Il était étrange de se dire que rien n'avait vraiment changé durant les quelques années où il avait fait profil bas pour s'effacer et estomper le souvenir qu'il avait laissé de lui en Angleterre. Avant son départ, le jeune homme avait débuté une formation d'aurors et le voilà qui revenait dans ce même bureau des aurors cinq années plus tard pour le trouver inchangé. Certes, les personnes accréditées à ce niveau avaient vieilli, gravi les échelons et étaient parfois parties à la retraite mais l'organisation et la disposition des lieux étaient loin de lui être étrangère.

Mais loin de profiter de la situation, Franz s'était résolu à se montrer discret. Son but n'était pas de se faire prendre à nouveau d'autant plus que cette chance était sa dernière. Jusqu'à présent il était parvenu à se refondre discrètement dans la masse en prenant soin de cacher sa cicatrice comme le pendentif contenant du poison qu'il portait toujours autour du cou, en dessous d'un col haut qu'il réajustait régulièrement par précaution.  Le jeune homme était même parvenu à éviter une rencontre fortuite avec sa soeur et son frère cadets.

Il aurait pourtant souhaité les rencontrer mais … Tout cela était bien trop dangereux. Même s’il avait fait en sorte qu’Aloys le déteste, il savait le jeune homme qu’il était devenu intelligent et parfaitement apte à voir dans ses gestes, ceux d’il y a cinq ans, capables de le confondre. Kathrina … Sa sœur ne méritait pas de le voir réapparaitre à nouveau dans sa vie après ce qu’elle avait dû traverser par sa faute. Et puis, une grande part d’égoïsme lui affirmait que c’était mieux pour eux comme pour lui. Il n’aurait plus à craindre de les voir tomber avec lui comme il y aurait moins de risque de les voir en danger si d’aventure, ses pulsions le menaient plus loin qu’il ne s’était déjà trop aventuré.
Franz était revenu faussement convaincu qu’il ne le faisait que pour les siens mais le peu de conscience dont il disposait encore avait vite fini par lui faire voir les choses en face : il n’était revenu que pour satisfaire ses propres desseins. Il résistait … Certes, c’était quelque chose de très louable le connaissant. Mais il ne tarderait pas à rebasculer dans ses travers comme toujours.

C’était primordial à son équilibre. Il s’agissait d’ailleurs de l’unique chose qui le faisait se sentir en vie. Monter des plans, traquer, duper, blesser et finalement voler la vie de ses ennemis ravivaient la flamme de sa propre vie. Par le passé, lorsqu’il regagnait le manoir après avoir meurtri une famille en l’amputant de plusieurs de ses membres chéris, il pouvait profiter pleinement l’espace d’une à trois nuits, d’un sommeil apaisant et reposant loin des cauchemars qu’il faisait sans cesse le reste du temps. Ces mêmes cauchemars qui s’étaient amplifiés dès son retour.

La soirée étant avancée, Franz se décida enfin à quitter le bureau des aurors. Le jeune homme était d’ailleurs en bonne voie vers les ascenseurs lorsqu’il avait vu deux membres du service des détournements de l’artisanat moldu examinant plusieurs objets récemment récupérés.

- Bonsoir messieurs, salua-t-il poliment en  furetant discrètement, En voilà de bien jolies choses si vous voulez mon avis.

S’emparant d’un vase Ming, Franz l’observa brièvement. C’était amusant tout de même de voir que le ministère continuait de se débarrasser de certains objets pourtant très intéressant. Lui-même appréciait toujours de s’accaparer ces outils à haut potentiel magique.
Des bruits de pas venant dans leur direction attirèrent son attention.

- Miss Stormcrow, salua-t-il poliment la nouvelle venue en courbant brièvement la tête.

Rencontrer la jeune femme était loin de le contrarier. S’il y avait bien une chose qu’il aimait c’était de jauger les êtres qui l’entouraient. Franz connaissait certaines choses sur Sheena Stormcrow comme le fait qu’elle travaillait au département des mystères. Cependant, ses connaissances sur celle-ci étaient encore bien trop obscures et cette rencontre s’avérait donc fort bien tombée.

- Votre journée s'est passée au mieux ? , s'enquit-il poliment en sachant parfaitement qu'en tant que langue de plomb, les informations qu'elle aurait à donner seraient sans douter limitées.