L'été touchait bientôt à sa fin et Lynn devait avouer qu'elle n'avait jamais passées de si bonnes vacances.
Grâce à Lavande Brown, une amie Gryffondor de deux ans son aînée, la jeune fille n'avait pas eue à rentrer chez elle, évitant ainsi les tortures physiques et psychologiques que lui infligeaient les hommes de la famille depuis toujours.

Cela faisait maintenant presqu'un an qu'elle avait quitté le domicile familliale et elle comptait bien ne jamais y remettre les pieds. Les sévices qu'elle avait subit resteraient à jamais ancrés en elle et elle savait qu'il lui faudrait du temps, beaucoup de temps, avant d'espérer avoir un jour une vie normale... Quoi qu'elle fasse, jamais elle n'oublierait la douleur, la peur.. jamais elle n'oublierait avec quel sadisme son père avait abusé d'elle. Jamais elle n'oublierait les doloris, les coups, les injures et le reste...

En un an pourtant, elle avait commencé à panser ses blessures. Ce n'était pas tous les jours facile, elle faisait parfois des crises d'angoisses et toujours des cauchemars, souvent violent, mais elle s'accrochait. Elle s'était fait des amis, s'affirmait, travaillait durement en cours. Si pour tout à chacun elle était faible et fragile, elle travaillait avec acharnement pour pouvoir un jour prendre sa revanche sur la vie... et plus particulièrement sur son père..

Elle se souvenait encore parfaitement du reflet que lui avait renvoyé le miroir du risèd... cette image l'avait hantée pendant des semaines.... La vie de Lynn n'avait toujours été que synonyme de souffrance et de peur. Elle n'avait jamais appris le sens du mot "aimer", ni vraiment celui de "famille" et elle s'était jurée que cela changerait quand elle aurait le pouvoir d'y remédier. Elle n'aspirait qu'à une vie paisible, voilà pourquoi cela avait été un si grand choc lorsqu'elle s'était vue tuer son père dans ce miroir.... Elle qui voulait si fort pouvoir s'en sortir, elle qui esperait tant pouvoir oublier et devenir quelqu'un d'autre... son plus grand désir ne faisait que confirmer ses angoisses les plus profonde : Elle avait cette noirceur en elle... elle avait cette haine en elle...

Elle était comme lui......

Comme eux....

Et rien n'aurait pu l'horrifier davantage....

Elle n'était plus jamais allé voir le miroir. Inconsciemment, elle esperait que son plus grand désir ait changé, mais lorsqu'elle prenait le temps d'interroger son coeur, et d'être honnête avec elle-même, elle savait que c'était toujours la vérité.
Elle voulait que son père meurt.
Elle voulait qu'il paye pour ce qu'il lui avait fait... et rien ne pourrait la soulager, si ce n'est sa mort...

Elle avait pleuré tant de larmes en si peu d'année qu'il lui semblait incroyable qu'elle puisse encore en verser et pourtant, presque toutes les nuits, elle se réveillait en pleurs.
Nénamoins, depuis le début de l'été, ces moments de faiblesses s'étaient espacés.
Elle se sentait revivre... ou plutôt, elle se sentait renaître et commencer à vivre vraiment, chose qu'elle n'avait jamais faite jusqu'ici.
En un mois et demi, elle avait pratiquées plus d'activités amusantes qu'en presque douze ans. Elle avait découvert des tonnes de choses, avait appris à faire du vélo, à monter à cheval et à nager ! Elle avait beaucoup rit et son coeur était plein de souvenirs qu'elle chérirait longtemps.

En cette dernière quinzaine d'août, Lavande et elle étaient venus faire leurs achats scolaires. Lavande avait également invité son petit ami, Kael, et sentant qu'ils avaient besoin de se retrouver un peu seul, Lynn avait proposé de les retrouver en fin de journée et s'était eclipsée sans attendre de réponse.
C'était la raison pour laquelle elle se balladait seule au milieu du chemin de tarverse. Elle n'avait encore rien acheté pour le moment, se contentant de flâner en regardant les vitrines.

Bien qu'ayant quitté le domicile familliale, Lynn touchait toujours une rente mensuelle de la part de son père. Si la petite s'était d'abord étonnée qu'il ne lui coupe pas les vivres, elle avait vite compris, de part ses allusions dans les courriers qu'il envoyait parfois, qu'il considérait cela comme un payment...

Lynn s'en était rendue malade....

Elle se souvenait encore trop parfaitement de ce qu'il lui avait fait, des mots qu'il avait dit.... Tout était sa faute, elle l'avait merité... Et malgré ses pleurs et ses cris, il avait toujours agis comme si elle était d'accord pour cette punition.... C'était là l'un des passes-temps favoris du père Bower et de son fils aîné. Non contents de torturer physiquement leurs victimes, ils parvenaient à les convaincre des choses les plus horribles, les détruisant psychologiquement pour avoir une emprise toute puissante sur elles.

Malgré qu'elle n'ait pas tout à fait douze ans, Lynn comprenait parfaitement qu'elle était considérée comme une putain par son père... Il avait fallu qu'il humilie ainsi. Si au début elle avait refusé de toucher à cet argent, elle avait bien vite du se rendre à l'évidence. Elle en avait besoin....
Et malgré la distance, son père continuait donc à avoir une emprise sur elle, à la rabaisser, à la détruire à petit feu.... il suffisait pour cela qu'elle pioche dans ce compte bien fournit qu'elle avait à disposition pour qu'on lui rappelle qui elle était et d'où elle venait.

Devin Bower avait une image d'homme respectable, et il était évident que sa fille ne devait pas entacher cela... il avait donc décidé de la laisser agri à sa guise... pour un temps.... La petite rouge et or vivait avec une épée de damoclès au dessus de sa tête. Elle savait qu'il finirait par exiger son retour un jour... cela pouvait être demain... comme dans 3 ans... mais il voudrait qu'elle revienne... et Devin Bower optenait toujours ce qu'il désirait....

Lynn frissonna. Le contact des pièces de metal froid dans sa main la mettait toujours dans un état second. Le ventre noué, la gorge serrée et les mains tremblantes, voilà l'état dans lequel elle se trouvait à chaque fois qu'elle effectuait un achat.... c'était sûrement la raison pour laquelle elle tentait de repousser l'échéance.

Elle ferma les yeux et s'arrêta au milieu de la rue, se sentant nauséeuse. Elle respira profondément plusieurs fois avant d'oser rouvrir les yeux. Et elle en eut le souffle coupé.

Là devant elle, à quelques mètres, sortant d'une ruelle transverçale, Torin, son frère aîné s'avançait dans sa direction. Celui-là même qui avait, à l'âge de 17 ans, utilisé son premier doloris sur sa petite soeur de 8 ans... Beaucoup d'autres avaient suivit... avec une seule consigne donnée par le père :"Pas plus d'un à la fois". Il aurait fait désordre que son fils si brillant, à l'avenir si prometteur, tue sa soeur, aussi inutile soit-elle....

La jeune fille sentit son coeur s'emballer et ses jambes devenir aussi lourde que du béton. Elle regarda autour d'elle, cherchant une échappatoire, mais son corps refusa de lui obéïr. Et finalement il l'a vit...

Un sourire étrange, presque carnassier, se dessina sur ses lèvres, tandis qu'il ralentissait l'allure pour s'arrêter à moins de deux mètres de la petite. Il baissa les yeux et elle ne put controler un frisson.

- Torin... murmura-t-elle d'une petite voix.

Il la dévisagea de ses yeux glacials et elle eut la soudaine envie de se mettre à pleurer, ce qu'elle parvint pourtant à ne pas faire. Comment pouvait-il la faire se sentir si mal d'un simple regard... ?

Il était toujours aussi impressionnant... peut-être même plus après près d'un an d'absence... sans compter qu'il ressemblait de plus en plus à son père....

La fillette tenta de sa raisonner et retrouva un semblant de calme.
Il faisait jour, la rue était bondée, il ne pouvait rien lui faire..... rien du tout... absolument rien.... pour le moment...

Néanmoins, elle serra sa baguette dans sa poche, rassurée par le contact apaisant du bois.

- Qu...qu'est-ce que tu fais là...? Parvint-elle finalement à demander.

Elle aurait mille fois préféré partir sans lui adresser la parole. Mais il y avait des choses qu'il valait mieux ne pas faire, même dans une rue pleine de monde... et ignorer Torin Bower était l'une d'entre elle...

L'été, la periode favorite de nombreuses personnes, celle où l'on ne craint plus la fraîcheur, où l'on sirote un bon cocktail en maillot de bain sur le bord de la plage. Saison des vacances scolaires, des sorties en famille, des bons moments que l'on garde en mémoire... Toute cette joie de vie qui pullule, concentrée en un seule rue, dire qu'il y avait même des moldus accompagnant leur sale sang de bourbe de progéniture. Le chemin de traverse, en été, était un véritable désastre. Il y avait même des gamins qui osaient aller dans l'Allée des Embrumes simplement pour jouer, pitoyable.

A quelques kilomètres de là, probablement plusieurs dizaines, le schéma était tout autre. Dans une cuisine, une femme versait des larmes, un homme au regard maléfique dans son dos. Tandis qu'à côté, dans le salon, trois garçons d'ages divers vaquaient à leurs occupations. Les pleurs venant de la cuisine, ils ne les entendaient plus, question d'habitude. Mais cela n'empêchait pas de créer des tentions.
Le plus âgé, après avoir terminé d'attacher un parchemin soigneusement plié sur la patte de son hibou, se tourna vers le plus jeune. Ce dernier, sentant un regard lourd peser sur lui, releva la tête de la liste des fournitures envoyée par Poudlard. Torin resta quelques instant à fixer son jeune frère, le long silence entrecoupé de pleurs lointains attirant également l'attention d'Ultan. Le mangemort prit place dans le fauteil face à Ailin, ne cessant de le fixer, l'air suspicieux.

"Tu sais où elle est. Cette sale voleuse..."

Le plus jeune, surpris d'entendre ces mots, sur un ton accusateur, dévisagea son ainé. Rien n'aurait pu prévoir cette conversation, à un détail près. Le matin, aux aurores, Torin avait vu son père envoyer une bourse, accompagnée d'une lettre. Comme par hazard, le jour même où les élèves recevaient la liste des achats scolaires.
Ses études étant finies, n'ayant pas encore son propre chez lui, il vivait dans la demeure familiale et voyait donc -presque- tout ce qui s'y passait. Sans doutes aussi vicieux que son père puisse l'être, Torin l'espionnait parfois, en venant aujourd'hui à la conclusion que l'homme n'avait pas coupé les vivres à cette fille qu'il semblait tant détester. Il ne l'avait pas répété à ses frères, n'ayant pas besoin de leur avis: quelles qu'en soient les raisons, torture ou pas, il s'agissait là d'une trahison. Lorsqu'on renie une personne, on ne lui envoie pas de l'argent en cachette. Et de toutes manières, c'était à elle de venir le chercher. Quant à l'hypothèse de vouloir éloigner Lynn le plus possible de la maison, c'était improbable puisqu'on aurait profité de sa présence pour la malmener.
Torin voulait le lui faire payer, dans tous les sens du terme. Cet argent leur revenait de droit, à lui et à ses frères. Si la petite dernière ne vivait pas sous ce toit, alors elle n'avait pas à recevoir de pention. Et hors de question d'expliquer pour le moment son projet: si Devin Bower venait à l'apprendre, il aurait les mots pour dissuader son premier fils d'agir de la sorte. Manque de chance, le jeune homme volait maintenant de ses propres ailes plus que l'on ne pouvait le croire...

Ailin fit une moue désignant son incapacité à répondre à la question. Torin insista quelques instants, semblant soutenu par Ultan. Mais non, le dernier des fils ne céda pas. Et ce serait probablement le seul à pouvoir répondre. Faire boire du veritaserum à son propre frère était une chose trop indigne. Le jeune mangemort se résigna finalement.

"Dans ce cas là j'estime qu'il n'est pas necessaire que je te fasse savoir... Quand je l'aurais trouvée."

Sur ces mots, il se dirigea vers la cuisine. Les pleurs avaient céssé et ce furent maintenant des voix d'hommes qui s'élevèrent. Une conversation tout ce qu'il y a de plus anodine chez les Bower, des insultes contre les moldus et les sangs de bourbe. Torin cachant on ne peut mieux son jeu.


Deux semaines et quelques jours plus tard, il n'avait toujours pas retrouvé les traces de sa soeur. En fait, il ne la cherchait pas: plus le temps passait, plus la dette serait élevée. Ainsi, Lynn ne pourrait s'en vouloir qu'à elle-même de ne pas être venue plus tôt régler ses comptes.
Comme chaque jour -ou presque- Torin passait à la boutique apporter les commandes effectuées et récupérer la liste de celles à faire. Il passait un peu de temps dans le magazin, convesant de choses et d'autres avec le vendeur et quelques clients. Il était d'ailleurs très apprécié et certains en arrivaient à se demander pourquoi il n'essayait pas plutôt d'avoir une bonne place au ministère. Le jeune homme répondait toujours qu'il n'en avait pas l'envie, mais qu'il y réfléchirait, promettant même à quelques bonnes connaîssances de se lancer un jour dans la politique et tenter de devenir ministre de la magie. Le tout sur une note d'humour: étant serieux en son fort interieur,il savait qu'en apparence ça n'avait d'autre aspect qu'une vulgaire plaisanterie.

Après la boutique, il passait de temps à autres faire quelques commissions dans diverses échoppes... Ou bien il rejoignait de vieux amis pour prendre une pinte au chaudron baveur. Enfin, le terme amis était relatif, si certains avaient su qu'il était mangemort, il n'en aurait plus eu de nouvelles, quoique ces gens là étaient si naïfs, il pensaient avoir affaire à bon camarade alors qu'il ne s'agissait que d'un personnage interéssé.
L'un de ses "amis" était un batteur des Tornades de Tutshill, certes il racontait de bonnes blagues et était au courant de ragots plutôt intêressants, le plus important restant la place gratuite qu'il offrait à Torin pour chaque match des Tornades. Sachant tout de même entretenir une "amitié", le fils Bower eut la judicieuse idée d'aller acheter un cadeau pour l'annivrsaire du batteur, qui serait fêté le soir même.

Il quitta donc le magazin puis sortit de l'Allée des Embrumes, prenant la direction du magazin de Quidditch. A peine avait-il fait quelques pas dans le Chemin de Traverse qu'il tomba alors nez à nez avec... Lynn. La dernière personne qu'il s'attendait à voir. Aussitôt lui revint en mémoire cette scène, l'argent qu'il avait vu son père envoyer. Ce devait être un luxe pour elle, si elle se trouvait en cet endroit, ce n'était sûrement pas pour conserver l'argent qu'elle avait. Si ça se trouve, elle le gaspillait même probablement pour acheter des stupidités, cette peste.
Finalement, il pourrait régler ses comptes plus tôt que prévu, et rien qu'à cette idée, un rictus mauvais apparut sur ses grandes lèvres. Mais avant toute chose, il fallait profiter de l'instant présent, savourer cette opportunité en laissant le temps à la jeune fille de comprendre qu'elle n'avait désormais plus d'échappatoire. Ce qui arriva bien trop tôt, ce n'était même pas amusant si elle n'essayait pas de se dérober... A moins que ses yeux d'acier suffisent à l'écraser.

Quelques instants après qu'elle eut prononcé son prénom, elle daigna enfin adopter une conversation un peu plus développée, une question pour être exacte. Et cette question... Torin éclata d'un rire glacial, aux mêmes sonorités que s'il venait d'entendre la blague du siècle. Puis d'un coup, ce rire cessa, laissant apparaître un visage mauvais, les traits tirés par la haine... L'espace de deux secondes. Enfin, son sourire mauvais revint, le jeune homme enchaînant d'une voix doucereuse.

"Drôle de façon de saluer ton frère. Dans ta maison de sang de bourbe vous n'êtes donc que des êtres puérils et impolis. Et pour répondre à ta question, je tiens à te signaler que je suis un adulte. Je vais où bon me semble, quand bon me semble."

Cette petite vengeance personnelle ne faisait que commencer. Il ne laisserait pas le temps à Lynn d'en placer une tant que lui n'aurait pas finit. Ainsi, lentement, il s'approcha de la pauvre fillette. Une fois assez proche d'elle pour s'assurer qu'elle ne se dérobe pas, il pencha ses yeux vers le bras de sa soeur. Celui qui semblait tenir quelque chose dans une poche.
Le jeune mangemort leva les yeux au ciel, imaginant parfaitement de qu'elle pouvait tenir. Il en avait même l'air amusé, songeant déjà à un nouveau petit jeu: la pousser assez à bout pour qu'elle en vienne à lui jeter un sort et se faire expulser de Poudlard. Mais chaque chose en son temps, il devait d'abord en finir avec cette question, si impertinente, qu'elle avait eu le culot de poser.

"Je te retourne la question. Toi, que fait tu ici, dans une allée commerçante, sans être revenue à la maison pour réclamer, tel l'animal que tu es, de l'argent?"

Torin dévisagea longuement sa jeune soeur. Elle était décidément un cas déséspéré: si encore elle avait été répartie à Serpentard, peut-être aurait-elle eut le droit à une minuscule once de respect. Mais non, elle osait aller à l'encontre de la famille en tous points. Le pire étant qu'elle avait probablement entraîné dans son idiotie le plus jeune des trois frères. Encore si ce dernier n'avait fait qu'être à Serdaigle, seule maison digne de ce nom après Serpentard, ça n'aurait pas été bien grave. Mais si il se mettait à éprouver de la compassion...

Le jeune mangemort ne voyait pas les choses d'un bon oeil. Selon lui, certaines personnes gachaient le portrait de famille. Si il n'avait s'agit que de leur mère, de Lynn et de son influence sur Ailin, ça aurait été. Mais dans ce cas-là, une personne de plus était à redouter, quelqu'un qui trahissait la famille tout en étant son pilier central.
Faire le mal, est une sorte de loisir qui peut s'avérer très plaisant. En revanche, mal s'y prendre peut être une cause de lourds soucis. Selon Torin, c'était en partie le cas de son père: envoyer de l'argent à Lynn et se faire découvrir était l'erreur qu'il n'aurait jamais dut commettre. Et si Devin Bower avait apprit quelque choses à ses fils, c'était bien qu'il faille faire payer les impudents et les indignes. Le jeune homme avait donc déjà sa petite idée sur la meilleure manière de punir son père pour avoir subventionné l'apprentissage magique d'une personne qui n'aurait jamais dut avoir une baguette entre les mains. Certes, cela prendrait du temps, mais il savait comment s'y prendre.

Pour le moment, son idée seulement à l'état d'embryon ,il devait d'abord obtenir plus d'informations de la part de Lynn. Cette dernière n'était bien entendu pas vraiment coopérative mais il saurait lui montrer de quelles methodes de persuasion il disposait.
Il la fusilla du regard à sa première réponse. Comment osait-elle? La lacheté bien sûr: il y avait tellement de monde dans la rue qu'elle se croyait toute puissante, pure folie. Et même, cette insolence, elle ne pouvait être le fruit que d'une année à Poudlard: elle avait fréquenté des personnes d'une classe si basse -il n'y avait qu'à voir ces vermines rousses nommées Weasley qui proliféraient à Gryffondor- qu'elle ignorait maintenant jusqu'à la manière dont elle devait parler à son frère ainé.

Fort heureusement elle se ratrappa, l'avouant enfin à voix haute, la corruption qui avait lieu entre leur père et elle. Etrangement, ce ne fut pas vraiment la haine qui se dessina sur le visage de Torin, mais bel et bien un petit rictus victorieux. Là, deux hypothèses s'offraient à lui: soit le paternel désirait que sa fille ne soit pas prise pour une clocharde démunie de fonds pour se payer des livres de cours, soit la raison était toute autre. La seconde semblait plus probable: qu'importait à Devin Bower d'offrir à sa bourbeuse de fille de l'équipement neuf? Non, il devait savoir pourquoi lui envoyait-il de l'argent, et loin de lui l'idée qu'il y ait un lien avec les choses qu'avait subit Lynn. Le viol n'étant pas une méthode de torture digne de ce nom selon lui.

Sans quitter la gamine des yeux plus d'une seconde, il la laissa poursuivre. Elle avait atteint le summum de l'insolence. Le rictus de Torin devint mauvais. L'envie de donner à sa soeur une bonne correction le démangeait, il devait hélas se retenir et réfléchir à une punition plus subtile. Soupirant d'abord, il s'avança automatiquement lorsque Lynn recula, presque de crainte qu'elle ne se volatilise.
Dans une allée commerçante comme celle-ci, il était impossible de l'atrapper et de transplaner avec assez rapidement sans être intercepté par des passants croyant à un enlèvement. D'ailleurs, la fillette ne se privait pas pour le faire remarquer, à croire qu'elle y prenait plaisir. Il était temps pour lui d'agir, seulement, la discretion lui manquait. Sa baguette était pour le moment hors-jeu, mais pas sa langue de vipère.

"Lynn, tu sais que tu es ridicule? Je n'ai qu'à dire que je viens de retrouver ma pauvre petite soeur fugueuse et détraquée mentale, et, je pourrai faire de toi ce que je veux."

Un sourire sadique rayonnait sur son visage. Il avait l'avantage de la parole. Et ce n'était pas avec son niveau d'élocution que Lynn pourrait tenter de rivaliser. Cependant, il savait comment s'y prendre pour éviter tous risques. En plus des mots, il avait la ruse et il allait s'en servir pour surprende sa soeur bien plus qu'elle ne s'y attendrait. Il tendit donc lentement le creux de sa main vers la demoiselle, l'air plus doux, plus gentil qu'auparavent, sans aucun geste brusque qui pourrait la faire crier.

"Donne moi quelques gallions et dis moi quel cadeau ferait plaisir à un joueur de Quidditch puis je te laisserai partir."

Voler sa jeune soeur était certes un acte bien bas, mais ce n'était en aucun cas le but de la manoeuvre: il devait à peu près estimer le montant d'argent versé par son père. En sachant qu'elle ne donnerait pas tout, qu'elle aurait surement déjà dépensé et qu'elle pourrait probablement faire semblant de ne même plus avoir une noise. Il se servait ni plus ni moins d'elle et ne comptait d'ailleurs pas s'arrêter là, comptant jouer carte sur table.
A cet effet, avant qu'elle n'ait le temps de se décider, il s'éclarcit la gorge, parlant d'une voix étrange. Il aurait peut-être encore besoin d'elle à l'avenir et pour l'instant il était hors de question de lui montrer le moindre intérêt qui soit. Il troqua donc son sourire pour un air sombre, mais pas sadique, ni mauvais.

"Autre chose, pourquoi te donnerait-il cet argent?"

La colère, le ressentiment ou l'amertume, sont des sentiments que Lynn avait réprimés pendant des années. La tristesse, la souffrance et la peur les avaient dissimulés. Elle avait presque oublié ce qu'ils signifiait. Elle avait d'ailleurs oublié beaucoup de chose, peut-être même ne les avait-elle jamais connues, et c'était sans doute la raison pour laquelle elle s'emerveillait tant chaque jour depuis son entrée à Poudlard.

Autrefois, elle portait un regard sans opinions sur les choses qui l'entouraient. Elle n'était qu'une moins-que-rien, une déchet de l'humanité, une erreur comme on le lui avait tant repété. Et c'est ce qu'elle avait cru...

Mais maintenant, les choses avaient changé, c'était pleine de curiosité, des milliers de questions au bord des lèvres et avec un enthousiasme d'enfant qu'elle découvrait le monde. Avoir passer 11 ans de sa vie cloitrée dans un manoir lui avait fait manquer tout ça. N'avoir connu que la soumission de sa mère lui avait fait croire que c'était ainsi qu'elle devait être. Mais elle savait désormais qu'il n'en était rien. Elle savait qu'elle avait le droit d'être en colère, le droit de vouloir justice. Elle avait également le droit d'être triste, de pleurer, ou bien au contraire d'être heureuse.... Ces notions-là, elles les avaient enfin comprises et acceptées grâce à ses nouvelles rencontres. Lavande d'abord, qui fut la première à lui adresser la parole et n'avait jamais faillit à sa promesse d'être là pour elle, puis d'autres....

Lynn avait changé. Bien sûr, la culpabilité qu'elle éprouvait injustement concernant les abus de son père ne s'effacerait pas aussi facilement. Il est difficile d'échapper à l'emprise d'années de conditionnement. Mais la petite gryffondor avait la force de caractère pour s'en sortir. Le choixpeau avait vu cela en elle et c'est pour ça qu'il l'avait envoyée à Gryffondor. C'était un message d'espoir, qu'elle n'avait pas immédiatement compris....

A cet instant précis, Lynn avait peur, mais elle était également en colère et déterminée. Cela se voyait dans ses yeux, dans sa façon de se tenir droite face à ce frère devant lequel elle avait toujours courbée l'échine.

Si depuis toutes ces années, elle avait appris à contrôler sa peur, la colère elle, était nouvelle, bien trop forte, bien trop puissante pour qu'elle puisse la dissimuler et elle iradiait autour d'elle comme une aura de dissuasion. N'importe qu'elle personne normale se serait écarté. Mais Torin n'était pas n'importe qui. La colère l'amusait, la peur le faisait jubiler. Lynn savait qu'il prenait plaisir à jouer avec elle. Et il lui prouva encore une fois avec l'une de ses phrases mesquines, dangereuse, pleine de vérité sournoise.

Citation :

"Lynn, tu sais que tu es ridicule? Je n'ai qu'à dire que je viens de retrouver ma pauvre petite soeur fugueuse et détraquée mentale, et, je pourrai faire de toi ce que je veux."

Il ne le ferait pas, ça non, mais elle savait que c'était la vérité. Quel poid avait sa parole contre celle du prometteur fils Bower ?

Elle frissonna. Elle n'aimait pas tout ça... elle voulait s'en aller, retrouver Lavande et quitter Londres jusqu'au premier Septembre. Mais que diable faisait-elle ici ? Elle devait s'en aller au plus vite...

-Père ne te laisserait pas faire. Murmura-t-elle, s'étonnant d'utiliser son père pour se protéger de son frère. Ca entacherait trop sa réputation...

Elle savait que Torin, bien que de plus en plus indépendant, était encore très influencé par leur père et ne désobéissait jamais à un ordre direct. Il pouvait agir dans le plus grand secret bien sûr, pour éviter une confrontation, mais ils savaient tout deux qu'il n'en ferait rien. Les conséquences en seraient trop désatreuses, et il n'était pas recommandé d'attirer l'attention en ces temps troublés.

Quand Lynn recula, Torin se rapprocha encore, diminuant ainsi la distance entre eux. Elle esperait que sa menace d'hurler, le dissuaderait de la toucher mais elle n'en était pas tout à fait convaincue. Torin était imprévisible... D'ailleurs, sa requête suivante illustra parfaitement ce trait de caractère. Il exigea de l'argent en tendant la main.

Elle plongea ses yeux gris dans son regard glaciale, sans comprendre. Pourquoi faisait-il ça ? Que cherchait-il exactement ? Cela n'avait aucun sens... Il gagnait très bien sa vie, sans compter que lui aussi recevait mensuellement de l'argent de leur père. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir... Il avait une idée derrière la tête, c'était évident... mais laquelle... ?
Elle secoua la tête:

- A quoi est-ce que tu joues, Torin... ? Qu'est-ce que tu veux vraiment... ?

La peur venait subitement de s'évanouir. Dans l'esprit de la petite lionne, il était à présent clair qu'il ne pourrait rien lui faire de pire que ce qu'elle avait déjà subit. C'était une maigre consolation mais une consolation tout de même. Elle s'était habituée à la douleur et si elle devait y faire face à nouveau, elle le pourrait... du moins pendant un temps... La mort serait la seule alternative si elle retombait entre leurs mains... et elle serait en réalité, une douce délivrance....

Légèrement déboussolée elle secoua à nouveau la tête:

- Je ne connais rien au Quidditch, et je ne te dois rien...dit-elle avec difficultés. Alors... ...alors... laisse-moi passer...

Elle commença à avancer, bien décidée à partir, en le bousculant s'il le fallait quand il lui posa une nouvelle question.

Citation :

"Autre chose, pourquoi te donnerait-il cet argent?"

Lynn se figea et sentit son ventre se tordre douloureusement. Cette simple question reveilla plus de souvenirs encore que le contact des pièces et elle s'agenouilla brusquement pour vomir un peu de bile.

Elle ferma les yeux en essuyant sa bouche, tremblante, essayant de reprendre son calme et une respiration normale. Quelques larmes s'échappèrent de ses yeux clos et elle s'imagina en train de hurler.

*Parce que je ne vaux pas plus qu'une prostituée à ses yeux... C'est pour ça qu'il me donne cet argent !*

Mais elle ne le fit pas. Elle redressa la tête et vit des gens qui la regardaient, certains avec inquiétude, d'autres avec dégoût. Ils la regardaient elle, et Torin, pour voir sa réaction...
Elle tenta un sourire d'excuse et se releva tant bien que mal.

- Tu n'as qu'à lui poser la question toi-même puisque tu désirs tant le savoir.... dit-elle. Tu le vois bien plus souvent que moi, il me semble....

Elle sortit la bourse de sa poche et la jeta aux pieds de son frère:

- Sers-toi... vas-y, ne te gêne pas ! S'exclama-t-elle. Montre à tout le monde combien tu es un homme bon, Torin ! Je n'ai peut-être pas déjà assez payé à ton gout !

La colère lui faisait perdre le sens des réalités, elle était en train de faire un scandale, elle parlait fort pour que les gens l'entendent et cela n'était vraiment, vraiment pas bon. Si Torin perdait patience et décidait de la faire taire brusquement, elle allait le regretter. Mais au moins, ainsi, il comprendrait qu'ils étaient deux à jouer, et qu'elle n'allait pas le regarder l'écraser sans rien faire...

Elle se ressaisit et fixa son frère:

- Va-t'en.... laisse-moi tranquille....

Son ton était suppliant... et elle détestait ça...

[HJ: bon j'ai essayé de rédiger un truc convenable, mais vu que je n'ai pas rp depuis longtemps... Lynn tu me préviens si tu veux que je change des trucs, ou si il y a trop de fautes ]

Les yeux gris de Torin fixèrent ceux de sa jeune soeur. Il aurait été inconcevable qu'un jour la demoiselle agisse en tête brûlée face à lui, ose garder la tête haute. Cependant, il s'y accoutuma plus rapidement qu'il ne l'aurait imaginé, sar si dans cette rue il ne disposait plus des mêmes moyens de pression qu'à la maison, c'est avec une certaine surprise qu'il découvrait l'étendue de sa perfidie. Son esprit débordant déjà d'idées pour maintenir Lynn face à lui tant qu'il aurait besoin de ses réponses.
L'amusement prenait peu à peu la place de l'exaspération: la petite ne se laissait pas faire, avait-elle apprit à l'ouvrir sans avoir peur des représailles? Le jeu n'en serait que plus drôle, car Torin se considérait comme le meilleur, même meilleur que son propre père -bien qu'il ne le réalise pas encore vraiment- et ce au point qu'il n'ait pas besoin de soumettre ses proies pour avoir le sentiment de les dominer. Non, cela s'avérait même bien plus marrant lorsque la victime tentait de se débattre, même s'il ne s'agissait que d'une joute verbale.
Selon le jeune mage, affaires de famille et « jeu » se distinguaient. Bien qu'autrefois le fait de malmener Lynn était pour lui un loisir, sa position changeait peu à peu. Non pas qu'il n'éprouve plus de plaisir à l'idée de s'en prendre à sa soeur, il connaissait désormais plus amusant à faire. De plus, il ne voyait maintenant plus sa soeur comme un jouet, mais comme une traîtresse à son nom, une lâche s'arrangeant pour ne se montrer que lorsqu'il y avait assez de monde pour la protéger.

Si elle ne revenait pas, elle signerait probablement son arrêt de mort car pour le moment elle n'avait peut-être pas révélé au grand jour la vérité sur les Bower et leurs méthodes, mais à voir son comportement, cela ne saurait tarder. Dès qu'elle aurait une garder rapprochée et un niveau suffisamment développé en magie, Torin savait qu'elle cracherait le morceau, qui sait si elle ne les trainerait pas en justice? Et au lieu de craindre ça, que faisait leur père? Il subventionnait aveuglément la vengeance... Si il avait eu Lynn en face de lui, il aurait certainement comprit son erreur, à moins qu'elle n'ose pas faire preuve de la même insolence devant leur père...

Les faits étaient ce qu'ils étaient, la vision que Torin portait sur Lynn avait changé. Et qui l'eut-cru? Bien qu'elle soit infime, il éprouvait une certaine crainte envers la demoiselle. En effet, la seule chose que craignait leur père, c'était de perdre sa réputation de sorcier respectable, mais Torin, lui... Personne n'avait réellement connu -sinon douté- de ses réelles ambitions. Il voulait diriger, non pas un simple département du minstère ou une place d'enseignant, mais un poste avec un réel pouvoir sur le monde des sorciers... Et le pouvoir n'était confié qu'aux personnes de confiance: ceux dont la réputation était plus blanche que la robe des licornes. Si quelqu'un apprenait un jour que lui aussi avait torturé sa soeur, ses réelles ambitions n'auraient plus aucune possibilité d'aboutir (excepté bien sûr si le Seigneur es Ténèbres revenait).
Il fallait maintenant espérer que Lynn ait trop peur pour prendre conscience des armes qu'elle possédait, ou tout du moins pour les utiliser. Quoique, il était trop tard: déjà elle le menaçait à propos de la réaction de Père, parlant clairement de sa réputation. Lynn devenait dangereuse: menace insignifiante pour le moment, viendrait le jour de sa vengeance et le seul moyen d'etouffer l'embryon de colère était de la ramener à la maison, ou...

« Père ne me laisserai pas faire quoi? Raisonner une délinquante? Honnêtement ce n'est pas sa réputation, mais bel et bien toi qui perds en crédibilité. Regarde toi, incapable de garder ton calme alors que tu n'es pas directement menacée. »

Il sentait parfaitement la colère de Lynn bouillir, il était clair qu'elle espérait s'échapper au plus vite, elle essayait déjà. Mais, pour chaque pas de fillette tentant de fuir, c'était un pas d'homme qui s'approchait toujours plus d'elle. Maintenant, les passants autour d'eux commettaient un écart, laissaient un espace entre leur chemin et les deux Bower. Personne n'intervenait mais leur regard en disait long sur l'incompréhension: d'un côté une fillette qui ne devait pas avoir plus de douze ans semblant fuir mais presque rattachée par une corde invisible. En face, Torin, répondant aux regards curieux par un air serein, maître de la situation. Encore heureux qu'ils se soient trouvés dans une grande artère commerçante, mages et sorcières trop préssés pour s'attarder plus longtemps sur ce qui aurait pû simplement être une petite dispute anodine.

Puis vint le moment où il lui demandait sa bourse. La pauvre semblait prise au dépourvu: si encore elle s'était attendue à une requête aussi improbable. Torin se délécta de l'incompréhension de sa soeur: il n'avait rien d'un voleur et était certain que Lynn aurait été probablement bien plus heureuse de voir sa bourse requise par un malfrat de bas étage, mais lui... A entendre la réponse de la demoiselle, il était clair qu'elle savait au moins une chose: ce n'était pas directement après son argent qu'il en avait, mais souriant innocemment, il ne repondait rien, attendant toujours la main tendue.
Il remarqua peu à peu un changement dans le comportement de Lynn: au lieu de s'éxécuter directement, elle embrayait sur le Quidditch... Integrant dans sa phrase quelque chose qu'elle n'aurait jamais dû dire... Soit elle le niait, soit elle avait trop oublié les bonnes manières: bien sûr qu'elle lui devait quelque chose, non pas un bien materiel, certes, mais tout simplement le respect. Comment osait-elle omettre ceci? Il allait de ce pas le lui rappeller, cependant, comble du comble, elle lui manqua soudainement de respect. Etait-ce un ordre qu'elle osait lui donner? Lui dire de la laisser? Comme si il allait obéir... Son poing se ressera sur sa mitaine de cuir neuf, il ne pouvait pas la frapper. Pour une fois qu'il voulait lever sa main sur elle avec une raison vallable, autre que la violence gratuite. Car Lynn avait parlé pour ne rien dire, lui dire de la laisser plutôt que de se taire signifiait clairement le provoquer. Elle avait commit une erreur de trop, ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'il ne se décide à attrapper sa main pour transplaner jusqu'au manoir familial.

Dans cet optique, il commença à s'avancer, le bras légèrement tendu, au même moment Lynn commençait quant à elle à fuir. Cependant, ne réalisant pas que cette réaction venait de la question posée précédemment -ou n'y prenant pas garde- Torin referma sa main dans le vide, à l'instant exact où il aurait juré saisir le poignet de sa soeur. Cette dernière venait tout juste de s'éffondrer au sol. Le jeune mage l'observa sans bouger, étonné que ses simples mots aient suffit à la faire vomir. C'est en cet instant qu'il regrettait de ne pas avoir beaucoup avancé dans le vieux manuel de légilimencie trouvé par hazard au manoir, car il était certain que la réaction subite de Lynn n'était pas due à une mauvaise digestion.
Les yeux de Torin se posrent tour à tour vers sa soeur puis vers les passants, remarquant à présent que quelque chose clochait. Il tendit sa main vers Lynn, l'air faussement inquiet pour l'aider à se relever mais la jeune sorcière n'accepta bien entendu pas son aide. C'est lorsqu'il remarqua le sourire d'excuse de la fillette qu'il comprit qu'elle n'était pas encore dangereuse, que les hommes de la famille avaient encore de l'influence pour elle: assez pour qu'elle ne crie pas la vérité en pleine rue.

Aussi vite qu'elle s'était éffondrée, Lynn se remit déjà à « donner des ordres » à Torin. Afin de se calmer avant de passer à l'acte, le jeune mangemort s'imagina ce qui se serait passé si ils s'étaient trouvés au manoir... « Ne-me-redis-plus- JAMAIS -ce-que-je-dois-faire. Endoloris. » Quand le Seigneur des Ténèbres reviendrait, tout serait plus simple, Torin n'éprouverait aucune crainte à torturer sa soeur en public, et à quiconque le lui reprocherait, il montrerait sa marque des Ténèbres, car le tatouage servirait à identifier les seuls vrais représentants de l'autorité... Si encore le Lord Noir revenait.
Mais revenons-en à nos moutons, Torin avait pour maxime de ne jamais perdre son sang froid, ce qui était à peu près en train de lui arriver. Il devait se calmer, suffisamment canaliser son envie de frapper afin de la conserver pour le jour où il aurait carte blanche. Quelque chose vint d'ailleurs détourner son attention: une chose tomba à ses pieds dans un cliquetis sonore: la bourse de Lynn. Il saisit le petit objet et le vida dans le creux de sa main, se mettant à compter méticuleusement les pièces pendant que sa soeur hurlait au monstre. Il fixait si bien la monnaie qu'on aurait pû le croire seul avec l'argent, comme si personne ne lui disait quoi que ce soit.

Enfin, lorsqu'il n'y eut plus que le murmure des passant choqués pour briser le silence, Torin releva lentement la tête, très lentement... Ses yeux fixant ceux de la jeune sorcière, une nouvelle lueur les éclairant, une lueur que Lynn n'avait probablement jamais vu briller avant, le genre de lueur que l'on ne voit qu'une fois dans sa vie, qui n'est autre que la dernière chose vue. Peu importe ce que dirait Père, il allait la tuer, la torturer avant, trancher sa chair à vif pour chaque son supplémentaire qui sortirait de sa bouche, mettre un terme à l'existence de celle qui n'aurait jamais dû voir le jour...

Torin Bower plongea lentement sa main dans sa poche, sa poigne semblant se reserrer toujours plus fort sur un objet masqué par le tissus. Et, sous l'oeil attentif des quelques bedoins un peu trop curieux, il glissa lentement sa main hors de sa poche. Là où tous se seraient attendus à voir sortir une baguette, ce fut un gallion d'or, ce dernier jeté d'un geste majestueux dans la bourse à Lynn, là où le reste de la monnaie retrouva aussi vite sa place. Puis cet air assassin, qui n'avait en fait duré qu'un fragment de seconde, se métamorphosa en un visage serein, alors qu'il tendait la bourse à sa soeur tout en s'exprimant d'un ton clair et enjoué.

« Mais je suis un homme bon, Lynn. Quant à toi, voler cette bourse... Si tu avais besoin d'argent, il fallait le dire. Allez prends-la! »

Torin avait confiance en sa propre crédibilité: en quelques mots il avait évacué les soupçons, en quelques gestes il avait estimé le montant de la pension perçut par Lynn et en un regard il l'avait avisée que la limite de provocations tolérée avait été franchie plus qu'il n'en aurait suffit pour lui infliger les pires châtiments de la maison.
A présent, fermement décidé à ne pas suivre les conseils de sa soeur, il s'avança de nouveau vers elle et posa sa main sur son épaule. En apparence une main protectrice, en réalité une poigne oppressante, se resserant plus fort sur sa prise à chaque instant. L'apprentit mangemort s'accroupit face à la rouge et or pour être à sa hauteur puis se mit à la fixer d'un regard que seule elle pouvait interpreter à sa juste valeur, l'air supérieur apparaîssant sur le visage d'un Bower s'adressant à une femme de la maison. Mais avec cette fois-ci un petit plus: la même fermeté que sur le visage de leur père, exactement la même, et c'était sans compter cette confiance en soi infaillible. Par ces précaution, Torin comptait bien suciter la même attention de la part de Lynn qu'elle n'en aurait eu pour leur père. Après quelques instants à la fixer, craignant d'être entendu par autre que sa soeur, il porta sa bouche à l'oreille de la jeune sorcière.

« Je te conseille vivement de rentrer à la maison maintenant. Sinon d'autres payeront pour tes effronts. Sois-en certaine, tu vas regretter amèrement chaque mot prononcé, chaque bribe d'air respirée, chaque regard que tu as osé me porter. »

Il recula un instant sa tête afin qu'elle voit le serieux sur son visage. Puis il lacha son emprise sur l'épaule de Lynn. Elle avait voulu s'affirmer devant lui, eh bien si elle était aussi émancipée qu'elle le prétendait, il faudrait qu'elle fasse face à ses responsabilités. Il la mettrait face à un choix, il en prenait l'initiative complète et assurerait lui même les conséquence du choix qu'elle ferait, et ce même si leur père n'avait pas connaissance des intentention de Torin.
« Rentres maintenant... Ou payes le prix fort, avec les interêts. »

Lynn n’aimait pas la façon dont son frère la regardait. Après la surprise, c’était surtout l’amusement qui rayonnait dans ses yeux. Comment pouvait-il trouver cette situation amusante ? Ce simple fait rendait Lynn folle de colère. Comment… comment pouvait-il… ? Comment osait-il… ?

Pourtant la peur qu’il provoquait en elle était bien plus forte encore, l’obligeant à se mordre la langue pour ne pas répliquer. Il la traitait de délinquante et disait qu’elle perdait toute crédibilité en s’affichant ainsi. Il avait raison, elle en était parfaitement consciente.

Mais il éveillait des réactions incontrôlables chez elle. Cette panique irrépressible qu’elle tentait désespérément de réprimer n’avait rien d’étonnant en soit. En regardant son frère aîné, elle revoyait le visage de son père. Elle le retrouvait partout en Torin, dans ses sourires, ses regards, dans ses gestes, dans sa façon de parler…
Elle savait ainsi qu’elle était encore incapable de lui faire face… tout était trop frais dans son esprit, et elle était encore si faible et fragile… elle n’avait bien évidemment pas le niveau pour faire face à un sorcier compétent, mangemort qui plus est… et même si elle l’était, l’ascendant psychologique qu’il avait sur elle l’empêcherait sûrement de se défendre.
Cette simple idée lui faisait monter les larmes aux yeux. Savoir que si elle le revoyait elle ne pourrait rien faire pour l’empêcher de recommencer était la pire chose qui soit…

Bien sûr, elle avait jusque là réussi à éviter cette confrontation, mais pour combien de temps ? Elle ne pouvait pas indéfiniment se cacher derrière ses amis… elle savait qu’elle avait une autre alternative… qu’elle pouvait faire appel à une plus haute autorité… c’était même sûrement ce que redoutait le plus son père… mais pour le moment ce n’était pas une solution envisageable… pour cela, elle devrait raconter ce qui lui était arriver, en parler à des étrangers, être prête à s’opposer vraiment à son père… et ce n’était pas le cas… loin de là…

Lorsqu’il lui demanda pourquoi Père lui donnait cet argent, elle s’effondra à genoux, nauséeuse. Il ne lui fallut que quelques instants pour être à nouveau sur pied, l’incompréhension ne cessant de grandir en elle. Il lui demandait de l’argent ? Mais à quoi jouait-il ?

Elle lança sa bourse à ses pieds, le regardant la prendre sans un mot et la vider pour en estimer le contenu. Il fixait les pièces avec tant d’attention que si Lynn s’en était sentit la force, elle aurait probablement pu s’enfuir à ce moment précis. Mais le temps qu’elle essaye de convaincre son corps de lui obéir, Torin avait déjà relevé la tête.

Lynn recula maladroitement, les yeux écarquillés devant le regard qu’il lui jetait. Jamais elle n’avait vu, même dans le regard de son père, tant de haine. Et elle comprit qu’il voulait la tuer… la faire souffrir jusqu’à son dernier souffle…

Il porta la main à sa poche et elle fut persuadée qu’il allait sortir sa baguette et la tuer, ici, maintenant, au milieu de cette foule.

Mais contrairement à ce qu’elle pensait, c’est une pièce qu’il sortit avant de l’ajouter à la bourse sous le regard médusé de Lynn. Ça ne rimait à rien…

Puis, il parla, et elle comprit.

Citation :

« Mais je suis un homme bon, Lynn. Quant à toi, voler cette bourse... Si tu avais besoin d'argent, il fallait le dire. Allez prends-la! »

Elle n’arrivait pas à le croire… comment arrivait-il à toujours changer la situation à son avantage… ? Comment… ?

- Non… je… non…

Que dire ? Les gens autours d’eux, visiblement outrés, avaient repris leur chemin et les rares restants la regardaient avec désapprobation. Comment diable pouvait-elle se défendre… ? Torin avait raison, elle avait perdu toute crédibilité…

Il mit de force la bourse dans sa main et s’approcha d’elle, posant une main ferme sur son épaule. Se baissant pour être à sa hauteur, il serra douloureusement son épaule, lui arrachant un gémissement.

Après l’avoir fixé d’un air froid qui ne lui rappela que trop leur père, il approcha sa bouche de son oreille et d’une voix qui la fit trembler de la tête au pied, il prononça sa menace qui ressemblait bien plus à une promesse. Si elle ne rentrait pas, d’autres payeraient pour elle… et il lui ferait regretter chaque instant de liberté qu’elle avait pu savourer…

Elle le dévisagea, les larmes s’échappant de ses yeux sans même qu’elle essaye de les retenir.

Puis contre toute attente, il recula et la lâcha, son épaule la lançant encore de la poigne avec laquelle il l’avait serrée.

Citation :

« Rentres maintenant... Ou payes le prix fort, avec les interêts. »

Elle secoua la tête et se redressa :

- Alors tue-moi. Dit-elle d’une voix bien trop calme. Ici et maintenant. C’est le seul moyen que tu auras de me faire retourner là-bas…

Tremblante comme jamais, elle savait que c'était incensé de le provoquer ainsi mais elle le pensait... Une légère brise se leva sur le chemin de traverse et Lynn ferma les yeux quelques secondes, comme pour reprendre du courage avant d’ajouter :

- Personne ne me forcera à y retourner… ni toi, ni père… personne !

Et si jamais cela arrivait… cette fois elle n’hésiterait pas à mettre fin à sa vie…

Elle lui lança la bourse :

- Tu peux le garder, j’en veux pas de cet argent ! Et tu sais quoi, Torin ? Va au diable !

Elle se détourna, le dos raide, s’attendant à être attaqué à tout moment, puis elle se mit à marcher, doucement, puis de plus en plus vite, avant de se mettre à courir.

Il fallait qu’elle mette le plus de distance possible entre eux.

Elle regarda derrière lui et constata qu’il ne la poursuivait pas. Il la laissait s’en aller…. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose… la prochaine fois qu’elle le verrait, il ne serait sûrement pas aussi passif…
Il fallait qu’elle veille à ne jamais recroiser son chemin… jamais… ou ce pourrait bien être la dernière chose qu’elle fasse…

[HJ: comme c'est pour clore, je n'ai pas fait long]

Dans toute sa colère, Torin avait oublié de reposer la question à Lynn: Pourquoi leur père la subventionnait-il autant. Malgrès qu'il se le soit demandé, il ne voyait que la raison du beau-paraître mais ça n'expliquait pas pour autant cette somme, plutôt coquette pour la créature abjecte qu'elle était. Dans les minutes qui suivirent, il ne pensa toujours pas à redemander, maintenant trop élancé dans cette idée de chantage, la faire revenir ou la faire payer. Parce qu'une fois qu'il l'aurait fait, il obtiendrait le sentiment de ne plus rien devoir à personne.

En effet, « aider » son père à ramener Lynn avant qu'elle ne fasse une grosse bêtise serait le dernier service qu'il puisse lui rendre. Mais en quel honneur ce service? Probalement une sécurité, une crainte inconsciente d'être lui aussi renié si il venait à quitter le manoir familial sans que tout soit en ordre. Puis, si il parvenait à capturer ou reduire au silence sa soeur, il obtiendrait plus de reconnaissance à lui seul que ses deux frères réunis. Et, en obtenant la confiance plus qu'aveugle de Devin Bower, il ferait un pas de plus vers ce qui s'avérait être sa plus sombre ambition, un secret parfaitement gardé dont lui-même se préservait, une chose bien pire que d'être mangemort, même si ça y était en partie associé.

Lynn avait l'air de refuser la bourse qu'il lui tendait, c'est tout du moins ce qu'il comprit lorsqu'elle prononça à deux reprises « non ». Elle avait parfaitement le droit de refuser, mais il s'agissait là presque d'une insulte: refuser de l'argent devant des étrangers était un peu comme dire qu'il était souillé. De lui elle n'en voulait pas, mais de leur père elle l'acceptait. Forcé, il atrappa donc la main de Lynn et y plaça l'argent, l'oligeant à resserer sa poigne sur la bourse, peut-être aussi pour voir ce que lui inspirait le fait de tenir cet somme devant lui.

Vint le moment des menaces: Lynn était une faible, elle avait tenté de lui tenir tête et maintenant pleurait. Pire encore elle en vint à réclamer la mort à voix haute, Torin immitant un air désemparé lorsque quelques gens le regardèrent. Il finit par croiser ses bras puis soupira, exaspéré.

« La mort n'est pas une solution... »

Un ton moralisateur. Mais il ne put retenir plus longtemps le calme qu'il avait récupéré. Il pensait exactement le contraire de ce qu'il avait dit et songea que Lynn le savait, qu'elle jouait avec le fait qu'il ne puisse rien ici. Qu'il ne puisse rien. Qu'elle attende un peu le moment où il pourrait, rirait bien qui rirait le dernier.
Les poing de Torin se serrèrent, toujours plus fort, encore une fois il fallait qu'il maîtrise son calme, il savait qu'avec beaucoup de patience, il l'aurait, tout comme il avait toujours réussit à se débarasser des nuisibles par des moyens aussi fourbes soient-ils. Mais là... Il avait cru voir précédemment le summum de l'arrogance dont elle était capable, il était loin du compte face à ce qu'elle osait maintenant, laver le linge le plus sale de la famille en pleine rue commerçante. Et par dessus le marché, avoir encore du culot pour jeter la bourse à ses pieds... Et l'insulter.

« Comment oses tu?! »

Mieux vallait qu'elle parte, qu'elle parte vite, il n'avait pas envie d'aller à Azkaban, pas maintenant, il était encore trop jeune. Mais comment resister? Cette manière de partir en lui tourant le dos, cette provocation disant « lance moi un sort, je ne l'eviterai pas ». Il était impossible de se contenir en une telle situation, comment faisait-il pour rester debout, là, à la regarder s'enfuir de plus en plus vite? Il pensait à l'avenir, à la vengeance, ce qu'il découvrirait bientôt.

Torin saisit la bourse à ses pieds et la jeta d'une telle violence contre un mur que beaucoup se retournèrent, entendant le claquement aigü des pièces frapper la roche, retomber en une pluie éparse, dans de multiples cliquetis. Un mendiant fonça sur la monnaie tel le vautour sur la charogne, sous l'oeil méprisant de Torin.
Il sortit une flasque de Whisky double feu neuve de sa sacoche. Il ne buvait pa souvent de l'alcool et c'était là par hazard qu'il en avait une, qui aurait dû être entamée au soir pour des festivités. Il but quelques gorgées et referma la bouteille, la rangeant. La boisson aurait au moins pour effet de le detendre un moment. Il repartit ensuite dans la direction du magazin de Quidditch, y entra, observa quelques rayons, puis une vitrine... Il y regarda et distingua à l'exterieur trois silhouettes. Chassant une toile d'araignée, il pû même voir deux visages très nettement.

Torin Bower était jusqu'à présent toujours parvenu à ses fins. Encore une fois, son calme et sa patience confrontés à de rudes moments, il n'avait pas basculé, avait contenu ce flot de rage. Encore une fois, ses efforts furent duement récompensés. S'il ne pouvait atteindre Lynn directement, ce serait donc par des procédés détournés.
Ses yeux gris, froids comme la glace et durs comme l'acier se posèrent une dernière fois sur les deux jeunes gens, plus vieux que Lynn. Une fille brune. Un garçon blond.