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 Seul et dans le noir.
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  • Aïlin Bower
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    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
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MessageSujet: Seul et dans le noir.   Seul et dans le noir. EmptySam 8 Fév - 19:15:58

Titre de la nouvelle : Seul et dans le noir
Présentation de l'histoire : Aïlin a quatre ans. Il a peur de l'orage, et son père le force à affronter sa peur à la façon d'un homme. "Seul et dans le noir".
Cette nouvelle a été écrite en prenant en compte le contexte et l'époque de mon autre forum, Magnum Opus. L'évènement est donc censé se dérouler au XVIIe siècle, ce qui explique les explications du tonnerre selon des croyances certainement absurdes au XXe. Cependant, je trouve que le souvenir colle aussi bien avec l'Aïlin du XVIIe siècle qu'ici, raison pour laquelle je le partage avec vous. Un peu de mignonitude au sein de la famille Bower ne nous fera point de mal, cela est certain !
Protagonistes : Aïlin Bower, Bronach Bower, Devin Bower.
Catégorie : Nouvelle, one-shot
Genre : Drame
Nombre de chapitres publiés : 1
Nombre de chapitres total : 1


Des larmes coulaient sur les joues d'un petit garçon. Le soir avait à peine pris la relève de l'après-midi, mais pourtant, la nuit drapait déjà d'un manteau bleu-gris les landes au-dehors. Les mains du jeune garçon, agrippées sur les accoudoirs de son fauteuil, blanchirent. Un nouveau grondement venait de retentir et la lumière déchira le manteau d'ombres que revêtait le grand salon du manoir. Le garçonnet ferma les yeux, droit et digne malgré ses lèvres tremblantes.
Encore un. Cette fois, ce ne fut pas un grondement mais un claquement, semblable au coup d'un fouet immense. Le sol trembla. Même son siège frémit du martèlement de l'orage sur la terre et un petit gémissement terrifié s'échappa de ses lèvres serrées.
Aïlin tremblait de la tête aux pieds, incapable de se contrôler. Les larmes coulèrent de plus belle, la honte et la crainte d'un autre orage venant se mêler à sa peur originale. Celui de la colère de son père, lorsqu'il découvrirait que son fils tremblait toujours face à sa peur. Il l'avait plongé dans le noir, n'ouvrant grand que les rideaux des hautes fenêtres du salon, afin qu'il ait tout le loisir de contempler le ciel se déchirer par-delà les murs du manoir. Il devait faire face à sa peur, et il n'y avait qu'une manière pour un homme de le faire :
« Seul et dans le noir. C'est toujours ainsi que l'on est. Seul et dans le noir. »

Alors qu'il était là, les yeux fermés, les sourcils tressautant au même rythme que ses lèvres, une ombre se glissa près de lui et s'installa sur le fauteuil le plus proche. L'ombre attendit, en silence, que le garçon perçoive sa présence discrète et ouvre enfin les yeux.
Nouveau coup de tonnerre. Ne tenant plus, Aïlin bondit hors de son fauteuil et vint se lover aux pieds de sa mère. Celle-ci se baissa pour l'attirer contre lui et le prendre sur ses genoux. Sa main chaude et douce glissa sur la joue humide de son fils, puis sous son menton, qu'elle releva avec une infinie douceur. Ses yeux que l'enfant savait aussi clairs qu'un jour de printemps le couvèrent tandis qu'un sourire tendre ourlait ses lèvres. Doucement, Bronach le serra contre son cœur puis le berça, juste un instant, afin que ses larmes se tarissent.
« Sais-tu ce qu'est l'orage, Aïlin ? »
L'enfant ne répondit pas, se contentant d'observer avec effarement la grisaille au-dehors. Elle menaçait d'exploser encore d'un instant à l'autre, de se fendre en deux et vomir ses gerbes de feu et de lumière, si semblables à l'acier étincelant d'une épée tranchant la terre, la faisant saigner d'une fulgurante hémorragie.
« Pour les moldus, la foudre est le châtiment de Dieu. Depuis l'Antiquité, elle a valeur de jugement. Elle fend, impitoyablement, l'homme impie d'un éclair. C'est un attribut divin. Les sorciers, eux, pensent que la foudre est la magie qui se décharge sur le sol de toute sa puissance. Cette magie se répand dans la terre et la ressource, équilibrant les cieux et le bas-monde afin que nous puissions continuer à y vivre. »
Les yeux d'Aïlin allèrent un instant vers la fenêtre, puis revinrent à sa mère. Son sourire s'agrandit.
« Qui a raison ? » finit par demander le garçonnet, d'une petite voix encore hachée par ses sanglots.
« Crois-tu aux dieux, Aïlin ?
— …Non.
— Crois-tu à la magie ?
— Oui, bien sûr, mais…
— Mais quoi ? Tu es un petit garçon intelligent, que penses-tu de cette explication ? »
Aïlin hocha la tête, incertain. Un nouvel éclair jaillit dans le ciel et il se recroquevilla.
« Ce n'est pas la magie, ça ! La magie ne vient pas du ciel ! Et pourquoi pleut-il après le tonnerre ?
— On dit que la pluie sert à ancrer la magie dans la terre.
— La magie n'a pas besoin de la pluie… 
— Non ? Alors l'orage n'est pas la magie selon toi… »
Il hocha la tête une nouvelle fois et Bronach passa les mains dans les cheveux noirs de son fils. Déjà, il tremblait moins et ne gardait plus les yeux fermés lorsque le roulement du tonnerre coupait le silence mortel qui régnait sur le salon, toujours plongé dans l'obscurité.
« Tu as raison. En vérité, je vais te dire ce qu'est l'orage… L'orage n'est rien d'autre qu'un phénomène semblable au beau temps. D'ailleurs, il survient souvent après un moment de grand soleil. Le ciel se charge de pluie, la pluie devient lourde et l'atmosphère s'appesantit sous sa pression. Alors, l'orage vient, le tonnerre fend les nuages et la pluie finit par se déverser sur la terre. Le ciel pleut tout son soul et ensuite, le calme revient. La terre est nourrie et le beau temps peut revenir. »

Aïlin avait relevé les yeux sur sa mère. Elle le regardait, sans trace de mensonge ni de malice.
« C'est vrai ? Est-ce la vérité ? s'enquit-il.
— Jamais je ne te mentirai, Aïlin. Pas même pour apaiser tes peurs. Je te dis ce qui est, du moins ce que j'en sais. À toi de choisir si la foudre mérite qu'on la craigne ou qu'on l'admire. »
Les mots étaient savamment choisis et ils eurent l'effet escompté sur le petit garçon. Son regard, maintenant intrigué, se reporta sur l'une des fenêtres et il attendit avec un reste d'appréhension le prochain coup de tonnerre. Il fut vague, comme le roulement d'un tambour dans le lointain. Dans les bras de sa mère, le corps de l'héritier se détendit. Déjà, il s'éloignait imperceptiblement de sa poitrine, tendant son buste en direction de la fenêtre. Il eut un sursaut quand un éclair fendit silencieusement le ciel, mais ce n'était plus que de la surprise.
« Tu as moins peur, lorsque tu comprends les choses, n'est-ce pas ?
— Oui.
— Viens avec moi au-dehors. Tu ne risques rien, tu le sais maintenant. »
Bronach se leva et tendit la main à son fils, qui hésita un moment. Finalement, sa main se glissa dans celle si fine et si réconfortante de sa mère, puis il se laissa entraîner au-dehors. Ils passèrent les marches du perron et s'avancèrent dans la cour, jusqu'à ce qu'un éclair ne les arrête et leur face lever le nez en direction des nuages noirs roulant lentement dans le ciel.
Dans un dernier râle, la voûte céleste libéra ses larmes en une averse aussi puissante que soudaine. Un rire amusé et soulagé échappa à Aïlin alors que le vent se soulevait à son tour pour venir fouetter son visage d'eau et de fraîcheur.
Bronach se retourna et croisa le regard de son époux. Il se tenait sur le pas de la porte, les fixant d'un air neutre. Elle savait, pourtant, ce qui se tramait à l'instant dans l'esprit de lord Bower.
« N'oublie jamais, Aïlin. L'orage finit toujours par céder sa place au soleil. » entonna-t-elle d'une voix qui dépassa le sanglot de la pluie. Son sourire dégoulinait d'eau, comme des larmes sur sa joie.
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