Vertige ... [PV Kaelichou]

Le soir de son anniversaire, Stephen avait eu beaucoup de cadeaux extraordinaires. Bien sûr, le plus beau de tous avait été cette soirée en compagnie de Kaelir et la manière dont cela s'était terminé. A chaque fois qu'il pensait au jeune Poufsouffle, il sentait que son cœur s'accélérait un peu plus et il était heureux sans vraiment pouvoir en expliquer la raison. Pourtant, les deux garçons n'avaient pas vraiment réussi à avoir un autre moment d'intimité depuis début septembre. Ils avaient essayés de se retrouver dans la salle commune des Blaireaux, mais ils n'avaient pas réussi à se retrouver à cause d'une série d'évènements malchanceux. Et puis… Stephen ne savait pas vraiment comment Kael avait géré sa rupture avec Jemiah et il craignait de la croiser en s'approchant trop des Jaunes et Noirs. De temps en temps le amants se croisaient, en cours ou dans les couloirs mais ils ne pouvaient pas vraiment passer de temps ensemble surtout que le match de Quidditch entre Serdaigle et Poufsouffle approchait et qu'il serait encore moins bien vu qu'on les trouve ensemble…

A propos de Quidditch… Même s'il était de notoriété publique que Stephen vait le vertige… ou peut être à cause de ça, ses cousins lui avaient offert un balais. Imaginez donc, il n'osait pas regarder par la fenêtre de sa chambre, il se sentait mal en cours d'Astronomie, il évitait de regarder en bas quand il montait les escaliers et évitait d'assister aux matchs de quidditch, même à partir des gradins… Alors monter sur un balais ! Un truc qui bouge !! Le jeune Serdaigle ne s'y connaissait d'ailleurs pas du tout dans ce domaine et il pouvait juste dire que le cadeau était beau, il ne savait pas que ses cousins lui avaient offert le dernier balais sorti, le plus perfectionné avec le plus d'options… Et surtout des options de stabilisations censées le rassurer lorsqu'il serait en vol… Mais bien sûr, Stephen n'avais aucun moyen de savoir ce genre de choses et ses cousins le savaient. Ils avaient fait le choix de prendre le risque qu'il ne l'utilise jamais mais, au cas où il l'utilise, ils lui avait offert le dernier cri en matière de sécurité et de performance. C'était un balais très maniable qui s'adaptait à son conducteur.

Stephen avait juste conscience que c'était un cadeau cher et c'est pour cette raison qu'il avait décidé qu'il devait s'en servir et ne pas le laisser prendre la poussière. Il craignait aussi un peu que les garçons le forcent à s'en servir et il préférait prendre les devant… Il avait arrêté les cours de vol cette année car ceux-ci étaient devenus facultatifs, mais il avait cruellement conscience que le balais était l'un des meilleurs moyens de locomotion des Sorciers et qu'il serait certainement obligé de s'y habituer. C'est pourquoi, ce jour là, il était allé au terrain d'entraînement avec son nouveau balais. Il faisait assez froid mais le temps était ensoleillé et sec. On était dimanche matin et il avait entendu les membres de l'équipe dire que le terrain était libre car les élèves se reposaient ce matin là entre deux entraînement harassants en prévision du match à venir. Le Serdaigle s'était bien couvert et avait traversé rapidement le parc du château. Quand il mit les pieds sur le terrain, rien que de regarder la hauteur des anneaux de but le fit trembler… Il ferma les yeux et tenta de calmer sa respiration. Il sentait que la peur commençait à l'envahir avant même qu'il ait décollé sur sol.

Prenant son courage à deux mains, il avança sur le terrain et posa son balais au sol. Il souffla plusieurs fois et se lança:

"Debout !"

Sa voix avait été ferme car il avait appris à se faire obéir des balais, mais il sursauta en remarquant la vivacité d'obéissance de l'objet. Il s'était précipité dans sa main et Stephen l'avait senti vibrer entre ses doigts avec anxiété mais le balais s'était rapidement adapté à lui et il attendant maintenant "sagement" qu'il se décide à l'enfourcher et à donner le départ. Le balais était stable et s'adaptait à son conducteur. Stephen était quelqu'un de doux et calme, le balais le serait aussi. Lentement, le jeune homme passa sa jambe par dessus le manche et l'objet vint se place de lui même pour qu'il soit le mieux assis possible. Stephen ferma les yeux, il avait peur… Il était terrifié.

"S'il te plaît, ne décolle pas trop vite…", murmura-t-il alors que son pied tapait doucement sur le sol.

Et très lentement, sans à-coups, avec souplesse, le balais s'éleva de quelques mètres. Stephen assura se prise et le fit descendre un peu plus, il se trouvait trop haut. Puis le balais avança doucement, faisant un tour de terrain sans se presser Stephen tremblait de tous ses membres et il sentait la panique l'envahir. Il avait peur de tomber. Mais, étrangement, le balais ne faisait pas de zigzags. Avec les Comètes de l'école, ses tremblements provoquaient des changements constants de trajectoire mais là, c'était plutôt régulier. Stephen prit peu à peu confiance, mais il n'accéléra pas et ne s'éleva pas plus haut pour autant. Alors qu'il longeait tranquillement les limites du terrain il commit l'erreur de regarder le sol. Le voir loin, voir l'herbe, voir qu'il avançait même lentement, le fit paniquer…

"Descends… Descends… S'il te plaît… Arrêtes toi, descends…"

Il exerça une douce pression sur l'avant du manche et le balais rejoignit doucement le sol où Stephen mit pied à terre. Il lâcha son balais qui tomba dans l'herbe avec légèreté, alors que lui même se retrouvait à quatre pattes sur le sol, tremblant, le souffle court. Il avait fait presque les trois quart du terrain et se trouvait au pied de l'un des poteaux de but. Il était incapable de se relever ou même de poser son regard ailleurs que sur l'herbe entre ses doigts. Il n'arrivait pas à reprendre sa respiration…

"Aaaaaaaaaaah !"

Un long baillement se fit entendre dans une des chambres du dortoir des Poufsouffles. Il émanait de la bouche qui venait juste de se refermer, celle d'un élève de cette maison, Cinquième Année, et Préfet, qui plus est... Sa coiffure naturelle, qui était de ne pas vraiment être coiffé, était déjà en place. Ca ferait ça de moins. Kael, puisque c'était donc lui, s'étira allègrement, puis ôta la couverture de sur ses jambes, qu'il fit basculer sur le côté pour se retrouver en position assise. Pour dormir, il portait un caleçon, simple. S'il avait été seul, s'il avait dormi dans une chambre sans les autres, le caleçon aurait été absent...

S'assurant que ses yeux étaient bien ouverts, il se leva, direction la douche. Serviette, gel douche-shampoing. Quel bonheur, le puissant jet d'eau chaude ! En quelques secondes, il était totalement réveillé, prêt pour une journée de dimanche animée ! D'ailleurs, il avait l'intention d'aller s'entraîner au Quidditch. Sortant de la douche, il se sécha rapidement, s'habilla et quitta la salle commune, direction la Grande Salle. Petit déjeuner solide ! Du café, des toasts, du lard, des fruits, du jus de citrouille. Voilà ! Tout ça était peut-être un peu lourd pour grimper sur un balai, ça n'était pas tellement raisonnable, mais qui a dit que Kael était raisonnable ?

Le Poufsouffle retourna dans la salle commune pour prendre son balai, l'Eclair de Feu offert par son parrain ! Et c'est avec le précieux objet sur l'épaule qu'il se dirigea vers le Poudlard Stadium. Là-bas, il pourrait prendre un souafle et un cognard pour s'entraîner. Passer d'un poste à un autre n'était certes pas chose aisée, mais c'était un défi, et puis le Celte était plutôt pas mauvais en tant que poursuiveur... Lorsqu'il arriva au terrain, il aperçut au loin une silhouette dans les airs, plus qu'hésitante, comme si on l'avait forcée à monter sur le balai...

Et c'est en s'approchant un peu qu'il reconnut... Stephen ! Ils ne s'étaient pas revus seul à seul depuis la salle de bain, mais ça lui faisait plaisir, au Jaune et Noir. En arrivant derrière lui, Kael sentit que quelque chose n'allait pas, le Serdaigle, bien qu'arrivé au sol, à quatre pattes, ne respirait pas bien... Le Celte laissa tomber son balai et se précipita, lui posant une main sur le dos.

"Steph !"

Il se plaça ensuite devant lui et lui prit le visage dans les mains.

"Regarde-moi ! Détends-toi ! T'es revenu sur la terre ferme."

Le Préfet n'avait jamais eu de crise d'angoisse pareille auparavant, mais il se doutait de ce que ça pouvait faire... Il avait déjà vu ça, et voyait en gros comment réagir soi-même quand on était confronté à quelqu'un dans la situation du Serdaigle...

"Je suis là..." murmura-t-il...

Il avait des images en tête... Stephen et lui... Et voir son amant ainsi, il ne supportait pas... Lorsqu'enfin le Bleu et Bronze retrouva une respiration à peu près normale, il le serra dans ses bras...

"Je suis content de te revoir..."

Stephen n'arrivait pas à se calmer, il avait essayé de monter sur le balais offert par ses cousins, mais il avait trop peur. Bien que de retour sur la terre ferme, les doigts crispés sur la pelouse du terrain d'entraînement, il avait toujours l'impression d'être en mouvement dans les airs, de manquer de tomber, de se faire mal… voir pire. Il n'entendit pas les pas qui s'approchaient ni même le balais tombant au sol et il sursauta violemment quand il entendit son nom alors qu'on le touchait. Il releva le visage avec une expression hagarde et quand il reconnu celui qui hantait ses rêves, il eut une sensation de soulagement intense. Sans réfléchir, il relâcha les poignées d'herbes prises entre ses doigts et enroula ses bras autour du cou du Préfet. Il se serra à lui comme si c'était lui sa terre ferme, comme si c'est lui qui pourrait lui procurer l'air qui lui manquait, comme s'il était sa bouée de secours. Il s'accrocha désespérément à lui en murmurant son nom comme celui de son sauveur. Il ferma les yeux, se concentra sur cette odeur, cette chaleur, cette présence et, petit à petit, il réussi à reprendre son calme et à cesser de trembler. Il ne se détacha pas de l'étreinte pour autant. Il était trop bien, ainsi, dans les bras de son aimé. Mais le Jaune et Noir avait bien senti que Stephen allait mieux.

"Je suis content de te revoir…"

Il n'avait pas besoin de le regarder, son sourire s'entendait dans sa voix et sa sincérité se devinait par son étreinte. Le Bleu et Bronze ne dit d'abord rien puis il murmura un "Moi aussi…" avant de déposer de légers baisers dans le cou de son amant. Il avait failli oublier la douceur de la peau de Kael ! La présence du Poufsouffle avait eu un effet rapide et efficace sur la crise du jeune garçon qui était maintenant beaucoup mieux. Lentement, presque à contre cœur, il se détacha de ce corps qui l'attirait tant et plongea son regard aimant dans celui, azur, de son "sauveur". Il souriait et murmura un "Merci" avant de se relever et d'aider le batteur/poursuiveur à en faire autant. Puis il remarqua le balais que son amant avait laissé tomber à terre un peu avant. Il eut un petit sourire triste en pensant qu'il était vraiment un cas désespéré, mais il se reprit assez vite. Kael était là, il l'avait suffisamment vu pleurer comme ça, maintenant il fallait qu'il le voit heureux et souriant. Ca ne serait pas bien difficile vu comme il était content de pouvoir passer un peu de temps seul avec lui. Il se dirigea alors vers le balai de course pour le ramasser avec précautions. Non seulement il ne voulait pas l'abîmer, mais en plus il n'avait aucune envie que le balai se "réveille" et se mette à trembler dans sa main en voulant partir vite et loin.

"Tu es venu t'entraîner ? J'avais entendu Zelie dire que ce matin c'était repos pour les deux équipes. Tiens, à propos, il parait que tu va être Poursuiveur, tu n'étais pas Batteur jusque là ?"

Il remarqua alors le nom du balai écrit sur le manche. Même pour lui qui n'y connaissait rien, ce nom signifiait quelque chose. C'était un balai célèbre et avec une grande réputation de vitesse… Stephen, lui, n'aurait eu que faire d'un balai rapide… D'ailleurs, il n'avait pas vraiment grand chose à faire d'un balai vu l'état dans lequel ça le mettait. Il tendit son balai au Poufsouffle et sourit malicieusement:

"Nous ne devrions pas parler Quiddtich, en fait, nos deux maisons s'affrontent au prochain match. Je viendrai te consoler après votre défaite, ne t'inquiète pas."

Cette fois, Stephen riait de bon cœur mais il savait que dans tous les cas il n'assisterait pas au match. Déjà en temps normal, rien qu'être dans les gradins lui était difficile, mais en plus à regarder en l'air des gens volant à toute vitesse sur des balais il avait peur… Alors voir Kael manquer de se faire renverser par des Cognards, il n'en était pas question. Une ombre passa alors sur son visage alors qu'il tournait le regard vers son propre balai:

"Moi, je ne suis pas fait pour monter sur un balai… Mes cousins le savent, mais ça n'en reste pas moins l'un des principaux moyens de transport Sorcier alors ils m'en ont offert un pour mon anniversaire… Je sais qu'ils ont du casser leur tirelire, c'est pour ça que j'ai voulu l'essayer mais… Je suis vraiment un cas désespéré…"

Pour toutes réponses, Stephen murmura un 'moi aussi' et fit quelques légers baisers dans le cou de Kael. Avant de se détacher lentement de lui et de plonger son regard dans celui du Celte. Et il se releva, aidant par la même occasion le Poufsouffle. Et le Serdaigle ramassa le balai que son amant avait laissé pour se préoccuper de lui. Avant de demander ce qu'il faisait là, puisqu'apparemment, Zélie Colien (contre qui Kael gardait, sans vraiment s'en rendre compte, une petite rancoeur, due au fait qu'elle n'était pas copine avec Jem...) avait dit à Steph qu'il n'y avait pas entraînement aujourd'hui... Tant pis pour elle, si elle ne voulait pas gagner... Et la question prit une petite rallonge, concernant cette fois le post de Kael qui répondit :

"Y a pas besoin d'être avec tout le monde pour s'entraîner. Parfois c'est même mieux d'être seul, pour voir quels défauts individuels peuvent être gommés, ou au moins atténués. Et puis oui, je passe poursuiveur. Batteur, c'était bien, mais je pense être plus utile à mon équipe à ce nouveau poste. C'est pour ça que je suis là, pour parachever ma reconversion."

Stephen rendit ensuite son balai au Préfet, qui le prit doucement. C'était une chance d'avoir un parrain qui gagnait aussi bien sa vie, quand même. Le Bleu et Bronze indiqua ensuite que mieux valait ne pas parler de Quidditch, puisque Poufsouffle et Serdaigle s'affrontaient prochainement. Et ajouta un détail qui le fit rire, rire auquel se joignit le Jaune et Noir. Quel blagueur, ce Stephen !

"Moi je te vois plus venir me féliciter." rétorqua, malicieusement.

Le Celte garda le sourire, jusqu'à ce qu'il voit la mine du Serdaigle changer... Là, Kael prit un air inquiet. Et le Bleu et Bronze l'éclaira sur ce soudain changement d'humeur... Ainsi, il avait des cousins généreux qui lui avaient offert un balai alors qu'il ne savait pas en faire... Il en avait même peur, vu l'état dans lequel le Poufsouffle venait de le retrouver. Kael ramassa alors le balai de Stephen et lui colla dans les mains.

"T'es pas obligé d'en faire, mais ça peut aussi être un sacré défi à relever. Moi, j'ai toujours rêvé de monter sur un balai, mais comme j'étais angoissé, je devenais rapidement dangereux, pour les autres et pour moi-même... Mais grâce à Lavande, j'ai pu prendre confiance en moi. Avec ma condition physique, j'ai pas eu trop de problèmes de ce côté-là, mais je me suis rendu compte que le balai pouvait devenir une part de mon propre corps, qu'il était un logique membre en plus pour s'élever dans les airs... C'est venu naturellement, en fait."

Il se tut. Et regarda Stephen, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres. Comme pour illustrer ses dires, le Celte enjamba son balai et frappa le sol du pied. L'Eclair de Feu démarra, embarquant avec lui le Celte, celui-ci s'agrippant fermement au manche. Il slaloma entre les poteaux tenant les anneaux et remonta avant de descendre en piqué en direction... du Serdaigle... Il tira alors sur le balai et dévia légèrement, passant ainsi à moins d'un mètre de son amant... Puis il s'arrêta enfin, atterrissant en douceur, ou presque, à quelques mètres du Serdaigle.

"Et voilà !" lança-t-il joyeusement dans le plus beau des Français.

Puis il rejoignit Stephen.

"T'as un super balai, il ne va pas te faire tomber. En te tenant bien, tu ne peux pas dégringoler. Et puis rien ne t'empêche de voler à une basse altitude."

Kael passa alors sa main dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus qu'ils n'étaient (et ce n'est pas un mince exploit).

Quelques secondes après avoir rit de bon cœur, Stephen se retournait vers son balais et perdait sa joie. Kael réagit aussitôt, lui remettant son bien entre les mains et l'encourageant à sa manière. Malheureusement, le Jaune et Noir avait pensé qu'une petit démonstration donnerait confiance au jeune homme. Angoissé, Stephen suivit le blond du regard et il sentait, rien qu'à regarder en l'air, que sa respiration s'accélérait. Il recula de quelques pas et finit par carrément tomber au sol quand son amant passa près de lui à grande vitesse. Il sentait les larmes au bord de ses yeux mais il les contrôla et se releva en se forçant à sourire. Il n'était pas fier, mais il ne voulait pas que le poursuiveur le revoit dans l'état de panique qui avait pris possession de lui quelques minutes avant. Tenant toujours son cadeau avec précaution, il s'avança vers Kael. Celui-ci lui affirma que son balais ne le laisserait pas tomber… Que voulait-il dire ?

"Tu sais… J'ai assisté aux cours de Bibine pendant 4 ans… Mais je ne décolle jamais bien haut et je ne vais jamais vite… Mais même comme ça, je ne suis pas capable de voler bien longtemps… Je n'ai même pas été capable de faire le tour du stade. Comment t'expliquer… Quand je m'éloigne du sol, j'ai un vertige incontrôlable. J'ai pas besoin d'être sur un balais pour avoir le vertige… Rien que dans les gradins, c'est trop haut… Alors je te laisse imaginer ce que je peux ressentir quand je commets l'erreur de regarder par la fenêtre dans mon dortoir… Même quand je suis sur un sol dur, si je suis en hauteur, ça tourne, même si je sais que c'est solide qu'il n'y a aucun danger, j'ai l'impression que je vais tomber… Non… c'est plus fort que ça… Je tombe… J'ai l'impression de tomber… Alors un balais…"

Il eut un frisson en s'imaginant en train de faire ce que Kael venait de faire en guise de "démonstration". Il souriait toujours, mais c'était plus un sourire triste, résigné… Il continua son explication:

"Même quand le balais est immobile, j'ai peur… Alors quand il bouge… Et puis, ça sert à rien de se déplacer à un mètre du sol. On ne va nul part en avançant lentement et à un mètre du sol… Autant aller à pied… Tu sais… Ca va peut-être te sembler bizarre, vu comme j'ai peur, mais… Je suis jamais tombé de balais… Pourquoi celui-ci serait différent d'un autre ? Je veux bien essayer encore mais… Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment une bonne idée… Tu… Tu restes pas loin ?"

Son regard, anxieux, était plongé dans celui de son amant. Il avait besoin de lui, de sa présence, je le savoir attentif à ce qu'il faisait et, avec une lenteur démesurée, il enjamba son balais qui se mit à trembler doucement entre ses doigts, calme, il attendait que l'ordre de départ soit donné. Finalement, Stephen se décida et son pied tapa le sol. Il s'élevé d'à peine deux mètres mais ça avait été assez rapide et son visage était devenu très pâle en quelques secondes. Aussitôt, il pencha le balais vers l'herbe pour redescendre. Une fois ses deux pieds à terre, il jeta un regard effrayé à Kael et tenta de se ressaisir.

"Je… Ca a été… trop vite… Je… réessaie…"

Kael s'était inquiété pour lui, il l'avait encouragé à se lancer, à relever le défis… Il se sentait obligé de le faire, affrontant sa peur pour ne pas décevoir l'homme qu'il aimait. Il frappa de nouveau de sol mais plus doucement et la montée fut lente. Il s'immobilisa à peu près à un mètre cinquante du terrain et s'interdit de regarder vers le bas. Son regard était figé droit devant lui. Mais, petit à petit, il sentait la peur s'immiscer en lui, par tous les ports de sa peau, faisant se dresser tous ses poils. Il ferma les yeux un instant, sentant des gouttes de sueur couler le long de son dos. Son cœur commençait déjà à s'affoler alors qu'il se penchait un peu en avant pour faire avancer le balais. Ses paupières étaient de nouveau ouvertes mais son regard était l'image même de l'affolement. Il prit un virage pour rester près de son amant mais le balais pencha un peu. Etrangement, il était retenu et la stabilité fut rétablie d'elle même mais ça avait été suffisant. Les larmes coulaient sur ses joues. Il mit pied à terre presque aussitôt et, résistant à son vertige, il laissa son balais sur place et se mit à courir pour s'éloigner. Il voulait partir, il voulait fuir. Kael l'avait encouragé à essayer et il n'avait pas réussi. Voilà qu'il n'arrivait pas à calmer ses larmes de terreur alors qu'il courrait comme un dératé. Il ne voulait plus que son amant le voit dans cet état, faible, incapable… Il avait peur que le Jaune et Noir se lasse d'un amant aussi vide qu'il ne l'était. Mais, à force de courir les jambes tremblantes, il trébucha et se retrouva à manger de l'herbe. Le corps secoué de sanglots, il n'eut pas le courage de se relever.

[HJ: C'est court et c'est nul, je sais... désolée...]