Une lettre à Mamie

William sortit de son dortoir, glissant une lettre dans la poche de sa robe, et quitta la Tour de Gryffondor. Il venait de faire une petite lettre à sa grand-mère, Eleanor, l'épouse du grand-père qu'il avait perdu en juillet... Depuis la mort de son grand-père, il s'était mis à écrire régulièrement à sa grand-mère, pour la réconforter et pour qu'elle se sente moins seule. Il avait d'abord demandé à son père de rendre visite à Eleanor pour lui expliquer que son petit-fils était un sorcier, élève à Poudlard, et qu'elle risquait de recevoir une lettre portée par un étrange messager... un hibou. La grand-mère avait été réticente à croire à cette histoire, mais William avait tout de même expédié la lettre... et Eleanor avait répondu, par retour du hibou. Une correspondance régulière s'était ainsi mise en place entre Will et sa grand-mère, et chacun des deux trouvait cet échange des plus profitables.
Le château était presque désert lorsque William sortit de sa salle commune pour se rendre à la volière. On était dimanche, il faisait un temps superbe, et la plupart des élèves profitaient du soleil dans le parc... Will irait les rejoindre dès qu'il aurait envoyé sa lettre.
Il entra dans la volière, marchant sur un squelette de souris qui craqua doucement, et appela une des chouettes de l'école. L'animal vint se poser sur son avant-bras, et lui tendit la patte. Le Gryffondor caressa le cou de l'oiseau avant de lui confier la lettre, en mumurant:

-Eleanor Craig, à Brighton. Tu attends sa réponse, d'accord?

Il porta la chouette jusqu'à la fenêtre, et lança l'animal. Il resta là, debout, à regarder décroître le petit point... il aimait bien les hiboux porteurs de courrier, et la rapidité de la chouette l'impressionnait.

Une lettre dans la main, Liliana montait les escaliers en colimaçon étroit qui menaient à la volière. Elle grimpait difficilement, et mit longtemps à gravir les marches hautes.
Quand elle en arriva enfin à bout, elle poussa un soupir de soulagement et s'adossa quelques instants au mur de la volière, attendant que la douleur à ses mollets ne la tiraille plus. Ca grattait, ça piquait atrocement, et la jeune vipère ne put s'empêcher de se gratter sous les longues chaussettes qu'elle portait. Mais à ce geste, les plaies se rouvrirent et le tissu blanc se nimba vite de taches rouges.

"Mince..."

C'était définitif, elle ne remettrait plus les pieds dans la Forêt Interdite, plus jamais. Ce qu'il s'était passé là-bas, elle n'en avait parlé à personne. Elle n'avait même pas été voir l'infirmière pour soigner ses plaies, et avait même été absente le lendemain en cours, sans apporter aucune excuse.
Liliana essaya d'oublier ses démangeaisons et la légère infection, et s'avança d'un pas irrégulier dans la pièce.
Les hiboux l'observèrent avec plus ou moins d'interêt quand elle siffla pour appeler un courageux qui dégnerait s'occuper de sa missive, sauf un, qui vint se poser avec enthousiasme sur la branche la plus basse de la volière, en hululant à l'intention de la jeune fille. La petite s'approcha, et commença à nouer la lettre à la patte de l'animal, quand elle devina une silhouette près de l'une des grandes fenêtres de la volière. La jeune fille sursauta ; elle ne s'attendait pas à ce qu'il y ait quelqu'un à cet endroit et était devenu passablement paranoïaque depuis l'épisode de la Forêt.

"Qui est là ?"

Demanda-t-elle d'un ton impérieux tandis qu'elle s'empêchait de faire un pas en arrière.

*Ressaisis-toi voyons, tu ne crains rien dans Poudlard !*

William s'était accoudé à la fenêtre, son esprit s'était mis à vagabonder tandis qu'il regardait la chouette s'éloigner. Comme souvent, il pensait à sa grand-mère, à la terrible impression qu'elle lui avait faite le jour de l'enterrement de son grand-père... Elle qui avait toujours été si énergique, si altière, s'était soudainement tassée de quinze centimètres, et elle avait perdu tout son dynamisme... en quelques jours, elle avait vieilli de dix ans. William repensait à elle, à son expression ravie lorsqu'il lui avait rendu visite aux dernières vacances... Bref, il était complètement dans la lune, et n'entendit pas que quelqu'un était entré dans la volière. Là-bas, les cimes des arbres de la Forêt Interdite ondulaient doucement dans la brise... c'était une de ces journées qui sentent déjà l'été, songea Will qui avait hâte de retourner à Brighton pour les vacances. Non qu'il ne fût pas bien à Poudlard, mais les vacances promettaient d'être extra... Enfin, en attendant, il fallait peut-être finir l'année scolaire et essayer de ne pas redoubler... Tiens, d'ailleurs, il avait un devoir à fignoler pour Rogue... Soupirant, il quitta sa fenêtre, et décida d'aller travailler dans le parc, au soleil. Il fit un pas, écrasant encore un petit squelette dans la paille, et une voix angoissée s'éleva:

Citation :: "Qui est là ?"

William s'avança de façon à se trouver en face de la demoiselle, et il eut un sourire en reconnaissant la Serpentard avec qui il s'était retrouvé enfermé dans la réserve de Rogue... ce n'était pas un excellent souvenir, mais il n'avait pas de raison d'en vouloir à... Liliana?... oui, Liliana... Feignant de se mettre au garde-à-vous, Will récita d'une voix martiale:

-Craig, William, Gryffondor, deuxième année mon commandant!

Quelqu'un qui s'avançait... Liliana jeta un regard méfiant à la silhouette en contre-jour, et somma à celle-ci de se présenter, tandis qu'elle se décidait finalement à s'approcher. Au moment ou l'autre se mit au garde à vous et se présenta, elle le reconnut.

"Oooh... C'est toi !"

Liliana ne put retenir un sourire amusé au souvenir de leur derniers "tête à tête" qui s'était d'ailleurs terminé en trio avec le Maître des Potions. Liliana avait fait ce qu'elle pouvait pour tirer William de l'enfer qu'il vivait avec le professeur Rogue, mais à part brûler le tapis sur un bon quart de sa longueur et s'être retrouvée une bonne partie de la nuit coincé dans une cachette secrète dont elle n'avait jusque là pas même suspecté l'existence, elle n'avait pas fait grand chose pour le pauvre Gryffondor ! Elle s'approcha encore de quelques pas, avant d'ouvrir la bouche.

"Repos soldat.
Alors comme ça, tu es toujours vivant !"

Dit-elle d'un ton amusé. C'est qu'elle avait douté de le revoir un jour en un seul morceau, ce jeune Gryffondor ! Mais il semblait avoir plus d'un tour dans son sac, pour s'en être sortit sans trop de dégâts.

"Si j'avais sut que tu n'allais pas repartir en kit de la réserve de Rogue, je n'aurais pas usé autant d'énergie pour attirer son attention ailleurs ! Tu sais qu'à cause de toi, j'ai presque du dormir enfermée derrière une statue moisie ?"

Si elle avait employé le ton du reproche, celui-ci n'était pas sans être accompagné d'amusement. Son attitude n'avait plus rien à voir avec celle qu'elle avait adopté lors de leur première rencontre.
Oubliant la douleur qui perçait ses membres fatigués ou blessés - et ne voulant pas non plus montrer sa propre faiblesse - elle continuait même de sourire. Elle se serrait volontier pincé les joues pour avoir l'air moins pâle, mais William aurait forcément vu son geste !

"Enfin au moins, j'ai trouvé une bonne cachette, au cas où ce genre d'incidents devaient se reproduire."

Ironique, elle leva les yeux au ciel. Avant de reprendre son sérieux.

"Tu te rapelles, hein ? Liliana Vanloock, deuxième année à Serpentard, et qui ne s'attendait pas à voir un revenant ici. Comment vas-tu ?"

Sur ces mots, elle s'approcha une dernière fois, assez prêt pour lui tendre la main amicalement. Maintenant qu'elle ne sourait plus, on pouvait clairement voir les cernes creuser des poches sous ses yeux, et l'allure fébrile qu'elle avait. Elle, bien sûr, n'avait nullement conscience du spectacle qu'elle offrait, et restait naturellement immobile, la main tendue. Son attitude, d'ailleurs, pouvait sembler bien étrange, mais la vipère était bien trop lasse pour être plus sarcastique, voir un tantinet venimeuse face à un Gryffondor. De toute façon, les mésaventures n'étaient-elles pas là pour rapprocher les gens ?

Citation :: Tu te rapelles, hein ?

William eut un large sourire. Comment aurait-il pu oublier cette soirée?... Victime d'un sortilège de Confusion, il en avait été délivré par Liliana, et les deux adolescents s'étaient ensuite retrouvés enfermés dans la réserve de Rogue... Une réserve assez glauque, et si bien protégée qu'ils avaient été incapables d'en sortir, jusqu'à l'arrivée du maître des potions... Liliana s'en était plutôt bien tirée, comparée à Will qui avait dû rester la moitié de la nuit à obéir aux ordres déments du directeur de Serpentard... Rogue s'était amusé à lui faire nettoyer cette pièce crasseuse, qui n'avait pas vu un balai depuis au moins cinq cents ans... et il avait poussé le vice jusqu'à rajouter de la saleté, comme si la tâche du Gryffondor avait été trop facile sans cela... Le sourire de William s'effaça à ce souvenir. Liliana avait essayé de le libérer, mais Rogue, convaincu qu'il avait fait appel à un autre Gryffondor, l'avait obligé à se déshabiller pour vérifier qu'il ne cachait rien... Personne ne savait cela- sauf Maugrey Fol Oeil et Kael- et Will n'avait pas l'intention de le raconter à Liliana. Il répondit doucement:

-Un revenant, oui, c'est le cas de le dire... Tu sais que ton directeur bien-aimé m'a relâché à trois heures du matin passées? J'ai cru qu'il allait me garder là jusqu'à l'aube...

Il s'interrompit, et tourna la tête vers la fenêtre. Sans regarder Liliana, il reprit:

-En tout cas, merci... c'est gentil d'avoir essayé de me libérer. Je ne m'attendais pas à ça de ta part, ajouta-t-il en reposant ses yeux sur Liliana. Tu avais passé la soirée à m'engueuler, je ne pensais pas que tu risquerais de te faire punir pour essayer de me sortir des griffes de Rogue...

Liliana haussa les épaules lorsque William lui parla du temps qu'il avait du passer en compagnie du directeur des Serpentards. Le pauvre n'avait pas du prendre du bon temps, cependant la petite vipère n'y pouvait pas grand chose.
William se détourna légèrement, et contre toute attente, remercia malgré tout la Serpentard. La suite de ses paroles tira un léger sourire à la petite blonde, qui inclina la tête de côté en haussant une nouvelle fois les épaules.

"Qu'est-ce qu'un Serpentard fait quand il rencontre un Gryffondor ? Pire, quand il est obligé de passer du temps avec lui ? C'est dans l'ordre des choses."

Fit-elle remarquer avec ironie. Elle eut un léger sourire.

"Et puis j'avais peu de chance de me faire punir. Mais j'avoue ne pas savoir ce qu'il m'a prit. Je n'aurais pas dû faire ce que j'ai fait, d'autant plus que ça n'a servit à rien, mais on va dire que je n'avais pas encore envie de dormir. Il fallait donc bien que je m'occupe."

Liliana croisa ses mains derrière son dos, juste avant qu'un hulument désapprobateur ne retentisse. Liliana leva les yeux sur le hibou qui l'observait d'un oeil impatient. Se rappelant qu'elle était venue pour envoyer une lettre, elle donna l'adresse au hibou, qui s'envola en envoyant quelques plumes sur la jeune fille.

"Enfin, ne t'en fais pas, je n'ai aucune envie de passer mes nerfs sur toi, aujourd'hui. Je ne suis pas d'humeur."

Liliana alla s'adosser contre un mur, et ferma les yeux avant de pousser un soupir. Elle se sentait tellement fatiguée... Mais elle ne pouvait pas montrer sa faiblesse, aussi, elle se concentra sur la conversation.

"J'espère que tu n'as dit à personne que j'ai enflammé un couloir rien que pour toi ?"

Elle reposa son regard sur William, vaguement amusée.

[HJ : Désolée, c'est un peu naze, mais je suis à court d'inspiration avec le nombre de posts que j'ai fait xD]

William sourit à Liliana pour la remercier de ne pas le traiter de tous les noms, contrairement à la dernière fois- sa compagnie n'avait pas été des plus reposantes, et le Gryffondor pouvait d'ores et déjà être sûr que cette rencontre-ci serait un peu plus agréable. Il attendit que Liliana ait envoyé son hibou pour lui répondre doucement:

-Tu sais, je n'ai pas beaucoup raconté que je m'étais retrouvé enfermé dans la réserve de Rogue, et que j'avais dû y rester en retenue la moitié de la nuit... donc, je n'ai pas eu besoin de raconter tes exploits pour me sortir de là... (Il eut un sourire joyeux et poursuivit:) Tu sais que le pauvre vieux Rogue est devenu à moitié fou à cause de toi? J'ai passé une mauvaise nuit, mais lui aussi, je crois...

William allait continuer à parler lorsque Liliana s'adossa au mur, les yeux fermés. Elle se ressaisit bien vite, mais cet instant d'abandon laissa à Will le sentiment qu'elle était épuisée. Il ne la connaissait pas beaucoup, mais son naturel reprenant le dessus, il s'inquiéta:

-Tu vas bien, Liliana? tu as l'air fatiguée... Tu veux peut-être manger quelque chose? proposa-t-il en sortant de sa poche un Chocogrenouille qu'il tendit à la Serpentard.

L'instant d'après, il regretta d'avoir mis ainsi les pieds dans le plat. Visiblement, Liliana ne voulait pas faire preuve de faiblesse, et lui, bêtement, se mettait à s'inquiéter pour elle... quel manque de tact... Il eut un sourire d'excuse et essaya de reprendre la conversation, assez maladroitement:

-Et euh... sinon... ça va les cours? tu t'en sors? on a pas mal de travail, mais c'est... euh... intéressant... non?

William lui répondit qu'il n'avait pratiquement pas parlé de ce qu'il s'était passé ce soir là, mais bizarrement en cet instant présent Liliana se fichait bien d'imaginer ce que les élèves de Serpentards auraient pensé si ils avaient sut qu'elle avait tenté de rendre fou le Directeur de leur Maison. Rien que d'essayer d'imaginer leur réaction l'épuisait et l'agaçait. Liliana laissa son sourire flotter vaguement sur ses lèvres tandis que William lui parlait de la mauvaise nuit de Rogue. Le pauvre, elle n'y avait pas été de main morte ce soir là...
Soudain, le garçon fit remarquer à la jeune vipère son état de fatigue. Liliana baissa le menton, et son visage se figea.

"Qu'est-ce que ça peut te faire ?"

Rétorqua-t-elle aussitôt de façon fort désagréable. La main du garçon était toujours tendue face à elle tandis qu'elle se forçait à se redresser pour s'éloigner de lui.
Sa colère se dissipa quand le Gryffondor tenta de ré-engager la conversation, et la petite soupira. Ca n'était pas contre lui qu'elle avait réagit, elle était bien consciente que sa répartie acide n'avait été que le produit d'une réaction d'auto-défense. Si elle était fatiguée, pour rien au monde Liliana n'aurait confié la raison de sa fatigue. Elle ne voulait pas repenser à ce qu'il s'était passé, là-bas, dans la Forêt Interdite...

"Désolée, ça n'était pas contre toi..."

Finit-elle par dire d'un ton las.

"Effectivement, je suis fatiguée. J'ai peu dormit ces derniers temps. J'ai.. des contrariétés. Avec les cours, tout ça, ça n'est pas que je me débrouille mal, mais certains cours sont difficiles à suivre. L'astronomie par exemple, rien que de penser à ce cours me donne envie de dormir !"

Bien sûr, ceci était un pur mensonge. Il était vrai qu'elle avait des difficultés en astronomie, mais de là à s'en empêcher de dormir, ça n'était pas son genre. Elle n'était pas Serdaigle, non plus ! Mais elle ne pouvait pas dire ce qu'il y avait vraiment, à un Gryffondor qu'elle n'avait rencontré qu'une fois, et qu'elle avait passé la soirée à incendier alors qu'il cherchait à l'aider.
Ignorant si elle avait aussi bien mentit que si elle avait été en forme, elle se retourna vers William pour prendre la chocogrenouille qu'il lui tendait.

"Merci c'est sympa. Je te laisses la carte si tu veux, ce genre de babioles ne m'interressent pas. Il n'y a que les enfants de moldus que ça amuse à mon avis."

Elle eut un léger sourire qui n'avait rien de méchant, mais ne s'était pas rendu compte de la bourde qu'elle avait fait. Les Serpentards étaient des racistes de première dans les esprits des autres Maisons, et à sa remarque, Liliana aurait très bien put être imaginée comme telle. En réalité, elle n'avait pas été jusqu'au fond de sa pensée. Elle parlait bien sûr de l'étonnement continuel que cela devait-être de voir une photo bouger, alors que dans le monde des moldus, les personnages restaient bêtement figés dans leur cadre !
Sa mère étant issue de famille moldue, lorsqu'elle lui avait montré ces photos d'enfance, Liliana les avait trouvé d'un ennui mortel. Des sourires figés, pas un signe de main, pas de personnages qui finissaient par montrer leurs animosité en se sautant à la gorge, comme il était courant de voir dans les portraits de famille sorcière.

Drôle de réaction. Il s'inquiétait pour elle, elle répliquait agressivement... Bien sûr, William s'était rendu compte, en posant la question, qu'elle était indiscrète, mais cela n'empêchait pas la Serpentard de conserver les apparences... c'est ce qu'on faisait dans ces cas-là.... Le rouquin hocha la tête, avec un sourire compréhensif, lorsqu'elle parla de ses contrariétés et de sa fatigue. Il ne savait pas qu'il y avait au monde un seul Serpentard qui soit fatigué à cause des cours, mais il ne demandait qu'à y croire.
Liliana accepta le Chocogrenouille, et William en attrapa un autre pour lui. Il se baladait toujours avec des trucs à manger plein les poches, une habitude qu'il avait prise à Poudlard. La vie au château était tellement imprévue qu'il jugeait préférable de toujours avoir quelques petites provisions, au cas où il se retrouverait enfermé dans une pièce sans pouvoir en sortir, par exemple...
Il déchira l'emballage et retira la carte. Paracelse. Il était déjà tombé dessus au moins dix fois... Machinalement, il remisa la carte dans sa poche. Il n'en faisait pas collection, mais certaines de ses connaissances seraient contentes d'avoir une carte supplémentaire... C'est alors que Liliana lui proposa sa carte, en agrémentant sa question d'une remarque sur les enfants de Moldus. Will était habitué à s'entendre appeler "Sang-de-Bourbe", et il s'était blindé contre ce genre d'insulte. Mais là, cette réflexion venait de Liliana, une fille qu'il ne croyait pas comme ça, une Serpentard dont il n'aurait pas cru qu'elle partageât les préjugés si répandus dans sa maison... Déçu et blessé, il répliqua sèchement:

-Merci, je t'en fais cadeau... J'ai beau être enfant de Moldus, les cartes de Chocogrenouilles ne m'intéressent pas.

Aucune collection n'avait jamais retenu son attention, pas même celle de portraits mouvants de sorciers célèbres... Et les photos animées n'avaient plus de secret pour lui. Il en envoyait régulièrement à ses parents, et lui-même commençait à trouver les photos immobiles des Moldus un peu ennuyeuses... mais cela, il ne l'aurait jamais avoué devant ceux qui étaient déjà si prompts à lui reprocher ses origines...

Le regard de Liliana fut d'abord étonné, troublé, puis agacé, face à la sécheresse avec laquelle lui avait répondut William.

"Qu'est-ce que j'ai dit ?"

La jeune fille poussa un léger soupir, n'ayant toujours pas réalisé qu'elle venait de troubler le garçon par ses mots. Elle avait trop de préoccupations et d'angoisses en tête pour faire réellement attention à ce qu'elle disait. La colère s'insinua en elle en de légers picotements parcourant son corps, et d'agacement, elle jeta d'un mouvement sec la carte au sol.

"Qu'est-ce que j'ai fait, hein, pour que vous vous acharniez à être tous désagréable avec moi ? T'as pas comprit que je voulais être sympa ? Je ne t'ai pas insulté, que je sache !"

Elle avait parlé un peu fort, et s'était rapproché de William d'un pas qui pouvait paraître menaçant. A cette distance, le jeune Gryffondor pouvait apercevoir une marque bleuâtre sur son cou, un bleu.
La colère émanait d'elle, mais la simple sècheresse de William n'en était pas la cause. En effet, sa réaction était bien trop excessive.
D'ailleurs, contre toute attente, la vipère fut aussi rapidement vidée de sa colère qu'elle n'en avait été envahit, et ses épaules jusqu'alors bien droites s'affaissèrent. Son regard se brouilla, et la petite se détourna en couvrant le visage de ses mains.
Elle agissait d'une façon totalement ridicule, elle le savait, mais elle ne parvenait pas à se contrôler. Si elle pleurait, elle fit cependant en sorte que le Lion ne s'en rende compte, et courut jusqu'à un mur.

Dans ses pensées, elle pleurait. Les mains liées, un doigt dégoulinant d'un liquide écarlate, elle tremblait de terreur.
« Et… goutte après goutte…j’instillerais mon dégoût comme… comme un brûlant acide… »
Une femme était accroupie auprès d'elle, en regardant le sang goutter de son doigt ouvert, une lueur de démence sur le visage.
« Jusqu’à ce que… finalement… tu périsses… »

Liliana frappa son poing contre le mur, et quelques hiboux s'envolèrent ou hululèrent, indignés. Assez ! S'en était assez ! Elle ne voulait plus revivre cet instant, qui la hantait aussi bien éveillée qu'endormie ! La douleur l'éveilla de ses songes, et elle réalisa la façon dont elle venait de se comporter, en présence de William.
Aussitôt, elle eut terriblement honte, mais c'était trop tard pour revenir en arrière. Elle n'osa pas se retourner, et se mit à sangloter.

"Je suis dé...désolée... Je... je... je suis comp...plètement ri..dicule... J'ai... Je me sens pas bien c'est... c'est tout..."
Elle renifla et essuya de sa main abimé ses yeux.
"Je n'ai pas voulut t'insulter..."

Oui, c'est vrai, William avait répondu sèchement, mais c'est qu'il commençait à en avoir plus que marre des réflexions sur les Moldus. En période de match, il y avait droit tous les quarts d'heure, et à force, il saturait. Et puis d'abord, Liliana aussi lui avait parlé sèchement quelques minutes avant, et il n'avait pas poussé les hauts cris pour ça... Mais elle, à peine il lui rendait la pareille, elle se mettait à faire du scandale. Ah, les filles...
Elle se mit à glapir qu'elle ne l'avait pas insulté, qu'il n'avait pas à être désagréable avec elle... A bout de patience, William s'écria:

-Hé, tu la calmes ta joie!

Sa voix couvrait celle de Liliana, et le Gryffondor s'arrêta, stupéfait. Elle venait de se détourner brusquement vers le mur, les mains sur le visage. Pouvait-il l'avoir ainsi vexée en seulement quelques mots?... Il n'eut même pas le temps de réagir. Liliana balança un grand coup de poing dans le mur, et elle éclata en sanglots.
William n'y comprenait plus rien. Il s'approcha de la Serpentard, et lui tapota maladroitement l'épaule en disant:

-Allez, ça va aller... calme-toi, ça va.. Je le sais que tu n'as pas voulu m'insulter...

Il ne savait pas ce qui allait mal pour Liliana, pour qu'elle craque ainsi, sans signe avant-coureur. Toujours très maladroit, il murmura:

-Tu veux que... euh... je t'emmène à l'infirmerie?

Le cri de William avait stoppé net Liliana dans sa colère, et la petite s'était aussitôt détournée de lui. Si ses pensées avaient coupé le temps pour elle, William avait du rester stupéfait de la vitesse avec laquelle elle s'était dirigée vers le mur, pour y balancer son poing.
Les phalanges maintenant meurtries, la petite vipère sanglotait. Jamais elle n'avait pleuré devant quelqu'un, hormis dans la Forêt Interdite, lors de ce soir qui la hantait dans ses cauchemars.
Will s'approcha en prononçant des paroles pour la calmer, tandis que son dos s'agitait de soubressauts, et lui tapota l'épaule. A ce geste, la petite se tordit vivement pour échapper à la main du Gryffondor, en poussant un petit cri de douleur.

"Ne... Ne me touches pas, s'il te plaît."

Le traitement que lui avait infligé la mangemorte (ok ça ne s'est pas encore passé, mais je pense que ça arrivera très vite) la faisait encore souffrir à bien des endroits.
Liliana se retourna vers lui, sans croiser son regard, en amenant sa main vers son épaule, mais sans oser la toucher ne serait-ce que pour la masser. Sa main finit par retomber mollement.

"Non, non, ça ira, ce ne sont pas une petite crise de nerf et quelques courbatures qui vont me forcer à aller à l'infirmerie."

Murmura-t-elle en essuyant ses larmes.

"Ne crois pas que j'ai quelque chose contre les enfants de moldus. Mes grands parents maternels sont moldus."

Ajouta-t-elle sans relever les yeux sur William, bien qu'elle était sûre que ses larmes étaient maintenant sèches. Elle n'osait pas le regarder, de une pour ne pas trahir le mensonge qu'elle avait proféré quelques secondes auparavant, et de deux car elle avait particulièrement honte que ses nerfs aient laché en la présence de quelqu'un.

William retira sa main, puisque Liliana, apparemment, n'appréciait pas le contact. Elle avait frissonné lorsque Will l'avait touchée, comme si une contusion s'était réveillée sous la main du Gryffondor... Il pensa qu'elle avait dû tomber et se faire mal. Ou bien avoir un accident de balai. Quoi qu'il en soit, il pensait à quelque chose de banal, de quotidien, pas du tout à une sorte de séance de torture... D'une voix douce, étrangement douce d'ailleurs, comme s'il s'adressait à une mourante, il demanda:

-Tu es sûre que ça va aller?

Il n'avait plus qu'une envie: partir, laisser Liliana se débrouiller seule, puisque visiblement elle n'avait pas besoin de lui. Elle murmura que ses grands-parents étaient des Moldus, et cette nouvelle qui aurait dû réconforter William le laissa perplexe. Comment une descendante de Moldus pouvait-elle parler ainsi?... En tout cas, son commentaire sur les cartes de Chocogrenouilles avait vraiment blessé le Gryffondor, qui avait hâte de filer. Il en avait assez entendu comme ça... Maladroitement, il dit:

-En fait euh... je suis désolé mais... je dois partir... Bonne journée...

Bonne journée. La meilleure chose à dire à quelqu'un dans l'état de Liliana, tremblante, désemparée et en pleurs.