à présent adossé contre une colonne de pierre, dans le hall, les yeux rivés vers le plafond qui montait à l'infini, encadré par les imposants escaliers mouvants qui menaient aux nombreux étages du collège. Son coeur battait encore douloureusement du stress occasionné par sa confrontation inattendue avec Clarisse, qu'il avait prit tant de soins à éviter ces derniers jours. Se trouver face à elle lui avait fait perdre tout courage, toute possibilité de lui expliquer la réelle raison pour laquelle il ne désirait pas l'accompagner au bal. La raison pour laquelle il n'y mettrait d'ailleurs sûrement pas les pieds, ce malgré les regards quelque peu insistants de certaines filles qui passaient devant lui pour prendre leur petit déjeuner. Au bout de la quatrième demoiselle à passer trop près de lui, Aïlin se décida à fuir le lieu trop fréquenté. Voir ces filles défiler dans l'espoir d'accrocher le regard de la gente masculine l'insupportait, surtout lorsque quelques unes des oeillades lui étaient adressées. Il aurait plutôt préféré qu'on l'oublie et l'évite comme à l'accoutumée, mais l'esprit festif qui embaumait l'air avait apparemment fait oublié les préjugés que la jeune société de Poudlard tenait à son égard. Irrémédiablement, le seul échappatoire qui était venu à l'esprit du jeune Bower fut la bibliothèque vers laquelle il se dirigea avec une précipitation distinguée.
Lire, travailler. Ca n'était peut-être pas les meilleurs activités qui existaient, mais étaient les plus à même de faire oublier le monde extérieur et les contrariétés qui troublaient ses pensées et bannissaient toute idée joyeuse de son esprit.

Au bout d'une heure, le jeune homme avait finit par ressortir de la bibliothèque, les bras chargés de livres traitant de la révolution gobeline, de la métamorphose humaine et de traités sur l'évolution des sortilèges au fil des siècles, entre autres. Mais à peine avait-il fait un pas dehors qu'un élève eu la bonne idée de lui foncer dedans. Le traité sur l'évolution des sortilèges au fil des siècles s'écroula sur le sol en compagnie de ses congénères usés dans une cascade de feuilles jaunies et de couvertures de cuir. Il fallait toujours que ce genre de choses lui arrivent à lui ! Un soupir las s'échappa de ses lèvres, et par manque de courage, Aïlin se contenta de regarder son accidentel agresseur plutôt que de se baisser pour ramasser les grimoires qu'il venait d'emprunter pour le week-end.

« William ? »

Il l'avait nommé sans pouvoir s'en empêcher, sur un ton entre la constation et la surprise. Etait-ce la fatalité qui faisait qu'il ne pouvait jamais rencontrer le jeune homme dans une situation normale ? Cela en devenait coquace et à cette pensée, Aîlin aurait presque put en sourire, s'il ne se sentait pas dans une perpétuelle humeur maussade.

« Pas grave. »

Se contenta-t-il de répondre face à ses excuses bredouillées. Son regard se posa une fraction de seconde sur le dos de Peeves qui disparaissait au coin du couloir puis il se baissa et tendit la main au Gryffondor afin de l'aider à se relever.

« Dumbledore est inconscient de laisser traîner une telle créature dans les couloirs de l'école. »
Prononça-t-il d'un air grave qui ne laissait aucune place pour l'humour. S'il y avait bien un être qu'il détestait dans Poudlard, c'était bien l'esprit frappeur.
« Rien de cassé ? »

Aïlin Bower. La dernière fois que William l'avait vu, il était en train de pleurer et de parler tout seul dans le parc, et le Serdaigle l'avait réconforté. Une autre fois, ils s'étaient battus comme des chiffonniers, sans tenir compte de Lynn. Ils ne s'étaient tout simplement jamais rencontrés dans des circonstances normales, pacifiques, banales. Et leur rencontre du jour ne dérogeait pas à la règle. Un peu gêné, William jeta un coup d'oeil au désastre qu'il avait provoqué : plusieurs livres par terre, dont un complètement explosé. Des pages s'étaient détachées et avaient volé un peu partout... Il faut dire que les livres de la bibliothèque n'étaient pas de la dernière jeunesse. La plupart étaient tellement vieux qu'ils avaient dû appartenir aux fondateurs de l'école, mais la bibliothécaire y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Qu'une page se détachât, et c'était la scène assurée... même si la page s'était détachée seule. Pourvu qu'Aïlin n'ait pas d'ennuis avec le vieux dragon, pour ce livre abîmé... William prit la main que le brun lui tendait, se releva et expliqua :

-Cet imbécile d'esprit frappeur voulait mettre le feu à mes cheveux.... mais ça va, merci.

Le rouquin s'éloigna, ramassa à la hâte les livres et les pages éparpillées (et si Madame Pince sortait de son antre ? Il ne fallait pas qu'elle voie ça !) et les rendit à Aïlin en poursuivant :

-J'espère que tu n'auras pas d'ennuis avec Pince... Si tu veux, j'irai lui rapporter les livres, elle ne dit trop rien aux préfets...

C'était bien la moindre des choses de proposer, même s'il était peu probable qu'Aïlin accepte. William se sentait vraiment mal à l'aise ; il semblait avoir été programmé pour être un obstacle sur la route du jeune Bower...
Cette fois, cependant, il n'était pas à craindre que les deux garçons en viennent aux mains ; il s'était passé quelque chose entre eux lors de leur dernière entrevue, une sorte de communion, et Will n'éprouvait plus pour le brun l'espèce d'hostilité envieuse qui s'était emparée de lui lors de leur dispute. Désormais, il le considérait avec sympathie, presque avec amitié ; ils avaient finalement pas mal de choses en commun- et Aïlin ressemblait tant à Lynn...
Le rouquin sourit faiblement et essaya d'ironiser :

-Tu dois vraiment te dire que je tombe toujours comme un cheveu sur la soupe...

La réponse de William attira un faible sourire à Aïlin tandis qu'il l'aidait à se remettre sur ses jambes. L'esprit frappeur était une vraie teigne, et le jeune Bower avait du finir par user illégalement de la magie dans les couloirs pour s'en débarasser lorsque par malheur, il lui tombait dessus.

« Essaies un aguamenti la prochaine fois, il n'aime pas ça. »

Déjà, William s'activait à ramasser ses livres et Aïlin voulut le rassurer d'un "laisses, ça n'est rien." mais avant qu'il n'ait eu le temps de terminer sa phrase, le Gryffondor avait déjà tout ramassé et les lui avait remit dans les bras en proposant de ramener les livres abimés à la bibliothécaire. L'attention tira un sourire bien que léger, reconnaissant au Serdaigle qui secoua la tête.

« Merci mais non, ça ira ne t'en fais pas. Un reparo suffira je pense. »

D'un coup d'épaule, le jeune homme ôta son sac à bandoulière et rangea le fouilli total des livres aux pages emmêlées et arrachées en un tas qui, malgré ses efforts, resta complètement désordonné. Après avoir bien enfoncé le tout au fond de son sac de cours, le Serdaigle observa le tas informe en se massant la nuque, puis capitula et referma d'un coup sec le cartable. Il s'occuperait de ça plus tard, pour le moment il n'avait pas la moindre envie de s'occuper du mini désastre. De quoi avait-il envie, d'ailleurs ? Maintenant qu'il avait été coupé net dans son élan studieux, Aïlin se sentait à nouveau las, malgré l'attention qu'il s'était remit à porter au rouge et or.
« Tu dois vraiment te dire que je tombe toujours comme un cheveu sur la soupe... »
C'était le moins que l'on pouvait dire. L'un et l'autre semblaient se retrouver toujours dans les situations délicates ou catastrophique. Un nez presque cassé, une bagarre, les larmes... Et aujourd'hui, c'était dans une pluie de pages que les deux adolescents se croisaient à nouveau.

« Le Destin...! »

Marmonna-t-il en tentative ratée de faire de l'humour. Le silence retomba dans le couloir tandis qu'un petit groupe de fille aparaissait au sortir d'une salle du château et instantanément, Aïlin sentit une désagréable sensation de chatouilli derrière la nuque. C'était terrible, comme à chaque annonce de bal, Aïlin avait l'impression d'être espionné, tant cette sensation se répétait à longueur de journée. Et dire que jamais il n'avait été à un bal, la gente féminine semblait persister à croire qu'il faisait un potentiel cavalier. Il aurait crut que cette année changerait après les rumeurs qui courait sur lui, mais compte tenu des rires et les bavardages qui s'élevèrent de plusieurs degré tout à coup, le jeune Bower avait l'impression de retourner en arrière d'une année.
Malgré lui, Aïlin jeta un regard tandis que la petite bande s'approchait, et son regard se porta sur l'une des demoiselles qu'il reconnu comme étant la Serdaigle même qui l'avait vu en compagnie de Mégane Décircée. Un visage qu'il n'aurait pas oublié même si elle n'avait pas été de son année. Blonde, la mine hautaine et désapprobatrice tandis qu'elle l'évaluait d'un regard, Aïlin la trouvait particulièrement antipathique, et cela semblait réciproque. Il n'avait plus qu'à espérer que les autres soient de son avis, et que les rires aigus n'étaient dûs qu'à la présence de garçons, non de lui en tant que personne.
Malheureusement, les demoiselles prirent du temps à s'approcher, et Aïlin, qui avait reporté son attention sur le visage de William plutôt que sur ce qu'il se passait autour de lui, avait du mal à trouver un sujet à engager avec le Gryffondor alors qu'il savait qu'ils étaient tout deux observés. Et de quoi devaient-il avoir l'air, à se regarder bêtement le blanc des yeux sans trouver quoi se dire...! Et au moment même où Aïlin pensait cela, elles arrivèrent à leur hauteur et une voix nasillarde ne manqua pas de retentir :
« Vous faites quoi là ? Vous allez vous demander comme cavaliers pour le bal ? »

Bien entendu, c'était la blonde qui avait parlé, suivit d'un petit rire provenant d'une fille à sa gauche et d'une moue désapprobatrice d'une autre qui ne semblait pas se sentir bien à sa place. Aïlin croisa son regard et elle baissa les yeux en pâlissant, et le jeune homme ne se posa guère plus de question sur l'origine de sa gêne. Ce genre de comportement, il le croisait assez régulièrement. Son regard passa de la fille à William, évocateur.

« Laisse les tranquille, Katy. »
Retentit cependant une petite voix qu'Aïlin ne reconnut pas. Son regard quitta une nouvelle fois William pour se poser sur une autre fille que Mère Nature n'avait pas gratifié d'un physique aussi élevé que l'intelligence qui la classait apparemment au dessus de la moyenne des autres pies présentes. L'étonnement haussa cependant les sourcils du Serdaigle lorsqu'il vit cette dernière passer du rose pâle au rouge tomate. C'était bon, les deux ados venaient de tomber sur un nid hétéroclite où toutes les émotions semblaient différer et se confondre dans un mélange confus à en donner le tournis... ou la nausée, au choix. Aïlin n'en était heureusement pas encore au stade de l'envie de vomir, et préféra détourner délibéremment la tête, peu enclin à adresser la parole aux cinq paires d'yeux de merlan frit.

Un silence embarrassé s'installa entre les deux garçons- chose qui était, du reste, fréquente lors de leurs rencontres. Il n'était pas facile d'engager une conversation normale après une collision en plein couloir ; et encore un télescopage était-il peu de chose au regard de leurs précédentes rencontres. William songea à leur toute première entrevue, un peu plus haut dans le château, dans les toilettes ; il avait tout simplement failli casser le nez du Serdaigle à coups de porte. Une autre fois, ils s'étaient battus, et le rouquin avait été le plus enragé des deux, revenant sans cesse à la charge... Il rougit un peu en évoquant ces souvenirs peu glorieux, et détourna le regard.
Aïlin affirma que le Destin était seul responsable de leurs rencontres plutôt inhabituelles, et William eut un léger sourire. Oui... le Destin... drôle de destin que celui du Gryffondor, condamné à pourrir plus ou moins involontairement la vie du brun... pas vraiment valorisant... Il aurait nettement préféré que son Destin le conduise à des choses moins idiotes, comme, par exemple, collectionner les conquêtes, ou trouver des trésors... Mais non, lui devait se contenter de tomber sur Aïlin Bower comme la vérole sur le bas clergé.
Tout en se faisant ces passionnantes réflexions, le rouquin cherchait désespérément un sujet de conversation acceptable... mais de quoi pouvait-il bien parler avec le Serdaigle, alors que la dernière fois, ils en étaient venus aux confidences les plus intimes ? N'importe quelle conversation serait terriblement terne en comparaison...
Mais bon, il fallait se décider. Le préfet ouvrit la bouche pour énoncer quelque platitude propre à entamer une brève discussion, politesse oblige, mais un gloussement suraigu le stoppa net. Un lâcher de pintades, en plein Poudlard ? William tourna vivement la tête, pour découvrir les responsables des gloussements : une bande de filles qu'il ne connaissait pas, mais qui le dévisageaient avec passion. Peut-être connaissaient-elles Aïlin ? Le rouquin risqua un regard vers son camarade, mais celui-ci demeurait impassible. Les filles ne désarmaient pas, cependant ; elles avançaient lentement vers les deux jeunes gens, ~~probablement hypnotisées par la beauté et le sex-appeal de ces garçons~~... Et la raison de leurs gloussements devint évidente : le bal était proche, et elles voulaient se trouver des cavaliers... et tout ce qui ressemblait à un garçon, même les plus moches, ~~même Isaac Deniel (c'est vous dire si ça va loin)~~, devait se méfier... alors des jeunes premiers comme Aïlin et Will, a fortiori... Mais à eux deux, ils ne pourraient pas satisfaire cinq demoiselles... Il faudrait organiser un tirage au sort...

« Vous faites quoi là ? Vous allez vous demander comme cavaliers pour le bal ? »

Patate, va. Tout ça parce qu'elle avait compris que la réponse serait non... elle se mettait à essayer de faire de l'humour. Réflexe habituel chez la dinde éconduite. Plongeant son regard dans celui du Serdaigle, William marmonna :

-C'est vrai que quand on voit la gent féminine, ça donne plutôt envie de rester entre mecs...

Les filles n'avaient pas dû comprendre ce qu'il avait dit, mais elles avaient bien vu qu'il avait parlé ; l'une d'elles demanda timidement qu'on les laisse tranquilles, et la première reprit à voix très haute :

« Oui, tu as raison, laissons-les... Poil de carotte n'arrive pas à aligner trois mots... laissons-le faire sa demande à son chéri! »

« J'ai hâte de les voir danser ensemble », ajouta une autre de ces furies tandis que la petite bande s'éloignait en pouffant de rire.

Elles poursuivirent lentement leur chemin, se retournant fréquemment pour lancer des regards narquois aux deux garçons qui restaient face à face, encore plus embarrassés qu'auparavant. Le rouge était remonté aux joues de William, qui s'éclaircit inutilement la gorge et fit d'une voix caverneuse :

-Bande de crétines... toutes excitées à cause d'un stupide bal.

Comment pouvait-on être aussi superficiel ? Le rouquin exhala un soupir désabusé et, fixant un point quelque part au-dessus de l'épaule d'Aïlin, poursuivit :

-Tu y vas, toi, à ce bal ?

[HJ: J'espère que je ne dérange pas titeuple

Pour tous problèmes, je supprimerais mon RP]

Citation :: Invitation pour le Grand Bal de Printemps
Election du Roi et de la Reine du Bal à la fin du bal. C'est VOUS qui les choisirez !
Début de la soirée : 20h00
Buffet à volonté
Tenue de Gala exigée
Vous pouvez venir seul(e) ou accompagné(e)

* Tient... Comme si j'avais besoin de ça pour me sentir ridicule *

La blonde haussa les sourcils, puis baissa les yeux vers ses chaussures. Elle aurait voulu disparaître le temps du Bal, qu'on l'oublie. Puis qu'elle revienne, sans que personne ne lui pose de questions...
Mais ce n'était pas si facile que ça. Même dans le monde de la magie... Quand la facilité te tourne le dos, tu es forcé d'affronter la difficulté. Et Brooke devrait affronter le Bal seule, sous les regards des autres filles accompagnées de beaux machos en costard ><.
Peut-être qu'elle-même pourra trouver une jupe "de gala"... Plus facile à dire qu'à faire... Oui, car qui voudrait d'elle ? Personne... La question ne se posait pas. Si encore elle pouvait faire impression dans une magnifique robe flash. Mais c'était impossible. Celle du bal dernier lui allait trop juste, et les derniers gallions qui lui restaient sont condamnés à finir dans la bourse du libraire. En effet, la Rouge et Or avait jeté ses livres de cours dans la cheminée après avoir eu un "Troll" en Potion, un "Acceptable" en Métamorphose, et un "Troll" également mais en DCFM.
Elle n'avait donc aucun moyen possible de se rendre au Bal, même si elle énormément envie de s'amuser. Elle pouvait toujours y aller, mais sans cavalier, sans tenue de gala, et sans "meilleures" amies avec qui rester, Brooke faisait l'impasse...

Après quelques minutes de marche, le regard fixé dans le vide, la Rouge et Or décida de s'arrêter pour regarder autour d'elle. Elle avait atterri dans un couloir totalement désert, et affreusement sombre... Et comme elle s'en doutait, elle n'échappa pas à la 2ème tyrannie de Poudlard ( la première étant, bien entendu, Ombrage).
Peeves.

" Tiens Brookette, on se fait des mèches vertes ?? Oh bah tiens, on a la mine toute tristoune, un petit peu de couleur et tu verras la vie d'un autre ma joliiiiiiiiiiiie !! "

Même si Brooke s'était mise à courir, l'esprit frappeur ne mit que quelques secondes à la rattraper. Sans scrupule aucun, il versa sur la pauvre adolescente un seau de peinture verte... Rouge de honte, la jeune fille ne supporta pas les ricanement du vulgaire fantôme et sortit sa baguette :

" Peeves, JE JURE SUR MERLIN QUE TU VAS FINIR TON REGNE ICI MÊME !! "

L'esprit frappeur haussa les sourcils quand il vit la Rouge et Or riposter. Malheureusement, il s'en tira indemne...

« J'ai hâte de les voir danser ensemble »

Brooke resta crispée. Non seulement elle était couverte de peinture verte, Peeves ricanait comme le Baron Sanglant, et un troupeau de girly se dirigeait en sa direction... En une fraction de seconde elle hésita à se lancer le sort de mort elle-même. Mais elle n'en eu pas le temps.
Le berger avait stoppé son troupeau.

" Oh !! Joli teint !"

Les deux autres filles gloussèrent de rire, avant qu'une autre prenne la parole.

" Tu es tellement jalouse de nous que tu en deviens c'est ça ?? Tu n'as pas de cavalier hein ? Pauvre fifille... Veille fille avant l'âge... On se demande comment sa mère l'a conçu... "

Nouveau fou rire général... Seule une fille semblait génée, et avait un regard compatissant...
Que Brooke pouvait-elle répondre à ça ? Rien, c'était la meilleure chose à faire...

" Bah, on t'a coupé la langue ?"

Stop. Un peu ça va, mais beaucoup merci bien !

" Aurevoir ! "

Sans rien ajouter de plus, elle courut. Elle courut en essayant de ne pas entendre les ricanements de ses camarades sur son passage...
Et merde, c'était trop dur.
Elle en a marre à la fin !! Comment est-elle devenue ? Il n'y a pas si longtemps que ça, elle s'en fichait de savoir qu'on la regardait parce-qu'elle était bizarre. Bien au contraire, ça la flattait d'être différente. Mais autant dire que la 13ème année de sa vie et de loin la plus difficile. Elle se sent mal, c'est tout.
Mais ce n'était pas finit. Deux garçons plantaient dans le couloir, et ne semblait pas vouloir partir. Tant pis, elle attendrait. Tant qu'elle ne se fais pas remarquer, tout va bien.

Mais Peeves était revenu à la charge...

" Alors ma jolie petite verte, on se cache des deux garçons ?? On a peur de se montrer ? "

* JE LE DETESTE, JE LE DETESTEUH !! ><*

HJ : Du moment que tu suis le rythme ça va parce que personellement j'aimerais boucler rapidement le sujet, et Will et moi postons assez vite lorsque l'on poste ensemble.

Aïlin semblait avoir été le seul à saisir les mots de William, mais les entendre lui tira un sourire rieur, qu'il fit cependant rapidement disparaître derrière un masque impassible. Il n'était pas la peine d'en rajouter une couche. Elles se lasseraient toutes seules, et ce genre de filles avaient comme passe-temps régulier de rabaisser ceux qu'elles ne pouvaient pas comprendre.
Les paroles suivantes firent cependant réagir Aïlin plus vivement. Si la blonde ne remarqua pas le regard noir qu'il venait de lui adresser, l'une à côté d'elle sembla perdre une bonne partie de son assurance, si bien qu'elle s'aggripa au bras de son "audacieuse" comparse. La réplique était au bord de ses lèvres, mais le Serdaigle se contenta de pousser un soupir méprisant en lorgnant d'un oeil mauvais l'animal qui venait de porter atteinte à son Honneur. Et il n'eut pas à s'abaisser au niveau du club des cinq poules qu'elle finirent par s'éloigner en ricanant, laissant les deux garçons l'un face à l'autre et doublement gêné. Une gêne qui, d'ailleurs, agaçait le jeune Bower. Il n'était pas responsable des mots qui étaient sorties de la bouche de cette teigne, après tout, l'idée de demander William comme cavalier lui paraissait tout bonnement absurde.
« Tu y vas, toi, à ce bal ? »
La question du préfet le força à reporter son attention complète vers lui, mais il remarqua que ce dernier ne le regardait en fait pas. Les rougeurs encore présentes sur ses joues parlaient pour lui des restes de son embarras et Aïlin préfèra passer outre, et chercher une réponse convaincante à donner. Il était logique qu'étant donné qu'il avait une petite amie, il paraissait convenable de l'y amener, mais ça n'était pourtant pas le cas. Il ne pensait pas, comme aux bals précèdents, faire acte de présence.

« Je ne sais pas... En fait j'ai... Il eut un léger soupir, avant de terminer sa phrase. ...dis non à Clarisse. »

De gêne - cette fois n'étant pas de la même nature que la première - il se frotta la nuque d'une main et détourna le regard, sans savoir qu'ajouter. Devait-il s'expliquer auprès de William ? Leur relation avait changé radicalement en un temps si court qu'il ne savait en l'instant présent pas sur quel pied danser. Dit comme cela, son comportement semblait de toute façon dénué de sens, et le jeune Bower se décida à donner un début d'explication à William.

« En fait, je... »

Mais une voix horriblement narquoise le coupa en pleine phrase : Peeves. Peeves qui parlait d'une verte se cachant de... Et ça recommençait. Une Serpentard apparemment. Aïlin se sentit doublement fatigué par cette nouvelle. L'idée de recroiser le chemin d'une Serpentard n'était pas vraiment pour l'enchanter : il ne se rapellait qu'avec trop de clarté le caractère de la dernière qu'il avait cotoyé ! Mais en se retournant, Aïlin comprit que la nature de cette apellation n'était pas issue de la couleur de son blason, mais de sa couleur à... elle. Sans voix, la bouche entrouverte, Aïlin détailla des pieds à la tête la silhouette à quelques mètres de Craig et lui et, blasé poussa un profond soupir avant de s'adosser contre le mur.

« C'est le défilé des étrangetés aujourd'hui. »

Marmonna-t-il à l'intention de William tandis que Peeves virevoltait joyeusement dans le couloir. C'est ce moment là qu'il choisit pour porter une attention un peu trop intense à sa personne. Et malgré le fait qu'il détourna la tête, les dents serrés, les mots de l'esprit frappeur retentirent avec puissance dans tout le couloir.

« Ohhh mais c'est le petit Bower 18ème du nom ! Une espèce presque en voie de disparition, si on compte le nombre de morts qui... »

« La ferme ! »

« Petit Bower le pleurnicheur orphelin ! C'est vrai ce qu'on raconte ? C'est vrai que tu étais présent lors de la mort de ton père ? Y en a même qui on dit que c'est toi qui... »

« LA FERME ! »

Les yeux brillant de colère, Aïlin s'était avancé d'un pas menaçant en direction de Peeves, ce qui acheva de le rendre ridicule. Les caquètements et les cabrioles se multiplièrent tandis qu'Aïlin tournait la tête en direction de la fille plus loin, aspergée de peinture dont l'odeur parvenait jusqu'à eux, finissant d'entamer la rancoeur du jeune homme.

« Et toi, tu n'aurais pas put te faire voir ailleurs ?! »

S'enflamma-t-il sans pouvoir se retenir, comme si la jeune fille avait ramené Peeves là pour son bon plaisir. Mais la douleur provoquée par la honte et les souvenirs que le fantôme avait fait ressurgir par ses piques l'avait bien trop touché pour qu'il puisse se contenir sagement comme avec les caqueteuses d'auparavant.

Le bal... William s'entendit prononcer ces mots avec stupéfaction. Qu'est-ce qui lui prenait de parler du bal ?... c'était d'autant plus étonnant que le rouquin n'avait pas spécialement envie d'évoquer ce sujet ; alors pourquoi le mettait-il sur le tapis ?...
Le jeune Bower, lui non plus, ne semblait pas enchanté de parler du bal, et Will s'en voulut un peu d'avoir posé cette question. Il révéla au préfet qu'il avait refusé d'y aller avec Clarisse... étrange, puisqu'ils étaient censés sortir ensemble... Le rouquin, lui, préféra s'abstenir d'expliquer à Aïlin ce qui le mettait dans l'embarras ; il n'y avait qu'une seule fille qu'il ait envie d'inviter, mais il s'était promis de ne plus être aussi proche d'elle : il avait été trop triste lorsqu'ils s'étaient disputés, et ne voulait plus connaître ces moments pénibles. Malgré le lien indéfinissable qui s'était tissé entre les deux garçons, William sentait que le Serdaigle n'apprécierait pas qu'il soit toujours, malgré ses assurances, attiré par Lynn. Il avait juré au brun qu'il n'approcherait plus la jolie Gryffondor, qu'il n'éprouvait plus rien pour elle... et il était bien forcé d'admettre qu'il avait parlé un peu vite. Depuis quelque temps, Lynn et William ne s'évitaient plus, ils renouaient doucement une amitié... et le roux s'apercevait qu'il n'avait jamais cessé d'éprouver une profonde affection pour son amie.
Aïlin s'était apparemment décidé à lui expliquer quelque chose d'assez pénible, et William se sentit un peu gêné. Il n'avait pas posé de questions, il n'avait jamais voulu que le jeune Bower se sente obligé d'entrer dans les détails... Enfin, s'il souhaitait parler, il pouvait le faire en confiance... Le préfet décala légèrement la tête, pour regarder non plus le mur derrière Aïlin, mais le visage du jeune homme.
Bower fut coupé en plein élan, par l'arrivée de Louis de Funès dans Rabbi Jacob... ah non, d'une fille. Oui, contrairement aux apparences, la chose verte et dégoulinante qui avançait vers eux était bel et bien une fille... poursuivie elle aussi par Peeves. Décidément, cette saleté volante était en forme...
Oubliant la fille couverte de peinture (que William n'avait même pas reconnue !), Peeves s'attaqua à Aïlin, se moquant du "petit orphelin", puis allant jusqu'à relayer les rumeurs qui disaient que le brun était responsable de la mort de son père. Le Serdaigle s'emporta, s'avança menaçant vers l'esprit frappeur, qui cabriola en l'air et ricana méchamment.

-Tu vas la fermer, Peeves ? s'écria William, incapable d'en supporter davantage.

-Oooh... mais c'est mon petit préfet rouquin... s'exclama Peeves, ravi, en s'élançant vers l'une des torches du mur. On avait quelque chose sur le feu, toi et moi... sur le feu ! tu as compris, l'incendié ? ha ha ha ha!!

Et il se jeta sur le rouquin, la torche en avant, dans l'espoir de terminer son oeuvre destructrice. Manque de chance, William était fermement décidé à mettre en pratique le conseil d'Aïlin et, sortant sa baguette de sa poche, lança un Aguamenti.
Le jet d'eau n'était peut-être pas très puissant, mais il éteignit la torche et refroidit les ardeurs peevesiennes. L'esprit frappeur trempé fit un geste grossier aux trois jeunes gens et fila en caquetant.

-Bonne méthode, Aïlin, soupira William en rangeant sa baguette.

Aïlin, le si calme Aïlin était visiblement de très mauvaise humeur, et il s'en prit à la fille- Brooke. La peinture avait un peu coulé, permettant à Will de reconnaître sa camarade de maison. Le rouquin tira un mouchoir de sa poche et le tendit à la verte demoiselle en incitant, d'un regard insistant, le Serdaigle à la patience.[i]

[HJ : promis, je ferais tout mon possible I love you

]

Brooke savait très bien qu'elle ne serait pas reçue en Reine. Mais elle s'attendait quand même a un peu de compassion. Même pas. Peut-être un peu de pitié, mais pas plus...
Elle plissa les yeux, et s'avança à nouveaux vers les garçons. Elle reconnut soudainement William, mais son attention fut reportée plus loin. En effet, l'esprit frappeur avait changé de cible pour se diriger vers le brun. D'une manière, La Rouge s'en fichait royalement, elle ne le connaissait pas... Mais son humeur déjà assez noire, sauta 3 crans au dessus... Peeves lui lançait des phrases arrogantes à la figure, ce qui permit à Brooke d'en savoir déjà pas mal sur le "petit Bower orphelin". Bower... Cela lui disait quelque chose..

« Et toi, tu n'aurais pas put te faire voir ailleurs ?! »

" Hein ?! "

Brooke étouffa un son de mécontentement. Ce n'était pas vraiment le moment de se faire remarquer, certes. Mais en même temps, Bower n'avait aucune raison de lui parler comme ça.
Mais Peeves prit encore le dessus de la discussion en s'attaquant maintenant au préfet des Rouge et Or. Mais le rouquin déguaina sa baguette et fut sans pitié pour la créature qui dû changer de couloir, trempé. William remercia Aïlin. Aïlin Bower. C'était donc comme ça qu'il s'appelait... Brooke haussa ses sourcils collés par la peinture et se gratta le crâne. Elle avait énormément envie de montrer sa présence aux deux garçons qui semblaient l'avoir oublié. Mais en fait non. William eut la bonne idée de lui tendre un mouchoir.
Brooke lui sourit et murmura un "merci"articulé... Déjà qu'elle se sentait de trop, il n'était pas la peine qu'elle se fasse plus remarquer qu'elle ne l'avait fait déjà. A l'aide du Kleenex, elle put enlever une grande quantité de peinture verte, ce qui la dégagea quelque peu. Son teint était légèrement verdâtre, mais elle s'en était sortit sans grand désastre, et c'était le principal. Mais elle n'allait en rester là envers Aïlin. Elle ne pouvait rajouter d'ennemi dans sa liste... Plus de place.
La Rouge et Or se racla la gorge et passa une main dans ses cheveux :

" Aïlin. dit-elle en désignant le Serdaigle, Je suis vraiment désolé de m'être retrouvée dans ces couloirs au moment où Peeves passaient, et où vous discutiez. "

Elle haussa les sourcils et lui lança un regard lui signifiant bien qu'il pourrait l'envoyer pètre. Elle en avait tellement entendu aujourd'hui que les critiques devenaient habituelles.
Mais avant de s'en aller, elle décida de ne pas paraître totalement arrogante.

" Hum... Je m'appelle Brooke au fait... Aïlin... Au cas où vous auriez la soudaine envie d'ébruiter cet évènement. Je ne vous en voudrais pas... Sinon, je pense que je détesterais le monde entier... "

Malgré son visage impassible, une lueur de tristesse voila ses yeux un moment. Quoique, tristesse est un bien grand mot. Disons simplement qu'elle avait du mal à approuver le fait qu'elle était assez "à part" par rapport aux autres élèves. Sa seule amie, Jaina, était introuvable... Elles se croisaient dans la Salle Commune quelques fois, mais pas plus...
Elle se dirigea alors vers le fon du couloir, prête à quitter les deux garçons, mais hésita en voyant ses mains. Si son visage était de la même couleur que ces doigts, elle ferait mieux de se cacher, et d'attendre que sa barbe et ses cheveux n'est recouvert son visage.

Tant pis, un peu de courage... Pi' il faut surmonter le regard des autres... Non, c'était décidémenty au dessus de ses forces. Brooke tourna à nouveau les talons vers les garçons en passant nerveusement sa main dans ses cheveux collant :

" Euh... Vous ne connaitriez pas un sort qui m'enlève tout ça ? J'ai essayé un Recurvite tout à l'heure... Mais sans résultat et euh... J'ai pas trop envie que plus de gens me voit dans cet état "

Elle se sentait affreusement ridicule et déplacée. De toute façon, elle n'avait rien à perdre à part sa dignité ...

Ca n'était pas voulu, mais Aïlin n'avait pas put s'en empêcher. Son regard flamboyant jaugeait sans douceur l'élève couverte de peinture tandis qu'il entendait d'une oreille William tenter sans succès de calmer les ardeurs de l'esprit frappeur. Celui-ci finit par y parvenir à l'aide du sortilège que lui avait précèdemment conseillé Aïlin, qui détourna le regard, croisant ainsi à contrecoeur celui du jeune Craig. L'expression qu'il affichait laissait clairement entendre qu'il l'incitait à faire preuve de plus de douceur, mais malgré ses remords, le Serdaigle ne fit pas mine de s'excuser.
Le calme retombé dans le couloir, le sentiment de honte du jeune Bower n'en était que plus palpable. Le regard ailleurs, il ignora le court échange entre les deux élèves. Avec un peu de chance, la fille s'en irait, et il pourrait faire comme si de rien était. Mais le mal était fait, et sa réaction comme les mots de Peeves avaient définitivement brisé les efforts du jeune homme à atteindre un semblant de bonne humeur. La réaction de la jeune fille à son égard n'arrangea donc en rien les choses.
Les sourcils faiblement haussés, le jeune homme l'observait s'offusquer à son encontre. Il savait ne pas avoir fait preuve de douceur, mais il aurait préféré se voir ignoré plutôt qu'interpelé de la sorte. Haussant les épaules, il se retint de rétorquer, la mâchoire serrée. A la suite de ces propos, le jeune homme ne put s'empêcher d'être désagréable.

« C'est ça, allez, coures faire ta malheureuse ailleurs ça me fera de l'air. »

Il n'était pas le genre à lancer des histoires et des rumeurs dans tout le château lui, et au moins la dénommée Brooke aurait put le deviner suite aux propos qu'avaient tenu l'esprit frappeur, mais non. Si quelqu'un avait conscience du poid qu'étaient les on-dits, c'était lui. Et lui, ça n'était pas qu'une stupide histoire de peinture verte qui traînait comme un boulet derrière lui, c'était des histoires bien plus sombres. Un père Mangemort. A présent, tout les lecteurs de la gazette n'étaient pas sans savoir que Devin Bower avait été un Mangemort. Et lui, le seul membre homme de la famille qui ne désirait pas suivre ses traces ou pire, le surpasser, était pointé du doigt à cause d'incidents déclenchés par son propre géniteur. Et la Gryffondor venait sous-entendre qu'il allait s'empresser de raconter à tout le monde à quel point la pauvre fille avait eu l'air bête avec son pot de peinture verte sur la tête ? Non, ça allait assez comme ça pour les idées préconçues. Il était plus qu'inutile d'en inventer d'autres.
Mais alors qu'il évitait le regard sûrement désapprobateur du préfet, la jeune fille prête à partir finit par se raviser et demander de l'aide. Par réflexe, le jeune Bower sortit sa baguette et la pointa nonchalemment sur elle. Elle l'avait agacé, mais Aïlin savait que la grande partie de sa colère était tournée vers Peeves. Et sa honte n'était guère que dûe à son emportement passager...

« Eximo. Au revoir, Brooke. »

Son ton était aussi froid que l'éclat de son regard, mais dans la circonstance actuelle, le jeune homme ne parvenait pas à faire preuve de plus de sympathie. Conscient de sa rudesse, il baissa le regard pour ranger sèchement sa baguette dans sa poche à présent que la peinture était tombée par écailles verdâtres, attendant que la fille s'en aille, ou que William détourne son attention de lui. Quoi qu'au ton qu'il avait employé à son égard, il doutait qu'elle eut encore envie de rester près de lui.

Un sentiment de gêne immense s'était emparé de William en entendant les propos de Peeves à l'égard d'Aïlin. On savait que l'esprit frappeur n'était pas subtil, et qu'il mettait même un point d'honneur à être aussi grossier que possible, mais là... aller ricaner sur le fait que le jeune Bower était orphelin... comme si perdre ses parents était risible... Bien sûr, dans le cas d'Aïlin, il y avait bien plus que la mort de son père ; ces rumeurs qui s'élevaient sur son passage, l'accusant ouvertement d'être responsable de ce décès... du pain bénit pour Peeves... William ne savait que penser de ces histoires, mais il était certain d'une chose : l'angle d'attaque de l'esprit frappeur était très mal choisi, et il y aurait des représailles. Nick-Quasi-Sans-Tête accepterait sans doute d'en parler au Baron Sanglant, qui prendrait contre Peeves les sanctions appropriées. On ne s'en prend pas à quelqu'un sur ce ton, au prétexte que ses parents sont morts. Le rouquin risquait fort de connaître lui aussi un décès dans sa famille ; et, en cet instant, il éprouvait une vive sympathie pour Aïlin, malgré tout ce que lui avait dit le brun lors de leur dernière conversation- il affirmait ne pas avoir eu de peine à la mort de sa mère, et il n'y avait aucune raison pour qu'il ait menti. Quoi qu'il en soit, ils étaient comme rapprochés par la mort de leurs parents, attendue avec angoisse par l'un, observée avec indifférence par l'autre.
Tant qu'il s'était agité pour faire taire Peeves, William n'avait pas éprouvé cet embarras ; mais à présent qu'il était de nouveau immobile, il n'osait même plus regarder Aïlin, de crainte d'aggraver la situation. Dire quelque chose, quoi que ce soit, risquait d'empirer les choses ; le brun était furieux, à juste titre, et Will ne voyait pas quoi faire à part respecter son silence.
Ils allaient probablement prendre congé l'un de l'autre en quelques mots, désemparés, pressés de se retrouver seuls ; déjà William cherchait comment dire au revoir au Serdaigle sans le blesser, mais Brooke revint à la charge. Elle leur demandait s'ils ne pourraient pas l'aider à se débarrasser de la peinture. Machinalement, le préfet ressortit sa baguette magique de sa poche, sans savoir quelle formule prononcer ; Aïlin, quant à lui, utilisa un sort inconnu du Gryffondor, et la peinture s'écailla instantanément. D'un ton sans réplique, le brun "salua" Brooke, l'invitant à disparaître aussi vite que possible ; un instant, William craignit d'être lui aussi congédié brutalement- ce qui eût été compréhensible : après l'esclandre que venait de faire Peeves, Aïlin voudrait sans doute rester seul.
Le rouquin rangea sa baguette, pour la seconde fois, et fit à voix basse :

-Si tu veux que je te laisse...

Un ton qui sous-entendait "ne te gêne pas pour le dire, je comprends". Il aurait aimé trouver autre chose à dire à Aïlin, quelque chose d'un peu plus approprié, quelque chose qui montrât au brun qu'il était à ses côtés. Mais William n'avait jamais su dire ce genre de choses, il n'avait jamais été très doué pour réconforter les autres. A ce moment, tout ce qu'il pouvait faire était donner une tape rapide sur le coude du Serdaigle, sous prétexte d'attirer son attention, mais surtout dans un geste d'amitié un peu maladroit.

Jamais elle n'aurait pensé blesser autant Aïlin. Ses paroles n'avaient pas été dites pour lui faire autant de "mal"... Brooke pensa un instant que ce n'était pas sa faute à elle. Ce devait être à cause de Peeves... Mais non. C'est sur elle qu'il boudait, pas sur un autre. Tant pis, elle en résolut. C'est une poisseuse. Mais il fallait avouer ce qu'il était ! Bower n'était pas une personne facile à cerner. C'est lui qui commence à s'énerver tout seul Suspect

... Mais c'est quand même lui qui emporte la grâce de Merlin. Comme quoi, ce qui dise que la poisse n'est que surperstition peuve se tromper. Brooke Larm en est la preuve vivante ! niarkhéhé

Mais le Serdaigle ne fut totalement ingrat et mauavsi envers la Rouge et Or. Iil la débarra de sa peinture qui tomba en fine écaille sur le sol humide. D'un coup de baguette, elle les fit dispaître de peur d'éveiller des soupçon.
Mais au même moment, Aîlin lui fit par de son opinion sur sa présence.
"Aurevoir"... C'est tout ? Sympathique tout ça Neutral

... Brooke eu alors une terrible envie de le remettre à sa place avec une bonne partie de gueulante à laquelle elle était sûre de gagner Cool

. Mais en même temps, elle se dit que ça ne rimait à rien. Peeves avait parlé de lui asez ouvertement sur des choses qu'il ne voulait peut-être pas ébruiter. Elle joua avec ses doigts, génée. Elle n'allait pas partir comme ça, avec un gars qui voulait lui crever les yeux ! Elle en avait vraiment marre d'être une fille détestée et cruche à la vie à la mort. Elle passa sa main dans ses cheveux et ouvrit la bouche, mais William la devança. Il parla à voix basse, mais la Rouge et Or devina le contenu des paroles. Elle déglutit et lui dit d'une voix enrouée, le regard fixé sur ses chaussures :

" Euh... Désolé Aïlin. Je pensais pas que ça mettrais de si mauvaise humeur. 'fin je veux dire, je pensais pas... Euh, ce n'était pas pour te euh..."

Elle eu un rire cripsée et malaise... Elle était nulle. Nulle et con.
" Merci pour la peinture. Et, aurevoir William ! J'espère qu'on se reverra bientôt "

Elle s'éloigna des deux garçons, un sourire aussi triste que ces pensées encrées sur son visage pâle. Elle ne savait pas quoi faire du tout, et n'avait plus aucune envie de se chercher des amis... Ni un costume pour le bal et tout. S'était décidé, elle n'irait pas. De toute manière, elle ne manquerait à personne. Ou peut-être à l'elfe de Maison qu'elle avait promis d'aller voir le soir du précieux bal. Tant pis... Cette vieille créature ira se trouver une autre dame de compagnie Mad

.
Elle stagna un instant dans le couloir, plongeait dans ses pensées infirmes...

" Salle Commune, Bibliothèque, Parc, Grande Salle pour jouer aux échecs avec la poussière, ou se balader dans le château.... Ou les devoirs "

Rien qu'à cette idée, elle fit la grimace...

Etre à nouveau tranquille. C'est tout ce que désirait Aïlin, ainsi qu'oublier définitivement l'incident qui venait de se produire. Toute cette histoire n'était qu'un horrible cauchemar, un cauchemar apaisé par la disparition de son père. Oui, il avait tué son père. Il était peut-être un monstre, un criminel, mais personne n'avait idée de la façon dont les choses s'étaient déroulées, des centaines et des centaines de jours qui l'avaient mené jusqu'à ce moment... De ce qu'il avait, juste avant de lancer le sortilège impardonnable, put apprendre. Depuis, il évitait Lynn. Avoir le courage de la regarder en face ? Plus à présent. Son seul et unique correspondant restait maintenant Torin, bien qu'il ne comprenait lui même pas pourquoi il était arrivé au point d'obéir aux demandes de son aîné et de lui transmettre tout ce qui était suceptible de l'interresser. Ou s'il s'en doutait, le penser lui donnait la nausée ; au fond de lui même, il se sentait sale, aussi sale que le Mangemort, souillé par la haine et le soulagement du calme qui régnait à présent au Manoir. Un calme qui préparait peut-être la tempête, mais Aïlin préférait ne pas imaginer que les choses puissent prendre un nouveau tournant et sa vie sombrer à nouveau. Il n'avait déjà plus rien, reconstruire sur les décombres de son passé lui paraissait déjà une tâche insurmontable et si le semblant de paix qui s'était instauré finissait par s'envoler...
Toutes ces réflexions s'emmêlaient et défilaient dans l'esprit du jeune Bower, qui n'écoutait même pas les excuses de Brooke, qu'il ne regardait d'ailleurs même pas. Il hocha simplement la tête lorsqu'elle le remercia pour lui avoir retiré la couche de peinture qui avait auparavant recouvert son corps, et il la laissa s'en aller sans un mot pour la retenir. Il n'avait aucune envie de l'avoir encore auprès de lui, aussi ne voyait-il aucune raison pour le faire. C'est William qui le sortit de ses sombres idées, alors qu'il lui proposait de le laisser. Le jeune Bower releva ses yeux assombris par la douleur, et hocha lentement la tête, sans savoir quoi répondre. A se retrouver seul, Aïlin ignorait ce qu'il pourrait bien faire. Il avait la désagréable impression qu'il s'en sentirait démuni, et avec un sentiment de solitude d'autant plus intense que la seule personne suceptible de le comprendre un tant soit peu ait passé son chemin à cause d'une histoire de peinture et de fantôme.

« Non, ça va, tu peux rester... »

Finit-il par dire d'une voix rauque en se calant contre le mur du couloir, tête baissée. Insinuer avoir besoin de sa présence ne l'enchantait pas, mais après ce qu'il s'était passé l'autre soir entre eux, Aïlin se sentait moins honteux qu'il aurait put l'être avec quiconque d'autre, sa soeur y comprit.

« Je suis désolé pour... ça. Je n'ai rien contre elle, mais... Enfin tu sais. »

Le garçon eut un léger froncement de sourcil tandis que la gêne tirait les traits de son visage. Oui, William savait qu'il allait mal, mais le dire franchement était pas envisageable pour Bower. Il se sentait déjà assez en position de faiblesse comme cela, il n'avait nulle envie d'en rajouter une couche. Changer de sujet restait encore le meilleur moyen de reprendre contenance, ainsi que faire un premier pas pour effacer le souvenir encore vif de ce qu'il venait de s'être dit.

« Et ce bal... Tu y vas avec quelqu'un ? Je n'ai pas put te le demander, à cause de... Brooke. »

Préférant citer la Gryffondor plutôt que Peeves, Aïlin tenta un sourire qui s'avéra plus fade que réussit.

Après les caquètements de Peeves et les cris des trois élèves, le silence qui était retombé dans le couloir avait quelque chose de lugubre. Il avait au moins un avantage ; Madame Pince ne risquait pas à tout moment de surgir furieuse de sa bibliothèque pour exiger le silence. Maigre avantage, mais c'était toujours ça... car William ne voyait pas ce que l'on pouvait de positif à la situation, à part ça. Il avait été embarrassé en percutant Aïlin, et il s'apercevait à présent avec amertume que ce n'était rien. Pourquoi avait-il fallu que les choses tournent si mal ? pourquoi fallait-il que chacune de ses rencontres avec le Serdaigle soit placée sous le signe de l'étrangeté, voire des incidents franchement graves ?... Après leur dernière conversation, le rouquin aurait bien aimé avoir une discussion normale avec Aïlin, une simple discussion entre deux adolescents... Mais il semblait que ce genre de chose leur était refusé. Il était écrit que ces deux-là ne se parleraient que dans des circonstances étranges, qu'ils ne pourraient évoquer que des sujets graves... Dommage. Après avoir haï Aïlin comme il n'avait jamais haï personne, William s'était pris d'affection pour lui lorsque le brun l'avait soutenu, un soir glacial, tandis qu'il pleurait.... Un peu comme un frère aîné qu'il aurait longtemps considéré comme un rival, avant de le découvrir, en grandissant, qu'il avait eu tort...
Aïlin affirma, d'une voix lasse, que William pouvait rester, et le préfet en fut plutôt content, même s'il mesurait la difficulté qu'il y aurait à changer les idées au brun. Car lui dire de rester, c'était en quelque sorte, de la part du Serdaigle, reconnaître qu'il pouvait quelque chose pour lui, dire que sa compagnie était utile... valorisant pour le troisième année, d'autant plus qu'il se sentait en quelque sorte redevable à Aïlin. Le jeune Bower l'avait soutenu et réconforté de son mieux l'autre soir, il était temps de lui renvoyer l'ascenseur. Le rouquin songea machinalement que cette expression ne devait pas avoir cours chez les sorciers, et il secoua doucement la tête.
Aïlin avait vraisemblablement envie de parler d'autre chose. Il s'excusa brièvement pour "ça", c'est-à-dire quelque chose dont il n'était absolument pas responsable, et changea de sujet avant que William ait pu dire quoi que ce soit.
Le bal. Avec toute cette panique, Will l'avait complètement oublié. Avec qui pouvait-il bien y aller ?... Une fille ? Les filles qu'il venait de voir l'avaient un peu découragé ; dans tout Poudlard, il avait envie d'en inviter une seule, mais il s'y refusait. Alors ? aller au bal seul ? ne pas y aller du tout ? Cette dernière solution était celle qui correspondait le mieux à ce qu'il voulait réellement, mais il devait aller au bal. Sa mère voulait tellement qu'il se comporte comme un élève normal, qu'il s'amuse et qu'il profite de la vie...
Penser à sa mère lui fit, instinctivement, lever les yeux vers Aïlin. Une idée soudaine, une idée idiote certes, mais qui pouvait être intéressante...

-Je n'y vais avec personne, répondit le rouquin d'un ton indifférent. A moins que (sa voix devint plus enthousiaste, comme pour convaincre Aïlin) que tu n'acceptes de m'accompagner...

Le jeune Bower le regarda, déconcerté, et William estima préférable de clarifier immédiatement ses intentions :

-Pas pour danser, hein... juste pour boire un coup, et ne pas passer la soirée tout seul... pour se changer les idées... On en a besoin tous les deux...

Il eut un faible sourire, signifiant qu'il valait mieux ne pas s'étendre sur les raisons qui rendaient nécessaire de se changer les idées. L'ambiance était déjà assez lourde pour ne pas revenir sur sur des sujets pénibles pour eux deux...

L'envie de rétorquer de William n'avait pas passé inaperçu pour Aïlin, mais ce dernier préfèra faire comme si de rien n'était. Changer de sujet, oublier ce qu'il venait de se passer : c'était tout ce qu'il désirait pour le moment. Alors, sujet comme un autre, Aïlin avait reparlé du bal, l'objet de ses pensées que, cinq minutes auparavant, il s'efforçait d'oublier. A présent, cela lui semblait bien dérisoire. Et cela semblait également être le cas du préfet, à l'intonation de voix dont il avait usé pour répondre à sa question. Au moins, Craig avait saisit la demande silencieuse du jeune Bower : ne pas insister sur ce qu'il venait de se produire un instant auparavant. Mais la fin de la phrase de William fit presque sursauter le garçon.

« Pardon ? »

Ne put-il s'empêcher de rétorquer, rivant sur William un regard interloqué. Son coeur avait raté un battement, pour redoubler en vitesse sans qu'Aïlin n'y puisse rien. William venait de lui demander de l'accompagner... au bal ?! Son indignation était à un pas de se manifester, fulgurante, quand le Gryffondor le rassura sur les propos de ses mots. Son rythme cardiaque se stabilisa, mais une châleur désagréable envahit ses joues et Bower détourna le regard, gêné. Quel quiproquo stupide s'était-il fait ! Un léger rire, court et nerveux s'extirpa tant bien que mal de sa gorge, et le jeune homme braqua à nouveau son regard sur William.

« Excuse-moi, j'ai crû que... Non, c'est trop ridicule. »

Avoir Craig pour cavalier... Aïlin le dévisagea de la tête au pied, et un sourire vaguement amusé passa sur son visage. Non, il n'était pas du tout de ce genre là, l'idée même qu'il ait crut cela lui paraîssait maintenant absurde.

« Oui... Oui, pourquoi pas. »

Au moins, il ne se verrait pas contraint de s'isoler dans la salle commune, loin de tout espoir d'avoir une des pâtisseries succulentes des elfes. L'envie d'y aller n'était pas réellement profonde, mais il se doutait que prendre un verre en compagnie du préfet serait forcément plus agréable que de chercher le sommeil dans une des plus haute tour du château, seul et sans réel diner dans l'estomac.

« Mais je te préviens, je ne te ferais pas danser, quoi qu'il arrive ! »

Cette fois, ce fut presque un rire qui sortit d'entre ses lèvres, et un sourire plus franc éclaira un instant son visage. Sa stupeur première lui avait provisoirement extirpé l'incident de l'esprit, si bien que, de soulagement, le jeune homme avait enfin réussit à rire, pour la première fois depuis des semaines. D'ailleurs, il ne s'en était pas même rendu compte, avant que le dernier écho témoignant de son hilarité passagère ne s'estompe dans le couloir. Sourire. Un geste si anodin qu'il en était presque automatique pour certains, mais Aïlin n'était plus parvenu à faire preuve de joie, même d'une passagère depuis un trop long moment déjà. Le jeune Serdaigle envoya un regard plus intense au Gryffondor, mais le mot qu'il aurait aimé prononcé resta coincé au milieu de sa gorge. Ravalant sa salive, il posa une main sur l'épaule de William, dans une tappe légère qui se voulait amicale. Merci, était-ce réellement si dur à dire ? Il fallait croire, car au lieu de témoigner de sa gratitude pour l'attention que Craig lui portait, il se redressa et glissa un bras dans le dos du garçon pour engager avec lui un demi-tour dans le corridor. Il le lâcha rapidement pour plonger ses mains dans ses poches, et c'est avec un peu plus de sereinité dans le regard qu'Aïlin reprit la parole.

~~« Ne t'habille pas comme un plouc, par contre, j'ai pas envie d'avoir la honte »~~
« Ravi de te connaître mieux, William. »

Enfin, il y était parvenu. Ca n'était pas un merci clair et non dissimulé, mais l'insinuation ne pouvait cependant prêter à confusion. Qui aurait put imaginer un instant que Craig serait la personne capable par une simple maladresse de langage, de lui tirer son premier sourire depuis des semaines ? Qui surtout, aurait put se douter, qu'il serait en ce moment ce qui pouvait se rapprocher au plus de l'ami ? Pas Aïlin, en tout cas, mais il était plus heureux qu'accablé d'avoir mal jugé le préfet des Rouge et Or. Bizarrement, il se sentait ainsi plus entier face à quelqu'un contre qui il s'était premièrement opposé.

HJ : Moi avoir écrit n'importe quoi ? Meuhh même pas vrai ! Je suis fatiguée, d'abord XD

A en juger par le regard que lui lança Bower, on n'était pas loin du malentendu, et même de la franche méprise. Aïlin s'imaginait apparemment que William lui faisait une déclaration en bonne et du forme, et qu'il voulait aller danser des slows la tête sur son épaule... Alors que les intentions du préfet était absolument platoniques, simplement amicales- même si elles n'étaient pas forcément très dignes d'un préfet; son idée était, tout simplement, de dénicher de quoi boire en quantité suffisante pour perdre momentanément le contact avec la réalité. D'habitude, lors des bals de l'école, Dumbledore commandait de l'hydromel à Madame Rosmerta ; breuvage qui permettait de s'enivrer, mais William songea qu'il serait judicieux de se procurer aussi une bouteille de Whisky Pur Feu. Il en discuterait avec Aïlin plus tard ; pour l'heure, l'urgent était de le détromper : non, cette invitation n'avait rien d'équivoque.
Dieu merci, Bower entendit ses justifications, et comprit qu'il ne risquait rien à accepter la proposition du rouquin. Il précisa même, avec un sourire, qu'il ne ferait pas danser son camarade, ce à quoi William ne put s'empêcher de répliquer :

-Bravo, je vois que tu tiens à tes pieds !

Danser, quelle horreur. Will avait fait une exception à son aversion pour la danse pour Lynn, mais il en faudrait beaucoup pour qu'il remette ça. Il se sentait toujours ridicule à se trémousser sur une piste de danse, avec aisance et une maîtrise toutes relatives. Mieux valait rester assis dans un coin, à se gaver de pâtisseries et à boire... en compagnie d'un... d'un ami, on pouvait sans doute le dire...
Aïlin avait complètement changé d'expression, à présent. Apparemment, l'invitation au bal l'avait égayé, et il riait presque en avertissant qu'il ne danserait pas. William, après avoir craint que sa maladroite proposition n'offense le Serdaigle, était à présent plutôt content de lui ; il avait réussi à faire naître un sourire, si fugace soit-il, sur les lèvres du brun, à lui faire oublier, ne serait-ce qu'un instant, les rumeurs de meurtre et les désagréments causés par Peeves. Un véritable challenge...
Pour l'heure, Bower semblait vouloir dire quelque chose, sans y parvenir. Il commença par donner une légère tape sur l'épaule de William, puis le prit par le bras pour lui faire faire demi-tour... et enfin, il lui dit quelques mots, quelques mots simples qui firent légèrement rougir le préfet. Il n'était donc pas le seul à changer d'avis...
William bredouilla quelques remerciements, assez embarrassé, finalement, par ce compliment déguisé, et annonça qu'il devait partir.

-Je... je dois y aller... une lettre à écrire...

Il venait de décider d'envoyer une lettre à ses parents, pour qu'on lui envoie le costume qu'il avait porté durant l'été, au mariage d'une cousine. Même s'il n'allait au bal que pour boire, il se devait d'être bien habillé... il aimait prendre soin de son apparence, et puisqu'il en avait l'occasion, il ne comptait pas s'en priver. La tête basse, comme toujours lorsqu'il devait dire quelque chose d'un peu intime, il marmonna :

-J'ai été content de te voir, Aïlin.

Il n'arriverait jamais à exprimer librement ses sentiments.. à chaque fois qu'il le faisait, il se sentait très gêné, comme s'il faisait quelque chose d'obscène. Mais on ne pouvait pas tout passer sous silence...
Le rouquin fit un geste de salutation en direction d'Aïlin, et s'éloigna dans le couloir, tournant dans son esprit les événements qui venaient de se succéder. Drôle de rencontre, une fois de plus...