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 La dernière barrière, par Sally-Anne Perks
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MessageSujet: La dernière barrière, par Sally-Anne Perks   La dernière barrière, par Sally-Anne Perks EmptyMar 1 Aoû - 17:18:56

*Titre de ta nouvelle : La dernière barrière
*Présentation de l'histoire Jouer avec le feu peut être dangereux. Et mieux vaut ne jamais faire confiance à quiconque dans ce cas. Jessica l'apprendra à ses frais...
*Protagonistes : Aucun personnage connu, cette histoire m'appartient entièrement
*Catégorie : One-shot
*Genre : Tragique
* Nombre de chapitres : 1
*Complet : Oui

La dernière barrière

J’ai toujours travaillé à mon compte et je n’ai jamais fait confiance à personne... ou presque. De toute manière, ma confiance en l’espèce humaine, elle n’a jamais été… disons très haute. Enfant, je m’amusais à la comparer aux coquerelles qui grimpaient lamentablement sur les murs de ma chambre… Oui j’ai connu les hauts et les bas de la vie. Aujourd’hui, je suis au sommet. Mais qu’est-ce que ce sera, demain?
C’est rare que je plonge ainsi dans le passé. Il y a une première fois à tout! Je me rappelle que ma mère m’emmenait souvent avec elle dans les « grandes fêtes. » Elle voulait que je voie ce qu’était le monde. Le VRAI monde. Mais elle en parlait comme si c’était un univers parallèle. Selon elle, ce à quoi nous assistions n’était qu’un reflet de la réalité. Ma mère a toujours eu cette vision fataliste des choses. Pourtant, je savais que, secrètement, elle rêvait de voir un jour sa fille projetée sous les feux de la rampe. Son ambition, elle l’a atteinte, mais à quel prix…

C’était le mois de novembre : mon mois favori. L’automne avait été particulièrement morne et pluvieux cette année-là. J’avais dix-sept ans. J’ai appris tout récemment que les Romains considéraient le chiffre dix-sept comme un présage de mort. Le Destin fait bien les choses, quand même.
Ma mère était nerveuse. Ma si douce mère, mon réconfort… Ma barrière. Elle ne méritait pas ça, mais c’était ainsi qu’elle m’avait élevée : en creusant sa propre tombe. Nous marchions silencieusement sous la pluie battante et froide. Le sentier sur lequel nous étions ne m’avait jamais paru si familier que ce jour-là. Les maisons cossues de la banlieue ne tarderaient pas à être en vue. Combien de fois avons-nous fait ce trajet!

Ce jour-là, nous allions chez les White, une famille d’avocats très reconnue dans la haute sphère des fonctionnaires de la région. J’aimais bien leur fils aîné, - ma mère aussi d’ailleurs. Il s’appelait Ed. C’est à lui que je dois mes premiers pas dans le vrai monde, mes premiers vrais pas. Pas les balbutiements factices encouragés par ma mère.
La demeure surplombant le lac ne tarda pas à être en vue. Lorsque nous fûmes à l’abri de la pluie, ma mère me lança un bref sourire et fit glisser le capuchon de sa cape, dévoilant un classique chignon châtain aux quelques mèches rebelles. Je fis de même et j’ébouriffai ma cascade de boucles blondes. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit, laissant sortir des éclats de voix, des tintements de coupes et des rires. L’ambiance allait déjà bon train. Nous entrâmes.
Un groom boutonneux vint nous aider à enlever nos vestes trempées. Ce fut à peine si je soufflai un mot de remerciement dédaigneux et j’allai me perdre dans la foule. J’ai toujours eu une aisance de caméléon à me fondre parmi des invités. Déjà je glissais des compliments hypocrites à l’oreille de l’une, je m’esclaffais bruyamment des blagues d’un autre… J’étais dans mon élément. Pourtant, jamais je ne quittai des yeux ma mère, elle-même cherchant Ed de son regard gris terne… Quand j’y pense, il me semblait y avoir vu une lueur de désespoir… Les gens le savent-ils quand la mort est sur le point de les frapper? Aujourd’hui je me le demande, mais à dix-sept ans… J’étais une fille égoïste. Je le suis toujours d’ailleurs. Selon moi, ma mère devait savoir qu’elle allait mourir, mais sûrement pas comment ni de la main de qui. Ha! Ha! Ha!
Néanmoins, son sacrifice était nécessaire. Elle m’empêchait de m’épanouir véritablement. Je crois qu’elle aurait voulu que je me vautre à jamais dans la pauvreté. Je me rappelle qu’elle me disait : « Nous naissons comme nous mourrons. C’est ainsi et nous ne pouvons rien y faire. » Ah! Ma mère, ma si douce mère… Le regard bienfaisant de mes jeux d’enfants, les bras toujours ouverts pour recueillir mes peines… L’esprit borné et fataliste que je devais éliminer.

Une main se glissa sur mes fines hanches et je sentis un souffle chaud à mon oreille qui me fit frissonner.
« Vous êtes ravissante, mademoiselle Jessica. »
J’avais reconnu la voix. C’était Ed. Je m’assurai brièvement que ma mère n’était pas dans le coin et je me retournai.
« Je vous retourne le compliment, monsieur Edbert. »
« Tout est à votre aise? demanda-t-il.
-Presque, » répondis-je d’un ton amusé.
Une moue surprise s’afficha sur le visage jovial du jeune homme de dix ans mon aîné, mais je savais qu’il avait compris ce à quoi je faisais allusion.
« Ma mère ne vous importune pas trop?
-À vrai dire, je n’ai pas encore eu le plaisir de la croiser. Mon regard a tout de suite été obnubilé par une agréable jeune femme… »
Ses yeux avaient glissé vers mon décolleté au rythme de ses paroles. Je lui dévoilai ma gorge nue en éclatant de rire.
« Puis-je vous offrir un apéritif? » me demanda-t-il en me regardant plus décemment.
J’acquiesçai, toujours un peu hilare. Ed m’entraîna vers le buffet en badinant. Il me persuada de goûter à un nouveau cru allemand. Moi qui n’avais jamais goûté à de l’alcool, j’acceptai. Je portai la coupe à mes lèvres… et je m’étouffai en croisant le regard de ma mère. Merde! Elle nous observait. Je fis difficilement mine de ne pas l’avoir vue. Pourquoi mon cœur s’était serré tout d’un coup? Je ne me sentais pas coupable, tout de même! Enfin… c’était ce que j’essayais de me faire croire.
Nos verres de vin à la main, Dan m’entraîna loin des oreilles indiscrètes à l’extérieur. La pluie s’était calmée. Nonchalamment accoté à la rampe du perron, Dan me fixa avec un sérieux qui créait un étrange contraste.
« C’est pour ce soir, n’est-ce pas? » me demanda-t-il.
Je jouai les mystérieuses indépendantes.
« Peut-être bien… »
-Elle n’est qu’un handicap pour vous. Les royalistes sont mal vus.
-Je le sais, murmurai-je, mais c’est ma mère.
-Ce n’est pas en jouant les sentimentales que vous réussirez dans la vie, Jessica! »
Le ton montait. Et ça m’amusait.
« Vous croyez que je l’ignore? déclarai-je malicieusement. Je bus une gorgée de vin.
-La vie est ironique, n’est-ce pas? » ajoutai-je.
Ed fronça les sourcils.
« Pourrais-je savoir ce que cachent ces paroles? » demanda-t-il.
Je haussai les épaules et le fit patienter en reprenant une gorgée de vin plus grosse que je ne l’aurais cru. Ce vin était très fort ma foi!
« Oh… je me disais que c’est ironique qu’un avocat s’intéresse à un futur meurtre. Qui sait? Peut-être que ce sera vous qui aurez à me défendre.
-Vous n’avez pas confiance? s’étonna-t-il. Les façons de se débarrasser des gêneurs sont aussi diversifiées que les tueurs.
-Vraiment? Et…, hésitai-je, que me proposez-vous?
-L’alcool. »
Aussitôt je posai un regard surpris sur mon verre et le levai au niveau de mes yeux pour l’inspecter. Mon manège fit sourire mon… « complice. »
« Je ne parlais pas de poison, » précisa-t-il. « L’alcool à très forte dose peut tuer. Je suppose que vous avez déjà entendu des cas de la sorte… »
J’acquiesçai. En effet, il y avait eu quelques cas rapportés par les ragots…
« Ma foi… Vous avez assez d’alcool, je suppose?
-Bien sûr! Ils sont tous dans mon bureau! »
Il m’indiqua le chemin et nous rentrâmes à nouveau. Mon cœur se mit à battre plus fort. L’heure approchait.

Cela me prit une vingtaine de minutes à retrouver ma mère. Elle semblait déjà avoir quelques verres à son actif. Elle tituba alors vers moi et posa un regard affreusement désespéré. Son maquillage avait laissé de longues traînés noires sur sa pâle figure. Je sortis un mouchoir de ma petite bourse en suède noir.
« Oh ma pauvre maman…, » murmurai-je en lui essuyant les joues. « Viens. Je crois que nous avons besoin d’une longue conversation mère-fille… »
Ma foi! J’avais l’impression de traîner une fillette! Quelle affreuse impression! Mon cœur se serra douloureusement. Mais je savais qu’il ne fallait pas que je flanche. Mon avenir se jouait maintenant. Sans trop de mal, je trouvai le bureau.
« Assis-toi. Tu veux quelque chose à boire? »
Sans attendre une réponse, je lui servis un grand verre de cognac pur.
« Tiens, ça va te faire du bien… »
Ma mère acquiesça et serra fort le verre entre ses mains.
« Les hommes sont méchants…, » marmonna-t-elle.
Je me mordis la lèvre. Que faire? Que dire? Je lui serrai tendrement le bras, presque inconsciemment. Elle but une longue gorgée, grimaça et continua.
« Jessie, ma petite Jessie… Ne tombe jamais amoureuse… Les hommes sont méchants… »
Elle continua ainsi durant une minute ou deux, ponctuant ses phrases de « Oh si tu savais ma petite Jessie! » ou encore « Les hommes sont méchants. » Elle vida son verre et je le lui remplis à nouveau. Bientôt, ce geste devint machinal. Elle, elle parlait et vidait son cœur et son verre. Moi, je l’écoutais et remplissais son verre en tâchant de garder mon esprit vide. Les sanglots remplacèrent les paroles et les bouteilles s’amoncelaient dans un coin.
« Mais Jess… Il faut v…vivre, mê-même s-si on n’a pluuuuus rien. J’en s-sais quelque choooose… »
Je tendis l’oreille. Tiens? Elle avait fini de déblatérer à propos des hommes? Je fronçai les sourcils. Depuis quand étais-je devenue aussi sèche? Diantre! Cela faisait seulement une demi-heure que j’écoutais ma mère radoter? Je ris jaune. Chassez le naturel et il reviendra au galop! Quand j’étais avec Ed sur le perron, j’étais sur le point d’abandonner et là, je prenais un malin plaisir à voir ma mère s’enfoncer dans les vapeurs éthyliques. J’étais ainsi faite… Alors le moment tant attendu arriva : ma mère s’effondra. Je pris le pouls, tremblante.
Aucun.
Je soupirai. Puis je sortis, comme dans un rêve et, comme un rêve, je ne me souviens guère de la suite…Ouf… Quelques semaines plus tard, je devins la maîtresse d’Ed. J’escaladai alors les marches de la hiérarchie avec une facilité déconcertante.

Deux ans plus tard, alors que je me trouvais dans mon splendide manoir campagnard, on frappa à ma porte en hurlant mon nom dans la tempête. J’intimai ma camériste d’aller répondre. En entendant son hurlement, je descendis afin de voir qui c’était.
« Jessica! s’exclama d’une voix blanche Ed, car c’était lui.
-Diantre! Ed! Que faites-vous ici? Vous courez à votre perte? »
Ma foi! Ce fut à peine si je l’avais reconnu! C’était fou comme l’exil changeait un homme.
« Hébergez-moi, je vous en supplie, Jessica… Il en va de mon salut!
-Nous ne sommes plus du même monde, Edbert! Vous êtes bonapartiste et moi royaliste. Je ne peux vous héberger!
-En souvenir du passé, alors!
-Dans ce cas, vous me connaissez très mal… »
Et je vins pour fermer la porte, mais il la retint.
« Vous oubliez une chose, Jessica : c’est que, justement, je connais votre passé. »
Je revins aussitôt sur ma décision, une idée ingénieuse m’étant venue à l’esprit. Je fis entrer mon hôte dans ma riche demeure. Je priai ma cuisinière de donner un restant de ragoût à notre visiteur et j’ordonnai ma femme de chambre de préparer la chambre d’ami. La soirée se déroula ainsi.

Le lendemain, l’orage s’était calmé. Ce jour-là était jour de fouille et des soldats royalistes venaient dans chaque demeure. En les voyant approcher, je trépignai. Il fallait absolument que tous mes liens avec l’usurpateur disparaissent. D’abord ma mère et finalement…J’agitai un foulard bleu par la fenêtre de ma chambre, le signe convenu. On frappa aussitôt à la porte. Je me précipitai pour ouvrir et murmurai aux soldats ce qui se passait. Ils acquiescèrent et montèrent. Je les suivis. Ils arrivèrent devant la chambre d’ami et l’ouvrirent brutalement. Ed se retourna brusquement, les yeux ronds comme des billes, tremblant de frayeur. Il me lança un regard d’incompréhension, je restai impassible. Il comprit et baissa la tête.
« Edbert White, vous êtes accusé d’avoir participé au retour de l’usurpateur. Comme la loi le stipule, vous serez fusillé dans une heure sans aucune forte de procès.
-Soit. Je voudrais simplement vous dire un mot en particulier. »
Les soldats acquiescèrent et je sortis, triomphante. Enfin, j’étais sur le point d’éliminer ma dernière barrière! Dieu que j’avais été stupide… Il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avoir de l’avoir tué, comme dit l’adage… En me remémorant tout ça, me rongeant les sangs, je ne peux m’empêcher de ressasser toutes les failles de mon projet pourtant si bien préparé… Ah! On m’appelle!

« Mme Jessica Lafayette. M. White ici présent vient de nous dévoiler d’étranges propos à votre sujet, » déclara le soldat qui semblait être le chef.
Je grimace et lance un regard noir à Edbert. Sale chien! C’est de sa faute! Il a contrecarré mes plans.
« Vous êtes stupide, Edbert…, soupire-je avec dédain. Ça vous avance à quoi?
-Et vous alors? me lance-t-il avec insolence.
-Vous le savez pertinemment…, » persifle-je.
Les soldats s’entreregardent, tout en échangeant des messes basses. Je continue de lancer des regards meurtriers à Edbert et vice-versa.
« Je crois que tout cela est clair! » s’exclame le chef du groupe de soldats.
J’entends des fusils se faire charger. Je vais sauter à la gorge d’Edbert, mais une balle en plein dans mon dos interrompt le moindre de mes gestes. Je ne peux plus rien faire, je suis paralysée. Une autre balle, en pleine tempe cette fois-ci, vient projeter directement aux Enfers. Mon seul réconfort, c’est qu’Edbert partagera ma damnation éternelle avec moi…
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