Noël… Pour la treizième fois de sa vie il se préparait à le passer seul… Il ignorait tellement de choses sur ce monde… La sensation de recevoir un présent… D’être invité à une fête… Une fois de plus, il n’irait pas au bal. Depuis qu’Albus avait fait le discourt d’inauguration de la coupe de feu il n’avait plus eut de nouvelles d’Adanedhel… Il savait que ses parents l’avaient rappelée pour la confronter encore une fois à une armée de psychothérapeutes, mais pour combien de temps… ? Elle allait peut être tout simplement passer ses vacances chez sa famille, ce qui serait bien légitime… Mais Dorian lui n’avait pas de famille…
Il était là. Seul, adossé à un arbre qui le protégeait du froid mordant de la neige, regardant le long manteau hivernal s’étendre sur Poudlard. Un souffle glacial giflait ses joues et battait ses cheveux, accompagnant de sa cruauté les dernières lueurs de ce jour mourrant qui emportaient lentement cette année au loin…
C’est alors qu’il vit au loin une silhouette franchir les portes du parc. Toute de noir et de rouge vêtue, il reconnut aisément l’homme à son uniforme. Ce dernier ne tarda pas à arriver au niveau de Dorian qui ne semblait pas chercher à le fuir. Un haut de forme solennel, des bottes de cuir noir montantes, une veste courte, pantalon bouffant… Et ce détestable écusson brodé sur sa cape et ses gants… Le tout était porté à merveille par un homme d’age mur aux tempes grisonnantes, de carrure imposante il avait le visage froid et marqué par la sévérité. Ses yeux bleu acier toisaient le jeune mage qui n’avait pas prit la peine de se lever ni de le saluer, laissant plutôt son regard se perdre au loin, comme s’il cherchait à l’éviter par la distanciation. Réaction à laquelle l’homme ne répondit que par un ton accablant de dédain :

- Tu as eu tort Dorian Steel. Je ne vais pas te demander pourquoi tu n’as pas pris nos injonctions au sérieux, premièrement par ce que très honnêtement je m’en contre fous, mais surtout par ce qu’à présent ça n’a plus la moindre importance.
Ton absence au bal des quatre maisons malgré sa requête... Tes résultats minables à ces cours auxquels tu n’assistes pas… Tu n’as même pas été fichu ne serait ce que d’être mentionné à l’occasion du tournoi des quatre maisons ni même considéré pour suivre les cours de duel renforcé, matière dans laquelle tu es pourtant sensé exceller il me semble. Et tout ceci sans mentionner ton altercation avec le professeur Flitwick et bien d’autres agissements plus stupides encore.
La reine en a plus qu’assez de te voir piétiner la noblesse de la maison d’Angleterre par ton irrespect et on impertinence puéril Dorian. Tu n’as pas ta place ici à Poudlard. Et tu n’as pas même ne serait ce que l’ombre d’un argument pour pouvoir plaider en ta faveur.

Ces mots sonnèrent comme un glas aux oreilles du jeune Dorian et l’acier impitoyable de son regard trempé dans le froid solennel de sa voix le poignarda, mot après mot.

- A compter de ce jour, tu n’es plus le représentant de la noble famille royale d’Angleterre. A compter de ce jour et appuyé par la présente missive, la reine mère te destitue de tout soutient moral ou matériel ayant attrait de près ou de loin à ses liens de parenté. Elle te renie rang et sang.

Jetant aux pied de Dorian un parchemin scellé à la cire, il reprit sans le quitter du regard.

- A ses yeux tu n’es plus qu’une plaie honteuse qu’elle s’efforce de refermer. Et aux miens tu n’es plus rien. Dire que tu aurais pu être le plus grand d’entre nous… Un échec… Voilà ce que tu es Dorian.

Le yeux rivés sur le maudit manuscrit, Dorian ne put pu croiser le regard devenu triste de l’émissaire…

- Profite bien de cette année à Poudlard. C’est la dernière que tu y passera. Adieu.

Lâchât il avant de tourner les talons, la neige craquant sous la lourdeur de ses pas. Une courte éternité de silence étreignit cet instant au cours duquel le visage décomposé de Dorian ne sut que pleurer… Sa tristesse se figeant sur ses joues, lui griffant la peau de son gel…

- Adieu père…

Plus rien de ses pensées n’arrivait à se faire cohérent. Adane, son avenir, la rue, cette chose en lui qui restait étrangement silencieuse, la magie, Poudlard, ses amis…
Une fois encore il saignait de cette plaie béante ouverte par l’intolérance et l’incompréhension… Une fois encore il était rejeté à l’enfer qui l’avait vu naître…

- Par ce que je suis différent… Mais que connaissent ils de ma magie… ? Si moi j’ai cherché à les comprendre, jusqu’à m’en brûler et me faire cendres… Pourquoi eux ne peuvent ils pas apprendre, est ce donc si dur de regarder ce que j’engendre… ?

Dorian s’était relevé pour faire face à l’arbre qui quelques secondes auparavant le protégeait pour en faire à présent le témoin muet de cette peine qu’il avait tant de mal à taire. Il était blotti contre son tronc, agrippé à son écorce comme ces enfants qui pleurent le sont aux replis des vêtements de leurs parents…

**
Hélas, votre vie n’est que fers
Dont la justice est le cancer
Tu as persisté à vouloir les aimer…
Vois à présent ou tout cela t’as mené.
Le choix une fois m’a été donné
Tu le sais je n’ai pas hésité
Pourquoi continuer à t’acharner… ?
Aurais tu donc peur de ce que tu es… ?
Pourquoi te trahir et mourir chaque jour que tu vis ?
Tu veux encore et toujours t’abîmer dans l’oubli ?
Ma province résonne de ceux qui partagent ta folie.
Oui, condamnés par ma main à en payer le prix.
Que tu le veuilles ou non et à jamais mon ami
Ton avenir Dorian… A ma tourmente est uni…
**

- Voilà, parfois, ce qu’il me chante à l’oreille… huit, huit… Onze, onze… Neuf, neuf… Dix… Dix… Et puis treize … treize… treize treize treize et encore treize !! Lui, moi… Lui qui grandis… Moi qui faiblit… Et puis… Moi et lui, pris dans la plus impie et la plus intime des étreintes pour n’y former plus qu’un…
Que j’embrasse la Souffrance et l’agonie, les errances et la folie … ? Plutôt me jeter dans la bouche du néant que de d’accepter ça… Mais parfois c’est si difficile de lutter… De ne pas abandonner, de se souvenir pourquoi tu le fais… Envers et contre tout de lui dire qu’il a tort et y croire encore… De lui dire qu’il ment et le lui prouver par le sang…

Les dernières paroles du jeune mage se teintèrent peu à peu de sanglots à mesure qu’il sentait l’impuissance lui enserrer le cœur, puis il continua, tout juste capable de murmurer ces mots empoisonnés qu’il ne pouvait plus garder.

- La coupe des quatre maisons m’a rejeté … Mes compétences pour les cours de duels… ignorées… Mon nom sur leurs lèvres… Oublié… Ces milliers d’heures d’entraînement … Occultées …
POURQUOI ? POURQUOI ? POURQUOI !!!!

La haine et la rage avaient finies par saisir la gorge de Dorian qui marqua chacune des ponctuations par un coup de poing d’une violence inouïe, se broyant littéralement les os dans un enchaînement de bruits sinistres…
Puis, après quelques secondes de lourd silence, à bout de forces il se laissa tomber sur les genoux. Son regard embué de larmes fixé sur ses mains tremblantes et déformées avant de goûter une fois encore à la saveur amer et saline qu’avaient pris ses lèvres et de murmurer…

- N’ais je donc pas donné assez …?