En recevant son subordonné, l’air grave et la rage dans les yeux, Marilyn se douta immédiatement que les prochaines heures seraient difficiles. Il ne fallait pas être exceptionnellement doué en voyance pour comprendre que l’affaire allait requérir toute son attention et son énergie. Quelques mots agressifs plus tard, qu’elle savait dus à la frustration plutôt que tourné contre elle, elle calma le quadragénaire et se laissa couler contre le dossier de son siège une fois celui-ci sorti.

Une enquête, bien sûr. Lancée quelques mois plus tôt, elle était sous la supervision de deux agents expérimentés et d’un troisième sous couverture. Il y avait eu usage de magie noire lors d’une altercation entre deux membres du groupe qu’ils cherchaient à démanteler, ce qui avait alerté les Aurors. Comme de coutume, ceux-là s’étaient emparés du dossier, et il avait fallut son subordonné pour la prévenir.

Elle laissa filer l’air de ses poumons retenu captif quelques secondes. Encore une fois, elle allait devoir se rendre jusqu’au bureau d’Irons réclamer des explications qu’on se gardait de lui adresser autrement que par note de service (et souvent sur le tard). Encore une fois, elle allait devoir se battre pour le respect du travail de la Brigade, et plus important encore, pour ne pas mettre à mal une enquête en cours extrêmement importante. Une dispute et un ou deux sorts de magie noire ne valaient clairement pas de griller la couverture d’un agent et gâcher le travail d’investigation phénoménal déjà abattu.

Marilyn repoussa son fauteuil et se leva dans un craquement de genoux désagréable.  La grande pièce où les bureaux des agents se trouvaient grouillait de monde et d’agitation. Ici et là, elle entendait « cheminette », « arrestation », « attaque sur des moldus » et d’autres mots qui laissaient un aperçu assez vaste de leurs activités. Elle en sortit toutefois sans un mot pour personne, le pas décidé et les enjambées longues avant de traverser avec la même détermination le Bureau des Aurors. La sorcière ne se soucia pas des regards échangés sur son passage, auxquels elle s’était habituée à force de se déplacer jusqu’ici. Les Aurors savaient pourquoi elle venait. Irons probablement aussi, et elle s’encombra à peine de quelques coups sur la porte pour signaler sa présence.

« Irons, la prochaine fois que tu tiens à annuler une de mes enquêtes, j’apprécierais d’en être avertie avant. » lança-t-elle en se plantant devant son bureau.

La porte claqua derrière elle, témoin bruyant de son énervement.