A l'heure du dîner (Libre)

Cette rentrée des classes avait été une des pires pour le Gryffondor, comme il aimait le répéter à tous les gens qu'il croisait. En plus d'une organisation pourrie, d'un directeur méprisable et de professeurs tous aussi cinglés les uns que les autres, il avait du supporter les engueulades permanentes de ses petites soeurs, Bella et Dora, qui ne savaient pas ouvrir la bouche autrement qu'en hurlant. Et pour couronner le tout, Clarisse lui faisait la gueule. Comme entame d'année scolaire, on avait vu mieux chez les Echeberry. Cette fin de journée était donc des plus maussades et le seul réconfort qu'il pouvait avoir était de se blinder l'estomac comme un porc avant d'aller s'affaler dans son lit pour oublier le temps d'une nuit cette école de merde ! C'est à tout ça que le jeune homme pensait en descendant les innombrables marches du chateau, une boule de poil ronronnante dans les mains qui semblait elle aussi fixée dans une idée, probablement toute autre.

La Grande Salle était bondée mais Edwin se dirigea directement vers la table des Gryffons, n'ayant même pas la force de saluer les filles qu'il avait promit d'aller voir ce soir. Hm, quoi que.. Il pouvait faire une petite exception... Ainsi, il se dirigea brièvement vers la table des Serdaigles et offrit un sourire des plus charmeurs à une demoiselle qu'il connaissait visiblement, et qui lui répondit par un clin d'oeil. Quelques mots échangés, et Edwin était déjà reparti tel un lion cherchant une autre proie... Mais il n'y aurait pas d'autre proie, ce soir. Prochain arrêt : Table des Gryffondors. Il s'installa tout au bout de la table, un soupir lourd de sens passant ses lèvres. Le coin lui convenait, pas trop de monde, donc pas de ragots, pas de disputes, pas de phrases redondantes du genre "Qu'est-ce qui s'est passé avec Carrow ?" ou autre "C'est vraiment salaud c'que t'as fais ! Pff !" . Bof, demain tout sera oublié.

Les fesses posées sur une chaise, tout était plus agréable. Son seul compagnon de table, pour l'instant, était le petit félin noir aux grands yeux verts qu'il s'était offert durant les vacances d'été en compagnie de ses soeurs, et qu'il avait rebaptisé "Dingo" en référence à ses bondissements incessants et parfois maladroits. Se calant un peu plus dans sa chaise, il entendit finalement son chaton sortir de son antre improvisée -la poche de Edwin dans laquelle sa taille encore minuscule lui permettait de s'engouffrer- et se laisser choir au sol. Il le sentit aussi venir se coucher sur son pied, étrange habitude qu'il avait et Edwin le poussa sans ménagement d'un coup de chaussure, bien qu'il ne lui fasse évidement pas mal.

- Fous-moi la paix t'es chiant... maugréa l'Ecossais alors que la boule de poil s'amusait à lui attraper les chevilles. Mais visiblement son maitre n'était pas d'humeur à s'amuser, ce soir. Peut-être que la venue d'un éventuel camarade pouvait lui redonner le sourire, même si la soirée semblait mal engagée.

- Mais t'arrête de miauler crétin ? Tu saoules ! tempêta finalement le Gryffondor en se penchant pour regarder le chaton qui se mit à miauler plus fort encore, comme s'il voulait emmerder son maître.

Edwin attrapa Dingo en le tenant par la peau du coup d'une main, et le fixa dans les yeux, le défiant de miauler une nouvelle fois... De son autre main, il se saisit d'un bout de poulet et lui tendit... L'animal mit quelques minutes pour venir à bout du morceau de viande en enfonçant ses petits crocs dedans, puis Edwin le posa sur ses genoux et le chaton se roula en boule contre lui, rassasié. Enfin il allait pouvoir se mettre à manger ! Ni une ni deux le métis se servit un petit medley de tout ce qui se trouvait sur la table, mordant à pleine dent et buvant à pleine gorge, semblant soudain moins préoccupé par tous ses problèmes qui se révelaient bien futiles à côté de ce repas copieux.

Grrroouuuhhh grrrrooouuhhh !

Scylla, après une journée de cours bien remplie, était allée se reposer un peu dans son dortoir, qu’elle continuait à aménager chaque jour un peu plus, oui, la déco c’était son truc.
Elle en avait oublié l’heure, affairée à placer chaque objet à la place adéquate, et son ventre, qui faisait ces bruits monstrueux, lui rappelait qu’à cette période de la journée, il était temps d’aller manger.
Elle salua sa camarade de dortoir, appela Bulby, son chaton, pour qu’il la rejoigne, enfila une tenue un peu plus confortable que sa robe de sorcière, et s’apprêta à aller dîner…

En descendant les escaliers de la tour de Gryffondor, elle pensait, un sourire aux coins des lèvres, à ces jours écoulés au sein de son école, car oui, malgré tout, elle aimait Poudlard, son château, ses élèves, pas tous bien sûr, les cours… pas tous non plus, malheureusement, ceux des Carrow étaient effroyables, mais la rouge et or ne se laisserait pas abattre…
Elle continua à s’avancer vers la Grande Salle, en se disant que demain elle irait à la volière, envoyer un parchemin à ses parents.

La Gryffy était d’un naturel solitaire, et ce soir elle espérait manger tranquillement, en bouquinant.
Elle préférait de loin la solitude à la mauvaise compagnie, et aimer simplement observer les faits et gestes des gens autour d’elle, s’imprégnant un peu, par procuration, de la joie qu’apporte des liens amicaux…
Elle n’était pas sauvage, mais pas non plus douée pour parler, faire connaissance, tout ça lui passait au dessus.

Perdue dans ses pensées, comme toujours, Scylla ne s’était même pas rendue compte que déjà elle passait les portes de la Grande Salle, où se déroulait comme toujours les festins.
Déjà l’odeur des mets concoctés en cuisine lui chatouillait les narines, provoquant une fois de plus des gargouillements intempestifs dans l’estomac de la sorcière.
Bulby, qui jusque là avait calmement suivi sa maitresse, commençait à s’exciter d’avantage, reniflant à tout va, guettant du regard le moindre morceau de viande lâché par mégarde par un élève, ses yeux pétillants à l’affut…

Traversant la salle, elle aperçut au loin quelques élèves connus de Serdaigle, maison qu’elle appréciait presque autant que celle des lions, et enfin arriva près de la table des Gryffondors.
Elle remarqua un coin où un seul garçon était assis, un peu à l’écart. Il lui semblait beaucoup plus vieux qu’elle, et paraissait de très mauvaise humeur.
En s’approchant, elle se rendit compte qu’il n’était pas vraiment seul, et qu’un magnifique petit félin noir gigotait sur ses pieds, avant que son maître ne le fasse déguerpir à coups de pieds, après quoi il le prit par la peau du cou, défiant son regard animal.
Scylla écarquilla les yeux, un peu dégoutée.

* Oh, quel gentil garçon… Tsss, si t’es pas content, et que t’as passé une mauvaise journée, t’énerve pas sur lui, il a rien fait, va faire un tour dehors, ça te rafraichira les idées ! *

Scylla avait seulement pensé tout ça, mais son visage trahissait ses émotions. Eh bien, les choses n’allaient pas se passer comme elle le voulait, bien au contraire, elle était décidée à aller parler à ce lion dont la rage intérieure était palpable.
Bulby remarqua très vite la présence du chat noir, mais pour le moment sa seule préoccupation était de rassasier son petit estomac.
Avant de se présenter, la rouge, toujours un peu trop excessive, décida de ravaler sa salive avant de lui faire une remarque qui serait dans tous les cas désobligeante, sèche et sans appel.

Peut-être avait-il passé une très mauvaise journée, même si ce n’était pas une excuse…

Euh, salut ! Je m’appelle Scylla, est ce que je peux me mettre à côté de toi, il y a trop de monde là bas, je préfèrerais être au calme ! Tu es en quelle année ?

Ouai, bon, certes, l’approche était banale, sans grande conviction, mais bon, pourquoi ne pas essayer de connaître un peu ce bougre rouge et or ? Et puis ne dit on pas que les plus renfrognés extérieurement sont les plus doux intérieurement ? Hum, peut-être pas pour celui-là, mais prise par une envie de discuter avec lui, elle n’attendit pas vraiment sa réponse pour s’asseoir.

* Comme ça t’auras pas le choix bonhomme, j’vais essayer de comprendre pourquoi autant de méchanceté émane de toi… Et pis si le choixpeau t’as envoyé dans notre chère maison, c’est qu’il y a une raison, non ? Hum, oui peut-être enfouie dans une carapace rouge et dorée… *

J’ai vu que tu avais un chat, comment s’appelle t’il ? Le mien, c’est Bulby !

Scylla se remplit l’assiette de potage au potiron, pour commencer son repas, et jeta un morceau de rôti à son félin.

Bon’ap euh… Comment tu t’appelles déjà ?

La lionne avait dit ça avec un grand sourire aux lèvres, les yeux tournés vers son camarade, qui la regardait un peu interloqué…

La seule raison pour laquelle Edwin était de mauvais poil, c'était cette rentrée des classes qui ne s'était pas merveilleusement bien passée. Mais tous ceux qui connaissaient le rouge et or savaient qu'il était d'un naturel enjoué, optimiste et dragueur... Evidemment, en le voyant mordre dans son poulet avec toute la rage que pouvait ressentir un garçon qui avait été bafoué et humilié dans sa matière favorite, le doute était possible pour les plus jeunes et ceux qui ne le connaissaient guère. Et dans ce cas-là, deux options s'offraient à vous : le laisser tranquille, ou bien trouver une bonne raison de l'opportuner. Caressant finalement son chaton qui ronronnait à pleine gorge, il ne remarqua pas tout de suite la jeune fille qui était déjà là et s'adressa à la boule de poil noire qui fixait ses yeux d'émeraude sur lui.

- Demain, c'est à toi de me nourrir, t'iras chasser dans la volière.

Accoudé à la table son verre de citrouille à la main, il observa finalement la Gryffondor qui le regardait si bizarrement qu'il se demanda s'il n'avait pas des traces de giraumon sur le visage. Lui esquissant un sourire, il ne s'attendit pas à ce qu'elle lui adresse la parole et parut donc assez surpris qu'elle l'accoste vu son état plutôt dissuasif. La gosse avait bien raison de lui demander sa permission pour s'asseoir à côté de lui en tout cas car, si apparemment elle ne le connaissait pas de vue, il était pourtant assez connu à Poudlard. Et si Edwin était un déconneur la plupart du temps, lorsqu'il était contrarié par quelque chose, il ne faisait pas semblant...

- Bien sûr, Scylla, tu peux venir... Je suis en septième année, autant dire un papy pour toi. dit-il alors qu'un petit sourire tendre ornait ses lèvres.

Il lui fit signe de s'asseoir, ravi qu'une présence agréable vienne éclairer sa soirée, même le temps d'un repas. Ignorant les raisons qui la poussait à faire sa connaissance -à savoir comprendre sa soit-disant méchanceté qui n'était que passagère, elle le comprendrait vite-, il prit ça pour de la bienveillance naturelle... Elle choisit la carte de la facilité en abordant un sujet qui le touchait forcément : son chaton. Si la boule de poil posée sur ses genoux l'énervait souvent, il tenait à elle plus que tout et c'est donc un sourire amusé qui accueillit la question de Scylla. Dingo, comme s'il savait qu'on parlait de lui, escalada le bras de Edwin sans pour autant sortir les griffe et vint se percher sur l'épaule de son maitre, apparemment assez ravit d'avoir un tel point de mire.

- Ce p'tit chieur là, c'est Dingo. lacha Edwin en grattant derrière les oreilles du félin qui observait Bulby d'un oeil agressif.

Le regard foncé du Gryffondor se posa sur Scylla, remarquant avec amusement que les gestes de sa jeune camarade à l'égard de son chat ressemblaient comme deux gouttes d'eau à ceux de l'Indo-Ecossais. Celui-ci retira sa capuche grise et replaça quelques mèches sombres qui se baladaient devant ses yeux, avant de reprendre la parole en plaisantant:

- Moi, c'est Edwin. Alias Bouffi, Crazy Horse ou le Don Juan de Poudlard. Ennemi juré des Carrow. Mangeur numéro un des Gryffondor ! Comme pour accompagner ses paroles, il vida d'une traite sa soupe et dévora un morceau de pain, soupirant ensuite de plaisir en levant les yeux au ciel.

Bien sûr, Scylla, tu peux venir... Je suis en septième année, autant dire un papy pour toi.

La rouge et or ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Le ton employé par le lion était loin de ce qu’elle avait pu imaginer : elle s’était attendu à une remarque genre « qu’est ce que t’as à me regarder comme ça sale gosse », mais bien au contraire, son camarade semblait jovial, ouvert, et même ravi de la rencontrer…
Comme si la scène précédente n’avait jamais existé, Scylla, le visage ensoleillé, était ravie de le rencontrer.
La jeune fille était comme ça, très excessive, s’emportant facilement, mais jamais rancunière, et la colère de la rouge et or n’était souvent que passagère, volatile…

Elle ne put empêcher un petit rire lorsque le garçon lui parla de son âge, comment dire, déjà bien avancé ?

Oui, effectivement, j’aurais du t’apporter une cane, parler plus fort pour qu’un vieillard comme toi puisse m’entendre, et te laisser penser en paix à l’au-delà…

Toujours souriante, la jeune fille avait dit ça d’un ton décontracté, en plaisantant, car elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que le courant pourrait sans doute bien passer avec lui…

Ce p'tit chieur là, c'est Dingo

Oh, dingo, tiens c’est original ! Mais ça lui va bien en effet… Souvent les animaux reflètent le comportement de leur maitre non ?

D’un clin d’œil, elle avait souligné les mots – p’tit chieur – employés pas le Gryffon, mais il ne lui semblait pas que ce grand bonhomme d’apparence méchante le prendrait mal… Oui elle pouvait plaisanter avec lui, d’ailleurs ce n’était pas souvent que Scylla se lâchait comme ça...

Moi, c'est Edwin. Alias Bouffi, Crazy Horse ou le Don Juan de Poudlard. Ennemi juré des Carrow. Mangeur numéro un des Gryffondor !

La jeune sorcière rigola de plus belle à l’annonce des surnoms que portait admirablement bien Edwin.

Oui Bouffy c’est sympa ça ! Tu le portes bien en plus ! Mais dis moi, c’est une armée d’elfes de maison qui travaillent pour toi tout seul !

Elle avait dit ça tout en montrant de ses doigts fins ce que le rouge et or était en train d’engouffrer… Ses joues s’étaient légèrement empourprées : avait-elle à faire à un dragueur professionnel de Poudlard ? Et puis, pour elle qui venait d’arriver depuis peu de temps à Poudlard, la différence d’âge faisait un peu peur, même si elle appréciait déjà l’individu…

Scylla, prenant une pause dans cette découverte, se servit d’un peu de tous les plats concoctés par les elfes des cuisines.
Elle commença à manger avec appétit, caressant calmement Bulby, qui n’avait d’yeux que pour le petit bout de poulet accroché sur le bord de la chaise sur laquelle Edwin était assis…

Hum, je crois que mon chat est amoureux de tes restes de festin, il ne devrait d’ailleurs pas tarder à te le faire savoir…

Un verre de citrouille plus tard, elle regarda à nouveau son camarade :

Alors comme ça tu es l’ennemi juré des Carrow ? Tu me diras, je n’ai pas fait encore beaucoup de cours avec eux, mais du peu que j’en ai vu, ils m’exaspèrent, ils sont répugnants, puants, horribles quoi…
Ils n’aiment personne je crois, à part les Serpentards, et encore, ils pourraient donner leur propre mère en pâture à un dragon…
Mais toi en particulier ils te détestent ? T’as une tête qui leur revient pas ou quoi ? Ou alors aurais tu poussé Miss Carrow dans les plantes carnivores ~~(comprendre mémé dans les orties)~~ ?

Bien sûr qu'elle aurait pu s'attendre à une autre réaction de la part de ce grand gaillard de Gryffondor, mais le jeune homme n'était pas du genre à envoyer chier la première venue à cause de sa mauvaise humeur passagère... D'ailleurs elle semblait ravie de pouvoir discuter avec lui, et c'était bien normal, il faisait cet effet à toutes les filles, jeunes ou moins jeunes. Il l'avait prouvé à maintes reprises les années précédentes, rien ne pouvait l'arrêter lorsqu'il avait une proie dans sa ligne de mire, à la manière de son Dingo qui fixait de ses grands yeux verts, et non sans arrière pensée, les mimines de Bulby qui s'emparaient du morceau de rôti de sa maitresse pour le dévorer. Mais il y avait des soirs où Edwin n'était pas en mode Casanova et c'était bien normal, il avait besoin de recharger ses bombabouses.

Son sourire flatteur se fit un peu plus engageant et son regard plus doux quand Scylla lui prouva qu'elle avait beaucoup de répartie pour son jeune âge, en plaisantant à son tour... Hum, la cane ce serait pour plus tard, le plus tard possible si Dieu le voulait, même si certains de ses amis souffraient déjà de problèmes de dos, et c'était assez préoccupant à leur âge. Mieux valait prévenir que guérir, comme le disait un vieux proverbe moldu, et Edwin, qui était fumeur, était plus que conscient des risques encourus à un si jeune âge... Mais ce n'était pas le sujet. Les deux Gryffondors enchainèrent sur les animaux et Edwin ne put s'empêcher de rire, cette fois-ci, amusé par la comparaison de Scylla.

- Ho, tu sais, j'ai beau être un peu fou, son comportement est bien plus imprévisible que le mien, lui lacha t-il avec un sourire amusé.

Le chaton, jusqu'alors perché sur l'épaule de son maitre, bondit au sol comme pour illustrer ses propos et fila à toute vitesse en direction du couloir pour grimper les escaliers en direction de la salle commune des Gryffons. Edwin lui avait montré le chemin tant de fois que ce n'était même plus une surprise pour lui, le félin s'y rendait tous seul comme un grand désormais... Tel maitre, tel chat. Reportant son attention sur Scylla qui semblait étonnée de voir un être humain engloutir tant de nourriture à la fois, il continua de s'empiffrer jusqu'à ce que sa bouche soit pleine, comme s'il cherchait à obtenir de nouveau les effets du sortilège de Carrow, puis attendit d'avoir bien tout avaler pour pouvoir articuler correctement.

- Manger, c'est essentiel pour moi ! Ca m'aide à oublier tous mes soucis, j'te jure ! lui confia t-il en mordant dans une enième cuisse de poulet qui serait sûrement la dernière vu la dose qu'il venait de s'enfiler.

- Hum, ton chat me fait les yeux doux. Si son comportement reflète celui de sa maitresse comme tu pense, tu risques de me faire fondre, plaisanta t-il en attrapant finalement le bout de poulet qui pendait pour le tendre à Bulby, comme pour répondre à Scylla, tiens, je te le donne, si tu permet que je discute un peu avec ta maman...

finit-il en offrant à cette dernière un de ses sourires spécial coureur, habituel en somme. Il se servit ensuite un verre de Rhum groseille et écouta attentivement Scylla.

- Eh bien, c'est justement mon côté "Bouffi" qui ne plait pas à Miss Carrow. Miss Tarée, ouais... tss... Je suis arrivé en retard au cours vu qu'mon repas a duré plus longtemps que les autres, comme d'habitude... Et cette vieille conne m'a balancé un sort en pleine poire, un sort qui m'a fait gonflé comme un gros ballon de baudruche et qui a fait rire quelques Serpentard. D'ailleurs, ils n'ont pas intérêt de croiser ma route, pesta t-il en se retournant vers la table des serpents quelques secondes, traquant un éventuel coupable, puis il se tourna vers Scylla et se mit à rire, enfin c'est pas dramatique non plus, j'aurai pu me prendre un Doloris en pleine gueule... Purée, si on est même plus en sécurité à l'école, qu'est-ce que ça doit être dehors.

Edwin semblait encore plus adouci à la suite des propos de Scylla, déterminée à bien lui montrer qu’une première année n’était pas forcément une gamine lançant des bombabouses…

Cette rencontre avait ouvert l’appétit de la rouge et or, et elle se servit d’un peu de chaque plat proposé sur la table de la Grande Salle.
Comme le jeune homme venait juste de lui faire remarquer, son chat était bien plus imprévisible que lui, et sans qu’elle ait le temps de dire quoi que ce soit, le félin avait sauté par terre et détalait à présent en direction de la salle commune des Gryffondors.
Tout de suite, la jeune fille se retourna vers Bulby comme pour s’assurer que ce dernier ne parte à sa poursuite sans prévenir, mais ce dernier fixait toujours d’un regard avide le morceau de rôti d’Edwin…

Sacré chenapan cui’la ! Le mien ne pense qu’à manger… Chaque jour il prend un malin plaisir à aller chaparder directement dans les cuisines…

Le lion n’avait pas ouvert la bouche durant tout ce temps, et c’était bien normal vu les quantités qu’il pouvait engloutir… Comment un estomac pouvait-il supporter un tel poids ? Les yeux écarquillés, Scylla ne put s’empêcher d’un rire moqueur aux paroles de son camarade :

Manger, c'est essentiel pour moi ! Ca m'aide à oublier tous mes soucis, j'te jure !

A te voir on dirait que tu n’as pas mangé depuis des lustres ! Manger t’aide à oublier tes soucis ??? dit-elle en pouffant de rire…
Il n’y a bien que les garçons pour pouvoir dire ça ! Tu es un goinfre… Mes soucis moi, je sais pas, je les oublie en bouquinant, ou en allant me balader, le truc classique quoi…
Mais engloutir un buffet entier, çà je n’y avais jamais pensé… Promis, un jour j’essayerai !

Bidonnée, Scylla n’arrivait plus à s’arrêter. Décidément, ce garçon avait tout pour plaire à la jeune fille, car ce n’était pas des rires moqueurs, mais bien amicaux, sincères ! Il ne se posait pas de questions, il était sans artifice, vrai, entier. Et la lionne aimait ça…

Soudain, entre deux bouchées, Bouffy (ça lui allait tellement bien) se rendit compte qu’une bestiole à poils gris et blancs désirait avec envie une bouchée de rôti :

Hum, ton chat me fait les yeux doux. Si son comportement reflète celui de sa maitresse comme tu penses, tu risques de me faire fondre

Là, ce fut impossible pour la Gryffy de ne pas rougir… Et elle réagit comme elle put, en essayant de ne rien montrer, pour pas que ce garçon ne se satisfasse d’une réaction positive de sa part…

* Ah, non, ça mon petit, ~~(euh mon petit ou mon grand)~~ ça ne marche pas comme ça… Ou bien un peu alors… *

Scylla décida alors de rentrer dans son jeu, mais elle tiendrait le fil de cette discussion, ne lâcherait pas les rennes, et garderait toujours l’esprit clair…

Oh, mais son comportement reflète bien moins que celui de sa maîtresse, car contrairement à toi, mon chat est bien plus prévisible que moi…

Elle lui adressa un clin d’œil, discret mais bien visible… Oui il avait des années de plus qu’elle, mais ce n’était pas important. Don Juan ne sortirait pas indemne de ce repas, il ne sera pas le grand gagnant de la partie…

A 11 ans, une fille en savait bien plus qu’un garçon côté séduction…

Edwin n'avait pas lâché des yeux la jeune fille qui lui faisait face et même lors de sa réponse, assez ironique, le Gryffondor n'avait pas cessé un seul instant de lui sourire. La main posée sur sa pomme, juste pour s'assurer que cette dernière ne devienne pas la proie du petit Bulby, Edwin avait juste acquiescer les paroles de Scylla qui semblait tout de même le complimenter de son grand appetit. Et après avoir jeter le bout de rôti au chaton affamé, il prit un temps avant de réaliser que la jeune élève tentait d'entrer dans son jeu.

Scylla ne s'en doutait surement pas, mais sa présence avait aidé le grand mâle à se sentir mieux, l'apaisant quelque peu et il sembla se détendre en se calant dans le fond de sa chaise, croquant dans sa pomme à pleine dent. Il la laissa finir de parler, écoutant toujours attentivement ce qu'elle avait à dire, tout en gardant cet air doux et confiant..

"- Oh, la lionne serait donc imprévisible ? Amusant..."fit-il en lui rendant son clin d'oeil mutin.

Visiblement elle se foutait de ses problèmes avec Carrow vu qu'elle n'avait pas réagit à ses dernières paroles et ce n'était pas plus mal, mais du coup le Gryffondor ne savait plus vraiment quel sujet aborder, ni sur quel pied danser.

"- Alors, tu as visité le chateau un peu ? N'est-il pas magnifique ?"

Toujours un peu subjuguée par cette rencontre inattendue, la jeune fille en avait complètement oublié les propos du lion qu’elle avait en face d’elle…
Ce n’est pas que ça ne l’intéressait pas, bien au contraire, elle n’avait vu qu’une seule fois chacun des Carrow, et ces derniers lui sortaient par la tête. Orgueilleux, tellement fiers que leurs têtes ressemblaient plus à une citrouille qu’à une tête humaine… Non, vraiment, elle les détestait…
Revenant donc à ce que le garçon lui avait dit, elle lui répondit :

Tssss , son frère a fait la même chose en cours de défense contre les forces du mal, il a fait pousser des piques sur la langue de deux élèves…
Hum, mais dis moi, t’as réagi comment ? Parce que bon, du peu que je te connais, tu n’as pas du sagement de prendre le sort dans la figure… Tu ne lui en as quand-même pas renvoyé un ?

Les paroles d’Edwin, sur la sécurité dans le monde sorcier aujourd’hui n’étonnaient pas la fillette. Bon nombre d’amis de ses parents n’avaient pas envoyés leur enfant à l’école cette année…

Ouai, c’est vrai qu’ici, c’est plutôt la terreur qui règne… C’est chiant, mais on n’a pas le choix, moi je te promets ils n’ont pas intérêt à me chercher des noises et des mornilles !

Gryffondor comme elle l’était, ses réactions ne pouvaient être qu’enflammées…

Enfin bon, je dis ça, mais je ne ferais sans doute pas ma fière si je croise l’un d’entre eux toute seule dans un couloir…

Effectivement, les lèvres de Scylla se crispèrent dans une sorte de rictus lorsqu’elle s’imagina nez à nez avec un Carrow…

A l’extérieur je sais pas, heureusement qu’il y a encore les Aurors, et le célèbre ordre du Phoenix, tu connais des gens qui y sont toi ?
Dans le château ? Ah oui je fais des petites escapades à la poursuite de ce canaillou de Bulby… Tu me diras je ne m’ennuis jamais…
Heee, mais c’est quoi ça ?

Un bruit venait de retentir dans la grande salle, quelque chose venait de tomber du ciel au pieds des deux Gryffondors, et ce truc gigotait bizarrement…

Edwin écoutait cette voix juvénile, laissait le murmure couler sur sa nuque, en appréciait les nuances étrangères à son quotidien. Il goûtait les mots à l'intonation délicate et au caractère épicé. C'était comme un plat sucré-salé, une saveur qui échappait au palais pour mieux attiser l'appétit. La réponse se fit attendre, comme si le Gryffondor capturait le moindre écho de son agape avant de troubler le silence d'un nouveau murmure, au diapason de la jeune fille.

"- Je ne me suis pas abaissé à répliquer. Ca lui aurait fait tellement plaisir."

Le silence se saisit de la réplique et la laissa planer entre les deux élèves. Carrow était une répugnante sorcière et en effet, Edwin n'avait pas jugé bon de répondre à son sortilège par un geste de la même nature violente, même si la façon dont il avait ensuit agit avait été des plus idiotes. Le garçon couvra Scylla d'un regard étrangement doux et froid. Sa voix prit juste assez d'ampleur pour couvrir le brouaha ambiant, tandis qu'il abandonnait son repas, rassasié.

"- Je crois bien que Potter faisait parti de l'Ordre du Phoenix, c'est d'ailleurs peut-être la raison pour laquelle on ne le voit plus à Poudlard... Il a sûrement mieux à faire à l'exterieur."

Puis c'est sans surprise qu'il entendit un bruit provenant du ciel, sûrement le courrier tiens, ou bien un objet volant non identifié mais il en doutait. Et tandis qu'il baissait les yeux pour voir ce que la bestiole ailée lui avait apporté, il fut surpris de voir une chose gigoter devant Scylla...

(Peux pas faire mieux là, j'voyais pas trop où tu voulais en venir... ^^)

Scylla regardait le jeune homme qui se tenait en face d’elle, qui étrangement, malgré ce mauvais caractère, ne la laissait pas complètement indifférente.
Certes, la différence d’âge était certaine, mais tout de même, à en croire la façon avec laquelle Edwin écoutait les paroles de la jeune fille, et la manière qu’il avait de la regarder, il avait bel et bien compris que son joli minois plaisait à la petite sorcière…

* Don juan va…*

La rouge n’était pas naïve pour son âge, mais malgré cela, elle se laissa emporter sur un petit nuage, et écouta attentivement les paroles de son ainé.
Elle était heureuse de voir que ce dernier ne s’était pas laissé avoir par l’envie de la Carrow de le voir commettre un faux pas en lui répondant.
Décidément le jeune homme savait y faire en manière de drague, il suffisait de le regarder pour s’apercevoir de son petit stratagème : laisser planer un silence entre deux phrases, jeter à Scylla des regards qui en auraient fait tomber plus d’une, devenir mélancolique et abandonner toute voix rauque et bruyante…

* Oh non non non, trêve de plaisanterie Edwin, tu ne m’auras pas comme çà ! *

La lionçonne avait pensé ses mots mais l’envie était telle qu’elle aurait aimé les lui crier à haute voix… Mais cela aurait bien trop d’importance à ce dragueur né.
Elle se ressaisit et c’est avec un air volontairement plus neutre qu’elle l’entendit lui parler d’Harry Potter et de l’Ordre du Phoenix.
Elle aurait aimé lui répondre, car c’était un sujet qui l’intéressait beaucoup, mais elle fut surprise par un « truc » qui gigotait devant ses pieds.
Surprise, elle laissa échapper un petit cri, et voyant qu’Edwin lui aussi l’avait remarqué mais qu’il n’en semblait pas apeuré, elle se pencha pour examiner ce qui venait de tomber du ciel.
En même temps, des dizaines de hiboux apportaient leur courrier aux élèves, et Edwin reçut lui aussi quelques lettres.
A sa grande surprise, ce qui se tenait sur le sol et qui gigotait sans cesse n’était autre que Tamani, le hibou de sa mère.
Le pauvre était tombé par terre, non pas qu’il soit empoté ou trop vieux pour parcourir un si long trajet, mais il lui semblait qu’il avait reçu en plein vol un projectile visant à le faire tomber lui et son colis.
En effet, il était facile de voir ce que pouvait contenir la poche que lui avait envoyé sa famille : des bêtises de Bertie Crochue, ses favoris.

Scylla prit Tamani dans les bras et se pencha vers Edwin :

Euh Edwin, je vais te laisser, je crois que j’ai un petit compte à régler avec les Serpentards !

En effet, on pouvait voir à leur table un garçon rire bêtement à la vue de la bestiole toute déplumée, des projectiles à la main.
C’était lui qui avait lancé ça sur le hibou, et la rouge n’allait pas laissé passer ça comme ça !

J’espère à bientôt Edwin, j’ai été charmée, euh ravie de te rencontrer !

Verte de rage, elle s’éloigna de la table des Gryffy, et avança vers celle des Serpentards.
Cependant, le sale mioche semblait déjà s’être volatilisé…
Le hibou toujours dans les bras, Scylla décida de se rendre à la volière pour nourrir Tamani et soigner sa petite blessure.
Avant de sortir de la grande salle, elle se retourna vers la table des Gryffondors, et adressa un signe de main à Edwin, dont elle n’arrivait pas à déchiffrer l’expression.
Cette rencontre avait malgré tout été très agréable…