Montée dans le Poudlard Express (libre)

- Il va falloir que tu révises ton comportement, Lily.
- ...
- Je n'ai aucune envie que tu finisse comme ces gaudiches qui manquent d'éducation. Aie du respect pour ta mère.
- ... J'en ai père.
- Tu as de drôles de façons de le montrer. Je sais ce qui ne va pas, mais ton comportement ne fera que l'accentuer et empirer ce que tu ressens tant que tu n'auras pas fait une croix dessus. Tu aurais pu profiter de ces derniers jours pour faire ça avant ton départ, mais apparemment tu n'es pas assez intelligente pour le faire sans qu'on ne te le conseille. J'espère au moins que tu l'es assez pour prendre en considération mes paroles...

Ce dialogue, ou plutôt quasi monologue qui venait de se produire n'était rien d'autre qu'une discussion entre Liliana et son père, alors que les deux se dirigeaient d'un pas décidé vers le quai 9 3/4.
Tête baissée, notre blondinette ne disait mot. Premièrement, elle savait que son père avait raison, deuxièment, parce que malgré le ton calme le fond sec de ses paroles ne trompait pas la fillette, et troisièmement parce qu'elle savait qu'il ne fallait pas tenir tête à son père.
Les deux sorciers passèrent au travers du mur entre le quai neuf et dix après un regard aux alentours, Liliana portant sa valise et le panier où Pattedouce était blottit.

-Bien, je te laisse ici, tu sauras te débrouiller toute seule. J'ai du travail qui m'attend. Réfléchis à ce que je t'ai dit, écris à ta mère et ne fais pas déshonneur à ta maison. Ta mère veut que cette fois ce soit les Serpentards qui gagnent la Coupe.
- Oui père. A bientôt...

Son père embrassa rapidement sa fille sur le front avant de la laisser plantée là, seule face aux dernières paroles qu'il avait prononcé. Mal à l'aise de quitter ainsi sa famille, elle n'avait cependant pas le choix. Alors, après avoir poussé un dernier soupir, la jeune fille monta dans le train pour partir à la conquête d'une cabine libre.
Elle était en avance, ça devrait encore se trouver ! Pensa-t-elle en regardant les places qui étaient pourtant déjà prises. Alors qu'elle passait près d'une troisième cabine pleine à craquer remplie de premières années, Liliana remarqua une chose : elle avait grandit de quelques centimètres !
Cette année, ça n'était plus elle la nouvelle, et les premières années lui semblaient petits, pour la plupart... Cette information lui tira un sourire, ravie d'avoir changé depuis l'année dernière (c'est que ça grandit vite ces bêtes là !).

Bientôt, à force de errer dans le couloir avec un panier qui bougeait et miaulait de façon fort mécontente, la jeune fille parvint à trouver une cabine libre. Enfin libre. Presque, il y avait un élève d'à peu près sa taille qui se trouvait là, et la jeune fille décida que si sa présence le gênait, cet élève n'avait qu'à partir !
Sans lui jeter un regard, à part pour lui faire un signe de tête en guise de (froide) salutation, Liliana rangea ses affaires dans le compartiment et libéra son chat, fou furieux d'avoir été balloté dans un panier.

"Désolée mon vieux, mieux vaut ça que te faire marcher sur les pattes."

Lança-t-elle alors que Pattedouce s'asseyait à côté d'elle pour lui jeter un regard rancunier.

Ambre venait à peine d’arriver sur Londres, qu’il lui fallait déjà repartir pour prendre le train. Déjà l’année passée, elle avait rechigné à l’idée de devoir traverser la ville sans la visiter un minimum. Cette fois, cependant, elle avait disposé d’un peu plus de temps. Ravie, elle s’était promenée dans le vieux Londres.

Au moment de partir, elle avait reçu la plaisante visite de son amie Sangeeta, en larmes, qui tenta de s’adresser à elle, entre deux sanglots :
-R…..Ro…Roshni…..
Roshni est le prénom d’origine d’Ambre. Mais par commodité, l’administration anglaise l’a priée d’en adopter un plus Européen.
Ambre, stupéfaite de voir son amie, pourtant fière et hautaine par habitude, si éplorée et misérable, l’accueillit à bras ouverts.
La berçant doucement, elle avait demandé :

-Kya Hua Sangeeta ?? (Qu’est ce qui se passe Sangeeta ?)
-Kripaya… Mere ke sath jana (S’il te plait… Emmène- moi avec toi !)
-Are…Lekin… Voh possible nahi hai aur tum bahut-bahut janti ho ! (Ah… Mais…Ce n’est pas possible et tu le sais très bien)
-Lekin … Chandi meri vivah karna jaati hai ! (Mais… Chandi veut me marier !)
-…
-Kripaya ! (S’il te plait !)
-Ji nahi Sangeeta… Main nahi kan hai… shamma kare… (Non Sangeeta… Je ne peux pas…. Pardonnes moi)

Même si elle l’avait caché la nouvelle l’avait atterrée, et lorsqu’elle l’avait supplié de l’aider, Ambre avait sentit son cœur se serrer. Avant de sortir de la pièce, Sangeeta avait tendu un paquet tout enrubanné, dans lequel reposait un magnifique saree rose et orange.
Ambre, en guise de témoignage de solidarité discret, s’était aussitôt changée et drapée dedans:

Lorsque le moment des adieux s’était enfin présenté, au milieu des larmes générales, Ambre vit que son amie avait saisi le message : Elle ferait de son mieux pour l’aider.

Ainsi, finalement, la promenade d’Ambre dans Londres se fit sous l’ombre du mariage planant sur Sangeeta. Et un curieux préssentiment l’étreignit : Elle était presque certaine que le mari choisi par le Guru était précisément celui auquel Ambre avait échappé de justesse grâce à son admission à Poudlard.
Au fond d’elle, la fillette savait que pour elle aussi ce n’était que partie remise, aussi, elle prit la ferme résolution de profiter, et évidemment de n’en toucher mot à personne, histoire de ne pas gâter ses relations.

Assise dans un des compartiments pour l’instant encore vide du train, la fillette lisait et re-lisait les quelques lignes laissées par son amie avec le saree. Cette lettre n’en était pas réellement une, mais plutôt quelques pages tirées du journal intime de Sangeeta. Ces lignes la terrifiaient, car décrivaient la détresse dans laquelle son amie se trouvait, sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit.

Ambre soupira, et appuya la tête contre la vitre du compartiment. Elle était de nouveau habillée très traditionnellement, mais ne portait pas de bijoux, exceptés ceux qui tintaient joyeusement à ses chevilles à chacun de ses pas, par peur de se les faire voler.
Ses immenses cheveux noirs avaient été consciencieusement tressés par son amie juste avant son départ, agrémentés de fines guirlande de fleurs de jasmins blanches et de petites fleurs orange. Le tout laissant un parfum subtil et délicat flotter tout autour d’elle.
Sur son front trônait toujours son éternel bindhi rouge, symbole de son amour pour sa patrie.

La fillette s’accouda au rebord de la fenêtre, et posa son menton au creux de sa main, pour observer les va-et-vient des élèves sur le quai. Elle se prit à y rechercher des visages connus. Puis, ses pensées s’envolèrent, loin, dans un pays riche de couleurs chatoyantes, aux chants envoûtants et aux parfums épicés.
Lorsque tout à coup, elle fut tirée de sa rêverie, brusquement par le froissement caractéristique de tissus accompagnant l’entrée de quelqu’un dans le compartiment.

Elle répondit au salut de la nouvelle venue par le salut traditionnel de chez elle : joignit ses mains sur sa poitrine, comme pour la prière, et se pencha en avant.
Ambre réalisa qu’elle n’avait jamais vu cette élève. Alors qu’elles semblaient pourtant être de la même année. Mais la jeune Indienne n’avait pas l’esprit à engager la « conversation », aussi, elle reporta son attentions sur l’extérieur, dans un nouveau soupir.

Liliana s'était assise en face de l'élève sans faire attention, elle n'avait même pas prit compte de la salutation de l'élève et l'avait observé si vaguement que c'était à peine si elle avait remarqué qu'elle était une fille. Son chat vint s'installer sur ses genoux et coller tendrement son front contre son bras, tandis que le brouhaha continuait à l'extérieur du compartiment. Dans des bruits de piétinements et de papotages, les élèves s'installaient lentement, affluant en un plus en plus grand nombre.
C'était hallucinant le nombre de personnes qu'était capable de renfermer le Poudlard Express.
Plus à l'aise que l'année précèdente, Liliana prit ses aises dans la cabine. C'était limite si elle ne venait pas de s'allonger sur la banquette, un bras contre le dossier et une jambe rabattue sur le siège. Mais au fond d'elle, Liliana se sentait mal. Si son départ avait put être aussi joyeux que l'année dernière... Cela l'aurait bien arrangé... Mais non, il avait fallut que sa mère décide de la remplacer ! Maintenant qu'elle partait toute l'année à Poudlard, sa mère aurait tout le temps d'aimer ce nouvel enfant qui allait naître, en oubliant sa fille qui pourtant avait fait honneur à sa mère ! Elle avait réussit ses examens, elle avait attérit à Serpentard en début d'année ! Elle ne méritait pas d'être punie pour sa réussite !
Le coeur lourd, la jeune fille poussa un soupir et tourna la tête en direction de la vitre. Derrière celle-ci, on voyait les familles sourire, rire, les parents embrasser leur enfants et les enfants plaisanter une dernière fois avant le grand départ loin de leur parents.
Liliana grimaça et tira le rideau de la vitre, oubliant qu'elle n'était pas seule.
La blondinette détourna la tête, et son regard passa sur la jeune élève. C'est à ce moment qu'elle se rendit compte que l'autre observait par delà la vitre, et que son geste impoli l'avait coupé à sa contemplation rêveuse.

"Désolée, le soleil m'éblouissait."

Mentit Liliana pour toute excuse.
Notre jeune protagoniste détailla alors plus attentivement la fille, et en particulier son accoutrement. Sa couleur de peau et ses vêtements le disaient, elle n'était en rien d'origine anglaise. Si ça se trouvait, elle ne comprenait pas la langue ? O_o
Non, ne soyons pas stupide, pensa Liliana, elle ne serait pas à Poudlard sinon. Se rendant compte que son regard interressé s'était porté un peu trop longtemps sur les vêtements et les quelques anneaux que la fille portait aux poignets et aux chevilles, la jeune Serpentard vira ses yeux bleus dans ceux de sa camarade de compartiment, poliment. Elle voulut faire un léger sourire, n'ayant pas le coeur à être désagréable, mais, faute à son humeur déplorable, ce dernier n'eut rien de vraiment sympathique.

Si Liliana n'en avait pas eut rien à fiche de rester dans le silence, silence d'autant plus lourd que les rires et les plaisanteries parvenaient du couloir, cette situation aurait put lui sembler gênante. Mais là, elle lui semblait juste mortellement ennuyeuse. Elle aurait voulut dire quelque chose histoire de se changer les idées, mais elle ne savait que dire à une inconnue avec qui elle était seule alors qu'elle s'était invité, rapellons le sans lui demander son avis, dans le compartiment qu'elle occupait. Soudain, quelque chose tilta chez Liliana.

"Tu n'attendais personne j'espère ?"

Ca, c'était vraiment aimable comme question... ~~Congratulations~~ Liliana faisait fort dans la finesse, ces derniers temps ! Enfin bon, au moins le fond de sa pensée était dit, Liliana n'avait aucune envie de changer de compartiement si cette fille avait reservé la cabine pour un petit groupe d'amis. Ne savait-on jamais, elle était peut-être Gryffondor, et les Gryffondors adoraient rester en troupeau. Quoi que, elle n'avait pas l'attitude excessivement excitée des Rouges et Or, Liliana avait donc une chance de ne pas se retrouver cernée et contrainte à capituler devant le nombre !

Ambre, à qui rien n’échappait, avait remarqué l’attitude froide de la fillette, mais elle ne s’en formalisa pas, se doutant qu’elle devait avoir une raison. Quelques instants avant que sa « colocataire de compartiment » n’abaisse le rideau, elle l’observa discrètement, au travers de son reflet trouble dans la vitre du compartiment.
Aussi, la lueur qui traversa le regard de Liliana à la vue des gens sur le quai, ne lui échappa pas non plus, car elle-même éprouvait un léger pincement au cœur lorsqu’elle voyait des élèves avec leurs parents. Cependant, elle avait fait son deuil, et cela ne l’affectait plus assez pour que cela se voit.

Ce fut donc par égard pour Liliana qu’elle ne protesta pas lorsque celle-ci tira les rideaux, et balaya ses excuses d’un geste évasif de la main accompagné d’un sourire réconfortant. Ambre sentit alors le regard de la fillette glisser sur elle. Cela ne la gênait aucunement, elle était consciente d’attirer les regards avec ses tenues toutes plus chatoyantes les unes que les autres. Aussi, elle ne broncha pas. Lorsque celle-ci plongea ses yeux dans ceux de la jeune Bleue et Bronze, elle soutint son regard sans ciller.
Cependant, l’étrange sourire que lui offrit sa camarade la surprit. Elle ne savait pas comment le prendre, mais sa largeur d’esprit et sa haute éducation la poussèrent à le lui rendre poliment, sans autre forme de procès.

Ambre ferma les yeux, écoutant les bruits qui venaient du couloir, tentant d’identifier quelqu’un qu’elle connaîtrait. Mais en vain, ces cris stridents et ces pleurs ne pouvaient venir que d’élèves de première année, leur esprit étant beaucoup trop jeune pour supporter sans broncher la dose d’excitation et d’inquiétude provoquée par le départ imminent du train.
Pour elle, le silence observé par sa camarade n’était pas gênant. Pourquoi ? Parce qu’au-delà de son mutisme, elle était de nature calme et posée, n’ayant pas besoin de mots pour comprendre ses « interlocuteurs ».
Cependant, elle sentait que la jeune Liliana mourrait d’envie de parler, aussi elle rouvrit les yeux, histoire d’ôter cette barrière hermétique, pour ne pas l’arrêter dans un éventuel élan de sociabilité.

La fillette avait vu juste. Puisque quelques courts instants plus tard, sa voix se fit à nouveau entendre, et même si la question était futile, Ambre supposait que c’était sa manière à elle d’entrer en matière. Aussi, elle ne laissa pas passer l’occasion.
La fillette laissa un sourire amusé éclairer ses traits et allumer son regard d'une lueur nouvelle. Tirant son éternel petit calepin de velours noir, elle griffonna rapidement quelques mots d’une écriture fine et penchée :

-Non… Je n’attends personne… Mais si toi tu attends quelqu’un, ne te gènes pas pour moi ! Je m’adapte facilement…
Si je puis me permettre, tu ne sembles pas être nouvelle… tu n’exprimes pas cette insupportable excitation… Tu es en quelle année ?

Puis, elle tendit le carnet à la fillette en face d’elle, chassant une mèche de cheveux noire vagabondant devant ses cils, attendant que la jeune fille réponde…

La jeune fille en face d'elle semblait très calme, aussi calme que Liliana, et peut-être même plus, car au fond d'elle, la blondinette avait envie de crier à l'injustice auprès de tout le monde.
Mais Liliana était éduquée, et savait faire mine que "tout allait bien".
A la question qu'elle eut posé, la fille aux style vestimentaire oriental eut un sourire, et ouvrit un calepin de velours noir pour écrire dedans.

Liliana haussa un sourcil. Qu'est-ce que c'était que ça ? Son journal intime ? Elle se fichait d'elle à ne pas lui répondre pour se mettre à écrire ! Mais au moment où elle se sentait prête à protester contre cette ignorance, la jeune fille face à elle lui tendi le calepin.
Son regard s'arrondit d'étonnement, puis ses yeux se baissèrent sur l'écriture élégante de la jeune fille.
"Non… Je n’attends personne… Mais si toi tu attends quelqu’un, ne te gènes pas pour moi ! Je m’adapte facilement…
Si je puis me permettre, tu ne sembles pas être nouvelle… tu n’exprimes pas cette insupportable excitation… Tu es en quelle année ?"

"Oh... Non, je n'attends personne. Je suis en deuxième année, et toi ?"

Liliana reprit une position normale sur le fauteuil et se pencha vers la jeune fille pour lui rendre son calepin.
Cette jeune fille semblait apparemment être muette... Diable, comment faisait-elle donc pour suivre les cours ? Cela devait être éprouvant....

"Je ne t'ai pas demandé ton nom... Je m'apelle Liliana Vanloock, si ça t'interresse."

Ladite Liliana se redressa et attendit que la jeune fille face à lui écrive sa réponse. Ca allait être amusant, pour entamer la parlotte... Heureusement qu'elle écrivait bien !