C'est d'un air plutôt morne que Vic rangea son téléphone maintenant inerte dans la poche de son jean. Si la technologie moldue inutilisable l'avait toujours agacé à Poudlard, après plusieurs années à voyager à travers le monde et à dépendre à la fois du monde magique et du monde moldu, ce genre de restriction le hérissait carrément. Le bâtiment comme le parc avait tout de l'établissement scolaire bien propret qu'on pouvait voir un peu partout à Londres et pourtant il ne pouvait pas s'empêcher de le percevoir comme quelque chose de plus sinistre. Il aurait bien osé une comparaison à une prison, sauf qu'il y entrait totalement volontairement. Vic serra son dossier scolaire entre ses bras, trouvant un certain réconfort dans les pages bien ordonnées. Dernière possibilité pour faire demi-tour, pour retourner à cette vie d'errance qu'il s'était offerte quand il avait décidé au lendemain de ses buses qu'il n'était pas près à retourner à nouveau s'enfermer dans une école pour 5 ans. Congés sabbatique selon le terme officiel, pour s'offrir de l'expérience et de la maturité. Fuite en avant selon la réalité, quand il s'était trouvé sans le sous pour continuer ses études et qu'il avait refusé de trouver un job stable et de se caler dans une petite vie bien proprette.

Le bureau des inscriptions était tout aussi attrayant qu'il en donnait l'air de l'extérieur : ordonné, austère et dominé par un dragon qui aurait tout à fait eu sa place dans le dictionnaire à côté du mot : pincé. L'administration devait être prête à tout pour éviter un surplus d'inscription.

« Bonjour, c'est pour une inscription en formation académique à l'UMA. »
« Évidemment que vous êtes la pour une inscription à l'UMA. Où vous croyez-vous ? Dans un salon de thé dans un cabinet de psychomage ? »

Sans ciller, Vic soutint son regard et déposa son dossier sur son bureau, totalement conscient de l'allure qu'il devait avoir : mal rasé, des vêtements moldus pas forcément bien ajustés et des cernes monstrueuses sous les yeux. Tout le contraire d'un enfant sage qui s'est bien apprêté pour venir faire son inscription. Jack lui avait proposé de l'aider à avoir meilleur allure, mais il avait refusé en bloc, provoquant l'hilarité de son meilleur ami. Meilleur ami en question qui devait attendre la description de la scène avec délectation. Sept années passées ensemble à Poufsouffle lui avait donné le goût pour admirer les scènes dont étaient capable un Vic agacé. Les dernières années à communiquer via hibou ou sms selon les zones n'avaient pas réussi à briser leurs liens. Bien au contraire, la relation épistolaire avait renforcé leur amitié au point où Jack n'avait pas hésité une seconde à lui proposer de venir squatter chez lui quand il était revenu à Londres, un peu paumé et sans attache. Retourner dans sa famille explosée n'avait même pas été une possibilité.

Plissant le nez comme devant une odeur désagréable – et non, son odeur n'était pas comparable à son apparence, il prenait soin de son hygiène à défaut de la mode, merci bien – la secrétaire compulsa le dossier, vérifiant les documents officiels avant de s’arrêter sur un détail en haut à droite de la page. Il n'avait pas besoin de regarder pour savoir quel petit chiffre la dérangeait.

« Vous avez obtenu vos ASPIC en 1996. »
Retenant un « ravi de voir que vous savez lire », Vic hocha la tête.

« Nous sommes en 2000. »
« Aux dernières nouvelles, les ASPIC ne cessent pas d'être valables 4 ans après leur obtention. J'ai joint un résumé de mes expériences professionnelles pendant ma pause, ainsi qu'une lettre de motivation. »

Travail dans un magasin d'objets magiques dans la campagne écossaise avant de carrément s'envoler loin sur le continent, pour devenir assistant d'un herboriste en Asie centrale – il avait encore des cicatrices aux avants-bras et aux mains du à son inexpérience à manipuler des plantes dangereuses – . Les contacts de son patron lui avait permis de devenir ensuite manutentionnaire/aide-archéologue/petite main en général auprès d'une équipe de Magicarchéologistes en Mongolie pendant presque deux ans. A la fin de la mission, trop ébloui et passionné pour chercher autre chose, il avait suivi un des historiens de l'équipe dans ses vadrouilles en Asie pour quelques mois. C'était lui qui l'avait convaincu, devant son enthousiasme et sa soif d'apprendre pendant la mission, de s'inscrire à l'UMA pour la prochaine rentrée. Ses différents boulots lui avaient laissé mettre assez d'argents de côté pour y penser – merci la vie bon marché. Ne restait que le petit soucis d'une inscription pas forcément traditionnelle.

« Toutes les conditions pour l'inscription sont respectées, à part cette bizarrerie, ne perdez pas votre temps à chercher. Maintenant dites-moi juste si c'est bon ou pas, histoire que nous ne perdions pas notre temps tous les deux. »