"Promenade" matinale

L'allée des embrumes n'avait jamais été très bien fréquentée et c'est ce qui plaisait, entre autre, tant à Kaedee. Elle se souvenait que, petite, sa mère l'emmenait toujours faire des achats là bas, et, très souvent dans un magasin nommé Barjow & Beurk. Ce nome, lorsqu'elle était gamine, l'amusait et l'intriguait en même temps mais elle ne l'avait jamais fait savoir, bien entendu. Lorsqu'elle était môme, encore un peu plus que maintenant auraient dit certains, c'était ses parents qui se chargeaient de son éducation. Evidemment, en général, les parents un minimum attentifs se chargent toujours de l'éducation de leur progéniture, mais ceux de Kaedee s'étaient totalement refusés et opposés, d'un commun accord, à ce que, pour satisfaire un gouvernement moldu auquel ils n'adhéraient même pas, elle fréquente les enfants moldus ne serait-ce que le temps de l'école primaire. Kaedee leur en était d'ailleurs reconnaissante car elle était fière de son rang et de son sang, et elle se voyait mal fréquentant des moldus…Donc, c'était ses parents qui s'étaient chargés de lui enseigner de vagues bases en maths et géométrie, qui pourrait peut-être lui servir bien plus tard, lui avait appris l'espagnol, langue d'origine de sa mère, à lire et à écrire parfaitement sa langue et à s'exprimer dans un langage distingué et distant, sans jamais lever la voix. Il lui avait ensuite appris des rudiments de magie (potions, sortilèges etc.….) avant de lui faire comprendre que, dans la famille, il y avait une attitude à avoir. Il fallait savoir se tenir, ne jamais laisser transparaître un seul sentiment… Cela avait fait de Kaedee une petite trop mature pour son âge, d'une beauté froide mais qui savait maintenant maîtriser tout cela à la perfection, naturellement et sans faire d'efforts, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Elle en été heureuse et fière. Enfin… sa mère l'emmenait donc parfois dans l'allée des embrumes, où elle faisait diverses petites emplettes pour son mari et elle-même, pour sa fille. L'endroit avait toujours fasciné Kaedee, bien qu'il n'eut rien d'exceptionnel. Il sentait mauvais, des truands malappris se disant d'une grande noblesse et des voyantes qui mentaient, c'était là la majeure partie de la population fréquentant cette rue. Cependant, il y avait aussi comme un souffle pervers d'une autre vie, comme si cette rue narguait les autres en leurs murmurant dans le vent:

"Vous voyez, les sorciers qui me fréquentent ne sont que de la mauvaise graine… la plupart de la racaille… mais certains de grands mangemorts, des sorciers au sang pur maîtrisant la magie noire…vous les recherchez depuis longtemps…et moi je les accueille tous les jours…à deux pas de chez vous…mais vous n'osez pas venir…vous n'osez pas…".

Cela faisait un bout de temps que Kaedee n'avait pas revu sa famille. Enfin…son père et sa mère. Il ne lui manquaient pas, ce n'était pas cela, mais Kaedee s'était découvert il y avait peu de temps un sens aiguisé pour la seule famille qu'elle avait au monde. Ses parents auraient pu l'abandonner à maintes reprises, leur travail leur mangeant tout le temps libre qu'ils pouvaient avoir. Mais ils l'avaient élevée dans la grandeur et la noblesse de son rang, de son sang, et, rien que pour cela, elle leur en était reconnaissante. Ce matin, couchée dans son lit, éveillée comme d'habitude tôt et bien avant ses condisciples, elle avait décidée d'aller faire un petit tour dans l'allée des embrumes. Il n'y avait rien de plus simple et, étant donné qu'il était cinq heures du matin, elle avait quand même du temps. Environ vingt minutes plus tard, elle marchait sur le chemin de traverse. Il était désert à une heure aussi matinale et Kaedee s'engouffra donc dans l'allée des embrumes sans trop se soucier de qui la regardait. Le vent sifflait entre les murs défraîchis et sombre de l'allée des embrumes. Ici, l'heure ne comptait pas, et la rue était aussi peuplé que si il avait été quinze ou seize heures. Des ombres menaçantes témoignaient que la pluie allait bientôt tomber; de gros nuages noirs hantaient le ciel, planant majestueusement au dessus de sa tête. De la poussière s'envolait pour venir frapper les vitres crasseuses des magasins, abandonnés ou pas, et pour venir ensuite fouetter violemment toutes les joues nues qu'il trouvait. Kaedee s'avança doucement et bientôt, cela ne manqua pas, un sorcier moyenâgeux et édenté, au regard pervers surgit de nulle part. Kaedee ne sursauta pas et n'eut nullement peur; elle se contenta de penser et de se demander en elle-même comment de tels souillons étaient encore acceptés ici, et plus généralement, dans ce monde. Les moldus et les sang de bourbe l'assaillait déjà, le polluant sans vergogne mais si, en plus, des épaves humaines devaient vous sauter dessus à chaque fois que vous alliez faire vos courses…c'était trop. Kaedee leva un regard glacial, impassible et laissa tomber d'une voix neutre, mais rauque:

"Tu bouges de là espèce de pervers et tu lèves tes sales pattes. Si jamais tu me touche, tu auras en premier lieu affaire à moi; ce n'est pas un souillon ayant pris la forme vague d'un humain qui me fait peur. Ensuite, et si tu continue, je te ferais savoir qui sont mes parents…tu a l'air de l'oublier…"

L'espèce de crétin s'en alla en traînant des pieds et en marmonnant dans sa barbe. Kaedee resta attentive car, avec ce genre cde personne, on ne pouvait jamais savoir si oui ou non ils avaient un minimum de dignité. Donc, on pouvait s'attendre à ce qu'ils attaquent sans crier gare et par derrière. Celui-ci eut la bonne idée de ne rien en faire. Kaedee se mit à serpenter doucement entre les passants, jetant un regard sur les boutiques. Elle s'arrêta devant celle de Barjow & Beurk et un pensa pour ses parents lui traversa encore un fois l'esprit. Il se mit à pleuvoir et elle s'abrita sous le minuscules store de la boutique en attendant une accalmie.