Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 
 C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyMer 4 Juil - 13:42:41

C’était un samedi matin, aux alentours de neuf heures. Emilien s’était réveillé d’une drôle d’humeur, sans savoir s’il était malheureux ou non. En tout cas, il était étrangement calme. Il avait ouvert les yeux, tout simplement, sans qu’on ait fait du bruit, ce qui était assez rare. D’habitude, il aimait bien dormir. Mais aussitôt éveillé, il s’était levé, en silence car les autres dormaient encore – il évita tout de même de regarder en direction de Stanislas, il n’avait pas envie de s’énerver dès le matin. Puis après avoir décidé du lieu où il allait passer sa matinée, il s’habilla chaudement. Emilien n’aurait pas su expliquer exactement pourquoi la tour d’Astronomie, ou plutôt, pourquoi il avait envie de s’asseoir sur les toits. Car depuis ladite tour, on pouvait monter sur les toits de Poudlard, ce n’était pas très compliqué, il suffisait de ne pas avoir trop peur du vide, et encore … Ça dépendait du chemin qu’on empruntait pour ça. Emilien prit la lettre qu’il avait reçue la veille au soir, et sortit de la salle commune.

En ce moment, on ne pouvait pas dire que ça allait très bien. Quel était le problème ? Ah, s’il n’y en avait qu’un, la vie serait rose ! Emilien avait l’impression que tous les problèmes lui tombaient dessus en même temps, ou peut-être qu’il considérait certaines choses avec plus d’importance maintenant. Par exemple, cette lettre de sa mère. Quelques mois plus tôt, est-ce que ça lui aurait paru être un problème ? Sans doute que non. Mais à présent, c’était un poids supplémentaire. Emilien soupira alors qu’il montait les escaliers. Sa mère voulait qu’il rentre avec elle pour les vacances … et elle avait eu le culot de lui écrire ça en italien ! A croire qu’elle n’avait rien compris. Elle aussi, elle le connaissait mal. Tout le monde le connaissait mal ! Même sa meilleure amie, ou plutôt son ancienne meilleure amie. Maintenant, lorsqu’il la voyait dans les couloirs, il l’évitait. Pour repousser une discussion qui aurait forcément lieu, la repousser encore et encore, jusqu’au moment où il n’aurait plus le choix.

Voilà, il y était. La tour d’Astronomie … Evidemment, il n’y avait personne. Qui viendrait là en pleine journée ? Si la tour était bien pratique pour regarder les étoiles, on ne voyait rien de très intéressant dans le ciel dans la matinée. Tant mieux, après tout. Il n’y aurait personne pour le dissuader de montrer. Emilien repéra le chemin généralement utilisé par les élèves. Il n’avait pas neigé la nuit dernière et on voyait encore des traces de pas. Le Serpentard, en prenant toutes les précautions nécessaires, se hissa sur le toit. Il n’était pas très pentu, disons même quasiment pas, aucun risque, donc. A moins qu’il ne soit complètement inconscient … Bien emmitouflé dans son manteau, Emilien s’assit à un mètre du bord, et relut sa lettre. Bla-bla-bla … Rien de bien intéressant. Sa mère lui disait qu’il lui manquait – et tout le monde y croyait vachement – et qu’elle avait envie de le voir pour les vacances de février. Autant dire qu’elle avait discuté avec le père d’Emilien, et que lui aussi voulait le garçon pour les vacances ! Emilien savait bien comment ça se passait. Ce pourquoi il déchira la lettre.

Tout en faisant des petites boules avec chaque morceau de papier, qu’il lançait par-dessus le rebord, Emilien se mit à réfléchir. A combien de mètres du sol était le toit de la tour ? En tout cas, ça devait faire mal, de tomber de là … On racontait qu’un élève avait fait une chute depuis la tour, et qu’il s’en était miraculeusement sorti. Le Serpentard eut un petit sourire, miraculeusement, ouais, il avait eu de la chance, quoi … Lui, il n’avait pas particulièrement de chance en ce moment. Par exemple, il n’arrêtait pas de tomber sur des Poufsouffle, dans les couloirs, qui au mieux lui jetaient un regard noir. Emilien les ignorait, mais il en avait plus qu’assez. Depuis quand ils étaient aussi solidaires, ces Pouffy ? Tout ça parce qu’il s’était battu avec Porky … Les Serpentard, eux, ne martyrisaient pas le gros Poufsouffle, qu’il sache ! Alors bon, deux jours, ça allait, mais après … Et parmi les Poufsouffle, qui se disait que Porky était un malade et qu’Emilien n’était qu’une pauvre victime ? Personne ! Pourquoi ? Parce qu’il était à Serpentard, bien sûr.

Emilien entendit des pas derrière lui, et se leva. Sans regarder qui venait, il fit quelques pas vers le bord du toit, lentement, et s’arrêta à quelques centimètres. Puis il jeta un coup d’œil en bas, ouh là, c’était plus haut qu’il ne le pensait. Enfin, il se tourna vers la personne qui venait et reconnut les cheveux roux de Startouffe.


- A ton avis, il se passerait quoi si je tombais ? demanda-t-il sur un ton sérieux.


Dernière édition par le Lun 27 Aoû - 20:05:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyJeu 5 Juil - 11:10:05

Neuf heures du matin... Oh, c'était tôt pour un samedi... Mais Bill, exténué par sa semaine, s'était couché très tôt la veille et il était incapable de se rendormir. Il se leva donc et se dirigea machinalement vers l'une des fenêtres de son dortoir. Il l'ouvrit discrètement, espérant ne pas réveiller les autres... Il faisait un froid mordant, pire encore que le week-end précédent. Bill referma le battent. Il n'était pas question aujourd'hui d'aller à pré-au-lard. Visiblement, les expéditions dans le froid lui portaient la poisse. Le samedi précédent, c'était une Serpentard qui avait déchaîné toute sa rage sur lui sans aucune raison apparente. Et cela avait entraîné, le lendemain, même si cela n'avait aucun rapport, Bill se disait que les événements étaient bien trop coordonnés à son goût, un déchaînement de la capitaine des Serdaigles, probablement simplement lié à la frustration d'avoir perdu le match de Quidditch. Non, pas question de sortir aujourd'hui, d'abord il faisait trop froid. Bill avait un devoir de sortilèges en retard, il avait bien l'intention de reprendre un peu de sérieux et de le faire. Il prit son sac, le chargea sur son dos et descendit en direction de la bibliothèque. Quelques heures dans cet endroit calme ne lui feraient pas de mal pour une fois

Mais c'était sans compter l'acharnement du fantôme de Peeves qui, ce matin-là, s'amusait à jeter de snecriers pleins sur les élèves. Bill s'était assez légèrement vêtu ce matin-là, n'ayant pas prévu de sortir, d'une robe noire de sorcier et d'un pull en laine jaune orné d'un gros blaireau noir confectionné par sa mère. Lorsqu'il aperçut Pevves faisant son manège, il songea bien un instant à passer en courant pour gagner la bibliothèque, mais un simple regard à son pull l'en dissuada. C'était son cadeau de Noël, il devait enprendre soin. Sinon, il serait indétachable. Le fantôme dut comprendre son inquiétude car il se mit à voler au-dessus de lui en caquetant et en le menaçant d'un encrier. Bill, sans réfléchir, se mit à courir dans la direction opposée. Il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il avait horreur d'essuyer la colère des gens, et encore plus horreur de se mettre en colère, et le week-end précédent, il avait essuyé ces deux malheurs. Il n'avait pas l'intention de recommencer ce samedi. Il se mit à courir, sans plus trop savoir où il allait, quand il aperçut un escalier devant lui.


*Mince, mais c'est la tour d'astronomie ! Qu'est-ce que je fabrique ici ?*

Peeves avait visiblement arrêté de le suivre ; il s'apprêtait à repartir en direction de la bibliothèque quand la petite voix de la flême se fit entendre au fond de lui, lui sussurant qu'il était à présent bien loin de la bibliothèque et que le panorama, en pleine ournée, devait être sympathique du haut de cette tour. Et comme souvent, il choisit d'écouter cette petite voix malicieuse.

Il grimpa les marches avec entrain, heureux à l'idée d'avoir trouvé un nouveau moyen de ne pas travailler ce matin. Il était presque en haut de la tour quand il sentit un courant d'air glacé lui frôler le corps. Il regarda autour de lui et s'aperçut qu'une fenêtre était ouverte.


*Tiens, bizarre en plein hiver. Quel lest le malade qui a laissé ça ouvert ?*

Il s'avança pour la refermer,mais quelque chose attira son attention. De cette ouverture, on pouvait accéder aux toits de l'école, et il y avait des traces de pas frâiches dans la neige. Il était hors de question de refermer la fenêtre, au risque d'enfermer quelqu'un dehors. Bill décida de franchir l'encadrement pour vérifier si la personne était toujours là ou si elle était partie en oubliant de refermer. De toute façon, il n'avait jamais tenté une telle expédition et la vue devait être encore plus belle depuis les toits. Il enjamba le rebord et se retrouva dehors. Soudain, il se rendit compte à quel point il faisait froid et, grelottant, il se mit à regretter son cher anorak moldu. Mais il cessa bien vite de penser à ces futilités car, tandis qu'il avançait, il aperçut un garçon qui se tenait juste au bord du toit, prêt à tomber ou pire, à sauter. A ce moment précis, le garçon se retourna et il reconnut immédiatement ce visage et ces yeux : c'était Emilien. Un instant, il faillit crier "attention !" mais il songea qu'Emilien était loin d'être stupide et qu'il savait probablement parfaitement ce qu'il faisait. Alors, pourquoi était-il là ? Aurait-il envisagé de sauter ? ...

La deuxième pensée qui vint au jeune écossais fut de crier : "Ne fais pas ça !" Mais encore une fois, il oubliait qu'il s'agissait d'Emilien. Bill réalisa qu'il était persuadé au fond de lui qu'Emilien n'écouterait vraisemblablement pas ce genre de phrase creuse et qu'il en serait plutôt exaspéré qu'autre chose. Il le regardait, un peu désemparé, quand le garçon parla :


"A ton avis, il se passerait quoi si je tombais ?"

La question aurait plutôt pu paraître amusante, la réponse étant évidente, si le Serpentard n'avait pas employé ce ton sérieux qui fit frissonner le rouquin. Un instant, pragmatique, il eut envie de répondre : "on te retrouvera en bouillie par terre là-bas en bas." Mais il jugea que ce n'était peut-être pas ce qu'attendait Emilien. Songeait-il vraiment à se jeter du haut de ce toit ? Bill avait du mal à le concevoir ; pourtant, même s'il ne faisait que jouer avec le danger, il était clair qu'Emilien ne se comportait pas comme quelqu'un qui va bien. Bill se souvenait de leur première rencontre, au bord du lac, avec Lucy, et de sa façon naïve et franche de parler qui avait jeté un froid entre le Serpentard et lui. Bill n'avait jamais remis en question le fait que le moment de malaise qu'il y avait eu entre eux venait de lui et non du caractère du Serpentard. Il savait qu'il avait probablement un caractère plus dur que le sien, mais il avait toujours tendance à se remettre en question avant de remettre les autres en cause. Puis, il y avait eu leur seconde rencontre, dansles toilettes, cette nuit où Bill avait reçu une lettre de son grand-père, et cedtte fois avait été pire encore. Bill s'était montré ridicule et minable. A présent, beaucoup de choses allaient mieux dans sa famille, mais Bill savait qu'il serait éternellement reconnaissant envers Emilien d'avoir été là à ce moment. Et aujourd'hui, c'était lui qui se trouvait arriver juste au moment où le jeune Serpentard semblait dans une curieuse situation.

Peut-être que, dans sa question, il y avait une dimension plus affective. S'il tombait, comment réagiraient les autres ? Bill se demandait si le vert et argent attendait réellement une réponse. Il se souvenait avec amusement de la remarque du garçon sur ses gènes de kangourou lorsqu'il avait bondi pour récupérer sa lettre emportée par le vent. Il s'était immobilisé à une certaine distance d'Emilien pour ne pas le mettre mal à l'aise, mais il savait qu'au moindre geste du garçon qui pourrait le mettre en danger, il n'hésiterait pas, cette fois encore, à faire un saut kangouresque pour le récupérer.

Cela faisait à présent un moment qu'il le regardait fixement, toute trace de son éternel sourire disparue de son visage, l'air anxieux. Finalement, il se décida à parler :


"Je crois que si tu tombais, d'abord tu risquerais de te faire assez mal, et puis ce serait dommage parce que la communauté magique risquerait de perdre un excellent sorcier et certains élèves un excellent ami."

Il savait que cette phrase pouvait paraître un peu trop "Poufsouffle" au goût du Serpentard, mais comment prévoir les attentes et les réactions de quelqu'un qui s'amuse à se tenir à quelques centimètres du bord d'un toit et qui demande ce qui se passerait s'il tombait ? Bill ne pensait pas se tromper en parlant d'amis pour le Serpentard. Lui-même l'appréciait beaucoup, malgré une façon de réagir qu'il ne comprenait pas toujours, et il avait pu remarquer, au fil des mois, son rapprochement avec Lucy. Il les avait vus de plus en plus souvent ensemble et il était sûr que ce devait être une amie. Il ignorait évidemment tout de leur précédente altercation et espérait avoir, si ce n'est dit les mots justes, du moins engagé la conversation. Tant qu'Emilien discutait,il ne risquerait pas de faire une action inconsidérée.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyJeu 5 Juil - 12:23:38

Emilien remarqua avec un certain plaisir que Bill hésitait. Le Poufsouffle ne semblait pas savoir s’il devait s’approcher, lui demander de s’éloigner du bord, ou quoi que ce soit … Quant à savoir pourquoi il trouvait cela amusant, c’était difficile à dire. Peut-être parce qu’ainsi, il avait l’impression de tout contrôler. La situation était entièrement dans ses mains, c’était lui qui décidait. S’il avait envie de sauter, il sautait. S’il n’en avait pas envie, il ne le faisait pas. C’était une sensation qu’il n’avait malheureusement pas souvent l’occasion d’éprouver. Chez lui, c’était ses parents qui décidaient de tout. C’était eux qui organisaient ses vacances, sans lui demander son avis. Et quand bien même Emilien opposait son avis, on ne le prenait pas en compte. Il ne voulait pas aller en Italie ? Et alors ? Ce n’était pas à lui de choisir, qu’on lui disait. La dernière fois qu’il avait eu l’occasion de montrer que son avis comptait, c’était pour les vacances de Noël. Mais finalement, ce choix lui avait fait plus de mal que de bien. Il avait pensé contrôler la situation, mais pas du tout. Non seulement ces vacances avaient été une catastrophe, mais en plus, son père lui avait écrit qu’il serait parfaitement capable de venir le chercher à Poudlard.

Que pouvait-il bien se passer dans la petite tête de Bill ? C’était la question qu’Emilien se posait. Peut-être le Poufsouffle pensait-il réussir à le convaincre de revenir à l’intérieur, mais il était déterminé : il rentrerait lorsqu’il en aurait envie ! Que se passerait-il, s’il tombait ? Emilien y réfléchissait lui aussi. Bon, tout d’abord, il était quasiment sûr de mourir, c’était clair. Qui survivrait à une telle chute ? A part un chanceux ? Et le jeune Backhand n’avait pas de chance, donc on pouvait exclure tout idée de survie. Et ensuite ? Qu’en penseraient ses parents ? Il était persuadé qu’ils ne seraient pas si tristes que ça. Ils seraient en deuil quelques semaines, histoire d’être bien vus par les voisins. Oui, c’était très important, l’image qu’ils donnaient d’eux-mêmes dans le quartier, ce pourquoi Emilien n’apparaissait jamais dans la rue en compagnie de son père. Et puis, après un moment à faire semblant de pleurer, ils reprendraient une vie normale. Ils retourneraient à leurs occupations, peut-être même seraient-ils soulagés. Après tout, Emilien leur pourrissait la vie, ce petit sorcier qui ne se décidait pas à abandonner la magie lui aussi, et qui les obligeait à cacher la vérité à tout le monde.

Le Serpentard promena son regard sur le paysage. On avait vraiment une belle vue, d’ici. D’un côté, il voyait tout le château de Poudlard, ses tours extraordinairement hautes aux yeux d’Emilien, ses fenêtres derrière lesquelles on apercevait peu de mouvements, il était encore trop tôt pour que les élèves peuplent les couloirs … Et de l’autre, le parc. Une gigantesque étendue verte, arrêtée par une longue bande sombre, la forêt interdite. Pourquoi était-elle interdite, d’ailleurs ? Emilien s’était posé la question, il avait entendu des élèves en parler. D’après les rumeurs, il y aurait des monstres féroces et dangereux. Pour lui, ça restait à voir. Il n’y était jamais allé, il n’avait pas trouvé le temps. Les soirées passées hors de la salle commune, il avait préféré les consacrer à visiter l’intérieur du château, Poudlard et tous ses passages secrets, ses escaliers qui bougeaient, ses cachots labyrintesques. Le regard d’Emilien tomba sur le lac, que de souvenirs de côté-là … D’abord, c’était au bord du lac qu’il avait rencontré Bill et Lucy, par hasard il fallait bien l’avouer. Ensuite, il était non loin lorsqu’il avait aperçu son amie et Gatween. Enfin, c’était là qu’il s’était battu avec Porky, un énorme Poufsouffle de première année. Peut-être que Bill le connaissait ?

Il s’était enfin décidé à parler. Il risquerait de se faire mal ? Emilien se retint d’éclater de rire. Ah ça oui, il pouvait le dire ! Il n’avait pas déterminé de combien de mètres il tomberait, mais ça faisait beaucoup trop pour qu’il y survive. Le Serpentard adressa un petit sourire moqueur à Bill après cette remarque, ouais, il marquait un point là ! Puis le Poufsouffle continua. Ce serait dommage, vraiment ? Ce n’était pas sûr. Pour la communauté magique tout d’abord, puisque Bill avait commencé par là, Emilien ne voyait pas où était le problème. Il n’était pas un excellent sorcier, contrairement à ce qu’il venait de dire. Si le Serpentard savait lancer un Lumos correctement, comme il l’avait montré dans les cachots avec Mariana – le genre de spécimen qui ne devrait pas exister, entre nous – il ne savait pas faire grand chose d’autre. Le sortilège de lévitation, encore, mais à part ça … Enfin, Emilien n’en faisait pas toute une histoire. Il n’était pas très doué, et alors ? Ce n’était pas la fin du monde, il avait d’autres choses en tête de toute façon. Non, le seul problème qu’aurait la communauté magique, ce serait le fait qu’un élève serait mort à Poudlard. Là, Dumbledore pourrait probablement dire adieu à son poste de directeur. Emilien commença à marcher le long du bord du toit, tel un équilibriste, en faisant bien atttention où il posait ses pieds.

Bill ajoutait que certains élèves perdraient un excellent ami. Emilien eut une moue dubitative. Qui donc ? Lui, par exemple ? Pourquoi Bill le considèrerait-il comme un ami ? Ils ne se voyaient pas très souvent, et puis il avait beaucoup d’amis parmi les Poufsouffle, quel besoin aurait-il de connaître un Serpentard au caractère difficile comme Emilien ? Surtout qu’apparemment, Bill avait bien compris qu’il agaçait le Serpentard. Et s’il voulait parler de Lucy … Elle non plus, elle ne pouvait pas le considérer comme un ami. Pas après ce qu’il avait dit à la volière, pas après la façon dont il lui avait parlé. De toute façon, Emilien n’était pas un très bon ami, pour toutes les raisons qu’il avait évoquées à la volière. Il était un menteur, un égoïste … On pouvait dire que ça ne tenait qu’à lui d’y remédier. Plus facile à dire qu’à faire ! Et puis quel bon ami serait capable de parler comme ça à celle qu’il considérait comme sa meilleure amie ? Non, vraiment, Bill ne devait pas très bien le connaître pour dire ça. En même temps, c’était normal. Y avait-il vraiment des gens qui le connaissaient bien ? Même Camille, qui était comme une sœur pour lui, elle ne savait pas tout. Emilien observa un instant le Poufsouffle. Il ne souriait pas comme il le faisait d’habitude, il avait l’air bien sérieux … Sans arrêter de marcher, se reconcentrant sur ses pieds, Emilien répondit :


- Je ne crois pas que je fasse un très bon ami. Tu n’as qu’à demander à Lucy, tiens.

Et elle répondrait quoi ? La Serdaigle avait paru persuadée qu’il était quelqu’un de bien. De formidable, même, c’était ses mots. Preuve qu’elle ne savait pas grand chose de lui car, quelques instants avant ça, elle avait cité comme défauts de Stanislas, en ironisant bien sûr, bagarreur et mal élevé. Et Emilien l’était, mal élevé, enfin ça ce n’était pas de sa faute. Ses parents en avaient fait un sale gosse, c’était clair. Et bagarreur … Non seulement il y avait cet incident à l’école, mais en plus, récemment, il y avait la bagarre avec Porky au bord du lac. On en avait parlé dans l’école, Lucy avait dû avoir la preuve qu’il n’était pas si bien qu’elle le pensait. Emilien releva une fois de plus les yeux vers Bill. Dans sa tête, le Poufsouffle avait peur, peur qu’il décide tout à coup de sauter. Et ça transformait la situation en véritable jeu pour Emilien, il pouvait jouer encore longtemps à faire l’équilibriste au bord du toit …
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyDim 8 Juil - 10:59:34

[HJ : pardon pour le retard, j'ai plein de monde dans mon appart et j'ai du mal à tout gérer.[/i]

Bill observait Emilien. Il semblait plongé dans de lointaines pensées tandis que son regard se perdait dans le magnifique paysage qui s'offrait aux yeux de tous ceux qui s'aventuraient sur les toits de l'école. Bill suivit son regard ; lui aussi avait tant de souvenirs déjà accumulés... L'herbe verte du parc... il était capable de retrouver l'endroit exact au milieu du gazon où il avait rencontré Ashley, l'arbre sous lequel, un autre jour, elle lui avait offert un portrait de lui-même dessiné par elle avant que la neige s'abatte sur eux... La bande sombre que formaient les arbres de la forêt dont Bill avait bravé l'interdit, toujours en compagnie d'Ashley... Le bord du lac, où il avait rencontré Emilien et Lucy... Et, plus loin, les deux grands piliers encadrant la grande porte de l'école, qui donnait sur la route menant à Pré-au-lard... Que de souvenirs dans ce merveilleux village aussi... La curieuse rencontre avec Malicia, sa dispute stupide avec une Serpentard qui n'avait cherché que cela, le mettre hors de ses gonds...

Le rouquin reporta son regard bleu sur Emilien, tentant d'ignorer toute trace de peur dans son esprit. Mais que faisait-il ? Le garçon se mettait à jouer les équilibristes, marchant à l'extrême bord du toit.


*Là, il s'amuse, et surtout, il joue avec moi. S'il veut vraiment sauter, il n'a qu'à le faire tout de suite. Mais il n'a pas à jouer avec ça.*

Il faillit lui lancer à haute voix que, tant qu'à sauter, autant s'en débarrasser le plus vite possible. Mais il trouvait cela, bien que véridique, profondément méchant et il ne trouva pas la force de parler. De toute façon, le Serpentard venait de parler et Bill préféra l'écouter.

- Je ne crois pas que je fasse un très bon ami. Tu n’as qu’à demander à Lucy, tiens.

Aïe... Là, Bill s'était planté sur toute la ligne. Il y avait eu un problème entre Lucy et Emilien, le Poufsouffle ignorait lequel, mais il avait probablement choisi la chose à ne surtout pas dire pour justifier le fait que le garçon ne devait pas sauter.

Pourtant, Bill avait la curieuse impression qu'Emilien ne sauterait pas, du moins pas tout de suite et, s'il en avait eu l'idée, il se demandait s'il songeait vraiment à la mettre en pratique. Cette expédition sur les toits était probablement plutôt pour le Serpentard un moyen de remettre ses idées en ordre. Bill était parvenu à se rassurer avec ces pensées et cela lui permit de réfléchir plus aisément à la suite des événements. Il sentait qu'il commençait à grelotter sous son pull jaune qui somme toute, était assez fin, mais il résolut de ne pas quitter les lieux tant que le garçon ne serait pas retourné à l'intérieur.


*Mon pauvre Bill, tu sais très bien que s'il retourne à l'intérieur, ce ne sera surtout pas grâce à toi. Je ne crois pas qu'il ait la moindre intention de tenir compte de quoi que ce soit de ce que tu lui diras.*

Soit, Bill savait parfaitement que sa raison avait, évidemment, raison. Mais s'il ne pouvait convaincre le Serpentard de quoi que ce soit, au moins resterait-il présent tant que le garçon persisterait à faire le guignol au bord de ce toit. Et pour commencer, il allait lui répondre en lui montrant qu'il n'avait pas du tout l'intention de se laisser prendre à son jeu stupide. Il était une connaissance commune que les Poufsouffles étaient naïfs, Emilien avait l'intention de s'amuser avec ça, eh bien Bill allait lui démontrer à quel point il se trompait. Gentil, loyal, ce ne signifiait pas pour autant naïf.

"Tu sais, je ne parle pas beaucoup à Lucy. Je n'ai pas trop l'impression qu'elle ait envie de s'entendre avec moi. Donc je ne pourrai malheureusement pas lui demander ce qu'elle pense de ton amitié. Mais je peux te dire ce que moi j'en pense. Non, attends, attends, ne te fatigue pas à ouvrir la bouche pour dire que nous ne nous connaissons pas assez pour être amis, ou pour tenter que j'ai beaucoup d'amis et que tu es trop différent et insupportable pour moi. Je crois que, si quelqu'un a des leçons à recevoir sur l'amitié, c'est plutôt toi. Ce n'est pas parce que tu as de gros défauts, ce qui est vrai, que tu ne peux avoir des amis différents de toi. Ce n'est pas parce qu'on se connaît peu que je ne peux pas t'apprécier au-delà de ce que tu peux croire, et même si je suis loin de te connaître bien, j'ai compris certaines de te façons d'agir et je t'apprécie malgré elles et avec elles."

Bill avait gardé ce ton si calme et doux qu'il pouvait être tout aussi rassurant qu'inquiétant. Il n'était pas en colère, seulement une pointe de tristesse ressortait dans sa voix à l'idée que le Serpentard ne puisse comprendre Ces choses. Par ailleurs, il savait qu'Emilien n'avait encore jamais expérimenté ces moments où Bill se montrait aussi franc et locace, comme il l'avait encore la semaine précédente avec la capitaine des Serdaigle, mais il réalisait qu'il se fichait éperduement de ce qu'il pourrait en penser. Il avait dit ce qu'il croyait vraiment, et même s'il avait l'impression que le jeune garçon n'était pas le genre à se laisser prendre par les sentiments, ce n'était pas son but.

Bill vit qu'Emilien le regardait à nouveau, et il crut déceler une pointe d'amusement dans son regard. Cela confirma ce qu'il pensait : le serpent voulait jouer avec la peur du blaireau. Oui, le blaireau, malgré ses pensées de réassurance, avait peur, peur que le serpent ait une réaction irréfléchie, peur qu'il tombe par erreur, peur qu'il décide brusquement, sur un coup de tête, de sauter, mais il ne supportait pas l'idée que, probablement, il ne le ferait pas et qu'il s'amusait follement à le voir trembler à cette idée. Bill se doutait que, si le garçon jouait ainsi avec ses nerfs, c'était parce qu'il ressentait le besoin de de dégager d'un poids et que ce jeu débile l'y aidait, mais il considérait pour sa part que ce n'était pas la solution. Aussi reprit-il, toujours aussi calme.


"Si tu trouves amusant de fair le clown au bord de ce toit, tu sais très bien comme moi que ce n'est pas moi qui t'en empêcherai. Mais si tu trouves amusant de me faire peur en me laissant penser qu'à tout moment tu peux sauter ou tomber, là je crois que tu ne t'amuseras pas longtemps. Tu peux bien faire ce que tu veux, il me semble que c'est ta vie et que tu n'as pas tellement envie que qui que ce soit la contrôle, et surtout pas moi, le niais de Poufsouffle."

Il se souvenait de ce que le garçon leur avait dit au bord du lac, à Lucy et lui, sur ses parents qui se le disputaient et voulaient lui faire abandonner la magie. Ce jeu sur le toit n'était qu'un prétexte pour dire qu'il avait le contrôle de la situation. A vrai dire, Bill devait, pour le garçon, à la fois tomber à pic et être très dérangeant. Tomber à pic car il pouvait montrer ce contrôle de sa vie à quelqu'un, gênant car il le dérangeait dans son jeu avec lui-même.

"Ce qui est dommage, c'est que tu ne me fais pas peur. Donc, je pense que l'amusement sera pour toi de courte durée et que, quand tu auras froid, tu songeras à rentrer, tout simplement. Je vais juste rester là pour t'embêter un peu."

Il savait qu'il mentait, il savait qu'Emilien risquerait de ne pas être duppe, mais il fallait que le garçon ne croie pas tout maîtriser. Sa vie, il la maîtrisait, mais pas l'exprit des autres. Bill essaya simplement de se détendre en replongeant le regard dans la verdure du parc, tâchetée par-ci par-là de petits monticules blancs formés par les restes de neige et attendit la réaction du garçon.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyLun 23 Juil - 14:46:49

Emilien, s’il faisait mine d’hésiter et si l’idée lui avait traversé l’esprit, n’avait aucune envie de sauter. En réalité, il aimerait mieux dans très longtemps, dans son fauteuil comme un gentil petit vieux, avec pour dernière pensée une aimable insulte pour son abruti de père et une autre pour son idiote de mère, sans oublier une pour les deux minables de moldus qu’ils avaient chacun épousés. Et puis on ferait son enterrement en Angleterre, parce qu’il l’aurait écrit dans son testament. Dans celui-ci, il aurait clairement dit que tout revenait à Camille, car il n’avait pas envie que ses parents touchent le moindre centime de sa fortune à sa mort. Oui parce qu’il serait riche, c’était évident, il ne savait pas encore comment, mais il le serait. Rien que pour avoir le plaisir de ne rien donner à ses parents quand bien même ils crèveraient de faim. Et puis, aussi, s’il mourrait maintenant, il n’aurait jamais l’occasion de se venger de ses parents, pour toutes ces années pourries, et il n’aurait pas non plus l’occasion d’éclater la sale face de Gatween. Donc, on allait rester en vie, si possible.

Il prit soudain conscience que le moindre coup de vent pourrait le faire basculer dans le vide. Ou bien s’il glissait. Et le vide commença à lui faire peur, et, doucement, il ralentit, pour s’arrêter complètement. D’un autre côté, il y avait Bill, et il n’était pas question de tout abandonner comme ça. Emilien était têtu, même si dans certains moments ça n’arrangeait rien. Le Serpentard resta donc debout près du bord, et garda les yeux fixés sur la lisière de la forêt, afin de ne pas regarder en bas. Il avait l’intention de rester en vie aussi longtemps que possible … Et puis, il se passait quoi, quand on mourrait ? Est-ce que, comme le pensait sa belle-mère, on allait au paradis si on avait été gentil, et en enfer si on avait été méchant ? Est-ce que notre « âme » allait … quelque part ? Rejoindre celles des autres morts, par exemple ? L’idée qu’on pouvait tout simplement arrêter d’exister dérangeait un peu Emilien. D’un coup, comme ça, tout serait terminé, on ne penserait plus … On ne se rendrait même pas compte qu’on était mort. Mais il ne croyait pas non plus à la version de sa belle-mère … Bon, de toute façon, il avait encore le temps d’y réfléchir.

Bill lui répondit qu’il ne parlait pas vraiment à Lucy. Hmm, et alors ? Ah, oui, il lui avait répondu qu’il n’avait qu’à demander à Lucy. Tiens, c’était drôle comme leur relation avec la Serdaigle avait évolué différemment. Peut-être parce qu’Emilien était resté, lui, au bord du lac, ou bien simplement parce que leurs caractères étaient plus … compatibles ? Il en doutait un peu. Leurs conversations se terminaient rarement bien, leur petite dispute dans la volière en était un parfait exemple. Tout avait si bien commencé, et puis on avait abordé un sujet sensible, et voilà … Et Startouffe, pourquoi il ne s’entendait pas avec Lucy ? Il avait pourtant un caractère plutôt … comment dire … facile. Il était sociable et pas trop susceptible, alors il fallait vraiment le faire exprès pour ne pas s’entendre avec lui. Ça étonnait un peu Emilien, enfin peut-être que les deux élèves n’avaient simplement pas eu l’occasion de se revoir, et d’avoir d’autres discussions, comme lui et la Serdaigle … Oui, ce devait être ça. Autrement, Bill et Lucy seraient certainement amis, non ?

Le Poufsouffle était parti pour faire un long discours, apparemment. Ce que lui, il en pensait ? De son amitié ? Mais est-ce qu’on pouvait dire qu’ils étaient amis ? Bill avait bien anticipé la réaction d’Emilien car il ajouta que ce n’était pas la peine qu’il ouvre la bouche pour dire ça. Lui, des leçons à recevoir sur l’amitié ? Le Serpentard haussa les sourcils, dubitatif. Qu’est-ce qu’il en savait, Startouffe ? Il écouta assez distraitement la fin de sa petite tirade, d’ailleurs il avait détourné le regard avant la fin. De toute façon, il racontait un peu n’importe quoi. Quel besoin avait-il de parler autant ? Ah là là … Emilien scrutait l’horizon comme s’il espérait y voir quelque chose … Quoi ? Bah, n’importe quoi, en fait. Même un avion, pourquoi pas. Tiens, ça faisait drôlement longtemps qu’il n’avait pas pris l’avion. S’il retournait en Italie, pour les vacances de février, ça lui ferait assez bizarre de monter dans un appareil dans le genre. Emilien avait horreur du décollage, ainsi que de l’aterrissage, d’ailleurs. Ça lui faisait toujours aussi mal aux oreilles, et puis l’idée qu’en sortant, il allait retrouver l’un de ses parents, ça ne lui faisait jamais très plaisir … Qu’il aterrisse en Italie ou en Angleterre. C’était la même chose.

Startouffe s’était arrêté un instant, peut-être qu’il attendait une réponse d’Emilien. Ce dernier n’avait pas l’intention de lui en donner une, de toute façon pour ce qu’il avait écouté de ses paroles, hein … Puis le Poufsouffle recommença. Faire le clown ? Tsss ! Si Bill n’était pas là pour l’en empêcher, il était là pour quoi, hein ? S’il n’avait pas peur qu’il tombe, pourquoi n’était-il pas retourné à l’intérieur ? Parce qu’il voulait l’embêter ? Mais qu’il se regarde, le pauvre, dans son petit pull jaune ! C’était lui, qui allait avoir froid, pas Emilien ! Le Serpentard avait tout prévu, et avait non seulement un manteau, mais aussi une écharpe. Ah, pauvre petit Startouffe … S’il croyait qu’Emilien allait gober ses mensonges, il se fourrait le doigt dans l’œil … Heureusement pour lui, d’un côté, il avait raison : le Serpentard ne voulait pas sauter. D’ailleurs, il venait de s’asseoir, les pieds dans le vide tout de même. Bill lui fit presque pitié, lorsqu’il se retourna à moitié pour le regarder. Il ne savait pas mentir, c’était fou ça.


- Tu veux pas me faire avaler ça, j’espère ? Personne serait assez fou pour rester là, en pull, à trembler de froid, juste pour m’embêter.

Au fond, Emilien ne lui en voulait pas, d’ailleurs ça s’entendait. Enfin, peut-être que Startouffe était aussi têtu que lui, et que malgré ça, il voudrait rester. Il allait attraper la crève, si c’était comme ça. Ce pourquoi Emilien, dans un élan de grande bonté comme il n’en arrivait pas souvent, enleva son écharpe aux couleurs de Serpentard et la tendit au Poufsouffle.

- M’enfin si tu veux vraiment rester, prend au moins ça.

Ça s’appelait une bonne action. Sa belle-mère disait que plus en il en ferait, plus il aurait de chances d’aller au paradis. Ça le faisait bien rire, tellement ça lui paraissait ridicule. De toute façon, il ne croyait pas au paradis. Et même, il ne ferait jamais assez de bonnes actions pour rattraper toutes les mauvaises. A moins que celle-ci n’en vaille cent autres. Quand il serait devant Dieu, s’il existait, ce dont il doutait fort, il lui rappelerait qu’il avait empêché Bibill de mourir de froid. Et comme le Poufsouffle, lui, avait fait plein de bonnes actions, eh bien ça le sauverait. Car si Emilien ne lui avait pas donné son écharpe, Startouffe serait mort congelé, et il n’aurait jamais pu faire toutes ces géniales B-A. Le Serpentard hésita à expliquer tout ça à Bill, mais finalement il se contenta de faire un petit sourire en coin.

- Sinon, quoi de neuf depuis la dernière fois ? Ta mère va bien ?
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyMer 25 Juil - 8:21:45

Emilien s'était arrêté de marcher au bord du toit et, bien qu'il ne s'en éloignât pas, Bill avait remarqué son hésitation et il s'en sentit à peu près totalement rassuré. Si le Serpentard cessait de faire le malin au bord de ce toit, c'était qu'il réalisait la hauteur à laquelle il se trouvait et la distance qui le séparait du sol. Bill se prit à se demander ce que l'on devait ressentir, si l'on sautait ou si l'on tombait, entre le moment où ses pieds quittaient le bord du toit et le moment où l'on s'écrasait lourdement sur le sol. Ce devait être impressionnant. Le rouquin avait déjà entendu dire que l'on revoyait toute sa vie dans ses moments-là, et il se demandait ce qu'il pourrait bien visionner, lui, dans sa tête. A quoi se résumait sa vie au fond ? A sourire, à aimer, à partager de bons moments avec sa soeur et, plus récemment, avec ses nouveaux amis ? Bill ne regrettait rien de cette vie, bien au contraire, mais il se demandait bien quelle image pouvait ressortir du lot. Il n'y en aurait probablement pas assez pour couvrir tout le temps d'une éventuelle chute et sans pouvoir se l'expliquer, cette pensée le fit frissonner, à moins que ce ne soit le petit vent glacial qui s'infiltrait peu à peu à travers les mailles de son pull...

Le jeune écossais s'ébroua mentalement : c'était idiot de penser à ce genre de choses, d'abord parce que le suicide était peut-être la seule idée au monde qu'il rejetât totalement, et surtout parce que pour le moment, le problème n'était pas de savoir ce qu'il avait fait de sa vie. Le garçon avait bien remarqué qu'Emilien n'avait pas vraiment écouté ses paroles, mais il ne lui en voulait pas. De toute façon, à part ses amis, il était rare que les gens daignent l'écouter, surtout lorsqu'il se mettait à parler beaucoup. A part ses amis ? Mais ne venait-il pas de faire une démonstration par A plus B à Emilien pour lui expliquer qu'il pouvait le considérer comme un ami ? Bill ne savait plus trop quoi penser. Si même sa conscience se mettait à le faire douter de ses propres paroles, ça n'allait pas. Bill soupira légèrement en voyant Emilien détourner le regard tandis qu'il lui parlait, mais il ne fit aucune remarque. Au fond, ses paroles avaient-elles réellement un intérêt ? Le jeune Serpentard en venait même à le faire douter de ça. Il venait de s'asseoir, les jambes dans le vide et, même s'il pouvait se faire glisser facilement d'un moment à l'autre, Bill trouvait cette position bien moins dangereuse.
Il semblait tout de même qu'Emilien avait écouté sa dernière phrase, car il lui répondit en se retournant :


- Tu veux pas me faire avaler ça, j’espère ? Personne serait assez fou pour rester là, en pull, à trembler de froid, juste pour m’embêter.

Bill rit doucement. Il s'attendait à ce genre de réponse et il sourit à son vis-à-vis.

"C'est vrai que t'embêter n'a pas grand intérêt de toute façon, puisque tu t'en fiches."

Il rit à nouveau, un éclat de malice dans ses grands yeux bleus. Il sentait qu'au fond Emilien ne lui en voulait pas trop d'avoir dit un peu n'importe quoi et il songeait que finalement, ce n'importe quoi n'avait pas été inutile puisqu'Emilien lui parlait à nouveau sur un ton plus dégagé.

"En fait, je reste simplement parce que, quoi que tu puisses en penser, ça m'embête de te laisser seul sur ce toit à ruminer je ne sais quelles idées désagréables."

C'est alors qu'il vit Emilien enlever son écharpe et la lui tendre. Bill ne s'attendait pas à une telle réaction. Etait-ce une invitation à ce qu'il reste ? Etait-ce simplement un geste nécessaire au soulagement de sa conscience, pour éviter de se sentir responsable si Bill tombait malade ? Mais pour l'esprit naïf de Bill, cette deuxième solution était à peu près impossible à envisager. Non, le garçon agissait ainsi par pure gentillesse et Bill lui adressa un grand sourire de reconnaissance tout en enroulant l'écharpe autour de son cou. Puis, avec précaution, il s'approcha du bord du toit et lentement, il s'assit à côté d'Emilien, laissant ses jambes pendre dans le vide, très haut au-dessus du parc. Assis ainsi, le sentiment que l'on était si éloigné du sol se faisait encore plus sentir. Certes, il n'y avait plus ce vertige lié à la position debout, mais le fait que ses pieds ne touchent plus quelque chose de ferme donnait un curieux sentiment, et Bill songea que, malgré lui, Emilien venait, en ce matin glacé, de lui faire découvrir cette sensation et la beauté de ce paysage en contre-plongée. C'est alors que le Serpentard lui sourit et se mit à amorcer une conversation banale, comme s'ils venaient de se croiser au beau milieu d'un couloir ou en se baladant dans le parc, comme si rien ne s'était passé auparavant. Ce prenant au jeu, Bill lui sourit en retour et répondit.

"Oh, pas grand-chose de neuf à vrai dire. La routine, mais pas une routine désagréable en fait."

Sa mère ? A vrai dire, le souvenir de cette lettre envoyée un jour par son père lui paraissait si lointain et irréel qu'il se demandait même si cela avait existé. Pourtant, le renouveau que cela avait suscité dans sa famille, lui, était bien là et Bill savait très bien que c'était de cette histoire stupide que tout était parti. Certes, il avait recroisé Emilien au bal depuis et lui avait glissé que les choses allaient mieux, mais il s'était senti ridicule ce jour-là et il aurait préféré lui annoncer ces choses autrement.

"Eh bien depuis, tu sais, depuis que l'histoire avec son père s'est arrangée, ma mère va très bien et ma famille, en général, s'est rapprochée. Pour l'instant, les rapports entre mes parents et mon grand-père sont encore très difficiles, mais mon grand-père m'a invité durant les vacances de Noël et nous correspondons par hibou depuis. Tu n'imagines pas le changement que ça peut faire par rapport à toutes ces années où je ne savais même pas qui il était."

Bill évitait soigneusement de reparler de cette soirée dans les toilettes, un des moments les plus honteux de sa vie à son goût. Certes, sur le moment, cela lui avait paru on ne peut plus normal, et c'était à peine s'il avait réalisé qu'Emilien avait dû le trouver complètement idiot et irréfléchi. Mais dès le lendemain, alors qu'il avait parlé avec Ashley dans le parc, tout lui avait paru tellement plus évident qu'il n'avait même plus réussi à comprendre pourquoi cette lettre l'avait tant impressionné. Il avait alors réalisé que le danger n'était pas si important, que les choses pouvaient se régler simplement et c'était ce qui s'était passé.

"Et toi, qu'as-tu fait de tes vacances de Noël ?"

Bill espérait de tout son coeur ne pas avoir fait de nouvellle gaffe. Il ignorait si le garçon était resté à Poudlard ou était retourné chez sa famille mais il se doutait que dans le second cas, ce n'était pas certain que les choses se soient bien passées.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyMar 7 Aoû - 9:26:28

C'était tout de même une drôle de situation, c'est le moins qu'on puisse dire. Deux première année, assis au bord du toit, les pieds dans le vide, et discutant comme si de rien n'était. Bon, Emilien n'avait pas les deux pieds dans le vide, seulement un. L'autre était ramené plus près de lui, appuyé contre la gouttière qui longeait le bord. Mais ça ne changeait pas grand chose. Quiconque passerait en bas à ce moment précis se demanderait ce qu'ils faisaient là haut, si ce n'était pas un suicide collectif ou quelque chose dans le genre. Emilien se fichait bien de ce que pensaient les gens, il avait appris à penser que, de toute façon, son avis comptait cent fois plus que celui des autres. Parfois, ça lui était bien utile, ça lui permettait de ne pas prendre trop à coeur les moqueries et les remarques déplaisantes, mais à d'autres moments, ça l'était moins ... Il aurait fallu un juste milieu, en fait, mais avec lui c'était tout ou rien. Tant pis, il n'avait pas l'intention de changer de caractère juste pour faire plaisir aux autres. Même à Lucy ? Pas sûr ...

Bill avait donc choisi de jouer le jeu, il s'était assis à côté d'Emilien et répondait tranquillement à sa question. Tiens, ça faisait bizarre de voir un élève avec un pull jaune de Poufsouffle, et une écharpe verte de Serpentard. D'autant plus que les serpents étaient réputés pour mépriser profondément les blaireaux. Mais entre ce qu'on disait, et la réalité, il y avait un grand pas. Pour certaines personnes néanmoins, c'était vrai. Il n'y avait qu'à écouter l'intonation que prenait leur voix, lorsqu'ils prononçaient le mot "Poufsouffle" ou "blaireau" ... Un mélange de dégoût, de moquerie, de mépris ... Emilien était sans doute le seul Serpentard capable de s'asseoir à côté d'un Poufsouffle et de converser calmement, comme si de rien n'était. Et pourquoi ça ? Parce que les autres étaient trop bêtes pour imaginer même qu'ils pourraient avoir le moindre intérêt à parler avec un Poufsouffle. A moins que ce ne soit pour se moquer de lui. Mais Bill n'était pas non plus n'importe quel Poufsouffle, c'était Startouffe, le seul et l'unique, trop gentil pour être vrai, un peu naïf peut-être mais ça allait avec la gentillesse, de toute façon.

Emilien avait engagé la conversation avec le sujet de la mère de Bill. Il se rappelait sans mal le jour où il avait trouvé le Poufsouffle en train de pleurer dans les toilettes des garçons. Bill aurait très bien pu ne rien lui dire, l'envoyer promener, inventer une excuse, mais non. Il lui avait tout raconté, tout simplement, et lui avait même fait lire une lettre assez personnelle. Pourquoi ? Bonne question. Il lui avait fait confiance, voilà tout. D'ailleurs, Emilien n'en avait jamais parlé à personne, à qui serait-il allé raconter ça, de toute façon ? Ce n'était pas son genre d'en profiter pour se moquer de lui. Bill lui répondit que sa mère, ainsi que sa famille, allait beaucoup mieux depuis que le Poufsouffle avait écrit à son grand-père. Celui-ci avait même cherché à faire sa connaissance. Ah, oui, maintenant il s'en souvenait, Bill le lui avait expliqué rapidement au bal de Noël, mais Emilien n'y avait pas prêté une grande attention. Finalement, toute cette histoire, ce n'était pas grand chose, mais Bill s'était mis dans un état pas possible. Bah, quand on est gentil et aimable, on peut bien se permettre d'être un peu émotif.


- Oui, ça doit être bien d'avoir un grand-parent qu'on connait. Mon grand-père est mort quand mon père était encore enfant, alors bon ...

Il avait répondu ça sur un ton léger, il ne voulait pas être le pauvre petit garçon dont l'histoire est si triste, ce n'était pas drôle. Et puis, comme il n'avait jamais connu son grand-père, ce n'était pas très grave s'il était mort. Le seul problème, c'était que maintenant, son père avait une phobie du Quidditch, jamais il ne laisserait Emilien monter sur un balai. Bon, c'était déjà fait, mais ... Et quant à ses grands parents maternels, eh bien c'était des moldus qu'il n'avait jamais rencontrés. De toute façon, sa mère ne voulait pas qu'il les voie. Et ses grands parents ne voulaient pas le voir non plus, puisqu'il était sorcier. C'était peut-être à cause d'eux, que la mère d'Emilien avait décidé d'abandonner la magie. Ou peut-être pas. Le Serpentard n'avait pas envie de le savoir, en fin de compte. Pour lui, sa mère n'avait aucune excuse.

Bill lui demanda ce qu'il avait fait de ses vacances de Noël. Eh bien ... Ses vacances avaient été ... catastrophiques. D'abord la dispute avec Lucy, puis la bagarre avec Porky, et enfin l'isolement. Sans parler de ses cadeaux pourris mais ça, c'était prévu. Le seul cadeau qui lui avait fait plaisir, c'était celui de son amie ... Enfin, s'il pouvait encore la considérer comme telle. Est-ce qu'on peut rester ami avec quelqu'un qui vous a hurlé dessus que vous étiez stupide de sortir avec un mec débile et sans intérêt ? Bon il n'avait pas exactement dit ça, mais dans le fond la signification était la même. Emilien n'avait pas essayé d'adresser à nouveau la parole à la Serdaigle. Dans les couloirs, il l'évitait. En cours, il s'asseyait le plus loin possible d'elle, et ne la regardait même pas. De son côté, Lucy ne semblait pas non plus faire le moindre effort pour capter son attention. C'était donc peut-être bien terminé, mais il n'avait aucun moyen d'en être sûr. Et pour le moment, il ne se sentait pas prêt à aller la voir. Il lui fallait encore un peu de temps, pour envisager une réponse négative.


- Je suis resté à Poudlard, mais ça s'est pas super bien passé ..., répondit Emilien sur un ton hésitant.

Pouvait-il tout raconter à Bill ? Après tout, le Poufsouffle n'avait pas hésité très longtemps à lui parler du problème avec sa mère. A l'époque, ils se connaissaient encore moins, et pourtant il lui avait fait confiance. Alors maintenant, Emilien pouvait considérer Bill comme un ami, non ? Le Serpentard n'avait pas pour habitude de se confier, même à Camille, il ne disait pas tout. Mais ... Oh et puis à force de réfléchir, il allait avoir mal à la tête ! C'était oui, ou c'est non, zut à la fin ! Oh oh, vilain mot. Après trente secondes de silence, il se décida à se lancer :


- Je me suis disputé avec Lucy, au début des vacances. A propos du mec avec qui elle sort, un idiot de Serpentard, en première année ... C'était stupide, après tout, ça me regarde pas vraiment, non ? Enfin, je sais pas ... Il a vraiment aucun intérêt, en plus. C'est juste que ça me parait ... comment dire ... insupportable. Peut-être parce que c'est ma meilleure amie, j'en sais rien ...

Déjà, ça, c'était fait. Emilien admettait que cette dispute était idiote, mais l'admettre devant Bill était une chose, le faire devant Lucy en était une autre. Le Serpentard était un peu lâche et, pour le moment, préférait éviter une nouvelle discussion avec la Serdaigle. Il savait bien qu'il avait eu tort, après tout, mais ... Enfin, il avait quand même raison, d'un autre côté ! Bien sûr que si, c'était stupide, que Lucy sorte avec un mec qu'elle connaissait à peine ! En plus, ce n'était pas même pas un mec intéressant, il n'avait aucun humour, pas de caractère, il n'était pas spécialement beau, et il avait l'air complètement idiot ! Alors ? Ce n'était pas des bonnes raisons, ça ? Mais si ! Comment ça, Lucy savait ce qu'elle faisait ? Mais justement, non ! Et quand elle se rendrait compte qu'elle avait fait une erreur, Emilien ne serait même pas là pour la consoler. Quoique ... Si, il aimerait mieux être là malgré tout. Ce n'était pas une dispute bête qui allait tout changer, si ? Il n'y avait pas cinquante moyens de s'en assurer. Mais pas maintenant. Plus tard.

- Et puis, juste après, je me suis battu avec un première année ... Tiens, il est à Poufsouffle, tu le connais peut-être. Euh ... je sais même pas comment il s'appelle ... Il est ... enfin, il est un peu gros. Je regrette vraiment, j'étais en colère et faut dire qu'il m'avait bien cherché ... Normalement, je réagis pas comme ça, c'est pas la première fois que ça m'arrive, mais ... je déteste ça.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyMar 14 Aoû - 14:36:52

Assis tout là-haut, au bord de ce toit, Bill avait petit à petit le sentiment qu'il était à nouveau à sa place, un sentiment qui l'avait quitté pour un long moment lorsqu'il avait débarqué sur ce toit, à côté d'un Emilien qui jouait au funambule. Sa place était là où tout était tranquille, là où on fait des trucs un peu fous, mais simplement pour s'amuser ; là où on parle calmement, là où on essaie de se comprendre... Certes il sentait bien que la conversation, si elle avait pris un tournant plus anodin, risquait d'être encore grave ou extrêmement gênante si Emilien ne souhaitait pas lui parler et qu'il se retrouvait en somme face à un mur, mais il était dans un univers qu'il connaissait bien, celui où l'on s'écoute. Si le rouquin était naïf sur beaucoup de choses, il ne l'était pas quant à ce qu'il se passait en dehors de l'école, dans le "monde des grands" comme disaient pas mal des élèves de son âge. Il savait qu'au dehors, surtout en ces temps où le ciel devenait sombre, l'écoute et la compréhension ne réglait hélas pas toujours tout. Pourtant, il restait convaincu que, partout où l'on pouvait appliquer ces principes, ils étaient la meilleure solution pour régler les problèmes.

Assis à côté d'Emilien, donc, il se sentait enfin à l'aise. De plus, l'écharpe que lui avait prêtée le garçon lui tenait enfin à peu près chaud et il ne tremblait plus comme une feuille au moindre souffle de vent.

Emilien venait d'évoquer son grand-père, et Bill sentit que le Serpentard n'avait pas grande envie d'approfondir le sujet. Après tout, c'était compréhensible. Il n'avait donc jamais connu ce grand-père-là et, quant aux autres, peut-être ne les connaissait-il pas beaucoup ou ne s'entendaient-ils pas...

Bill avait appréhendé la réponse à sa question et, lorsqu'Emilien ouvrit la bouche, il sentit immédiatement qu'il hésitait. Probablement que les vacances du serpentard n'avaient pas été aussi glorieuses que les siennes. Quand le garçon lui annonça que ce ne s'était pas très bien passé, Bill hésita. Un petit "Ah ?" interrogatif aurait été une invitation à poursuivre qui peut-^rtyre n'était pas la bienvenue. Mais le silence était parfois perçu comme de l'indifférence et Bill considérait le garçon avec tout sauf de l'indifférence. Il se demandait d'ailleurs si quelqu'un pouvait être indifférent à Emilien. Il lui semblait qu'il devait être le genre de garçon que l'on pouvait aimer ou détester, mais qui ne pouvait laisser personne indifférent.

Tandis qu'il se faisait ces réflexions, il réalisa qu'Emilien semblait songeur. Probablement se remémorait-il lesdites vacances avec amertume en songeant qu'il n'allait très certainement pas les raconter à Bill, un Poufouuffle qui était capable de se mettre à pleurer sans même avoir réfléchi à la gravité d'une situation. Oui, si Bill avait une certitude, c'était Bien qu'Emilien serait probablement la dernière personne au monde à lui confier quelque chose. Pourtant, quelque chose en l'écossais lui disait qu'Emilien savait qu'il pourrait lui faire confiance s'il le souhaitait et cette pensée l'attrista légèrement. Sa conversation avec Liliana l'avait quelque peu ébranlé la semaine précédente. Il n'avait pas pris conscience de l'ampleur du fossé creusé entre les Serpentards et les Poufsouffle, presque aussi grand, même si ce n'était pas pour mes mêmes raisons, que celui qui séparait les serpents et les lions en rouge et or. Bill ne voulait pas croire qu'Emilien avait en tête les mêmes clichés et les mêmes moqueries concernant les Poufsouffles que la plupart de ses camarades, mais de là à lui parler de quelque chose qui, visiblement, l'avait profondément perturbé, il y avait plus qu'un pas.

Aussi fut-il surpris d'entendre le garçon, subitement, se mettre à lui parler plus qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent, lui parler de sa meilleure amie,d'une histoire de coeur, de toutes ces choses dont seuls les Poufsouffles lui parlaient habituellement.

Le rouquin ne put retenir un petit sourire doux, dénué de moquerie, mais amusé, lorsqu'Emilien se justifia en expliquant que le copain de Lucy n'avait simplement aucun intérêt. Il supposait quant à lui que les griefs d'Emilien étaient probablement bien plus importants que cela à l'égarddu fameux type. Bill n'était pas au courant que Lucy sortait avec quelqu'un, de toute façon il n'était jamais au courant de rien dans ce domaine, ou alors deux mois après tout le monde. Il n'éaimait pas trop les potins et puis, probablement que celui-là ne s'était pas trop répandu. Mais il avait le sentiment que, au-delà du noble sentiment de vouloir protéger sa meilleure amie d'un abruti, il devait y avoir en Emilien une pointe de jalousie. Mais Bill se contenta de son sourire et ne fit aucune remarque. Tenter des paroles réconfortantes ? Il n'y en avait pas tellement, ou alors elles seraien perçues comme stupides. Quant à faire un petit brin de morale, ça allait avec les filles de Poufsouffle, mais le garçon n'était pas duppe au point de tenter cela avec Emilien.
De toute façon le garçon semblait décidé à vider son sac jusqu'au bout et Bill préféra continuer de l'écouter.

Un moment, il chercha dans son esprit qui pouvait être le garçno de Poufsouffle un peu gros, et puis cela lui revint. Il n'était pas un de ses amis, mais seulement parce qu'ils n'avaient jamais pris le temps de se connaître. Il était vraissemblablement le genre de garçon que le Choixpeau n'avait pas eu d'autre choix que d'affecter à Poufsouffle. Dans n'importe quelle des maisons, même chez les si réfléchis Serdaigles, il aurait été la cible de tous les colibets. A Poufsouffle au moins, les autres étaient sympathiques avec lui. Mais dès qu'il sortait de la salle commune, il était affublé par les autres élèves de tous les noms mes plus cruels qu'un adolescent est capable d'inventer et c'était dans ces rares moments que Bill se sentait capable de jeter un sort violent, même s'il n'en connaissait aucun.


"Ouais, je vois qui c'est..."

Bill baissa les yeux, il était un peu ennuyé, il ne savait plus trop ce qu'il fallait dire. Emilien semblait vraiment embêté par le conportement qu'il avait eu avec le garçon en question.

"Tu... Je veux dire... C'était vraiment lui qui t'a énervé au point de réagir comme ça ?"

Bill se demandait si sa question pourrait servir à quelque chose mais, puisqu'Emilien semblait décidé à parler, mieux valait peut-être le pousser à continuer.

"Je veux dire, est-ce que l'histoire de Lucy ne t'avait pas déjà mis pas mal sur les nerfs ? Qu'est-ce que tu lui reproches, au juste, au gars avec qui Lucy sort ? Tu le connais bien ?"

Bill était rarement celui qui posait des questions, surtout dans ce genre de circonstances et il se demandait s'il avait raison de le faire. Il songeait à Ashley, qu'il pouvait considérer comme sa petite amie à présent. Tout était si simple... Elle était adorable, ils avaient beaucoup en commun, ils s'entendaient comme les deux doigts de la main... Etait-il capable de comprendre ce qui pouvait attirer Lucy, l'amie d'Emilien, vers un garçon que ce dernier trouvait, quant à lui, détestable ? Bill croisa ses jambes pour se donner une contenance et il releva son regard vers celui d'Emilien.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyMer 15 Aoû - 12:15:57

[Comme d'habitude, je commence ma réponse, et si je n'ai pas le temps de la finir je la poste incomplète et je l'éditerai plus tard ... parce que je peux rien enregistrer sur cet ordi, ou presque ><]

Mais qu'est-ce qu'il faisait, là ? Qu'était-il en train de faire ? Il racontait quelque chose de plus que personnel à ... à un garçon qu'il ne connaissait pas si bien que ça, en vérité. Il l'avait rencontré par hasard au bord du lac, alors que sa lettre lui échappait, et puis ils avaient discuté un peu. Et après ? Il était arrivé dans les toilettes des garçons alors que le Poufsouffle était en train de pleurer. Déjà, alors qu'ils se connaissaient à peine, Bill lui avait fait confiance ... C'était sans doute pour ça. En fait, bien sûr que si, il le connaissait. Plus qu'il ne le croyait. Il savait qu'il était à Poufsouffle - bon, tout le monde pouvait le savoir - qu'il était un peu naïf, mais très gentil, du genre à penser que tout le monde avait du bon en soi. Il venait de la campagne, sa famille maternelle était soi-disant une famille de sang-pur. Son grand-père avait enlevée sa mère pour l'obliger à se remarier, parce que le père de Bill était un moldu. Oui en réalité Emilien en savait beaucoup sur le Poufsouffle. Mais de là à le considérer comme un ami ? Le Serpentard ne savait pas trop ce qu'il pouvait considérer comme un ami, en fait. Quelqu'un sur qui on peut compter ? Qui nous écoute ? Qui est toujours prêt à nous aider ? Dans ce cas ...

Si Emilien racontait tout ça à Bill, c'était peut-être parce qu'il sentait que le garçon ne le jugerait pas. Il essaierait de le comprendre, sans doute, lui poserait quelques questions, peut-être, lui dirait ce qu'il pensait, à la limite. Mais jamais après ça, il ne lui dirait "C'est mal" ou à la façon de son père "Tu es un mauvais garçon". Il ne s'éloignerait pas brusquement de lui, considérant soudainement qu'il valait mieux ne pas l'approcher. C'était de ça, qu'il avait peur, au moment de parler aux autres. Même avec Camille. Même avec Lucy. A cette dernière, jamais il n'aurait raconté aussi facilement qu'il s'était battu avec un Poufsouffle. Maintenant, penser à se confier à la Serdaigle lui paraissait ridicule, étant donné qu'ils ne se parlaient plus. Mais même avant. Bill était différent, voilà tout. Peut-être y avait-il beaucoup d'autres personnes comme lui dans le monde, mais Emilien en doutait. Il y croyait fermement. Il restait à voir si ce qu'il avait cru se révèlerait juste, ou bien s'il s'était fait des illusions sur le Poufsouffle.

Au début, Emilien parlait, et Bill ne répondait rien. Que répondre, d'ailleurs ? Il ne connaissait pas bien Lucy, d'après ses propres dires, alors ... De toute façon il valait peut-être mieux laisser le Serpentard terminer, non ? Enfin, Emilien entendit la voix du Poufsouffle. Oui, il voyait qui était Porky, de son vrai nom ... eh bien il ne le connaissait pas. Il en avait d'ailleurs un peu honte, ça prouvait que son acte était vraiment idiot, mais il n'avait aucune envie de se renseigner à son sujet. De toute façon le mal était fait. Bill ne semblait pas trop savoir quoi répondre ensuite, évidemment, c'était un sujet qui donnait lieu à de nombreuses hésitations ... Il ne pouvait pas se contenter de lui répondre "C'est pas grave, on s'en fiche". Ce n'était pas le genre de Bill. Au moins le Poufsouffle ne le considérait-il pas avec mépris juste parce qu'il avait frappé un autre élève, qui plus est de sa maison. Bill savait bien qu'Emilien ne détestait pas quelqu'un simplement à cause de sa maison, puisqu'il lui parlait en ce moment-même. Sa question le fit réfléchir un peu.

Est-ce qu'il avait frappé Porky juste parce qu'il l'énervait ? Non, probablement pas. La dispute avec Lucy l'avait déjà mis sur les nerfs, mais il fallait dire que le Poufsouffle l'avait cherché. Emilien n'avait pas caché qu'il était en colère, et l'autre avait pourtant continué à lui parler comme si de rien n'était, à se moquer de lui, et à lui poser des questions comme "Tu te hais ?". Mais même, frapper quelqu'un n'était-il pas un acte méprisable ? Emilien n'avait aucune bonne raison à avancer pour justifier son comportement. Il n'avait personne à défendre, aucune grande idée pour laquelle se battre, il n'était pas question de justice ni de sens de l'honneur. C'était juste ... de la colère. De l'impulsivité. Un peu de haine envers ce gros tas qui venait le déranger alors tout lui semblait si mal aller. Est-ce que ça justifiait qu'il l'ait frappé comme il l'avait fait ? Non, bien sûr que non. Bill marquait un point : sans la dispute avec Lucy, Emilien n'aurait peut-être pas réagi comme ça. Evidemment, puisqu'il n'aurait pas été si énervé, et que l'autre n'aurait donc pas eu de raison de se moquer de lui. Alors, les deux étaient en tort. Même si ...


- C'est sûr, j'étais vraiment en colère, mais ... il l'a quand même bien cherché ... bon je sais j'aurais pas dû ... c'est vraiment ... pas quelque chose à faire. Je le sais bien, en plus. C'est pas la première fois.

Chose qu'il n'aurait jamais dit à personne d'autre. Même Camille, sa chère cousine, sa petite soeur de coeur, elle n'en savait strictement rien. Ainsi elle ne comprenait pas trop pourquoi le père d'Emilien s'était brusquement autant éloigné de son fils, et avait attribué cela à la magie, comme toujours ...

Ce qu'il lui reprochait, à Gatween ? Eh bien ... Il n'était pas spécialement sympathique, n'avait ni grand intérêt ni beaucoup d'humour, parlait en compliquant inutilement ses phrases de tournures prétentieuses, et ... Bon, il le savait bien, que ce n'était pas des raisons valables pour se disputer avec Lucy à son propos. En plus, son amie ne lui avait jamais demandé de l'aimer, mais ... Enfin, cette histoire était stupide ! Ils se connaissaient depuis à peine une heure et déjà, ils sortaient ensemble ? Lucy ne savait rien sur lui ! C'était ridicule ! Complètement idiot ! Non ? Emilien ne savait pas si ça aurait été différent si ça n'avait pas été Gatween. Peut-être que oui, peut-être que non. Il aurait sans doute trouvé d'autres raisons pour le détester. Le problème était du côté de Lucy, assurément, bien que Stanislas lui soit profondément antipathique. Bill avait mis le doigt sur un point sensible : non, il ne pouvait même pas dire qu'il le connaissait bien, puisqu'il n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec lui ... Il l'avait juste vu et entrevu dans le dortoir, l'avait entendu parler évidemment, lui avait peut-être déjà demandé s'il n'avait pas vu son livre de Métamorphose, mais sans plus. Ah si, il avait essayé d'entrer dans son compartiment, dans le Poudlard Express, et s'était aimablement fait jeter.


- C'est idiot, non ? J'crois que je lui ai jamais vraiment parlé ... J'me demande même si je l'aurais autant détesté s'il n'était pas sorti avec Lucy ...

Dit comme ça, ça paraissait tellement évident. Mais jusque là Emilien n'avait pas voulu se rendre à l'évidence, pour lui c'était simple, c'était juste que ... Lucy devait se rendre compte que c'était idiot. Il fallait bien que quelqu'un le lui dise, non ? Non, elle faisait ce qu'elle voulait ! C'était elle, et uniquement elle, que ça regardait.

- C'est ... ça parait tellement simple ... Mais je vois pas pourquoi je serais ... jaloux.

Il avait eu du mal à le dire, comme s'il avait fallu se l'arracher de la bouche. Lui, jaloux ? Mais de quoi ? Gatween n'avait rien pour lui, il n'était même pas beau ! Emilien le qualifiait même de vieille face de boeuf rabougri, ce n'était pas pour rien quand même ! Avec ses yeux globuleux de poisson, là ... et son petit air de prétentieux ! Tout ce qu'il avait en plus, c'était Lucy. La voix d'Emilien avait carrément flanché sur ce coup là.

- En plus ... j'ai pas envie, moi.

Il en avait presque les larmes aux yeux, qu'est-ce qu'il pouvait être bête ! Et raconter tout ça à Bill, qui ne devait pas en avoir grand chose à faire. S'il l'écoutait et lui posait des questions pour l'inviter à continuer, c'était juste par gentillesse et par politesse, pas par intérêt. Pourquoi s'intéresserait-il à ses petites histoires ? Parce qu'il était son ami ? Oh, il ne fallait pas exagérer ! Même si Bill lui avait affirmé qu'il l'était, encore une fois il pouvait se demander si ce n'était pas sa grande bonté qui l'avait fait dire ça. Emilien eut un petit rire nerveux, il ne savait même plus ce qu'il devait penser, s'il devait rire de la situation ou en pleurer. C'était pathétique à souhait.

- Je sais même pas pourquoi je te raconte tout ça, ajouta-t-il d'une voix complètement cassée, entre rire et larmes.

[Voilà, c'est fini cette fois niarkhéhé]
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyDim 19 Aoû - 21:19:31

Bill constata qu'Emilien hésitait un peu pour répondre à sa question... A vrai dire, le rouquin, malgré toute sa sympathie, ne s'était pas mis à la place du Serpentard. Oh, il avait bien conscience que c'était à peu près impossible pour lui, pour la simple et bonne raison qu'il ne connaissait pas et ne connaîtrait peut-être jamais le sentiment qu'avait pu éprouver Emilien en découvrant que Lucy sortait avec un autre type, et aussi parce que, même au plus profond de la colère, Bill n'aurait jamais frappé quelqu'un, même son pire ennemi. De toute façon, Bill ne connaissait pas le plus profond de la colère, il ne se connaissait pas d'ennemis... Le Serpentard devait probablement avoir un cruel besoin de parler pour aller lui raconter ça à lui, à lui qu'il devait juger bien peu à même de le comprendre, à lui qui était trop gentil... Et pourtant... Emilien était tout sauf un garçon idiot, qui ne réfléchissait pas à ses actes, qui se confiait au moindre trop-plein de sentiments pénibles. Peut-être y avait-il autre chose... Dans son désir d'amitié partagée, Bill avait terriblement envie de croire qu'Emilien s'était résolu à accepter intérieurement que quelque part, il pouvait se considérer comme son ami, mais il en doutait par ailleurs. Non, si le garçon se confiait, c'était plus probablement parce que Bill était peut-être la seule personne de son entourage qui l'écouterait avec patience et, au lieu d'en éprouver de la rancoeur à l'idée que le Serpentard se servait de lui, Bill s'en sentit ému. Après tout, à présent que Bill connaissait quelques Serpentards, il devait bien admettre qu'il ne se sentirait pour sa part à l'aise avec aucun d'eux pour parler de quelque chose de douloureux. Même quelqu'un comme Liliana qui, lorsqu'elle parvenait à dépasser ses a prioris, se montrait ouverte à la discussion, n'était vraiment pas le genre de personne à qui Bill aurait pu parler. Elle se serait moquée de lui, et probablement qu'elle l'aurait fait avec Emilien également, elle se serait moquée et aurait réglé la question par quelques généralités trop générales...

Que répondre à Emilien ? Etait-il plus doué qu'une Liliana au fond ? Les paroles qui lui venaient en tête étaient d'une platitude affligeante et pourtant, elles étaient les seuls mots qui lui paraissaient être prononçables. Il ne s'agissait pas de tout excuser, de tout comprendre et de rassurer Emilien en niant ses torts, de toute façon Bill ne serait jamais capable de mentir ainsi et Emilien ne serait jamais capable de l'entendre. Il était évident que son comportement avec le gros Poufsouffle dont Bill devait avouer qu'il avait également oublié le nom, l'ennuyait particulièrement, d'autant plus que cela lui était visiblement arrivé auparavant avec d'autres personnes. Finalement, il se lança.


"C'est que tu es très impulsif... Ca n'excuse rien tu me diras mais je crois que ce qui compte c'est que tu en aies conscience. A partir de là tu ne pourras que t'améliorer au fil du temps en te rappelant ces moments pour ne pas les reproduire. Je suis certain que tu as suffisamment de force en toi pour ça."

La confiance en ce que pouvait faire Emilien se sentait clairement dans la voix devenue plus assurée du grand roux. Oui, une platitude affligeante, c'était bien ce que transmettaient ses paroles, pourtant elles étaient les seules choses sincères que Bill avait pu trouver à dire. Il laissa un petit silence puis sourit avec gentillesse et ajouta plus timidement :

"Ne crois pas que je cherche à te faire la morale, loin de là même..."

Il rit doucement. Non, vraiment, il n'avait qu'une envie, rassurer le Serpentard, lui dire que malgré tout il pensait qu'il était quelqu'un de bien.

Quant à Lucy, il était clair qu'il y avait plus que le fait que le garçon en question n'était pas appréciable, les paroles d'Emilien confirmèrent à Bill ce qu'il pensait au sujet de la jalousie. Mais, loin de sourire de ce que son instinct avait deviné avant que le garçon ne le dise clairement, Bill garda un visage impassible. S'il souriait par affection, il ne le faisait jamais par vanité et ce n'était pas au prix de nombreux efforts : Bill ignorait la vanité. Pourquoi Emilien serait-il jaloux ? Bill ignorait tout de la jalousie, mais quelque chose lui disait que c'était la question que tous les jaloux devaient se poser à eux-mêmes pour tenter de se rassurer. Il n'y avait pas de quoi être jaloux, l'autre était plus stupide, ou plus laid, moins gentil... N'importe quel défaut quoi, qu'il soit réel ou inventé, suffisait à rassurer le jaloux, mais en même temps, cela renforçait sa jalousie.
Bill se demandait comment il savait cela, lui qui n'était pas jaloux par nature et qui ne connaissait pas de jaloux dans son entourage. Ce n'était pas un défaut répandu parmi les Poufsouffle, ce n'était pas une chose qu'il avait aperçue dans sa famille... Il le savait, probablement par une sorte de pressentiment, d'instinct naturel qui lui faisait, en cette matinée, comprendre bien des choses qu'il avait ignorées jusqu'alors. Le rouquin ne savait pas s'il parviendrait à apporter le moindre réconfort à Emilien, mais il était certain qu'Emilien était loin de se douter que cette conversation lui apportait beaucoup, à lui.

Et, sur sa dernière phrase au sujet de Lucy, l'écossais sentit que le Serpentard était au bord de la crise de larmes. Allait-il vraiment reproduire, tel un miroir, la scène qu'ils avaient déjà vécu tous deux quelques mois auparavant ? Cette idée traversa comme un flash l'esprit de Bill mais il la repoussa ; il ne souhaitait en cet instant penser qu'à une chose : comment réconforter celui qu'il considérait comme un ami ? Si quelques instants auparavant il avait eu des scrupules sur la manière d'agir avec le Serpentard, sur ce qu'il devait ou ne pas dire pour ne pas le froisser ou le fermer, à présent qu'il voyait son désarroi il oubliait toutes ses résolutions. Sans réfléchir davantage, il s'approcha d'Emilien et posa une main affectueuse sur son épaule. Et ce fut également sans réflexion aucune qu'il parla, ne sachant même pas ce qu'il allait dire, ne sachant même pas ce qu'il pourrait dire, ne se demandant plus si ses paroles étaient rationnelles ou s'il disait la première chose qui lui venait à l'esprit dans le seul but de revoir un sourire sincère sur le visage d'Emilien.


"Je suis sûr que Lucy t'aime énormément, et comment pourrait-elle faire autrement ?"

La sincérité et l'affection étaient si claires dans son regard doux et attentif qu'elle n'aurait pas laissé de doute, même au coeur du plus teigneux des serpentards. En cet instant, Bill, et peut-être était-ce sa force, continuait de croire fermement à ce qu'il disait. Il avait eu peur de raconter absolument n'importe quoi, et peut-être d'ailleurs était-il en train de le faire, mais à présent qu'il parlait, ses paroles sortaient droit de son coeur et le garçon était convaincu que, par conséquent, elles ne pouvaient être que les plus importantes qui soient.

"C'est évident qu'elle a dû prendre mal les remarques que tu as dû lui faire, mais elle te pardonne, parce qu'elle sait que tu l'as fait par amitié pour elle, parce que tu étais certain que tu critiquais son copain pour son bien à elle."

Bill parlait comme s'il avait été lui-même à la place de Lucy, mais seule une toute petite voix dans les tréfonds de sa conscience le lui faisait remarquer. Au fond, il ne savait pas comment Lucy prenait la dispute qu'ils avaient eue, mais il ne pouvait tout simplement pas imaginer qu'elle puisse penser autre chose que ce qu'il venait de dire à Emilien.

"Si elle persiste à aimer ce gars que tu détestes, c'est probablement qu'il a des qualités que tu n'as pas trop envie de voir parce qu'il te prend unpeu ta meilleure amie. Mais si c'est le cas, tu dois lui faire confiance et savoir qu'elle est heureuse. Et si elle a fait une grosse erreur, je suis sûr qu'elle te laissera lui parler à nouveau et que vous allez vous réconcilier. J'en suis vraiment certain, Emilien."

Son regard bleu exprimait à présent une évidence que rien ne semblait pouvoir ébranler. Le Serpentard lui avoua alors qu'il ne savait pas pourquoi il lui racontait tout ça et Bill sentit un léger rire dans la voix ébranlée de son ami. Il serra légèrement l'épaule sur laquelle sa main était toujours posée et il sourit largement. Au fond, lui non plus n'avait pas de réponse à la question.

"Je ne sais pas moi non plus."

Il rit légèrement, le regard fixé sur le visage d'Emilien, guettant la moindre de ses réaction de son regard plein d'attention.

"Mais je suis content que tu l'aies fait. Je sais qu'on est très différents tous les deux, et ça va sûrement te paraître impossible, mais je crois que je te comprends. Il faut juste que tu reprennes confiance en toi. C'est vrai que tu as eu tort de t'énerver, et contre Lucy et contre ce garçon de Poufsouffle, mais..."

Il rit à nouveau, un peu plus franchement.

"Je sais qu'on considère généralement que c'est des raisonnement à la Poufsouffle, mais il faut que tu croies en les gens. JE suis sûre qu'ils sont tous les deux prêts à te pardonner. Je suis sûre que Lucy a plein de choses à t'expliquer."

Il s'interrompit. Le silence demeura un moment, un temps suffisant pour qu'une partie endormie de Bill se réveille et pour qu'il prenne conscience de certaines choses. Il venait de dire à Emilien des trucs qu'il n'aurait jamais même imaginés lui sortir, celui-ci venait de lui confier des choses qui devaient être très intimes pour lui, ils étaient assis tous les deux, côte à côte, sa main sur son épaule, un Poufsouffle et un Serpentard, un blaireau et un serpent, et qui plus est au bord d'un toit, à une hauteur vertigineuse. Mais ce n'était pas n'importe quel serpent, celui-ci avait comme ressources bien autre chose que du venin... Et peut-être aussi n'était-ce pas n'importe quel Poufsouffle... Mais cette question était encore trop compliquée pour que Bill s'y attèle en ce moment. Son regard balaya le parc en-dessous d'eux, puis il revint se poser sur Emilien, puis sur son propre pull jaune où le gros blaireau noir était un peu trop visible et sur l'écharpe verte qui le recouvrait en partie et il eut à nouveau un petit rire.

"C'est quand même bizarre parfois, la vie, moi c'est pour ça que je l'aime, parce qu'elle réserve toujours des surprises. Tu ne trouves pas ?"
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyDim 26 Aoû - 18:27:19

Dans sa vie, Emilien ne se rappelait que trois fois où il avait pleuré. Peut-être y en avait-il eu plus, mais il ne s’en souvenait pas. La première, c’était le jour où ses parents s’étaient séparés. C’était parti d’un sujet idiot, quelque chose à propos de l’école d’Emilien. Et puis la discussion s’était envenimée, le désaccord était resté, et on avait commencé à crier et à lancer des objets à tout bout de champ. La photo de leur mariage, dans son joli cadre doré, était passée par la fenêtre. Ça symbolisait assez bien ce qui se passait dans la maison. Finalement, sa mère était partie en claquant la porte, déclarant qu’elle ne reviendrait jamais. Elle disait vrai : le soir-même toutes ses affaires la rejoignirent en Italie, par magie. Quant au père d’Emilien, dans la même soirée, il avait décidé de renoncer à ses pouvoirs de sorcier, et avait cassé sa baguette en deux sous les yeux de son fils. Sans bien avoir compris la situation, mais imaginant parfaitement dans quel enfer il allait vivre, Emilien était monté se réfugier dans chambre. Et encore, il ne se représentait pas à quel point il allait détester les années suivantes.

La deuxième fois, c’était quand son beau-père l’avait giflé. Il ne l’avait pas supporté, de quel droit le touchait-il, cet abruti ? Tout ça parce qu’Emilien avait refusé de lui obéir … Non mais, il n’avait pas à lui donner des ordres ! Dès le premier jour, il l’avait détesté. Sa mère le lui avait présenté lors de la première semaine qu’il avait passée en Italie. La perspective de vivre ailleurs qu’en Angleterre ne l’enchantait déjà pas vraiment, mais alors après avoir rencontré son beau-père, il s’était dit qu’il ne reviendrait jamais. Six mois plus tard, sa mère était remariée, et l’Italien désespérément moldu. Et stupide. Quand il avait ordonné à Emilien de mettre le couvert, ce qui n’était effectivement pas une grande chose en soi, le garçon s’était révolté et lui avait expliqué qu’il n’avait pas l’intention de lui obéir, ni maintenant, ni jamais, qu’il n’était pas son père et que s’il le pouvait, il ne viendrait pas en Italie, surtout si c’était pour voir sa sale tête de poisson. Il y était peut-être allé un peu fort. Toujours est-il que la gifle qu’il s’était prise lui avait tiré des larmes qu’il avait cachées le temps d’aller jusqu’à sa chambre.

Et la troisième, c’était juste après ce fameux incident à l’école primaire … Il ne savait pas si c’était parce qu’il venait de réaliser ce qu’il avait fait, ou si c’était parce qu’il redoutait la punition de son père. En tout cas, il n’aurait pas cru qu’il pleurerait une fois de plus, surtout pour une chose aussi stupide. Franchement, la situation n’était pas si grave ! C’était juste … Qu’il avait recommencé à être violent, ce qui anéantissait tous ses précédents efforts. Que sa meilleure amie ne lui parlait plus, enfin qu’il devait l’éviter à cause de ce qu’il lui avait dit. Qu’il était bêtement jaloux du petit ami de la Serdaigle. Bref. Tout ça, ça pouvait s’arranger, non ? Peut-être, mais sur le coup, ça faisait beaucoup de choses, et … Emilien devait se l’avouer, il n’avait pas essayé d’y penser très objectivement. Maintenant qu’il était là, et qu’il avait les idées un peu plus claires, il voyait bien qu’il y avait une solution à ses « problèmes ». Tout n’était pas perdu, des efforts il fallait continuer à en faire, et ce n’était pas pire que la dernière fois. Du côté de Lucy, c’était plus difficile et ça lui demanderait pas mal de courage …

Le silence de Bill n’avait pas dérangé Emilien. Au contraire il lui avait permis de réfléchir à tout ce qu’il venait de dire, d’essayer de reconsidérer la situation sous un autre angle, et d’essuyer avec un reniflement ses premières larmes. Allez, c’était rien, quand même ! S’il se mettait à pleurer pour ça, alors autant pleurer quand il avait une mauvaise note, quand il ratait une potion, quand il n’arrivait pas à lancer un sortilège, aussi ! Et puis quand il manquait de tomber dans les escaliers, quand il arrivait à la table des Serpentard et qu’il n’y avait plus de toast, quand il apprenait qu’il devrait passer ses vacances en Italie, quand il ne trouvait plus le bouchon de sa bouteille d’encre, tant qu’on y était ! Non, sérieusement … Oui comme Bill le disait, il était impulsif, un peu trop. D’un côté, on pouvait dire qu’il s’était amélioré, tout de même. Si l’on comparait les deux situations, celle de l’école et celle du matin de Noël, eh bien avec Porky, il s’était rendu compte qu’il devait arrêter, et puis il ne lui avait pas fait vraiment mal. C’était plutôt Emilien qui s’en était pris plein la gueule. Lui faire la morale ? Non, bien sûr que non, et puis de toute façon il y aurait eu de quoi.

Quand Bill posa une main sur son épaule, Emilien n’eut aucune réaction. En vérité il aurait voulu se dérober, par habitude, mais il savait que c’était une attitude plutôt blessante et il avait envie de tout sauf de blesser son … ami. Bill parlait, et Emilien se contentait d’écouter, sans même se demander comment il pouvait savoir tout ce qu’il disait. En fait, il avait envie d’y croire. Ce serait tellement plus simple, s’il pouvait croire tout ce qu’on lui disait, sans trop se poser de questions. Il voulait bien croire que Lucy lui pardonnait ce qu’il avait dit, il l’espérait fortement en tout cas. Pour en avoir le cœur net, il suffirait d’aller lui parler, mais … Emilien n’était pas particulièrement courageux. A moins de l’avoir en face de lui, il n’irait sans doute pas lui adresser la parole avant … un bon moment. Peut-être parce que d’abord, il fallait qu’il fasse le point sur ce qu’il pensait de tout ça. Une fois qu’il serait sûr de lui, alors il irait. S’il connaissait la vérité, alors il n’aurait aucun problème.


- Tu as sûrement raison, répondit-il enfin avec un petit sourire.

Le Poufsouffle n’avait pas tort lorsqu’il disait qu’ils étaient différents. Ah ça oui, on pouvait le dire ! Quoi de plus normal après tout, entre un Poufsouffle et un Serpentard ? Ça se saurait, si les élèves de ces deux maisons avaient des points communs. Emilien acceptait parfaitement de faire partie de la maison des Serpents, à présent. Il avait eu un peu de mal au début de l’année, puis il avait conclu que les Serpentard n’étaient pas tous pareils et qu’il y avait de tout dans chaque maison. Qu’il reprenne confiance en lui ? Ça n’allait pas être facile. Emilien avait une légère tendance à se trouver beaucoup de défauts, qui peut-être étaient bien là, mais également à les amplifier. Menteur ? Oh, il ne mentait pas tant que ça, bon d’accord il le faisait quand ça l’arrangeait, mais sinon … Egoïste ? Ok le coup de l’oubli de cadeau de Noël pour Lucy ce n’était pas super. Mais autrement, il pensait tout de même aux autres, de temps en temps. Pour le reste … Bah ! Des défauts, on en a tous ! Même Bill, alors bon. Un raisonnement à la Poufsouffle ? Ha ha oui, un peu.


- Ouais, croire en les autres … Je crois que ça va être le plus dur.

Comme il le disait, la vie était parfois bizarre. Qui aurait cru, le jour où Emilien avait perdu sa lettre au bord du lac, qu’il deviendrait ami non seulement avec la Serdaigle qui faisait des phrases trop compliquées, mais aussi avec le Poufsouffle aux sourires énervants ? Surtout que les Serpentard étaient réputés pour ne pas très bien s’entendre avec les élèves des autres maisons. Emilien n’était pas n’importe quel stupide Serpentard, voilà tout. Contrairement à Bill, Emilien n’avait aucun mal à se le dire. Se trouver spécial, ce n’était pas très difficile, dans sa tête.

- Moi je saurais pas dire pourquoi, mais je l’aime bien aussi.

Il y eut un petit silence, pendant lequel Emilien eut une pensée pour la lettre de sa mère qu’il avait lancée par dessus le rebord, en petits morceaux. Puis un coup de vent le réveilla et il ajouta :

- On devrait rentrer, tu crois pas ?

Il commençait à faire pas mal froid … Emilien eut un mouvement pour se relever, mais il regarda sous ses pieds et s’arrêta immédiatement. Ooh il ne s’était pas rendu compte que c’était si haut ! C’était peut-être le fait de s’être assis, enfin il ne savait pas. Rien qu’à l’idée de glisser, il n’avait plus aucune envie de bouger. Allez, un peu de courage ! Ouais, facile à dire. Comment avait-il pour se promener debout sur le bord ? Il était cinglé, ou quoi ? Et s’il y avait eu un quoi de vent, hein ? Il aurait pu tomber ! Complètement malade, le petit Serpy. En tout cas, il ne remonterait pas là de sitôt ! Avec un petit rire, il reprit la parole :

- Tu sais quoi ? J’me demande si j’ai pas le vertige, en fin de compte. C’est ce qu’on appelle l’ironie du sort …
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyLun 27 Aoû - 9:23:45

Sûrement raison ? C'était ce que venait de dire Emilien. Bill se demandait s'il avait raison. A vrai dire, à présent qu'il avait parlé et qu'il prenait un tout petit peu de recul par rapport à ses paroles, il se demandait s'il avait dit quelque chose d'un tant soit peu sensé. Oh, pour sûr, il croyait fermement à ce qu'il avait dit et en cela, pour lui ses paroles ne pouvaient être que sensées. Mais était-il parvenu à apporter le moindre réconfort à Emilien ? Au fond, à persister à croire en l'humanité, à faire confiance à tout le monde, le rouquin se demandait s'il avait toujours raison. Il ne se serait jamais posé une telle question s'il avait discuté avec un Poufsouffle et si c'était ce poufsouffle qui lui avait dit qu'il avait sûrement raison. Mais là, c'était Emilien qui venait de parler...

Mais au fond, sur le coup, le Serpentard l'avait-il tellement réconforté lors de cette soirée où il avait pleuré dans les toilettes ? Non. Il lui avait dit des vérités affligeantes de rationnalité et il n'en avait rien écouté. Ce n'était qu'avec le recul, le lendemain, qu'il avait compris à quel point le garçon l'avait aidé en lui faisant prendre conscience que ce qu'il lui arrivait n'était pas si grave. Et n'était-ce pas ce qu'il venait de faire, en montrant à son ami que Lucy pourrait le pardonner, qu'en parlant les choses s'arrangeraient ? Oui, c'était des choses simples et naïves, mais pas plus simples au fond que celles qu'avaient dit Emilien dans ces fameux toilettes, quand il lui avait dit que de toute façon son grand-père ne pouvait rien faire de grave et qu'il suffisait d'essayer de lui parler.

Emilien était plus rapide d'esprit que lui, voilà tout, et c'était la raison pour laquelle il ne lui avait fallu que quelques minutes, et non vingt-quatre heures, pour réaliser qu'il avait eu raison.

Le jeune écossais eut un petit sourire lorsqu'Emilien lui avoua que croire en les autres allait être le plus difficile. Oui, c'était vrai que ça allait être difficile ; même si Bill ne savait que trop bien que chaque Serpentard était différent, il devait admettre que l'un de leurs traits communs était le fait qu'ils préféraient généralement se débrouiller par eux-mêmes et ne devoir rien à personne. Et il était allé dire à Emilien qu'il fallait croire en les autres ! Pourtant, si son ami admettait que ça allait être difficile, c'était parce qu'il allait tenter de le faire, et c'était surtout cela la raison de son sourire. Même s'il n'avait pu provoquer que ça en le jeune Serpentard, c'était déjà énorme. En espérant qu'il croie déjà en lui-même... En un certain sens, Bill était persuadé qu'Emilien croyait en lui. Sinon, il ne se serait jamais senti jaloux. Mais avait-il suffisamment confiance en lui pour aller reparler à Lucy après ce qu'il lui avait probablement dit ?

Au fond, comment demander aux autres de croire en eux si l'on ne croyait pas vraiment en soi ? jBill se demanda brusquement s'il croyait en lui. Théoriquement, on pouvait dire que oui ; le garçon n'était pas vaniteux, il n'avait pas une fierté particulière de ce qu'il était, mais il était convaincu de pouvoir apporter quelque chose aux autres, au moins un peu de chaleur et de joie... Pourtant, lorsqu'il se retrouvait dans des situations concrètes, et il s'en rendait d'autant plus compte avec Emilien, il ne cessait de se remettre en question. Il croyait en ce qu'il disait, mais il ne savait pas s'il faisait bien de le dire. Il croyait que telle acte était bon, mais il hésitait à le mettre en pratique... I soupira légèrement et préféra éviter de se questionner plus longtemps, ce n'était pas dans ses habitudes et il préférait ses habitudes, sur ce plan-là dumoins.

Emilien suggéra de rentrer et bill acquiesça d'un hochement de tête. Assis immobile au bord de ce toit, le vent semblait avoir particulièrement de prise sur eux et Bill se sentait à nouveau frissonner, transpercé par le froid aux endroits où l'écharpe ne le couvrait pas. Il commença à se relever mais s'immobilisa immédiatement en observant Emilien : on aurait dit qu'il n'osait pas se lever, qu'il avait... peur ! Lorsqu'il déclara qu'il avait le vertige, Bill éclata carrément d'un grand rire, le rire des jours de sa meilleure humeur.


"Eh bien ! Quelle ironie en effet ! Il va falloir que ce soit moi qui te sortes de cet endroit où tu t'es toi-même mis ?"

Bill rit à nouveau, un rire sans moquerie, simplement amusé. Il se leva totalement et passa derrière Emilien. Encouragé par le fait que, quelques instants plus tôt, il ne s'était pas dégagé de sa main sur son épaule, il glissa ses deux bras sous ses aisselles et le souleva, puis il le ramena un peu en arrière, à un endroit où même un coup de vent ne pourrait pas le faire tomber. Il le lâcha enfin et lui fit face.

"Bon, la prochaine fois, si ça va pas, dis-toi qu'on peut trouver un endroit un peu moins dangereux pour discuter..."

Il rit légèrement à nouveau. C'était bien du Emilien d'aller se planquer sur ce toit, à l'un des points les plus hauts du château. Bill, lui, serait allé s'asseoir sous un arbre, ou, plus probablement par un tel froid, dans les serres, près des plantes. Il réalisa qu'il portait toujours l'écharpe verte autour de son cou ; il la retira et la tendit au garçon.

"Merci. Merci pour ça, et merci pour tout."

Il se demanda si Emilien pourrait comprendre qu'il lui dise une telle chose, mais il préféra ne pas s'étendre en explications, il comprendrait s'il en avait envie. S'il avait été à la place d'Emilien, ç'aurait été lui qui aurait remercié l'autre d'avoir été là, et il aurait mal saisi que l'autre puisse le remercier. Mais à présent, il était justement à la place de l'autre, et s'il remerciait Emilien, c'était de lui avoir fait confiance, c'était de l'avoir laissé rester avec lui, c'était de lui avoir, involontairement, fait réaliser un tas de choses. Il n'était pas aussi doué qu'il l'aurait souhaité pour réconforter les autres et au fond, le Serpentard ne devait pas lui devoir grand-chose. Mais lui, il lui devait beaucoup. Il lui devait de prendre peu à peu conscience de ce qu'il était et puis... peut-être... Le remerciait-il aussi d'avoir accepté son amitié et... encore plus peut-être... de la lui rendre. Le Poufsouffle ne pouvait pas être certain des sentiments du Serpentard à son égard, mais quelque chose lui disait que ces instants sur le toit les avaient un peu rapprochés.

"Brrr ! Sans ton écharpe, il fait vraiment frisquet ! On ferait vraiment mieux de se mettre à l'abri."

Tout en souriant légèrement, il enjamba à nouveaula fenêtre et se retrouva à l'intérieur de la tour d'astronomie, savourant la chaleur que les épais murs du château conservaient en leur sein, puis il se retourna pour attendre Emilien, même si peut-être celui-ci le quitterait juste en bas de la tour.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] EmptyLun 27 Aoû - 10:06:37

Ah quel idiot il avait été, vraiment, de monter sur le toit. A présent, tout lui semblait bancal, il avait l’impression que le bout de toit sur lequel ils étaient installés pourrait s’effondrer à tout moment, bien qu’il ait déjà tenu des centaines d’années. Et ce vent, qui soufflait pourtant depuis plusieurs heures, et depuis qu’ils étaient là, il pourrait les faire basculer d’un moment à l’autre. Sans parler du fait qu’ils pourraient glisser … Bref, s’il avait réfléchi un peu avant de venir là, il aurait sûrement fait demi-tour avant même d’être entré dans la tour. Ce n’était pas son genre, pourtant. On agit d’abord et on réfléchit après ? Non, comme beaucoup de Serpentard, Emilien réfléchissait toujours avant d’agir. A moins qu’il soit en colère ou dans un état second. Ce matin là, il s’était réveillé d’une drôle d’humeur. Sans savoir s’il était malheureux ou non, sans savoir ce qu’il allait faire. C’était comme si le temps s’était arrêté et comme si les autres avaient tout simplement disparu. Il était … seul au monde. En venant lui parler, Bill avait cassé toute l’illusion et l’avait fait revenir à la réalité, en quelque sorte.

Avec n’importe qui d’autre, il aurait sûrement été trop fier pour avouer qu’il avait le vertige. Mais bon, avec Bill, était-il question de fierté ? Avec ce qu’il venait de lui raconter, et aussi la scène qui s’était déroulée dans les toilettes avant Noël, pas vraiment. De cette discussion, Emilien en retenait quoi ? Premièrement qu’il pouvait considérer Bill comme un ami, et c’était plus important pour lui qu’il ne le laissait paraître. Après tout, avait-il déjà eu de vrais amis ? A l’école ça n’avait jamais été évident, et depuis deux ans c’était carrément impensable. Deuxièmement, il avait compris que rien ne pourrait s’arranger tout seul, et que s’il voulait que la situation change, il faudrait qu’il aille parler à Lucy. Pas forcément dans l’instant. Mais il devait le faire, qu’avait-il à perde, après tout ? Au contraire il avait tout à y gagner. Par contre, pour ce qui était de Porky, il n’était pas question qu’il aille lui adresser la parole ! En plus, il n’avait même pas envie qu’il lui pardonne, et il était tout aussi fautif que lui. Ça, il en était convaincu, et têtu comme était Emilien, il n’était pas près de changer d’avis.

Quand Bill se mit à rire et demanda s’il allait devoir le sortir de là, alors qu’Emilien s’y était mis tout seul, le Serpentard se contenta de hausser les épaules, le sourire aux lèvres. C’était ridicule, mais le ridicule ne tue pas, aux dernières nouvelles. Mariana était toujours en vie, par exemple. Enfin, Emilien avait de la chance que ce soit Bill, avec quelqu’un d’autre il aurait été obligé de se débrouiller tout seul, et il aurait peut-être mis une heure pour rentrer. Son obstination l’aurait empêché de demander de l’aide, fichu caractère. Quand le Poufsouffle le tira en arrière, Emilien se laissa faire, sagement. De toute façon il n’avait pas le choix, et il ne lui serait jamais venu à l’esprit de faire des mouvements brusques sur ce toit. Enfin il le lâcha, et Emilien put soupirer de soulagement. Pas question de retourner un jour au bord du toit ! C’était super haut, et puis c’était dangereux en plus ! Oui il devait sûrement y avoir des endroits beaucoup plus sûrs pour discuter, comme il disait.


- J’y penserai, répliqua Emilien en riant lui aussi.

De toute façon il n’avait pas l’intention de se remettre dans un tel état de sitôt. Tout allait s’arranger, du moins il l’espérait, même si ça prenait du temps. Bien sûr, dans quelques heures sans doute avec un peu de réflexion il se dirait que tout n’était pas si simple. Mais on passait du « il n’y a rien à faire » à un « ça ne coûte rien d’essayer ». C’était déjà mieux.
Emilien sourit lorsque Bill lui rendit son écharpe. On ne verrait pas ça tous les jours, un Poufsouffle avec une écharpe verte … Il eut une pensée pour ce qui l’attendrait dans la salle commune si ça se savait. Mais il ne l’aurait jamais avoué à Bill, et il n’avait pas l’intention de lui demander de n’en parler à personne. Il pensait pouvoir faire confiance au Poufsouffle de ce côté là, et il savait que ce serait assez blessant de sa part de lui demander ça. Ça prouverait qu’il le pensait capable de le faire … Enfin bref. Quand Bill le remercia, pour l’écharpe et pour « tout », Emilien fronça légèrement les sourcils, en signe d’incompréhension. Merci pour l’écharpe, d’accord, mais pour le reste ? C’était plutôt lui qui devait le remercier … Non ? Merci de ne pas avoir sauté ? Hé, pas de pensée de ce genre.


- C’est moi qui te remercie, déclara Emilien, avec sérieux.

Puis Bill ajouta qu’il faisait vraiment froid et qu’ils devraient rentrer, maintenant, ce à quoi Emilien acquiesça d’un vif signe de la tête. Même avec son manteau, il n’avait pas chaud ! A la suite du Poufsouffle, il passa par dessus le rebord de la fenêtre, et la referma derrière lui. Ouf. Ça faisait du bien d’être à nouveau à l’intérieur, et même s’il ne faisait pas particulièrement chaud dans la Tour d’Astronomie, il avait l’impression qu’il y faisait trente degrés. Ah, le sol droit, solide, pas glissant, que de bonheur ! Bon n’exagérons pas non plus, mais cet excursion sur les toits aurait marqué Emilien. Il quitta la tour en compagnie de Bill, puis arrivé en bas, il se demanda ce qu’il allait faire. Il commençait à avoir faim … Qu’est-ce qu’on dirait si on le voyait s’installer à la table des Poufsouffle avec Startouffe ? Bah, on s’en fiche. Les autres Serpentard n’avaient pas à lui dire ce qu’il devait faire.


- Bon, je crois que j’ai bien mérité un petit déjeuner, maintenant, s’exclama le Serpentard en se dirigeant vers la Grande Salle …
Revenir en haut Aller en bas
  • Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini]   C'est dangereux, de jouer sur les toits [Startouffe] [fini] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Miroir du Riséd :: Hors-Jeu :: Archives :: Années passées-