Insomnie ou comment trouver le sommeil? [libre]

De la fenêtre de la tour, on pouvait voir la lune éclairait de ses pâles reflets la forêt interdite. Elle avait alors presque un air surnaturel, un air magique. L'air était frais et peu de personne aurait aimé rester dans les couloirs. Pourtant malgré les courants d'airs et l'humidité qui régnaient dans le château, une silhouette se tenait immobile devant la fenêtre son regard perdue au loin. Il était bien tard et nombre d'élèves dormaient déjà au chaud dans leur dortoir. Alors pourquoi diable cette jeune fille, car c'en était une, ne dormait pas et restait là à méditer. Sa silhouette se détachait dans l'obscurité et ses longs cheveux bleus semblaient luire sous l'astre de la nuit. Elle observait le parc, si calme. Un instant elle s'imagina courir sur l'herbe, sentant le vent frais sur son visage, cela aurait été si grisant mais non elle préférait rester enfermé dans cet école. Elle détacha son regard de la vision enchanteresse de la forêt et se remit à arpenter les couloirs glacés. En un geste elle resserra sa veste, il est vrai qu'il commençait vraiment à faire frais. Alors pourquoi diable errait-elle dans les couloirs? En effet, la jeune fille ne parvenait pas à dormir alors pour ne pas réveiller ses camarades, elle était partie marcher dans l'école en quête du sommeil.

La jeune Malicia soupira. Pourquoi diable n'arrivait-elle pas à trouver le sommeil réparateur? Depuis plusieurs nuits déjà, elle ne pouvait dormir et dés que ses yeux se fermaient d'horribles cauchemars apparaissaient et elle se réveillait alors en sueur. D'ailleurs elle faisait toujours le même rêve, mais chaque nuit un nouveau détail lui sautait aux yeux. Elle s'assit à terre, profitant de la fraîcheur pour retrouver ses esprits. A nouveau ce cauchemar la hantait. Elle ne parvenait pas à arrêter d'y songer car comme le disait sa mère, chaque rêve est porteur d'un message, bien souvent caché. Et dans le cas de la jeune Serdaigle il devait être bien caché.

Un bruit la fit sursauter. Ce n'était qu'un craquement mais le cœur de la jeune fille accéléra. Elle n'était peut-être pas seule. Un doute l'envahit, et si c'était un professeur, comment expliquer sa présence ici. La petite Serdaigle tenta de se faire toute petite, espérant que la source du bruit passerait au loin d'elle. Pendant un long moment, elle resta là retenant sa respiration. Puis n'entendant rien de plus, elle se détendit à nouveau. Elle était bel et bien seule. La cinquième année ne put retenir un soupire. Elle aurait aimé avoir de la compagnie. Il était peut-être temps de retourner à la salle commune. En effet cela faisait un moment qu'elle traînait dans ce couloir et même si elle avait perdue la notion du temps, elle sentait que la nuit était bien entamé.

Tout en se remettant debout, elle repensa à ce rêve si étrange. Pourquoi rêvait-elle d’une forêt si dense et si sombre? Pourquoi se sentait elle perdue au milieu de ces arbres , toute seule, si petite et si faible? Elle secoua la tête repoussant les images qui envahissait son esprit. Elle ne voulait pas y penser. Alors dans la nuit elle reprit sa marche à travers les couloirs. Elle pensa à ses camarades qui eux dormaient tout en faisant de beaux rêves ou,peut-être ne rêvaient-ils pas, tout simplement. Malicia espéra juste que nul ne remarquerait ses cernes le lendemain. Elle savait qu'elle ne saurait faire face aux interrogations de ses camarades.

La jeune Serdaigle n'avait jamais parcouru les couloirs de nuit. Tout était si calme, si apaisant… Il était étrange de penser qu'un lieu aussi commun pouvait changer la nuit loin du tumulte quotidien. Il n'y avait plus de cris, plus de bousculades, juste le calme et le silence. Elle sourit en pensant que d'ici quelques heures, l'endroit à nouveau s'animerait avec le chahut habituel. Elle passa devant le couloir menant au cours de défense contre les forces du mal. Elle ne s'était pas aperçu qu'elle avait autant marché. Pourtant elle n'était toujours pas assez fatiguée pour dormir d'un sommeil sans rêve. Elle descendit de nouveau des escaliers. Il fallait qu'elle marche encore et encore pour pouvoir enfin se reposer et surtout oublier ce qui la hantait jour et nuit à présent.

Elle entendit à nouveau du bruit. Cette fois elle était sûr, quelque un se trouvait près d'elle. Ses mains se mirent à trembler. La jeune fille ne voulait pas avoir d'ennuis ni faire perdre des points à sa maison. Elle sortit sa baguette tout en se demandant quel mensonge inventait face à un professeur. Pourtant la jeune fille voulait se persuader que c'était juste un élève comme elle, qui était victime d'insomnie. Un autre bruit provint de la gauche, elle se retourna et fit face à l'inconnu. Elle ne le voyait pas mais devinait sa présence. Puis d'une petite voix, elle demanda:

"Qui va là?"

Et à présent il n'y avait plus qu'à espérer que c'était juste son imagination et non pas un préfet ou pire le maître des potions. Tremblante de froid et un peu de peur, elle attendit, tendue, une réponse.

Plus les années passaient, plus les jours se ressemblaient. Autant à Poudlard qu'à l'extérieur. Les mêmes évènements semblaient devoir s'écouler, recommencer, puis s'arrêter à chaque nouveau cycle. Et malgré tout, Esyld, fantôme de cent vingt-quatre ans de son état, résidente à Poudlard depuis une centaine d'années, était complètement décalée. Il fallait dire que ne très peu intérargir avec les élèves et membres du personnel de Poudlard n'aidait pas particulièrement ; éviter tout contact humain autant que possible n'arrangeait pas non plus la situation. Tout avait commencé par ce fichu empoisonnement, en fin de compte.. Lorsqu'elle était revenue à Poudlard sous forme de fantôme, en plein dans le bureau du Directeur de l'époque (Dippet, Dumbledore ou un autre, elle ne savait plus), ce dernier lui avait accordé du ministère de revenir quelques années sur les terres de ses ancètres. Et de ses parents. Et de sa meurtrière. Et du meurtrier de son amant. C'était elle qui, pour ainsi dire, les avait poussé à s'enfuir et à se tuer - oh, pas indirectement, évidemment. Mais les évènements s'étaient peu à peu précipité. Une histoire de Diable et de Dieu qui voulait les punir pour les crimes qu'ils avaient commis, la faisant revenir sur Terre pour se venger de leurs crimes.

Ce qu'Esyld n'aurait jamais fait, ni même pensé. La jeune fantôme, même en ce temps-là, était bien trop bonne et trop douce ; c'était même elle qui, la première, avait proposé de pardonner. Elle comprenait leurs actes, sans pour autant les cautionner - et elle savait également que la haine qu'elle aurait pu éprouver pour eux, bien que ne faisant pas parti de son caractère premier, ne lui aurait servi à rien. Elle regrettait, certes ; mais les actes avaient été commis, et achevés. Malgré tout, ces morbides pensées ne cessaient de hanter son esprit, durant nuit et jour, l'empêchant de réfléchir à autre chose, ou d'agir selon sa conscience. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander quelle aurait été sa 'vie' si celle qui se prétendait être sa meilleure amie, pour l'amour d'un autre qu'elle croyait accaparé par Esyld, n'avait pas agi en ce sens. Et quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle fit, ces pensées tournaient en rond dans son esprit sans qu'elle n'arrive à les en chasser. C'était un comble !

Voilà pourquoi Esyld arborait si continuellement un regard vide, morne, et triste. Tout dans ses gestes inspirait la tristesse : du sourire indulgent qu'elle réservait aux élèves téméraires osant l'approcher, à ses flottements funèbres pour se rendre d'une salle à une autre. C'était horrible, car son tempérament naturel étant d'être gai, souriante, amicale et ouverte aux autres, réfréné en ceci par les évènements qu'elle avait vécu à un âge si jeune et si infantile, émettait une opposition, un contraste des plus éprouvants pour son esprit désormais illimité. Voilà pourquoi cela faisait depuis bien longtemps qu'Esyld avait arrêté de dormir. Voilà pourquoi, alors que les autres élèves et humains vivants dormaient d'un sommeil répararateur, n'hésitant pas à se pelotonner agréablement dans les bras de Morphée, Esyld, même pour un fantôme, ne cessait d'errer.

Aucun être vivant ? Aucun, hormis un être à quatre pattes, au poil long et roux, et aux pattes étonnament arquées, qui la suivait dans pratiquement chacun de ses déplacements nocturnes. C'était d'ailleurs lui qui, la majorité du temps, révêlait leur présence par son poids et les craquements du plancher et des marches des escaliers, qui allaient en conséquence. Esyld n'avait jamais cherché à connaître ni le nom, ni le propriétaire de ce chat roux ; et, pour cause, elle n'en avait jamais ressenti le besoin. Elle se doutait que ce dernier appartenait à un des nombreux élèves de Poudlard, mais n'allait pas chercher plus loin. Elle appréciait sa compagnie, elle avait depuis longtemps compris que ce chat était à moitié Fléreur, et tant mieux. Il était apparu, une nuit en début d'année ; et depuis ce temps, quasiment toutes les nuits ou presque, il lui tenait compagnie. Son compagnon d'infortune. Elle se doutait qu'il ne restait avec elle que parce qu'elle l'intriguait, mais Esyld ne s'en formalisait pas plus. Elle appréciait sa compagnie, sa manière de jouer avec les araignées qu'ils croisaient sur leur chemin, et ses miaulements agréables à son oreille. Et ça lui suffisait. Tout simplement.

Des fois-même, ils croisaient des élèves. Qui s'enfuyaient à la vue de cette espèce de demi-être, pas même vivant. Esyld soupira silencieusement. Le chat venait une nouvelle fois de faire craquer une latte du plancher sur lequel il évoluait - Esyld, en tant que fantôme officiel, flottait à quelques centimètres du sol. Sachant qu'il ne pouvait rien lui arriver car étant immatérielle, elle ne put s'empêcher de se figer lorsqu'une voix se fit entendre devant elle. Puis elle eut un rictus froid, essayant de se ressaisir : allons, un fantôme qui avait peur d'un vivant, c'était le monde à l'envers ! Elle secoua lentement sa tête de droite à gauche, puis avança de quelques mètres. Devant elle, effectivement, se tenait de dos une silhouette. De jeune fille. Il faisait particulièrement sombre dans ce couloir ; de ce fait, la paleur d'Esyld se voyait on-ne-peut mieux (et non pas sa fluorescence). Malgré tout, l'être ne semblait pas l'avoir remarqué. Un nouveau craquement la fit sursauter, tandis que le Chat Roux avait de nouveau avancé à sa hauteur. Puis, arrivée à un mètre environ, elle murmura derrière la jeune fille, d'une voix douce et triste :

"Ce n'est que moi.."

La jeune Serdaigle sentit une présence juste derrière elle. D'ailleurs elle ne c'était pas trompé puisqu'elle entendit un "Ce n'est que moi..". Elle se retourna vivement et se trouva face à un fantôme. Sur le coup elle poussa un petit cri de surprise qu'elle be put retenir à temps. Le fantôme n'avait sûrement pas apprécié. Mais que voulez-vous la curieuse Malicia ne s'était pas attendu à tomber sur un fantôme. Elle pensait plus à un professeur ou à un préfet effectuant sa ronde. Pourtant elle avait déjà pu observer de fantômes de près, cela ne manquait pas à l'école. Enfin… La jeune fille ne savait que dire ni que faire, après tout elle n'avait jamais réellement discuter avec un fantôme. Elle voulait s'excuser mais les mots se bousculaient dans sa tête et elle ne trouvait rien à dire alors pour une fois, elle garda bien close sa charmante bouche Pourtant on aurait en droit de penser que la curieuse Serdaigle aurait déjà posé milles et une question mais quelque chose la retenait. Peut-être un rien de peur face à la mort, ce grand mystère. Mais surtout et étrangement une sorte de respect, cet être immatériel avait sûrement vécu bien des aventures.

La petite fille eut un petit sourire, presque d'excuse. Après tout peut-être avait-elle dérangé le fantôme en pleine méditation? Mais elle ne pouvait cacher qu'elle était tout de même soulagée ce n'était ni un professeur ni un préfet. AU moins elle ne ferait pas perdre immédiatement des points à sa maison. Elle espérait seulement que le spectre n'aille pas avertir Rusard ou pire, Rogue. Elle croisa les doigts et espéra que cette dame la prenne en sympathie et n'aille pas réveillé un membre de l'équipe enseignante. Elle observa alors le fantôme. Elle ne voyait qu'une tache blanche mais elle pouvait deviné aisément que c'était une jeune femme. D'ailleurs elle était plus belle que nombre de personne que la petite fille avait rencontré dans sa courte vie. La jeune fille était impressionnée devant cette pâle beauté. Elle ne savait que dire ni que faire. Elle restait pétrifiée devant cette femme. Elle alors ferma un instant les yeux pour être certaine de ne pas être victime d'une hallucination. Mais non le silhouette blanche était toujours là, devant elle et il semblait qu'elle l'observait.

La jeune Serdaigle aurait demandé son nom à la dame mais elle n'osait pas. Et ce n'était pas qu'elle ne voulait rien savoir sur cette inconnue, oh non, des questions se bousculaient dans son esprit et elle brûlait d'en connaître les réponses. Mais pour la première fois de sa vie, sa curiosité montrait des limites, elle restait là muette comme une tombe. Elle craignait que le fantôme ne se vexe. Après tout, on n'apprend pas aux jeunes sorciers à tenir une conversation à un être trépassé. Elle soupira faiblement et soudain, chassant son air étonné, un sourire illumina son visage. A moins elle n'était pas la seule à ne pas dormir bien au chaud. D'ailleurs est-ce que les fantômes avaient besoin de dormir? Elle aurait voulu poser la question mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle devait faire un effort puis au bout d'un long combat avec soi même, elle prit enfin la parole:

"Je…excusez-moi, je ne…enfin je voudrais savoir qui vous êtes Madame. Je… j'aimerais savoir. Ah oui je m'appelle Malicia.

Malicia avait baisser la tête, intimidée. Et pendant qu'elle contemplait ses pieds, elle se souvint d'un détail. En effet quelque chose la tracasser. Un fantôme ne pouvait pas faire de bruit , il flottait. Cela elle en était sûr. Elle avait vu bien des fois Binns entrer et sortir de la classe sans un bruit. Elle secoua la tête, il y avait bel et bien une autre créature vivante ici. A nouveau il y eut un craquement, très proche de la jeune fille. Cette fois-ci elle sortit promptement sa baguette et murmura un:

"Lumos!"

Ce qu'elle découvrit la laissa sans voix. En effet ce qui lui avait causé une tel frayeur n'était rien d'autre qu'un chat. La jeune fille maugréa contre sa couardise, avoir peur d'un simple matou. Elle l'observa un instant, ce chat lui était vaguement familier mais peut-être confondait-elle avec un autre. Certains élèves possédaient en effet un animal de compagnie et si certains préféraient les hiboux, d'autres choisissaient des chats. Elle détourna alors ses pensés du causeur de troubles et les ramena au fantôme. La dame semblait si belle et si triste. La jeune fille aurait aimé trouvé des mots pour demander d'où venait cette tristesse mais elle se doutait que ce n'était peut-être pas le mieux à faire et surtout elle se savait maladroite avec les mots.

Elle se souvint alors d'un détail. Elle avait déjà vu un fantôme mais elle ne parvenait pas à se souvenir en quelle circonstance. Et cela lui revint immédiatement, des images fusèrent dans son cerveau, ces images qui la hantaient. C'était dans son rêve. Un fantôme s'approchait d'elle, doucement, sans bruit. Et plus elle le voyait avancer plus l'angoisse allait grandissante. La jeune Serdaigle se secoua, voulant à tout pris chasser ce rêve. Elle n'était plus seule. Il y avait une personne avec elle et même si c'était un fantôme, elle pourrait tenter d'avoir une discussion avec. C'était cela, elle devait parler, pour oublier, pour chasser au loin ce mauvais rêve. Mais elle n'osait pas et préféra ne rien dire, ne pas briser le silence du château, attendant que la dame veuille répondre à sa question.