[Comme convenu, voici une fiche plus conventionnelle qui j'espère vous conviendra !]

• Nom : Felix
  
• Prénom : Van Dust
  
• Âge en HJ :  14 dans pas trop longtemps.  
  
• Âge du personnage : 11 ans.
  
• Statut de sang de votre personnage : Sang-mêlé.  
  
• Comment avez-vous connu le forum ? Je crois que c’était par un top-site.
  

En pénétrant dans la Grande Salle, accompagné de la petite foule d’élèves tous aussi fébriles et intimidés que lui, Felix ne put s’empêcher de regarder en direction de la table des Serpentard. Il la reconnut aussitôt, puisque les élèves assis à son bord portaient l’écusson distinctif orné d’un serpent. Il reconnut ses six frères, un par année, et il vit qu’eux l’avaient reconnu aussi. Ils le lorgnaient d’un air vaguement goguenard, l’expression habituelle qu’ils présentaient à leur cadet dans pratiquement chaque moment de sa vie. Felix ne ressemblait guère à sa fratrie. Il était le raté, le marginal. Le Vilain Petit Canard. Van Duck.

Lorsqu’il passa devant l’un de ses frères – celui de quatrième année, qui s’appelait Taddeus – ce dernier lui tira la manche et siffla dans un murmure :

– Pas de moldu ici, mais tu es servi en Sang-de-bourbe. Tu vas te faire des petits copains.

Trop impressionné pour riposter, Felix se contenta de se dégager de son étreinte avant de poursuivre la marche. Un garçon à côté de lui, un blond aux très grands yeux, lui dit en chuchotant :

– C’est quoi ça, « sang-de-bourbe » ?

Felix hésita puis répondit d’une voix faiblarde :

– C’est… C’est  les enfants de moldus.

Le garçon s’écarta légèrement et, le timbre un peu brisé, rétorqua :

– J’en suis un, moi.

Il accéléra l’allure avant que Felix n’eût eu le temps d’ajouter quoi que ce fût. La soirée s’annonçait bien… La troupe d’élèves s’arrêta brusquement, tandis qu’un professeur minuscule annonçait le commencement de la cérémonie de la répartition. Felix fut assez surpris par la tonalité extraordinairement aigue de sa voix mais, comme les autres, il ne se permit aucune réaction. La première fille qui fut appelé avait de longs cheveux à la couleur du caramel, et cela lui rappela immédiatement Rose.

Que faisait-elle à présent ? L’avait-elle oublié ? Vivait-elle une vie de Moldue sans se soucier de l’autre monde, le monde caché, son monde à lui… Il ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais Felix Van Dust se prenait des fois à envier les Moldus à la conscience préservée, insouciants et libres qu’ils étaient… La fille fut nommée à Gryffondor, et les éclats de voix et d’applaudissements l’extirpèrent de ses pensées dans un petit sursaut. Gryffondor. Les haïs.

Felix jeta un coup d’œil à ses frères, dont le visage avait revêtu instantanément l’expression mauvaise et méprisante qu’ils réservaient à leurs sempiternels adversaires. Felix déglutit. Il avait trop chaud dans son uniforme noir, légèrement trop grand. Même physiquement, Felix ne ressemblait pas à ses frères. Ils étaient grands, pâles, les cheveux raides et lisses. A l’inverse, le jeune Van Dust était court sur pattes, frêle, et sa chevelure évoquait la crinière d’un lion. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce ne fût pas un argument de choix dans la décision du Choixpeau, car les lions, c’était les Gryffondor, et les Gryffondor, il n’avait pas intérêt à les rejoindre.

Felix s’était mis à se tordre les doigts, et cette manie lui remémora à nouveau Rose. Lorsqu’ils étaient encore amis, elle n’avait de cesse de le réprimander à ce sujet. Tu vas finir par te retourner un doigt. Et comment tu arrangerais cela, hein ? D’un coup de baguette magique ?

Oh, comme il avait rêvé de lui dévoiler toute la vérité, à cet instant ! Se libérer de ce secret trop lourd et trop bête, qui l’encombrait chaque jour davantage… Rose était une Moldue, mais elle n’était pas demeurée comme le décrivait son père, Cyrus Van Dust. En vérité, Felix n’avait retrouvé chez elle rien de ce que son père lui avait appris sur la race inférieure que constituait le peuple moldu.

Rose était vive, gaie et dégourdie. Elle était impressionnante. Et tout cela sans pouvoir magique. Aucune tentative de la part des parents pour les séparer n’avait réussi. Felix, bravant l’interdit malgré la crainte que Mr et Mrs Van Dust lui inspiraient, était toujours revenu à elle. C’était une amitié forte, inviolable, éternelle. Jusqu’au jour de l’accident.

– Serpentard !

Le garçon qui venait de passer quitta le tabouret et rejoignit la table qui l’acclamait. Un prochain camarade, peut-être ? Peut-être…

Felix était partagé. D’un côté, il redoutait tant l’opinion parentale que la perspective même de se retrouver dans une autre maison que Serpentard le faisait frissonner d’effroi. De l’autre côté, il était si différent de ses frères… Il n’avait jamais réussi à leur ressembler. Il ne parvenait pas à mépriser les Moldus et les descendants de Moldus, à s’impliquer dans la préservation des grandes lignées, à adopter cette attitude noble et figée qui caractérisait les membres de sa famille. Il n’avait pas envie, non plus, de se retrouver avec ces frères qui n’en étaient pas moins des étrangers sournois, qui ne semblaient pas éprouver une once d’attachement pour lui. Sa famille… La mère de Felix était si froide qu’il se demandait si elle n’avait pas été conservé dans la glace pendant un siècle ou deux. A ce jour, le garçon ne se souvenait d’aucun témoignage d’estime ou d’affection quel qu’il fût. Tout au plus lui accordait-elle un regard ou un commentaire teintés d’indifférence. Son père, quant à lui, demeurait toujours austère, et son visage était aussi dur que le timbre de sa voix. De mémoire, Felix ne se souvenait pas qu’il l’eût jamais touché, ne serait-ce que pour lui serrer la main. L’amour et l’affection n’étaient pas des valeurs dignes de la famille Van Dust. Felix s’en était contenté. La fraicheur de Rose l’y avait bien aidé.

Et Rose, à nouveau. Son souvenir s’imposait douloureusement à l’esprit de Felix. Pourtant, le paysage qui se présentait à lui constituait le prétexte idéal pour laisser vagabonder ses pensées vers d’autres destinations. Mais non, elles revenaient toujours à la chevelure couleur caramel de Rose. Puis son rire comme une petite cascade. Et puis son visage après l’accident, son visage rougi, carbonisé, brûlé. Felix cligna des yeux brutalement.

Il tâcha de se répéter la phrase qu’il était contraint de se dire à lui-même afin de ne pas se tordre de remords. Car personne n’avait pris la peine de lui dire, cette phrase. Ce n’est pas ta faute. Ce n’est pas ta faute, Felix. Ce n’est pas ta faute. Après tout, ce n’était pas lui qui avait mis le feu. C’était eux. Les six frères, unis dans la sournoiserie habile qui les caractérisait. Contrairement aux parents, cela ne les avait jamais contrarié que Felix fût si proche d’une petite Moldue. Non, c’était raillant, ridicule, débile, ce genre de trucs. Ça lui avait valu des surnoms, des remarques, des quolibets, des moqueries en tout genre. Déjà que chacun doutait de ses capacités magiques… Oui, on avait longtemps pensé que Felix était un Cracmol, vu le peu d’affinité qu’il semblait développer à l’égard de la magie. Ses parents tâchaient de ne pas trop le montrer, de le faire parler le moins possible. Un Cracmol dans une famille tel que les Van Dust, ce n’était pas seulement impensable, c’était inadmissible.

Ce jour-là pourtant, ce jour maudit, il avait prouvé que du sang sorcier coulait dans ses veines. Il n’en avait pas été réjoui ou fier. Il avait eu peur, honte et mal. La magie ne lui avait apporté que ces sensations pénibles. Elle ne semblait pas l’aimer beaucoup, la magie.

Pourtant, ce jour-là, il avait réagi d’instinct, n’écoutant que son courage. Car il en avait du courage, Felix. Il en avait de supporter, chaque jour depuis sa naissance, la déception non dissimulée de ses parents. Il en avait d’encaisser, chaque jour aussi, les railleries et les attitudes dégradantes de ses aînés, qui n’avaient jamais loupé une occasion de l’humilier jusqu’aux larmes. Il en avait de vivre avec cette solitude trompeuse, ce vide intérieur que personne ne voyait puisque, comme ils disaient tous « tu ne dois pas t’ennuyer avec six frères ! ». Or certes, il n’était jamais bien gai, jamais bien bavard, il portait sur lui cet air éteint et fermé que tout le monde lui connaissait. Felix résistait pour ne pas se soumettre. Il tenait tête, du haut de ses dix ans alors, refusant de laisser la soumission l’abattre finalement. Il serrait les poings, les dents, devenait rigide comme une planche de bois. Et il encaissait, ripostait parfois, feignait l’indifférence. Et quand il ne pouvait plus supporter ces bombardements acides, il entrait dans une rage démente, proche de l’hystérie, qui faisait dire à la famille entière que le dernier Van Dust était certainement dérangé. Le petit fou colérique et incapable, celui qui abattait la Honte sur la noble famille. Il en avait du courage, pour se résoudre ce sort. Et ce jour-là, ce jour-là aussi, il avait fait preuve de courage.

Il n’aurait pas pu deviner que le feu qui venait de surgir à côté de Rose était le produit d’un sortilège lancé par son plus grand frère Timeus, visant à terrifier la petite Moldue. Sous le coup, complètement affolé, Felix s’était contenté de protéger son amie. Dans un geste un peu absurde, il avait étendu son bras devant lui, comme si sa petite main nue aurait suffi à barrer les flammes. Ce geste pourtant, fut celui qui faillit provoquer sa perte, puisque au lieu de s’éteindre, le feu avait grandi brusquement. Un souffle violent avait propulsé Felix en arrière, et son crâne avait heurté le sol d’un son mat. La petite fille, elle, n’avait pas échappé aux flammes à présent immenses et déchaînées. Elle avait été brûlée. Au bras, au visage, et sa chevelure couleur caramel s’était enflammée elle aussi, afin de s’évaporer en cendres…

Felix sentait que des larmes lui montaient aux yeux, tandis qu’une petite fille brune était envoyée à Serdaigle. Il se mordit les lèvres jusqu’à ce qu’elles perdissent leur couleur. Il était hors de question qu’il faiblît maintenant. Comme l’avait dit sa mère, il était temps qu’il oubliât cette enfant et ce tragique évènement, qui n’était qu’un résultat logique de ce qu’une amitié « inter-espèce » pouvait provoquer. Après tout, les parents de Rose, eux, avaient refusé tout contact, toute approche. Ils avaient même déménagés.

Alors, lorsque son nom fut appelé, Felix ravala ses larmes. Rassemblant toute sa bravoure, il s’avança vers l’impressionnant Choixpeau qui s’apprêtait à décider de son sort, sans s’inquiéter des conséquences que sa décision pourrait avoir, dans un sens comme dans l’autre. Felix avait été affaibli par ces années de négligence et cet épisode désastreux. Mais il demeurait un garçon dur à cuire, curieux, farouche. Qu’il soit Lion, Serpent, ou toute autre chose, il ne laisserait pas ce monde, cette famille, ces dons, avoir raison de sa petite personne. Par Merlin, ça non !

Merci Sandro !

Et merci aussi à vous, chère Préfète-en-chef, pour toutes ces informations.

Au plaisir