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 Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio]
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MessageSujet: Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio]   Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio] EmptyJeu 21 Fév - 17:05:27

Le talon d’Absynthe se ficha de toute sa longueur dans la boue d’une petite ruelle qui contournait la Tête de Sanglier. La jeune femme pesta vertement en reniflant et tira pour extraire sa botte qui s’embourba à nouveau le pas suivant. Le jour déclinait et remportait avec lui sa lumière grisâtre, laissant un crachin moite et continu comme cadeau d’adieu, le vent se levait pour fêter ça et l’occultiste prenait l’eau par toutes les fibres de sa robe usée.
Recrachant les mèches de cheveux noirs immiscées dans sa bouche le temps qu’elle l’ouvre pour se plaindre contre le mauvais temps et le mauvais sort en général, Syn releva le bord de sa robe souillée de fange. Un pli de dégoût chiffonna ses lèvres alors qu’elle examinait le tissu malmené. Si seulement elle avait su. Si seulement les abrutis s’annonçaient par une pétarade à faire fuir un diable. Les choses auraient pu continuer d’aller aussi mal avec leur entrain habituel. Non, Absynthe n’avait pas besoin que le pire s’en mêle. Mais ce Destin, toujours le même, avait un compte à régler avec elle pour sa chance éhontée et usurpée dans les situations où elle aurait mérité la mort. Au minimum.
Aussi lui balança-t-il deux obstacles sur sa route sinueuse et encombrée, déjà assez pleine de déchets comme cela sans avoir besoin de ces deux phénomènes pochetronnés.

Les deux compères marchaient en titubant, tenant l’un à l’autre par on ne savait quel miracle du corps humain qui démontrait une fois de plus son extraordinaire flexibilité dans la tenue des poses improbables. Ils avançaient en crabe, ballottés de gauche et de droite par le vent ce qui les amena finalement directement dans le chemin de la sorcière qui les fixait d‘un œil peu amène. Son instinct animal le lui hurlait de toutes ses forces : Fouteurs de Mouise cherchant l’allumette pour mettre le feu aux poudres. Le nez d’Absynthe se fronça. Qu’ils aillent donc se frotter ailleurs que sur elle s’ils voulaient enflammer leur sang alcoolisé.

Sa botte se décolla du sol comme une ventouse qui ne veut pas lâcher prise, et la jeune femme prit un virage vers une impasse.


-Hey, vise moi cette morue !

Une bouteille s’écrasa à côté d’elle avec un bruit mou. Le pied de la jeune française ripa sur le dessus convexe lorsqu’elle se retourna pour fixer les deux soulards devenus ennemis numéro un pour elle. Elle se sentait d’attaque pour faire fagot, voir bûcher funéraire s’ils approchaient à portée de tir.

-Ils croient que c’est l’heure de la fête, les deux suceurs de goulot ? Pourquoi vous partez pas cuver dans le caniveau comme les autres épaves pour faire une sieste éthylique ?

-Elle a une langue de feu, hé hé..’Tendez mamzelle, on se connaît nan ? R’garde Erik ! C’est pas l’autre mijaurée avec ses simagrées d’marquise de mes hip !

Le dit Erik papillota des yeux, cherchant à surmonter l’énorme masse bulbaire de son nez, tuméfié par le mauvais vin.

-Malepeste ! Comme la vérole sur ma grand-mère : C’est bien elle, la princesse des Embrumes ! On a perdu ses chevaliers servants en route mamzelle ?

-Ça c’est trop pas d’chance ! Surtout d’tomber sur deux Sang de Bourbe comme nous, ça c’est vraiment pas d’chance…

-Vous n’avez pas le droit de me toucher.

Syn ne tenta même pas de reculer, elle n’en avait pas la moindre envie. Elle se contenta de les observer derrière le rideau de ses cheveux charriés par le vent. Ils étaient ivres et voulaient de toute évidence rajouter le qualificatif "mort" à leur état peu glorieux. Leur sang Impur ne leur suffisait donc pas ?

-Oho ! C’est qu’elle y croit encore à ça ! C’était quoi la dernière fois qu’elle nous a foutu dehors d’sa boutique la grognasse ?

-Ch’ais plus. Un truc pas gentil. Alors que nous on avait vraiment pas d’mauvaises intentions, hein Erik ?

-Nope. Mais elle, c’est une bonne fifille de grande famille. Faut qu’on lui fasse les honneurs sinon elle va nous faire j’ter en prison.

-Reculez…

-Sinon quoi ? Y’a un d’ces salopards de mangemort qui va v’nir défendre la Sang Pur en détresse ? Kesk’ils ont fait aux Templeton déjà, Hern ?

-Des dégeulasseries ! Moi j’dis, faut qu’ils voient qu’leur sang les mettent pas à l’abris ! , éructa-t-il en sortant sa baguette.

- C‘est votre dernière erreur !, promit Absynthe en faisant de même.

La jeune femme tenta d’immobiliser Hern avec un sort, mais il réussit à entailler le poignet de la main qui tenait sa baguette. Sans doute avait-il voulu lui faire subir la même chose que le père Templeton sauf que son état avancé d’ivrognerie l’handicapait et l’entaille ne faisait pas plus de cinq centimètres de longueur. L’autre saisit Absynthe par les épaules en l’attirant contre lui.

-Bas les pattes, poivrot !

Le type la jeta à terre, contre le sol fangeux, et la pointa de sa baguette, Absynthe imitant son geste d’une main décidée et couverte de boue.

-Laceratio !

-Expelliarmus !

Les deux sorts fonctionnèrent. La baguette d’ébène s’envola des mains de sa propriétaire pour disparaître dans une flaque souillée et la tête du type partit vers l‘arrière, la face déchirée par une griffe invisible. Des coupures jaillirent ce qui forma une seule gerbe de sang que le vent envoya entacher un coin de maison en bois. Les traces rouges dessinèrent une étrange forme torturée que Hern et l’occultiste considérèrent une seconde. Jusqu’à ce qu’Erik s’effondre à genoux, avant de basculer face dans la tourbe.

-Erik ?! Sale garce !

La jeune femme recula, toujours au sol. Sans baguette, désarmée, face à un soulard décidé à jouer les vengeurs sur sa personne qui n’avait fait que se défendre.

*Non pas comme ça ! Pas par un indigne !*

Elle ne dépasserait jamais cette honte. Même dans la mort.
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MessageSujet: Re: Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio]   Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio] EmptyMer 12 Mar - 11:05:01

En regardant le temps dehors, Antonio avait décidé de se dégourdir un peu les jambes. Il en avait marre de rester toujours enfermer dans le château, surtout par ce beau soleil. C'était l'après-midi, le soleil donnait sur la cour de l'école. Il n'avait pas tellement envie d'aller faire un tour au parc, ni au lac. Il voulait sortir plus loin pour passer tout le restant de son après-midi. Il n'avait pas envie de s'ennuyer à mourir dans cette école. Il alla donc voir le directeur de Serdaigle pour lui demander une petite faveur. Au bout de quelques minutes de parlottes avec lui, Antonio eut un petit sourire au coin de ses lèvres. Il était très étonné que son directeur avait accepté. Peut-être qu'il lui faisait confiance du faite qu'il soit en 5ème année. Antonio n'avait pas envie de lui poser cette question, il voulait tout simplement partir. Direction Prè-Au-Lard. Il sorti de l'école avec une démarche assez rapide. Il s'était passé un certain temps depuis qu'il avait décidé de sortir. L'après-midi avançait à grand pas. Il voulait se dépêché pour avoir le maximum de temps devant lui. Sur le chemin, Antonio chantonnait quelques chansons qu'il connaissait pour faire passer le temps. C'était sans compter sa malchance habituelle...

Arriver dans à Prè-Au-Lard, le temps s'était vite gâté. Voilà qu'il commençait même à pleuvoir. Il fallait trouver un endroit pour s'abriter le temps que la pluie cesse de tomber. Il trouva un petit endroit à l'abri près d'une très jolie boutique. Il resta pas mal de temps abriter, mais le temps ne s'arrangeait guère. Il pleuvait peut-être un peu moins fort, mais pas moyen pour lui de passer une bonne journée. Jetant un coup d'œil vers le ciel, il remarqua vite que la nuit allait arriver plus tôt qu'il ne l'aurait pensé. Fallait revenir à Poudlard le plus vite possible pour ne pas être puni d'être rentré à une heure aussi tardive. Il quitta donc ce qui lui servait d'abris et commença à marcher dans les rues de Prè-Au-Lard. Il avait de nouveau accéléré le pas. Au niveau de ses pieds, sa robe de sorcier commençait à prendre l'eau. Quelques taches de boues se voyait également. Ce n'était pas si grave, en revenant au château, il aurait le temps de la nettoyer. Pour aller plus vite, il décida de prendre une petite ruelle qui paraissait déserte. Encore un mauvais choix de sa part...

Il s'arrêta nette dans son élan. Il semblait y avoir finalement du monde. Il s'approcha sans trop faire de bruit pour voir la scène. Ca main droite commençait à trembler. Il n'était plus du tout rassurer. Il voulait faire demi-tour, mais ses jambes ne lui obéissaient plus. Quand il arriva à bonne distance de la scène, il s'arrêta. Il arrivait à distinguer un homme debout tenant une baguette à la main. Ce n'était donc pas une rencontre amicale. Antonio était tombé sur des personnes pas très gentille au premier coup d'œil. Il ne pouvait donc pas suivre son chemin tranquillement. Il fit un geste assez ralenti pour ne pas faire trop de bruit est sorti lui-même sa baguette. Il y avait une femme par terre. Elle avait l'air dans un sale état. Elle était surtout désarmée. L'homme debout à côté d'elle n'avait pas l'air de plaisanter. C'était une situation délicate pour Antonio. Il ne pouvait pas laisser cette femme se faire attaquer, ce n'était pas dans sa nature. Il devait agir. Mais il ne savait pas non plus qui était cet homme. Il imagina le pire, ça pouvait être un Mangemort...ou quelqu'un de beaucoup plus fort que notre jeune Serdaigle. Il avança toujours assez discrètement. Il fallait de toute façon qu'il tente le coup. Il verrait après comment se passerait les choses. Son effet de surprise était raté. Il avait glissé sur une bouteille. Heureusement pour lui il avait réussi à ne pas tomber mais l'homme devant lui l'avait entendu. Il se retourna vers Antonio. Le jeune Serdaigle ne savait plus trop quoi faire. Il avait été repéré bêtement, mais maintenant qu'il était tout près de l'homme, il fallait faire quelque chose et vite...Sans trop y réfléchir il agita sa baguette en prononçant un sort.


-Expelliarmus...

Malgré sa peur totale, le sort avait fonctionné. L'homme avait été désarmé, la baguette avait atterri non loin d'eux. Mais le principal c'est qu'Antonio était maintenant le seul à avoir une baguette. Il était en légère position de force. Il regarda de nouveau l'homme. Il avait une tête assez bizarre, il n'avait pas l'air très bien. C'était peut-être bon signe pour le jeune Serdaigle. Peut-être qu'il allait réussir à le maitriser finalement. Il tenait fermement sa baguette dans la main droite malgré sa peur. Sa main tremblait toujours légèrement, il n'était pas encore totalement rassurer. Il essaya donc la méthode qui lui paraissait la bonne.

-Main...maintenant tu t'en vas...laisse cette jeu...jeune fille tranquille...dis...dispa...DISPARAIT !!!

Ce n'était pas très convainquant...même lui n'avait pas été convaincu parce qu'il venait de dire. La chance ou bien un miracle...personne ne le savait, mais en attendant l'homme bascula en arrière et tomba sur le sol sans bouger. Antonio prit un air très étonné. Il savait pertinemment que ce n'était pas ces paroles qui avaient eu cet effet là. Mais alors qu'est ce qu'il s'était passé ? Pourquoi cet homme était tombé ? Il ne se relevait toujours pas...c'était assez inquiétant même si le danger avait disparu vu que cet homme n'était plus armé. Il s'avança vers le corps étendu par terre. Il recula d'un coup, il y avait une odeur infecte. Il mit quelques secondes, mais reconnu l'odeur de l'alcool. Cet homme était donc saoul ? C'était donc pour cette raison qu'il était étendu par terre ? C'était une bonne nouvelle pour Antonio. Le danger n'était plus présent. Cette journée ne se passait pas comme il l'avait espéré, mais vu les évènements de cet après-midi, il était content d'être toujours debout et en bonne santé.

Il en avait presque oublié la fille qui était à côté de lui. Elle était toujours assise sur le sol. Mais elle avait les yeux ouverts, elle avait donc assisté à la scène. Antonio la regarda de plus près. Ce n'était pas une élève de Poudlard, elle était trop grande pour cela. Elle avait l'air assez jeune, mais ce n'était sûrement pas une élève. Elle n'avait pas de robe de sorcier, ni d'insigne quelconque d'une des 4 maisons de l'école. Elle avait l'air d'aller assez bien physiquement. Antonio la regarda quelques secondes sans dire un mot. Il se remettait de la tournure de cet évènement. La fille avait l'air d'être assez jolie. Il commença à penser à un film dans sa tête où il avait réussi à sauver la fille en détresse. Il esquissa un léger sourire. Il fallait bien qu'il se détende un peu après avoir eu une peur bleue. Il avança sa main à la hauteur de la fille pour l'aider à se relever.


-La prochaine fois essaye d'être un peu plus prudente. Il n'y aura pas toujours quelqu'un pour te sortir de ce mauvais pas. Comment te sens-tu ? As-tu mal quelque part ?

En attendant la réponse de la fille, sa main était toujours tendue vers elle. Il espérait qu'elle n'avait rien, à première vu non mais il ne savait pas si elle s'était fait mal autre part. Il continua à la fixer dans les yeux. Il ne fallait pas qu'il traîne trop ici de peur que d'autres personnes louches fassent leur apparition et il fallait qu'il rentre vite au Château. Enfin pour l'instant il devait s'occuper de cette jeune femme et s'assurer que tout allait bien.
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MessageSujet: Re: Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio]   Bas les pattes ! [ Prio ’Tonio] EmptySam 15 Mar - 15:26:43

*Mais qu’est-ce qu’il fout celui-là ?!*

Toujours assise avec superbe dans la boue, Absynthe se démenait pour faire comprendre au blanc-bec que s’il y avait un moment pour agir, c’était maintenant, tout de suite ! Mais non, monsieur prenait le temps de la délibération et ne semblait même pas la voir. Quelle insupportable moquerie du destin ! Il lui envoyait quelqu’un pour la débarrasser du soulard, mais ce quelqu’un n’était apparemment même pas fichu de connecter ses neurones entre eux pour produire le "tilt" salvateur ! Ce n’était peut-être pas encore assez évident ? Elle avait besoin qu’on s’occupe de son problème ! Devait-elle en plus s’arracher tous ces vêtements et s’abandonner aux vents d’Apocalypse qui salivaient déjà sur son sort en lui envoyant une petite averse pour succéder à leur crachin ? Un moyen comme un autre de rendre la chose plus explicite en tapant dans le misérabilisme…Mais la sorcière n’en était pas encore au point où l’on s’abandonne à la détresse et aux actions grotesques parce que tout espoir vous a déserté. Des espoirs elle en avaient si le jeunot voulait bien se dépêcher de les concrétiser !
La Française aurait presque pu pousser un soupir de dépit si sa mâchoire n’avait pas été contractée de rage, ses lèvres étroitement serrées entre elles par le courroux qui l’emplissait totalement. Et qui parvenait encore à grimper l’échelle de l’énervement pour atteindre des sommets d’irritation.

Faisant fi de toute discrétion, la jeune femme releva les mains bien haut et frappa du poing sur sa paume ouverte, geste qui voulait dire on ne peut plus explicitement « Assommes moi ça, bon sang ! ».


*Oh c’est pas vrai..*

Et pourtant…

La main d’Absynthe vint heurter son front, comme si la demoiselle cherchait à emboutir la migraine due aux vapeurs de consternation qui menaçaient de lui engloutir le cerveau dans leurs voiles. Le garçon venait proprement de déraper sur la bouteille oubliée, cachée de moitié par le sol fangeux. Est-ce que c’était une raison pour marcher dessus ?! Le bruit produit ressembla à un couic de souris noyée, un petit bruit glissant, presque emporté par le vent…N’était la bouteille soudainement dégagée qui profita de sa nouvelle liberté pour aller heurter le talon du type tout aurait pu être discret.


*Qu’est-ce qu’il avait besoin de vouloir se rapprocher comme ça ?! Même à grande distance une cible pareille ne se loupe pas ! CRETIN !!!*

-Crétin !, renchérit la langue de la jeune femme. Un cri d’insulte emporté par le vent.

Aussi ivre qu’il pouvait l’être, c’est-à-dire autant que son sang pouvait contenir de vinasse sans lui faire claquer le myocarde, l’homme avait bien remarqué son manège, son geste, le bruit, la bouteille contre son pied et il jeta un bref coup d’œil derrière lui, coup d’œil d’une demi seconde, avant que sa baguette ne lui échappe des mains pour aller se perdre dans la gadoue. Mais Absynthe évita de se réjouir trop vite.
Déjà, elle venait de se faire réasperger de tourbe lorsque l’alcoolique aux tendances velléitaires avait pivoté maladroitement pour faire face à la nouvelle "menace". S’il avait pu savoir à quel point cette notion était relative...
Ensuite elle ne voyait pas de sauveur…Juste un gros incapable, au mieux, un gêneur, au pire.


"Main...maintenant tu t'en vas...laisse cette jeu...jeune fille tranquille...dis...dispa...DISPARAIT !!!"

Menace ou gémissement ?

Troisième point négatif, elle venait d’attirer à son malheur un pleurnichard de Poudlard. Pourquoi s’acharnaient-ils à former des élèves qui n’avaient, sans aucun doute possible, pas la moindre petite once de talent, et qui en plus de cette tare qu’on aurait pu oublier, étaient dotés d'un caractère ne compensant pas le trou béant laissé par leur manque de capacité. Totale. Irrémédiable. Enrageant.

Poussée par son manque de confiance dans la tournure des évènements, un ratatinage en règle du moucheron par la grosse bête, l’occultiste glissa ses doigts dans les coutures de sa robe et exerça un mouvement de pression pour en faire jaillir une aiguille qu’elle essaya d’attraper dans ses mains glissantes. Qui glissèrent.
Etouffant un grognement de contrariété aigue, elle prit sur elle afin de garder la tête froide et des gestes précis. Le parachèvement de toute cette malchance serait bien de se piquer soi-même avec sa propre aiguille et de s’effondrer face contre terre, anéantie par son propre somnifère. Ses cheveux lui brouillaient la vue par intermittence jusqu’à finalement lui recouvrir entièrement l’œil gauche, emmêlés comme jamais. Cependant les doigts d’Absynthe avaient raffermi leur prise sur la tige argentée et un sourire vint décontracter sa mâchoire.
Elle se releva d’un bond à la façon d’un diable qui sort de sa boîte et son bras jaillit en direction du cou de taureau et des veines saillantes, point de mire provocant. L’aiguille s’enfonça à peine avant de lui échapper des mains lorsque la jeune femme fut repoussée d’un coup de coude réflexe. Elle s’écrasa à nouveau dans la boue, l’homme chancelant devant elle, sa large carrure penchant de plus en plus vers le côté où elle se proposait de s’étendre. Côté qui changeait constamment au gré des caprices du vent. En définitive le soulard trouva un compromis et choisit d’obéir à la gravité en basculant vers l’arrière, le reste de sa carcasse entraînée par le poids de sa tête. Pour une fois qu’elle devait peser quelque chose…

La Française n’eut même pas le temps de se relever pour éviter d’être écrasée, elle put seulement patauger des pieds et des mains afin de se faire glisser hors du site d’impact, recevant au passage une nouvelle gerbe de boue liquide. Elle saisit le bas de sa robe autrefois d’un bleu de Prusse désormais brunâtre. Arriverait-elle à décrasser tout ça efficacement ?

Elle allait se redresser et récupérer sa baguette pour transplaner quand une main surgit dans son champs de vision suivie de paroles fleurant bon la crise de rage et la condition de stupidité particulièrement avancée de celui les proférant.

Syn leva les yeux vers le visage du jeune homme. Des yeux qui regardaient avant d’agir, mais qui ne laissaient planer aucun doute quant au degré de sympathie que le possesseur de cette main lui inspirait. De toute évidence, il n’avait rien vu de sa stratégie "piquante". Pour une fois, la demoiselle ne pouvait lui ajouter d’épithète dévalorisante. L’homme était assez large pour cacher un griffon derrière son dos. Et quant à son compère face contre terre, la boue légèrement mêlée de sang n’était rien par rapport à l’état de son visage dissimulé par la bourbe humide.

La cadette des Morden attrapa la main tendue en s’en servant tel un réhaussoir à son service et ignora superbement le jeune garçon pour aller récupérer sa baguette, à moitié engloutie dans une flaque d‘eau trouble. Comme on disait, il ne payait rien pour attendre. De fait, Absynthe fit volte-face sa baguette pointée sur la poitrine du jeune homme, l‘air d‘un chat échaudé par une averse n‘en finissant plus de lui hérisser les poils. Mais pour qui se prenait-il à oser endosser le rôle du Saint-Sauveur tout pétri de conseils avisés alors qu’il n’était juste que l’hameçon distracteur dans cette histoire ?!


-Dis moi que tu te fous de moi…, demanda-t-elle sur un ton de fausse incrédulité, Non mais, tu te prends pour qui, le morveux ? Si je m’en suis sortie c’est uniquement grâce à moi et non pas à cause de tes petites simagrées bégayantes ! Tu veux que je te mime ton petit numéro de cirque burlesque ? De quel droit viens tu me donner des conseils ampoulés alors que tu n’es même pas capable d‘éliminer un type bourré sans bafouiller ! Tes recommandations et ton arrogance d’opérette tu n’attends pas la "prochaine fois" pour te les garder à moins que tu ne veuilles voir jusqu’où tu te fourres la baguette dans l’œil !

De toute évidence, elle se sentait en pleine forme à défaut de se sentir bien.

*Ça transplanne pas encore à cet âge ? Oooooh…. *

Assez en forme pour être d’humeur à jouer. Le genre de jeu qui ressemblait plus à une vengeance sur quelqu’un pour toutes les crasses encaissées.
Sans le lâcher du regard, la jeune femme releva sa baguette, les tâches sombres de boue disparaissant de sa personne au fur et à mesure, comme de l’encre sous de l’eau.
Au loin le tonnerre éclata.


-Tu es superstitieux ?
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