"Oh Captain ! My Captain ! ..."
C'était ainsi que commençait la lettre qu'Emilien avait reçue le matin-même. Accessoirement, c'était aussi le titre d'un poème d'un mec dont le Serpentard avait oublié le nom. Pour lui, ça voulait surtout dire que c'était Camille qui lui écrivait, et que rien n'avait changé pour elle - même pas le fait qu'il ait été envoyé à Serpentard. Cela le rassurait : en effet, Camille était comme une petite soeur pour lui, et si elle, n'était pas capable de comprendre que son entrée à Poudlard ne changerait rien à son caractère, alors personne ne le pourrait. Serpentard ne le transformerait pas en méchant petit garçon, ni en serpent vicieux et sournois, ni en malade bon pour l'asile psychiatrique, ni encore en assassin. Peut-être que presque tous les criminels sorciers avaient été à Serpentard durant leur scolarité. Ça ne voulait pas dire que tous les Serpentard allaient devenir des criminels. Il ne fallait pas tout mélanger !

Emilien était assis dans l'herbe, dos à un arbre, face au lac. Il faisait plutôt beau, très bonne raison pour ne pas rester enfermé. Bon, la température n'était pas au rendez-vous, mais on ne pouvait pas tout avoir, non plus ! C'était le week-end, et si certains comptaient le passer à travailler - aussi étrange que cela puisse paraître, la bibliothèque était pleine ! - ce n'était pas le cas d'Emilien. Il n'était pas accablé de travail non plus - peut-être était-ce dû au fait qu'il ne notait pas toujours ce que disaient les professeurs en fin de cours ? De toute façon, Emilien n'avait jamais été quelqu'un de très travailleur. Il s'en était rendu compte dès sa première année à l'école primaire, même si à l'époque, il n'avait pas de devoirs à faire à la maison. Rien que le travail en classe semblait le fatiguer. La maîtresse avait dit à ses parents qu'ils devraient y faire attention, et surveiller les devoirs de leur fils. Ce qu'ils n'avaient pas fait, bien sûr.

Emilien sourit en lisant la suite de la lettre. Camille aimait la poésie, depuis qu'elle était toute petite, elle apprenait des poèmes par coeur, et les lui récitait. Parfois, dans ses lettres, elle glissait un ou deux vers d'un poème quelconque - comme lorsqu'elle écrivait "Oh Captain ! My Captain !" Cette fois, il avait reconnu un vers de Victor Hugo. "Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps". C'était très mignon, et ça avait sans doute été écrit sans arrière pensée. Mais sachant que dans le poème, l'auteur parlait de sa fille décédée et qu'il se rendait sur sa tombe, il y avait de quoi se poser des questions ! Camille utilisait souvent des vers de poésie sans se soucier de leur sens ... Une fois, elle l'avait accueilli en s'exclamant "Hé, bonjour, Monsieur du Corbeau ! Que vous êtes joli, que vous me semblez beau !" Elle n'avait que six ans à l'époque, mais elle n'avait pas vraiment changé.

Emilien allait plier sa lettre pour la ranger lorsqu'un brusque coup de vent la lui arracha des mains. Le Serpentard se leva soudainement, mais le vent l'emportait droit vers le lac. La lettre s'envolait et lorsqu'elle arriva près d'un élève, san se soucier de qui il s'agissait, Emilien s'exclama, sans cesser de courir :

- Hey ! Attrape-la ! La lettre !

En ce week-end pas encore trop froid, probablement un des derniers beaux jours de la saison, Bill était sorti dans le parc pour, enfin, écrire une lettre à sa petite soeur. La veille, il avait bien tenté de le faire, mais en croyant enfin trouver un endroit tranquille, il s'était retrouvé avec trois autres élèves de sa maison et, même s'il regrettait de ne pas avoir écrit à Laura, il était ravi de cette rencontre. Il était donc sorti, s'étant levé de bon matin pour parachever ses devoirs et avoir sa journée de libre. A vrai dire, le grand air lui mmanquait. Le parc avait beau être immense, il avait ses limites : les portes du château, la forêt interdite... et Bill se sentait déchiré lorsqu'il songeait à la liberté totale qu'ils avaient, Laura et lui, dans les grands champs de son père en Ecosse. Quoi qu'il en fût, le jeune rouquin tentait au maximum de profiter de l'espace mis à sa disposition.

Il avait donc traversé les pelouses en courant pour faire un peu d'exercice, seulement chargé d'un parchemin vierge, de sa chère plume bleue et d'un encrier (Bill détestait être chargé et aimait se sentir léger), et il s'était assis contre un gros tronc d'arbre, au bord du lac.

Un long moment, son parchemin déplié sur ses genoux, il laissa son regard errer au hasard, cherchant l'inspiration. Les élèves étaient rares, seuls quelques petits groupes ça et là... L'eau du lac paraissait particulièrement paisible, et elle avait cette teinte gris-bleue que lui donnait le soleil fade d'octobre. Plus loin, Bill se perdit un instant en songes dans l'ombre des premiers arbres qui composaient l'orée de la forêt, imaginant toutes les bêtes merveilleuses qui devaient grouiller là-dessous... ET bientôt, sa main se mit à courir au-dessus de son papier :

Citation :

Ma petite soeur chérie,

J'espère que tout se passe bien et que tu restes la préférée du maître à l'école. J'espère qu'il ne pleut pas trop là-bas et que tu peux encore jouer dans les champs sans trop te faire gronder par maman en rentrant.
Ici tout va bien. C'est tellement merveilleux que je préfère te raconter ça de vive voix en rentrant à Noël, et de toute façon je t'en ai déjà dit long dans ma première lettre. Si seulement tu pouvais me rejoindre l'an prochain... Tu ne crois pas qu'en t'entraînant, tu pourrais devenir une sorcière ?

Pardon ma soeur chérie, je ne veux pas te faire de peine avec ça, mais tu me manques tellement... Maintenant, j'arrive presque à faire léviter des objets. Bon, c'est pas encore ça, souvent ils tombent, mais bon... Ici il fait encore beau et j'espère que ça durera encore un peu. En tout cas il pleut moins que chez nous !

Allez Laura, je t'embrasse tellement fort que ça fait trembler le sol. Fais de gros bisous à papa et maman, dis-leur que je leur écrirai plus tard. C'est un hibou de l'école qui t'enverra la lettre, je sais que tu imes bien ça mais renvoie-le moi le plus vite possible, ne le garde pas comme la dernière fois.
Je t'aime.

Billy

Bill sourit à l'évocation de ce jour où sa soeur aveit hébergé le hibou de l'école dans sa chambre pendant plus d'une semaine. Il souriait, mais son coeur était serré à en pleurer et une déferlante de souvenirs afflua dans son esprit. Il se voyait en train de construire une cabane dans la forêt, sa soeur lui tendant des branchages et...

"Hey ! Attrape-la ! La lettre !"

Bill sursauta. Il tourna la tête et eut à peine le temps de voir un papier emporté par le vent voler à toute vitesse en direction de l'eau... Sans réfléchir, le jeune écossais bondit sur ses pieds et fit un grand saut en avant, penché et les mains tendues. a l'atterrissage, son pied heurta une racine et il s'étala de tout son long dans l'herbe encore humide de rosée, mais, oh comble de la chance, sa main s'était refermée sur le parchemin juste à temps... Il resta pantelant par terre, à plat ventre un certain temps, en méditant le spectacle ridicule qu'il avait probablement offert à celui qui venait de crier pour sa lettre, avant de songer à se relever. Epoussetant sa robe de sorcier, il se remit debout et se retourna pour chercher des yeux le propriétaire de la lettre. Enfin, il l'aperçut, et pour tout dire il n'eut pas trop demal à l'identifier car le garçon courait vers lui ou plutôt, raisonna sagement le garçon roux, vers sa missive. Bill s'avança vers lui, tenant la lettre à l'envers pour que le garçon qui l'avait perdue soit certain qu'il n'avait même pas posé le regard dessus. Lorsqu'il fut assez prêt, il tendit le parchemin au garçon en disant :

"Tiens, je crois qu'elle n'a même pas eu le temps de toucher le sol... Et heureusement, parce qu'elle filait droit vers le lac... Euh pardon, moi c'est Bill, je suis à Poufsouffle en première année."

C'est alors que Bill aperçut l'insigne vert et argent sur la poitrine du jeune élève.

* C'est un Serpentard ? Oh... Et pourquoi est-ce que j'en ferais un fromage ? Ce n'est pas parce que ma mère ne souhaitait pas me voir intégrer cette maison que je dois m'imaginer qu'ils sont différents ! ET ce n'est pas ceux qui jasent autour de moi qui vont me faire changer d'avis. On est tous les mêmes ici. Et puis, il a l'air gentil. *

Bill était profondément gentil et sa première réactio envers n'importe qui d'inconnu était la sympathie, et cela se lisait sur tout son visage et sur le sourire qu'il adressait au jeune Serpentard, un sourire qui disait : pour moi tu es quelqu'un que j'ai envie de connaître. Et pour confirmer ses propres pensées amicales, Bill, une fois la lettre rendue à son propriétaire, tendit une main, longue et fine, à son interlocuteur, en espérant que celui-ci la serrerait.

Emilien courait vers le lac, même si le vent emportait trop rapidement sa lettre pour qu'il parvienne à l'attraper. Il ne pouvait pas juste la laisser partir comme ça ! Après tout, on ne sait jamais, avec un peu de chance ... Le Serpentard tenait à cette lettre, il voulait la garder. Premièrement parce qu'il devait lui répondre et qu'il se voyait mal expliquer à Camille que sa lettre avait fini dans le lac de Poudlard, même si ça la ferait sans doute bien rire. Et deuxièmement, il voulait la garder parce que ... parce qu'il ne voulait pas la jeter, un point c'est tout. Peut-être aussi parce que lorsqu'il s'ennuyait, il aimait bien relire ses lettres particulièrement celles de Camille qui étaient d'une longueur considérable et pleines d'humour - et de poésie, bien sûr. Bref, pas question de laisser le papier tomber dans le lac, même si pour cela il devait courir comme un fou pour s'arrêter sur la rive. Heureusement, l'élève qu'il avait interpelé l'avait entendu.

Emilien fut surpris par sa réaction ... foudroyante ! L'élève bondit sur ses pieds, se détendit comme un ressort, sans se soucier de sa chute, et attrapa la lettre. Le Serpentard était estomaqué. Il sautait encore mieux qu'un kangourou, ce mec ! Il fallait dire qu'il était grand, aussi. Après son saut extraordinaire, le garçon s'était étalé dans l'herbe. Bon, il ne devait pas s'être fait très mal, l'herbe était humide et la terre pas trop ferme ... Emilien courait toujours pour le rejoindre lorsqu'il remarqua que l'élève ne bougeait plus. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Il s'était blessé ? Il ne s'était quand même pas assomé en tombant ... ? Et s'il s'était tué ?! Le Serpentard se raisonna, c'était n'importe quoi, on ne se tuait en faisant un bon de lapin, ou encore un bon de kangourou, comme l'autre venait de le faire. Mais alors pourquoi ne bougeait-il plus ? Ah, mais si ! Il remuait ! Emilien arrivait à ses côtés alors qu'il se relevait.

Légèrement essouflé par sa longue course, le Serpentard observa le garçon qui avait sauvé sa lettre de la noyade. Alors qu'il l'avait cru en deuxième ou troisième année, à cause de sa taille, il se rappela l'avoir vu lors de la Cérémonie de la Répartition. Il était donc en première année, tout comme lui ! Emilien allait de surprise en surprise. Déjà que lui était plus grand que la moyenne - pas énormément, mais un peu quand même - mais alors l'autre, il faisait presque une tête de plus que lui ! Il se présenta sous le nom de Bill, et il était à Poufsouffle. Ah ... ? Pas étonnant qu'il ait attrapé sa lettre alors - qu'il ait tout donné pour l'attraper, pourrait-on même dire. L'une des principales "qualités" des Poufsouffle était la gentillesse, c'était bien connu. Ils étaient même trop gentils en fait, à un tel point qu'on les prenait pour des bonnes poires. Trop gentils, trop honnêtes. Emilien récupéra sa lettre avec un sourire.

- Merci beaucoup ! Moi c'est Emilien, première année à Serpentard ...

Ce-disant, il regarda le Poufsouffle dans les yeux. Qu'il essaye un peu ne serait-ce que de penser "Serpentard = vicieux sournois pervert cruel sadique" et j'en passe. Emilien détestait les préjugés. Peut-être bien qu'il en avait, parfois. Il avait un peu accepté d'avoir été envoyé à Serpentard. Mais il continuait à se répéter qu'il était différent - par le caractère, pas par ses yeux bizarres. Mais Bill lui tendit la main. Après un quart de seconde d'hésitation, Emilien la lui serra. Il n'avait pas le droit de le mépriser, vu ce qu'il avait fait ! Puis le Serpentard ajouta :

- Wow, ce bond de malade de que t'as fait ! T'as des gènes de kangourou ou quelque chose comme ça ?

C'était dit sur le ton de la plaisanterie, son intention n'était pas méchante ... Non, il était sérieux. Enfin, il ne croyait pas vraiment que le garçon de Poufsouffle puisse avoir des gènes de kangourou. Même si avec la magie, on pouvait imaginer toutes sortes de choses. Mais il avait été sérieusement impressionné par le bond de Bill.

"Enchanté, Emilien."

Bill souriait toujours, de ce sourire afable. C'est en regardant plus directement le Serpentard qu'il remarqua son regard. Certes ces yeux dépareillés le surprirent, mais cela lui parut une plutôt jolie curiosité.

* Cet oeil-là est à peu près de la couleur des miens, c'est rigolo ! *

Puis, il éclata franchement de rire à la remarque d'Emilien sur ses gène sde kangourou.

(Ah, je ne sais pas. C'est possible que je ne sache pas tout sur ma naissance... Mais si j'ai des gènes de kangourou, tu en as, toi, de guépard ! Tu cours vachement vite !"

Il resta un moment à le regarder sans plus rien dire. Et puis, craignant que le Serpentard ne se sente mal à l'aise ou qu'il croie que Bill était en train de le juger, il se décida à parler à nouveau.

"Tu te plais à Serpentard ? J'admets en avoir un peu marre des Gryffy qui crachent toujours sur votre dos. Moi je suis certain que vous êtes des personnes très sympa."

Encore une fois, il était trop direct, trop gentil, trop simple, mais pourtant, il ne s'en sentait pas mal à l'aise. Il souriait toujours et se demandait seulement si le garçon en face de lui allait bien réagir à sa question. Tout en le regardant, Bill se souvint de la lettre qu'il venait d'écrire à Laura et tâta machinalement ses poches... La lettre n'y était pas. Il se mit à regarder désespérément tout autour de lui, tout en s'exclamant :

"Oh mince, moi aussi j'ai perdu une lettre ! Tu ne la verrais pas quelque part ? Pourvu que le ventne l'ait pas enportée..."

Lucy venait de la salle commune des Serdaigles, où elle avait tenté de commencer à ranger ses affaires, en désordre comme d'habitude... Renonçant au bout de quelques minutes, se rendant compte qu'elle ne trouvait ses marques que dans son fouillis habituel, elle avait préféré remettre la tâche à un autre jour - une fois de plus - , afin de pouvoir profiter du temps, radieux pour un mois d'octobre, et de pouvoir sortir faire sa première véritable première promenade dans le parc.
La fillette aux cheveux blancs, avait donc emprunté plusieurs couloirs, passages secrets, et son sens déplorable de l'orientation l'avait bien sûr menée jusque dans les étages au lieu de l'amener au rez-de-chaussée. Après avoir demandé son chemin un bon millier de fois aux portraits qu'elle trouvait sur son passage, elle finit par parvenir dans le hall, devant les sabliers géants. Elle constata avec satisfaction que celui de Serdaigle était le plus rempli, tant mieux, cette avance ne pouvait qu'être profitable pour le moment. Descendant les dernières marches qui la firent sortir de l'immense château, elle sentit avec plaisir, la douce chaleur des rayons du soleil venir caresser sa peau.
Une légère brise soufflait, régulière, un peu plus fraîche cependant que l'air ambiant, et il arrivait qu'elle tirât un frissonnnement à la fillette, d'ailleurs de nature plutôt frileuse - son côté français ressortait sans doute face au froid.
Se décidant à suivre une direction au hasard - elle ne risquait pas de se perdre autant que parmis les dédales des couloirs -, Lucy se mit à marcher sur les allées de sables, jusqu'à ce qu'elle en eut assez de suivre les sentiers battus, et telle une Boucle d'Or - sans les cheveux blancs - se détourna des allées. Traversant la pelouse d'un pas tranquille, elle arriva bientôt non loin du lac, et aperçut une scène bien étrange.
Un jeune garçon, revêtant manifestement les couleurs de Serpentard, courait à toute vitesse en direction d'un... Poufsouffle, oui, c'était bien cela, la petite Bleue et Argent le reconnaissait grâce aux couleurs qu'il arborait lui même. A cet instant, la brise força, et la petite put apercevoir une lettre qui venait de se déposer sur le sol humide - le temps radieux ne durait guère que depuis quelques heures, le matin même ayant été assez arrosé. Intriguée, elle la ramassa, se gardant bien de la lire, et voyant le Poufsouffle tourner en rond et semblant chercher quelque chose, Lucy se rapprocha d'eux, la lettre à la main.

- Bonjour, l'un de vous n'aurait-il pas perdu cette lettre ? demanda-t-elle de sa voix douce, ses lèvres ornée d'un charmant sourire.

** Je serais bien embarassée d'avoir à la lire pour retrouver son propriétaire... et qui me dit qu'il aura signé de son nom ? **

La fillette savait que les Serpentards n'étaient pas souvent très agréables, mais elle n'avait pas pour coutume de juger les gens avant de les connaître, et malgré une méfiance mesurée, elle préféra attendre sa réaction à venir avant de le condamner à l'avance. Un comportement aussi puérile que grotesque, à laquelle elle préférait ne pas s'abaisser. "Le sang ne fait pas le sorcier" était un dicton très sage, renié d'ailleurs par beaucoup de familles de sang pur, mais qu'elle trouvait particulièrement bien adapté à bon nombre de situations, et qui plus est, véritable. Heureusement que sa famille lui avait appris à ne pas avoir de préjugés et à laisser une chance aux gens... en revanche, elle était assez rancunière, et si quiconque s'avisait de lui manquer de respect ou de l'agresser de quelque manière que ce soit, Lucy s'en souviendrait durant longtemps, même sans chercher à s'en venger particulièrement.
Mais il ne s'était encore rien passé, et le Serpentard - ne connaissant pas son nom, elle se trouvait bien embêtée de ne pouvoir le nommer autrement - tenait une lettre à la main. Peut-être celle qu'elle avait en était la suite ? Elle ne pouvait pas savoir, mais il y avait peu de chance que le morceau de parchemin ait appartenu à quelqu'un d'autre qu'aux deux garçons, les alentours du lac étant quasiment déserts, et le seuls autres élèves étaient trop loin sans doute, pour que ce fut leur lettre qui ait disparu.

Bon, le Poufsouffle, nommé Bill donc, avait bien pris la remarque d'Emilien, il en riait même. Puis il lui répondit que le Serpentard devait avoir des gènes de guépard, dans ce cas. Emilien sourit à cette idée, il ne courait pas si vite que ça, il n'avait même pas réussi à rattraper sa lettre ... Heureusement qu'elle n'avait pas fini dans le lac ! Puis il y eut un moment de silence entre les deux garçons de première année. Emilien ne savait pas trop quoi dire, et apparemment le Poufsouffle non plus. Il observa ce dernier, oui, il l'avait bien vu à la Cérémonie de la Répartition. Il n'avait pas été réparti très longtemps après lui, son nom devait commencer par un B ou un C ... Mis à part sa grande taille, la chose la plus remarquable dans son physique était sans nul doute ses cheveux : non seulement ils étaient d'un roux très ... roux, mais en plus, il en avait vraiment beaucoup ! Heureusement qu'ils n'étaient pas très longs, ça lui aurait vraiment fait un sacré paquet de cheveux. A cet instant, Emilien se rappela un professeur qu'il avait eu en primaire, et que les élèves appelaient "Startouffe" à cause de ses cheveux justement.

Ça, par contre, ce n'était peut-être pas la peine de le dire. Bill prit ensuite la parole et lui demanda s'il se plaisait à Serpentard. Pas vraiment ... Mais il ne faisait aucun effort pour s'intégrer non plus. Emilien n'avait pas envie de devenir comme eux ! Il n'avait pas non plus envie de s'en faire des amis. Peut-être que ça signifiait mépriser les Serpentard, mais ... Bon, et peut-être qu'il y en avait d'autres comme lui. Peut-être. Il n'avait pas envie de le savoir. Bill ajouta qu'il en avait assez que les Gryffondor passent leur temps à dire du mal des Serpentard. Emilien haussa les épaules : c'était réciproque ! A la différence près que les Serpentard disaient du mal de tout le monde, en réalité. Alors pourquoi les Serpentard et les Gryffondor se détestaient-ils autant ? C'était un grand mystère, pour Emilien. Le dernier Gryffondor qu'il avait croisé l'avait presque ignoré alors qu'ils ne se connaissaient pas, alors qu'on ne vienne pas lui dire que c'était les Serpentard qui étaient désagréables ...

- Bah disons que ça dépend des Serpentard. C'est la même chose pour toutes les maisons : il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac !

Emilien finirait bien par s'y habituer, à sa nouvelle maison ... Ce n'était peut-être qu'une question de temps. Bill déclara soudain qu'il avait également perdu sa lettre. C'était une épidémie, ou quoi ? Ce fichu vent aussi ! Le Serpentard fit mine de chercher autour de lui, au cas où il l'aurait simplement laissée tomber. Il s'apprêtait à lui dire qu'il ne la trouvait pas, et que le vent l'avait certainement emportée, mais une fille qu'il connaissait de vue intervint. Emilien ne l'avait même pas vue arriver ! Elle leur tendait une lettre et leur demandait si l'un d'entre eux ne l'avait pas perdue, par hasard. Eh bien, c'était sûrement le jour de chance de ceux qui perdaient leur lettre, ils trouvaient tous quelqu'un pour la leur rapporter.

Comme il le faisait à chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un, Emilien observa la nouvelle venue. Elle était à Serdaigle, comme l'indiquait son uniforme. Eh bien, comme ça, il aurait rencontré une personne de chaque maison ... enfin, pas de Serpentard encore. Il en avait vu beaucoup, mais il n'avait pas parlé avec eux. La Serdaigle était en première année, il l'avait vu le jour de la Répartition. En revanche, il était incapable de dire comme elle s'appelait. Néanmoins, il se souvenait vaguement d'elle à cause de ses cheveux blancs. Décidément, il fallait croire que les gens bizarres étaient nombreux à Poudlard ! Peut-être qu'il avait plus d'étrangetés physiques chez les sorciers que chez les moldus ... Peut-être que si Emilien avait grandi parmi des vrais sorciers, il n'aurait pas eu ce complexe vis à vis de ses yeux. Trop tard, de toute façon !

- Salut, répondit-il. Puis il se tourna vers Bill. Ça doit être la tienne !

Emilien n'avait pas réellement répondu à sa question sur sa maison, et Bill décida de ne pas insister sur ce sujet. Peut-être le garçon avait-il eu des problèmes avec un camarade ? Peut-être des moqueries sur ses yeux étranges ? Ou peut-être même que... Bill s'imagina un instant lui, fils d'un paysan moldu et d'une sorcière rejetée par sa famille, dans cette maison où les sang-purs dominaient en nombre. Dire qu'il s'était inquiété que ce puisse arriver, le soir de la répartition... Il en savait pas encore, à cette époque, à quel point il avait eu raison de s'inquiéter. Et si Emilien était un fils de moldus ? Et si, et si... ? Bill préféra, avec sa sagesse habituelle, cesser de s'interroger sur Emilien. Il le découvrirait probablement un jour, si par hasard il faisait plus ample connaissance avec le vert et argent. Et de toute façon, une phrase du garçon venait de l'interpeller beaucoup plus que son silence sur son sentiment sur sa maison :

" Bah disons que ça dépend des Serpentard. C'est la même chose pour toutes les maisons : il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac !"

Alors il n'était pas le seul à penser ça ? Et chez les serpentard aussi, quelqu'un pensait ça ! Pourquoi tant de camarades disaient-ils tant de mal des Serpentards ? Oh oui, il fallait arrêter de prendre les Serdaigles pour des intellectuels, les Gryffondors pour des irréfléchis, les Serpentards pour des méchants et les Poufsouffle pour des bonnes poires, quoi que... Bill n'était-il pas l'exemple même de ce genre de personnes qui faisaient que tous les élèves d'une maison étaient affublés des mêmes caractéristiques ? Il était naïf et gentil, à tel point qu'il s'en rendait compte lui-même. C'est d'ailleurs avec la simplicité et l'innocence d'un enfant qu'il déclara :

"Je suis bien content que tu penses une telle chose. C'est tellement rare... La dernière fois, j'ai vu un garçon de Gryffondor, un cinquième année je pense, cracher par terre juste quand une petite fille de Serpentard passait sous son nez. Ca m'a tellement exaspéré que j'ai eu la terrible envie de lui jeter un sort, mais à vrai dire, j'en connais peu à part..."

A part quoi ? Personne ne le sut jamais. A ce moment précis, Bill s'aperçut qu'une fille de Serdaigle s'avançait vers eux, une lettre à la main. Il fut immédiatement frappé par la couleur blanche de ses cheveux. C'était étrange... Et à bien y réfléchir, il avait déjà dû la croiser quelque part...

"Oui, c'est sûrement ma lettre, fit-il en adressant un splendide sourire à Emilien. Puis, se tournant vers la jeune élève : Oh, j'ai perdu une lettre. Ce serait étonnant qu'une troisième personne ait perdu une lettre ce matin ! ... Euh, parce qu'en fait, c'est après sa lettre que tu as sûrement vu Emilien courir. Et tandis que je la lui récupérais, j'ai perdu la mienne !"

Il prit doucement la lettre que lui tendait la jeune fille, constatant en même temps qu'elle avait un très joli sourire, presque aussi joli que celui d'Ashley, et posa ses yeux sur la signature, bien déterminé à ne pas lire une lettre qui ne lui appartenait peut-être pas. Mais c'était bien la sienne et il regarda à nouveau la nouvelle arrivante et lui dit avec un petit rire chalereux :

"C'est bien la mienne. Merci beaucoup ! Je m'appelle Bill, je suis en première année, je crois bien que toi aussi ! Comment t'appelles-tu ? Qu'est-ce qui t'emmène ici, alors que j'ai l'impression que tous les élèves à part nous sont dans le château ?"

Son ton était enjoué et il lui semblait que la compagnie de ces deux élèves et les rayons du soleil étaient des ingrédients idéals pour une bonne journée.

[Edit : tu as raison, même si en fait ce n'est pas vraiment précisé, alors j'ai enlevé mon "ce matin".]

[hj: il me semblait que nous étions l'après-midi]

Apparemment, Lucy avait coupé les deux garçons dans leur conversation, mais aucun des deux n'eut l'air particulièrement dérangé de son "intrusion" au sein de leur discussion. Le jeune Serpentard salua la fillette, qui constata avec plaisir qu'elle avait bien fait de ne pas le juger à partir du prototype habituel, de ceux qui insultaient directement ceux qui leur adressaient la parole à coup de remarques lancées sur un ton doucereux, qu'ils pensaient sans doute incroyablement recherchées et d'une finesse à tout épreuve dommage vous pourrez rejouer dès demain . S'ensuivit une explication de la scène qu'avait aperçue la petite Serdaigle de loin, et dont le ridicule ne manqua pas de lui arracher un énorme sourire, un brin moqueur, mais surtout très amusé de la situation décrite par Bill - il venait de se présenter. Les deux garçons étaient en première année, comme elle, il lui semblait bien les avoir vu le jour de la répartition, mais jusqu'alors, elle n'en avait pas été certaine. Elle tendit la lettre au Poufsouffle, qui avec une infinie précaution, vérifia qu'il s'agissait bien de la sienne et non d'une autre. En même temps, comme il l'avait si justement souligné, il aurait été très étonnant qu'une troisième personne égare une missive dans le parc. Mais puisqu'il s'agissait bien de la sienne, il n'y avait plus de soucis à se faire de ce côté-là, et la remise de la feuille de parchemin laissa place aux présentations. Les yeux gris de la jeune fille, après avoir observé ses interlocuteur, vinrent se poser sur Bill qui avait repris la parole.

- Comment t'appelles-tu ? Qu'est-ce qui t'emmène ici ce matin, alors que j'ai l'impression que tous les élèves à part nous sont dans le château ? lui demanda-t-il.

Entendant les questions fuser de la bouche du Poufsouffle, Lucy sourit encore une fois, voyant qu'elle était ainsi mitraillée de question sans qu'il lui laisse réellement le temps de répondre. Elle-même étant de nature plutôt bavarde lorsqu'elle connaissait les gens, elle comprenait parfaitement le jeune garçon. Le Serpentard, dont elle ne connaissait pas le nom, n'avait en revanche, pas dit grand-chose et semblait être de nature calme, sans pour autant en être taciturne. La fillette répondit donc à l'interrogatoire de Bill, s'apprêtant à passer un bon moment en compagnie de ces deux nouvelles connaissances.

- Je m'apelle Lucy, et tu as tout juste, je suis en première année ! J'ai été répartie à Serdaigle, mais je pense que nos blasons sont suffisamment reconnaissable pour que tu ne l'aies pas confondu avec un autre... Et je ne sais pas ce qui pousse les autres à s'enterrer par un si beau temps au mois d'Octobre, mais personellement, je suis bien décidée à profiter du parc avant que l'hiver ne survienne... explica-t-elle.

Ah le vent glacial qui soufflait sans cesse et qui vous gelait jusqu'aux os, les pluies battantes qui vous laissaient trempés, la neige... La neige, c'était beau, mais çà demeurait froid ! Bien qu'elle ne fut pas la dernière à se prêter à une bonne bataille de boules de neige, il arrivait à Lucy l'envie d'aller rejoindre la famille de sa mère en France, où l'hiver était souvent plus doux, notamment là où ils demeuraient. La neige ne durait souvent pas longtemps là-bas, et ne tardait pas à ne laisser qu'une boue visqueuse sur son passage, ayant fondu sous la douceur de la température. Malheureusement pour notre grande frileuse, elle était née en Angleterre, et demeurait en Angleterre, excepté pour certaines vacances, lorsque sa mère les emmenait voir leurs grands-parents et leurs cousins.
Sortant de ses pensées pour revenir à la réalité, la jeune Serdaigle se tourna vers l'autre garçon, qui n'était pas très bavard, sans doute lui aussi plongé dans ses pensées.

- Au fait, je ne connais toujours pas ton nom. constata-t-elle.

** Plutôt ennuyeux de ne pas connaître le nom de son interlocuteur lorsque l'on se parle... ** songea-t-elle.

Elle imagina la scène, de deux personnes ayant oublié le nom l'une de l'autre, et tentant de recourir à tous les submerfuges possibles et imaginables pour ne pas avoir à prononcer le nom de l'autre. Une fois de plus, son imagination courrait, et elle garda cette idée, pensant écrire une nouvelle de ce qui lui avait tiré un nouveau de ses sourires, légers, joyeux. Jeune auteur à la plume qui la démangeait, elle avait tout le temps de nouvelles idées de romans, le problème était que perfectionniste, elle avait souvent du mal à les achever, se lassant des histoires qu'elle avait inventé et craignant qu'elles ne divertissent personne. Sans cette qualité qui devenait un défaut, elle aurait depuis longtemps terminé plusieurs ouvrages, au lieu de quoi ses intimes devaient se contenter d'ébauches, de débuts prometteurs auxquels jamais ne venait s'ajouter de fin, laissant ainsi des oeuvres comme amputées, délaissées. Quand à tenir un journal intime, elle trouvait cela complètement inintéressant, n'y voyant d'intérêt que d'y conserver quelques souvenirs, pour la plupart inutiles sans aucun doute, et de s'en servir comme une aide au cas où l'auteur de ce journal, viendrait à écrire une autobiographie plus tard. Mais de toutes les élèves qui entretenaient un journal, nul doute que peu d'entre elles écriraient plus tard leur propre vie sur papier.

Alors que Bill récupérait sa lettre et expliquait la situation à la Serdaigle, Emilien était plongé dans ses pensées. Il s'était demandé s'il aurait été différent s'il avait grandi parmi de vrais sorciers, et pensait donc à présent à sa famille. Ses parents étaient séparés et chacun remariés. Son père était presque de sang-pur, on avait pas vu de moldu dans la famille depuis bien longtemps. Mais il s'était remarié avec une moldue, et refusait de lui parler de magie. Ça valait donc également pour Emilien, qui ne pouvait rien dire de Poudlard devant sa belle-mère. Bon, ça n'aurait pas été si catastrophique si du côté de sa mère ça avait été différent. Sa mère était une sorcière, mais fille de moldus. Après avoir divorcé - pour la deuxième fois, tout de même - elle avait refait sa vie avec un moldu, elle aussi ! Et comble de malchance, elle avait décidé d'abandonner totalement la magie, et ne voulait plus en entendre parler. C'était pour cela qu'Emilien ne considérait pas ses parents comme de vrais sorciers, et aimait passer ses vacances avec ses cousins.

La Serdaigle se présenta sous le nom de Lucy. Son nom de famille ne lui revenait toujours pas, mais ce n'était pas grave. Et c'était même normal : au début de l'année, il ne pouvait pas connaître tout le monde. Emilien remarqua qu'elle parlait vraiment pour ne rien dire ... Sa remarque sur le blason de Serdaigle en était un parfait exemple : c'était bien inutile. Bon, elle était à Serdaigle, point. Elle n'avait pas besoin d'ajouter tout ça ... Elle ne savait pas ce qui poussait les autres à "s'enterrer" ? Il pouvait y avoir plein de raisons. Elle ne pouvait pas se contenter de donner la sienne ? Bref. Emilien n'était en généralement pas extrèmement bavard, sauf avec les personnes qu'il appréciait. Et seulement quand il avait quelque chose à dire, il ne parlait pas pour combler le silence ... Lucy lui demanda alors son nom. Elle n'avait pas écouté Bill ou quoi ? Le Poufsouffle l'avait nommé un peu plus tôt. Il répondit d'un air toujours tranquille.

- Je m'appelle Emilien.

Et pas "Emilien A." comme l'appelaient parfois les professeurs. Le Serpentard ajouta, sur le même ton désinvolte, avec un petit sourire et en regardant la Serdaigle dans les yeux :

- Je te conseille de pas faire attention à ce qu'on dit des Serpentard.

Autant prévenir. Sans le ton calme qu'il avait utilisé, on aurait pu prendre ça pour une menace ... Emilien avait l'impression que la conversation traînerait en longueur et il repensa un instant à sa famille. Aux prochaines vacances, il resterait sûrement à Poudlard, mais pour Noël ? Il n'avait pas envie d'aller le passer en compagnie de son père et de sa belle-père, surtout que ça signifierait qu'il n'aurait aucun cadeau magique. De même, la famille de sa mère ne le tentait pas trop. Mais est-ce qu'on l'autoriserait à passer Noël chez Camille ? Rien n'était moins sûr. Le père d'Emilien tenait beaucoup à sa présence pour les fêtes, et c'était un parfait sujet de dispute entre ses parents. Tous les ans, c'était la même chose. Cette année, Emilien avait une option en plus : rester à Poudlard. Pourquoi pas, après tout ? Il pourrait recevoir ses cadeaux au château, ça ne le dérangeait pas. Ce serait bien mieux que de s'ennuyer à mourir chez l'un de ses parents !

Bill écouta la réponse de la jeune Serdaigle et fut ravie de l'entendre dire qu'elle profitait du beau temps. A Poufsouffle, il avait l'impression que les trois quarts des élèves étaient restés à l'intérieur pour travailler ou jouer aux cartes ou aux échecs magiques. Certes Bill s'en était beaucoup amusé, parce que même si sa mère lui avait parlé de ces objets, il n'y en avait pas à la maison. Bill jouait aux "vris" échecs avec son père et à vrai dire il était plutôt doué, ce qui surprit d'ailleurs ses camarades plus âgés de Poufsouffle. Bref, le rouquin était heureux de constater que la jeune fille, comme lui, aimait l'extérieur et le grand air. Il constata aussi qu'elle souriait facilement et ce détail lui inspira immédiatement confiance. Lui aussi souriait toujours. Lucy, puisque tel était son nom, demanda ensuite à Emilien son nom. EN effet, le Serpentard n'avait pas décroché un mot depuis la venue de Lucy et Bill put constater que cela ne s'arrangea pas. Certes le garçon semblait de nature peu bavarde, mais là, il paraissait carrément taciturne. Il lui répondit calmement son nom, mais Bill sentait une certaine exaspération derrière sa réponse tranquille.

Puis, vint la phrase, cette phrase curieuse, qui confirma à l'écossais une chose qu'il avait déjà pensée : Emilien se sentait mal dans sa maison, il se sentait différent et pourtant... on ne pouvait nier, et probablement que le jeune garçon le savait aussi, qu'il avait un caractère semblabla à celui de la plupart de ses camarades de Serpentard.

"Je te conseille de pas faire attention à ce qu'on dit des Serpentards."

Si Emilien s'était pleine ment assumé, songea Bill, il n'aurait pas eu besoin de dire cela ! Et, sans même qu'il ait le temps de réfléchir, poussé par sa franchise habituelle, franchise qui, lui avait dit sa mère, lui jouerait un jour de vilains tours, il répondit.

"Tu sais, c'est en disant ça que tu pousses les autres à se poser des questions sur les Serpentards. Il n'y a aucune raison pour que les gens aient des a priori si vous, les serpentards, ne faites rien pour que ça arrive."

Il avait parlé d'un ton si gentil qu'on ne pouvait douter un instant de ses bonnes intention, pourtant lui-lême sentait qu'il avait peut-être commis une erreur. Toutefois, il regarda encore un moment Emilien dans les yeux, avant de se retourner vers LUcy.

"Alors, lui fit-il avec un large sourire qui n'avait rien de goguenard Bientôt le premier match de Quidditch de la saison ? Poufsouffle contre Serdaigle ? Tu t'intéresses un peu au Quidditch ? "

Puis, à l'adresse d'Emilien

"Et toi, pour qui tu seras ?"

Il avait envie de rajouter qu'il savait que généralement, les Serpentards préféraient soutenir n'importe qui sauf les Poufsouffles, pourvu que ce n'importe qui ne soit pas les Gryffondors, ce qui faisait qu'ils soutiendraient probablement Serdaigle. Mais il s'en abstint et se contenta de continuer de sourire en attendant leur réponse.

- Je te conseille de pas faire attention à ce qu'on dit des Serpentards.

Depuis qu'elle était arrivée, Lucy avait trouvé Emilien taciturne, voire carrément sur la défensive, mais elle n'avait pas relevé, songeant qu'il s'agissait sans doute de son caractère, et de rien de plus. A présent, il lui semblait distinguer autre chose qu'un simple caractère dans cette attitude; le jeune homme n'avait pas l'air enchanté par ses camarades, ainsi que par leurs propres habitudes qui poussaient à ces préjugés. Elle n'avait pas non plus manqué de noter que c'était elle qu'il avait regardée droit dans les yeux, et non Bill. Bien, pensait-il donc qu'elle était gênée qu'il appartienne à la maison de Salazar Serpentard ? Alors qu'elle ouvrait la bouche pour répliquer, le jeune poufsouffle réagit avec moins de vivacité qu'elle ne l'aurait fait, bien que sa remarque, n'était pas vraiment placée avec beaucoup de délicatesse.

- Tu sais, c'est en disant ça que tu pousses les autres à se poser des questions sur les Serpentards. Il n'y a aucune raison pour que les gens aient des a priori si vous, les serpentards, ne faites rien pour que ça arrive.

La fillette reste un instant, ses yeux gris écarquillés devant tant de franchise, et d'une remarque au caractère blessant si directe, prononcée d'une voix si douce. La main de fer sous le gant de velour... se rendait-il seulement compte de ce qu'il venait de dire ? Lucy en doutait. Après avoir annoncé au Serpentard que si les préjugés couraient sur ses congénères, c'est parce qu'ils les provoquaient eux-même. Bon, d'accord, c'était parfaitement vrai, mais après cette démonstration du fait qu'Emilien ne raffolait pas d'être des Verts et Argent, Bill aurait pu faire un effort de finesse dans ses paroles. Annonçant la couleur d'une manière aussi directe, il avait peut-être blessé le jeune garçon, sans s'en douter.
Quand au bout de quelques secondes elle eut repris ses esprits, elle répondit à Emilien, dont elle avait eu tant l'impression que son commentaire lui était réservé. Or de question qu'elle le laisse penser qu'elle était le genre à se faire influencer par les rumeurs et les commérages, contrairement à trop de personnes: elle attendait de connaître avant de juger, et n'était pas intéressée par les ragots à scandale, songeant que c'était le problème de ceux qui y étaient directement impliqués et non ceux des autres. La vie privée semblait n'être qu'un symbole pour certains, et non un principe, raisonnement affligeant... se mêler, par exemple, des affaires de coeur d'un inconnu était pour elle aussi incongru que de s'inviter chez lui. Harry Potter en était le parfait exemple... toutes les filles semblaient s'intéresser de devenir sa petite amie, sans jamais lui avoir parlé: n'était-ce pas totalement ridicule et contradictoire ?
Bref, la petite Serdaigle n'hésita pas plus longtemps avant d'exprimer sa position sur le sujet.

- Je n'ai pas pour habitude de dédier mon temps aux activités telles que le commérage et les préjugés ne m'intéressent pas. On trouve toujours l'exception qui confirme la règle dans un groupe, voire des exceptions, alors pourquoi prêter l'oreille aux rumeurs ?

** Evidemment, la réputation des Serpentards est tellement énorme, qu'elle a de quoi changer la donne pour bon nombre de personnes qui habituellement, penseraient sans doute comme moi. Mais je refuse de faire exception et de condamner Emilien qui n'a pas l'air méprisant de ses "semblables". **

Son avis clairement énoncé, l'Aiglonne ne chercha pas à prolonger la discussion à propos de la maison des serpents, qui ne pourrait que risquer de provoquer des désaccords vu la manière maladroite que Bill avait de dire ce qu'il pensait - bien que ce soit loin d'être méchant. Celui-ci changea d'ailleurs de sujet, les entraînant dans le monde du sport, du quidditch. Il demanda à Lucy si cela l'intéressait, l'air très enthousiaste, probablement était-il, comme la plupart des élèves, impatient de voir la saison des matchs commencer.

Lucy était à peu près aussi passionnée par le quidditch que par les cours; c'est à dire qu'elle suivait vaguement, mais n'avait aucun mal à comprendre. Avec Franck et Jane, son petit frère et sa petite soeur, elle était de toute manière obligée d'être bien renseignée sur le suejt, étant donné que les faux-jumeaux ne pensaient quasiment qu'à çà, tandis qu'elle-même n'était que très peu intéressée. Malgré tout, elle aimait l'engouement des supporters, bien qu'elle n'apprécia pas lorsque cela tournait à la bagarre, sous prétexte que les supporters n'entendaient pas voir leur équipe perdre et que ne pouvant s'attaquer directement aux joueurs adverses, ils s'attaquaient à ceux qui les soutenaient dans les tribunes. Ce comportement n'était ni digne d'un gentleman, ni d'un sorcier; lorsque l'on pratiquait la magie, on devait savoir faire abstraction de sentiments tels que la colère, au risque de se retrouver avec en main, le pouvoir de provoquer de terribles dégâts. Celui-dont-on-a-oublié-ne-doit-pas-prononcer-le-nom en était la parfaite preuve. Il répendait le mal sur son passage, ouvrant et réouvrant la boîte de Pandore à loisir, peu pressé de la refermer à jamais, après avoir détruit l'espoir qu'elle contenait. Les comportements des plus fanatiques déroutaient donc un peu la petite Serdaigle, qui préférait l'ambiance de feu d'un concert à celle d'un match de quidditch, mais que cela ne dérangait pas de faire partie du public. Et puis, l'avantage, était que les joueurs de Poudlard montraient sans arrêt leur plaisir à jouer, ils arrivaient presque rayonnants sur le terrain, un peu tendus car ils tenaient tout d emême à la victoire, mais ils prenaient du plaisir et c'était agréable à constater.

- Je ne suis pas vraiment fan de quidditch, mais j'espère tout de même voir Serdaigle remporter la victoire ! répondit-elle enjouée.

Peut-être aurait-il dû dire ça autrement, ou ne pas le dire du tout. Dire dès le début de la conversation, alors que celle-ci était bien partie pour être des plus banales, quelque chose comme ça ... Ce n'était pas la meilleure idée du monde. Mais malgré ce que tout le monde disait - ou ne disait pas - personne ne pouvait s'empêcher d'avoir des à priori sur quelqu'un par rapport à sa maison. Comment pourrait-il en être autrement puisque les élèves étaient répartis selon leur caractère ? Et même si certains élèves déclaraient ne pas se fier aux maisons pour juger les élèves, il y avait forcément quelque chose, dans le coin de leur tête, qui les interpelait : "Celui-là est de Poufsouffle, ça doit être un idiot" ou "Lui est de Serpentard, il ne doit pas être très gentil ..." C'est vrai, il était tentant d'appliquer à tous les élèves d'une même maison le même caractère, de croire aux rumeurs et préjugés. Comme ça, on savait à quoi s'attendre et on ne serait pas surpris de la réaction de tel élève ? C'était facile, et on préférait souvent la facilité.

Emilien n'apprécia pas vraiment la remarque de Bill. Depuis le début, il n'aimait pas ses grands sourires niais, mais comme il l'avait aidé, et ce sans rien demander en retour, sans même le connaître ... Emilien ne pouvait pas l'envoyer balader. Mais le Poufsouffle commençait à lui taper sur les nerfs, en réalité. Qu'est-ce qu'il racontait ? "C'est en disant ça que tu pousses les autres à se poser des questions sur les Serpentard" ? Mais bien sûr ! Il fallait que les gens se posent des questions, et ne pensent pas bêtement que Serpentard = Méchants. C'était dit comme si le mieux était qu'on ne se pose pas de question sur les Serpentard. La plupart des gens ne s'en posaient pas, d'ailleurs, ils se fiaient aux préjugés. Quant à la suite de sa réplique ... Evidemment que les Serpentard n'y étaient pas pour rien dans leur réputation. Le cas contraire aurait vraiment été embêtant. Comme les Poufsouffle ne passaient par pour des idiots pour rien, ou les Serdaigle pour des intello ... Mais quoi ? Il ferait mieux de ne rien dire, c'est ça ? De laisser les gens penser qu'il était complètement antipathique parce qu'il était à Serpentard ? Ce n'était pas son genre, et s'il avait été un peu maladroit de le dire comme ça et à ce moment là, il estimait qu'il avait raison.

Puis ce fut au tour de la Serdaigle de donner son avis. Pourquoi s'était-il adressé à elle un peu plus tôt ? Pourquoi sa remarque lui avait été destinée ? Peut-être parce qu'il n'aimait pas sa façon de parler. Avec ses tournures de phrases compliquées, à rajouter des mots là où ils n'avaient pas lieu d'être, il se demandait si elle ne se croyait pas en train de rédiger un devoir de littérature ... Ses manières lui avaient peut-être parues un peu hautaines. Son impression se confirma dès ses premiers mots : "Je n'ai pas pour habitude de dédier mon temps ..." Emilien se retint de lever les yeux au ciel. Néanmoins, une expression retint son attention. "L'expression qui confirme la règle". Ah, elle pensait donc qu'à part quelques exceptions, les Serpentard étaient tous les mêmes ? A quoi servaient tous ses beaux discours si c'était pour dire ça ? Emilien haussa les épaules. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Ils n'avaient qu'à l'interprêter comme ils le voulaient, ce n'était plus son problème.

De toute façon, la discussion avait pris un autre tournant. Maintenant, on parlait Quidditch. Ce sport typiquement sorcier intéressait plus Emilien parce qu'il n'y avait pas accès que parce que les matches étaient spectaculaires. Ses parents s'étaient séparés lorsqu'il avait cinq ans, et s'étaient très vite remariés. Dès lors, il avait été totalement coupé du monde de la magie. Alors le Serpentard ne connaissait pas grand chose au Quidditch, et s'il suivait les résultats des différents championnats, c'était bien parce que ses parents étaient contre. Esprit de contradiction, sûrement. Ou l'envie de faire quelque chose d'interdit. Emilien s'était inscrit à la Gazette du Sorcier alors qu'il habitait chez son père, mais son père l'avait surpris en train de donner de l'argent au hibou qui livrait le journal, et Emilien avait été envoyé chez sa mère. Là, c'était encore plus impossible ... Le seul moment où Emilien pouvait vraiment parler de Quidditch, c'était chez son oncle. Mais il habitait en ville et ne pouvait donc pas autoriser sa fille et son neveu à monter sur des balais magiques.

Il y allait bientôt avoir un match de Quidditch entre deux maisons. Serdaigle et Poufsouffle. Pour qui serait Emilien ? A vrai dire, il s'en fichait un peu ... Il irait sûrement voir le match, mais il ne supporterait aucune des deux équipes.

- Je sais pas trop ... pour la meilleure équipe sûrement. C'est quand exactement le match ?

Bill sentait qu'il ne s'était pas trompé quand il avait ressenti l'exaspération d'Emilien, et il sentit qu'elle ne fit que s'accroître suite à sa remarque puis à celle de Lucy. Mais Emilien ne fit aucune remarque et Bill jugea qu'il ne lui en voulait probablement pas trop, malgré sa maladresse. Il fut heureux quand il constata que loin de paraître une maladresse supplémentaire pour changer de sujet, sa question sur le Quidditch semblait éveiller un peu le jeune Serpentard. Il fut d'autant plus ravi d'apprendre que celui-ci serait pour la meilleure équipe. C'était à son avis une bonne position et il lui adressa un nouveau sourire.

"Eh bien, d'après ce que j'ai compris le match n'est pas encore exactement fixé. Dumbledore décidera de la date en fonction des emplois du temps et de la météo. Il paraît qu'il risque de beaucoup pleuvoir ces prochains jours. Mais tant mieux, ça nous laisse plus de temps pour nous entraîner."

Devait-il leur dire qu'il faisait partie de l'équipe de POufsouffle depuis deux jours seulement ? Ne risquait-il pas de paraître trop fier, un trait qui d'ordinaire ne faisait pas partie de sa personnalité ? Il était encore facile de rattraper son "nous" en disant qu'il voulait simplement parler de l'équipe de sa maison. Mais cette joie qu'il avait éprouvée lors de sa sélection ne s'était pas encore dissipée et il ne peut s'empêcher d'ajouter :

"Je suis poursuiveur dans l'équipe de Poufsouffle. Ma mère étant moldu et mon père n'ayant pas beaucoup d'argent, je n'ai jamais eu l'occasion de monter sur un balai avant le début de l'année, alors j'appréhende un peu... Mais je sais que les autres joueurs sont très bons."

Il se demanda un instant si Lucy appréciait vraiment cette conversation, mais il était si content de trouver un sujet de conversation qui semblait un peu intéresser Emilien alors qu'il craignait de l'avoir fâché qu'il n'en dit rien et se contenta de lui adresser un regard amical.

Lucy avait peut-être répondu un peu trop vivement à la remarque d'Emilien, car elle sentit que son agacement allait croissant. S'il n'avait pas fait cette remarque aussi... lorsque la fillette s'emballait, il lui arrivait de sortir des phrases un peu trop recherchées pour être naturelles comme ç'avait été le cas dans sa réponse. Apparemment, cela lui déplaisait particulièrement, elle pouvait le comprendre, car elle-même n'aurait pas aimée qu'on réponde à sa remarque sur le même ton. Les défauts que l'on ne supportent pas chez les autres sont bien souvent les nôtres, et l'exaspération venait du fait que l'on se retrouvait face à un miroir montrant toutes nos petites imperfections sous les yeux...

En tous cas, le sujet était clos, et l'on parlait maintenant de sport. Lucy ne voyait pas vraiment en quoi l'on pouvait parler de quidditch puisque le Tournois n'ayant pas commencé, on ne pouvait faire de pronostics, tenant en compte la qualité des équipes, le nombre de matchs restant...
La petite Bleue et Bronze ne tarda pas à comprendre, en même temps qu'Emilien, la raison qui poussait Bill à parler du sujet. Il avait été accepté dans l'équipe de Poufsouffle. Lucy ne put que relever la fierté qui émanait des paroles du jeune garçon, mais elle la comprenait et l'acceptait. C'était normal parès tout, être accepté dans une équipe pour un sport que l'on ne pratiquait jamais... il y avait de quoi être content de soi.

- Tu dois être doué alors, j'ai entendu dire qu'ils ne prenaient que très rarement des élèves de première année... et si en plus tu n'as pas souvent l'occasion d'y jouer... dit-elle avec un sourire.

Elle était plus impressionnée qu'il n'y paraissait, et se promit d'aller voir comment il se débrouillait sur le terrain. Evidemment, une Serdaigle venant regarder les Poufsouffles s'entraîner, ce pouvait paraître étrange, mais peu lui importait. C'était ce qui se faisait entre amis non ? Et si elle espérait la victoire des Serdaigles, elle n'en espérait pas une défaite trop cuisante pour son ami non plus. Perdre son premier match n'était jamais réjouissant, et bien que son sourire niais risquât de lui porter sur les nerfs à la longue, elle ne souhaitait pas le voir entamer une dépression non plus.

Après avoir donné sa position sur le match, et féliciter Bill, la fillette aux cheveux blancs n'avait plus grand chose à dire sur le quidditch, à vrai dire, plus du tout. Elle ne souhaitait pas étendre la conversation de niveau national, qu'elle suivait pour faire plaisir à son petit frère et sa petite soeur. En fait, n'était encore jamais montée sur un balais, et s'en rendit compte l'instant d'après. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle ne connaissait pas le même engouement que le reste de la population sorcière à propos du quidditch, ne connaissant pas l'excitation exquise que l'on ressentait jusqu'au bout des doigts lorsque l'on s'élevait et que l'on goûtait la liberté... Nul doute que si notre petite sorcière montait sur un balais, elle apprécierait aussitôt les sensations que cela procurait, et s'intéresserait logiquement à ceux qu'elle considèrerait après réflexion comme des artistes. Mais ce n'était jamais arrivé, et elle ne considérait les joueurs de quidditch que comme des sportifs.

Emilien fit mine de s'intéresser à la réponse de Bill, mais en fait, il s'en fichait un peu ... La date du match pouvait bien tomber n'importe quand, de toute façon, il n'avait rien de prévu du tout. Il avait posé la question pour faire avancer un peu la conversation, mais la réponse ne l'intéressait pas. Puis Bill ajouta qu'il faisait partie de l'équipe de Poufsouffle. Ah, c'était pour ça qu'il avait amené le sujet du Quidditch ? Pour parler de lui et de sa place de poursuiveur dans l'équipe ? Passionnant ! Qu'est-ce qui avait pris aux Poufsouffle de prendre dans leur équipe un première année, qui plus est quelqu'un qui n'avait jamais volé ? Ils n'avaient personne ou quoi ? Ça devait être ça, parce que sinon ... Si les Serdaigle avaient le même genre d'équipe, Emilien n'irait peut-être pas voir le match, en fin de compte. Parce que si c'était pour voir des première année trembler sur leur balai parce qu'ils avaient peur de tomber, c'était bien gentil, mais ce n'était pas la peine qu'il vienne !

Emilien avait eu des joueurs de Quidditch dans sa famille, mais c'était il y avait longtemps. Son grand-père avait été joueur de Quidditch professionnel, mais il était mort au cours d'un match, ce qui expliquait peut-être le désir de son père de s'éloigner du monde la magie. Malgré tout, son grand-père était vraiment doué ... Emilien avait retrouvé des vieux articles de journaux et de vieilles photos de son équipe - il jouait en France, ce qu'il avait trouvé bizarre jusqu'à ce qu'on lui apprenne que son grand-père était né de l'autre côté de la Manche. Il avait commencé le Quidditch à sept ans seulement, d'ailleurs, la plupart des grands joueurs avaient commencé très tôt. Donc, d'après Emilien, Bill ne pourrait jamais être un excellent joueur, ou alors seulement au niveau de Poudlard. Evidemment, s'il commençait à comparer tous les joueurs de Poudlard à son grand-père, il n'irait plus voir les matches de l'école.

- Bonne chance pour le match, alors, fit-il simplement.

Et maintenant ? De quoi pouvaient-ils parler ? Le Quidditch les avaient occupés un moment, certes, mais il fallait trouver un autre sujet à présent ... Les cours ? Emilien n'avait pas grand chose à dire dessus, à part que Rogue était sans doute le pire professeur de tout l'établissement et qu'il serait temps qu'il prenne sa retraite ou qu'il lui arrive quelque chose. De toute façon, Emilien n'était pas du genre à vraiment suivre en cours, alors pour en parler, il n'était pas très bien placé. Décidément, ce n'était pas évident de discuter avec les élèves de Poudlard ... Il préférait de loin Camille. Mais il devrait attendre encore deux ans avant de la voir arriver à Poudlard, alors jusque là, il avait intérêt à se faire des amis s'il ne voulait pas passer son temps tout seul. Peut-être que beaucoup de gens avaient le don pour l'énerver, ça n'empêchait pas qu'il n'avait pas envie de rester seul dans son coin.

[HJ : désolée pour le petit retard.]

Bill sourit une nouvelle fois à Lucy lorsqu'elle suggéra qu'il devait être bon.

"La vérité, c'est que je me suis entraîné à un point qu'avec le recul je trouve complètement démesuré. Il n'enpêche qu'on dirait que ça a porté ses fruits. J'ai passé toutes mes soirées de septembre au-dessus du terrain, tout seul. Bien évidemment, les entraînements sont bien plus profitables en groupe, mais... Je suis bien content d'être pris dans une équipe d'un tel niveau."

Il rsssentait le besoin soudain de se justifier ; il ne fallait pas qu'ils croient que Poufsouffle prenait le premier venu parce que personne dr'autre ne souhaitait jouer !

"Nous avons gagné le dernier match l'an dernier contre Gryffondor ! Et pourtant, en deuxième partie, il y avait Jemiah, notre capitaine aujourd'hui qui était seulement une première année à l'époque !"

Puis il se mit à rire doucement et reprit :

"Pardon, j'arrête de vous parler de ça."

Il avait senti dans le bonne chance d'Emilien que celui-ci n'éprouvait pas grand intérêt à cette histoire de match et il sentait qu'il fallait changer de sujet. Mais un grand silence était tombé, plus personne ne parlait et Bill ne trouvait pas de sujet de conversation abordable. Il sentait l'atmosphère devenir lourde et craignait une nouvelle phrase un peu trop cinglante de la part du Serpentard.

*Mais ça risque d'être encore pire si je lance une conversation qui ne lui plaît pas.*

Bill réfléchit un instant, ce silence de plus en plus gênant, jetant un regard appuyé à Lucy pour qu'elle, une Serdaigle, qui devait savoir tout un tas de choses et qui réfléchissait bien mieux que lui, dise quelque chose d'intelligent. Bill n'aimait pas ce genre de situations et il se mit à dérouler et renrouler machinalement le parchemin sur lequel il avait écrit la lettre à sa soeur entre ses doigts.

Le silence se faisait de plus en plus lourd, Lucy sentait Emilien devenir de plus en plus méprisant à leur égard, bien que çà ne la dérangea pas le moins du monde, son attitude détachée, faussement calme plombait encore un peu plus l'ambiance. La Bleue et Bronze écouta d'une oreille un peu distraite ce que Bill disait; songeant qu'il n'avait nullement besoin de se justifier, puis il se mit à rire. Etait-ce nerveux à cause de la tension qui montait entre eux au fur et à mesure que le temps passait ? Elle trouvait parfois ces sourires un peu niais, bien que gentils, mais ne comprenait pas pourquoi il se mettait soudain à rire comme çà, tout seul, après avoir évoqué un fait banal. Elle ne souleva pas, mais ne sut comment réagir.
Lorsque le Poufsouffle se tut de nouveau, il n'y eut aucun d'eux pour savoir de quoi parler. Il la regardait avec insistance, souhaitant manifestement qu'elle prenne la parole à son tour, mais que dire ? Apparemment, elle avait le don de raviver l'agacement d'Emilien à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. Puis elle se reprit. Cà ne lui ressemblait pas d'agir comme çà, de ne pas oser faire la connaissance d'autres personnes, de ne pas aller de l'avant mais d'au contraire, se faire toute petite. Elle n'allait quand même pas se laisser intimider par un garçon, qui n'était pas plus grand qu'elle ?

- Avant de venir à Poudlard vous étiez où ? demanda-t-elle.

Un sujet complètement bateau, maintes fois réemployé afin de faire la connaissance des autres, mais qui au moins, était peu susceptible de les énerver, contrairement à l'évocation des maisons, ou d'une activité qui ne leur plaisait pas tous. La fillette n'avait pas pris de risques, et c'était une manière de tout reprendre du début après tout. En commençant par l'ordre logique des choses.

** Bon, plus qu'à espérer que çà ne provoque pas d'autres remarques acides... ** songeait-elle.

Elle laissa aux garçons le soin de répondre avant elle, essayant de dompter un épis de ses cheveux blanc qui se rebellait, et voulait à tout prix s'éloigner du reste de sa chevelure. Un moyen pour elle de faire abstraction de l'atmosphère pesante qui règnait en cette après-midi sur le lac, entre les trois jeunes étudiants. Comment la situation était-elle devenue aussi "critique" ? Depuis la remarque de Bill sur les serpentards c'était certain, elle n'avait fait que dégénérer. Il n'y avait plus qu'à espérer trouver un terrain d'entente et éviter à tout prix les discussions houleuses, risquant de blesser l'un d'eux. Lucy ne se laissait pas marcher sur les pieds, et elle réagissait promptement lorsqu'elle se sentait agressée, mais sinon, elle n'était pas du genre à rechercher des disputes pour le plaisir de créer des histoires. Au contraire, elle était plutôt pacifiste et ne cherchait pas les conflits.
Mais que dire en pareil moment ? Ils avaient tous trois un caractère très différent, et visiblement, qui n'étaient pas exactement toujours fait pour s'entendre. Mais ils faisaient leur possible, et compte tenu du fait qu'ils ne s'étaient pas encore sauté dessus pour se battre, c'était plutôt un bon point qu'ils arrivent à gérer leur gpene et leur irritation.

[hj: désolée c'est nul, mais j'avais pas vraiment d'inspiration]

Cette discussion qui avait pourtant commencé innocemment à cause d'une lettre perdue, puis de deux, prenait un tournant plutôt désagréable. Etait-ce la faute d'Emilien qui ne cachait pas complètement ce qu'il pensait de ses deux interlocuteurs et qui avait tendance à tout trouver idiot, ou bien celle de Bill et de ses sourires débiles, ou encore celle de Lucy qui avait l'air de les prendre de haut avec ses phrases inutilement compliquées ? Leurs caractères n'étaient peut-être tout simplement pas compatibles. Ce n'était pas étonnant, d'un côté, Emilien ne faisait jamais aucun effort pour s'entendre avec les autres ... Mais ce n'était pas de sa faute si les autres avaient tous quelque chose pour l'énerver ! Peut-être qu'un rien l'énervait, aussi. Bon, il n'était pas la sociabilité incarnée, et alors ? S'il n'y avait que ça, la discussion entre les trois première année ne serait pas devenue aussi tendue. Personne ne savait vraiment quoi dire, même Bill n'avait pas de question à poser ... Emilien préparait une excuse pour partir lorsque la Serdaigle prit la parole.

C'était une question toute bête, sans doute destinée à relancer un peu la conversation. Mais au moins, ça ne risquait pas d'engendrer le moindre conflit, à moins qu'ils y mettent vraiment de la mauvaise volonté. Emilien, lui, habitait dans le sud-est de l'Angleterre, sur la côte. Du moins, lorsqu'il vivait chez son père. Le problème avec ses parents, outre le fait qu'ils soient séparés, c'était qu'ils vivaient loin l'un de l'autre et qu'ils tenaient tous les deux à avoir Emilien pour les vacances. Le garçon était devenu LE sujet de dispute par excellence entre ses parents, mais il avait surtout l'impression d'être un prétexte pour montrer qui était supérieur à l'autre, qui faisait le plus preuve d'autorité ... Si son père tenait tant à l'avoir pour Noël, c'était juste pour montrer à sa mère que c'était lui le plus fort. Et si sa mère insistait tant pour l'avoir pour le Nouvel An, c'était pour prouver qu'elle avait toujours le dernier mot. Quand il écoutait leurs discussions, il avait l'impression de n'être qu'un objet qu'ils s'arrachaient pour réconforter leur égo.

- Moi j'habitais soit chez mon père dans le Suffolk, soit chez ma mère en Italie. C'était galère de prendre l'avion tous les mois ...

Parce que bien sûr, ses parents refusaient qu'il utilise les transports magiques, son père comme sa mère ! Ils avaient tous les deux abandonné la magie et tout ce qui les y rattachaient à présent, c'était Emilien. Et bien sûr, sa mère n'avait pas pu se contenter d'aller habiter à Londres, non. Il avait fallu qu'elle s'en aille en Italie ! Emilien avait halluciné en apprenant la nouvelle, surtout que malgré la distance, sa mère insistait pour qu'il passe la moitié de l'année chez elle ! Le Serpentard ne parlait pas un mot d'italien, et quand il était chez sa mère, il prenait des cours par correspondance ... Au contraire, chez son père, il allait à l'école moldue. Ses professeurs n'aimaient pas beaucoup sa situation mais ça ne risquait pas de changer ... Poudlard était une chance pour Emilien d'échapper à sa famille. Le Serpentard se demanda s'il était le seul élève à avoir des parents sorciers mais qui vivaient comme des moldus. Sans doute, c'était plutôt rare ...

- Dites, vos parents sont moldus ou sorciers ?

Puis se rendant compte que sa question pouvait être mal interprêtée, il ajouta :

- C'est par simple curiosité, y'a pas de sous-entendu ou quoi que ce soit ...

Bill se sentit soulagé lorsqu'enfin Lucy posa sa question. On pouvait dire qu'elle avait su poser une question qui, à priori, ne posait cette fois aucun problème. Emilien répondit, puis Bill parla à son tour.

"Moi, je viens d'Ecosse, j'ai toujours vécu en pleine cambrousse."

PUis, Emilien leur demanda s'ils avaient des parents moldus ou sirciers. Curisusement, Bill s'était un peu attendu à ce que le Serpentard ajoute une phrase de justifidcation et il ne fut pas du tout surpris de l'entendre. C'était juste par curiosité, mais de toute façon même s'il ne l'avait pas dit, Bill l'aurait pris ainsi ! Il avait trop tendance à voir du bien partout et ce besoin de se justifier le gênait un peu et le perturbait. C'était à croire qu'il voulait réellement se démarquer des autres Serpentards. Il était un adage commun que les Serpentards n'aimaient pas trop les enfants de moldus. Mais Bill préféra ne faire aucune remarque et il répondit simplement.

"Ma mère est une sorcière, qui plus est de sang pur, et mon père est tout ce qu'il y a de plus moldu. Un étrange contraste d'ailleurs. Ma mère, avant de se séparer de sa famille, était ce qu'il y a de plus riche et elle a rejoint mon père qui n'a pas un rond."

Il hésita avant de poursuivre. Il avait peur de poser, sans s'en rendre compte, une question qui pourrait à nouveau renfrogner le jeune Serpentard. Mais il était trop naïf et préféra ne pas se poser de questions. De toute façon, il n'y avait rien de plus banal que ce qu'il allait dire.

"Mais dis-moi, Emilien, je suppose que tu dois être moldu puisque tu prends l'avion. Moi, je ne suis jamais monté dans un avion et ça doit être fantastique. J'ai toujours admiré les moldus pour la façon dont ils savent s'adapter au fait qu'ils n'ont pas la magie."

Il se tourna ensuite vers Lucy et attendit qu'elle réponde. Pendant ce temps, l'après-midi s'avançait et le soleil commençait à décliner lentement vers l'ouest.

La conversation sembla leur convenir à tous, au grand soulagement de la fillette, et la tension s'apaisa, tandis qu'ils expliquèrent leur situation personnelle les uns après les autres.
Lorsqu'Emilien parla de sa mère, qui vivait en Italie et de son père resté sur la côté, elle sentit l'amertume qui perçait ses mots. Sans doute, comme la plupart des enfants dont les parents étaient séparés, était-il pris entre leurs conflits. Lucy se doutait qu'elle n'avait aucun moyen de réellement comprendre cette situation, elle qui avait la chance d'avoir une famille unie, et des parents qui s'aimaient tendrement. Quand à devoir changer tous les mois, ce ne devait vraiment pas être pratique ! Des parents un peu trop possessifs qui avaient sacrifiés l'enfance de leur fils pour leur égoïsme... peut-être n'était-ce pas tout à fait çà, mais çà y ressemblait fort. La Bleue et Bronze, quelques minutes auparavant se sentait irritée du comportement sur serpentard, à présent, elle compatissait à ce qui lui était arrivé. A cet instant, il demanda s'ils avaient des parents moldus ou sorciers. Elle ne s'offusqua pas de la question, pensant que c'était au contraire un bon moyen de connaissance, et elle se doutait que s'il y avait eu quelque sous-entendu derrière la question, Emilien n'aurait pas fait si attention à ne blesser personne en la posant.

Bill, lui, venait de la campagne, comme il l'appelait, la cambrousse. L'histoire de ses parents ne manqua pas de laisser un petit sourire sur les lèvres de Lucy, qui la trouvait très romantique. La princesse qui épousait le cerf, si l'on pouvait dire ainsi. Cette histoire d'amour avait maintes fois été reprise dans des histoires, mais si peu dans la réalité, qu'il était bon d'entendre dire qu'un tel amour était possible et qu'il ne s'agissait pas des divagations d'un auteur ayant un peu trop forcé sur la bouteille avant de prendre la plume. Il était donc moitié moitié, ce qui permettait aussi de savoir qu'il n'avait sans doute pas été élevé à la manière "purement" sorcière, comme elle qui avait toujours baigné dans le monde de la magie par exemple.

- Je vis à Londres, dit-elle, et je crois que ma famille est entièrement composée de sorciers.

La parfaite petite sorcière citadine. Il suffisait de voir comme elle détestait la botanique pour se rendre compte qu'elle n'était pas une passionnée des plantes et qu'elle n'en avait pas l'habitude. Elle préférait de loin se contenter des platanes qui ornaient les rue de la ville (je sais pas ce qu'ils ont comme arbres à Londres). Elle pouvait rester des heures à contempler le ciel, la mer ou un ruisseau qui coulait, mais ne passait pas cinq minutes devant une pousse sans s'impatienter. Elle n'avait qu'une petite part de culture en ce qui concernait les moldus, mais qui lui servait de temps en temps. Par exemple, ce stylo BIC qu'elle emportait partout avec elle, n'était pas de fabrication sorcière, mais elle le trouvait fantastique... après, il était vrai qu'elle n'entendait que rarement du bien des moldus et les anecdotes qu'on lui rapportaient n'étaient pas faites pour les louer.

- J'ai toujours admiré les moldus pour la façon dont ils savent s'adapter au fait qu'ils n'ont pas la magie.

- Je suppose qu'ils sont habitués... comme nous au fait de l'avoir, mais c'est vrai qu'ils ont des inventions géniales !

Bill lui, venait d'une famille mi-sorcière mi-moldue puisque son père était moldu et sa mère sorcière. Emilien n'arrivait pas à comprendre comment un moldu pouvait vivre avec une sorcière tout en ayant connaissance de ses pouvoirs ... on ne vivait pas du tout de la même façon selon qu'on était sorcier ou moldu ! Un moldu devait se sentir complètement inutile à côté d'un sorcier, non ? En tous cas, la mère d'Emilien avait abandonné la magie pour se consacrer entièrement à son nouveau mariage avec un moldu. Clara anciennement Backhand n'avait plus aucun contact avec le monde de la magie, à tel point que ça faisait peur à Emilien : et si elle l'obligeait à en faire de même ? Sa mère n'était déjà pas très favorable à l'idée qu'il aille chez son oncle sorcier pour les vacances. Le Serpentard était bien conscient que s'il y allait, c'était bien parce que son père faisait tout pour être en désaccord avec sa mère. De toute façon, maintenant qu'il était à Poudlard, il était tranquille pour sept ans. Et après, il serait majeur et pourrait donc vivre seul.

Quant à Lucy, elle venait de Londres et toute sa famille était sorcière. Oui, comme il l'avait pressenti, sa situation à lui était vraiment particulière ... Mais alors que certains se moquaient des élèves qui venaient de famille moldue, Emilien ne faisait pas de dinstinction entre les élèves de famille sorcière ou moldue, il savait bien qu'ils étaient tout aussi doués en magie, tout aussi capables de lancer des sortilèges. De toute façon, c'était comme s'il venait d'une famille moldue, maintenant. Ça l'avait vraiment rendu malade quand, du jour au lendemain, son père avait cassé sa baguette magique et avait entassé chez son frère des cartons de livres de magie. Lui qui avait vécu avec la magie au quotidien, il avait eu du mal à s'habituer aux méthodes et techniques moldues ... Maintenant, il lui fallait faire l'inverse puisqu'il était à Poudlard. Quand Bill supposa qu'il était d'une famille moldue, Emilien fit la moue. Non, il n'allait pas s'énerver, c'était lui qui avait voulu en parler, d'ailleurs. Pas question que la discussion reprenne un tournant désagréable ...

- En fait, mes parents sont sorciers, mais vivent comme des moldus ... Ils veulent plus entendre parler de magie, et sont remariés avec des moldus. Donc on pourrait dire que ma famille est moldue ...

Cette situation désolait tout autant le frère de son père, Christopher Backhand, qui lui vivait comme un sorcier bien sûr, et ne comprenait pas le père d'Emilien. Les deux frères avaient pourtant grandi ensemble, été éduqués de la même façon, et avaient tous les deux vécu le décès de leur grand-père. Alors qu'est-ce qui avait provoqué ce changement brusque chez Arthur, le père d'Emilien ? Dans la famille, on disait que c'était à cause de la mère d'Emilien, certaines mauvaises langues disaient même que c'était parce que c'était une Sang-de-Bourbe et que les Sang-Purs ne devraient se marier qu'entre eux. Emilien n'était pas d'accord, d'ailleurs si l'on remontait quelques générations en arrière, il y avait un autre mariage entre Sang-Pur et Sang-de-Bourbe. On avait tendance à l'oublier, dans la famille ...

Bill disait que ça devait être fantastique de voyage en avion. Au début, Emilien avait pensé un peu la même chose, mais à force ... Il détestait ça. Premièrement, il fallait être super en avance à l'aéroport à chaque fois, et attendre très longtemps avant de pouvoir monter dans l'avion. Ensuite, paranoïaques comme l'étaient les moldus, il y avait un contrôle des bagages à chaque fois également ... Il n'avait pas le droit de transporter une valise trop lourde, par exemple. Rien qui ressemblait à des ciseaux dans le sac qu'il gardait avec lui. Il devait s'attacher dans l'avion et avait droit à la même démonstration en cas d'accident à chaque fois. Bref, que de stress pour un simple voyage ! Mais Emilien avouait que c'était bien pratique pour les moldus : l'avion permettait d'aller rapidement d'un endroit à un autre, même à l'autre bout de la planète ! Oui, les moldus avaient inventé beaucoup de choses extraordinaires, rien que l'électricité, déjà ...

- Ils font des trucs pas mal, admit Emilien avec un petit sourire. Mais y'a beaucoup de choses que j'ai du mal à comprendre ...

Ainsi, Bill était le seul à avoir un parent totalement moldu ! Il songea que probablement, il ne devait pas y en avoir beaucoup à Poudlard et pourtant... Quelques-uns de ses amis de POufsouffle, dans cette salle aux trophées où ils avaient discuté longuement, lui avaient dit qu'ils étaient dans le même cas que lui. Il réalisa brusquement combien sa mère avait dû faire preuve d'humilité pour vivre presque comme une moldue, et combien son père avait dû faire d'efforts pour accepter une femme qui pouvait en faire bien plus que lui en bien moins de temps et de fatigue. Bill ne s'était jamais posé cette question auparavant : l'amour entre ses parents était si flagrant, si visible, et les conflits éclataient si rarement à la maison qu'il avait toujours semblé au garçon roux que leur union était ce qu'il y avait de plus normal et de plus évident. Mais c'était avant de rencontrer d'autres petits sorciers comme lui, avant de savoir que certains n'avaient pas de sorciers dans la famille, que certains autres n'avaient que ça... Mais ses réflexions furent interrompues par l'explication d'Emilien sur sa famille. Bill ressentit l'amertume du garçon et la réticence à parler lorsqu'il leur expliqua que ses parents, tous deux sorciers, vivaient à présent comme des moldus et avaient abandonné la magie. Bill ne voyait pas comment on pouvait accepter d'abandonner quelque chose d'aussi merveilleux que la magie, même pour les meilleures raisons du monde. Probablement que le remariage avec un moldu différent de son père pouvait être une excellente raison. Bill pensait que sa mère aurait accepté de briser sa baguette par amour si Thomas Covel le lui avait demandé. Mais Bill, dans sa naïveté habituelle, ne comprenait pas non plus comment quelqu'un pouvait demander, même implicitement, à une personne qu'il aimait de renoncer à quelque chose d'aussi important que la magie pour lui. Il en était là de ses réflexions quand Emilien lui parla de l'avion. Bill se serait attendu à plus d'explications et il les aurait souhaitées, mais quelque chose qui lui parut bien plus merveilleux se produisit : Emilien venait de sourire, et il sembla à Bill que c'était bien la première fois qu'il voyait l'ombre d'un sourire sur ses lèvres. Emilien semblait amusé de sa remarque, mais il ne semblait pas trouver tant de plaisir que ça dans les voyages en avion, même s'il n'en dit rien, si ce n'est qu'il avait du mal à comprendre certaines choses des moldus. Bill réfléchit un instant et songea qu'Emilien prenait probablement très régulièrement l'avion.

* C'est un peu comme si on me demandait si j'aime prendre la voiture ou la poudre de cheminette ! Ce n'est ni que j'aime, ni que je n'aime pas ! C'est simplement que je suis habitué, alors... Ca m'est égal. *

Le jeune jaune et noir se sentait heureux d'avoir pu parler ainsi, d'en avoir appris davantage sur Lucy et Emilien, alors qu'il passait d'ordinaire son temps avec les élèves de sa propre maison. Mais un regard à sa montre lui fit soudain réaliser que le temps avait passé, bien passé même... Il poussa une exclamation et s'écria.

"Mon Dieu ! Je suis déjà en retard pour l'entraînement de Quidditch !"

Bill sourit intérieurement à son exclamation "mon Dieu". Il était rare à Poudlard de l'entendre, c'était plus souvent des "par la barbe de Merlin" ou "non d'un hyppogriffe !". Mais le père de Bill était tout ce qu'il y a de plus chrétien et Bill partageait sa foi. Il réalisait d'ailleurs qu'il n'avait assisté à aucun office depuisson entrée à l'école, simplement parce qu'il n'avait pas osé demandé si la chose était possible. Il faudrait qu'il le fasse un de ces quatre. SA directrice de maison était tout ce qu'il y avait de plus gentille, après tout. Enfin...

"Il faut que je vous laisse. Je vais me faire taper sur les doigts par Jemiah. Mais je suppose qu'on se reverra !"

Il leur adressa un regard brillant et un dernier sourire enjoué, puis il s'éloigna à grandes enjambées en direction du terrain de quidditch.

Lucy fut très étonnée d'apprendre la situation d'Emilien. Déjà voir ses parents séparés se déchirer pour vous à chaque vcances pour que vous les passiez chez eux ne devait pas être une partie de plaisir, mais en plus, le voir abandonner la magie ! Et surtout, comment eux faisaient-ils ? La fillette voyait mal ses propres parents décider de stopper toute forme de magie du jour au lendemain.

D'ailleurs une fois, sa mère avait fait un pari avec l'une de ses amies. Une semaine sans magie avait-elle dit qu'elle tiendrait. L'évocation de ce souvenir ramena un petit sourire aux lèvres de Lucy, lorsqu'elle se souvint comme pendant les jours qui avaient suivi, rien ne s'était déroulé comme à l'ordinaire. Sa bien-aimée mère n'avait jamais fait autant de sport, puisqu'elle s'était vue contrainte à marcher pour tous ses déplacements, et elle avait conservé de cette période une haine prononcée pour la marche et déclarait ne pas comprendre les moldus, dont certains la pratiquaient pour le plaisir.
La maison, de parfaitement bien tenue était devenue une vraie porcherie, et tenant à remplir tout ses rôles ménagers habituels, sa mère avait refusé que son mari nettoie d'un coup de baguette. Leurs vêtements n'étaient plus qu'à moitié lavés lorsqu'elle les avait nettoyés tant bien que mal à l'aide de produits moldus, la vaisselle devait être astiquée main, quand au repas... ils avaient eu droit à une nourriture infecte, et s'étaient contentés de soupe... au goût ignoble elle aussi.
Finalement, au bout de cinq jours ils avaient tous craqué sauf leur mère. Sans doute était-ce d'elle que Lucy tenait son entêtement caractéristique, car tandis que son homme et ses enfants étaient partis passer le week-end chez leur grands-parents, elle avait continué son pari. Mais c'était non sans soulagement qu'elle avait récupéré sa baguette à la fin de la semaine, et avait remis la maison en ordre.

** Cà doit VRAIMENT pas être facile ** songea-t-elle.

Emilien disait lui-même qu'il y avait des choses qu'il avait du mal à comprendre, et pour le peu que Lucy avait entendu parler des habitudes moldues, elle approuvait son avis, bien que sachant qu'elle n'était certainement pas la mieux placée pour en parler. Prendre l'avion tous les mois... la fillette avait vaguement entendu parler de cet engin, apparemment beaucoup plus grand et confortable qu'un balais, mais avec plus de risques d'accidents. La plupart des systèmes merveilleux qu'inventaient les moldus comportaient des failles très importantes, et elle trouvait dommage que cela comporte tant de risques pour tant de gens. Lorsqu'il parla, Emilien eut un petit sourire, et la Bleue et Bronze ne mit pas deux secondes avant de songer qu'il était magnifique un sourire aux lèvres, et qu'il était dommage qu'il n'y ait rien eu dans leur conversation, susceptible de le faire sourire plus tôt. Oui, un sourire transformait bien les gens...

Bill qui semblait songeur, eut soudain un sursaut et déclara qu'il était en retard, en ajoutant une drôle d'expression, dont le sens échappa à Lucy, pour qui les notions de catholicisme, messes et autres ne signifiaient pas grand-chose. Le Poufsouffle les quitta précipitemment, leur laissant à peine le temps de le saluer.
La fillette se tourna vers Emilien un air interrogateur sur le visage. Lui qui avait un beau-père moldu saurait peut-être lui dire ce que cela signifiait...

- Cà veut dire quoi "mon dieu" ? demanda-t-elle

Bill, qui semblait en pleine réfléxion, regarda soudain sa montre et s'exclama qu'il était en retard à son entraînement de Quidditch. Malgré tout, Emilien l'enviait un peu, il n'avait volé sur un balai qu'une fois dans sa vie, et même si dans sa famille le Quidditch évoquait plutôt le décès de son grand-père, pour lui il lui rappelait surtout l'ambiance du premier match qu'il était allé voir avec son oncle et sa cousine, l'enthousiasme des supporters, la joie lors de la victoire de son équipe favorite, les photos et les articles retrouvés dans le grenier, qui parlaient de son grand-père ... Même s'il ne l'avait pas connu, Emilien ressentait une certaine fierté en regardant ces articles, en voyant son nom de famille dans le journal. Malheureusement, Emilien n'éait pas extrèmement doué en vol ... Enfin, pour ce qu'il en savait. Peut-être qu'avec un peu d'entraînement ... ? En tous cas, son père ne lui paierait jamais de balai, et sa mère non plus. Alors à quoi bon rêver de tout ça ? C'était tout bonnement impossible. Pas la peine de se faire des idées.

Le Poufsouffle partit en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire et se dirigeait à grands pas vers le terrain de Quidditch. Puis Lucy lui posa une question qui ne manqua pas de le surprendre. Comment ça, qu'est-ce que ça voulait dire, "mon dieu" ? Elle n'avait jamais entendu parler de religion ? Ses parents n'y croyaient peut-être pas, mais elle ne sortait jamais de chez elle ? Ne regardait pas les infos ? Ah, mais les sorciers n'avaient sûrement pas la télévision ... C'était vrai que les sorciers avaient tendance à ne pas croire en dieu, comme la magie expliquait tout ce qui était surnaturel aux yeux des moldus. Mais tout de même, à ce point là ? Emilien avait des parents tous deux athés, mais sa belle-mère croyait fermement en l'existence d'un dieu et son père lui avait interdit de se moquer d'elle. Tout comme il lui avait interdit de parler de magie, bien évidemment. Emilien avait toujours été tenté par cette idée, de montrer à sa belle-mère des livres de magie, sa baguette magique, son chaudron ... En attendant, il ne savait pas trop comment répondre à la question de Lucy. Lui ne s'était jamais demandé pourquoi on disait cela, c'était une expression, voilà tout. Mais pour l'expliquer ...

- Bah, c'est une expression, comme on dirait "Par Merlin !". Dieu est censé être un mec tout puissant qui aurait créé le monde ... Y'a des gens qui y croient, pas moi. Mais bon l'expression est utilisée par beaucoup de moldus qu'ils y croient ou non.

Ouais, quelque chose comme ça. Dieu tout puissant qui aurait créé le monde, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Emilien n'y croyait bien sûr absolument pas. Premièrement parce qu'il n'avait pas été élevé comme ça, deuxièmement parce que sa belle-mère y croyait tellement que ça en devenait ridicule, troisièmement parce que c'était impossible à ses yeux. Peut-être était-il trop terre à terre, mais c'était comme ça ... Emilien rêvait parfois mais de choses essentiellement sorcières, puisque c'était interdit, c'était d'autant plus attirant. Il réfléchissait déjà aux tours qu'il pourrait jouer à ses beaux-parents maintenant qu'il avait une baguette magique et qu'il avait appris quelques sortilèges. Sa belle-mère allait halluciner, et irait droit dans sa chambre pour prier. Son beau-père l'éviterait pendant une semaine minimum. Quant à ses parents, il imaginait très bien leur colère ... Le Serpentard finit par poser la question qui le tourmentait depuis quelques instants.

- Mais tes parents t'ont jamais parlé de religion ? En même temps, tu rates pas grand chose ...