~Insomnie /-00h00-/ ~

Ambre descendit de son dortoir. Depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de dormir comme qui dirait, normalement. Elle était préoccupée. Notamment parce qu'elle ne savait pas vraiment où elle avait atterri.
Elle ne connaissait toujours personne, et se sentait complètement perdue.
Le fait de ne connaître personne ne lui posait de problème particulier, pour la bonne et simple raison qu'elle avait toujours eu tendance à rêvasser, à voyager dans un monde où elle seule semblait avoir accès.
Elle appréciait le calme et la quiétude que seule offre la solitude. Mais elle devait quand même avouer que pour commencer l’année, elle avait grandement besoin d’aide.
Ambre avait beaucoup de mal à s’intégrer, trop traditionaliste peut-être…, Toujours est-il qu’elle n’allait pas bien. Mais cela ne se lisait pas sur son visage, seules ses insomnies traduisaient son mal-être, de plus, son pays, ses amis, sa famille… Tout lui manquait terriblement. Même Charvi, qu’elle n’aimait pas, et qui le lui rendait bien.
C’était un poids considérable pour de frêles épaules de 11 ans.

La jeune fille avait l’habitude de profiter des heures durant lesquelles elle restait éveillée, pour étudier. Elle n’avait absolument pas peur du surmenage, ayant été habituée très jeune déjà à des rythmes de travails peu communs.

Ambre descendit donc de son dortoir, drapée à la va-vite, mais pourtant très joliment, d’un sari bleu nuit, brodé de fines perles et fils argentés.
Elle tenait dans une main une sorte de trousse en lin ainsi que sa baguette, dans l’autre un énorme bloc note, et gracieusement en équilibre sur la tête, son livre de potions.

La jeune fille avisa une table et s’en approcha. Ses longs cheveux étaient ramassés sur sa nuque en une interminable natte rapidement nouée, et le bindhi rouge, le troisième œil, trônait toujours sur son front.
Elle n’avait pas vu la silhouette endormie dans le fauteuil non loin de la table.

Pas longtemps après avoir mangé, Tom avait lu avec intérêt son livre de sortilèges et enchantements en vue du cours avec le professeur Flitwick, qui est aussi le directeur de sa maison. Mais après un bon repas, la fatigue accumulée les jours précédents, et l'étude de la théorie des sortilèges, Tom s'était assoupit dans un des profonds fauteuils de la salle commune de Serdaigle, et personne ne l'avait réveillé.

*Tom était en plein rêve dans lequel les couloirs de Poudlard étaient vide, il courait seul, poursuivi par une silhouette fantomatique, qui poussait des gémissements glaciaux, le son atroce le vrillait les tympans, comme le bruit d'une lourd chaise que l'on tire, le bruit démultiplié des centaines de fois puis...*

D'un seul coup Tom se réveilla en criant.

"NON, arrêtez!!

Ambre n'avait cessé de rêvasser, et elle était toujours agenouillée en face du feu, tournant le dos aux fauteuils installés au fond de la salle.
Mais soudain, elle fut brutalement tirée de sa rêverie, par un hurlement de panique venant manifestement de derrière elle. La jeune fille se releva d'un bond, oubliant le livre posé en équilibre sur le haut de son crâne, qui dégringola.
Elle le rattrappa in-extrêmis, d'une main vive, et le posa à même le sol, avant de relever un pan de son saree pour ne pas tomber, et de se précipiter vers le jeune homme endormi, et s'agenouiller près de son fauteuil.

La jeune fille était d'une nature attentionnée, ne demandant rien en retour, pas même le respect.
Ne pouvant pas le calmer par des paroles, elle lui prit doucement une main et le regarda reprendre contact avec la réalité, incapable de laider plus que cela.

Ses yeux, d'une indiscible douceur, attendaient qu'il se sente mieux. Et dans ceux du jeune homme, elle pouvait distinguer ce qui se passait dans sa tête, c'est ce qui lui plaisait chez les Occidentaux. Elle les scruta un petit instant, puis détourna les siens, navrée de s'être ainsi infiltrée dans les rêves du jeune homme.

Tom venait de sortir de son rêve agité et pris conscience d'une présence à côté de lui, à cause de la pénombre et du contrejour produit pas le feu, il ne pouvait pas voir qui lui tenait la main. Il repris peu à peu ses esprits, se rendant compte qu'il était installé dans un fauteuil de la salle commune, et ce qu'il avait vécu quelques instants auparavant était un cauchemar. Tom reconnu la personne qui lui tenait la main, c'était un fille avec qui il n'avait encore jamais discuté, mais qu'il connaissait de vue.

"Que s'est-il passé, et que fais-tu là ? Lui demanda-t-il.

[HJ: Désolée pour la grosse incruste >_<]

Un ciel piqué d'étoiles, c'est très beau et très intéressant. Malheureusement, au bout de quelques heures, ça devient lassant. C'était la raison pour laquelle Meghane descendait de la tour d'astronomie pour atteindre la Salle Commune des Serdaigles. Sa chevelure sombre battant sur ses épaules où se trouvait un lourd sac, la fillette entra dans la large salle. Elle était sûre qu'à cette heure, tout le monde serait endormi et elle pourrait enfin être bien. Les gloussements idiots des autres premières ou deuxième années, les blagues dépourvues d'humour des plus âgés, tout cela l'agaçait. Dans les dortoirs, les papotements ne cessaient qu'à partir de vingt deux heures, quand les filles se sentaient trop épuisées pour finir leur conversation. C'était à ce moment que Meghane pouvait enfin espérer de dormir tranquillement ou même lire tranquillement devant le feu. C'était cette dernière chose qu'elle projetait de faire.
La fillette s'avança et apperçut alors deux élèves qui devaient probablement avoir son âge. Elle n'avait pas spécialement envie d'entendre des roucoulements, aussi s'apprêta-t-elle à monter directement dans le dortoir. Pourtant, ce ne fut pas ce qu'elle fit, vu que les deux enfants ne flirtaient pas du tout. Le garçon semblait complètement dans les vapes, tenait quand même la main de la jeune fille.
Un peu d'humanité étant resté chez Meghane, cette dernière s'approcha d'eux. Son visage était toujours froid, mais une toute petite lueur de compassion brillait au fond de ses prunelles.

- Vous allez bien, tous les deux ? Ce n'est pas bien de se coucher si tard vous savez...

Certes une petite pointe d'ironie perçait sa voix, mais au fond, elle était curieuse de savoir qu'est-ce qu'il avait et était légèrement désireuse de les aider. Elle posa son sac sur l'une des tables et vint se mettre juste devant le petit couple de premières années.

(HJ: Aucune importance!! Tu avais parfaitement le droit, je n'avais rien écrit qui puisse laisser supposer que c'était privé!! :) Bienvenue en tous les cas :) )

Ambre le regarda, et lui souria. Puis un voile triste traversa furtivement son regard, car elle se savait pertinemment dans l'impossibilité de lui répondre.
Elle esquissa un geste pour saisir de sa main libre la feuille de papier négligemment posée sur la table à quelques centimètres du sofa, pour répondre, quand elle sursauta violemment pour la seconde fois en entendant la voix de la jeune fille campée dans son dos, qu'elle n'avait pas entendue arriver.

Elle la détailla un instant, et ce qu'elle vit ne lui plut pas du tout, ce qu'elle entendait non plus.
La teinte ironique qu'avait prit le ton de la Bleue et Bronze l'irrita au plus haut point.
Pour avoir connu des gens comme cette fille, elle comprit en l'espace d'une seconde la lueur qui brillait dans les yeux de la fillette.

Ambre ne pouvait, de toutes manières, pas répondre, et n'en avait aucune envie. Elle avait en horreur ce type de personne qui toisait les gens comme Meghane venait à l'instant de le faire.
Sa main glissa alors de celle de Tom. Elle replaca ses livres sur sa tête, releva un pan de son saree bleu nuit, et se dirigea d'un pas gracieux et rapide vers la porte de la salle commune, dans l'intention de se diriger vers le lac.
Au passage, elle saisit son bloc note, sa trousse et sa baguette.

Pour se déculpabiliser d'avoir abandonné Tom, elle se dit que d'une façon, il serait entre de meilleures mains puisqu'elle ne pouvait pas lui parler, mais que Meghane le pouvait, elle.
Ni l'un ni l'autre ne virent l'éclair triste qui vrilla ses pupilles, du au profond sentiement d'inutilité et d'impuissance auquel elle était sujette.