Etrangement, c'est lorsque le désir d'indépendance d'une personne s'accroit que les ennuis familliaux arrivent, certes pas bien graves mais assez pour devoir être chargé de quelques affaires pendant que Père est au bureau. Les problèmes avaient bien entendu commencé avec l'entrée de Lynn à Poudlard. La petite avait à elle seule semé plus de troubles que les trois frères réunis, surtout en cette année scolaire. Si Torin avait pû la ramener aux précédentes vacances, les dérangements auraient pû être évités, mais cette soit-disant Gryffondor avait fuit la menace en lâche.
Et en cette fin d'année scolaire, le jeune mangemort se retrouvait donc avec une mère prète à accoucher (sur qui il était donc peu recommandé de lever la main), un père trop prit par son travail pour venir lui-même, un frère trop impulsif (briser une baguette et être vu par un professeur, ça avait été idiot de sa part) et un second frère se rapprochant trop de sa soeur. C'était pour tenter de rencontrer ce dernier et essayer de le raisonner que Torin se retrouvait à Pré-au-Lard, sur ordre de son père.

Plus il y pensait, plus il se demandait pourquoi son père avait voulu autant d'enfants, car pour le moment Torin était le seul à ne pas l'avoir déçu entre son insigne de préfet en chef, les félicitations des enseignants pour son travail remarquable et par dessus tout sa venue auprès du Lord. Puis sans les autres il n'y aurait pas eu de soucis d'héritage et de déshéritage. Mais les choses étaient ce qu'elles étaient...

Arrivé dans le village avoisant Poudlard, c'était avec une mine maussade que Torin avait parcouru les grandes allées, slalomant entre tous ces sangs de bourbe pouffant comme des idiots. Ils auraient dû s'écarter sur son chemin. Il n'en tint pas rigueur, trop occupé à tenter de retrouver un visage familier, peu importe lequel de ses frères, il devait parler aux deux. Mais il ne trouva rien, lorsque...
Août de l'année précédente. Torin avait retrouvé Lynn au beau milieu du chemin de traverse, etant donné le monde peuplant la rue, il ne pouvait forcer la petite à rien et cette garce avait fuit. Torin était donc parti à la boutique de Quidditch pour acheter la paire de gants la plus chère, pour l'anniversaire d'un joueur professionnel (l'homme lui offrait des places dans la tribune d'honneur, un beau cadeau lui donnerait une raison de continuer). Depuis la vitrine (où étaient entreposé les meilleurs articles) il cherchait entre les passants. Il vit un couple de jeunes gens s'avancer jusqu'à une petite silhouette, Lynn. Ils parlaient avec elle et sur leur visage se lisait la compassion. Sa soeur était de dos, le visage des deux jeunes gens clairement visible, Torin se penchant plus sur la vitrine, chassant d'un geste une toile d'araignée...

Il avait clairement dit à sa soeur qu'il lui ferait payer son comportement ce jour-ci et, au grand malheur de la demoiselle, sa mémoire était excellente. Excellente au point de remarquer une tête à Pré-au-Lard, qui lui donnait une impression de déjà vu. Comme il n'avait rien de mieux à faire -ses frères deumeuraient introuvables- il observa le jeune individu. Ce dernier semblait seul et, plus Torin le regardait, plus il lui trouvait un air avec le probable ami de Lynn.
Et quand, par un étrange miracle, l'élève se dirigea vers l'un de ces petites ruelles où l'on ose d'habitude pas mettre le pied seul, le mangemort saisit sa chance. Il le suivit à bonne distance, la sombre allée déserte, s'éloignant peu à peu du vacarme des grandes rues. Parfait, Torin se rapprocha à grands pas, jusqu'à ce que d'un coup le garçon se retourne, entrant en collision avec l'ainé des Bower qui lui, ne tomba pas, simplement secoué, l'air aussitôt agacé.

"Tu t'excuses? Ça vaut mieux."

Torin observa le garçon se relever et s'essuyer, trouvant cette attitude à la fois ridicule et déplorable. Il fixa le garçon d'un air hautain, ses yeux gris semblant vouloir glacer le blondinet par on ne sait quelle sombre magie. Il laissa ainsi passer quelques secondes de silence sans prononcer aucune de ces railleries qu'il aurait lancé si il avait eu dix ans de moins. Malgrès des traits encore jeunes, le mangemort s'imposait dores et déjà comme un adulte, pouvant inspirer crainte comme respect, faisant preuve d'une certaine maturité.
Maintenant qu'il avait vu le garçon d'assez près, ses doutes se confirmaient et il n'y avait aucune issue, si ce n'est de donner les bonnes réponses à Torin et de se comporter bien sagement. Il était encore inutile de montrer baguette pour faire autorité, tant que le jeune sorcier serait un minimum intimidé, le mangemort garderait un ton mielleux et un calme absolu, presque deconcertant quant on savait la haine que lui inspiraient Lynn et ses amis.

"Connais-tu une certaine Lynn Bower?"

Il n'y avait aucune fierté et pas non plus d'honneur à attaquer plus jeune et moins expérimenté que soi. Torin était parfaitement conscient de ce genre de doctrine et en faisait bon usage. En effet, jamais l'idée ne lui viendrait d'agresser des jeunes gens juste... Comme ça. En revanche, là où il n'y avait ni fiereté, ni honneur, il pouvait y avoir de l'interêt ou encore des raisons parfaitement argumentées.
Dans le cas présent, les motivations en vallaient la peine à quelques détails près. Il ne connaissait rien du garçon et qui sait si ce dernier pouvait s'avérer être un informateur utile, potentiel complice? Pas de déductions hâtives, le pauvre élève n'ayant aucun moyen de fuir Torin aurait plus de temps qu'il n'en faut pour le « cuisiner ». Et ce n'était pas le manque de recettes qui posait problème.

La peur était parfaitement lisible sur le visage de l'étudiant, Torin en venant même à se demander si il faisait aussi peur que ça dans des lieux tels que le Chemin de Traverse. Il y avait bien sûr aussi les conditions dans lesquelles ils s'étaient croisés et le mangemort apprécia d'entendre sortir de la bouche du blond les excuses qu'il attendait. Il remarqua la baisse du volume sonore de ses paroles lorsqu'il disait des choses qu'il semblait obligé de prononcer, tout particulièrement lorsqu'il approuva connaître Lynn. Torin souriait, si ça continuait comme ça il saurait bientôt tout ce que pouvait lui dire ce garçon, commençant d'abord par des questions simples.

« Oh, tu es un de ses amis? Comment t'appelles-tu? Tu es dans la même maison qu'elle? »

Chaque question avait été prononcée d'un ton sympathique, exactement comme si Torin cherchait juste à prendre des nouvelles d'une vieille amie qu'il aurait perdu de vue. Seule la vrai question avait un potentiel interêt, les autres étant uniquement à titre indicatif. Et, lorsqu'il demandait au blond s'il était dans la même maison que Lynn, sa voix parut plus intriguée comme si, au cas où ils ne soient pas de la même maison, il cherchait implicitement à savoir où le choixpeau l'avait répartit. Dans tous les cas excepté Poufsouffle (aucun Bower n'y étant), ce pouvait être interessant à savoir.

Le mangemort remarqua bientôt le sourire s'afficher sur la tête de celui dont il ne connaissait pas le nom. Instinctivement, le visage de l'ex Serpentard devint froid comme si malgrès le ton sympathique et les questions peu dérangeantes, la situation ne lui permettrait pas de s'en tirer si facilement. La réaction fut directe car assez vite Torin le vit baisser la tête. Deux possibilités s'offraient à lui, soit rassurer l'élève, soit le menacer, auquel cas cela impliquerait des risque. Lynn était peut-être confrontée à la loi du silence, ce qui n'était pas le cas du camarade de cette traîtresse.

« Au fait, tu peux parler à voix haute ici, personne ne t'entendra ici. »

Un etrange rictus se dessina sur son visage, il était impossible de dire si c'était du sadisme, de la moquerie ou une fausse sympathie. Le destin du pauvre garçon était pourtant scellé (à moins que ce ne soit un ami d'Ultan), même si il prétendait n'avoir aucun lien avec Lynn, ni amitié, ni quoi que ce soit, Torin avait un message à faire passer à sa soeur. Il avait dit qu'il se vengerai et même si cela impliquait d'abord de s'en prendre à une simple connaissance de la rouge et or, ce serait un signe avant-coureur: plus personne n'oserait l'approcher par peur de ce qui pourrait arriver et ceux qui le feraient seraient punis quoi qu'il advienne.
C'était là l'une des ambitions du jeune mangemort, certes incroyable puisqu'il prendrait de gros risque. Mais une fois qu'il en aurait finit avec celui qui se trouvait face à lui, il serait fixé sur la fiabilité de ses méthodes, saurait si il avait des chances d'être dénnoncé ou non.

Une chose tout particulièrement apprèciable dans ce genre de situation était la facilité avec laquelle on maintenait sa proie sans qu'elle ne cherche à fuir. C'était un peu comparable à la chasse moldue, celle qui consistait à venir capturer le lapin directement dans son terrier. A une extremité de la gallerie, on plaçait des brindilles que l'on brûlait pour enfumer la gallerie et à l'autre bout un furet faisait le guet. Le pauvre gibier réalisait alors qu'il était pris au piège, qu'il n'avait aucune issue et se jetait dans la gueule du furet. Mais ici cétait encore plus simple, il n'était pas necessaire de bloquer l'une des sorties de la ruelle et le furet n'avait même pas besoin de refermer ses crocs sur le cou du malheureux pour que celui-ci reste sans bouger.

Si Lord Voldemort, l'un des mages les plus puissant au monde, s'en prenait à Harry Potter, jeune étudiant à Poudlard, Torin en déduisait qu'il n'y avait aucune honte à ce que lui-même s'attaque à un élève qui aurait environs le même age, à quelques mois de différence, ou une ou deux années aux grand maximum. Et, il ne cessait de se rassurer avec cette idée de légitimité.
Il serait donc prêt à sortir sa baguette et s'en servir si le garçon faisait preuve d'arrogance ou refusait de répondre à ses questions. Cependant il n'eut pas besoin de le faire, l'élève sûrement assez intelligent pour comprendre qu'il devait bien répondre, ce qu'il fit. La seule décéption dans sa réponse fut qu'il ne donna pas son nom complet, imaginez si ça avait été Fudge, il aurait eu un serieux problème. Ce n'était cependant pas si grave puisque Torin maitrisait à merveille le sortilège d'amnésie et ferait facilement oublier son son visage. Lorsqu'il parla de la supposé amitié avec Lynn, disant qu'il fallait demander à la concernée, le mangemort poussa un soupir dédaigneux.

« Très bien Kael. Tu sais, moi aussi j'étais préfet, même préfet en chef. Tu dois être quelqu'un d'intelligent, il paraît que les Poufsouffles le sont, cela ne les empechant pas d'être quelquefois naifs, surtout face à la vrai nature des gens. »

Ce n'était aucunement de la critique, Torin avait emprunté un ton doucereux et laissait Kael sur sa faim, ne lui expliquant pas tout de suite pourquoi il en venait parler de naïveté. Il laissa volontairement quelques secondes au Poufsouffle pour reflechir au sujet. Il était sûr qu'il comprendrait quelle insinuation était faite, mais moins certain que le jeune préfet serait en accord avec ce qui suivait.

« Tu sais, mon jeune ami, la loyauté peut être une qualité comme un tord, tout comme l'ambition, je l'admet volontiers. Mais il faut que tu sache: si je demandais à Lynn, elle répondrait que tu n'es pas son ami, que tu n'es rien. Sais tu pourquoi? C'est une usurpatrice mythomane qui ne porte de considération qu'à sa propre personne. Elle utilise sa propre famille comme bouc émissaire, manipulant son plus jeune frère parce qu'il n'est pas à Serpentard. Et tout le monde le sait, la maison de Salazar a toujours été pointée du doigt lorsqu'il s'agit de trouver des coupables. »

Il s'interrompit dans son récit. Il esperait que le Poufsouffle ne lui coupe pas la parole car si c'était le cas, cet acte serait perçut d'un très mauvais oeil. Contrairement de nombreuses situations, Torin n'était pas sans ignorer qu'avec ce garçon, il n'avait pas l'atout d'une crédibilité infaillible, peut-être même le dénommé Kael tenterait de faire semblant mais ne le croirait pas. Le seul moyen de le savoir serait donc de poser des questions plus troublante, de déceler l'hésitation si il y avait, d'observer la gorge du garçon pour tenter d'appercevoir une accélération du pouls. La tache serait cependant compliquée car à forcer d'intimider, le mangemort avait poussé ce pauvre innocent à baisser la tête, à regarder le sol. Cette position lui rappellant celle de Lynn et de sa mère lorsqu'elles s'apprétaient recevoir une correction.

« Sache juste qu'à Gryffondor il existe aussi des fourbes. Bref. Tu sais peut-être où Lynn habite maintenant? Chez toi par exemple? Ou chez ta petite amie, très jolie d'ailleurs. »

Un petit rictus se dessina sur ses lèvres. Par petite amie, il parlait bien entendu de celle qu'il avait apperçut presque un an plus tôt. Il se fichait royalement du physique qu'elle pouvait avoir, mais il savait que de la dire belle pouvait sonner aussi bien comme une menace qu'un compliment, suivant l'etat d'âme de Kael. C'était bel et bien maintenant que les choses allaient se corser, car quoi qu'il advienne, Torin ferait passer au Poufsouffle l'envie de fréquenter Lynn plus longtemps.

Le rictus de Torin s'amplifiait petit à petit. Jusque là Kael n'avait pas eu de raison vallable de mentir ou de s'énerver et avait bien répondu. Mais le mangemort venait de toucher la corde sensible et déjà sa proie fronçait les sourcils. La tention était palpable, l'ancien serpent conservait tout de son sang froid, mais il n'en allait pas de même pour le préfet des Poufsouffles. Le pauvre élève venait pour son plus grand malheur de troquer sa peur pour de la colère, pour des mots qu'il n'aurait jamais dû prononcer.

Torin restait parfaitement calme. Il venait de se faire insulter, d'une manière grotesque et dénuée de tact. Bizarement cela le faisait sourire, même limite ricaner: il fallait être fou ou suicidaire pour lui parler de la sorte et très vite le garçon serait duement puni. Le mangemort se décida à faire part de son châtiment lorqu'il vit le jaune et noir faire une pause, mais à peine eut-il le temps d'ouvrir la bouche que le flot de paroles haineuses reprit.

Alors comme ça il était lâche. Si ce Kael avait connu ses motivations... Tant pis, il ne servirait à rien de gaspiller sa salive pour lui raconter des choses qu'il n'avait pas à connaître. Torin allait lui montrer comment il esperait obtenir des réponse et en profiterai également pour lui donner une petite correction. Ainsi, dans un calme total et avec un sourire enjouée, il sortit sa baguette.

« C'est bien ce que je craignais... »

Il brandit le morceau de bois finement sculpté et le pointa vers l'impétueux. Avant que ce dernier ne tente de fuir ou d'esquiver, ses jambes se collèrent, ses bras se plaquèrent le long de son corps, à présent paralysés. Le regard de Torin s'assombrissait lentement, ne laissant apparaître qu'une lueur sadique. Ce qui allait se passer était entièrement de la faute à Kael, mais ces erreurs étaient en réalité accueillies avec grande joie par Torin. On disait le retour du Seigneur des Ténèbres proche et cet avant goût du jour où il pourrait torturer librement des innocents, voir la souffrance et la peur dans leurs yeux, c'était un pur bonheur.

« Tu es aussi bête que les autres Poufsouffles. »

Les mots sortaient seuls de sa bouche à présent, il ne cherchait plus la subtilité, trop concentré, trop excité à l'idée de le faire souffrir. Tant qu'il ne le tuait pas, il avait l'embaras du choix, il pouvait être barbare ou délicat, il pouvait laisser des marques sur sa peau comme dans son ame. Dans un premier temps, il l'envoya d'un coup de baguette valser contre un mur, auquel son dos se plaqua, ainsi maintenu prisonnier. Torin s'avança lentement, maintenant son arme dans les airs, pointé vers Kael pour qu'il reste bien collé au mur.
Un fois à moins d'un mètre du préfet, il arbora son pire sourire, totalement inhumain. Il tendit sa main gauche et saisit la machoir du garçon, la serrant d'abord fort puis relachant la pression petit à petit. Il ne fallait pas qu'il lui brise son appareil communicatoire pour le moment, peut-être après. Le mangemort approcha finalement son visage de celui de Kael pour lui parler très clairement.

« Reponds simplement à ma question. Je t'ai vu avec Lynn cet été, vous êtes repartis ensembles. Tu sais où elle se cachait, alors dis-le moi. Et ne m'obliges pas à me repeter. »

D'un geste brusque sa main gauche se retira de la machoir de Kael. Puis d'un coup Torin mit fin au maléfice paralysant, provocant la chute et le décollage du mur. Aussitôt il informula un « accio baguette », retirant à sa victime toute possibilité de vraiment se défendre. Il maintint ensuite sa propre baguette en joue pour empêcher toute tententative d'évasion.

Finalement, dire ce qu'il avait sur le coeur était la plus grosse des conneries à faire en l'instant présent, et Kael le regrettait, énormément. D'ailleurs, le châtiment auquel il s'était attendu ne tarda pas à arriver... Torin sortit sa baguette. Le Celte eut quelques instants en tête la stupide idée qu'il pourrait engager un duel, mais son inexpérience ne durerait pas deux secondes face à ce mage noir surentraîné (et complètement dingue, au passage)... Le temps des prières était donc venu... Soudain, le Poufsouffle perdit sa liberté de mouvement, comme s'il avait été pétrifié... Il ne pouvait ni se défendre ni se défiler, il aurait à subir le fruit de son impertinence... Et d'ailleurs, il se maudissait intérieurement d'avoir ainsi répondu...

Torin déclara alors que le Jaune et Noir était aussi bête que les autres élèves de sa maison... Kael aurait pu dire que les Serpentards n'étaient pas mieux, mais cela n'aurait fait qu'ajouter aux prétextes de l'aîné des Bower pour le torturer... Ce dernier plaqua alors violemment le pauvre Quatrième Année contre un mur, d'un mouvement de la baguette... Et la peur grandissait dans le coeur, la tête, le regard du malheureux Celte... Différentes images passèrent devant ses yeux, son père, sa mère, son parrain... Jem... Lavande... Lynn... Aïlin... avant qu'un visage ne devienne plus net que les autres, celui de Torin, qui désormais lui faisait face, une expression inhumaine peinte sur les traits... Le Poufsouffle émit un gémissement lorsque le Mangemort lui saisit la mâchoire, qu'il serra, serra, avant de relâcher peu à peu son étreinte... Et il comprit, il devait parler, il devait... Mais il ne voulait pas, il ne voulait pas... Torin exigea de savoir où Lynn se cachait, où elle allait lorsqu'elle n'était pas à Poudlard... Les larmes se joignirent à la peur dans les yeux du Préfet, avant que le sort ne soit levé... Fébrile, Kael s'écroula...

Et il ne put même pas esquisser le moindre geste pour empêcher la séparation d'avec sa baguette... Il était au sol, et se redressa, pour rester à quatre pattes, la tête baissée... Et le liquide lacrymal s'écoula, pour s'écraser par gouttes sur le sol de la ruelle... Il ne leva pas les yeux. Les visages de ceux qu'il aimait continuait de défiler... L'amour était plus fort que tout... Et Torin devait sacrément en avoir manqué pour agir ainsi... Lynn... Kael avait promis de ne rien dire, il avait malgré lui était mis au courant, engagé dans cette histoire, et il le payait aujourd'hui... Encore une fois, il pensa à Jemiah. Elle n'avait pu venir, lui était venu seul à Pré-au-Lard, et qu'est-ce qu'il le regrettait... Il regrettait d'être là, d'être entré seul dans la ruelle, d'avoir avoué le fond de sa pensée à son tortionnaire...

"Je ne peux pas..." souffla-t-il, alors que les larmes se bousculaient.

Il ne trahirait pas Lynn. S'il devait souffrir pour elle, il le ferait. N'était-il pas un de ses chevaliers servants, après tout ? Torin en penserait ce qu'il voudrait, ferait ce qu'il voudrait, mais il n'arracherait rien du Celte. Il était peut-être un stupide Poufsouffle, mais la loyauté était la plus haute valeur de sa maison, c'était le moment idéal pour le démontrer et s'en montrer digne... Son bourreau, lui, appliquait parfaitement les valeurs de Serpentard, fourberie, lâcheté.

"Je ne peux pas..." répéta le Jaune et Noir, cette fois de façon plus audible.

Mais il n'avait toujours pas levé la tête. Peu importait ce qu'il allait devoir subir à présent. Il était devenu une victime, il en porterait les marques, mais il s'en moquait : Lynn ne subirait pas ce sort. Si son frère la trouvait, lui et son père la tuerait certainement, après lui avoir fait subir les pires horreurs... Il ne fallait pas qu'elle ait de nouveau à entrer dans ce cercle vicieux... Finalement, sans bouger de sa position, Kael leva les yeux vers Torin, des yeux débordants de larmes. Comme pour attendre un châtiment, une punition...

Faire du mal était pour le commun des mortels un acte impardonnable. Si d'ailleurs le synonyme de « faire souffrir » était caractérisé par le mot mal, c'est qu'il était au-delà de la limite du bien. Mais ces limites, selon les individus, variaient: les fous par exemple n'en avaient pas la notion. D'autres assimilaient le concept « un mal pour un bien ». Enfin, il existait une classe de personne ayant connaissance de ces notions mais en faisant une totale abstraction. Car certains actes injurieux provoquaient le plaisir, cette sensation de toute-puissance, avoir le droit de vie et de mort, ignorer les limites de l'éthique.
Torin avait été confrontés à ces dogmes de la vie en société mais, comme pour beaucoup des personnes considérées comme « mauvaises », le milieu dans lequel il avait vécu l'avait poussé dans une voie bien qu'il ait eu le choix. Il n'y avait pas seulement son père, il y avait aussi le côté séduisant de cette « toute puissance ». Puis le Lord Noir lui-même était un exemple de réussite: il avait peut-être été vaincu par un enfant, mais avant, il était « heureux », puissant, accomplit; il avait bénéficié de ce pouvoir dont Dumbledore lui-même aurait pû connaître les délice s'il avait fait preuve de moins d'altruisme et justement de « bonté ».

Tout ceci pour dire qu'en cet instant, le jeune mangemort agissait d'une manière parfaitement logique par rapport à ses attentes. Lynn était elle son opposé, elle n'avait pourtant pas eu les mêmes occasions de choisir entre bien et mal, mais probablement la souffrance l'avait poussée dans la voie opposée. Si jeune elle était donc une menace, arrivée à l'âge adulte, Torin savait qu'elle pouvait devenir un vrai danger. Et, au nom de cette cause, l'éliminer, il avait tous les droits, même ceux que son père ou le Lord ne lui auraient pas confiés.
Cette sensation d'agir en son propre nom, ça c'était l'un de ces sentiments de puissance, éliminant quiconque se mettrait en travers de son chemin. Et, eliminer ne voulait pas forcément dire tuer, il avait besoin du garçon pour faire passer un message à sa soeur. La douleur par contre, elle faisait partie du message et serait très bientôt infligée.

Avec un sourire satisfait, il observa le Poufsouffle tomber, se mettre à quatre pattes sans pouvoir se lever entièrement. Cette sensation de dominer la situation, voir la victime ne pas oser relever la tête, et par-dessus le marché, malmener un élève censé être sous la protection de Dumbledore, comme tous ceux qui étudiaient à Poudlard. La voix faible de Kael indiquait qu'il ne tiendrait pas, encore quelques maléfices et il dirait tout, se tordant de douleur sur le sol... Tout du moins selon les espoirs de Torin.
Une seconde fois le préfet répéta son pathétique « je ne peux pas », moui, c'était plutôt qu'il ne voulait pas. Mais le mangemort possédait une panoplie d'arguments qui le feraient changer d'avis. Et, à peine Kael eut-il relevé sa tête larmoyante, un éclat de rire glacial se fit entendre. Torin vint s'accroupir auprès de son nouveau compagnon de jeu pour être à son niveau, puis il appuya l'extrêmité de sa baguette contre la joue du pauvre garçon afin de maintenir sa tête droite. Il voulait lui parler en voyant ses yeux, les larmes y couler, lui faire comprendre qu'il serait capable du pire s'il ne parlait pas.

« Comprends bien que ta vie ne m'importe pas. Mais que ta mort serait inutile. Regardes comme tu pleures, tu ne veux pas de ce sort hein? Si ça peut t'aider à parler, saches que quoi qu'il arrive, que tu parles ou non, je retrouverai Lynn, ce n'est qu'une question de temps. Elle ne voudrait certainement pas que tu te sacrifie pour une cause qui est vaine, tes parents non plus, et ta petite amie... Ce sera son tour après toi. »

Mais il n'en avait pas finit. Ce n'était même que le commencement, parce qu'il savait qu'il ne s'était pas encore montré assez clair. Stupides Poufsouffles et leur loyauté à deux noises, ils étaient donc trop bornés pour comprendre qu'il y avait des destins auxquels ils ne pouvaient rien changer, préféraient-ils se tuer en soit-disant « héros »? Pathétique. Et si ce Kael persistait à ne rien dire, ce ne serait plus un, mais bel et bien deux Poufsouffles qui seraient morts en cette seule année scolaire, bien qu'aucun n'ait encore quitté la vie.
Torin se redressa. Le jeu était terminé, l'heure de vérité sonnait. A petits pas, il tourna autour de sa proie, ne le quittant à aucun moment des yeux, sa baguette toujours pointée vers lui. Après deux tours, il s'arrêta face à Kael, l'air grave. Torin ne souriait plus, ne se moquait plus. Ce serait le dernier rappel à l'ordre avant qu'il n'en finisse. Il fixa le garçon dans le blanc des yeux, sa baguette fin prète.

« La seule personne que tu puisses encore sauver c'est toi, alors dis moi où Lynn vit l'été. Endoloris. »

Le jet de lumière fusa comme la balle d'un fusil, frappant de plein fouet le Poufsouffle. Cependant, l'intensité du sort avait été bridée. Il causerait la même douleur, mais durant quelques secondes seulement. Torin avait apprit que ce court laps de temps pouvait sembler durer des minutes pour la victime. Ce qui serait probablement suffisant à faire parler Kael, et si ce n'était pas le cas, il ne modèrerait pas ses ardeurs au prochain coup. Et si prochain coup il y avait, le plaisir n'en serait que décuplé. Dans les deux cas, Torin partait gagnant. La balle était dans le camp du Poufsouffle, c'était à lui de décider ou au moins comprendre que le plus judicieux -et surtout le seul choix intelligent- serait de répondre à une seule et unique question.

La peine, la souffrance, la douleur. Tant de choses à subir pour protéger quelqu'un. Kael préférait supporter tout ça plutôt que de vendre ses amis. Un vrai comportement héroïque, et pourtant... S'il n'avait pas été réparti dans la Maison de ceux que l'on dit courageux, il y avait une raison. Mais fallait-il tout de même du courage pour pouvoir se montrer digne de la loyauté caractéristique des élèves de Poufsouffle ? L'idée pourtant d'avoir à endurer les pires horreurs était peu supportable, en elle-même, surtout que celui qui se montrait comme son bourreau y prenait un malin plaisir... Le Celte regarda Torin s'agenouiller près de lui, lui coller la pointe de sa baguette sur la joue... Mais que cela était dérisoire, comparé à ce qui allait lui arriver... Ô Merlin, que les hommes peuvent être cruels et sans coeur ! Fallait-il obligatoirement ne plus savoir faire preuve de sentiments, hormis la haine, pour maîtriser les plus noires pratiques de la magie ?

... Mais que ta mort serait inutile...

Ainsi, il n'allait pas mourir... Mais aurait à vivre, dans les instants, encore plus insupportable que même l'idée de perdre la vie, insupportable au point même de vouloir y mettre un terme par la plus radicale des manières... Ô Merlin, ô combien l'homme peut se montrer friand des méthodes les plus efficaces pour obtenir ce qu'il souhaite...

... Sache que quoi qu'il arrive, que tu parles ou non, je retrouverai Lynn...

Non, non, il ne la retrouverai pas... Le seul moyen de pouvoir le faire, c'était que Kael le lui dise... Et il ne voulait pas ! Colère et désespoir s'entremêlaient. Les yeux du Celte le brûlaient. Et son tortionnaire lui tournait autour, désormais, comme un prédateur sur le point d'attaquer sa proie... Et la victime de ce lâche avait une nouvelle fois baisser la tête... Il ne voulait pas voir la punition arriver...

... Endoloris...

Ce mot, cet unique mot, pourtant si terrible, résonna dans la tête du Poufsouffle. Au moment où il poussa un cri de douleur, une plainte déchirante... C'était comme si chaque parcelle de son corps avait été poignardée, fouettée, sans cesse, indénombrablement... Le sort n'avait beau avoir duré que quelques secondes, ce fut comme si la souffrance s'était prolongée, rallongée... Durant ce court laps de temps, le Celte avait perdu ses appuis pour tomber à plat ventre, avant de se contorsionner... Et lorsque la peine endurée cessa, il était sur le dos, le visage ruisselant de larmes, haletant... Et il fixait le ciel... Plus jamais... Il n'avait pas envie que l'expérience soit répétée, il n'y survivrait pas... Les visages de deux filles de Gryffondor apparurent alors dans son champ de vision... Lynn... Lavande...

*Pardonnez-moi, pardonnez-moi...*

Un murmure, alors, s'échappa de ses lèvres... Un nom, prononcé si bas que personne n'aurait pu l'entendre, personne, s'il n'y avait eu ce silence pesant...

"Brown..."

Mais à peine le mot s'était-il échappé des lèvres de Kael qu'une vague de culpabilité le submergea... Il était un traître... Non, il n'avait pas eu le choix... Et pourtant... Lavande devrait-elle subir le même sort ? Non, non, ses parents étaient sorciers, et à deux, ils pourraient la défendre contre Torin... Et puis, le Jaune et Noir pourrait prévenir quelqu'un, lui raconter... S'il s'en souvenait... Si le Mangemort n'avait pas l'intention de lui faire oublier cet épisode douloureux...

"Ne lui faites pas de mal..." parvint-il à haleter, même s'il savait que c'était vain...

Avec simplement ce nom, 'Brown', l'aîné des Bower n'avait pas toutes les informations dont il avait besoin, mais cela lui suffirait, il trouverait la famille de Lavande, son domicile... Et si Maugrey, Dumbledore, s'ils savaient... Ils agiraient... Très affaibli, Kael sombra lentement, il perdit peu à peu connaissance...

Quel doux plaisir que de pouvoir torturer un innocent, lui parler de la mort, de la souffrance, petit à petit le guider vers une conclusion n'incluant aucune echappatoire. Que cela devait être insupportable de savoir qu'il n'y avait rien à faire, strictement rien, être pris au piège au bord d'un gouffre. Le pire devait être l'idée de devoir soi-même sauter dans ce gouffre, sans que personne ne daigne pousser, le tout couronné de remords.
La torture psychique restait la plus belle d'entre toutes. Malmener quelqu'un par des coups, de basses insultes, quelques sortilèges, tout cela était trop simple et anodin. Torin avait certes utilisé le doloris et d'autres sorts pour affaiblir sa proie, mais il savait la douleur infligée doublée par l'idée de trahir. Plus jeune, battre sa mère et sa soeur suffisait à assouvir ses pulsions destructrices, mais qu'en était-il maintenant?

Depuis sa cérémonie d'intronisation au sein des Mangemorts, il avait entrapperçut un autre aspect de la torture, plus sombre et malsain. Desormais, simplement frapper une personne n'était plus aussi amusant qu'avant. Attaquer avec un but ou malmener subtilement, donner une mort lente et douloureuse, voilà à quoi il aspirait.
Le jeune Kael se situait dans le premier et le second cas, pour le moment pas dans le troisième puisque comme dit plus haut, il serait plus utile vivant. Même si le doloris infligeait une souffrance physique, ses effets restaient plaisants à regarder. Ainsi, au fur et à mesure que le Poufsouffle baissait la tête, recevait le maléfice de plein fouet, hurlait, s'effondrait, se tortillait comme un poisson privé de son eau, pleurait; Torin jubilait. Et ce dans un silence total avec pour seule expression celle d'un enfant dévorant son met préféré, avide de toute manifestation de douleur, comme ce même enfant de chaque bouchée du repas.

Hélas ça n'avait duré que trop peu de temps, une forte envie de recommencer se manifestant. D'ailleur, le mangemort aurait ainsi recommencé plusieurs fois d'affilé sans se modérer s'il n'avait pas eu besoin d'une réponse, de cette manière il aurait vérifié la véracité de cette histoire qui se racontait, et selon laquelle un couple d'aurors aurait été définitivement interné à Ste Mangouste suite à une trop longue exposition au terrible maléfice. Oui, ça devait être marrant à voir...
Mais revenons-en au jeune Poufsouffle qui lui n'était avec un peu de chance pas encore fou, peut-être un minimum traumatisé, c'était bien normal. Torin s'accroupit de nouveau pour avoir une vue de choix sur le visage de sa victime, tenter de deceller encore une quelconque lueur dans des yeux qui maintenant regardaient l'infinité des cieux. Mais ce qu'il vit -et entendit- fut bien plus interessant, car bientôt les lèvres du pauvre préfet bougèrent en un son à peine audible. Il fallut au mangemort quelques fractions de seconde pour s'assurer qu'il avait bien comprit, mais cela ne lui suffisait pas.

« Brown? »

Après ce résultat un minimum satisfaisant, allez-donc dire à Torin qu'il ne fallait sutout pas utiliser le doloris, vous feriez mieux d'expliquer à un lapin qu'il ne doit pas manger de carottes, et encore, de salades non plus. Car ce maléfice était la parfaite alliance entre distraction et moyen d'obtenir des renseignements.
Torin s'attendit à ce que Kael lui en dise plus, il pensait que le garçon reprenait son souffle pour parler. Mais ça aurait été trop beau, venant d'un Mister Loyal comme on en faisait qu'à Poufsouffle, en bon idiot d'ami il pensait d'abord à préserver ses proches plutôt que de donner des détails. Encore une fois pathétique. Torin avait été -il lui semblait- très clair sur le fait qu'il ne ferait de mal qu'à Lynn si on lui disait ce qu'il cherchait. Fallait-il qu'il se répète encore une fois ou qu'il lance encore un doloris pour obtenir une maudite adresse? Etant donné l'état faiblard du garçon, il fit preuve de pitié et se répéta.

« Je ne lui ferai du mal que si... Fichtre de bourbe! »

Le jeune préfet venait de s'évanouir. Ridicule, mais ce qui aurait pû amuser Torin en d'autres circonstances l'agaça ce coup-ci. Il y avait pourtant été mollo sur le maléfice, il avait vu des gens même plus jeunes y résister deux fois mieux. Lynn choisissait bien sa compagnie, des êtres trop incompétents pour pouvoir la trahir, même avec de la bonne volonté...
Torin se releva et donna un coup de pied dans les côtes du garçon, afin de vérifier s'il était conscient. Non, ce n'était pas une feinte et pour cause, la douleur ne lui passerait pas innaperçue au reveil, il aurait peut-être même une marque. Mais cela ne changeait rien à la situation, l'ainé des Bower avait besoin du gamin conscient. Il lui fallait donc un sort convenable de réanimation, et ce n'est pas parce qu'il affectionnait particulièrement la magie noire qu'il était inculte dans les autres domaines. Bien au contraire, et ce ne sont pas les professeurs MacGonagall et Flitwick qui nieront avoir eu là un excellent élève.

Le mangemort pointa donc une fois de plus sa baguette vers l'élève inconscient. Il existait des méthodes bien plus simples que celle qu'il s'apprétait à utiliser, mais elles étaient trop douces car celui qui subissait le sort se reveillait avec une sensation de bien-être ou de repos. Non, sa technique aussi basique soit-elle reveillait à coup sûr et n'occultait pas la douleur.

« Stupefix. Enervatum! »

Kael s'était senti tout abandonner, partir, perdre connaissance, et il avait résisté... Il préférait être conscient, savoir tout ce que Torin était capable de lui faire, mais rien n'y faisait... Un épais brouillard était apparu dans son champ de vision, et bientôt il ne fut plus, mentalement, dans la ruelle... Et il rêvait. Brown, Brown... Le nom qu'il venait de donner résonnait dans sa tête... Et Lavande était présente, elle lui souriait, elle l'embrassait, elle riait, et ils parlaient... Il était revenu quelques mois plus tôt, lorsque la Gryffondor et le Poufsouffle formaient encore le couple du château... Et là, il était en train de donner à l'aîné de la famille Bower les clés pour qu'il puisse faire subir à la petite lionne le même châtiment que le Celte lui-même recevait... Le visage de Lavande celui de Lynn... Le Préfet avait dansé avec elle au dernier bal de Noël... Il avait appris l'été précédent la terrible vérité, ce qu'elle devait endurer lorsqu'elle était parmi les siens, ceux qu'elle aurait dû pouvoir appeler les siens...

De Lynn, les images passèrent à Aïlin... Kael le connaissait peu, mais pour ce peu, il savait que c'était un garçon adorable, protecteur envers sa soeur... Et qu'elle avait énormément de chance de pouvoir trouver dans sa propre famille quelqu'un comme lui... Puis Lynn devint Jemiah... Dire que son idylle avec la jeune fille de sa maison avait débuté grâce à un plan avec Neoki pour que les deux Préfets se vengent respectivement de deux Gryffondors... Seamus pour Knaki, Lavande pour Kael... Le Jaune et Noir revit le sourire de Jem... Et sa manière un peu brusque de lui faire comprendre qu'elle n'appartenait à personne... Puis encore, le visage changea... Et ce fut celui de la mère de Kael qui apparut... A côté d'elle, son père... Ses parents... Et avec eux, son parrain... Qui lui souriaent... Et... Le Celte sembla se rendre compte qu'il ne pensait qu'à lui, ce furent les parents de Lavande qui se matérialisèrent dans ses pensées... Non, pas eux... Ils ne pouvaient pas souffrir...

Une légère douleur, mais une douleur quand même, fit irruption... Et ce fut Torin qui apparut, remplaçant tout le monde... Et quelque chose, inconsciemment, poussa Kael à reprendre connaissance... Mais non... Ce qu'il voyait était trop important pour qu'il revienne à la réalité... Maugrey... Ce fut ensuite l'apparence peu humaine de l'ancien Auror qui se substitua au frère de Lynn... Le professeur de Défense Contre les Forces du Mal saurait... Non, devait savoir, il fallait le prévenir... Il pourrait arrêter les agissements cruels des aînés des Bower envers leurs cadets... Et Dumbledore... McGonagall... Mais Lynn accepterait-elle de se livrer ? Même si c'était pour son bien ?

Et, ce fut soudain, comme si la vie était insufflée dans le corps inerte du Poufsouffle, il fut secoué d'un comme d'un spasme, et ses yeux se rouvrirent... A son plus grand malheur... La silhouette qui était venue perturber son rêve était là, face à lui... Sans un mot, Kael se redressa, en poussant un gémissement, il avait mal aux côtes, comme s'il avait reçu un coup... Et il avait la gorge sèche... Ses paupières étaient lourdes, et pourtant, il n'avait aucune envie de dormir, loin de là... Il était parfaitement conscient de la situation dans laquelle il se trouvait...

"Brown..." répéta-t-il, très bas...

Si Torin était encore là, c'est parce qu'il voulait plus d'informations... Kael se retourna, lentement, pour se mettre à genoux, paumes sur le sol... Et il se résigna, alors qu'il sentait une nouvelle fois les larmes lui monter aux yeux... Il mériterait d'être puni pour avoir dit cela, mais s'il ne parlait pas, il allait souffrir, et à cause de son silence, d'autres innocents souffriraient... Et il redressa la tête et donna l'adresse des Brown... A peine eut-il terminé que les larmes le submergèrent... Et il ne put, entre deux sanglots, s'empêcher de lâcher :

"Lâche... et sans coeur..."

Avant de s'adosser au mur, les bras entourant ses genoux, la tête enfoui dans cet abri de fortune... Maintenant, il voulait qu'on le laisse tranquille, qu'on le laisse pleurer, en paix... Mais avec Torin, autant jouer du cornet à pistons devant la Tour Eiffel en s'imaginant qu'elle allait danser la samba (dédicace au Capitaine Haddock)...

Une simple adresse qui si ça se trouve n'était même plus valide, voilà la raison pour laquelle ils en étaient rendus à ça. Et dire que le mangemort s'était montré dix fois plus clément que s'il n'avait rien attendu du garçon. Mais une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il désirait, qu'est-ce qui l'empêcherait de le tuer lentement, de le défigurer, de laisser libre cours à son imagination?
Torin en avait assez de devoir paraître, n'ayant pas eu le loisir de connaître cette periode où reignait le plus grand des mages noirs. Son père l'avait fait -paraître- durant des années, étant devenu un simple hypocrite, lechant les bottes du ministère pour ne pas éveiller les soupçons, ne revelant sa vrai personne que dans l'ombre d'un manoir. S'il avait été à sa place lors de la chute du Lord, l'ainé des fils Bower n'aurait pas hésité à reprendre le flambeau et continuer à agir selon la volonté du Seigneur des Ténèbres. Mais c'était justement à cause de lâches comme son père, comme Lucius Malefoy ou autres Karkaroff, Macnair, Pettigrow et j'en passe, que la communauté Mangemort s'était dissoute. Si au lieu de dénoncer, de se cacher ou de venir cirer les jolis petits souliers du Ministère pour être innocentés, si au lieu de tout ça ils avaient maintenu cette même pression (comme les Lestrange avaient tenté par exemple) et désigné un nouveau leader, le monde serait désormais sous le contrôle d'un Voldemort ressuscité depuis longtemps.

Enfin Torin était encore jeune, ces noms d'anciens mangemorts, il ne les connaissait pas forcément. Il ne pouvait pas non plus savoir quelle était la situation exacte quand le Lord s'était éteint, ne se remémorant que du haut de ses huit ans avoir vu son père rentrer à la maison blanc comme un linge, comprenant immédiatement que quelque chose de très grave était arrivé.
Tout ceci pour dire qu'actuellement, il n'était pas encore possible d'agresser n'importe qui n'importe comment. Mais bientôt. Et si il recroisait ce Kael quand le Seigneur des Ténèbres aurait reprit toute sa grandeur, Torin savait qu'il aurait carte blanche pour achever son travail en punissant réellement le préfet de lui avoir trop manqué de respect. La patience, toujours la patience. Bientôt.

Le jet de lumière frappa le Poufsouffle sous les yeux du jeune mangemort, celui-ci l'observant s'éveiller puis se redresser. Torin, le regard haineux, s'impatientait. Peu lui importait que sa proie manifeste sa souffrance ou se remette de ses émotions car le temps commençait à se faire long et ce petit jeu l'amusait de moins en moins.
Kael venait encore de prononcer ce nom, Brown. Mais allait-il enfin comprendre que Torin avait autre chose à faire que d'aller rechercher une adresse à partir d'un nom plutôt répandu? Fallait-il encore qu'il frappe le gamin à présent à genoux? Ce n'était pas drôle si il ne le suppliait pas de ne pas lui faire de mal. Mais puisqu'il devait en être ainsi... Le mangemort vint se placer à nouveau face au garçon et pointa sa baguette vers lui. Et si le pauvre loyal était incapable de dire autre chose qu'un nom? S'il se jouait de Torin comme d'un pantin en croyant qu'il ne risquait rien mis à part souffrir? C'est à ce moment précis que l'ainé des Bower regretta de ne pas savoir utiliser la légilimencie. Finalement Kael ne servait plus à rien, de sombres idées venant à l'esprit du mangemort. Mettre à execution les menaces, celle de faire payer les amis de Lynn à sa place, mais aussi la promesse de mort faite au Poufsouffle s'il ne parlait pas... Tuer... Et si personne ne retrouvait le corps? Si personne n'apprenait ce qu'allait faire Torin? Ces éventualités nouvelles se mélangerent aux anciens principes, ceux disant qu'il ne devait pas commettre de meurtre sans avoir eu carte blanche. Au final, peut-être pouvait-il se donner lui-même cette carte blanche, il trouverait une bonne cachette pour le cadavre et pourrait satisfaire cette envie de tuer... Pure folie, mais rien ne l'en empêchait.

« Ava... »

Au moment précis où ses lèvres commencèrent à bouger, il vit la tête du Poufsouffle se relever. Torin stoppa immédiatement son incantation, retenu par une force inconnue. Il était impossible de dire si c'est le regard innocent qui s'orientait maintenant vers lui ou s'il s'agissait d'une sorte de peur, de la raison refaisant surface, ou... De la voix du garçon, ce numéro, cette rue, cette ville... Une adresse!
Kael venait de prendre la bonne décision au bon moment car aussitôt le mangemort changea d'attitude, mémorisant cette information capitale, essayant de la situer sur la carte de la Grande Bretagne. Les vacances scolaires approchant à grands pas, cette simple idée de pouvoir retrouver Lynn d'ici quelques semaines et de la ramener au manoir lui fit oublier la mort qu'il s'apprétait à donner. Au contraire même, il se montra tout de suite plus clément, lançant un sourire mauvais au préfet des jaunes et noirs.

« Eh bien tu vois, ça n'était pas si compliqué. »

Oh que si, ça l'avait été. Mais à présent que fallait-il faire du garçon? L'épargner afin qu'il connaisse une douleur pire que l'idée de mourir, à savoir, celle de la trahison? C'était une très bonne idée, mais ça n'allait pas résoudre le problème d'identité: si Kael se remémorait avoir trahit Lynn, cela signifiait qu'il se souviendrait de Torin et des tortures infligées... Il fallait trouver un moyen pour qu'il n'en soit pas ainsi.
Le mangemort n'eut guère le temps d'y réfléchir plus longtemps: le Poufsouffle venait de commettre une erreur en rappellant sa présence par des insultes. A peine eut-il le temps de se refugier contre le mur que, d'un coup de baguette, un poing invisible vint le frapper au visage, lui fendant légèrement la lèvre. Mais ceci n'était rien par rapport à ce qui se passerait « bientôt ». Pour le moment Kael allait être préservé de la cruelle vérité, et ce jusqu'à ce que Lynn soit ramenée au manoir: les Brown auraient comme seul message celui de remercier le préfet pour avoir donné leur adresse...

« Je ne suis pas sans coeur. Pour preuves je te laisse la vie sauve... Et l'illusion de l'innocence. Oubliettes. »

Torin maîtrisait parfaitement le sortilège d'amnésie, il avait éffacé de la mémoire du garçon tout ce qui s'était passé dès son entrée dans la ruelle, la seule chose qu'il ne pouvait supprimer restant la douleur physique et les larmes.
Une fois le sort lancé, le mangemort mit sa capuche sur sa tête et tourna le dos au pauvre préfet. D'un geste dédaigneux il laissa tomber la baguette du Poufsouffle par terre. Puis, avant de partir, il ne pû s'empêcher d'ajouter quelques mots sur un ton amusé.

« Tu passeras le bonjour à Lynn. »

Sur ce, le mangemort s'éloigna d'un pas léger, tournant le dos à sa victime. Son sourire était on ne peut plus satisfait, déjà il imaginait sa revanche lorsqu'il retrouverait Lynn... Pourvu que ce soit la bonne adresse. Mais Torin ne s'en faisait pas: quel fou aurait osé mentir lorsque sa vie en dépendait? Il osait croire que ce Kael n'en fasse pas partie et préferait partir boire un verre de la Cuvée des Gobelins à la Tête de Sanglier plutôt que de se mettre à douter. A peine sortit de la ruelle, il transplana donc tout près du pub.

[HJ: bon eh bien voilà, je crois que c'est le moment pour Torin de partir, mais si ce post ne te convient pas tu pourras m'envoyer un mp pour que j'édite!]

La tête ainsi enfouie, Kael se revoyait, plus tôt, au château, déçu de ne pas pouvoir y aller avec Jemiah, alors qu'il se faisait une joie de cette première escapade hors du cadre habituel de Poudlard avec sa petite amie... Torin allait-il partir, maintenant ? Allait-il décider que l'adresse était tout ce qu'il était venu chercher, et ainsi, il quitterait la ruelle ? Laisserait-il en paix le malheureux Celte qui n'avait rien demandé à personne et qui avait simplement fait l'erreur de s'isoler ? Dire qu'il avait voulu la solitude pour ne pas, au milieu de la foule, se sentir, justement, trop seul... Qu'est-ce qu'il regrettait, à présent... Il avait mal un peu partout, surtout aux côtes, il s'en rendait bien compte... Les larmes ne coulaient plus, mais elles était bien là, attendant un nouveau choc pour quitter ses yeux bleus et rouler le long de ses joues... Le Poufsouffle ne prêta pas attention à la réaction de Torin, de toute façon, ce dernier avait reçu des insultes... Et c'était là une erreur de plus commise par l'adolescent, insouciant pour le coup... Mais qu'est-ce qui pouvait être pire que ce sentiment de culpabilité, même conséquence d'une torture inhumaine ? Une douleur, une autre, se fit ressentir... C'était comme si un boxeur invisible était venu frapper le Jaune et Noir. Celui-ci sentit sa lèvre supérieur se fendre, et un goût de sang apparut sur sa langue... Il passa les doigts sur la coupure, il est bien ouvert... Il aurait voulu lancer un regard mauvais au Mangemort, mais une sensation tout à fait étrange suivit ses paroles...

C'était comme si Kael venait de traverser un nuage, ses yeux bleus pâlirent un instant, s'écarquillèrent. Un pan de sa mémoire avait subi le sortilège d'amnésie... Reprenant ses esprits, quittant son état entre conscience et inconscience, il put voir une silhouette noire, encapuchonnée.... Ce visage... Mais les traits du jeune homme disparurent tandis que celui-ci lui tournait le dos... Il laissa d'ailleurs échapper une baguette... Avant de prononcer ces mots :

...Tu passeras le bonjour à Lynn...

Et de disparaître... Tu passeras le bonjour à Lynn. Tu passeras le bonjour à Lynn. Tu passeras le bonjour à Lynn. La phrase tourna un moment dans l'esprit embrumé du Celte... Lynn... Ce visage... Torin ? Cet homme, qui désormais avait quitté la ruelle, était-il le grand frère détesté, l'aîné de la famille, suivant le modèle du père et faisant subir aux deux cadets mille souffrances ? Kael se laissa tomber de nouveau contre le mur, les yeux levés au ciel... Que s'était-il passé ? Le sang sur ses lèvres glissa encore son goût de métal dans sa bouche... Et, comme s'il ne l'avait pas encore fait, le Poufsouffle passa ses doigts sur la coupure... Il saignait... Et la douleur aux côtes se manifesta encore... Et un peu partout, des courbatures... Torin lui avait-il fait subir des tortures ? Etait-ce bien Torin ? Oui, probablement... Pourquoi passer le message à Lynn ? Pourquoi ? Là, le Jaune et Noir n'était pas vraiment en état de refléchir plus... Il se redressa tant bien que mal et se dirigea, en vacillant, vers sa baguette, qu'il ramassa... C'était bien la sienne... Il se concentra... Il avait voulu échapper à tous ces couples, il était entré dans la ruelle... et là, Torin s'en allait, en lâchant ces mots... Tu passeras le bonjour à Lynn...

Il quitta ce lieu de cauchemar et décida de rentrer au château... Il fallait qu'il se repose, qu'il s'allonge, qu'il remette de l'ordre dans ses idées, car tout n'était que confusion et incompréhension... Devrait-il parler à Lynn ? Lui dire qu'il avait croisé l'aîné de la famille et qu'il ne s'en souvenait que partiellement ? Le Celte remontait déjà vers le château, le pas lourd et traînant... Le portail, l'allée, les portes de chêne... L'escalier menant au sous-sol, la salle commune de Poufsouffle, le dortoir... Tout cela se passa comme dans un rêve... Et biêntôt cette impression de rêve fut remplacée par un véritable rêve, tandis que Kael, étendu sur son lit, fermait les yeux, de fatigue, de lassitude... Il n'aurait jamais dû sortir aujourd'hui, il aurait dû rester à Poudlard et attendre Jemiah, pour ensuite passer du temps avec elle... Mais non, c'était trop tard...

[HJ aucun problème ! Merci pour ce topix ! Evidemment, c'est le joueur qui dit merci, hein ]